La révélation de mon meilleur ami m’arracha un rire nerveux, il était allait se frotter à l’une des sorcière les plus puissante mais également les plus cruelles depuis des centaines d’années. Il ne prit pas très bien ma réaction mais je n’en accommodais, lui demandant alors qu’elle était la contrepartie pour laisser la vie sauve à sa fille bien aimée. C’est alors qu’il me dit qu’elle avait besoin de lui pour ses talents de meurtrier. Ne nous en déplaise, cette femme avait du goût en le choisissant lui, après tout j’avais fait la même chose, néanmoins nos méthodes étaient divergentes, alors que je mettais plutôt l’accent sur la loyauté et la confiance, elle préférait obéissance absolue et la peur.

Il était certain à cet instant Cora était maîtresse de la situation ayant toutes les cartes en mains pour faire de mon ami son larbin, d’ailleurs leur petit jeu avait déjà commencé : dix meurtres basés sur les dix commandements afin de lui prouver sa fidélité mais également des actions qui lui permettaient de gagner en puissance. Cette femme était diabolique et ce mot était bien choisi, une adversaire de taille jouant dans la catégorie au dessus de nombreuses personnes de ma connaissance. En effet, Hayden se retrouvait dans une position aussi délicate que celle qu’il avait déjà avec mon abominable frère. Je réfléchis un peu, il fallait être malin, plus malin qu’elle encore et ça...ça allait prendre du temps.

« Hayden, à l’heure actuelle, tu as raison, elle a toutes les cartes en main d’un jeu dont nous ne connaissons pas les règles ni le véritable but. », un constat qui m’amenait à ajouter, « si l’on veut faire quelque chose il va falloir être malins, prudents et cela risque de prendre des années si on ne veut pas tout rater. », lui dis-je alors, mortellement sérieux. Avec cette femme c’était bien souvent quitte ou double et la moindre erreur pourrait nous être fatale. « Es-tu prêt à te battre même au prix d’un long combat ou préfères-tu te soumettre à cette femme ? », telle était la véritable question.

Mon attitude avec radicalement changé. Alors qu’auparavant, je faisais mon possible pour éviter une discussion avec Absolem, je me confiais alors pleinement et à cœur ouvert. Après tout, je ne me trouvais plus en présence de mon associé, comme il l’avait lui-même déclaré lors de notre rencontre. J’étais aux côtés de mon meilleur ami et amant et en l’occurrence lui prêter ma confiance était tout ce que je désirais ! Je lui confiais dès lors toutes l’histoire et abordait ses tenants à aboutissants. J’étais prisonnier des griffes de cette affreuse sorcière et il n’y avait pas un seul moyen pour que je puisse y échapper.

Pourtant Absolem, qui depuis le début de notre conversation m’écoutait avec la plus grandes des attentions, ne semblait pas être de mon avis. Selon lui, on pouvait trouver une solution à condition de le désirer véritablement et d’être prêt à se battre. Cependant, il ne se faisait aucune illusion par rapport au fait que je livrerais là la plus dangereuse de mes batailles. La Reine Cora était loin d’être une méchante ordinaire ! Il faudrait faire preuve de ruse et d’une sérieuse dose d’intelligence pour réussir à la vaincre.

Il ne subsistait aucun doute dans mon esprit. Jamais je n’aurais laissé ma petite fille entre les mains d’un pareil monstre. Il fallait que je protège Mélanie et j’étais prêt à tout pour y parvenir. « Jamais ne n’accepterais de me soumettre à elle. J’ai déjà dû baisser l’échine durant près d’un siècle, je ne compte pas abandonner maintenant ! » Je soupirais légèrement « Ma fille est la meilleure chose qui me soit arrivé dans la vie… je n’ai pas envie de la perdre. Sinon je risquerais bien de me retrouver séparer à jamais des dernières parcelles d’humanité qu’il me reste… mais c’est bien plus facile à dire qu’à faire. Je n’ai rien contre elle… je ne possède pas de magie, je n’ai pas le bras aussi long ! Autant dire que quoique je puisse tenter, ça se terminera mal ! »

Autant dire que Haydy était plus pessimiste que d’habitude. Pourtant la première chose qui avait de l’importance dans une bataille de cette envergure c’était bien la chance de pouvoir l’emporter. Si l’esprit ne suivait pas, alors mon ami était perdu et ce quoi qu’il puisse un jour tenter. Je n’avais pas de solution miracle contre cette sorcière, elle était puissante et avait toujours de nouvelles idées pour acquérir toujours plus de pouvoir, néanmoins, nous pouvions toujours monter un plan de toute pièce. Un plan de longue haleine, un combat de chaque instant pour rester concentrer sur notre mission première, récupérer Mélanie et surtout son coeur.

