Jour de fête! Nous avions réussi à avoir un magnifique une bateau royal ! Nous avions géré cette affaire d’une main de maître, nous n’avions presque rien perdu et nous avions tout gagné. Cette fois, nous n’avions pas fait de quartier pour ne pas nous encombrer de prisonnier et pour éviter de nous faire dénoncer par ces soldats du roi. Tous les biens étaient maintenant sur le Revenge et ce soir, je ferais les comptes pour tout répartir entre mes hommes. Les matelots les plus gradés avaient le droit à une somme plus importante, mais tous les autres recevaient la même part. Il y avait aussi une part pour la caisse commune qui servait pour l’entretien du navire, la nourriture, payer l’amarrage du navire, etc. Ce soir, j’allais sans doute me coucher tard, ça allait être long à tout répartir. Hm… Je devrais penser à engager un comptable, ça me faciliterait la vie. Mais je n’avais confiance en personne en matière d’argent, surtout dans le monde de la piraterie, il n’y avait que des voleurs. En plus, ça ferait une bouche de plus à nourrir. Tant pis pour le comptable, je continuerais à faire mes comptes moi-même.
Mais pour l’heure, ce n’était pas le moment de faire les comptes, mais de faire la fête. Nous étions en plein milieu de l’océan, personne ne nous dérangerait. Sur le pont, je fis une grande annonce pour tous les féliciter et leur dire à quel point j’étais fière d’eux, ainsi que pour leur annoncer qu’aujourd’hui serait un jour de fête. Ils pouvaient se servir dans les provisions royales pour manger et boire. Mais le lendemain, il fallait retourner au sérieux et à l’ordre. Ils hurlèrent tous des joies et se mirent aux festivités, se servant bien évidemment de l’alcool et de la bonne viande. Deux hommes sortirent un violon et un accordéon pour une créer une ambiance plus festive.
Je me prenais au jeu, dansant avec les quelques matelots qui m’invitaient, sautillant avec eux en riant. Buvant à leur santé, à la mienne et aux joies de la vie de pirate. C’était une excellente journée. De temps en temps, je cherchais tout de même Billy du regard, il s’amusait lui aussi. Ça me faisait plaisir, j’allais même le chercher pour une danse improvisée au rythme de la musique jouée par nos camarades. On avait besoin de ses petits moments de détente, de rire et de nous amuser ensemble, comme une famille. Billy était notre petit benjamin et on aimait prendre soin de lui. C’était le petit frère de la bande en somme. Tout le monde s’était habitué à sa présence et à ces quelques bizarreries. Et moi, je m’étais franchement attachée à lui, je l’aimais beaucoup. Partager cette danse avec lui me fit très plaisir. Mais je me fis rapidement kidnapper par le second qui voulut aussi échanger une valse avec moi. Ça me faisait rire, et je le suivais dans ses pas maladroits, riant, chantonnant des mélodies, essayant de m’adapter aux chansons marins jouées à bord. Etant la seule femme, je voyais quelques hommes danser entre eux sans honte, ils riaient juste, imitant parfois avec exagération ces dames qui se pavanaient lors de grandes réceptions.
La fête se passa bien jusqu’au soir. Certains marins étaient déjà à moitié couchés sur le sol, dormant, ronflant, rêvant sans doute à de belles femmes dans leur lit. D’autres, buvaient encore, trinquant avec des camarades. Les musiciens avaient mal aux mains et aux doigts, ils s’étaient arrêtés pour rejoindre les autres dans leur beuverie et leur repas. Je me décidais quant à moi à retourner dans la cabine pour commencer à faire mes comptes. J’avançais vers mes appartements et je remarquais que la porte était entrouverte. Je me précipitais à l’intérieur.
- Tom ?! Qu’est-ce que tu fous là ?! DEHORS ! - Comment ça se fait qu’on dort dans des hamacs et vous dans un beau lit, dans une jolie chambre ? - Quoi ?! Je suis le capitaine ! DEHORS Tom ! - Non, c’est pas juste capitaine ! C’est pas parce que vous êtes capitaine et une dame que vous devriez avoir le droit à tout ce luxe. On est tous pareil ! Il avait de toute évidence un peu trop bu, il tenait à peine sur ses jambes. - Jack, il n’avait pas tout ça, il vivait plus simplement. - Je ne suis pas Jack ! Criai-je en avançant vers lui, prête à le mettre dehors, mais je le vis avec un coffre ouvert dans les mains. MON coffre. Qu’est-ce que tu fais avec ça ?! Remets-le à sa place ! La colère commençait à monter de plus en plus. - Il n’était pas fermé ce coffre, je voulais voir ce que vous nous aviez volé. Mais vous n’avez rien pris en fait… Ce sont des affaires d’enfant. Vous êtes maman cap’taine ? - DONNE MOI CE COFFRE ET SORT D’ICI ! - Non, on veut des explications d’abord ! On ne sait pas qui vous êtes ! Juste que vous êtes une satané sale bête qui a bouffé plus d’un d’entre nous ! - TAIS-TOI TOM !
D’un pas décidé, je m’avançai vers lui et l’attrapai par le col de sa chemise. A ses pieds, toutes les affaires de William étaient étalées sur le sol, sa couverture d’enfant tâchée de vin. Mon sang ne fit qu’un tour, je lâchai Tom, le poussant violemment contre ma bibliothèque… Aveuglée par une colère devenue rage, mon moi humaine disparut et la louve sortit de cachette.
Plus noire que la nuit, la louve s’avançait vers sa proie terrifiée. Il n’y avait plus rien d’humain dans ce regard. Elle avait soif de sang, voulant s’attaquer à cet individu faible et fragile. Il y avait une bête sauvage à bord du Revenge, et le capitaine n’était plus là pour prévenir ou protéger ses hommes. Ces derniers étaient seuls face à la menace, tout en sachant qu’ils ne devaient pas tuer ce monstre de la nuit, au risque d’avoir la mort d’Anne Bonny sur la conscience. Tom allait mourir. Alors qu’il était juste ivre après tout. Il avait fouillé dans les plus sombres souvenirs de son capitaine, mais c’était un brave gars. S’il s’en sortait vivant de cette soirée, il le regretterait surement, se mettrait à genoux devant son capitaine pour implorer son pardon. Mais pour l’heure, il devait s’échapper, se sauver. Trop tard. Elle lui bondit dessus, ses crocs acérés se plantèrent dans sa gorge et d’un cou sec, elle lui arracha la tête. Tâchant la couverture d’enfant de William MacGregor. Du sang coulait le long de sa gueule. Tom était mort, mais la louve n’avait pas fini son carnage, elle se tourna et s’avança vers la sortie.
Il y avait une bonne ambiance sur le navire. Un pillage bien gras qui leur avait donné l’envie à la fête. Ils avaient des richesses et même assez pour s’accorder une pause bien mérité sur terre dès leur prochain mouillage. Les pirates avaient sorti le violon et l’arcodéon, pendant qu’un autre frappai sur une casserole pour le rythme. Les lanterne éclairaient chaudement le pont vers la proue. Assis sur leur tonneaux, les autres dansaient la gigue sur la « piste » ou encore accoudé au bastingage. Les autres buvaient et profitait juste de la joie du profit, comparaient leur richesse, ou se rattrapait sur le nombre de cicatrices qu’ils avaient, … Billy profitait lui aussi de cette soirée. Avec son équipage et depuis déjà quelques années, il se sentait bien et en confiance avec eux. Il n’hésitait pas à être lui-même. Il était une personne curieuse et qui aimait jouir de la vie, pourquoi se gênerait-il avec sa famille des mers. Il avait bien bu et ne se fit pas prier pour échanger quelques pas de danse avec Anne Bonny. Il aimait bien la voir de si bonne humeur, ça emplissait la sienne de soleil. Pas qu’il était mal, mais il était encore plus content.
