Le monde est parfois étrange. Depuis mon retour dans le monde des contes c'est ce que je me dis. Nageant à vitesse rapide dans mon océan, je transperce l'écume des vagues et du courant telle une fusée silencieuse. Appréciant chaque vrille, chaque caresse de l'eau salée sur ma peau, je souris. Dieux qu'il était infernal d'être prisonnier du monde surfacien. Je n'ai jamais autant apprécier de nager qu'en cet instant. Dans un balai agile et acrobatique, je remonte les abyssales fausses de l'océan bordant la forêt enchantée pour me rendre en surface. Ce n'est pas que j'en ai véritablement envie, mais je dois voir une personne importante à mes yeux et si je ne remonte pas, ce n'est surement pas lui qui me rejoindra dans les tréfonds glacée de ma demeure. Souriant à nouveau, j'imagine le roi des enfers se frotter à mon royaume et je ris. L'eau et le feu ne font pas bon ménage c'est en tout cas ce qu'il se dit. Mais mon frère Hadès et moi, nous avons toujours su trouver un équilibre. Notre relation n'est pas parfaite, mais nous savons, nous respecter l'un l'autre. Nous avons chacun notre terrain de chasse et aucun de nous deux n'empiète sur le bien de l'autre. Jusqu'à présent, ce fut le cas et j'imagine que même ce séjour dans le monde sans magie n'aura pas altéré cet équilibre millénaire qui a mis si longtemps à fonctionner entre nous.

Les derniers mètres me séparant de la surface approchent. La lumière du soleil apparait à présent entre les remous des vagues. Me propulsant en une dernière grande poussée, je transperce la surface de l'eau et je retombe avec une agilité féline sur le sol de la plage. Trempé des pieds à la tête, je secoue mes cheveux et laisse s'égoutter au grès du vent mes vêtements. Etre mouillé ne me dérange pas le moins du monde. Moi c'est lorsque l'eau n'est plus présente sur ma peau que je me sens mal.

Marchant d'un pas serein, lorsque je passe la pore de la taverne où mon frère et moi avons rendez-vous, je suis déjà presque entièrement sec et cette sensation me dérange au plus haut point ! Soupirant, je prends place à une table et j'attends à présent que mon frère arrive. J'ai tellement de choses à lui dire. Il m'a manqué plus que je n'oserais le lui dire. Lui comme moi, nous ne sommes pas de grands expressif... Je me demande comment nos retrouvailles vont se dérouler ?

Retrouver la mémoire avait été une chose qui m’avait fait autant de bien que de tord. Le retour de mes pouvoirs étaient une véritable bénédiction même si je n’étais pas à mon plein potentiel dans ce royaume de merde qu’était la Forêt Enchantée. J’aurais nettement préféré être aux Enfers ou à Oz avec ma fiancée. Peu importe, j’étais coincé ici avec ma joie et ma bonne humeur nationale. J’avais récupéré le Manoir immense caché dans la forêt et laissé à l’abandon caché par des ronces. La magie a toujours un prix et ce noble avait mal jugé. J’avais récupéré à la fois son âme et toutes ses possessions. Comme si je manquais de demeure. Zelena avait donné un sacré coup de propre avec la magie et moi, j’avais dressé des barrières magiques pour empêcher les gens de s’approcher de ma résidence. Seul un dieu ou encore Zelena pouvait passer. J’avais reçu un message dans l’eau alors que j’étais dans le jardin près de la fontaine. Une lettre de la part de mon frère qui était là au fond de l’eau. Un sourire au coin des lèvres. La magie avait quelque chose d’agréable. Je l’avais prise avant de voir qu’il voulait me rencontrer. Pourquoi ? Je l’ignorais complètement. Je lui répondais en écrivant une lettre que je jettais dans le feu. Il recevrait ma confirmation.

Je ne disais rien à Zelena. J’avais besoin de sortir. J’avais encore des problèmes de sevrage et l’héroïne m’avait de nouveau eu dans ses filets. J’avais pris quelques potions pour calmer les effets, mais je n’étais pas en état de rompre avec l’alcool. Je prenais une profonde inspiration avant de me téléporter près de la taverne où nous avions convenu de nous rejoindre. Le feu bleu autour de moi disparaissait alors que j’entrais d’un pas très lourd. Le feu dans la cheminée prenait de l’ampleur alors que j’avais un petit sourire au coin des lèvres. Je voyais rapidement mon frère installé à une table légèrement en retrait. Je venais m’asseoir lourdement en face de lui et je le regardais dans les yeux. Le feu et l’eau face à face. Un véritable spa ambulant finalement. Je le regardais dans les yeux avant de faire un signe de la main pour que l’on nous apporte quelque chose à boire. Je posais mes pieds sur la table en me basculant sur les pattes arrières de ma chaise.

