Here's to the crazy ones. The misfits. The rebels. The troublemakers. The round pegs in the square holes

♕ **INSCRIPTION** : 28/10/2017

Here's to the crazy ones. The misfits. The rebels. The troublemakers. The round pegs in the square holes.

Jefferson & Archie

Je payai les deux livres que j’avais choisis pour Grace, remerciai le vendeur, puis je me mis à chercher des yeux un étal de forgeron ou de menuisier, tout en continuant à discuter avec le Lièvre. Il était de plaisante compagnie et j’avais fini par me détendre un peu. Enfin, disons autant que j’étais capable de me détendre dans cette situation.

Comme je m’y attendais, le baron n’était pas au courant des évènements qui s’étaient passés dans la Forêt Enchantée et à Storybrooke, puis à New-York. Ni la Malédiction de Regina, ni la Seconde Malédiction n’avaient touché le Pays des Merveilles, donc c’était normal qu’Archie ne soit pas au courant. Il avait cependant dû subir la malédiction de la Reine des Glaces de plein fouet, puisque cette dernière avait affecté tous les royaumes magiques.

« - C’est une longue histoire. Et je pense que c’est le genre d’histoires qui se racontent mieux autour d’un bon thé et de quelques biscuits. Si, bien sûr, ça ne te dérange pas d’attendre un peu ? »

Tous ces souvenirs étaient pénibles et j’avais découvert depuis quelques temps qu’avoir une boisson sucrée ou des douceurs à portée de main rendait le récit de mes traumatismes un peu plus facile. Le sucre était un bon antidépresseur, disait-on, après tout.

J’avais fini par trouver l’étal que je cherchais et j’entraînais mon « ami » vers le stand du forgeron. L’artisan avait un bon stock de dagues et je les examinai avec grand soin, testant leur équilibre, vérifiant leur tranchant, comparant le confort de la poignée. Ma fille méritait le meilleur et maintenant que je pouvais le lui offrir, je n’allais pas me gêner. La dague d’entraînement fut facile à sélectionner, mais pour l’autre, le choix était plus difficile. J’avais décidé de lui choisir une vraie lame pour quand elle serait prête. Elle voulait marcher dans les traces de son père, devenir une aventurière et être capable de me protéger comme je l’avais toujours protégée. C’étaient ses propres mots et je ne savais pas s’ils m’emplissaient plus d’angoisse ou de fierté.

« - C’est vraiment très gentil, Archie, mais maintenant, au niveau de l’argent, j’ai de quoi faire. La Reine m’a demandé de faire des chapeaux pour tous les invités du dernier bal organisé au Palais qui en auraient besoin et ils ont tous payé rubis sur l’ongle. Enfin, tous ceux qui pouvaient payer rubis sur l’ongle. Certains m’ont payé en provisions ou en service, je n’allais pas leur refuser un chapeau. D’ailleurs, si tu veux un chapeau, je t’en fais volontiers un. Je ne t’ai jamais remercié de m’avoir aidé à m’enfuir et, même si je sais qu’un chapeau ne vaut certainement pas le service que tu m’as rendu, je ne sais pas comment te remercier autrement. Si tu as une idée, dis-moi, je suis tout ouïe ! »

We aren't contractually tied down to rationality! There is no sanity clause! So when you find yourself locked onto an unpleasant train of thought, heading for the places in your past where the screaming is unbearable, remember there's always madness. Madness is the emergency exit… you can just step outside, and close the door on all those dreadful things that happened. You can lock them away… forever.
BANGERZ

Evidemment que ça ne le dérangeait pas d'attendre ! On a toujours le temps pour un bon thé et des biscuits, une philosophie de vie que le Lièvre de Mars avait assez bien assimilé. Il acquiesça d'un signe de tête, tout à fait partant pour attendre l'heure fatidique du thé (il était d'ailleurs étonnant qu'il ne soit pas déjà l'heure du thé, il se demandait bien ce que le temps faisait par ici) pour enfin pouvoir discuter plus posément de tout ce qui s'était passé. Il était bien loin de s'imaginer tous les événements qui avaient pu se produire en dehors du Pays des Merveilles et n'en aurait probablement aucun intérêt si quelqu'un d'autre essayait de lui en parler mais il trouvait le chapelier encore suffisamment digne de son précieux intérêt. Pourvu que ça dure...

