Discussion en famille

Je garde les yeux fermés, je me concentre sur mes autres sens. Mon odorat me fait parvenir des odeurs de sapin, d’herbe humide, de terre juste retournée. Mon ouïe me dit qu’une famille d’écureuils a élu domicile dans l’arbre le plus proche de moi. Je suis bien de retour dans la Forêt Enchantée.
Oui, j’ai suivi le groupe que j’accompagnais depuis notre départ du Maine à travers le portail aquatique créé par ma nièce. Oui, j’ai fait un geste charitable en aidant ces gens à rejoindre leurs maisons en maintenant le portail ouvert le temps nécessaire.

Avais-je fait ce geste avec le secret espoir qu’ils m’acceptent comme l’une d’entre eux ? Me faire pardonner ma mauvaise réputation avant mon départ forcé vers New-York ? Je ne crois ni à l’une ni à l’autre de ces explications.
Bien entendu, j’ai ma petite idée derrière la tête. J’aurais préféré qu’on arrive tous à Storybrooke. Je pense que là-bas se trouve l’objet que je cherche depuis tellement d’années : le coquillage que ce vaurien de pirate a utilisé pour me voler ma voix.

Mais je vais mettre à profit mon passage dans la Forêt Enchantée, il n’y a aucun doute là-dessus. Je vais déjà commencer par m’entraîner. Cela fait trop de temps que je n’ai pas utilisé mes pouvoirs. Je me sens un peu rouillée.
Un petit tour dans les bibliothèques du royaume ne sera pas du luxe également. J’ai besoin de mettre à jour mes connaissances en matière de potions et de sortilèges. Aller voir ce qu’il se passe dans le Royaume des 7 Mers reste une option mais pas la première sur ma liste. Trop de mauvais souvenirs liés à ce lieu.

Je finis par ouvrir les yeux afin d’observer voire d’apprécier l’endroit où nous avons atterri après le passage dans le portail magique. Aucun doute, nous sommes bien revenus dans la Forêt Enchantée. Même ma tenue de l’époque est revenue.
Ma robe verte qui faisait ma signature pendant mes années de sévices m’a manqué tout comme la couronne qui sied mon front en forme de corail, comme celui qu’on trouve dans les fonds marins de mon enfance.

Mon regard se pose ensuite sur celle qui par les hasards de la génétique se trouve être ma nièce. Je n’ai jamais apprécié son père. Mon frère, Triton, m’a toujours considéré comme une erreur de la nature, un monstre qui ne devrait pas exister dans « son » océan.
Désolée de te décevoir, cher frère, mais j’ai autant de droit que toi d’être sur cette terre et d’avoir un royaume à diriger quoi que tu en penses. Mais, Ariel connait-elle vraiment l’histoire ou uniquement ce que son père a bien voulu lui raconter ?

Ai-je vraiment envie de lui raconter ma version de tout cela ? Cela me ferait revivre la trahison de mon père tout comme le dédain durant tant d’années du sien. Ai-je vraiment envie qu’elle ne voit plus en moi la méchante sorcière qu’on lui a si souvent dépeint ?
Si je veux vivre tranquillement à Storybrooke dans l’avenir sans qu’on me toise de la tête aux pieds dès qu’on me croise, je crois que je n’ai pas vraiment le choix. Il faut que nous ayons une conversation en tête à tête elle et moi.

« Ariel ? Je peux te parler quelques instants ? »

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Discussion en famille

Je venais de retrouver mon mari et notre fille. Melody était là et nous avions enfin pu la serrer dans nos bras. J'avais versé un océan de larmes, nous avions perdu deux années de nos vies sans elle, elle avait tellement grandi encore. J'étais si triste, j'avais tant manqué de choses pour ma fille, j'avais l'impression que c'était une partie de moi qu'on avait arrachée. Mais je ne pouvais en vouloir à son pèrem nous avions fait la paix à ce propos, les six premières années de la vie de notre fille s'étaient faites dans cet odieuix royaume où le temps passe plus vite, afin de la préserver du Ténébreux qui aurait pu vouloir la récupérer immédiatement après sa naissance à cause du fichu pacte que j'avais fait pour avoir des jambes. Aue j'avais été bête. Et comme si ce n'était pas suffisant, voilà que deux années supplémentaires s'étaient ajoutées au compteur.