Après ça, il était parti faire quelques défis avec les autres pirates. Lancé de couteau, jeu de pari avec des dés ou encore bras de fer, … Tout ce qu’il a du boire en défaite à deux des ateliers, il se vengea sur celui des couteau pour redonner tous les verres que ses confrères lui avait fait boire. Il s’en sortait assez bien à ce jeu là. Ensuite, un peu trop pompette et avec la houle de la mer, il partit s’isoler et marcher un peu sur le pont. Il s’avouait vaincu pour ce soir. Puis il avait envie de parler de cette aventure avec Anne. Comme une petite histoire avant d’aller dormir. Je me demandais bien ce qu’elle pouvait faire. Et je me suis dis, pendant une seconde qu’elle était peut-être avec un matelot dans sa cabine pour… Enfin bref ! Et ça m’a agacé. Elle fait ce qu’elle veut après, mais ça n’empêche pas que ça m’envoie une bonne dose de jalousie acide dans les veines. Mais non ! Tu sais très bien qu’elle doit être dans sa paperasse ou le nez dans la carte pour un nouvel itinéraire. « Des agacements inutiles » avait-il sifflé dans sa barbe, les dents serrées. Il n’aimait pas cette colère égoïste en lui. Du Némée tout craché !
S’approchant de la cabine, la porte était entrouverte. Il s’avança sûr de lui, allant voir ce qu’elle faisait. Levant la main pour toquer, l’autre sur la poignée, il a entendu un grognement rauque et son instinct lui faisait sentir qu’il y avait quelque chose d’étrange. L’ambiance était pesante, comme ce moment dans la forêt ou vous n’entendiez plus un animal. Au loin, il y avait encore les rire tonitruants de ses camarades, pas encore couché par les bouteilles qu’ils s’étaient enfilé. Il y en avait même encore un qui jouait une balade à l’accordéon. Tout s’embrouillait dans la tête de Billy. « Anne ? » avait-il dit, mais sa voix était étouffée par celle des fêtards. Un autre bruit inquiétant. Il ouvrit la porte et vit un loup immense dans la cabine, le corps d’un matelot sur le planché. Il ne le reconnut pas de suite. C’est en voyant sa tête plus loin, qu’il se figea. « Oh putain… Anne. » avait-il soupiré. Tom était un peu con, mais c’était un brave gars. Ils étaient arrivés sur le bateau ensemble. Il avait un pincement au coeur. Son regard se releva doucement vers l’animal qui avait pris possession du capitaine. Les babines relevées, les dents brillantes par les flammes des lanternes, accentuant son regard d’or et sauvage. Il réalisa brusquement.
La panique lui fit ouvrir grand ses yeux et il claqua la porte au même moment où Anne lui fondit dessus. Elle trembla sous le poids de la bête. Billy était concentré et tellement perdu à la fois. D’abord, minimiser les risques. Donc, je tiens la porte et je trouve vite une idée. Faut que je la retienne dedans le plus longtemps possible… Ca va peut-être passé. Tant qu’elle ne fait mal à personne. Son aura ténébreuse finit par émaner de lui. Il avait besoin de force et de gagner du temps, il fallait qu’il puise dans ses pouvoirs. Il stressait. Il ne savait pas quoi faire. Elle venait encore d’en tuer un. Le jeune Tom quoi ! Ca aurait pu être moi ! Non allez, concentre toi. Le quartier maitre vit Billy posté devant la porte, entouré de sa brume noire et opaque. Le silence s’imposa. La porte trembla de nouveau. Elle allait lâcher. « Billy ?! Tu vas bien ? ». Il ne répondit pas de suite, il se battait pour ne pas laisser l’infâme double-maléfique en lui prendre le contrôle. Il se concentrait pour créer un équilibre. Ne prendre que le meilleur des deux. Le meilleur des deux. Ne prendre que le meilleur des deux…
Il tourna la tête, ses yeux étaient entièrement noirs. « Dans la cale ! » grogna t-il. Et on entendit le hurlement du loup. Les hommes se précipitèrent pour le protocole de survie quand « la bête est lâchée ». Là, leur deux soucis étaient sur le pont. Le plus prudent était alors, par un vote unanime, de se calfeutrer et attendre que cela passe. Soudain, la porte vola en éclat. Par précaution, Billy se volatilisa quelques mètres plus loin sur le pont, mais sur la même ligne. Les hommes se dépêchaient d’entrer sous le pont et de vite trouver de quoi s’armer. Juste au cas où. Billy l’attendait. Proche du mât, il décrocha l’un des plus petit couteau et le tenait fermement en main, la lame vers son poignet. Ca ne la tuerait pas, mais ça pouvait la piquer un peu. Une simple précaution. Cela peut-être très utile.
« Anne, t’es sur le Revenge. Tu es un capitaine, sur un bateau pirate. Une grande dame du banditisme sur mer. Ecoute pas cet animal... T’en as tué un encore ! Ca ne t’as pas suffit. Allez ! Déconne pas ! Reviens !!! » avait-il parlé fort pour qu’elle l’entende. Il commençait déjà à la travailler moralement pour étouffer l’animal en elle. Tout en lui déroulant son discours récité comme un rituel pour entamer le processus d’humanisation, il soulevait une vague à tribord du bateau.
acidbrain
Dernière édition par Billy N. O'Brien le Jeu 10 Aoû - 15:04, édité 1 fois
Personne ne touchait aux affaires de William, personne ne parlait de lui et surtout, personne ne devait savoir. Dans le monde de la piraterie, aucune faiblesse n’était permise. Ça ne devait pas se savoir, et laisser un matelot me manquer ainsi de respect, c’était laisser la porte ouverte à la mutinerie. Je ne pouvais pas tolérer ça. J’essayais de remettre Tom à sa place calmement. Mais ça ne suffisait pas, alors je m’étais mise à lui hurler dessus, à m’approcher de lui pour le mettre à la porte de ma cabine à coups de pied au cul. Mais là, je l’avais vu avec mon coffre, mes souvenirs, une partie de ma vie. Toutes mes affaires étaient sur le sol. La couverture de mon petit garçon était tâchée de vin. A ce moment là, je me sentis partir, disparaitre quelque part…
La louve était sortie de sa tanière, incontrôlable, sans l’ombre d’une seule conscience… Son objectif ? Tuer, faire couler le sang et sans doute manger… Et il y avait cet humain devant elle, sans défense, même pas armée, si ce n’était d’une bouteille de vin vide. Ni Anne, ni Tom n’étaient présent dans cette cabine. Il y avait juste une louve et un morceau de viande. La bête avait faim, et elle allait se servir un repas. Ivre comme il était, le matelot n’avait aucune chance. En un bon, elle finit sur lui. En un coup de dents, il avait perdu sa tête. Cette dernière roula jusqu’au bureau, laissant une trainé de sang. La bête était couverte de ce liquide rouge et commençait à s’avancer vers la sortie, menaçant ainsi la survie de tout le reste de l’équipage… Ils étaient tous perdus, à moins que l’un d’eux réussisse à retrouver le capitaine.