Les deux comparses arrivèrent près du forgeron. Archie se mit à observer ce qui était à vendre. Est-ce que quelque chose l'intéresserait ? Il se dit que si Jefferson prenait une arme pour sa fille c'est qu'il valait sans doute mieux se protéger par ici. Au Pays des Merveilles personne ne venait lui chercher des noises en premier lieu parce qu'il n'y en avait pas chez lui mais surtout parce que tout un chacun savait qu'il valait mieux ne pas trop trainer trop près de la maison du lièvre. Certains parleront de quelques objets volants, d'autres de folie contagieuse mais le fait est que peu importe la raison, on finissait toujours par lui foutre la paix et ça lui plaisait. Les gens apprenaient qu'il ne faut pas venir chez les autres sans y être invité.

Les yeux d'Archie se posèrent sur un petit poignard mais il se ravisa. La personne qu'il risquait le plus de blesser avec ça c'était lui même. Les voix dans sa tête restaient calme mais il lui suffisait d'un moment d'égarement pour que tout parte à vau-l'eau. Il se contenterait de continuer à lancer sur ses agresseurs ou toute personne dérangeante ce qui lui passerait sous la main et c'était la déjà une défense efficace. Comment désarmer quelqu'un qui n'a pas d'arme ? Il fallait y penser...

Les yeux du lièvre s'illuminèrent lorsque Jefferson lui proposa de lui offrir un chapeau. Sérieux ? Il ferait ça pour lui ? C'est vrai qu'il lui avait permis de fuir lors de leur précédente rencontre, Archie était probablement un vaillant héros (ou pas), de quoi bien gonfler son ego déjà bien garni.

- J'aimerai bien un chapeau, oui. Depuis... depuis que je suis ici je n'arrive plus à me métamorphoser et..... mes oreilles me manquent.

Il avait la fâcheuse manie de tirer dessus lorsqu'il était contrarié. Il lui était arrivé plusieurs fois depuis son arrivé de tirer dans le vide, ne rencontrant rien d'autre qu'encore plus de frustration lorsqu'il portait ses mains au dessus de sa tête.

- Est-ce que tu penses pouvoir me faire un chapeau avec des oreilles de lièvre dessus ? Pas trop rigides pour que je puisse tirer dessus de temps en temps mais pas trop souples pour qu'elles ne retombent pas constamment. Tu crois que c'est faisable ? Quelle question, biensur que tu sais le faire sinon personne ne le peut.

Un jour ou l'autre l'estime démesurée qu'il portait à Jefferson risquerait de lui éclater en pleine figure avec la force d'un train grande vitesse.

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Jefferson & Archie

Ma proposition de lui faire un chapeau sembla beaucoup plaire au Baron et j’en fus très content. Je n’aimais pas laisser une dette impayée et si je pouvais m’acquitter de ce que je lui devais avec un simple chapeau, je n’allais certainement pas dire non. Je lui souris et hochai la tête en écoutant la description de ce qu’il souhaitait, prenant des notes mentales.

« - Je devrais pouvoir faire ça, en effet. On pourra en discuter autour de notre thé, mais je pense savoir ce que je vais faire pour tes oreilles. Je suis flatté de ta confiance en mes capacités, en tous cas. Je ne suis qu’un modeste artison, après tout. »

Je n’avais repris cette activité que très récemment et, si mes clients avaient très satisfaits lors du bal des retrouvailles, je savais que je n’arrivais pas à la cheville de mon père ou de mon maître d’apprentissage en terme de talent ou de créativité. Chapelier n’avait jamais été ma vocation, mon mentor l’avait bien senti quand je travaillais chez lui. Mais j’y avais mis assez de bonne volonté et de travail pour devenir un artisan accompli et j’avais pu me servir de ce que j’avais appris quand j’étais prisonnier au Pays des Merveilles, puis pendant la Malédiction quand j’essayais de recréer mon chapeau magique. Grâce à ces vingt-huit longues années de solitude, je pouvais confectionner un haut-de-forme presque les yeux fermés.

