Le soir tombait peu à peu sur la Forêt Enchantée. Elle marchait en direction de la cabane qu’on lui avait indiquée. Un bucheron y vivait, avec sa femme et sa fille, qui souffrait d’une mauvaise blessure. Malgré tous les efforts mis en oeuvre pour la soigner, la blessure commençait à montrer des signes d’infection, mettant en danger la vie de la jeune fille. C’était ainsi qu’on avait fait appel à Raiponce, ou Ray dans ce monde, cette guérisseuse qui semblait pouvoir tout soigner. Elle frappa à la porte et on lui ouvrit presque immédiatement. Elle se trouva face à une femme d’âge moyen à l’air inquiet.

- Oh, vous êtes là, Dieu merci ! Entrez, entrez ! 

Elle s’écarta et laissa entrer la blonde. La maison était petite mais semblait confortable. Un feu de cheminée illuminait la pièce principale et apportait une douce chaleur. Raiponce abaissa son capuchon et la femme du bucheron s’empressa de l’aider à retirer sa cape.



- Où est-elle ? Demanda la jeune femme.

On la guida immédiatement vers un lit, derrière un rideau. Elle y découvrit une jeune fille brune, d’environ quatorze ou quinze ans. Elle était visiblement fiévreuse, son front était couvert de gouttelettes de sueur.



- Elle a commencé à avoir de la fièvre ce matin. Nous sommes très inquiets. 

Le père, qui les avait rejoint, ne prononçait pas un mot mais son regard en disait long. 

- Pouvez-vous me montrer la blessure ? 

La femme accepta d’un hochement de tête et saisit délicatement le bras de sa fille. Elle souleva la manche de sa chemise, et retira le bandage qui recouvrait son avant-bras. La coupure était profonde, et avait pris un aspect vraiment inquiétant.



- Vous pouvez faire quelques chose ?



Leurs visages étaient remplis d’espoir et Raiponce leur adressa un sourire rassurant. 



- Je le pense, oui. Mais il me faudra être seule avec elle.



Ce n’était pas nécessaire en réalité, mais elle préférait garder pour elle le secret de son pouvoir lorsqu’elle le pouvait. Tous deux reculèrent et tirèrent le rideau afin de les laisser tranquille. La blonde se tourna vers sa patiente et s’agenouilla auprès du lit. 



- Ca ne fera pas mal, promis.



Elle ignorait si la jeune fille pouvait l’entendre. Doucement, elle tira une mèche de sa chevelure dorée et l’enroula autour de son bras abimé jusqu’à couvrir toute la blessure. Puis, elle se mit à chanter. L’effet fut instantané: sa chevelure entière s’illumina comme un soleil et Raiponce put sentir son pouvoir s’activer pour guérir. Puis la lumière disparut comme elle était venue, et elle sut que tout était terminer. Elle déroula délicatement la mèche, pour constater qu’il ne restait plus une trace de la blessure. La jeune fille semblait avoir retrouvé des couleurs et sa respiration était plus calme. Elle dormait profondément. Raiponce se releva et alla rejoindre ses parents.

- C’est fait.



Ils se précipitèrent bien sur à son chevet, pleurant des larmes de joie et de soulagement. Il tinrent bien sûr à offrir à la guérisseuse de quoi boire et manger, si bien qu’elle resta encore quelques heures avec eux, avant de repartir de son côté.
Il faisait alors nuit et seule la lueur de la pleine lune lui permettait de se repérer. Il ne fallut que quelques mètres avant qu’elle n’ait la désagréable impression d’être observée. Elle s’arrêta d’un coup et fut alors certaine d’avoir entendu un craquement. 



- Qui est là ? demanda-t-elle d’une voix plus tremblante qu’elle ne l’aurait voulu.

Quelqu’un était là. Ou quelque chose… elle le sentait, elle en était certaine. Et par une telle obscurité, il était probable que ce ne soit pas une présence amicale. Elle ramassa aussitôt une épaisse branche, la brandissant comme une arme. Ce n’était pas grand chose, mais toujours mieux que rien. Elle ne voulait plus être une fragile petite chose, à la merci d’on ne sait quelle créature !

Elle entendit un cheval, puis aperçut une silhouette qui se découpa dans l’obscurité. Une silhouette inconnue, mais pourtant étrangement familière. Et c’est alors qu’elle entendit son prénom. Son vrai prénom, pas celui qu’elle s’était donné ici. Elle se figea sur place, incapable de bouger, de savoir quoi faire alors qu’elle avait entendu cette voix si familière mais néanmoins plus grave que dans son souvenir. Alors qu’elle n’osait pas reconnaitre cet homme qui se tenait devant elle.

- Flynn?



Sa voix était plus tremblante encore qu’auparavant. Elle avança d’un pas, puis de deux, et s’arrêta. C’était impossible. Elle l’avait tant attendu, elle avait tant pensé à lui, l’avait cherché. Elle avait fini par abandonner l’espoir qu’il se trouve dans cette région. Personne ne semblait avoir entendu parler d’un Flynn Rider. Et voilà qu’il apparaissait devant elle. Il avait changé, elle pouvait le voir malgré la pénombre. Il était devenu un homme, tout comme elle était devenue une femme. Son coeur battait à tout rompre, mais elle s’arrêta avant de l’avoir rejoint. Et si c’était un piège ? Elle avait entendu parler de créatures qui prenaient l’apparence d’êtres aimés pour attraper leurs proies. Elle ignorait de quoi il s’agissait, où elles se trouvaient, mais elle ne voulait pas prendre de risque. Pourtant, elle brûlait de le prendre dans ses bras après tout ce temps, même si cela lui semblait bien trop beau pour être vrai. Elle hésitait, resserrant sa prise sur la branche.

- C’est vraiment toi ? Si c’est toi, prouve-le !



Elle ne voulait y croire, n’osait y croire. Après tout ce qui lui était arrivé, elle devait se méfier. Mais il avait dit son vrai prénom. Peut-être était-ce une ruse de Gothel. Elle avait besoin d’une preuve, qu’il dise quelque chose qu’eux seuls savaient. Quelque chose qu’ils avaient partagé. Alors, elle saurait.