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Nouvelles têtes
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Le calendrier de l'avent
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Ce n'était pas la première fois que je passais devant la boutique. Je venais assez rarement en ville. Tout était trop différent, ici. Les maisons, les rues, tout me rappelait que je n'étais plus dans le même monde. Au moins, quand je restais dans la forêt, je pouvais avoir l'illusion que tout n'avait pas changé... Par moments, je m'attendais presque à croiser Mael, à le voir apparaître au détour d'un arbre ou d'un buisson. En ville, ce n'était pas possible. De toute façon, j'étais trop exposée en ville. Je ne maîtrisais toujours pas les codes de conduite et je redoutais de commettre un impair. Ou, pire encore, de me faire démasquer... En restant à l'écart, c'était plus simple. D'une certaine manière. Je n'avais pas toujours été ainsi. Fut un temps, pas si lointain, où j'étais une créature sociable. Un peu comme une louve, j'étais dans ma meute, constituée par notre groupe de mercenaires. Je connaissais chacun d'entre eux et je les appréciais, à leur manière. Ils étaient bourrus, avaient de gros défauts, parlaient fort et riaient de tout. Ils étaient capables du pire comme du meilleur. Pourtant, je me sentais à ma place parmi eux, certainement parce que j'étais l'une d'entre eux. J'appartenais à ce tout, au même titre que chacun. C'était ce qui ressemblait le plus à une famille, pour moi. Je me souvenais vaguement des premières années de ma vie, quand mes parents étaient encore en vie et que je n'étais qu'une fillette innocente. C'était il y a bien longtemps... La vie s'était chargée de me transformer depuis. Je soupirais tout en continuant d'observer la boutique. Je savais qu'elle était remplie d'objets magiques. Le médaillon n'y était pas, mais il y avait sûrement un moyen pour moi de comprendre comment l'activer. Le gérant de la boutique était redouté par la plupart des habitants ici. Même si je n'avais pour ainsi dire parlé avec personne, on m'avait mis en garde contre les accords passés avec lui. Je n'aimais pas particulièrement dépendre de quelqu'un d'autre, mais je commençais à perdre espoir. Si jamais cet homme pouvait m'aider à atteindre mon but, je pouvais bien y laisser une partie de moi. Ca n'en serait qu'une de plus...
Cela faisait quarante-huit heures que Robin avait déclaré à Regina qu’il devait retourner avec Marianne, qu’il avait un code d’honneur, qu’elle était sa femme et qu’étant donné qu’elle était en vie, il se devait de la retrouver. Deux jours que Robin et Roland avait donc quitté la maison qu’ils partageaient avec Regina, Henry et CJ, deux nuits que Regina n’avait pas dormi, accablée par le chagrin. Elle essayait le plus souvent de rester à l’écart, voulant éviter les questions des enfants, ou de lire de la pitié dans leur regard. Elle leur avait simplement expliqué ce qui s’était passé pour qu’ils comprennent pourquoi les deux Locksley n’habitaient plus avec eux, et puis elle avait été s’isoler. Ça avait été une journée très difficile à encaisser, et les deux suivantes aussi. Madame le maire avait d’ailleurs du mal à se projeter désormais dans l’avenir. Comment pourrait-elle supporter de le voir dans cette ville avec une autre femme ? Elle se sentait mal, affreusement mal. Elle n’avait même pas eu la force de prendre le téléphone pour se confier à Neïlina, son amie la plus proche, ou à Freya et Noa, ses deux autres amies et confidentes. Tout ce qu’elle faisait était désormais machinal et sans intérêt. Elle allait travailler parce qu’il le fallait bien et que ça l’aidait à penser à autre chose, ou du moins ça donnait l’illusion. Elle s’occupait des enfants, mais ça lui semblait tellement dur de voir Henry et CJ sans Roland avec eux. Elle avait même hésité à demander à Emma ou aux Charmants de lui garder les deux adolescents quelques jours, le temps qu’elle se sente mieux. Mais le pouvait-elle seulement ? En cette froide journée de janvier, madame le maire allait à pied dans Main Street, dans le but d’aller acheter un manteau à CJ. L’adolescente, qui était venue habiter sous son toit puisque Regina était devenue sa tutrice légale, ne possédait que peu de vêtements, et par les températures qui étaient en chutes libres, l’ancienne reine avait peur que le vieux manteau que portait la jeune fille ne soit insuffisant. Elle fit donc un effort en sortant de la mairie pour aller acheter un beau manteau bien chaud et qui plairait à une adolescente, assurément d’après les dires de la vendeuse. L’air absent, Regina reprit Main Street dans le but de regagner sa mairie. Elle y avait laissé sa voiture. C’est en arrivant aux abords de la boutique de Gold qu’elle remarqua une jeune femme inconnue qui semblait bien curieuse, les yeux rivés sur la vitrine. Cette personne avait tout l’air de l’une des réfugiées, non pas de la vague arrivée par le Chapelier, mais au contraire de ceux qui les avaient accompagnés suite à leur mission dans le désert de glace. Elle avait l’air un peu perdu, et même si Regina avait d’autres chats à fouetter, elle ne pouvait laisser cette femme impunément en proie à Rumplesiltskin.