« - Tu as une préférence de type de chapeau ? Pour mettre de fausses oreilles dessus, je verrais bien un haut-de-forme, mais si tu préfères autre chose, je peux m’arranger aussi. »

Je finis par trouver les dagues qu’il me fallait pour Grace et payai ce que je devais au marchand avec un sourire en rangeant les armes dans ma sacoche avec les livres. Heureux de mes achats, je me retournai vers mon invité.

« - Bon, j’ai tout ce qu’il me fallait. Que dirais-tu d’aller prendre notre thé, à présent ? Nous avons beaucoup de choses à nous raconter. »

J’ignorais ce qui me mettait de telle bonne humeur. Mon inquiétude vis-à-vis de l’instabilité notoire de mon interlocuteur s’était estompée et je souriais avec chaleur et détente en discutant avec lui. C’était peut-être son enthousiasme débordant qui avait fini par venir à bout de ma trop grande prudence, ses compliments qui avaient percé les barrières que j’avais l’habitude de dresser entre moi et les autres ou peut-être était-ce juste la joie de savoir que quoi qu’il arriver, je ne serais pas jugé. À ses yeux, je n’étais pas le voleur sans scrupule, le fou ou l’agent du Ténébreux, encore moins le pick-pocket strip-teaseur de New-York. Il ne connaissait pas l’existence de mon chapeau magique et, dès lors, ne voulait certainement pas se servir de moi pour arriver à ses fins. Pour Archie, j’étais simplement le Chapelier et il me trouvait assez intéressant pour vouloir discuter avec moi autour d’un thé. C’était reposant, il fallait bien l’admettre.

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Je ne suis qu’un modeste artison, après tout. Archie était persuadé que c'était faux. Après tout, Jefferson était le meilleur chapelier qu'il lui avait été donné de voir mais peut-être était-ce dû au fait qu'il était le seul que le Baron ai jamais vu. C'est que les chapeliers ça ne court pas les rues ! Ils ont même plutôt tendance à marcher qu'à courir mais qu'à cela ne tienne. Si Archie le pensait, c'est que ça devait être vrai... du moins selon sa propre logique, si on peut encore appeler ça de la logique.

Lorsqu'il lui demanda quel type de chapeau il préférait, Archie se creusa les méninges. Quel est le chapeau le plus élégant ? Oh oui, un haut-de-forme serait parfait ! Son regard s'illumina tandis que Jefferson le lui proposait. En plus c'est bien pratique, il pourrait y cacher une théière s'il le voulait. Il était persuadé que ses nouvelles oreilles s'harmoniseront parfaitement avec ce type de chapeau.

- Un haut-de-forme c'est parfait !

Il acquiesça ensuite lorsque le chapelier l'invita chez lui. Boire un thé était toujours un grand plaisir chez lui, plaisir auquel il ne renoncerait pour rien au monde ! C'est qu'il y tenait le bougre, c'était son point d'attache, la seule chose vraiment fixe dans sa vie, son ancre à la réalité. Sans ça, sans doute aurait-il terminé complètement fou ! Et pourtant il n'en était déjà pas très loin...

- Alors allons-y !

C'est plein d'enthousiasme que le lièvre le suivit sur le chemin vers sa demeure. Il se l'imaginait tout en marchant. Sa maison devait avoir la forme d'un chapeau, il en était sûr ! Ou peut-être de ciseaux de couture ? Une maison toute simple le décevrait probablement... Mais vu les maisons qu'il avait déjà croisé ici, ce monde débordait de normalité. Alors, pour se fondre un peu plus dans la masse, peut-être que le chapelier s'était contenter de topiaires aux formes farfelues ? Mais Archie surestimait la quantité de grains de folie dans la caboche de son ami. Ce dernier allait peut-être se rendre compte qu'il était tombé sur le plus fou des fous avec Archie et que le fait de l'amener droit chez lui était sans doute la plus mauvaise idée qu'il n'aura jamais eu.

Ils arrivèrent d'ailleurs bientôt devant chez Jefferson. Le Baron chercha une maison semblable à ce qu'il avait imaginé dans son esprit, se tordant presque le cou en essayant de voir derrière les obstacles autour d'eux et pourtant il était bien face à l'évidence.