Elle entendait les battements d’un cœur, l’odeur de la vie… Et puis elle le vit, ce petit mousse aux cheveux roux. L’animal se lécha les babines et fondit sur lui. Mais la porte de la cabine se referma violemment. La louve se cogna de plein fouet mais se releva vite, se mettant alors à tourner en rond. Elle avait faim et dehors, ça grouillait de monde, de chaire, de sang. Elle recula et fonça à plusieurs reprises dans la porte jusqu’à ce qu’elle cède.
L’animal savait chasser, elle en était pas à sa première victime. Des colères, elle en avait eu quelques unes sur le Revenge, mais c’était bien la première fois qu’elle était habitée par une telle rage. Il serait très compliqué de la ramener à la raison. Anne Bonny était loin, très loin, il fallait réussir à la faire réapparaitre. Celui qui se lancerait dans cette mission était soit téméraire, soit stupide, ou peut-être les deux qui sait. La porte finit par voler en éclat.
La fête était terminée, tous les matelots étaient allés se réfugier dans les cales. C’était le règlement. Quand la bête était de sortie, chacun devait aller se mettre à l’abri jusqu’à ce que la capitaine réussisse à reprendre le dessus. Elle voulait le faire seule, ça finissait toujours pas se calmer. Surtout qu’elle ne voulait pas que ses hommes se mettent en danger pour ça. L’humaine était plus forte que la louve, même si la bataille entre les deux pouvaient durer un certain temps. Anne finissait toujours par revenir… Aujourd’hui, ça risquerait d’être compliqué mais elle reviendrait, c’était certain.
La louve sortit et s’avançait sur le pont. Le petit rouquin était encore là. Il essayait de lui parler, mais l’animal ne comprenait rien. A ses yeux, la petite bestiole en face de lui était entrain de s’agiter, de la supplier pour pas être dévorer. Sauf que c’était bien l’intention du prédateur : manger cet humain sans importance. Billy ! Va-t-en ! Fuis !! Anne réagit à la présence de son matelot, au fait qu’il soit en danger. Elle était dans un coin de l’esprit de la louve, mais elle ne pouvait pas s’exprimer, elle voyait tout mais ne pouvait rien faire. Elle aurait aimé que son petit mousse aille dans les cales avec les autres. La bête se serait calmée toute seule.
Une seule victime ? Lui suffire à elle ? Jamais. Elle voulait tout le navire, tous les tuer, ne plus entendre leur cœur battre et voir la mer se colorer en rouge. Doucement, elle tournait autour du petit mousse, cherchant le meilleur angle d’attaque, le meilleur moment pour attaquer, quand il baisserait sa garde. Sans le moindre signe avant coureur, elle lui bondit dessus, prête à lui arracher la tête à lui aussi. A l’intérieur, Anne hurlait, voulant sortir de sa cachette pour arrêter la louve. Mais elle était encore trop en colère pour réussir à prendre le dessus. Sa volonté seule ne pourrait pas lui permettre de revenir, il fallait qu’elle se calme d’une façon ou d’une autre. Il fallait réussir à calmer la bête blessée qu’elle était, ou sinon, Billy, le fils de son cœur mourait lui aussi. De tout son poids, elle écrasa cet homme sur le sol, dans le seul but de lui arracher la tête ou un membre… Sauve toi Billy… hurla Anne à l’intérieur, la louve secoua alors la tête pour chasser cette voix, et ça, juste avant de serrer son cou entre ses dents… L’échappée de Billy était là, c’était maintenant qu’il devait agir.
Les matelots se précipitaient pour éviter les deux monstres qui étaient présents sur le bateau. Ils se récusaient dans le fond des cales. Au moins il y avait de quoi manger et se défendre en bas. Billy restait seul avec Anne. Enfin, Némée serait seul cette créature de clair de lune. Ce n’était pas la première fois qu’il avait à s’en occuper. Ils avaient découvert qu’il pouvait se le permettre, aidé par ses pouvoirs, encaissant mieux que ses compagnons d’arme et avait de bien meilleurs réflexes. Bien sûr cette idée n’était pas excellente, car trop souvent Billy devait puisé dans ses forces naturelles et risquer de se laisser enflammer par sa nature colérique. Il avait de moins en moins peur face à la louve et risquait de plus en plus. Enfin, moins peur… Quand cet animal s'approchait lentement, les babines relevées et dégoulinantes de salive, son regard jaune et clair, perçant, ses épaules qui se balançaient pour s’approcher toujours plus de lui, il eut un frisson. Il n’était pas sûr de ce qu’il faisait, comme à chaque fois, mais ça pouvait éviter le pire. Alors il essayait. Parler au final, c’était plus pour lui qu’il le faisait, afin de garder son calme et son équilibre avec Némée afin de mieux se concentrer sur ses pouvoirs.
Pas un bruit sur le bateau si ce n’est les vagues et les grondements de menace qui échappaient de la gorge du loup. Billy ne bougea pas. Il se focalisait sur le mur d’eau large d’un mètre presque or il n’oubliait pas de jeter de bref coup d’oeil au loup. Même s’il avait entendu Anne lui demander de partir, il serait resté. Plus longtemps on s’enferme dans nos ténèbres, plus dur est le retour. On n’y prend goût… Elle tournait autour de lui et l’angoisse montait comme une boule étouffante de son ventre jusqu’à sa gorge, serrant son coeur. Billy respirait si lentement et s’arrêtait parfois. Entendant encore les pas du loups sur le bois humide, il reprenait son souffle. Pas de geste brusque. Si on peut éviter la confrontation, ce serait bien. J’attendais simplement le dernier moment. Le bon. Pour réagir. Comme… Maintenant !
Trop tard. Elle était trop vive. L’eau s’écroula sur le bastingage du navire, éclaboussant les deux corps qui furent projetés sur le planché. Elle était au-dessus de lui, l’écrasant de son immense corps de bête. La tête de Billy avait violemment percuté le bois. Il reprenait doucement ses esprits et réagit assez vite pour la bloquer de ses deux mains autour de son large cou. Son museau était long et sa mâchoire claquait tout proche, l’écume de sa rage lui gouttant sur le visage. Il l’avait tourné sur le côté, cherchant à gagner le plus de distance entre sa vie et ces crocs sauvages. Il tirait dans ses pouvoirs pour compenser la force de l’imposante louve. Son aura d’encre se dégageait de ses bras. Il lui hurlait son nom, pour qu’elle l’entende. Il le grognait, le répétait, toujours plus fort et plus insistant. « Arrête toi avant que ce soit trop tard… » siffla t-il dans l’effort sans descellé sa mâchoire. Elle se rapprochait toujours plus. Il lui jetait une corde pour qu’elle puisse remonter dans le navire de son esprit. Il n’arrivait plus à tenir. Ses muscles tremblaient. Il se dissout dans sa brume noire.
« STOP ! » avait-il hurlé en apparaissant sur les cordages. D’un geste, souleva une énorme vague qui balaya si fort le navire, qu’il se balança brusquement. La louve roula sur le pont, perdant pied avec la force de l’eau. Il sauta sur le bateau et s’approcha de l’animal. Elle essayait de se relever. Ne lui laissant pas le temps de prendre appui sur une deuxième patte, il lui donna un violent coup de poing en plein dans la gueule pour la coucher à nouveau. Il disparut et réapparut presque aussitôt avec une corde. Il fit un noeud. Il était rapide, encore un don magique. Il se pencha pour lui passer le tout autour du cou. Il était trop confiant, il l’avait sous-estimé et l’incident arriva. Il ne la vit pas venir et dans la panique, il se protégea le visage de son avant bras, avant de créer un champs de force, une petite impulsion pour la reculer. Elle avait déjà planté les crocs dans sa chaire, à travers les muscles. Billy en avait hurlé de douleur. La petite décharge était finalement un peu plus forte qu’il ne l’aurait souhaité. Elle avait traversé le pont sur la longueur.