« Tu ne possède pas la magie personnellement néanmoins tu as d’autres qualités. Ne me dit pas que tu penses que tous ceux qui sont dotés de magie sont des êtres parfaits et totalement supérieur aux autres car je te dirai que tu n’y connais rien. L’important c’est ce que tu en fais, alors oui, tu n’as pas cela, et ça aurait pu nous être utile, mais comme on dit, il faut faire avec ce que l’on a et ne pas pleurer sur ce qui nous manque. »

Je regardais Hayden dans les yeux, cherchant celui qui m’avait fait tourné la tête plus d’une fois, cet homme fort, espiègle et courageux, non pas cette espèce de loque qui ne se bougeait pas pour récupérer sa fille. Tout restait encore à bâtir. Pour l’instant elle était en sécurité, il pouvait en avoir le coeur net, il était vrai que c’était une épée de Damoclès sur sa tête, mais on pouvait trouver une solution. Ensemble.

« Tu vas vraiment rester là à te dire que tout est fini ? Que tu ne peux rien faire ? Que c’est sans espoir ? », lui dis-je alors le ton railleur, histoire de le faire réagir bon sang !

Assis sur le canapé, en position prostrée, j’étais de nouveau en proie à détresse incommensurable. Une détresse que mon associé, ami et amant n’était pas prêt à accepter. Une fois encore, il se posait en grand moralisateur et m’expliquait pour quelle raison mes propos étaient totalement insensé. Selon lui, je devais me focaliser sur mes autres qualités sans tenir compte de mes échecs. J’étais un survivant… j’avais traversé tant d’épreuves jusqu’à aujourd’hui et j’étais parvenu à gagner grâce à mon immense courage et à ma force intérieure. Ces victoires je ne les devais qu’à moi… à moi et à mes qualités indéniables ! Je me devais de me montrer à la hauteur de ma situation… à la hauteur de tout ce qui faisait de moi un être hors du commun, un homme qui s’étaient illustré à un point tel que des employeurs aussi réputés qu’Absolem ou encore Cora n’avaient eu qu’une envie ; celle de voir ma personne grossir les rangs de leurs sbires. Saisissant le miroir reflétant le visage de ma fille, je le regardais un moment pendant que mon meilleur ami poursuivait son long monologue. Au moment où il me provoqua, je le regardais dans les yeux. « Bien évidemment que non ! »

Je me relevais une fois de plus, le miroir toujours entre mes mains. M’asseyant à moitié sur la table qui nous faisait front, je réfléchissais et demeurais perdu dans mes pensées. Une main à nouveau collée contre mon visage, je repensais à tous ces propos que nous avions échangé avec Cora lors de notre entrevue. Au travers de notre conversation, une idée m’était parue évidente, une idée que je m’empressais de partager avec mon ami. « Cora est comme tout le monde, elle possède ses propres faiblesses ! Et par chance je connais la sienne ! » Je me tournais alors vers Absolem toujours assis sur le canapé « Il n’existe qu’une seule personne qu’elle aime plus que tout, une personne pour laquelle elle serait prête à tout tenté…. Car malgré le fait qu’elle soit une Reine, c’est avant tout une mère qui s’inquiète pour sa fille. Je ne te dis pas ça parce que j’ai un semblant de plan ni même parce que la solution c’est elle… mais juste pour confirmer que tu as raison ! Pour détruire une sorcière, il n’y a nul besoin de jouer à armes égales… elle reste un être humain dominé par des émotions et un esprit… et par chance la psyché humaine est un élément que je maîtrise particulièrement bien. ».