- C'est laquelle ta maison ?

Il espérait sans doute que le chapelier ouvre une porte dérobée pour l'amener en souterrain, pour un lièvre ça ne poserait pas de problème. Ou peut-être qu'un gros arbre s'ouvre en deux pour qu'ils y rentrent ? Et pourquoi le paysage face à lui ne serait-il pas un trompe l'oeil ? Les pensées d'Archie comme toujours s'agitaient dans toutes les directions possible sauf la bonne.

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Jefferson & Archie

Une fois mes achats terminés, je me mis en route avec mon camarade pour retourner chez moi et partager un bon thé. J’avais hâte de m’asseoir avec une bonne tasse fumante pour discuter avec le Lièvre. Je ne savais pas très bien de quoi nous allions bien pouvoir parler, mais tant que mon invité restait de bonne humeur, il n’y avait pas de souci à se faire.

Tandis que nous marchions, je me rendis compte que mon invité avait l’air d’avoir une vision très biaisée de moi et de ma vie. Comparé à la folie qui régissait le Pays des Merveilles, ma vie dans la Forêt Enchanté était d’une banalité affligeante : depuis la fin de la Malédiction de New-York, tout ce que j’avais fait avait été de remettre ma maison en état, de m’occuper de Grace et de préparer les chapeaux pour la fête des retrouvailles. Même pendant la fête, je m’étais contenté de veiller sur ma fille en évitant le plus possible le contact avec les gens. Et ma maison n’avait rien d’extraordinaire : comparée au manoir que j’avais à Storybrooke, elle était même assez misérable. Comment Archie allait-il réagir en voyant qu’elle n’avait ni la forme d’un chapeau, ni des topiaires extravagantes, ni des couleurs criardes ?

Je commençai à regretter ma décision de l’inviter à prendre le thé, mais ce qui était fait était fait. Au moins chez moi, j’avais de quoi me défendre si l’homme devenait soudain agressif. Je n’étais certes pas un grand guerrier, mais je me défendais bien avec une ou deux dagues et j’avais toujours le pistolet qu’on m’avait attribué à Storybrooke, s’il fallait vraiment. J’espérais sincèrement ne pas avoir à en arriver là et que mon bagou et mon charme de mes années de voleur ne m’avaient pas abandonné.

Je le guidai donc vers ma chaumière dans la forêt. Heureusement, Grace était allée voir les enfants de Regina et ne rentrerait pas avant plusieurs heures. Au moins, elle était en sécurité. Je n’aurais pas voulu être à la place de celui ou celle qui essaierait de s’en prendre aux enfants de Regina. Pour rien au monde.

À sa question, je désignai la chaumière récemment rénovée et joliment peinte dans des couleurs sombres près de laquelle se tenait un puits.

« - La voilà, très cher. Bienvenue dans mon humble demeure. »

Je guettai sa réaction, essayant de cacher mon inquiétude au mieux derrière un masque d’amabilité et de chaleur.

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Archie se retrouva devant une maisonnée simple.... beaucoup trop simple. Il ne put cacher sa déception, une petite mine renfrognée sur le visage. Humble était tout à fait le mot. Il n'y avait pas à dire, ce pays le changeait radicalement du Pays des Merveilles ! Son attention fut cela dit attirée par un puit, ce qui avait le mérite de changer un peu des autres maisons vues aux alentours. Un puit c'était original, du moins dans ce paysage-ci. Archie trouvera bien une occasion pour aller discuter avec son echo, peut-être même s'engueuler avec.

Il tourna la tête vers le Chapelier, un peu étonné que cette maison lui appartenait à lui. Ohhhh! Ca y est, il essayait de passer inaperçu sans doute ! Pour que les gardes ne viennent plus l'embêter et essayer de lui couper la tête ! Ca faisait sens à présent. C'était plutôt malin, bien que triste. Mais l'intérieur était peut-être un peu plus vivant ? Du moment qu'il y avait du bon thé, Archie n'en avait que faire. Jefferson pouvait bien vivre comme il le voulait... ce qui ne l'empêchera pas de tout de même un peu le juger.