Billy était à genoux et se tenait le bras. Il grognait et gémissait de douleur. Ça le lançait jusqu’à l’épaule. Il jeta un coup d’oeil sur ses blessures et grimaça. Elle ne l’avait pas raté. Il y avait du sang partout, mais c’était presque une habitude dans la vie qu’ils menaient sur ce bateau aux pavillons noirs. Il avait de la chance si ça ne finissait pas par gangréné. Heureusement qu’il était plus vaillant que la normale. « Tu m’emmerde… » avait-il dit entre un gémissement et un râle en se tenant l’épaule du bras accidenté. Les dents serrées, il était essoufflé. Il se rappela soudainement qu’il y avait un loup sur le pont. Ses yeux s’affolèrent et la cherchèrent. Il s’effaçait presque entièrement sous forme de brume, histoire de se protéger.
acidbrain
Dernière édition par Billy N. O'Brien le Sam 12 Aoû - 0:26, édité 1 fois
La louve sortait de la cabine, approchant ses prochaines victimes. Elle aurait bien aimé que tout l’équipage soit encore sur le pont, ça lui aurait fait plus de chaires fraiches à déchiqueter et à dévorer. C’était un animal sauvage en quête de nourriture et d’amusement. Oui, cette bête voulait d’abord jouer avec la nourriture avant de la manger. C’était un prédateur hors du commun, taillé pour la chasse et pour ne jamais rater sa proie. Elle avait déjà tué à elle toute seule un équipage entier par le passé, seulement pour le goût de la vengeance et de la mort.
Puisque Billy était la seule proie présente, la louve s’en prendrait à lui, quoiqu’en dise Anne au plus profond de son esprit. Le jeune mousse pouvait faire ce qu’il voulait, il n’empêcherait pas son adversaire d’atteindre son but : mettre fin à ses jours. L’animal ne savait pas qui il était aux yeux de la capitaine, elle ne pouvait pas savoir quel mal ça ferait à l’humaine si elle venait à faire disparaitre ce jeune home aux capacités magiques extraordinaires… Anne devait réussir à reprendre le dessus, au risque de perdre celui qu’elle considérait comme son fils adoptif. Si ça venait à arriver, qui sait si un l’animal sauvage ne prendrait pas entièrement le dessus sur la douce jeune femme, et cela pour toujours.
Sans baisser sa garde, le monstre du Revenge se mit à tourner autour de la proie toute désignée, la seule proie possible. Elle cherchait le bon moment pour intervenir, ignorant tous les éléments extérieurs. Tout ce qu’elle voyait, c’était ce petit morceau de viande sur jambe qu’elle allait bientôt pouvoir savourer. C’est que la faim lui tiraillait les entrailles, ça faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas mangé de la chaire fraiche, et encore plus longtemps qu’elle n’avait pas croqué un morceau de chaire humaine. Peut-être que Billy avait un goût de poisson en plus ? Au vue de ses origines, ça serait possible…
Sans montrer le moindre signe, la bête sauvage saute sur sa victime. Crocs sortis, claquant de la mâchoire juste au dessus de son visage, lui bavant dessus, elle voulait le dévorer, lui arracher la tête d’un coup comme elle l’avait fait avec Tom. Billy était perdu. Sans doute l’aurait-il été si Anne n’avait pas manifesté sa présence, hurlant dans l’esprit de la louve. Billy criait le nom de son capitaine, essayant de la faire revenir par tous les moyens. Il lui demandait d’arrêter, mais l’animal était plus forte que l’humaine à ce moment là. Continuant ensuite de forcer sur ses muscles, le matelot finit par disparaitre dans un écran de fumée noire. Perdue, ne comprenant pas, l’animal chercha autour de lui.
Soudain, la proie manifesta sa présence, la chasseuse leva le museau et vint en dessous, attendant le moment où il chuterait. Mais d’un coup, elle se fit balayer par une énorme vague, la faisant tomber et rouler plus loin sur le pont. Elle avait avalé de l’eau et essayait de la recracher en se relevant doucement quand elle reçut un violent coup dans la gueule. Elle se retrouva de nouveau coucher, gémissant et grognant, n’ayant pas eu le temps de réagir ou de comprendre ce qui lui arrivait. Il lui fallut un temps pour reprendre ses esprits. Quand elle eut de nouveau les idées claires, elle choisit une autre technique de chasse, elle resta coucher attendant que sa victime approche.
Ça ne rata pas, Billy s’était jeté dans la gueule du loup (c’était le cas de le dire). Alors qu’il voulait lui passer une corde au coup, elle se releva brusquement et lui sauta de nouveau dessus. L’humain essayait de se protéger. Les crocs de la louve se plantèrent alors dans son avant bras. Encore un peu, et ses os se serait brisés s’il n’avait pas eu le réflexes de lui envoyer une violente décharge, la faisant atterrir de l’autre côté du pont.
Il avait crié. J’avais entendu Billy crier. Je rouvris les yeux et me vis sur lui, la mâchoire refermée sur son bras, le goût de son sang dans ma gueule. Je voulus le lâcher lorsqu’il m’envoya une violente décharge qui m’envoya plusieurs mètres plus loin. Ça avait été violent, et j’avais eu mal en finissant de l’autre côté du pont. Que s’était-il passé ? Qu’avais-je encore fait. Le goût amer et métallique du sang était encore présent sur ma langue… Il me fallut quelques minutes pour me relever. J’étais sous forme de louve. Si j’avais mon apparence animale, et que je m’en souvenais pas, c’était que j’avais encore perdu le contrôle.
Je repris forme humaine et me relevai doucement, titubant un peu, tremblante par les efforts fournis et la lutte menée dont je ne me souvenais pas. J’avançais sur le pont, à la recherche de Billy.C’était son cri qui m’avait réveillée, où était-il ? L’avais-je… Non, ce n’était pas possible, il était plus costaud que ça.
- Billy… ? Billy, réponds-moi… Je suis revenue…
Il réapparut en face de moi, le bras ensanglanté, la main sur l’épaule. Je me précipitais vers lui, plus désolée que jamais. Il était la dernier individu que je voulais blesser. J’aurais préféré qu’il aille à la cale avec tous les hommes, je finissais toujours par revenir, d’une façon ou d’une autre, même quand j’étais seule. Je le pris dans mes bras, doucement, tâchant de ne pas lui faire mal, comme une mère qui retrouvait son enfant.
- Pardonne-moi. Pardonne-moi Billy. Tu sais que je ne t’aurais jamais fait de mal. Tu sais que ce n’était pas vraiment moi n’est-ce pas ? Laisse-moi soigner ton bras, tu sais que je peux faire disparaitre cette vilaine blessure, pas vrai ? Oh, pardon Billy…
Je m’en voulais terriblement. Le blesser était la dernière chose que je voulais. Il ne méritait pas ça… C’était dans ces moments là où je détestais ma nature magique et animale. Je savais qu’elle pouvait faire beaucoup de mal. Elle pouvait me rendre plus forte, mais également monstrueuse.
