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Nouvelles têtes
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Le calendrier de l'avent
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Je perdais du sang, assez pour que cela soit préoccupant. De plus, mes sens semblaient se liguer contre moi. Mais peu à peu, passé le choc des premières secondes, ma vision cessa d’être trouble pour m’offrir une vision qui avait tendance à légèrement tanguer. C’était toujours mieux que rien. Et puis maintenant je pouvais focaliser mon regard sur quelque chose ou quelqu’un. Elle était là, plus anxieuse que jamais, posant avec une infime précaution, ma tête sur ses genoux. Moi, j’étais presque dans le coaltar, mais je m’accrochais pour saisir tout ce que je pouvais encore saisir. Le sol me sembla alors si froid, alors que jusqu’à présent, je n’avais rien senti. « - Roni… » tentais-je à nouveau, le sourire aux lèvres alors que les paupières devenaient de plus en plus lourdes. Je venais de lui quémander une berceuse, preuve que j’avais encore un peu d’humour dans ma manche ensanglantée. Ma vision tanguait de plus en plus, si bien que je me sentisse obligé de fermer les paupières de temps en temps pour tenter de recouvrer une meilleure vision.
« - Vous …. Vous ne s’avez pas chanté, c’est ça ? » J’avais de plus en plus de mal à aligner mes mots et de ce fait, à construire une phrase entière. Mais toute mon attention restait focalisée sur elle. « - Une prochaine fois… » réitérais-je à nouveau avant de ne plus rien sentir et d’être engouffré dans ce qui me sembla être un tunnel. Il faisait noir, tellement que je demeurais incapable de comprendre. Puis plusieurs voix se firent entendre. Elles étaient trop éloignées pour que je puisse les reconnaître ou saisir le contenu de leurs paroles. Mais un prénom, comme sortie de l’ombre, se fit entendre distinctement. « Regina. » Avant que le cadran d’une horloge ne fasse son apparition pour disparaitre aussitôt. Jamais je ne l’avais vu et pourtant, l’espace d’un instant cette image tout comme le prénom que je venais d’entendre, me parurent étrangement familier.
J’ignorais tout de ce qui se tramait autour de moi avant d’enfin trouver la force d’ouvrir les yeux. Ma vision était à nouveau trouble, mais je compris assez rapidement que je me trouvais à l’hôpital, allongé dans un lit et branché à tout un tas d’appareil. Et quelle ne fut pas ma surprise en découvrant que je n’étais pas seul. « - Salut ! » lançais-je la voix encore rocailleuse, mais le sourire aux lèvres. Elle était là, à mes côtés, mais dans un de ces états. « - Vous… vous pourrez m’envoyer…la note du … teinturier. » commentais-je avec humour curieux de ne rien sentir pour l’instant.
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Regina Mills de Locksley
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♕ LOCALISATION : 108 Mifflin Street, ou la mairie de Storybrooke
L’avoir vu perdre connaissance m’avait plongée dans une profonde angoisse. J’étais complètement décontenancé, je me posais un milliard de questions, je me surprenais à ne pas savoir quoi faire s’il venait à mourir… t il y avait eu cette douleur que j’avais ressentie quand la balle l’avait touché lui ! Pourquoi avais-je eu mal alors que c’était lui qui était blessé ? C’était à n’y rien comprendre.
L’attente m’avait parue interminable quand les chirurgiens s’étaient occupé de lui, puis le temps qu’on vienne me parler. Je réalisai alors qu’il n’y avait personne d’autre, pas de proches, pas de famille qui avait été prévenue… Cela m’attristait pour lui. Cet homme méritait-il d’être seul ? Il était quand même dans la police, il prenait des risques pour protéger la population, il ne faisait pas partie des pourris qu’on pouvait rencontrer et il l’avait prouvé en en démasquant un Poisoned Apple, et prenant ma défense. Je commençai à culpabiliser de l’avoir tant maudit toutes ces années…
Finalement je m’étais retrouvée à attendre son réveil dans sa chambre. Mon angoisse s’était amoindrie du fait du médecin qui m’avait confirmé qu’il était tiré d’affaire mais malgré tout, je demeurais inquiète pour Bobby, d’une manière probablement démesurée et incompréhensible. Le soulagement fut quasi total lorsque je constatai qu’il se réveillait et que j’entendis sa voir. Une voix encore sous le joug de l’anesthésie et probablement du tube qu’il avait eu dans la gorge et qui était, de ce fait, éraillée. Je trouvais presque cela mignon.