- Toutes les maisons se ressemble un peu ici... Mais la tienne est un peu différente.

Il fallait l'avouer, ces couleurs sombres tranchait un peu avec les autres maisons qu'il avait vu jusqu'ici. Les autres se ressemblaient vraiment beaucoup trop les unes les autres si bien qu'Archie se demandait comment les gens faisaient pour ne pas se tromper de maison en rentrant chez eux. Son manoir à lui avait le mérite d'annoncer directement chez qui on était. Une maison en forme de lièvre pour le Lièvre de Mars, il n'y avait pas plus clair ! Ici il fallait presque deviner. Seules les échoppes se distinguaient un peu, et encore.... Finalement, Jefferson n'était pas aussi Fou pour Archie mais sans doute bien Fou pour les autres personnes de ce monde.

Il observa les alentours. Il n'y avait pas de voisin direct, c'était un très bon point ! Archie non plus n'aimait pas qu'on vienne le déranger. Il n'avait pas non plus envie de voir les autres se promener dans leur propre jardin depuis le sien. Il aimait être tranquille, prendre le thé dans sa cour et y inviter qui il avait envie d'y inviter ! Avec des voisins impliquait souvent d'essayer de bien s'entendre avec mais aussi de discuter lorsqu'on se croisait. S'il avait envie de discuter, il préférait le faire avec des gens qu'il aurait lui même choisi, pas avec le gars d'à côté et ses problèmes de dos ou de chauffage...

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Jefferson & Archie

La déception se lut sur le visage du baron quand je lui montrai ma modeste demeure. Je ne savais pas vraiment ce qu’il s’attendait à trouver. La Forêt Enchantée était très différente du Pays des Merveilles – pour mon plus grand soulagement, cela dit – et je ne pouvais qu’imaginer la confusion que cela devait créer chez mon invité. J’espérais que sa déception ne le pousserait pas à une crise de folie comme il en avait entendu parler durant son séjour chez la Reine de Cœur. Je savais me défendre, mais j’étais terriblement rouillé après tant de temps sans entraînement.

Heureusement, il semblait que malgré sa déception, le Lièvre trouvât un certain attrait à ma maison. J’avais tout fait pour la rendre agréable pour ma fille et moi, mais je ne m’étais jamais demandé ce que les gens pouvaient penser de son extérieur. Maintenant que je la regardais plus attentivement, je compris où mon interlocuteur voulait dire : elle était simple, humble, mais il y demeurait une certaine élégance dans sa simplicité. Je n’avais apparemment pas complètement oublié le manoir que j’avais partagé avec ma femme avant de devoir me contenter de ma masure.

Souriant doucement à mon invité, j’ouvris la porte et l’invitai à entrer. Grâce à Regina et les réparations que j’avais faites, l’intérieur était accueillant et chaleureux. Les fenêtres avaient de beaux rideaux rouge sombre, les murs étaient peints de motifs forestiers, j’avais une belle grande table pouvant accueillir confortablement une demi-douzaine de convives, il y avait une cheminée sur le manteau de laquelle étaient posés de nombreux bibelots. La porte menant à mon atelier était joliment décorée de motifs de fleurs et d’herbes diverses. Un petit escalier de bois menait à une mezzanine où ma fille avait sa chambre. Moi-même, je dormais dans un lit installé dans mon atelier.

Je fis signe à mon invité d’entrer et de se mettre à l’aise, j’allai poser mes achats sur une commode et ranimer le feu dans l’âtre pour pouvoir préparer le thé.

« - Installe-toi, ce sera prêt dans quelques minutes. Veux-tu quelques biscuits en attendant ? »

Mon garde-manger était plein de choses délicieuses et la veille, Grace et moi avions confectionné des biscuits pour que ma fille n’arrive pas les mains vides chez Regina. Oh cela n’aurait certainement pas dérangé la Reine si Grace n’avait rien amené, mais ma petite chérie avait insisté. Qui étais-je pour refuser de passer du temps avec ma fille ? Surtout après autant de temps perdu à cause des Malédictions.