Je retournais vers Absolem et m’assis à ses côtés, prenant ses mains dans les miennes. « Mais tu as raison, seul je n’y parviendrais pas ! J’ai besoin de ton aide et je sais que je peux compter sur toi pour la magie et le bras long… Je m’en fiche du temps que ça prendra, je m’en fiche de savoir quel seront les risques mais je la retrouverais ! Mais quoiqu’il arrive, on le fera ensemble ! » Sans véritablement réfléchir, je tournais son visage dans ma direction et déposais un baiser tendre et rapide sur ses lèvres… simplement pour lui témoigner que SON Hayden était de retour. Je me dégageais légèrement de lui tout en restant front contre front. « Est-ce que tu serais prêt à apporter une modification à notre contrat d’origine ? »

Je n’avais qu’une seule envie, qu’il réagisse nom d’un chien ! Sérieusement, il était là prostré comme un frêle gamin à qui on aurait enlevé son jouet ! C’était pas possible, ce n’était pas le Hayden que je connaissais, ce Hayden là donnait plus envie de l’abandonner que de le soutenir ! Sérieusement, n’allait-il pas se battre pour la personne qu’il aime ? Pour sa fille ?! Toutefois malgré son regain d’énergie, je ne fus pas bien convaincu de la stratégie qu’il souhaitait adopter. Certes, Cora ne se gênerait pas pour utiliser nos êtres chers pour arriver à ses fins, mais ce n’était pas une raison pour impliquer sa fille. De plus, si nous venions à échouer, sa haine serait décuplée et les répercutions plus grandes encore qu’avec un plan n’incluant pas sa fille.

« Le couple rentabilité-risque pour le fait d’impliquer la fille de Cora dans nos affaire me semble un peu déséquilibré Hayden, je ne suis pas sûr qu’il faille jouer sur ce terrain là », bien sûr s’il n’y avait que cette solution alors pourquoi pas, mais je préférais un autre angle d’approche…

Le baiser d’Hayden fut aussi rapide que surprenant, dans de telles circonstances, je ne m’y attendais pas, mais bon… S’il était de retour, c’était déjà un bon début.

C’est alors qu’il me demanda si j’étais prêt à apporter une modification à notre contrat d’origine. Alors, regardant droit dans les yeux mon associé, je me demandais ce qu’il souhaitait modifier… « Je suis prêt à renégocier des termes, toutefois ça ne veut pas dire que j’accepte ces nouveaux termes pour l’instant, sommes nous bien d’accord ? », lui dis-je avant d’entamer toute négociation. Ce n’était pas parce que je l’appréciais beaucoup que je laisserai passer plus de choses, bien au contraire… Il devrait bien formuler sa demande et j’espérais pour lui qu’il avait mûrement réfléchit aux conséquences...

Malgré un comportement des plus bancal, je m’étais remis sur pieds. Je n’en pouvais plus d’offrir à Absolem un regard sur moi si pitoyable. Je ne voulais pas ternir l’image que j’avais auprès d’une des personnes que j’admirais le plus au monde. Celui-là même qui après quelques minutes de rencontre me considérait déjà comme l’un des Elus qui ferait partie de ses rangs. Je ne pouvais pas non plus me permettre de trahir la confiance qu’avait en moi cette jeune femme adorable que j’aimais plus que tout ! Non, il fallait que je lutte pour ma fille même si cela était particulièrement long et ardu.

Je ne rendais compte que les arguments que j’avais employés étaient terriblement déplacés. Je ne pouvais dès lors que donner raison à mon associé. « Tu as raison, ce que je raconte n’a pas de sens. D’autant plus que si Régina est la fille de sa mère, elle pourrait devenir bien plus dangereuse qu’elle. Je reste cependant persuadé que comme tout être humain elle n’est pas infaillible… il suffira d’exploiter la faille une fois que nous l’aurons trouvée… En attendant, je me contenterais d’obéir à sa volonté. Je n’ai pas vraiment le choix. Il ne faut pas qu’elle se doute de quelque chose ! »

J’étais revenu auprès de mon ami, lui confirmant ce qu’il soutenait depuis le début. Je ne parviendrais jamais à la vaincre seul. J’avais besoin d’alliés et en l’occurrence le meilleur d’entre eux. Après mon geste d’affection, je m’étais quelque peu éloigné de lui, demandant à Absolem la possibilité de modifier quelque peu notre contrat initial. Il se montrait un peu sur la réticence mais je tentais de lui prouver dans un sourire qu’il n’avait rien à craindre. « Rassure-toi, je ne te demande pas grand-chose ! Je te laisserais le temps de la réflexion au besoin. Je voudrais simplement modifier l’article parlant de la personne à qui nous nous étions jurés de ne pas faire de mal. Je ne savais pas encore quelle était la personne que je souhaitais protéger à tout prix, à présent je le sais. Je voudrais apposer le prénom de Mélanie, que tu puisses faire en sorte qu’il ne lui arrive rien ni à elle, ni à son cœur. J’en ferais de même pour la tienne. Est-ce que ça te conviendrait ? » Je plantais mes yeux dans les siens, attendant patiemment sa réponse pour poursuivre.