Nous savourions nos retrouvailles, je serrai fort ma fille et mon prince dans mes brasm quand une voix familière se fit entendre derrière moi. Ursula. Ma tante. La sorcière des mers. Elle était légendaire dans les Sept Mers. La soeur de mon cher père. Je lançai un regard à Eric pour qu'il garde Melody auprès de lui et me retournai vers ma tante. Que me voulait-elle ? Je n'étais pas rassurée.

- Oui Ursula ? Je vous suis.

Je lui emboîtai le pas pour nous éloigner un peu du groupe. Elle n'oserait pas me tendre un piège icim devant tout le monde, surtout après avoir aidé tout le monde en maintenant le portail, cela n'aurait aucun sens. J'étais quand même sur mes gardes, me demandant ce qu'elle voulait me dire. Ma curiosité maladive était toujours bel et bien présente et c'était sûrement le trait de caractère qui n'avait jamais changé, même pendant la malédiction de New York.
Je me plantai devant Ursula en croisant les bras. Je la regardais sans sourirem d'un air neutre. Je perdais du temps avec ma fille pour elle, alors j'espérais que c'était important.

- Que puis-je faire pour vous ?

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Discussion en famille

Je regarde ma nièce serrer dans ses bras sa fille et son mari. Tant de mièvrerie me donne la nausée. Mais il va falloir que je m’y fasse. Que je le veuille ou non ils font partis de ma famille et je vais devoir apprendre à vivre avec eux et ce déploiement de bons sentiments.
Je voulais avoir une conversation avec Ariel. Savoir ce qu’elle connaissait de mon histoire, ce que son père avait bien pu lui dire sur les tensions entre lui et moi. Pourquoi je sens le besoin de me justifier auprès d’elle maintenant ? Uniquement pour avoir la paix à Storybrooke ? Pas sûre…

Ma rouquine de nièce quitte à reculons sa famille pour venir me rejoindre. Elle doit sûrement se demander ce que je lui veux et si je ne lui prépare pas un mauvais coup. Je pense que l’avoir aidé à maintenir ouvert son portail et l’avoir aidé à quitter Leones doit me donner un peu de crédit.
Une fois qu’elle m’a rejoint, nous partons à quelques mètres du groupe afin d’avoir un peu d’intimité. Ariel se plante devant moi en croisant les bras moitié en me défiant de m’en prendre à elle, moitié curieuse de ce que je peux bien lui vouloir.

« Au fait, de rien pour t’avoir aidé tout à l’heure à maintenir ouvert le portail. Je vois que tu as retrouvé ton mari et ta fille. Tu dois être contente. »

Comme à mon habitude depuis très, voire trop, longtemps, j’attaque la conversation par une pique à mon interlocuteur. Il va falloir que je me contrôle un peu plus sur le sujet, surtout si je suis tout ce petit monde et les autres pour vivre à Storybrooke.
Nous avons commencé à marcher sur le chemin serpentant dans la forêt. Je cherche mes mots tout en cherchant à gagner du temps. Comment poser correctement les questions sans qu’elle se sente interrogée ? Comment lui expliquer mon point de vue sans qu’elle se sente agressée ?

« Tu dois te demander ce que je te veux ? Je voudrais savoir ce que tu sais de mon histoire, pourquoi et comment je suis devenue celle qu’on appelle la Sorcière des Mers. » lui demandé-je.