- Eh, salut, dis-je en lui souriant.
J’eus un petit rire, vraiment soulagée de l’entendre plaisanter à nouveau, à sa remarque sur le teinturier.
- Décidément, vous me croyez vraiment à la dèche. Je l’aimais pas ce jeans de toute façon. Comment vous vous sentez ?
Il avait un gros pansement à l’épaule sur lequel je jetai un œil avant de reporter mon attention sur Bobby.
- Vous allez sûrement être arrêté un moment avec ça.
Après quelques minutes, le médecin entra, alors je sortis quelques instants. Après tout, je n’étais pas de sa famille et les données étaient confidentielles. Je profitais d’être dans le couloir pour demander à une infirmière qui passait quels étaient les horaires de visite, afin de m’assurer de ne pas me faire mettre à la porte. Puis, le chirurgien sortit et je pus aller retrouver le patient.
- Alors, il vous a dit pour combien de temps vous seriez ici ?
Le pauvre, ça ne devait pas être facile. J’en venais à me demander s’il s’était déjà fait tirer dessus par le passé.
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Robin de Locksley
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♕ LOCALISATION : Le Chateau sombre, dans la Forêt enchantée
Hormis le fait de m’être pris une balle, j’ignorais ce qui m’étais arrivé, ni combien de temps il s’était écoulé entre le moment où j’ai perdu connaissance et le moment où j’ai quitté l’inconscience pour me retrouver dans une chambre d’hôpital. Ma vision trouble m’empêchait encore d’avoir accès à tous les détails, à ceci près que je sentais la présence de quelqu’un à mes côtés. Une personne qui, malgré mon regard défaillant, demeurait familière, m'incita à laisser paraître un sourire léger. Je me sentais terriblement vaseux et deux de tensions. En effet, j’avais comme l’impression que chacun de mes mouvements me demandaient une énergie que je n’avais plus. Et que dire de ma voix ? Éraillée et asséchée par une intubation en bonne et due forme. La douleur n’était pas encore au rendez-vous – une chance – mais cela n’en demeurait pas moins inconfortable.
Cependant, l'inconfort me parut anecdotique lorsqu'enfin je sortis du coaltar pour me rendre compte que j’avais à mes côtés, ce qui me sembla être la plus agréable des présences. Dès lors et pour la rassurer tout en désamorçant les tensions, je me sentais obliger, malgré mon état lamentable, de faire un peu d’humour. Une tentative qui se solda par le rire léger de Roni et bien évidemment, je ne pus résister à l’envi de lui rendre ce sourire. « - Il faut que j’arrête de vous voir comme une demoiselle en détresse. La prochaine fois, promis, je vous laisse m’inviter. Si vous acceptez de me revoir bien sûr. Promis, il n’y aura pas hold-up. » Bah, invite-là chez toi ! m’autorisais-je à penser alors qu’elle tâchait de s’enquérir de ma situation.
« - De vous à moi, j’aurai préféré plus de standing dans le choix de l’hosto. » Mon regard non sans difficulté se posa sur l’imposant pansement qui cachait mon épaule. « - Effectivement, je ne risque pas de reprendre de sitôt. Il faudra sûrement venir me rendre visite… » Je n’eus pas le loisir de développer, car déjà le médecin faisait son apparition, obligeant ma charmante invitée à mettre les voiles.