Mon associé reprit enfin un peu contenance, ce n’était pas encore gagné mais c’était tout de même mieux que le pitoyable spectacle qu’il m’avait jusqu’alors offert. Il semblait enfin prêt à reprendre un peu de pouvoir sur sa vie et sur celle de sa fille. Régina était un point sensible de Cora, pourtant je n’étais pas d’avis que l’on utilise pour notre cause, car une mère pour protéger son petit était souvent prête à tout, puis, je m’imaginais à sa place, si on touchait ma Rozen, je pouvais vous dire que je serrai prêt à faire plus que de massacrer quelques personnes, elles souffrirait, je déclencherais des guerres pour cette jeune fille. Si le portrait de cette sorcière était un tant soit peu fidèle à la version originale, on pouvait facilement deviner qu’elle aurait les mêmes réactions que moi : pas de quartiers, pas de pitié.

C’est alors qu’il me demanda si nous pouvions renégocier les termes du contrat initial qu’il avait passé avec moi. Lorsque l’on parlait affaires, là j’étais des plus sérieux. Je lui avais alors répondu que nous pouvions rediscuter de certaines choses. D’ailleurs il me reparla de la clause la plus particulière que notre contrat, ainsi il voulait l’utiliser pour sa fille. Je lui souris, si ce n’était que cela, il n’y avait pas de souci. Essayer de faire en sorte qu’il ne lui arrive rien… D’accord, c’était une affaire sous contrôle, on allait déjà tout tenter de retrouver la jeune femme au nez et à la couronne de la reine de coeur.

Je fis apparaître le contrat original, puis un second parchemin, comme la première fois je piquais le bout de mon doigt pour écrit grâce à mon sang. Je rajoutais alors que la personne bénéficiant d’une protection était Mélanie Ravenswood. Puis je stipulais à nouveau que la personne pour ma part était Rozen March avant de tendre le document à Hayden ainsi que la plume.

Après avoir longuement discuter de mes problèmes avec Absolem, je lui avais proposé de renégocier les termes du contrat. Ce n’était pas grand-chose en réalité ; seulement apposé un nom sur un contrat là ou originellement il n’y en avait aucun. Maintenant que je savais que Mélanie était bien vivante, je voulais m’assurer qu’elle vivrait en sécurité. Et sait-on jamais, s’il m’arrivait quelque chose, je pourrais également compter sur mon meilleur ami pour veiller sur elle… au nom de notre sacro-sainte amitié. « Je te remercie beaucoup. Ça représente énormément pour moi ! » Approuvant son geste d’un grand sourire, je me relevais de ma place.

Rien n’était encore jouer et il me faudrait accomplir une longue route avant de retrouver Mélanie. A présent, je devais mener à bien les missions que la Reine de Cœur m’avait confié. Je ne pouvais me permettre de perdre plus de temps sans prendre le risque d’éveiller les soupçons de Cora. Je me tournais alors vers Absolem « Bien, je vais à présent te laisser ! Il me reste encore beaucoup de route à faire pour accomplir ma mission. »

Je posais alors une main réconfortante sur l’épaule de mon ami. « Je te demande pardon d’avoir disparu sans rien te dire ! Je m’excuse également pour ne pas être aussi présent pour toi que je le souhaiterais. » Je me dirigeais vers la porte avant de me raisonner. Je me persuadais qu’avant de le quitter je devrais le rassurer sur l’associé que j’étais. « Même si les circonstances m’obligent à consacrer du temps à Cora, je te promets de mener nos affaires au mieux ! Après tout, il faut bien que je mérite ma place de bras gauche du démon de la Luxure, non ? » Lui adressant un dernier sourire, je le laissais retourner à ses affaires alors que les miennes m’appelaient ailleurs.