- Tu aurais dû rester avec les autres... Arrête de prendre ce risque là…
(c) sweet.lips
Dernière édition par Anne Bonny le Dim 13 Aoû - 11:31, édité 1 fois
Ses genoux claquèrent fortement sur le pont, mais on ne l’entendit même pas à cause de son cri de douleur. Il n’avait rien vu venir. Il pensait l’avoir. C’était trop facile et il avait eu trop confiance en lui. La prochaine fois, il se méfierait. Il douillet. C’est que sa gueule n’était pas aussi petite qu’un chien. Elle devait facilement faire plus d’un mètre au garrot. La douleur était vive et lui parcourrait tout le bras. Il y avait un croc, mais le bras avait été lacérés en travers et profondément. Il se serrait le haut de son avant bras, ça calmait un peu la douleur. Il se concentrait pour ne pas penser à cette dernière. Mais plus j’essayais et plus j’avais l’impression de ne penser qu’à la sensation irradiante qui me parcourrait jusqu’à la nuque. Heureusement, il n’y avait rien de grave. Le tendon avait prit, mais ce n’était qu’une inflammation. Il fallait juste éviter qu’il s’infecte et pourrisse. Peu de risque vu son sang vif et magique. Il s’effaçait sous forme d’ombre, petit à petit, son visage qui se devinait dans les immenses volutes ébènes qui le rongeait.
C’est à ce moment qu’Anna intervint. Sa voix fut d’abord comme lointaine. Sans peur, elle enfouit ses mains dans ce nuage de coeur-brisé et attrapa son visage. Tout s’effaça, comme aspiré par le corps de Billy. Plus un spectre qui émanait de son corps, ses dessins lugubres disparaissaient et enfin ses yeux se dégorgeait de son encre pour laisser place à son regard brun et profond. Il était rassuré de voir ceux chocolats de sa capitaine face à lui, et non les mordorés du canidés sauvages et enragé qui était sur le pont il y a peu. Elle se confondait en excuse. Billy était encore un peu sous le choc et assommé par la douleur maintenant que l’adrénaline redescendait. Puis Anne lui donnait tant d’attention maternante qu’il n’avait qu’une envie : pleurer. Juste là, se laisser aller dans les bras de la femme – qui avait tenté de le dévorer – la tête contre sa poitrine et pleurer à chaude larmes et la serrer fort comme s’il allait mourir. Il avait cru mourir. Mais il ne fit rien, il la jaugeait, encore un peu échaudé.
Anna s’agitait, inquiète et coupable. Billy était resté sans rien dire, se tenant toujours le bras. Il avait presque l’air absent. La capitaine tentait d’y jeter un oeil, mais il se tortillait pour se défiler et surtout qu’elle ne touche pas. « Tu m’as mangeeeeeeeey ! » avait-il finit par éclater les larmes aux yeux, lui montrant son bras comme preuve. On aurait dit un gosse. Elle ajouta qu’il aurait du rester avec les autres et arrêter de vouloir jouer les dompteurs d’animaux sauvages. C’est que plus d’une fois il s’en était bien sorti, alors pour lui s’était acquis. « Non, mais c’est rien. Si ça aurait été trop grave, je serais descendu, je te jure. Ca va aller… » dit-il la fin les dent serrées de douleur. « Je ferais plus attention la prochaine fois, c’est tout. ». Il se rapprocha d’elle toujours à genoux et lui donna un coup de hanche pour qu’elle tombe les fesses sur le planché. Il s’assit à côté d’elle. Contre elle, épaule, contre épaule. « Tu sais moi je pensais. Quand t’es louve t’as des réflexes de capitaine ? Car… Et si tu passais par-dessus bord ? Qui t’aidera si on reste comme des cons en bas ? Je veille sur toi et sur les autres. C’est tout. » lui confia t-il.
« Tu devais pas me soigner ? » demanda t-il après une pause en pleine réflexion, imaginant le loup dans l’eau et Anne revenir à elle, mais bien trop loin du Revenge pour revenir. Il avait penché la tête pour lui poser la question. En vrai, il avait bien envie qu’on s’occupe de lui après les frayeurs qu’il s’était fait. Il se leva maladroitement et difficilement. Son bras était hors-service. Il ne pouvait même pas prendre appui dessus et ce n’était pas sans grimacer qu’il le leva pour garder l’équilibre avec la houle du navire. Il courut ensuite comme un enfant jusqu’à la cabine et se jeta dans le lit de Anne. Il se précipita de se redresser avant qu’elle n’arrive et surtout avant de mettre du sang partout. Il se posa au bord, sage. Son regard courait dans la pièce en attendant et il vit une couverture pleine de sang et il poussa un cri guttural de surprise en voyant Tom. Putain je l’avais déjà oublié celui-là. Oh et j’ai oublié de prévenir les gars qu’il pouvait sortir. Peut-être que Anne la fait ? « Y’a quelqu’un ???! » avait-il crié en jetant quelques coups d’oeil au cadavre, comme s’il avait peur qu’il bouge. Il se leva pour prendre un des draps du lit et recouvrit brièvement le corps, glissant aussi la tête dessous à l’aide du pied.
acidbrain
Dernière édition par Billy N. O'Brien le Lun 21 Aoû - 12:24, édité 1 fois
Il avait crié, c’était son cri de douleur qui m’avait ramenée et réveillée. J’ouvris les yeux en sentant le goût amer du sang. Son bras était coincé entre mes crocs, les os sans doute sur le point de se briser. Je desserrai la mâchoire lorsque je fis un vol plané jusqu’à l’autre bout du pont. Je ne lui en voulais pas, il avait juste cherché à se protéger. A se protéger de moi. J’avais attaqué Billy… Cette idée me faisait horreur, comment avais-je pu faire ça ? Mais le moment n’était pas aux questions, je devais aller le voir, et le soigner !
Doucement, je me relevais en reprenant forme humaine. J’avais mal partout, et avais encore un peu de mal à retrouver mon équilibre sur deux jambes. Mais ça revint assez rapidement. Au plus vite, je partis rejoindre mon petit mousse. J’espérais ne pas avoir été trop loin… Il était là, enfin une fumée noire était là, c’était lui et je n’en avais pas peur. Mes mains glissèrent dans ce nuage, et rencontrèrent le visage humain de mon protégé. La fumée finit par disparaitre, revenir en Billy. Je ne le lâchais pas, attendant patiemment qu’il revienne complètement. Je m’en voulais terriblement pour ce qui c’était passé, je lui avais déjà dit d’arrêter de jouer au héros en essayant de me ramener. Je revenais toujours... Mais s’il arrivait quelque chose à ce jeune matelot par ma faute, je n’étais pas sûre de revenir, ou de vouloir revenir, le poids de la culpabilité serait trop lourd à supporter pour mon moi humaine.
Il redevint mon Billy, sans la moindre trace de sa forme étrange. Il était de nouveau mon Billy, comme j’étais de nouveau Anne Bonny. Je m’excusais, lui demandais de me pardonner. Je ne voulais pas que tout ça arrive et je le pris dans mes bras, comme s’il était mon petit garçon que j’avais mis en danger, que j’avais perdu. Il ne disait rien, se tenant le bras blessé, j’essayais alors de regarder à quel point c’était profond mais il se tortillait, ne voulant pas que je regarde avant de s’exclamer que « je l’avais mangey ». Il avait parfois cet étrange accent. Dans le fond, ça me fit mal de l’entendre dire ça. C’était la stricte vérité : j’avais essayé de le dévorer… Enfin mon moi louve avait essayé, sauf que j’étais elle, et elle était moi, donc oui, j’étais bien coupable. Je ne répondis pas tout de suite, ne savant pas quoi répondre à cette juste accusation.