-Je vous déconseille vivement tout marcher avec le propriétaire de cette boutique.
Elle s’arrêta à hauteur de l’inconnue, se demandant ce qui pouvait bien l’intéresser parmi tous ces vieux objets.
Le plus simple était sans doute de me faire passer pour une cliente. Le soucis avec la perspective d'un cambriolage était, avant toute chose, qu'il s'agissait d'un magicien et qu'il aurait forcément assuré la protection de sa boutique avec des sorts dont j'ignorais tout. En outre, si je me faisais atrapper, je pouvais oublier tout espoir de discrétion. Or, elle était la clef de ma réussite. Enfin, étant donné que je ne cherchais rien en particulier, le jeu n'en valait pas la chandelle. Néanmoins, le fait de me dévoiler en me faisant passer pour une cliente n'était pas non plus optimal. Avant tout parce que j'entrerais dans le radar du magicien, ce qui ne m'enchantait guère (sans mauvais jeu de mots...). Mais, aussi, parce que je n'avais rien à acheter ni rien avec quoi monnayer. J'en étais là dans mes réflexions lorsque j'avisais la silhouette de Regina Mills. Pas difficile de la repérer, elle faisait partie des premières personnes que j'avais identifié en arrivant. Femme de pouvoir, dans les deux sens du terme, elle était aussi la compagne de ma cible, ce cher Robin. Ca m'avait passablement surpris, d'ailleurs, que le "Prince des voleurs" s'entiche de la "méchante sorcière", mais après tout cela ne me regardait pas. La seule considération que j'en avais, c'est qu'il fallait la jouer fine avec elle aussi et, surtout, me méfier de ses pouvoirs. C'est pour ça que je n'aime pas la magie, c'est aussi imprévisible qu'inégal. Sans la magie, j'aurais été sûre de la maîtriser sans le moindre soucis. Si elle était athlétique, elle ne souffrait pas la comparaison avec moi. De toute façon, sa magie l'avait précisément rendue plus faible sur le plan physique, qu'elle n'avait jamais dû prendre la peine de travailler. Je l'avais évaluée au premier coup d'oeil. Cette fois-ci, je fis mine de ne pas la remarquer. Je ne voulais pas passer pour la traqueuse que je suis et encore moins sembler sur la défensive. De toute façon, il était évident qu'elle venait vers moi. J'aurais pu m'éloigner avant qu'elle arrive, mais ça aurait pu sembler suspect. En toute logique donc, je choisis de rester sagement en place. Et puis, j'étais curieuse de savoir ce qu'elle voulait. J'étais à peu près sûre qu'elle n'avait pas pu remarquer ma surveillance, puisque j'avais été très prudente en la menant, mais sait-on jamais. On ne pense pas toujours à tout, surtout quand on est seule et un brin déboussolée. J'attendis donc qu'elle me parle pour faire mine de la remarquer. Je sais que je suis plutôt bonne comédienne, quand je le souhaites. Je n'hésitais qu'un instant avant de répondre, optant pour une tactique qui avait fait ses preuves : la femme en pseudo détresse. J'entends par là qu'il n'est pas crédible pour moi de me faire passer pour une pauvre donzelle. Mais, en me plaçant dans une position délicate, j'attire tout de même les sympathies et les gens sont automatiquement moins méfiants envers ceux qu'ils pensent aider. Apparences, apparences... Quand tu nous trompes.