« - Je vous écoute Doc ! » Même si dans le fond, j’avais moyennement envie de savoir ce qui m’attendait, car j’étais à peu près sûr que j’en aurai au moins pour trois semaines (dans le meilleur des cas.) « - Abréger mes souffrances ! » fis-je entendre malgré tout avec légèreté avant que le couperet ne tombe. Blouse blanche blâma mon inconscience, car ce n’était pas la première fois que nous nous croisions. J’étais (et je demeure jusqu’à preuve du contraire.) flic. À quoi s’attendait-il donc ? Il m’énonça ensuite la douloureuse et s’en alla, me laissant seul à nouveau et légèrement échauder d’apprendre que j’allais devoir faire preuve d’une patience que je n’avais pas. Roni refit alors son apparition tout comme mon sourire.
« - Je n’ai pas pris perpette, c’est déjà ça. J’en ai pour un mois avec de la rééducation minimum. Il faut croire que je suis moins indestructible qu’avant. Heureusement que d’ici deux semaines, si je me tiens à carreau, je pourrais sortir. Rentrez chez vous, ça va aller. » Et puis même si j’appréciais sa présence, je ne voulais pas qu’elle se sentait obligée de quoi que ce soit encore moins de me tenir compagnie alors qu’elle avait sûrement, mieux à faire.
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Pourquoi me sentis-je si soulagée de le voir ouvrir les yeux, l’entendre parler, savoir qu’il allait s’en sortir ? Je veux dire, bien sûr que je ne lui souhaitais pas de mourir, mais pourquoi soudain était-ce si important pour moi que ce Bobby aille bien ? Est-ce que je commençais à culpabiliser d’avoir caché ce secret à Lyna, de ne pas lui avoir dit qui était son père quand, voilà quelques semaines, ils avait franchi la porte de Poisoned Apple ? Je me sentais comme un imposteur à l’heure actuelle… Et voilà qu Bobby me demandait à mi-mots s’il y aurait une prochain fois…
- Je… Oui, évitons les hold-up, dis-je avec un sourire gêné.
Et il semblait vouloir que je lui rendre visite. De mon côté, j’y avais déjà pensé, ce qui me mit un peu mal à l’aise. Je ne parvenais pas à me comprendre moi-même. Fort heureusement, le chirurgien arriva, me laissant un peu de répit à l’extérieur de la chambre pour réfléchir à la situation. J’étais paumée il fallait le reconnaître. Je revins dans la chambre du blessé et l’écoutai me répondre quant à ce qui l’attendait.
- Deux semaines d’hospitalisation, ah oui quand même… J’espère que vous allez vite vous sentir mieux… Je… je suis désolée, je culpabilise un peu.
Il me demanda alors de partir. Je hochai la tête lentement.
- D’accord. Prenez soin de vous. Bonne nuit.
Oui parce qu’entre temps, la nuit était tombée, nous étions en hivers après tout. Je rentrai, complètement déboussolée. Je m’empressai de mettre mes vêtements à laver et prendre moi-même une douche, me demandant ce qui avait pu se passer pour que j’ai l’impression de ressentir la douleur de l’impact de la balle. J’eus bien du mal à dormir cette nuit-là. Je n’avais de cesse de repenser à cette journée… Du moins cette après-midi. Ces quelques heures avec Bobby, ce que j’avais ressenti quand j’avais eu peur qu’il ne meure. Les rêves que j’eus durant mon sommeil furent étrange et cette nuit fut loin d’être reposante.
Je m’éveillai au petit matin, m’empressant de préparer le petit déjeuner de ma fille pour qu’elle ne soit pas en retard à la fac, puis quand elle partit, je me préparai à mon tour pour enfin sortir, aller chercher du café et de quoi avoir un petit déjeuner un peu plus décent que des biscottes. Il avait dit ne pas aimer les donuts (comment était-ce possible?), alors j’avais opté pour des muffins t des cookies, en espérant que ça lui remonte un peu le moral. Je me dirigeai ensuite vers l’hôpital et quand l’heure des visites commença, je pus aller le voir. Je toquai à la porte et attendit son autorisation pour entrer.
- Salut ! Bien dormi ?
Je m’avançai en fermant doucement la porte derrière moi.
- Il faut que je vous dise que les infirmières et aides-soignantes ne font que parler de vous dans cet étage. Même pas vingt-quatre heures et vous êtes déjà une star ? le taquinai-je.