- Je suis terriblement désolée Billy… Tu sais que je ne voudrais jamais te manger, ce n’est pas vraiment moi…
Je ne pouvais pas m’empêcher de lui demander pardon, je m’en voulais tellement. Il était l’une des rares personnes à qui je ne voulais faire aucun mal, je tenais énormément à lui, comme à un membre de ma famille, comme à fils. C’était plus que mon protégé, c’était le fils que mon cœur avait choisi. Alors la dernière chose que je souhaitais, c’était lui faire du mal à lui. J’aurais tout fait pour son bonheur, j’étais prête à beaucoup de choses pour lui. Savoir qu’il souffrait par ma faute, me rongeait le cœur. J’essayais de le convaincre de ne pas recommencer, d’arrêter de prendre les risque qu’il prenait, mais il ne semblait pas d’accord. Il avait mal, et m’assurait que ça allait. Je savais très bien qu’une morsure de loup ne faisait pas du bien. Surtout que j’étais plus grande que la plus part des loups communs.
- Il n’y aura pas de prochaine fois… La prochaine fois, tu fais comme tout le monde et tu me laisses revenir toute seule. Qu’est-ce que je vais devenir si un jour ça tourne plus mal que ça ? Si un jour, je te fais pire que ça. Je ne me le pardonnerais jamais si ça arrive un jour. Pour toi, comme pour moi, ne recommence pas, Billy. Je t’en supplie.
Un jour, je le tuerais peut être. Je pouvais essayais de me convaincre que la louve n’était pas vraiment moi, mais c’était faux. Elle était la partie de moi qui refoulait ses pulsions violentes et meurtrières. J’étais naturellement dangereuse, et je le savais. J’étais une mauvaise Bonny, l’une de ses louves aux instincts sanguinaires. J’avais longtemps détesté cette partie de moi, j’avais fini par vivre avec, me rendant compte que mon côté louve apportait de sacrés avantages à ma vie, même s’il y avait quelques gros inconvénients. Après tout, je ne perdais pas souvent les pédales, alors ça restait vivable. Par contre, si je tuais quelqu’un que j’aimais, je ne le supporterais pas. Billy devait apprendre à se mettre en sécurité avec les autres.
Soudain, il s’approcha de moi et me fit tomber sur les fesses avant de s’asseoir à côté de moi. Je le laissais faire. Son épaule touchait la mienne, je ne dis rien et l’écoutais parler, se poser des questions. Il voulait savoir si louve, j’avais toujours mes réflexes de capitaine, il avait peur que je passe par-dessus bord. Il disait juste vouloir veilleur sur moi, et sur les autres.
- Oh ne t’en fais pas pour ça, une louve n’est pas assez stupide pour se jeter à l’eau. Si je n’ai pas mon instinct de capitaine, j’ai un instinct de survie assez aiguisé, ne t’inquiète pas va. Et je voudrais que tu veilles mieux sur ta sécurité que sur la mienne… Fais attention à toi Billy, je ne veux pas qui t’arrive quoi que ce soit.
Il me demanda soudainement, si je ne devais pas le soigner. Il se moquait de moi ? C’était lui qui s’était défilé. Je levais les yeux au ciel et me détachais doucement de lui pour regarder sa plaie. Le plus délicatement possible, je déchirai la manche de sa chemise et examinais la blessure. C’était vraiment moche, très profond. Le muscle avait pris cher, et sans doute les tendons aussi. En voyant la plaie sanguinolente, je me sentais encore plus mal pour lui. Il se leva alors maladroite, je l’aidais un peu et il se mit à courir vers ma cabine. Tranquillement, je me remis sur mes deux pieds et le rejoignais. Je m’occuperais des hommes dans la cale plus tard. Ça ne leur ferait pas de mal de rester un peu enfermer en bas, ils se tiendraient tranquille au moins, et j’aurais tout mon temps pour prendre soin de Billy. Entrant dans mes appartements, je le vis, sagement assis sur le bord du lit, il m’attendait. Vers le bureau, il y avait le corps de Tom, et sa tête un peu plus loin. Parmi tout ça, il y avait la couverture de William, toujours tâchée de vin et de sang, ça me fit un pincement au cœur.
- Oui, je suis là et Tom ne te fera rien dans l’état dans lequel il. Je approchais de lui, avant de dire : Fais moi confiance, ça ne sera plus qu’un mauvais souvenir.
Je fis de quelques pas et repris ma forme de louve. Sans geste brusque, je m’approchais pour lui lécher la plaie. Une morsure de loup pouvait être meurtrière, mais quelques bisous magiques permettaient de guérir les plaies plus vite. Ce soir, il n’y aurait plus rien. Lorsque j’eus terminé mes soins peur ragoutant, je repris ma forme humaine et lui embrassai le front.
- Encore pardon Billy, ce n’était vraiment pas ce que je voulais. J’aurais vraiment aimé que tu t’en ailles avec les autres. Je ferai un bel hommage pour Tom, il ne méritait pas ça non plus… Allonge-toi dans mon lit si tu veux, ça ne me gêne pas. Repose toi, tu en as besoin.
Il fallait qu’il se repose un peu pour récupérer, il avait perdu pas mal de sang. Dormir ne lui ferait pas de mal, et à son réveil, sa plaie serait déjà pas mal cicatriser. Je m’éloignais un peu de lui, et ramassais mes affaires. Tom n’était qu’un détail dans mon cabine, je m’occuperais de lui plus tard. Je remis les affaires de William dans mon petit coffre en les pliants soigneusement, regardant toujours Billy du coin de l’œil. Je ramassais la couverture tâchée et la regardais longuement. Je ne savais pas comment faire partir les tâches. Je passais mon doigt sur le « W » que j’avais brodé dessus en soupirant.
- Tu n’as pas une idée pour faire partir les tâches ? Soufflai-je.
Anne était morte d’inquiétude et s’en voulait tellement. Billy ne cessait de secouer lentement la tête pour lui dire que ce n’était rien. Il le lui parlait aussi pour dire que ça allait et lui répétait à chaque fois qu’elle s’excusait. Certes, il avait commencé plus tôt par l’invectiver qu’elle avait tenté de le dévorer. Mais c’était simplement un petit râle, un besoin de relâcher la pression après l’état de choc. Billy était peut-être magique et une forme de magie relativement puissante, cela ne l’empêchait pas d’être plein de candeur et de ne pas avoir peur. « Mais ça va je te dis, arrête… » et elle lui ordonnait d’aller se mettre en sureté la prochaine fois. Il eu un mouvement de tête négatif et plutôt déterminé. « Tu aurais fait pareil pour moi… » lui avait-il murmuré. Elle ne veut pas qu’on ai le pouvoir de la maitriser. Ne l’écoute pas. Elle a peur de toi, de ce que tu es capable. « Arrête… » avait-il dit dans un souffle presque inaudible, s’adressant à Némée. Quand on connaissait bien Billy, c’était quelque chose de communs de l’entendre parler à l’autre. Sachant à quel point elle avait la tête dure, il avança des arguments pour avant qu’elle ne refuse catégoriquement son envie d’être là quand ça arrive.