_ Etant donné que vous n'êtes pas la première à me le dire, je crois que je vais suivre votre conseil, madame le maire...
Je pivotais entièrement pour lui faire face et fis mine d'hésiter.
_ C'est votre rang, je crois ? Désolée, je ne suis pas encore habituée à tous les us et coutumes ici...
Restait à voir si Regina allait marcher ou courir...
Les gens ne se rendaient pas toujours compte à quel point Rumplestiltskin pouvait être dangereux, surtout s’ils n’avaient jamais eu affaire à lui. Regina savait mieux que personne, il avait été son maître de magie, il l’avait manipulée pour qu’elle lance le Sort Noir, se servant de sa haine grandissante, son désir de vengea nce. Il avait joué son coup sur des années de manipulation, noircissant le cœur de la jeune reine qu’elle était devenue. A présent, la belle brune luttait âprement contre les ténèbres de son cœur, elle le faisait pour aspirer enfin au bonheur. Elle y avait gouté en rencontrant Robin, son âme-sœur, son véritable amour comme l’avait dit la fée bien des années auparavant, mais ce bonheur n’eut une durée que trop fugace, et à présent, l’archer s’était détourné d’elle pour retrouver sa femme, Marianne, qu’il croyait morte. Regina souffrait terriblement, et elle avait très peur de se laisser gagner à nouveau par le mal, mais tenait bon pour Henry et pour CJ. Il le fallait.
L’hiver était rigoureux et CJ serait pourvue dès ce soir d’un nouveau manteau, offert par sa tutrice qui espérait qu’elle l’aimerait. En voyant Aeline, Regina espérait que les vêtements qui lui avaient été donnés, tout comme pour les autres réfugiés, suffisaient. On leur avait aussi donné un petit pécule pour les aider à démarrer dans leur nouvelle ville. Madame le maire venait de mettre en garde son interlocutrice contre le propriétaire de la boutique d’antiquités, car peut-être qu’elle ignorait à qui elle risquait de se frotter. Apparemment, elle n’avait pas été la seule à la mettre en garde.
-Bien.
Regina se força à sourire à la jeune femme pour se montrer polie, mais elle avait tout sauf envie de sourire.
-Oui, c’est bien ça. Mais Regina suffit. Et vous, comment vous appelle-t-on ?
Cela faisait presque un mois que les derniers nouveaux arrivants avaient débarqué à Storybrooke, suivant le groupe d’aventuriers qui avaient détruit le miroir d’Ingrid. La reine des glaces avait disparu mais au moins, son miroir n’était plus. C’était en soi une grande victoire.
-Avez-vous pu retrouver les vôtres ? Je sais que beaucoup de ceux qui nous ont suivis cherchaient leurs familles et leurs proches. Si vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas.
Peut-être que venir en aide à quelqu’un d’autre l’aiderait à atténuer sa peine. C’était ce qu’elle avait de mieux à faire plutôt que de se morfondre. Il lui faudrait en parler à Neïlina. Comme à l’époque de leur adolescence, elle saurait être là pour elle, mais probablement qu’elle ne manquerait pas de lui dire qu’elle l’avait prévenue. Un « je te l’avais bien dit » comme elle seule en avait le secret. Après tout, Neïli avait toujours été pessimiste quant aux chances pour un méchant (ou ex méchant) de trouver le bonheur un jour. Elle ne manquerait pas de lui rebalancer dans les dents qu’elle avait raison, que sa rédemption ne servait à rien. Pourtant, Regina s’accrochait, elle refusait de renier la promesse faite à son fils. Malgré sa souffrance, elle savait qu’il ne fallait pas sombrer comme elle l’avait fait auparavant, il lui fallait trouver la force d’avancer.
