Homme d'une relative simplicité, Oswald est né dans le mauvais milieu.
Ses parents étaient de riches et admirables personnes. Son père était journaliste. Sa mère était critique. La vie d'Oswald le prédestinait à la facilité dans les domaines littéraires et artistiques.
Oswald était le petit frère. Jumeau d'une soeur aussi blonde qu'il était brun, les deux enfants grandirent très soudés durant toutes leur enfance, mâchant ensemble des frustrations et des complexes qu'ils ne réussissaient jamais à soumettre à leur ambitieux parents.
Oswald était un garçon bien plus perturbateur et sociable que sa soeur. Joueur, peu enclin à l'écoute et surtout débordant d'énergie. Très tôt a-t-il démontré des capacités d'adaptation fulgurantes que sa soeur compensait par un amour des études qui lui avait toujours été étranger.
Son père l'imaginait comme lui : Un futur amoureux des belles lettres, un théâtral, une petite fouine qui aime à comprendre ce qu'on lui impose. Oswald ferait sans doute un très bon journaliste. Peut-être.
Le garçon eut un parcours scolaire relativement commun. Des notes qui trahissaient à peine le milieu bourgeois qui aidait ses carences. Oswald, très tôt, fit remarquer, à l'instar de sa soeur, son incapacité à suivre les chemins balisés. Oswald avait des ambitions bien plus bohèmes et plus humbles qu'on ne le voulait.
C'est à la fin du lycée que son intérêt pour le surnaturel se démarqua du reste de ses nombreuses exubérances.
Oswald était un garçon qui accumulait immaturité et cruauté. Enclin à être un véritable fléau pour ses camarades les plus introvertis, Oswald trouvait à passer son temps en farces de mauvais goût et moqueries souvent violentes. Seule, sans doute, sa soeur échappait aux brimades, bien qu'elle fusse de ce caractère solitaire et peu avenant. Elle était la sagesse et, bien souvent, son bouclier face à la fureur des parents - bien que la fureur de sa tendre jumelle lui fusse tout aussi peu favorable.
Souvent, ils discutaient et ensemble, ils se trouvèrent un intérêt commun pour les fantômes et les mythes urbains. Au fil du temps, ce sujet de conversation devenait, au goût d'Oswald, une véritable passion, à contrario de sa soeur qui s'assagissait et gagnait le caractère ambitieux et cartésien de sa mère.
Pour Noël, Oswald fit le plaisir de réclamer à son père son premier appareil d'enregistrement. Une caméra qui, pour l'époque, coûtait relativement cher. Avec la révolution technologique de ces dernières années, Oswald y repense toujours avec un peu de nostalgie. Sans doute fusse cet événement qui marqua le point de non-retour. Le début de ses aventures.
Oswald eut son diplôme à deux doigts. Ses appréciations étaient médiocres - peu attentif, peut mieux faire, bavarde en cours, beaucoup trop d'absence - mais, ses notes rattrapaient de peu d'intérêt qu'il accordait à sa scolarité. Sans doute, la crainte de sa mère et de ses menaces l'avaient poussé, dans un dernier élan de désespoir à revoir ses cours, la veille de son examen. Cela lui sauva un diplôme qu'il n'utilisa que pour pénétrer la très institution universitaire. Ses parents, en dépit des soupirs de sa soeur, acceptèrent de financer ses études. Sans doute, se retrouver dans un domaine qui lui plairait l'aiderait à mieux se recentrer, pensa-t-on.
Oswald fit des études de cinéma, très intéressé par la documentation et les arts médiatiques. Quant à sa soeur, elle décida que le juridique ferait d'elle une grande avocate. Avec un mépris qu'elle fardait de moins en moins derrière des discours de reconnaissance, elle méprisait le domaine de sa famille et considéra très vite les sciences et la politique comme des hobies bien plus utiles que le théâtre ou le journalisme.
Oswald fut, dans un premier temps, très intéresse. Là où on ne l'imaginait être qu'un immature petit perturbateur se révéla être un grand militant des causes. Il se découvrit féministe, anarchiste et un brin marxiste. Ses talents pour le travail de recherche et son sérieux dans les projets qu'il entreprenait le hissa dans les affaires politiques de son lycée. Avec quelques amis, au départ, il fonda un journal universitaire qui fit sa petite renommée avant qu'il ne rencontre des personnes bien plus centrée sur ses véritables passions.
