Dernier jour pour Peter. C’était sa première semaine pour trois jours au Granny’dinner. Il avait enfin réussi à se dégoter un job d’étudiant, juste après le lycée. Nous étions vendredi, ce qui lui laissait tout le week-end pour récupérer et faire ses devoirs pour lundi mais ça, il n’était pas pressé pour les faire. De toute façon, il ne faisait pas tout le temps ses devoirs. La plupart du temps, il se contentait de les faire la veille où il devait les rendre. Pour les interros, bizarrement, il avait une grande capacité de mémoriser facilement. Même s’il écoutait d’une oreille les cours, il retenait très vite la leçon du jour. Excepté les math et les sciences, il n’en voyait vraiment pas à quoi ça servait !

Il n’avait toujours pas eu des nouvelles de l’Ombre et pour l’instant, il s’en fichait un peu car il restait encore très en colère contre celle-ci après avoir découvert la vérité sur le départ de Charlie. La seule fille qui avait réussi à lui prendre son cœur, à le rendre réellement amoureux d’elle avant de disparaître sans un mot de Neverland. Il ne pouvait pas penser qu’ils avaient été manipulés tous les deux et qu’en plus, il allait apprendre, lors de ses retrouvailles avec Charlie, qu’il avait eu une fille avec elle. Lily ! Il l’avait rencontrée quelques jours plus tard, alors que sa mère et elle emménageaient dans un petit appartement en ville. Il les avait même aidées à décharger les affaires. Ce ne fut d’ailleurs pas facile pour les deux jeunes gens à discuter de leur relation.

Les pas de Peter le conduisirent jusqu’à l’immeuble où justement vivait Charlie avec leur fille. A cette heure-ci, la petite devait déjà dormir au lit, sans savoir qu’en fait, elle était à une pyjama-partie avec ses nouvelles amies. Il regarda s’il n’y avait personne dans le coin pour disparaître ensuite dans un nuage de fumée couleur rouge avant de réapparaître dans le salon de Charlie. Il aperçut la jeune femme sur le balcon, vêtue d’une petite robe de chambre couleur noire. Rien qu’à la voir ainsi, ça lui faisait déjà quelques effets. Il déposa en silence son sac de cours sur le canapé et la rejoignit. Cependant, il n’alla pas complétement sur le balcon. Juste sur le pas de la porte.

- La vue est belle hein ?

Il se mit mentalement une gifle. Pourquoi il avait dit ça lui ?

Il l’avait fait un peu sursauter. Elle ne devait pas s’attendre à le voir arriver. Une sale manie qu’il avait déjà prise à Neverland. Le pire, c’était que ça le faisait rire au début de la voir sursauter mais à la longue, elle avait fini par prendre l’habitude. Elle ne s’était pas encore retournée mais elle lui répondit.

Charlie : "Effectivement, je crois que j'ai bien choisi cet appartement."

Oui, c’est vrai qu’elle l’avait bien choisi. Il était petit mais il était assez spacieux pour seulement la jeune femme et leur fille. Il était clair que si Peter voulait un appartement pour y mettre les garçons perdus avec lui, il lui faudrait un bien plus grand. Charlie s’était rapprochée de lui mais il fut plutôt surpris par la question qu’elle lui posa.

Charlie : " Que fais-tu par ici à cette heure? Tu ne devrais pas être en virée quelque part avec les garçons perdus? Après tout, c'est vendredi soir ! Et dans ce monde le vendredi soir les jeunes sortent pour faire la fête. "

Lui, faire la fête ? Ça lui arrivait parfois mais depuis qu’il était arrivé à Storybrooke. Il avait encore un peu de mal à s’adapter à la mentalité des jeunes adolescents de nos jours. Pour lui, faire la fête, c’est devant un feu de camps et c’est lui qui joue la musique pendant que les garçons perdus dansent autour du feu. Bon, il avait bien entendu parler d’une fête ce soir-là car certains garçons perdus lui avaient demandé la permission pour y aller. Comme il travaillait tard, il leur avait donné son autorisation mais à la condition que Félix les surveillait. Il savait que ce ne serait pas la tasse de thé de ce dernier mais il fallait bien quelqu’un pour garder un œil sur les garçons et la petite Darling. Même elle avait pu être autorisée d’y aller. Une manière à Peter de se montrer parfois clément on va dire.