- Combien d’années depuis notre dernière rencontre? Tu as l’air presque sec mon pauvre frère.

Petit rire de ma part alors que la bouteille de whisky se posait sur notre table. Je balançais deux pièces d’or au tavernier qui semblait surpris et je lui faisais un signe de la main de nous laisser seul. Je n’avais pas envie que l’on me dérange.

Hadès ! Rien que ça présence réchauffe les dernier morceaux de ma personne encore sec ! L'eau et le feu entre enfin en contact. Et malgré le fait que nous soyons opposés par nature, mon frère et moi avons toujours eu un lien unique. Il prends place face à moi. Il bascule sur sa chaise en arrière en faisant signe qu'on apporte à boire. Je dois dire que je n'ai aucune connaissance des boissons de la surface alors, je me laisse guidé par mon frère qui je n'en doute pas en connait un rayon sur les nectar alcoolisés de ce lieu. Je secoue la tête quand il me demande combien d'années cela fait que nous, ne nous sommes pas vue. Je lève ensuite un sourcil en plantant mon regard bleu océan dans ses yeux où brille cette flamme typique des enfers. "Tu as passé bien trop de temps à la surface parmi les mortels mon frère. Je ne compte malheureusement pas les années. Je ne saurais donc pas répondre à ta question. Mais à n'en pas douter, cela fait bien trop longtemps ! Bien entendu, je t'ai revu lorsque tu avais perdu la mémoire dans ce monde sans magie, mais je ne peux pas dire que c'était vraiment toi..." C'est le moins que l'on puisse dire, mon frère était à ce moment là à peine l'ombre de lui même...

Repenser à ces mois dans ce monde insipide et sans magie, j'en ai des frissons ! Mon océan m'a tellement manqué ! Et puis, revoir les gens que j'aimais ne plus être eux même, ne pouvoir rien leur dire... Même un dieu aussi vieux et froid que moi en avait le cœur brisé ! Mais à présent, tout est redevenu normal, si tenté que notre vie ait jamais été normale...

La boisson arrive. A l'odeur je dirais que c'est un whisky de cet endroit ! L'alcool qu'ils ont le plus fort sans doute. Mais ça ne vaut pas les nectars de Dionysos ! Ses vins de feux fait avec les raisins de la meilleure des qualités. Mais à défaut de cela, je me contenterai de ce qu'il y a. La serveuse pose donc tout cela face à nous ainsi que deux verres. Je nous sers donc, puis je lève mon verre. "A nous mon frère ! A nos retrouvailles ! Et aux souvenirs retrouvés !"

Poséidon, sans aucun doute le seul de tout l’Olympe que je tolérais et qui avait mon respect. Notre point commun étant notre dégoût de Zeus lui-même. Impossible d’aimer un type qui se croyait tout permis au final. Je commandais nos boissons avec une aisance déroutante. Mon frère me répondait et je me mettais à rire alors que des flammes prenaient place dans mon regard. Je n’avais pas eu de chance en ayant été transformé en chat. J’avais totalement perdu le compte des années et, autant le dire, mon royaume me manquait cruellement. Je prenais une inspiration en mettant mes mains derrière ma tête et en le regardant dans les yeux.

- Je crois surtout que le fait que j’ai fini en chat dans la Forêt Enchantée avant d’être envoyé dans cette malédiction à la con ça m’a fait perdre de précieuses années dans mon royaume. Le seul point positif de cette ville qu’était Storybrooke étant que j’étais le légiste de la place avant que la “sauveuse” ne vienne tous nous libérés. Un putain de bordel. New York était un amuse-bouche en comparaison. La seule raison expliquant l’absence de souvenirs dans mon esprit est malheureusement une légère surconsommation de drogues. Ça m’amenait proche de la mort soit mon état naturel. Je devais bien trouver un moyen de rentrer à la maison.

Sourire carnacier sur mon visage. Je payais nos consommations avant que mon frère ne vienne servir nos consommations. Retour sur mes quatre pattes pour prendre mon verre et le cogner avec le sien. Je sentais que nous allions faire de grande choses ensemble. Je n’avais absolument aucun doute à ce niveau.

- À nos pouvoirs retrouvés également.

Un petit rire avant que je prenne ma consommation cul-sec. Besoin imminent de chaleur dans mon corps alors que je me resservais avant de me replacer sur ma chaise dans ma position nonchalante et précaire.

- Alors, alors, alors … Qu’est-ce qui t’amène ici au juste ? Je me doute que ce n’était pas simplement pour retrouver ma divine et infernale personne. Je sais à quel point tu as hautement en horreur de sortir de l’eau au même titre que j’ai horreur d’être loin d’un feu quelconque… Raconte-moi tout … Et ne me parle pas de ce bal, je n’irai pas.