Pour le moment, je ne veux pas lui montrer le mauvais côté de son père ni de son grand-père. Je pense que mon objectif principal avec cette discussion est d’adoucir mon image, envers elle en tout cas. Les autres, on verra plus tard.
Dans la vie, les gentils ne le sont pas toujours complètement et dans toutes les situations et les méchants le sont devenus pour une bonne raison. Aux autres de voir s’ils souhaitent connaitre et accepter cette raison ou non…

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Discussion en famille

Je savais que mon mari ne verrait pas d'un très bon oeil que je m'isole avec Ursula, mais d'un autre côté, mieux valait que je sache tout de suite ce qu'elle me voulait, parce que sinon, cette question allait me trotter dans la tête telle des vagues allant et venant sans cesse sur le sable. Ce fut donc à contre-coeur que je laissai Eric et Melody pour suivre la sorcière des mers. Je la regardai et sa première phrase me tira un haussement de sourcils.

- Bien évidemment, je suis plus qu'heureuse, ils sont ce qui compte le plus pour moi.

Ce genre de question n'avait aucun sens pour moi, je ne comprenais pas où elle voulait en venir, j'avais si peur de perdre ma famille, j'avais déjà perdu Eric et Melody un mois entier qui avait représenté six longues années et demi, afin de soustraire notre fille à l'emprise de Rumplestiltskin. Et ensuite, cette nouvelle malédiction m'avait privée d'elle encore deux années. Je n'avais pas vu grandir mon bébé qui était à présent une magnifique petite fille doublement princesse de presque neuf ans. Aussi, je redoutai que ma chère tante n'essaie, elle aussi, de me priver d'eux. Mais bien vite, Ursula reprit la parolem me posant une drôle de question. Je hochai d'abord la têtem car oui, en effet, je me demandai ce qu'elle me voulait. Et enfin, je pris la parole.

- Mon père n'est pas du genre à beaucoup s'étendre sur ses raisons, il a dit que vous étiez dangereuse et que je ne devais jamais, sous aucun prétexte, m'approcher de vous. Et quand j'ai vu la terreur déformer le visage de ceux à qui j'aie pu poser des questions sur vous, je n'ai jamais remis la parole de mon père en question.

Je laissai quelaues secondes de silence avant de reprendre la parolem braquant mon regard dans le sien.

- Vous allez me raconter ce que vous lui avez fait ?

J'étais si curieuse, c'était maladif...

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Discussion en famille

Comme je l’imaginais, mon frère avait dit à sa fille et à tout son royaume ce qui l’intéressait et ce qui le mettait en lumière. Bien entendu, dans son histoire, c’était moi la vilaine, la méchante et qu’il fallait me fuir le plus vite possible et m’éviter tant que j’étais dans le Royaume des 7 Mers.
Je sens la colère monter en moi en même temps que ma nièce me raconte ce qu’elle sait de mon passé et de ma réputation. En résumé, rien, elle ne sait rien de ce qui s’est réellement passé entre son père et moi.

« Contrôle-toi, respire, ne l’étrangle pas avec tes tentacules, elle a cru son père. Car c’est son père et elle n’imagine pas qu’il puisse lui mentir » me dis-je intérieurement.

Toutes mes bonnes résolutions partent en morceaux quand Ariel me demande ce que je lui ai fait. CE QUE JE LUI AI FAIT ! Je savais que Triton n’aimait pas la concurrence, mais mentir à ce point était et est indigne de lui.
Je reprends mon rituel de respiration que j’avais appris lors de séances de yoga à New-York. Je ne pensais pas devoir m’en servir un jour, mais là, ces cours me sont d’une très grande utilité afin de garder mon calme et mon sang-froid.

« La question que tu devrais te poser c’est plutôt que m’a fait ton père. Contrairement à ce qu’il t’a dit, c’est lui qui m’a poussé à devenir celle que tout le monde craignait. Il m’a trahi tout comme notre père avant lui. Je ne fais plus confiance aux hommes quels qu’ils soient depuis ces deux immondes trahisons. »

Je me concentre à nouveau sur ma respiration en fermant les yeux. « Inspire sur trois temps, expire sur six temps. Inspire sur trois temps, expire sur six temps. Inspire sur trois temps, expire sur six temps. » Je regarde à nouveau ma nièce avant de reprendre le fil de notre conversation.
Est-elle prête à tout entendre ? Est-elle prête à remettre en questions tout ce qu’elle prend pour acquis et pour la vérité depuis des années ? Suis-je prête à briser toutes ses certitudes sur les membres de sa famille ? Ou uniquement sur moi ?