Et puis, il avait ainsi le champ libre pour voir Charlie. Finalement, ce n’était pas vraiment un hasard s’il a eu envie de venir lui rendre visite. Charlie venait de refermer derrière elle la porte donnant sur le balcon. Il est vrai qu’il commençait à faire froid.

- Il fait plutôt bien calme ! C’est toujours comme ça avec Lily ?

Cependant, il ne put s’empêcher de voler un baiser à la jolie blonde avant de la prendre dans ses bras. Cela lui avait vraiment manqué de ne plus l’avoir dans ses bras, l’avoir tout contre lui.

- Et pour ce qui est de faire la fête, je les trouve pas trop terribles les fêtes des jeunes ici !

Charlie apprit à Peter que leur fille était partie à une pyjama-partie chez des copines, ce qui expliquait le calme qui régnait à l’appartement. Tant mieux car ça laissait le champ libre pour de nombreuses possibilités entre les deux jeunes gens. Le jeune homme rassura la blondinette qu’il n’aimait pas trop les fêtes organisées par les jeunes du coin. Celle-ci lui donna un baiser dans le cou avant de se séparer de lui, disant qu’il avait raison car ce genre de fête était bien trop bruyantes et décadentes. Puis, elle se retira de lui pour se rendre dans la cuisine, lui demandant s’il voulait boire quelque chose.

Charlie : " Eau, soda, vin? Quoi que tu es peut-être un peu jeune pour le vin."

Suite à cette remarque, elle se mit à rire un peu. Il est vrai que Peter faisait bien plus jeune qu’il ne l’était en réalité. Un adulte de plus trois siècles figé sous les traits d’un adolescent d’à peine dix-sept ans. Par contre, ça ne le fit pas du tout rire la petite phrase sur le fait qu’il était peut-être un peu jeune pour le vin. Bon, il avait déjà bu de l’alcool et franchement, il faut bien l’avouer, il ne tenait pas à l’alcool. Le vin, c’était pour les riches, les nobles … Il n’en avait jamais bu mais avec le mauvais souvenir qu’il avait du rhum ou de la bière, il n’avait pas trop envie d’y goûter. Et puis, il s’était promis de ne plus boire une seule goutte d’alcool de toute sa vie. Ça tombait bien ! Il devait être sobre pour le sujet de conversation qui allait suivre. C’était parfait donc !

- Euh de l’eau … S’il te plait !

Oui, vous n’avez pas rêvé ! Il venait de dire « s’il te plait ! » alors qu’à ses garçons, il répétait que les garçons ne disaient pas « s’il vous plait » mais avec Charlie, il savait qu’elle pouvait être chiante s’il ne faisait pas preuve d’un peu de politesse. Pour ce qui était du sujet dont ils devaient absolument discuter, il ne savait pas du tout comment s’y prendre pour l’amener dans la conversation. Ça serait plus simple pour lui d’être direct mais vers les dernières années, il avait commencé à tourner sa langue sept fois avant de parler avec elle. Finalement, leur relation avait eu de bonnes influences sur lui. Sans doute l’une des raisons qui n’avait pas trop plu à l’Ombre d’ailleurs. Peter avait fini par rejoindre Charlie à la cuisine mais il ne put s’empêcher d’observer le corps de la jeune femme dans ses fins vêtements qui donna quelques idées à l’éternel garçon pour la suite de la soirée.

- Au fait, il faudrait que … Que l’on discute à propos de toi, moi … Nous !

