Toute mon histoire, elle commence à Beurk, petit village situé dans les terres du centre. Mais avant, il faut comprendre l’histoire de cette petite communauté viking qui, du jour au lendemain, a changé ses mentalités et ses façons de penser. Pendant des millénaires, exactement trois mille ans pour être exact, les vikings ont vécu dans ces endroits sacrés par les dieux comme Thor ou Loki. C’est un petit endroit dans les montagnes, idéal pour tout voir de haut. Mais par-dessus tout, les habitants de ces terres étaient de redoutables chasseurs de dragons, des créatures sans pitié et féroces qui menaçaient les terres de nos ancêtres. Ils étaient nos ennemis, nos némésis que nous devions éliminer pour notre propre sécurité. Bref, notre combat, en tant que viking de Beurk, c’était de combattre les dragons, nous défendre contre eux et les tuer sans pitié.

Et c’est après tout ce temps, qu’un viking est arrivé pour tout chambouler le cycle de l’histoire en entretenant une amitié interdite avec un furie nocturne. Ce viking, c’est moi : Harold Horrib’ Haddock troisième, fils du chef de tribu Stoïck la Brute. J’étais un enfant différent dans tout ce que je faisais. Être le fils d’un chef de tribu, c’est plus difficile que ce que l’on pense. Tout le village s’attend à une certaine attitude de votre part, d’être un calque de lui. Mais moi, je savais que j’étais différent. Je voulais faire ma propre voie et ne pas simplement porter l’étiquette du « Fils de Stoïck », mais qu’on me reconnaisse comme étant « Harold ». Je me rappelle que je passais beaucoup de nuits, à regarder à travers ma fenêtre. La lune brillait et m’illuminait. J’avais le regard plongé dans l’astre nocturne et j’avais plein de pensées qui me passaient l’esprit.Comme il y avait des nuits où une jolie blonde venait me rejoindre. « Harold, à quoi tu penses ? » me demandait Astrid. « Je ne sais pas, plein de choses... » je lui répondais, vaguement. Je ne pouvais pas tout lui partager ce que je pensais. Il y avait toujours trop de choses et je ne savais pas toujours comment les exprimer ou les formuler, surtout en présence d’Astrid. Tout est si différent avec elle. Elle a toujours été une bonne amie, mais il y a certaines choses qui doivent rester dans notre plus profond intérieur, parfois.

Puis, Krokmou est entré dans ma vie. Ce dragon, si beau et si mystérieux. Je n’avais pas envie de lui faire subir le même sort. J’ai été le premier viking à ne pas tuer un dragon dans ma tribu. La honte du village, celui qui est sorti des sentiers battus. Krokmou, c’est cette créature qui est devenu mon meilleur ami, celui dans lequel j’ai plongé mon regard et où j’ai vu mon propre reflet. Il a tout changé, j’ai vu les dragons autrement. J’étais fasciné par eux, je ne voulais pas les tuer ou leur faire du mal. Il a ces yeux verts et ce petit regard enfantin qui m’ont tout de suite plu. S’en suit alors d’une amitié secrète que je ne pouvais partager avec personne. J’étais forcé de voir mon dragon en secret pour ne pas qu’il lui arrive quoi que ce soit.

Quand mon père l’a appris, il était furieux. J’avais non seulement refusé de tuer un dragon, mais j’étais aussi en train d’en dresser un. Krokmou m’a été enlevé pour être emmené là où l’alpha avait l’emprise sur tous les autres dragons. « Harold, qu’est-ce que tu fais ? » J’avais sans doute aussi perdu des points du côté d’Astrid. « Ça ne se voit pas assez ? J’abandonne... Le premier viking à ne pas vouloir tuer un dragon. » Je lui avais tourné le dos, prêt à repartir chez moi. « Mais le premier à en avoir dressé un. T’as pas le droit d’abandonner, d’accord ? On va aller le récupérer. » Astrid a toujours vu des choses que je n’ai jamais vu en  moi. Alors, on est monté sur son dragon et on est allé voler au secours de Krokmou. Mon père a finalement compris que les dragons n’étaient pas nos ennemis, mais nos amis. Au moment où je voulais aller récupérer Krokmou et qu’il nous a tous sauvés.

Le reste ? J’en ai personnellement aucun souvenir, malheureusement parce que j’ai été durement secoué. Tout ce que je sais, c’est que j’ai perdu une partie de ma jambe gauche. Mais après, l’histoire, vous la connaissez. Les dragons sont devenus non pas nos ennemis, mais nos alliés.