Elle me rassura sur les risques qu’elle pouvait avoir en tant que louve sur un bateau. Après, je le pensais bien, même si mon idée n’était pas totalement insensée. Juste que ça avait peu de risque d’arriver, je conçois. Bref. Ce n’était pas assez, mais elle n’avait pas l’air de trop m’en vouloir. Tout partait d’une bonne attention. Je pense aussi qu’elle avait besoin d’alléger sa peine en me rejetant un peu la faute. Ce que je comprends aussi. Je m’en voudrais énormément aussi si j’en venais à lui faire du mal. C’est déjà arrivé, même si j’y étais allé moins fort qu’elle. Elle a déjà reçut quelques dommages collatéraux de mes colères contre des salauds de corsaire. Soit. Je comprends très bien sa position, mais elle devrait aussi comprendre la mienne. Dans le fond qui je suis ? Rien. Que le sentiment d’une autre, qu’une arme pour venger son coeur. J’ai pas d’identité propre. Anne, elle est quelqu’un et son destin est bien plus précieux que le miens. Je ne suis rien.
Il l’avait alors évité un long moment lorsqu’elle voulait jeter un oeil à sa profonde blessure. Maintenant, il voulait qu’elle s’occupe un peu de lui, le dorlote un peu. Il aimait bien qu’on s’occupe de lui. Courant à la cabine, vivant de nouvelle retrouvailles avec son compagnon mousse déjà oublié, Anne arriva enfin. Poussant la porte de la cabine, elle observa alors Tom gisant sur le sol et rassura Billy qu’il ne craignait rien. Ce dernier regardait Tom entre le dégout et une certaine fascination face au cadavre. La mort, la destruction, le carnage, le sang… C’est pour ça qu’on aspire. Assis sagement sur le lit, il relevait la tête vers Anne, réussissant enfin à lâcher son attention du corps. Il sursauta légèrement lorsqu’il réalisa que la louve lui faisait encore face.
Elle avait les oreilles et la queues bien basse. Au début immobile, elle attendit que Billy lui esquisse un petit sourire pour avancer. C’est bon, il était en confiance. D’un pas calme et qu’on entendait à peine, elle approcha son museau de sa plaie et vint lécher la blessure. Billy sursauta à nouveau et se tortillait tout en se tenant le bras au niveau du poignet. Il la laissait faire, subjugué. Au début, ça le brûlait et le picotait, mais après, la douleur s’apaisait. Anne reprit forme une fois fini. Billy observait son bras un long moment sans rien dire, puis leva lentement la tête avec son regard plein de candeur. « J’aurais pas aussi mal, je crois que j’aurais trouvé ça excitant… C’est normal ? » lui demanda t-il en toute sincérité. Penchant la tête, il hésitait encore sur les limites de l’acceptable en société. Ce qui était biologique ou était un simple vice. Où s’arrêtait la dignité et le correct dans ce monde.
Elle s’excusait encore. Billy haussa les épaules. « Ca va je te dis… » lui dit-il d’un ton effacé, regardant Tom quand elle en parla, puis la suivit du regard alors qu’elle ramassait la couverture. « Pas besoin de trop en faire pour Tom… Ca ne ferait que nourrir ton sentiment de faute et je ne pense pas que c’est ce dont tu as besoin. Un discours et on le donne à la Mer, pour l’éternité. » avait-il dit, avec sa grande capacité à prendre du recul, et surtout influencé par sa partie sombre. Je me vois avec Némée comme le principe des marées… Némée est la mer et elle est influencée par la lune, montant et descendant sans cesse. La lune, symbolise la situation ou l’environnement qui m’entoure. Alors il y a des fois où Némée est dit en « pleine-mer » et s’efface pour laisser plus de place à Billy en « basse-mer ». Parfois, elle est entre les deux, se stabilise et stagne durant un temps. Ces moments sont ceux où j’arrive à puiser dans mes pouvoirs sans être aliéné par ma vraie nature, ou quand je combat ma colère pour revenir au calme. Et parfois, il y a la période des « grandes-marée » quand je deviens une simple ombre destructrice ou que je suis simplement bien avec moi-même et que j’arrive à penser que je suis quelqu’un.
Anne lui proposait de dormir dans son lit s’il le souhaitait. Il leva un sourcil, étonné et avait un sourire amusé. « Je veux bien que tu me morde plus souvent si ça me permet de dormir ici ! » rit-il. Il tentait de faire un peu d’humour pour détendre l’atmosphère. Or Anne avait l’air préoccupée par sa couverture pleine de sang. Billy tordit sa bouche. Faire disparaitre du sang ? Il n’en avait aucune idée. « Pourquoi tu tiens tant à enlever les tâches de ce bout de tissus ? » se posait-il aussi la question après un temps de réflexion. Il ne comprenait pas. Des objets d’enfant il n’en avait jamais vu. Donc ça ne lui sautait pas aux yeux tout de suite. Il rampa sur le lit pour arriver au bout et se penchait pour mieux voir le visage d’Anne. Il cherchait son regard. Elle avait l’air loin dans ses songes. Billy tordit encore sa bouche, toujours plein d’interrogation. Il ne savait pas quoi faire ou dire. Elle paraissait si tourmentée…
Je ne pouvais pas arrêter de m’inquiéter, arrêter de m’en vouloir. Je m’en étais prise Billy, et ça me faisait affreusement mal cœur. Je ne l’avais vraiment pas loupé, et je ne savais pas quoi faire pour me racheter ou me faire pardonner. Sans doute, lui ne m’en voulais pas, mais moi, je m’en voulais. C’était toujours difficile pour moi de voir que je pouvais être dangereuse pour ceux qui m’étaient chers. Lorsque que je perdais vraiment les pédales, je ne reconnaissais rien, ni personne. La seule chose qui comptait, c’était la soif de sang et de meurtre. Je tuais. C’était mon seul but lorsque je n’étais plus vraiment moi. Mais en observant Billy, je me rendais compte que je n’étais pas la seule à être habitée par un certain démon… Lui aussi devait toujours se battre contre une force cruelle et dangereuse. Mais il était bien plus dangereux que moi. Qu’arriverait-il si lui perdait totalement le contrôle ? Sans doute, essaierais-je de le faire revenir comme il l’avait suggéré. « Tu aurais fait pareil pour moi… ». Oui, j’aurais fait pareil pour lui, sans hésiter… Je le ferais au péril de ma vie…
Maintenant, qu’il s’était calmé, il me laissa regarder sa plaie. C’était franchement moche. Il pouvait perdre le bras entier si on ne faisait rien. Une infection, et c’était fini. Il risquait même la gangrène si on ne s’occupait pas sérieusement de sa blessure. Heureusement que j’avais un certain don pour soigner les plaies ouvertes. En y repensant, ce n’était pas très ragoutant, mais au moins, ça faisait l’affaire ! Il alla dans ma cabine en premier, et je le suivis. Il ne semblait pas être totalement en confiance en présence du cadavre de Tom. Sauf qu’il était mort. On ne pouvait pas être plus mort que lui. Sa tête avait roulé un peu plus loin. Mon côté louve avait un certain humour, c’était indéniable : transformer les corps humains en puzzle, en voila une bonne idée… j’essayais de rassurer Billy à se propos avant de me concentrer pleinement sur lui pour le soigner.