-Vous pensiez qu’un objet vous appartenant se trouve dans cette boutique ? Le ténébreux a emporté beaucoup de choses…
Le moins que l'on puisse dire, en la voyant de plus près, c'est qu'il y avait quelque chose chez Regina qui inspirait directement le respect. Cela ne se retrouvait pas chez tous les individus, loin de là. Etait-ci une façon de savoir se mettre à son avantage ? Une aptitude naturelle ou, au contraire, le fruit d'une éducation longue et rigoureuse ? En tous les cas, j'en étais moi-même totalement dépourvue. Je n'avais pas appris les bonnes manières, encore moins les manières d'une femme digne de ce nom, il était flagrant qu'il en allait tout autrement chez Regina Mills. Mais qu'attendre d'autre de celle qui avait été reine ? Mais ça allait au delà de l'acquis. C'était une prestance, une aura, qui ne se tarissait qu'à peine en dépit de la fatigue qui se lisait sur ses traits. Fatigue que je ne manquais pas de remarquer. Avez-t-elle des ennuis ? Cela la distraierait-elle ? C'était en tous cas une donnée que j'enregistrais silencieusement. Mes yeux dans les siens, j'attendais de voir comment elle allait réagir par rapport à son titre. J'avais connu suffisamment de "grands" de ce monde pour savoir qu'ils pêtent généralement plus haut que leurs culs et aiment à croire que les titres qu'on leur sert marquent un respect. Contre toute attente, Regina Mills m'indiqua que je pouvais utiliser directement son prénom, ce qui me fit arquer un sourcil surpris, avant de me reprendre. Elle me demanda mon nom, il n'y avait aucune raison de mentir ou d'esquiver.
_ Aeline Axley, lançais-je prudemment.
Je suis plutôt loquace d'ordinaire, mais je préférai lui laisser la main pour mieux la laisser se dévoiler. Elle me prit au dépourvu en abordant l'unique sujet qui m'était sensible. Malgré mon self-contrôle, je dus me racler la gorge, histoire de la clarifier un peu avant de reprendre la parole. Mes yeux s'étaient baissés, aussi, un instant. L'avait-elle fait délibérément ? En savait-elle plus que je le soupçonnais ? Je me posais subitement la question.
_ Merci, mais je... N'avais personne à retrouver ici, indiquais-je sommairement. Hormis quelques anciens compagnons d'armes, quand nous étions dans les rangs de la sorcière blanche...
Elle le savait probablement déjà. De toute façon, je ne pouvais pas m'en cacher. Je me contentais de laisser entrevoir un élan de honte, qui n'était qu'en partie feint. Elle orienta différemment la conversation, ce qui m'arrangeait. Au moins en partie. Il me fallut improviser, vite.
_ Non, répondis-je sans savoir pourquoi je jouais la carte de l'honnêteté (partielle). Mais je me demandais s'il ne pourrait pas m'aider...
J'avais commencé, je ne pouvais pas vraiment m'arrêter là. Du coup, je me lançais.
_ La sorcière m'avait promis de m'expliquer comment utiliser un objet magique, mais elle n'a pas tenu parole.
Dit comme ça, ça sonnait idiot, tellement que j'eus un rire froid et ironique.
_ Je ne sais pas pourquoi cela m'a surprise...
Amère, je l'étais. Et pas besoin de feindre cette fois-ci.
Après que Regina ait permis à Aeline de l’appeler par son prénom –de toute façon elle était bien trop fatiguée pour être narquoise-, la jeune femme se présenta.
-Joli prénom. D’où venez-vous ?
Cherchant à aider la demoiselle dans son éventuelle recherche, madame le maire demanda si Aeline avait retrouvé les personnes qu’elle cherchait et fut bien surprise d’entendre qu’elle n’avait personne à retrouver dans ce monde. Haussant les sourcils d’étonnement, elle la regarda, comme si la réponse se trouvait dans ses yeux.