Je déposai le sac en papier et le café sur sa petite tablette.
- J’imagine qu’on vous a servi un délicieux café soluble et des biscottes à l’aube ? Je me suis dit que vous aimeriez savourer autre chose.
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♕ LOCALISATION : Le Chateau sombre, dans la Forêt enchantée
Elle était là, fidèle au poste, alors qu’elle aurait pu se contenter de rentrer chez elle une fois ma prise en charge effective. Mais non, couverte de mon sang sur son jean, elle était restée à mes côtés à attendre que je me réveille. Je ne voulais rien montrer, parce qu’être sensible est à mon sens une faiblesse, mais j’étais touché par cette abnégation dont je n’étais pas digne. Et pourtant elle était là sans rien demandé en retour et ce malgré mon caractère et mon attitude de merde.
« - Et puis les hold-up s'est surfait maintenant » tentais-je car je sentais sans me l’expliquer, qu’elle était légèrement mal à l’aise et peut-être l’étais-je aussi. Par chance – si l’on peut appeler ça une chance – le chirurgien à qui je devais quelques années supplémentaires, se pointa dans la chambre et mit un terme à la conversation et au malaise qui en découlait. Roni s’éclipsa donc – à regret – me laissant en tête-à-tête avec blouse blanche. Une conversation vite expédiée qui plus est, mais qui me laissait un peu sur le cul. Roni refit alors son apparition, je ne pus dès lors résister à l’envi de lui sourire, et ce, malgré ce que le doc venait de m’apprendre.
« - Hey, c’est le prix à payer quand on oublie sa cape et ses collants. Ne vous en faites pas, j’ai connu pire donc pas la peine de vous sentir coupable. Je gère la fougère comme on dit. Donc rentrez chez vous, sinon, c’est moi qui risque de me sentir coupable de vous accaparer comme ça alors que vous avez une ado qui doit sûrement se demander où vous êtes. Rentrez bien ! »
Nous échangeâmes un dernier sourire avant qu’elle ne s’en aille et que je me retrouve à nouveau seul. Dehors, la nuit prenait déjà possession de la ville, mais l’activité demeurait la même. Encore sous l’effet des médocs, je me sentis partir vite avant de sombrer à nouveau dans un profond sommeil, hélas éphémère. Et pour cause, je fis de bien étranges rêves et je n’avais de cesse de repenser à tout ce qui s’était passé et à l’attitude de Roni qui semblait si affectée, comme si l’espace d’un instant, elle avait ressenti ma douleur. Était-ce seulement possible ou étais-je juste en train de divaguer ? Les paris sont ouverts.
Il était tôt, sûrement une heure indécente pour les lèves-tard. Une première infirmière passa la tête dans l’entrebâillement de la porte. Elle cherchait sûrement à s’assurer que j’étais toujours en vie. Puis une seconde suivit et entra avec de quoi désinfecter la plaie et changer mon bandage. « - Vous avez du café ? » demandais-je presque innocemment et peut-être un tantinet désespéré. « Oui, mais pour rien au monde, je vous conseille d’en prendre. » Je compris alors que j’étais une fois de plus confronté à la malédiction de la pisse d’âne. « - Et après on s’étonne que le chiffre d’affaire des Starbucks du coin explose. Dites, tant que j'y suis, quelqu’un est venu ? » Elle fut surprise par ma demande, tellement que je me sentis obligé d’être plus précis. « - Une magnifique demoiselle, brune, avec surement une espèce de blazer et un sourire ravageur. » Le sourire aux lèvres, elle me fit non de la tête avant de récupérer ses affaires et de me laisser seul à nouveau. Je me sentais con, vraiment très con. Ça se voyait tant que ça ? Et alors que mon trouble accaparait mes pensées, quelqu’un se mit à toquer. « - Oui ? » La porte s’ouvrit à nouveau et presque instantanément, je me sentais mieux, plus encore en voyant paraître ce visage que je m’habituais à voir avec un plaisir à peine dissimulé.