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En entrant, la chaumière regagne un peu d'intérêt aux yeux du lièvre. Il observe la décoration certes encore assez sobre comparé à ce qu'il était habitué dans son monde mais déjà bien plus satisfaisant que ce qu'il avait pu voir ici. Les motifs forestiers ont quelque chose de rassurant. Il observe les bibelots posés sur la cheminée tandis que Jefferson s'affaire à faire revivre le feu pour préparer le thé.

- Installe-toi, ce sera prêt dans quelques minutes. Veux-tu quelques biscuits en attendant ?

Le Baron acquiesce d'un signe de tête. Rien de mieux que des biscuits pour accompagner un thé à cette heure-ci de toute façon.

- Avec plaisir.

Archie continue d'observer la maisonnée et plus il la regarde, plus ça lui plait. Sans doute l'ambiance générale et ces décorations ont-elles un effet apaisant sûr lui. La longue table lui rappelle vaguement celle qu'il a chez lui, dans son jardin à l'avant de sa maison. Il manque cela dit une bonne douzaine de théières pour qu'il ne se sente véritablement comme chez lui, ainsi qu'une bonne trentaine de meubles sur mesure ressemblant à la silhouette de lièvres. Mais il serait plutôt étonnant de trouver ce genre de choses chez quelqu'un d'autre que lui et si c'était le cas, sans doute ferait-il mieux de s'enfuir à toute jambe au risque d'être la cible d'un fanatique. Non, Jefferson garde cet aspect plus ou moins fou sans être malsain. Archie l'est bien assez pour deux...

- Ta fille vit ici avec toi ?

D'après les quelques éléments qui trainent ci et là, ça semble plutôt évident que oui. A moins que Jefferson ait d'autres passions que la chapellerie dont il aurait oublié de parler. Mais la vraie question qu'Archie se pose est combien de personnes vivent ici ? La maison est petite, du moins comparé à son manoir à lui et pourtant lui y vit seul. Deux personnes lui semblent déjà trop pour cette chaumière, alors trois... Comment font-ils tous pour tenir la dedans tout le temps ? Archie peut bien parler, ici il n'a pas sa grande demeure et doit se contenter d'une petite chambre dans une auberge pour l'instant, le genre de lieu qui lui est gracieusement offert par compassion parce qu'il débarque d'un autre monde autrement dit, une chambre plutôt minable en dépanne jusqu'à ce qu'il se trouve une petite demeure pas trop chère. C'est que la majeure partie de sa fortune est au Pays des Merveilles, il a sur lui quelques pierres précieuses qu'il pourra revendre à un très bon prix et des plantes extrêmement rares puisque venant d'un autre monde qui ici doivent également valoir une fortune s'il tombe sur la bonne personne.

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Jefferson & Archie

J’amenai une assiette de biscuits sur la table pour mon invité et retournai m’occuper du thé. En attendant que le tirage soit fini, je sélectionnai mon service à thé le plus fantasque – celui qu’on m’avait offert récemment comme une blague douteuse sur le dessin animé vu dans le Monde sans Magie – et commençai à le disposer sur un plateau, jetant de temps en temps un œil au baron, guettant tout signe d’un changement d’humeur ou de comportement. Mais tout semblait aller bien, le décor avait l’air de lui plaire et il était calme.

« - Oui, elle vit ici. Là, elle passe la journée chez des amis, elle rentre ce soir. Quand elle était bébé, on vivait dans un plus grand manoir, mais l’argent a fini par manquer et… quelque chose s’est passé et on a dû nous contenter de cette maison. »

Je jetai un coup d’œil à l’intérieur de ma maison avec un sourire un peu nostalgique. J’avais fini par me faire à l’idée de vivre ici, avec ma fille et notre petit chien. J’aurais voulu pouvoir lui donner plus, mais maintenant qu’elle était une invitée régulière du Palais et qu’elle passait du temps avec les enfants de la Reine, je savais que son avenir n’était pas en danger. Et puis, cette maison n’était pas si mal pour y couler des jours tranquilles après tout ce qu’il s’était passé.

Une fois le thé prêt, j’en remplis une théière et apportai le plateau à la table avant de servir mon hôte avec un sourire chaleureux.