-Ah non ? C’est surprenant. Pourquoi être venue ici alors, plutôt que d’avoir regagné votre royaume ?
Regina s’aperçut qu’elle se montrait peut-être un peu trop curieuse, et sa fatigue lui enlevait certains filtres.
-Pardonnez-moi, cela ne me regarde pas, se reprit-elle.
Mais la raison de sa présence insistante devant la boutique de Gold intriguait l’ancienne reine, d’autant qu’il fallait écarter tout soupçon de complot étrange. Le Ténébreux n’était pas de ceux à qui l’on s’adressait à la légère.
-Sachez que toute aide que vous demanderiez à Rumpelstiltskin vous coutera un certain prix. C’est ainsi avec lui, et rares sont ceux qui y ont trouvé leur compte, vous pouvez me croire. J’en fais partie.
Aeline parla alors d’une sorcière et d’un objet magique dont elle aurait dû lui enseigner les rudiments.
-Une sorcière ? Laquelle ? Quel est le but de l’utilisation de votre objet magique ? Je peux peut-être vous aider, vous ne trouverez pas meilleure sorcière que moi.
Le rire que la jeune femme laissait transparaitre une certaine amertume. Comment ne pas l’être après s’être fait duper ? Regina ne comprenait que trop bien ce sentiment. Aider Aeline lui permettrait peut-être d’aller mieux, comme lorsqu’elle avait aidée Noa ?
-Vous cherchez à retrouver quelqu’un ? En général, c’est à ça que servent les objets magiques. Mais la magie est dangereuse, je préfère vous mettre en garde. Il faut que vous soyez consciente des risques que vous pouvez encourir. Déjà, le risque que cela ne fonctionne pas, et puis vous pourriez perdre beaucoup. Je ne veux pas vous effrayer, mais seulement vous mettre en garde.
Contrairement au ténébreux qui avait tendance à faire miroiter ce que l’on pouvait obtenir, sans jamais trop insister sur tout ce qu’il y avait à perdre. Regina était bien curieuse de savoir ce que cherchait en réalité Aeline avec son fameux objet magique. Allait-elle se livrer un peu plus ? Si la ou les personnes qui lui étaient proches n’étaient pas à Storybrooke, que faisait-elle ici ?
Regina me demanda d'où je venais après avoir souligné que mon prénom était joli. Parce qu'elle avait entièrement raison, et parce qu'il n'y avait, à nouveau, aucune raison de mentir, je répondis.
_ Je suis née dans le comté de Nottingham.
Il me sembla que ça la faisait tiquer, mais je n'en mettrais pas ma main à couper. Pourquoi, de toute façon, cela la surprendrait-elle ? Nous étions nombre de réfugiés à être arrivés de la Forêt Enchantée. La suite de la conversation m'ôta cette idée de la tête comme elle soulignait le manque de logique à venir dans ce monde si je n'avais personne qui m'y attendait. C'était vrai. Cru et violent de vérité, mais ça n'avait pas été poussé par autre chose que la logique et la spontanéité. Elle se reprit d'ailleurs, seule et très vite. Mais il en fallait plus pour me vexer, ou me blesser. En général, j'apprécie l'honnêteté, mais dans ce cas précis elle n'avait pas trop sa place. Parce que je n'avais pas encore prévu de parler de Maël, je n'ajoutais rien. Elle m'avait offert cette possibilité en se retractant, ce dont je lui étais reconnaissante. Elle poursuivit en me mettant en garde cotnre le coût réel des arrangements avec celui qu'on surnommait "le Ténébreux". A ce stade, déjà, je n'avais plus très envie d'aller le voir, si tant est que je l'ai jamais vraiment souhaité. Elle argua qu'elle parlait en connaissance de cause, ce qui piqua ma curiosité. J'aurai pu poser la question, mais elle avait respecté mon silence alors je choisis de respecter le sien. La conversation vira encore et arriva au point crucial mais bancal de mes recherches en matière de magie. Elle me posa quelques questions et affirma pouvoir m'aider, étant elle-même une sorcière plutôt reconnue. J'avais cru être claire, en parlant de la sorcière, mais ça ne l'était que dans mon esrpti enbrumé. Je précisais donc, au risque de la braquer contre moi. Mais qui ne tente rien...