« Avec ton père, nous devions partager le trône et gouverner ensemble. Comme tu le sais, il n’a jamais été très partageur et a préféré dresser de moi le portrait d’un monstre. Cela faisait plusieurs années déjà que j’avais pris l’apparence d’une pieuvre et que j’avais troqué ma queue de sirène contre mes huit tentacules.
C’était tellement plus simple pour lui de me faire passer pour une personne qu’il fallait éviter à tout prix. Il avait juste peur car mon pouvoir grandissait et qu’il devenait presque aussi puissant que le sien. Et ça plus que tout, il était incapable de le supporter.
Il aimait tellement tout contrôler autour de lui, mais il n’a jamais réussi à me contrôler moi. Il m’a donc expulsé du Royaume des 7 Mers et j’ai trouvé refuge dans le squelette d’une baleine au fond d’une grotte. »

J’interromps mon récit quelques instants, à la fois pour me permettre de souffler ainsi qu’évacuer la douleur et la colère qui se sont ravivées avec ses souvenirs mais aussi pour permettre à mon petit poisson de nièce de digérer ce que je viens de lui raconter.
Je la regarde attentivement afin d’essayer de décrypter ses réactions. Soit je suis rouillée, soit elle masque très bien ses émotions. Tout ce que je vois, c’est qu’elle réfléchit à mes paroles.

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Discussion en famille

Être en présence d’Ursula me mettait mal à l’aise, j’avais entendu tant d’histoires à son sujet, tant de mises en garde, et depuis petite, mon père n’avait de cesse de me mettre en garde ainsi que mes sœurs, contre cette ancienne sirène devenue sorcière et qui avait terrifié les sept mers. Néanmoins, cette femme était ma tante, que je le veuille ou non, et puisqu’elle voulait me parler, mieux valait l’écouter, d’autant plus qu’elle avait retrouvé ses pouvoirs, raison de plus pour ne pas la contrarier… J’avais déjà assez fait avec le ténébreux, je ne voulais plus faire de bêtise et avoir d’ennuis. Je restai malgré tout sur mes gardes. Je venais à peine de retrouver ma fille dont j’avais été séparée par deux fois, c’était suffisant pour toute une vie en terme de malheurs.
Je haussai un sourcil, bras croisés, quand Ursula commença à me dire que si elle était devenue ce qu’elle était, c’était à cause de mon père et qu’il l’avait trahie.

- Mon père ne fait jamais rien sans raison, il est bon et veut toujours protéger son peuple, commençai-je avant de me demander si je n’avais pas parlé trop vite.

J’ignorai de quelle trahison elle parlait, aussi bien pour celle de leur père que du mien. Mais j’avais confiance en mon papa. Je le savais butté mais il finissait toujours par entendre raison. Il avait fini par apprendre à connaître Eric malgré ses réticences premières après tout.
Ma tante reprit la parole et je l’écoutai religieusement, essayant de connecter les morceaux d’histoire. Ursula se tut finalement et je la regardais en secouant la tête.

- Je ne comprends pas… Vous prétendez que si vous êtes devenue comme ça, tout est de la faute de mon père et du vôtre, mais réfléchissez, personne ne vous a forcée à causer des naufrages et la mort de dizaines d’humains, ou à faire des pactes ignobles avec des gens du peuple de la mer… Allez-vous nier tout ça ? Celui qui est désormais mon mari a failli mourir en mer, si ça se trouve c’est par votre faute…

Je soufflai avant de reporter mon regard sur elle.