« - Bon matin ! Les médocs m’ayant achevé, j’ai vite rejoint Morphée après votre départ. Pour le reste, vous n’avez qu’à voir mes sublimes cernes. La nuit fut, disons semi-courte. » Elle referma la porte derrière elle et me narra les prémisses de ma nouvelle célébrité. « - Ah si j’avais su que j’allais devenir une petite célébrité, j’aurai sorti la cape plutôt. » Elle déposa alors un sac en papier sur ma tablette, illuminant au passage mon regard. « - Ah, je n’ai pas eu cette chance. L’infirmière m’a même déconseillé le café. La malédiction pisse-d ’âne a aussi frappé cet hôpital j’en ai peur. » Tel un enfant, je me précipitais sur le sac pour en découvrir le contenu. « - On est bien loin du café soluble et des biscottes. Vous me gâter Roni. Attention, je pourrais y prendre goût. Et puis en plus vous m’avez apporté du café. Vous êtes indubitablement la femme parfaite. Mais du coup, je vous dois un petit-déjeuner maintenant. »
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Comment aurais-je pu ne pas revenir, après la frayeur que j’avais eu qu’il ne meure ? Surtout que je me sentais un peu coupable, c’était en voulant me faire découvrir ce café qu’il avait reçu une balle. S’il ne m’avait pas croisée à Central park, il ne serait probablement pas allé là-bas ce jour-là et à cette heure-là… Bon, avec des « si », on referait le monde. Mais tout de même, je me sentais redevable, alors le moins que je pouvais faire, c’était bien de lui apporter un petit déjeuner décent.
J’étais ravie, un peu trop, de le voir bien réveillé et visiblement en forme au vu des circonstances. Un soulagement trahi par le sourire qui ne quittait plus mon visage alors qu’il semblait ravi d’avoir quelque chose de l’extérieur à se mettre sous la dent.
- Ah si vous n’avez pas droit au café, je vais le boire. Pas question de vous rendre plus malade qu’autre chose, dis-je en prenant le gobelet avant lui. Je vous trouverai autre chose si besoin. Vous avez droit à quoi ?
Je ne pus m’empêcher d’avoir un petit rire légèrement nerveux à sa remarque.
- Mais non, pas du tout, vous ne me devez rien enfin !
Je secouai la tête pour appuyer mon propos.
- Vous voulez que j’aille vous chercher un chocolat chaud au distributeur ? Au moins, il n’y a pas de caféine dedans.
Le pauvre, deux semaines sans café, cela devait être difficile. Je ne savais pas ce qui m’étonnait le plus, entre le fait de compatir pour lui et celui de m’imaginer lui emmener son petit déjeuner tous les matins pendant les deux semaines de son hospitalisation… Qu’est-ce qui m’arrivait ? Par ailleurs, je n’avais toujours pas résolu le mystère de l’étrange douleur que j’avais ressentie lorsqu’il avait reçu la balle. Je m’assis alors auprès de lui pendant qu’il mangeait.
- Dites… il faut que je vous parle d’un truc… J’ai un peu peur de passer pour une folle, mais ça me turlupine et j’aimerais en parler à quelqu’un. Quand vous vous êtes fait tirer dessus, au moment de l’impact, j’ai… j’ai comme… ressenti une douleur moi aussi, au niveau de l’épaule, ou du coeur, je sais plus trop, mais par là, dis-je en désignant la zone.
Je me sentis idiote mais après m’être raclé la gorge, je repris.
- Vous avez sûrement déjà vu des gens se faire tirer dessus dans votre carrière, est-ce que ça vous est déjà arrivé ?
Je redoutais un peu une réponse du style « non, Roni, vous êtes totalement cinglée, allez vous faire interner tout de suite ». C’était aussi pour ça que je n’avais pas posé la question au personnel médical. En tout cas, vu qu’il avait l’expérience probable d’avoir vu des gens blessés par balle, et qu’en plus ce qui s’était passé hier le concernait directement, je trouvais plus légitime de lui en parler, et tant pis si je passais pour folle. Au moins c’était fait.