« - Au fait, dis-moi, Archie, quel bon vent t’amène dans la Forêt Enchantée ? »

Si ma mémoire était bonne, le baron n’était pas du genre à aimer sortir de son jardin, alors j’étais curieux d’en savoir plus sur les circonstances de son départ. J’ignorais totalement ce qu’il se passait au Pays des Merveilles et je ne savais pas vraiment si j’avais envie de savoir. Le Royaume Rouge pouvait bien partir en fumée, je n’aurais pas versé une larme, si ce n’est une larme de joie. Mais la raison ayant poussé mon généreux sauveur à partir pouvaient m’intéresser ou intéresser Regina. Si je pouvais aider mon amie, je n’allais certes pas laisser passer une occasion.

« - Du sucre ? Du lait ? » offris-je une fois que j’eus servi les deux tasses.

Je ne savais pas comment le Lièvre prenait son thé et je ne voulais pas le contrarier.

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Archie le remercie lorsqu'il lui apporte des biscuits. Il ne tarde pas à s'emparer d'un et le porte à sa bouche. Il écoute Jefferson lui répondre. C'est bien ce qu'il lui semblait donc, il vit ici seul avec sa fille. Elle n'est pas la pour le moment, d'où le fait qu'il fasse assez calme. Il avait peur qu'elle soit la mais beaucoup trop calme. Les gens calmes c'est d'un ennui mortel ! Et on les perd souvent facilement, ils sont du genre à rester tranquillement dans un coin et on oublie vite qu'ils sont là jusqu'à ce qu'on se mette à chasser la poussière dans la maison. Là on les retrouve, toujours dans leur coin à attendre calmement...

- [...] et… quelque chose s’est passé et on a dû nous contenter de cette maison.

- Les choses ont souvent tendance à se passer. Une phrase pour le moins dénuée de sens, à l'image du lièvre.

Jefferson lui sert ensuite le thé avant de le relancer sur une autre discussion. C'est bien, le Chapelier n'est pas devenir trop calme depuis la dernière fois où il l'a vu. C'est au moins rassurant.

- J'ai vu du mouvement dans la forêt et un portail s'ouvrir. Je ne sais toujours pas pourquoi j'ai sauté dedans mais me voila. En réalité il sait très bien pourquoi il a sauté dedans, une petite voix lui a dit de le faire. Celle du loire ou celle dans sa tête ? Il ne saurait le dire, le résultat est le même de toute façon. Il aurait préféré que ce portail ne se referme pas aussi vite derrière lui mais il n'a pas vraiment eut le choix. Le voila donc bloqué dans ce monde...

- Merci.

Il observe un instant le sucre. Combien de morceau ? Un, deux, quatre ? Il compte machinalement sur ses doigts. Un, deux, trois, non deux, ... Il s'empare finalement de quatre morceaux qu'il plonge dans son thé bien chaud. Il lui faudra au moins ça et pourtant, ça ne lui semble pas trop non plus. Sans doute cela explique-t-il en partie son hyperactivité.
Du lait ? Il en met à peine, de quoi pouvoir le qualifier de nuage de lait et non de torrent de lait. Son thé devient presque instantanément opaque et clair. Il n'en faut pas beaucoup au thé pour prendre cet aspect là. Une fois avoir un peu remué, il finit par porter sa tasse à ses lèvres qu'il trempe doucement et, comme pour marquer son approbation sur la qualité du thé, il en boit une gorgée.

- Il est très bon ! Un compliment qui en dit long venant d'un expert comme lui.
Il se ressert en biscuit et associe les deux pour s'assurer qu'ils aillent bien ensemble.

- Les biscuits aussi son très réussit. Je n'en espérait pas autant pour mon non-anniversaire mais je dois avouer que tu sais recevoir. La prochaine fois ce sera chez moi. Il réfléchit un court instant. Non non, le Chapelier n'a pas envie de retourner au Pays des Merveilles. Pas chez moi, chez moi mais chez moi, chez.... moi. Quand j'aurais trouvé une maison convenable par ici.

» Billy - i’m not crazy !
» A little bit crazy I’m hollering at the moon

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