- Je comprends que ce soit horrible d’être expulsée de chez vous pour un désaccord ou une jalousie, mais je ne crois pas que ce soit une raison pour faire le mal. Et j’ai bien du mal à croire que ce soit la seule raison. D’ailleurs, pourquoi ne pas avoir gardé votre apparence de sirène ?

Nom d’une épine d’oursin, pourquoi venais-je de lui poser cette question ? J’avais encore une fois parlé trop vite.

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Discussion en famille

A quoi je m’attendais en parlant de son père ainsi à ma nièce ? J’aurais dû me douter qu’elle n’allait pas croire un traitre mot de ce que je pourrais bien lui dire. Son géniteur avait bien fait son travail en insinuant et en répétant à qui voulait l’entendre qu’il ne fallait pas me fréquenter.
Ariel poursuit sa réponse à mes premières explications en se fourvoyant sur plusieurs sujets. La trahison de mon frère Triton était bien plus grande et bien plus profonde que je ne l’avais pensé jusque-là. Oui, malgré tout ce que j’avais souffert à cause de lui, je lui laissais encore du crédit.

Mais avec les dernières révélations de ma nièce, c’est terminé. Qu’il vienne un jour me demander de l’aider, il va être bien reçu. Il faut croire que la trahison est un trait de famille commun aux hommes autour de moi. J’ai bien fait de m’éloigner d’eux depuis si longtemps.
Mon petit poisson rouge m’accuse d’avoir fait échouer volontairement des bateaux et passé des pactes qu’elle qualifie d’ignobles avec le peuple de la mer. Je me concentre encore une fois sur ma respiration afin de lui répondre le plus calmement du monde.

« Sache que c’est mon père, ce cher Poséidon, qui me forçait à attirer les marins et leurs navires vers les écueils. Il en voulait énormément aux humains, il considérait qu’ils étaient responsables de la mort de sa femme, donc de ma mère.
J’ai sauvé un bateau une fois, tu pourras même demander confirmation à son capitaine puisqu’il s’agissait du Jolly Roger commandé par le célèbre Killian Jones. Mon père m’en a voulu au point de m’enfermer dans le palais sous la mer. J’avais à peine 18 ans.
C’est après cette colère divine que j’ai décidé de me rebeller et me libérer des chaines mises par mon père. C’est là que j’ai pris l’apparence de la déesse de la Mer dont je porte le nom en son hommage. J’ai troqué ma queue de sirène contre huit tentacules. »

Je marque une pause tant pour reprendre mon souffle que de laisser à ma nièce à écailles le temps de digérer et intégrer ces nouvelles révélations. C’est un morceau de mon passé dont j’évite de parler car il est et restera pour toujours un événement très douloureux de ma vie.

« Pour ce qui est de ton accusation concernant les pactes que j’ai pu passer, j’ai toujours été sincère envers la personne qui venait me voir pour en signer un. Ils savaient tous ce qui les attendait s’ils ne faisaient pas leur part du marché. Je ne suis pas une traitre ni une menteuse, contrairement à ce que tu penses.
Revenons au naufrage duquel ton cher et tendre mari s’en est sorti miraculeusement, je me trouvais très loin du Royaume des 7 Mers. Il faut que tu cherches un autre coupable. On ne peut pas m’accuser de tous les maux du royaume sous prétexte qu’on me surnomme la Méchante Sorcière des Mers. »

Je m’éloigne quelques instants d’Ariel. Pourquoi voulais-je autant lui donner ma version de l’histoire ? Pour vivre plus sereinement avec les autres quand on sera à Storybrooke ? Y retournerons-nous un jour d’ailleurs ?
Je crois surtout que je veux lui montrer que rien n’est tout blanc ou tout noir mais que chaque personne est un camaïeu de gris. Qu’une mauvaise décision vue par une personne peut s’avérer bonne quand on adopte le point de vue adverse.