Après cette aventure, je suis parti avec Astrid explorer d’autres terres, un peu avant la malédiction. On a vécu ensembles et vus toutes sortes de choses. La liberté, c’est tout ce que j’ai toujours recherché. Beurk, c’était un petit village qui me gardait dans mon cocon. C’est bien de revenir à la maison, quand on en a l’occasion. Nous avons exploré toutes les contrées et bien par-delà les rives, histoire de trouver d’autres dragons pour en apprendre plus sur eux. Apprendre, c’était ma spécialité, comme inventer ou bricoler des trucs. Avec Astrid, Tempête et Krokmou, on a exploré toutes les contrées et allé là où je n’aurais jamais pensé qu’on irait. J’ignorais même l’existence de certaines civilisations. À dos de dragon, j’ai pu observer un tas de choses et appris d’autres informations, pas seulement sur ces créatures, mais sur d’autres modes de vie. On avait souvent pour habitude de s’arrêter dans des petites auberges, mais Krokmou et moi, on aimait se réfugier à l’extérieur pour regarder le monde la nuit. Ça m’a toujours fait davantage réfléchir. « Je savais que je te trouverais là. » m’a dit une voix. C’était évidemment Astrid, tout en me rejoignant. « Tu as trouvé ce que tu cherchais ? » Je l’ai regardé, ne comprenant pas ce qu’elle voulait me dire. On était loin de tout, loin de Beurk et on explorait tous les deux le monde. C’était tout ce qu’on voulait. Et pourtant... Je ne pouvais pas lui dire ce que je cherchais. « Astrid, je ne sais pas ce que je cherche. J’ai envie d’aventure et encore plus. Mais... je ne cherche pas une chose en particulier. » Je lui ai menti. Quand on aime une de ses plus proches amies, comment on fait pour tout lui avouer ? Je n’étais pas prêt à lui dire. Chaque fois, j’estimais que ce n’était pas le bon moment ou la bonne occasion. Elle s’est simplement rapprochée de moi, par la suite, comme on le faisait souvent, au clair de lune.

Mais les temps ont vite été révolus et il a fallu que je retourne à Beurk avec Astrid, lorsqu’on a entendu parlé de la fameuse malédiction de Regina, à travers les différentes contrées. Cependant, je ne sais pas ce qui est arrivé. On était encore à dos de Krokmou et tempête lorsque le temps ne s’est pas complètement arrêté pour nous quatre. Aujourd’hui, j’ai compris que c’était grâce à la mère de la Méchante Reine, si on n’avait pas subi le même sort. Avec Astrid, on a été en mesure de ne pas avoir à subir la même journée pendant vingt-huit ans, mais on est resté enfermé dans le même corps pendant toutes ces années, cherchant un moyen de se sortir de cette situation.

Lorsque la première malédiction a été enfin levée, nous sommes retournés à Beurk. J’ai tout de suite remarqué que ça n’allait pas. Il fallait maintenant que nous nous relevions. Mais ce ne fut pas un grand problème. Les vikings sont reconnus pour leur endurance et leur persévérance, c’est ce que nous avons fait. Avec l’aide des dragons et la solidarité du village, notre ville natale a été remise sur pied en un rien de temps. C’est beau en surface, mais à l’intérieur, les choses ont commencé à changer. Et ce fut pire lorsque la deuxième s’abattit sur nous. Les gens craignirent la magie et ses effets dévastateurs. C’était un peu comme affronter à nouveau des dragons, mais ce fut pire, croyez-moi. Mais je ne me suis pas laissé abattre, il n’était pas question que je quitte Beurk sans rien faire. Avec Astrid, on a beaucoup aidé dans la résolution de ce deuxième conflit. Il n’était pas question de se laisser faire et on a tout faire pour. « Tu crois que tout ça va se finir un jour ? » m'a-t-elle demandé, au moment de faire un choix. Elle m'a regardé, toujours de la même façon qu'elle le fait habituellement. Je ne savais pas quoi lui répondre. « On a vécu pire. On survivra à ça. » Et j'ai arrêté de me poser des questions, fonçant tête baissée dans ce combat pour récupérer ces terres qui m'ont vues grandir.

Aujourd’hui, j’ai décidé de rester à Beurk, malgré tout. Nous sommes un petit nombre qui reste encore là. Je reste confiant. Je n’ai pas envie de partir et aucune magie ne sera jamais assez puissante pour que je puisse continuer à me battre pour ce qui me tient vraiment à cœur et ce, peu importe le prix à payer. Astrid et moi essayons de reconstruire pour mieux bâtir, mais je sais qu'on y arrivera. Tout est toujours possible quand on s'en donne les moyens. Mais la bataille est loin d'être gagnée et j'ai l'impression que ce n'était qu'un aperçu, un commencement de ce qui s'en vient...