Charlie donna donc un verre d’eau à Peter quand il la rejoignit à la cuisine. Il prit ensuite la parole en disant qu’ils devaient parler à propos d’eux. Cela faisait un moment que chacun cherchait le bon moment pour en parler et apparemment, c’était ce soir vu qu’ils n’auraient pas Lily dans les pattes. Peter laissa Charlie lui prendre la main pour les entrainer jusqu’au salon afin de s’asseoir sur le canapé.

Charlie : " Tu as raison, nous devons en discuter sérieusement. "

La voir prendre un air sérieux fit bizarre à Peter mais en même temps, elle avait toujours sérieuse quand le sujet l’était, même pour à peine seize ans. La jeune femme but une gorgée de son verre de vin avant de reprendre la parole.

Charlie : " Je préfère être direct et te dire ce que je pense, ce que je ressens et ce que je veux, après à toi d'en faire ce que tu veux. "

Peter n’en était pas du tout surpris. Il en avait même pris l’habitude avec elle pour lui dire les choses directes et pour dire aussi franchement sa façon de penser. Au moins, avec elle, les choses étaient claires dès le départ. Par contre, il ne s’attendait pas à ce qu’elle soit très directe immédiatement. La première chose qu’elle lui dit était qu’elle l’aimait. Une simple phrase mais qui fit tout de même de l’effet au jeune homme. « Je t’aime » … Aussi loin que ses souvenirs remontent, il n’avait jamais prononcé cette phrase. Sauf à Charlie, lors de leur première nuit ensemble mais à ce moment-là, elle dormait déjà lorsqu’il avait dit ces quelques mots. Il n’était pas certain qu’elle ait pu les entendre.

Charlie : " Je croyais que les dix années qui se sont écoulées auraient eu un impact sur ça, mais pas du tout. Je t'aime toujours autant et même plus qu'avant et j'ai réalisé que, quoi qu'il arrive je t'aimerai toujours. "

L’adolescent l’écouta attentivement, non sans se sentir étrange – ou plutôt sensible – à ce qu’elle lui disait.

Charlie : " Je veux être avec toi, mais je ne veux pas de cette relation qu'on avait à Neverland. Okay on a passé des supers moments, ça avait son charme de se cacher et de vivre cette relation en secret. Mais j'ai grandi, ma vie à changé, je ne suis plus seule maintenant. Faire partie de ma vie veut aussi dire faire partie de celle de Lily. Je ne veux pas que soudainement tu changes de comportement lorsque les garçons perdus sont là par exemple, je ne veux plus non plus qu'on se cache d'eux. J'ai besoin que tu assumes cette relation complètement, comme un adulte et plus comme un ado. Je veux vraiment qu'on soit ensemble, et même si je t'aime ce ne sera pas possible si tu ne peux pas me donner ce dont j'ai besoin à ce niveau-là..."

Peter avait beau avoir l’air d’un adolescent, il y avait bien longtemps qu’il était entré dans l’âge adulte. Il pouvait donc être tout à fait sérieux et être même pire qu’un adolescent comme le ferait n’importe quel adulte. Cependant, comme tout le monde, il avait des peurs et c’était ses peurs qui l’empêchaient parfois d’avancer, bien qu’il veuille faire croire le contraire aux autres, afin de ne pas passer pour un faible. Un faible, c’était l’image que les gens avaient toujours eu de lui et il ne pouvait pas le supporter. Mais là, il devait se montrer réellement fort et courageux, telle l’image que les gens avaient de lui en tant que Peter Pan dans ce monde et parmi eux, il y avait Lily ! Ça lui avait fait bizarre d’ailleurs d’entendre sa fille lors de leur première rencontre qu’en tant que Pan, il était un héros à ses yeux. Il ne se souvenait même pas avoir entendu au moins une fois Rumple l’appeler « son héros ».

- Moi aussi je … Je … Rha ! Moi je ressens la même chose pour toi et je voudrais aussi parti de ta vie comme celle de Lily ! Même si je suis toujours persuadé que je ne ferai pas un bon père pour elle comme je l’ai été avec Rumple !