Les dernières paroles de la cadette de mes nièces ont été celles qui m’ont fait le plus de mal. Elle considère qu’être expulsée de sa propre maison, d’être jalouse et en désaccord avec quelqu’un ne sont pas des raisons suffisantes pour expliquer tout le mal qu’elle imagine que j’ai pu faire.
Je pense que j’avais bien raison en me disant qu’elle ne me croirait jamais même si je lui mettais les preuves sous les yeux. Je la regarde une dernière fois et comprends très vite qu’elle ne changerait pas d’avis me concernant. Ses yeux sont suffisamment parlant pour ça.

« J’abandonne, crois ce que tu veux. De toute façon quoique je te dise, tu penseras que ce n’est que mensonge et tromperie car ce sont les seules choses que tu vois en moi. Je me suis battue toute ma vie pour survivre.
Là je n’en peux plus de devoir me justifier sans que personne ne prenne une seule fois ma défense. Retourne retrouver ton mari et ta fille. Tu ne fais que regarder de leur côté depuis qu’on parle ensemble et ton poissonnier ne fait que me jeter des éclairs avec ses yeux depuis qu’on s’est éloignées d’eux. »

Oui, je viens de rendre les armes alors que ce n'est absolument pas dans mes habitudes. Je sais reconnaître quand un combat est perdu, celui-là était pipé dès le début. Je n’ai pas réussi à faire pencher la balance de mon côté.

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Discussion en famille

Après tout ce que j'avais vécu, je n'aurais jamais pensé me retrouver ainsi face à face avec ma tante Ursula... Surtout après ces deux années que nous venions de vivre à New York... D'ailleurs, je ne voulais même plus penser à cette période... Nom d'un requin édenté, j'avais été strip-teaseuse ! Des tas d'hommes m'avaient vue nue ! Des hommes autres que mon mari... Quand j'y pensais... Mais là n'était pas la question.
J'avais bien du mal à comprendre ce qui se passait. Ursula essayait de me faire changer d'avis sur mon père et sur elle, me donnant sa version de l'histoire selon laquelle le premier était responsable de tout et la seconde une pauvre victime. Je devais reconnaître que de prime abord, je niais tout en bloc. Mon père avait ses défauts, il était bien souvent catégorique, mais je devais reconnaître que tout ce qu'il faisait, c'était pour tous nous protéger, je l'avais toujours vu ainsi. Cependant, moi aussi j'avais souffert à cause de lui, dans son entêtement à vouloir m'empêcher de côtoyer le monde des humains. Néanmoins, il ne l'avait fait que par Amour, pour assurer ma sécurité parce que ma maman était morte à cause d'humains mal intentionnés, je pouvais donc comprendre ses réticences. Et à la fin, mon père s'était rangé de mon avis, les humains aussi bien que les gens du peuple de la mer étaient tous différents, bons ou mauvais. J'étais mal à l'aise avec les pactes. Ursula en faisait tout comme le Ténébreux et j'étais tombée dans son piège... pourtant elle semblait se trouver très honnête.
J'écoutais finalement ma tante continuer à argumenter avant de finalement se décourager et visiblement abandonner son argumentaire. Étais-je étonnée par ce soudain revirement de situation digne du retournement d'un cachalot en plein jeu ? Certainement. Elle me disait de m'en retourner vers ma famille, mon mari et ma fille... Et je réalisai soudain qu'elle aussi faisait partie de ma famille, que je le veuille ou non. Et aussi que si elle voulait se racheter et changer, comme l'avait fait Regina, elle ne pourrait le faire qu'en étant encouragée.

- Attendez...

J'esquissai un sourire.

- Vous savez, que je vous croie ou non n'a finalement pas d'importance, tout cela appartient au passé. Ce qui compte, c'est le présent et ce que vous allez en faire pour le futur. Si aujourd'hui vous décidez de faire le bien, sincèrement, alors je vous encourage. Et aussi... je vous demande pardon si mes paroles vous ont parues rudes. Si vous voulez bien, on pourrait partir de zéro.