_ La reine des glaces, murmurais-je en guettant ses réactions. Pour que j'accepte de la servir, elle m'a montré un objet capable de me faire retrouver mon frère. Naturellement, elle s'est bien gardée de me dire comment il fonctionnait. Je sais où se trouve l'objet, mais je dois encore comprendre comment l'activer.
Elle enchaîna en me mettant en garde contre la magie cette fois, arguant qu'elle pouvait ne pas donner les résultats escomptés et qu'elle pouvait aussi ne pas fonctionner. C'était une possibilité que j'avais refusé d'envisager. Je le refusais toujours. Si on m'enlevait ma quête, je n'étais plus rien.
_ Je n'y entends rien en magie et, en général, je m'en tiens le plus éloignée possible. Mais je n'ai pas le choix, je dois retrouver mon frère, quel qu'en soit le prix...
Déterminée, je l'étais. A obtenir des réponses autant que des résultats. Puisque Regina Mills semblait disposée à m'offrir un peu de son temps et de ses connaissances, je ne pouvais pas laisser passer l'occasion. Il me fallait simplement ne pas en dire trop. Ni évoquer Robin. Ni son médaillon.
Le comté de Nottingham. Rien qu’à entendre ce nom, un frisson lui parcourut l’échine. Regina, qui avait déjà bien du mal à ne pas penser à Robin, ne put retenir une vague d’émotions. Elle essaya de dissimuler son trouble, fermant les yeux deux ou trois secondes et détournant quelque peu la tête. Elle se reprit, affichant un sourire quelque peu crispé.
-Je connais d’autres personnes qui viennent de là-bas… Ils habitent des chalets en lisière de forêt. Peut-être les connaissez-vous ? Ils se font appeler « les joyeux compagnons ».
L’ancienne méchante reine avait eu affaire au shérif de Nottingham aussi, alors que sa mère essayait de le faire passer pour son âme-sœur en l’affublant d’un faux tatouage de lion sur l’avant-bras. Elle s’en était vite défait et l’avait renvoyé chez lui. Aeline expliqua donc la raison de sa présence ici. Le trouble de la maire de Storybrooke l’empêcha de comprendre tout de suite de quelle sorcière elle parlait. Il fallait dire qu’elles étaient plutôt nombreuses dans le monde des contes, même si peu pouvaient se targuer de rivaliser avec la méchante reine.
-Oui, bien entendu… souffla-t-elle alors.
La blondinette développa alors ce que lui avait fait miroiter la reine des glaces. C’était ainsi que le miroir avait envouté les compagnons de route de Regina lors de leur mission dans le désert de glace. Comme elle avait eu peur en voyant le regard de Robin changer, ainsi que son comportement, peur de devoir le blesser pour protéger Roland et les autres. Mais fort heureusement, ils avaient pu briser le miroir et chacun avait été désenvouté. Aeline cherchait donc l’objet que la reine des glaces lui avait montré, mais elle ne savait pas comment l’activer.
-En effet, que voilà une tâche ardue. Où donc est cet objet, si vous ne l’avez pas en votre possession ? Si vous me le montrez, je pourrai peut-être savoir comment il fonctionne.
La pauvre jeune femme recherchait son frère. Comme cela devait être difficile d’avoir perdu de vue un être aimé. Regina le savait mieux que quiconque. Elle n’avait pas de frère ni de sœur (du moins elle ne savait pas encore qu’elle en avait une), mais elle avait perdu par deux fois un homme qu’elle aimait sincèrement. L’un était mort à cause de sa mère, l’autre l’avait quittée, également à cause de sa mère, mais cette fois, elle n’avait pas connaissance de ce détail. Aider Aeline lui semblait, pour l’heure, être un bon moyen de lutter contre les ténèbres qui menaçaient à chaque instant de reprendre le dessus sur elle. Qu’il était difficile de lutter alors que son inspiration avait disparu. Certes, il y avait toujours Henry et CJ, et loin de penser qu’ils ne valaient pas la peine de se battre pour eux, Regina était néanmoins beaucoup trop triste pour réussir à gérer la situation seule.