Ce qu’il oubliait, c’était qu’à l’époque, il était un père célibataire sans emploi alors qu’ici, il avait la mère de son enfant pour l’aider. Il n’était plus tout à fait seul comme il a toujours cru.

- Tout ce qui argent, bien matériel, confort et sécurité … ce sont des choses que je ne peux pas t’offrir pour l’instant. C’est juste mon amour pour toi que je peux te donner et …

Mais stresse pas comme ça ! Ta femme et ta fille ont un toit et de quoi vivre confortablement ! T’as pas de soucis à te faire pour ça. Et puis, Charlie a un boulot, t’as ton boulot au café de Granny. C’est mieux qu’avant déjà. Faudra juste parler de ta situation aux Garçons perdus. Bon, ils vont pas être contents, Félix non plus mais t’as une nouvelle chance d’avoir ce que tu rêves d’avoir depuis des siécles ! Alors, arrête de jouer avec tes mains et de stresser pour rien !

Chacun venait de dire à l’autre ce qu’il ressentait réellement malgré le stress. Quoique, de son côté, Peter avait fait un blocage sur le « Je t’aime » mais c’était une vieille habitude chez lui. Ah si seulement Charlie n’était pas en train de dormir quand il avait enfin réussir les dire au moins une fois dans sa vie ! L’éternel adolescent se sentait un peu moins stressé mais il avait encore certaines peurs comme celle de ne pas être un bon père pour leur fille ou de ne pas être à la hauteur avec Charlie. Ce n’était pas facile pour lui de l’admettre car il avait toujours fait celui qui était fort, ne fut-ce que pour rassurer parfois les garçons perdus. D’une certaine manière, il avait en quelque sorte joué le rôle du père avec eux. Bon, peut-être pas toujours de la bonne façon mais comme les parents, il avait établi des règles auxquelles les garçons devaient se plier ; comme les parents, il les avait rassurés quand ils étaient inquiets ; comme les parents, il les avait protégés de tous dangers ! Certes, là, il ne leur avait pas donné une éducation mais il représentait pour eux une figure paternelle !

Tout à coup, Charlie se leva pour venir s’asseoir sur les genoux de Peter, lui faisant face et en passant ses bras autour de son cou. Elle plongea également son regard dans celui du jeune homme qui était un peu surpris.

Charlie : " Je suis sûr que tu pourrais faire un très bon père pour Lily. La situation que tu as vécue avec ton fils est très différente de celle d'aujourd'hui. Quant à l'argent, au matériel au confort, tout ça nous l'avons déjà. Ce n'est pas ce que je te demande. Je veux juste que tu m'aimes, que tu nous aimes. Et qu'on vive une vraie relation qu'on ai pas peur de dévoiler à cause des autres. Peut-être que cette séparation nous a permis de comprendre certaines choses, surtout ce qu'on était vraiment l'un pour l'autre et à quel point nos sentiments étaient profonds. Je voudrais que ses retrouvailles marquent le début d'un nouveau commencement... "

Lui aussi voulait un nouveau commencement. Et il comptait bien ne plus jamais laisser quelqu’un – ou quelque chose comme une certaine ombre – se mettre sur leur chemin. Dès qu’il aurait l’occasion, il parlerait de la situation avec les garçons. Il devait cesser de se cacher. Après tout, toute sa vie, il s’était caché derrière des paroles, derrière un masque pour échapper à la réalité. Il était peut-être Peter Pan mais il était avant tout humain aussi, comme tout le monde.

Ils s’embrassèrent, Charlie prenant l’initiative et le stress de Peter commença vraiment à disparaître. Il fit glisser une main dans le dos de la jeune femme et l’autre main sur sa nuque avant de la serrer contre lui. Quelque chose me dit qu’ils allaient bien profiter de l’absence de la petite !