Je réalisai que j'avais manqué d'une maman toute ma vie et que Ursula, elle, avait manqué d'une famille aimante. Peut-être pourrions-nous lui laisser une chance. Je jetai un oeil à mon mari.

- Si vous êtes d'accord, j'en parlerai à mon mari. Je sais que vous étiez en mauvais terme à New York, mais peut-être que les choses pourraient changer.

J'étais soudain pleine d'espoir, on auirait dit mon amie Blanche-Neige.

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Discussion en famille

Quiconque m’avait connu à l’époque de ma grandeur entourée de mes deux consœurs ou pendant tout le temps où j’occupais le poste de directrice de l’Aquarium de New York, ne m’aurait pas reconnu. Oui, j’ai arrêté de me battre, pour le moment.
C’est moi qui ai eu envie de discuter avec mon impertinente nièce, je ne m’attendais pas à en souffrir autant et partir avec autant de handicap à remonter.

A cet instant précis, je n’ai qu’une envie, disparaître de cette maudite Forêt Enchantée et retourner me ressourcer dans mon antre, au fond d’une grotte dans le Royaume des 7 Mers. Cela faisait tellement longtemps que je n’y ai pas mis les pieds, ou plutôt les tentacules…
Qu’il est loin le temps où le peuple de la mer faisait la queue à l’entrée de ma demeure avec le secret espoir ou le désespoir que je leur vienne en aide. Oui, il fut un temps où les chers sujets peuplant le royaume de mon frère venaient me demander une faveur.

« La magie a toujours un prix. » Je leur disais toujours cette phrase et c’était en suivant cet adage que je rédigeais mes contrats. Ceux-là même qualifiés de si ignobles par ma nièce si naïve. Pourtant, je n’ai jamais mis une arme sous la gorge de qui que ce soit pour qu’il signe.
Et si tout se passait si bien que cela avec Triton comme souverain, comment expliquer le nombre croissant de contrats que j’ai passé toutes ces années ? Mais, je garde pour moi cette question, je ne veux plus débattre du sujet avec ma nièce à écailles.  

Je commence à tourner le dos à ce membre de ma famille et à une potentielle intégration dans la dynamique de ces habitants ayant vécu à Storybrooke. Il va falloir que je retrouve mes repères dans ce monde et dans le royaume de mon père ou de mon frère. Rien de très réjouissant.
Le petit poisson roux que j’essaye de quitter me demande d’attendre encore un peu avant de m’en aller définitivement. Que me veut-elle ? Elle a gagné, ils ont tous gagné. Comme toujours, ceux que l’on considère « gentils » ont gagné, il n’y a jamais de victoire pour des personnes comme moi.

Je me retourne et la dévisage, elle me sourit. Quelle idée farfelue vient de naître dans son cerveau de mollusque ? Elle me parle d’oublier le passé, le mien, le sien, le nôtre, les erreurs commises par les deux camps et de se concentrer sur les actes que je compte réaliser au présent et dans le futur.
Un bon point à lui donner, elle reconnait la rudesse de ses propos et m’en demande pardon. Elle souhaite repartir à zéro. Ai-je envie de ce nouveau départ ? Je n’en suis même pas sûre moi-même. J’ai vraiment besoin de me retrouver et de réfléchir à tout ça.

« J’apprécie la proposition, mais je ne suis pas sûre que ton entourage soit du même avis que toi et la même volonté que toi. Comment savoir si chacun de mes gestes et chacun de mes propos ne sera pas épier, commenter, déformer ?
Pour le moment, je ne vois pas comment je pourrai cohabiter avec des personnes qui ont autant d’a priori négatifs sur moi. Si tu arrives à me prouver que je ne serai pas juger, je reconsidèrerai ta proposition de repartir à zéro. Maintenant, je vais me retirer dans mon antre et me reconstruire.
Au revoir, Ariel. »

Je lui tourne à nouveau le dos avec cette fois la ferme intention de ne plus rester une minute de plus dans cette forêt. Je rentre enfin chez moi. Ça fait vraiment beaucoup trop longtemps…

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