Je commençais à me faire une jolie réputation à Storybrooke et ça ne m’étonnerait pas qu’on m’appelle glouton. Les gens me voyaient systématiquement sur une chaise du Hare’s & Tea de Rozen ou sur un tabouret du comptoir de chez Granny’s, impossible de me trouver ailleurs, j’y passais tout mon temps libre. Je n’hésitai pas à engloutir tout ce qu’on me proposait et Granny répétait sans cesse que mon appétit faisait plaisir à voir. J’engloutissais tout ce qui me passait sous la main, pourtant ça ne m’empêchait pas de ressentir un certain manque parfois pour les spécialités culinaires de mon pays que je répugnai à manger autrefois. Même le Haggis me manquait, c’est dire ! Cependant, ce qui me manquait le plus, c’était les légendes qui hantaient chaque lieu de notre territoire. Elles poussent les enfants à croire que tout est possible et au vu de ce qui est arrivé à notre famille, je commençais à me dire qu’effectivement tout était possible dans notre monde. Alors pourquoi tout était si compliqué dans celui-ci ? Alors que nous croyions dur comme fer, enfant comme adulte, aux feux follets qui nous guident vers notre destin, ici aucun miracle ne semblait vouloir pointer le bout de son nez. Tout le monde était très terre-à-terre et ils répétaient sans cesse qu’il n’y avait que notre travail qui nous donnait ce que nous voulions. Pourtant, moi, j’avais besoin de croire que le hasard et la magie avaient aussi quelque chose à voir là-dedans.

Encore une fois attablé au Granny’s, je dévorais mon repas de midi : lasagne maison et thé glacé. J’en étais déjà à ma troisième part, mais mon estomac ne semblait pas avoir de fin et Granny pas très motivée à m’arrêter de manger comme si je n’avais eu aucune nourriture consistante depuis trois semaines. Je me forçai néanmoins à calmer un peu le rythme. J’entendais certaines personnes parler dans mon dos. Certaines, la plupart des femmes, disaient que j’allais finir par prendre du poids d’un coup et d’autres que j’étais tout bonnement un profiteur et que Granny allait finir par faire faillite à cause de moi. Je culpabilisai un peu mais chaque fois que Granny voyait ce regard, elle me servait encore à manger en me certifiant que seule la nourriture avait le pouvoir d’adoucir les mœurs. Résultat : je déculpabilisai temporairement en engloutissant une nouvelle part de gâteau. Granny était vraiment trop forte pour réconforter les gens et c’était également la meilleure cuisinière qu’il m’avait été donnée de croiser, bien meilleure que celles que nous avions au château. A nouveau, ce mal du pays refaisait surface et Granny, cette maman par procuration, me prodigua un nouveau conseil : aller à la bibliothèque. La bibliothécaire, Belle, avait de tout, il y aurait forcément quelque chose sur mon pays.

Je fonçais là-bas presque en courant, un donut au sucre en bouche. J’entrais dans ce lieu si silencieux et dont je n’avais pas l’habitude. Généralement, le château pouvait être calme mais mes frères et moi nous efforcions de toujours y mettre une certaine « bonne humeur et joie de vivre ». Enfin, elle n’était pas toujours comprise de tous. Je me dirigeais directement vers le bureau de Belle en lui disant, de manière fort peu discrète et silencieuse :

- Bonjour, je me demandai si vous auriez des livres sur les légendes de mon pays ? (Puis j’ajoutai en me rendant compte qu’elle ne savait sans doute pas d’où je venais : ) Euh… L’Ecosse ?

Je ne savais pas si ce nom lui dirait quelque chose ou même si elle aurait un quelconque livre sur les feux follets. D’habitude je n’aimais pas lire tant que ça, ça avait toujours été associé au travail et nos instructeurs n’avaient pas rendus ça plus amusant. La lecture n’était pas un plaisir pour moi, mais retrouver mon pays, même l’espace d’un instant me ferait le plus grand bien et apaiserait mon cœur, lourd de nostalgie.

II y a des jours avec des hauts et parfois avec des bas, ce jour-là avait plutôt mal commencé en ce qui me concernait… J’avais commencé ma journée par me disputer avec Rumple. Ce dernier avait toujours eu tendance à mentir et à manipuler toutes les personnes qui le fréquentait, d’une certaine manière, ça faisait partie de lui. J’ai vécu avec lui bien assez longtemps pour savoir que ça allait être très difficile de le faire changer à ce niveau-là. Pourtant, avec beaucoup de patience et de discussion, je réussi à lui faire comprendre que cette façon d’agir n’était pas la meilleure. Je savais qu’il faisait des efforts et de temps en temps, il y avait un dérapage ou deux. Mais la chose que je ne supportais vraiment pas, c’était le mensonge. J’en avais vraiment horreur, et à chaque fois qu’il me mentait, j’avais cette horrible sensation de me prendre un coup de couteau en plein cœur.

Je savais que je ne pourrai pas faire devenir Rumple bon du jour au lendemain, mais j’étais intimement convaincue que je réussirai à le faire. Je lui demandais s’il pouvait laisser la magie noire de côté, car en ce qui me concernait, ça me faisait peur, déjà que je n’étais pas rassurée par la magie en général, alors la magie noire… Une nuit, je me levais pour aller boire un verre d’eau et je ne pus m’empêcher d’aller voir ce que Rumple faisait. Et oui, le Ténébreux ne dort jamais, ce qui ne devait pas être drôle à vivre tous les jours. Je ne pu résister à l’envie de regarder par la porte et je le vis très concentré en train de faire des potions avec un livre de magie noir ouvert en grand. Je retournais donc me coucher et peina à trouver le sommeil… Le lendemain matin, je descendis prendre mon petit déjeuner que ce dernier avait déjà préparé pour moi comme à son habitude. Comme tous les matins, je lui demandais ce qu’il avait fait de sa nuit et il me mentit en me disant qu’il avait lu et rédigé de la paperasse. Enervée et blessée, je lui dis que je savais très bien qu’il me mentait.

Exactement comme je m’y attendais, il me dit que ce n’était pas ce que je croyais et essaya, comme à son habitude, de e trouver tout un tas d’excuse. Je terminais donc rapidement min petit déjeuner et partit afin de mettre un terme à cette conversation un peu houleuse. J’allais ouvrir mon établissement, il n’y avait que le contact des livres qui pouvaient me calmer dans ce genre de situation. Je me débarrassais de mon manteau et de mon sac et me mit au travail. Je fis mon inventaire et je triais les livres qui étaient trop abimé ou ceux que les personnes ne lisaient pratiquement jamais. Pour mon repas du midi, je m’étais apporté à manger, je n’avais pas trop envie de sortir et encore moins envie de croiser Rumple. Je me trouvais derrière mon comptoir lorsqu’un jeune homme m’adressa la parole. Je levais la tête vers lui et je lui fit mon plus beau sourire. Il me demandait si j’avais un livre sur son pays mais sans me dire du quel il s’agissait. J’allai lui poser la question lorsqu’il me devança.

« Bonjour et bienvenue, oui bien sûr, j’espère avoir ce qu’il vous conviendra, suivez moi. »

Je passais devant lui et l’emmena a milieu des grandes étagères. Je pouvais m’y rendre les yeux fermés. Une fois arrivés devant le rayon en question, je lui montrais les différents ouvrages que j’avais sur l ‘Ecosse.

« Et voilà, c’est tout ce que j’ai. Vous voulez jeter un œil ou vous voulez une chose précise ? »