Calmement, je repris ma forme de louve. J’avis complètement le contrôle de moi-même. J’étais moi, mais avec quatre pattes, de grands yeux jaunes, des grandes dents, des grandes oreilles, un pelage de jais… Bon, c’était difficile à croire que j’étais inoffensive à ce moment là, mais il était évident que je ne ferais rien à Billy maintenant. J’attendis que mon mousse me fasse signe d’approcher, pour être sûre qu’il était en confiance. Il me fit un petit sourire et je vins vers lui pour lécher sa plaie et la soigner grâce à de la bave magique. J’espérais que ça allait vite faire effet. Une fois que la plaie fut soignée, je repris forme humaine. Je fis un petit sourire maternel à Billy. Il me posa alors une question qui me surprit grandement. Je réfléchis à la réponse un instant…
- Je crois qu’il n’y a pas vraiment de norme sur ce qui nous excite, comme on dit : « tous les goûts sont dans la nature ». Il y a bien des personnes qui sont excitées par des poulpes je crois… Mais tu ne devrais pas le dire, pas à des inconnues en tout cas. Moi ça ne me gêne pas ce genre de question. Répondis-je en souriant.
Malgré le fait que les choses commençaient à s’arranger, je ne pouvais m’empêcher de continuer à ma confondre en excuse. Mais il me répéta que ça allait…. Je ne répliquai rien et regardai ensuite Tom. Je ne devais faire quelque chose pour lui. Ce fut Billy qui me dit quoi faire : rien de plus que pour un autre homme. Il avait peur que ça nourrisse mon sentiment de faute, et j’avais déjà tellement de fautes à me faire pardonner. J’avais fait tellement de mauvaises choses que je regrettais… Je suppose qu’il valait mieux écouter les conseils de Billy. Je ne savais as quoi faire de toute façon, autant prendre en compte ce qu’il me disait.
Au vue de ses blessures, je proposais à Billy d’occuper ma cabine pour la nuit. Il pourrait mieux se reposer ici, et dormir sans être embêté par les autres matelots. Ça semblait l’amuser. Il avait un joli sourire dessiner sur les lèvres, déclarant qu’il voulait bien se faire mordre s’il pouvait dormir ici à chaque fois. Ça me fit légèrement sourire. Mais quelque chose occupait mon esprit : cette couverture. La couverture de mon William. Je la récupérai et regardai l’étendu des dégâts : il y avait des tâches de vin et de sang. Ça me fit mal au cœur. Ce n’était peut-être qu’une couverture, mais elle avait beaucoup de valeur pour moi. Il y avait toujours ce « W » maladroitement brodé dessus… Je n’étais vraiment pas douée pour la broderie. Billy me fit sortir de mes pensées en voulant savoir pourquoi je tenais à enlever les tâches de ce bout de tissu. Je me tournais vers lui pour lui faire un sourire triste.
- C’est un souvenir... Le souvenir de quelqu’un que j’aimais beaucoup… Soufflai-je.
Personne sur le Revenge ne savait pour William… ça me faisait bizarre d’en parler ici. Ça faisait très longtemps que je n’avais pas parlé de mon fils à haute voix. Je revoyais très bien Willy dans son berceau au chaud sous cette couverture. Je sentis alors Billy juste à côté de moi. Je me tournais vers lui, essayant de lui sourire de nouveau. Mais je sentais une larme rouler sur ma joue.
- C’était la couverture de mon fils. Finis-je par lui confier.
Anne avait repris sa forme d’humaine et Billy regardait sa plaie qui déjà ne suintait plus. Il avait bien moins mal aussi et s’osa à une réflexion innocente, presque dit sur le ton de l’humour pour détendre un peu l’atmosphère lourde qui avait habité le pont il y a quelques minutes. Elle ne le trouvait pas bizarre, mais lui avait conseiller ne pas trop parler de ce genre de chose n’importe quand et à n’importe qui. Il était vrai que les discussions avaient des codes, des choses qu’on pouvait dire et non, sans parler de ce qu’il avait envie de dire ou non et qu’il devait dire ou ne pas dire. Trop compliqué ! Comme disait la capitaine c’était une chance avec elle, car cela ne la dérangeait pas. Billy étrécit les yeux un peu perdu et finit par hausser les épaules. La femme reprit ses excuses car sa culpabilité était encore trop grande face à la plaie du jeune-homme. Billy avait vivement secoué la tête et l’avait rassuré que ça allait. Il comprenait et ne lui en voulait pas. Peut-être un peu sur le moment, mais ce que ça faisait vraiment mal et ça l’avait surpris. Il avait râlé sans réfléchir. T’as eu de la chance que Némée ne décide pas de se venger pour ton affront oui. Enfin… J’aurais pu mal réagir…Mais tu es faible.
Il s’étala de tout son long dans le lit quand elle lui proposait de rester pour la nuit. Il souriait jusqu’aux oreilles et appréciait le confort du matelas tout en disant que cela valait bien le prix de se faire mordre. Il avait légèrement rit, cherchant encore à changer leur changer les idées, surtout ceux d’Anne mais cette dernière n’était déjà plus avec lui. Elle était en pleine communion avec un morceau de tissus. Cela avait intrigué le simili qui se hissa aux pieds du lit, enlaçant un des baldaquins observant et sa capitaine et ce qu’elle tenait dans les mains. Cela paraissait important pour elle, mais il n’y comprenait rien. Elle avait besoin de conseil pour nettoyer ce chiffon et Billy n’en avait aucune idée. Il y avait déjà bien des choses communes qu’il ne savait pas encore faire il y a quelques années alors pour ce qui était de la blanchisserie… Sincèrement, il lui dit alors qu’il n’en avait aucune idée. Puis… Il lui posa des questions, incrédule. Il aurait bien aimé savoir ce qui la tracassait et lui faisait demander des choses si étonnantes. Pourquoi est-ce qu’elle tenait autant à ce qu’elle avait entre les mains.
Elle était toujours de dos à lui, ou presque. Il l’observait toujours à genoux et agrippé au baldaquin au bout du lit, proche d’Anne. Elle lui murmura sa réponse, comme si les mots lui faisaient mal. C’était un souvenir précieux. Billy baissa un sourcil, sceptique et tendit lentement la main pour essayer de l’attraper par la manche or, elle se retourna, une larme silencieuse qui glissait le long de sa joue. La main de Billy était restée tendu dans le vide quand elle lui confiait que cela appartenait à son fils. Cette nouvelle était une surprise. Pas une seule seconde il s’était imaginé Anne, enceinte et mère d’un petit garçon. Dans un petit garçon qu’elle aurait tenu dans ses bras contre son sein, enroulé dans…une couverture.
Il eut un rictus désolée. Il savait bien ce que c’était comme amour, « t’es un peu comme mon fils » lui disait souvent Calpyso, ou encore sur le bâteau, depuis quelques années on avait prit l’habitude de surnommer Billy « ton fils… » à Anne quand on avait quelque chose à reprocher au jeune-homme, comme « ton fils à encore jouer avec de la poudre à canon » par exemple. Sa main avait alors reprit son chemin et se posa sur le bras de Anne. Il le serra avec compassion. Il s’inquiétait de la voir si triste. S’asseyant correctement au bord pour faire face à la capitaine, il fixait la couverture. Il se doutait de quelque chose mais… Il ne pouvait le savoir qu’en demandant. « Et qu’est-ce qui est arrivé à ton fils… Je pensais pas que tu es une vraie maman… » se fit-il lui-même la remarque avec un autre petit pincement de lèvre étonné. « Enfin, si tu veux bien me dire ? »