Depuis qu'i avait reçu cette caméra, Oswald étai devenu un petit chasseur de fantôme. Petit car, enfin, il n'avait jamais trouvé aucun soutien, ni de la part de ses amis qui ne donnaient aucune crédibilité à ses fantaisies, ni auprès de ses parents à qui il préférait cacher l'objectif de ses sortes nocturnes, ni de sa soeur dont le paranormal quittait peu à peu son esprit. A cette époque, pas de YouTube, ni de Dailymotion. Internet n'existait pas encore tout à fait et les téléphones avaient encore leur fil. Aussi, Oswald ne trouva aucune véritable visibilité.
Toutefois, son entrée à l'université lui ouvrit de nombreuses portes et lui apprit toutes les plateformes médiatiques qu'il pouvait utiliser à son avantage. A cette époque commença un échange épistolaire avec un parapsychologue qui s'acheva sur une véritable rencontre.
L'homme était un grand chercheur et avait eut de nombreuses qualifications. C'était une docteur dans les domaines psychiatrique et son état de parapsychologue n'était un titre qu'il n'usait qu'en présence de personnes offrant un peu de crédibilité à cette science qui, à l'époque, commençait à apparaître dans les cercles privés des réunions d'ésotéristes.
Après s'être rencontré plusieurs fois, Oswald fut présenté à d'autres chasseurs de fantômes. Des "enquêteurs du paranormal". Il écouta sagement leur conseil et partagea avec eux les images de ses premières heures, lorsqu'il n'était encore qu'un adolescent. Le courant passa si bien qu'Oswald continua longtemps à les fréquenter et commença le projet fou de devenir reporter dans le paranormal. Partage de savoir, il semblait bien que son père eut raison : Oswald comprit très vite qu'outre le cinéma, le travail d'investigation était en lui comme un héritage oublié. Très vite, le petit groupe de chasseur devint connu dans le domaine et intrigua les presses ésotériques et du paranormal. On les retrouva dans des papelards de superstitieux, des émissions de télévision, très tard le soir et bientôt, leur domaine s'étendit au-delà des simples histoires de sorcières ou de démons.
La vie d'Oswald prit un tournant si brutal qu'il en oublia l'université. Il s'appuya longtemps sur son expérience de reporter amateur pour étoffer ses notes et sa participation en amphithéâtre et très peu le prenaient réellement au sérieux. Finalement, avec un peu d'amertume, il quitta les bancs de la faculté quelques mois avant de passer ses examens, après trois ans d'études inutiles. Ses parents, ne pouvant plus le loger et Oswald se refusant de travailler des des domaines qui ne lui étaient pas familier, ne put ni trouver un appartement, ni rentrer chez ses parents. Quand il appela sa soeur pour qu'elle puisse l'héberger, elle brisa net leur amitié pourtant jadis fusionnelle. Elle l'incendia pour son immaturité et décida qu'il était une honte pour la famille.
Leur relation se dégrada depuis ce jour-là, entre indifférence et rancœur, sans jamais plus s'améliorer.
Contacté par ses parents, le grand-père paternel d'Oswald fit son apparition dans sa vie comme un ange gardien. Après de touchants au revoir, Oswald abandonna ses anciens amis, ses projets et dit adieu à tout ce qui le rattachait à ses belles années universitaires. Il alla vivre chez son grand-père.
Son grand-père était un homme issu d'une étrange émigration et qui, de ses mots, avait toujours fait honte à son fils. Ce dernier, d'un naturel ambitieux, avait raillé la simplicité dans laquelle vivait son propre père et avait coupé tout contact avec son mariage. Oswald découvrait une facette de sa famille qui, si elle lui avait toujours semblé assez évidente, devenait aujourd'hui aussi flagrant qu'un coup de poing en pleine figure. Oswald retrouva chez ce grand-père cette envie de simplicité, ce contact humain et cette hargne qui lui avait toujours semblé si familière. Les deux hommes s'entendirent très bien. Si bien que Oswald fit voir ses travaux à son grand-père.
D'abord sceptique face aux images, avec son air grincheux et sa bouche torve, il adressa finalement un regard et une parole encourageante à son petit-fils. L’entrainait-il à faire surtout ce qu'il rêvait de faire. C'était l'essentiel. Aussi, son grand-père accepta de lui céder une vieille camionnette pour se déplacer là où il aurait besoin de se déplacer. Oswald, naturellement, prit la camionnette et reprit ses documentaires. Il renoua le contact avec d'anciens amis qui, par dépit ou lassés, décidèrent d'abandonner le projet ou de le mettre en attente. Oswald se trouva héroïque d'avoir sut garder le droit chemin.