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J’étais là. Elle était là. Nous étions là. Non, reprenons pour que cela ne déborde pas en mièvrerie. Elle était présente, dans la même pièce et je crois sans trop m’avancer, que cette fois aucun type armé ne pourra mettre à mal ce moment appelé à devenir sympathique. Putain, si je m’écoutais parler. C’est à peine si je n’entendais pas les oiseaux gazouiller. Peut-être que les médicaments y étaient pour quelque chose. Peut-être avaient-ils amoindri mon corps et ma façon de penser et de voir le monde. Ou peut-être en étais-je rendu à me chercher la plus naze des excuses pour ne pas avoir à admettre que j’avais tout simplement le béguin pour cette femme. Était-ce seulement réciproque ou étais-je rendu à simplement me faire des films ?
- Vraiment, vous oseriez sans vergogne me priver de café ? Je vous rassure ce ne sont pas des recommandations médicales. L’infirmière m’a juste déconseillé le café d’ici. J’aurai dû préciser, toujours est-il que vous devez me rendre ce gobelet, sinon quoi vous risquez de faire un malheureux. Si la légèreté était encore de mise avant que je fasse savoir à quel point j’étais chanceux d’être gâté, voilà qu’à présent Roni laissait paraître cette petite expression que je ne saurais décrire, mais qui paraissait à chaque fois qu’elle était légèrement gênée. Et je compris bien vite pourquoi, après qu’elle m’ait fait savoir que je ne lui devais rien du tout. - C’était une façon de parler Roni, mais j’y tiens. Aller, je vous apporterai un beignet au bar lorsque je serais enfin sur pieds. Et le plus rapidement possible serait le mieux, moi qui n’étais ni du genre patient, ni de ceux qui consentent à rester allonger toute la journée dans leur lit, dans l’espoir de jours meilleurs. Putain, je ne suis pas une feignasse !
- Si le café est maudit, j’ai peu d’espoir que le chocolat chaud du distributeur ne le soit pas aussi. Ne vous embêtez pas, je peux survivre sans boisson. Je pouvais même me targuer d’être un spécialiste en la matière depuis plusieurs années. Un sujet sur lequel il n’était pas préférable de rebondir. Fort heureusement, ma généreuse interlocutrice inspirait à de nouvelles thématiques dans l’échange. - Je meurs d’envie d’entendre ce truc dont vous voulez me parler. J’étais loin de me douter que nous serions à des années-lumière de la simple anecdote. Avec sérieux, preuve que la légèreté n’était sûrement plus de mise, Roni prit place à mes côtés pendant que je m’attelais à déguster ce qu’elle m’avait si gentiment amené jusqu’ici. Et alors que je savourais ce petit plaisir sucré, la propriétaire du Poisonned Apple se lança dans une explication tellement surprenante que je faillis avaler de travers. J’émis un léger toussotement avant de me reprendre pour ne pas l’inquiéter. - Déjà pour commencer, j’ai avalé de travers non pas parce que je vous prends pour une folle, mais parce que je m’attendais à tout sauf à ça. Ça me paraissait important de le préciser. Instinctivement, mon regard se posa sur la zone qu’elle venait de désigner. D’aussi loin que je m’en souvienne, jamais je n’avais été confronté à « ça » et le fait que cela vienne d’elle me troubla, d’autant plus qu’elle venait d’indiquer la zone où la balle m’avait perforé.
- C’est, de loin le truc le plus dingue que j’ai jamais entendu. Mais « dingue » pas méchamment loin de là. Une fois encore, elle laissait paraître sa petite expression de gêne, incapable de savoir où se mettre et tâchant de reprendre contenance. - Effectivement, j’ai déjà vu des gens se faire tirer dessus, mais je n’ai jamais ressenti leurs blessures, ni la moindre douleur. Peut-être que l’explication est ailleurs. Peut-être que nous ... Une supposition que je n’eus pas le temps de faire, car déjà, l’infirmière qui s’occupait de moi, refit son apparition pour refaire mon pansement. Une arrivée qui obligea Roni à reprendre ses distances, assez pour que j’en veuille à la « gentille » infirmière de faire son boulot. - On se revoit bientôt ? finis-je par demander alors que je la sentais sur la tangente.
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