-Je comprends parfaitement votre détermination, et si vous le permettez, je souhaite vous aider, si cela est dans mes cordes. A moins que vous n’ayiez, en venant, une idée de la personne à qui demander ? Vous me dites ne rien y entendre en magie, ce que je conçois, nous sommes peu à la maîtriser parfaitement, ce qui me fait penser que vous aviez votre petite idée quant à la suite des événements.
Plus que de la curiosité, c’était du bon sens. Madame le maire devait connaître un peu mieux cette nouvelle arrivante pour s’assurer qu’elle n’était pas un danger pour les autres.
Je ne m'étais pas trompée : Regina connaissait des personnes du côté de Nottingham. Naturellement, je le savais déjà concernant Robin, mais pas pour les autres. Ce fut à mon tour d'être un peu prise au dépourvu quand elle évoqua les "joyeux compagnons". Presque malgré moi, un sourire naquit sur mes lèvres au souvenir de Petit-Jean. Petit-Jean... Il n'avait de petit que le nom. Je l'avais connu du temps où, lui aussi, servait sous les ordres de la reine des glaces. Il m'avait témoigné d'emblée un respect et une estime qui étaient peu communs chez les hommes. Il avait su voir que nous étions de la même race, celle des fiers guerriers. Je l'avais aperçu, une fois, autour des fameux chalets dont elle parlait, mais je n'avais pas osé l'approcher. Pas voulu plutôt. La dernière chose qu'il me fallait présentement c'était m'attacher à quelqu'un, puisque j'allais forcément repartir. Or, quand je l'avais affronté en combat, Petit-Jean avait fait naître quelque chose chez moi. Je n'avais ni le temps et surtout pas l'envie de découvrir ce que c'était. Mais je gardais néanmoins une tendresse certaine pour celui que je n'avais fait que croiser. Au mauvais moment, au mauvais endroit... Du coup, je n'avais pas répondu. Elle n'avait pas besoin de savoir tout ça de toute façon. Elle eut la politesse de ne pas trop tiquer quand je précisais que je parlais de la reine des glaces. Elle ne semblait pas spécialement impressionnée par Ingrid, ce qui prouvait qu'elle avait un cran certain. Ensuite, la conversation prit une tournure qui me compliquait la vie, mais qui n'avait rien de surprenant. J'avais choisi de dévoiler un peu de mes besoins. Naturellement, je ne pouvais pas lui montrer le médaillon, elle l'aurait forcément reconnu. Il fallait donc botter en touche.
_ Je sais où se situe l'objet et je sais comment me le procurer. Je ne sais juste pas comment l'activer. N'existe-t-il pas un sort qui puisse le faire ?
Que je puisse faire, était, en réalité, ce que je voulais dire. Je négligeai de répondre à sa proposition de le lui montrer. Cela suffirait-il ? J'en doutais mais qui ne tente rien n'a rien. En plus d'avoir du cran, elle avait aussi de l'esprit et il était plutôt vif. Elle se douta que j'avais un plan mais ne négligea pas de me proposer son aide. A nouveau, je ne pouvais être parfaitement honnête.
_ Disons que j'ai déjà accompli la majeure partie du chemin. Mais j'ai dû prendre une décision dans l'instant, quand vous avez proposé de nous emmener tous ici. J'espérai trouver des ouvrages qui pourraient m'indiquer la marche à suivre et, puisque vous êtes magicienne vous-même, vous devez en posséder.
Je la regardais droit dans les yeux et affichais mon air le plus innocent qui soit.
_ Avec votre accord, j'aimerais les consulter. Mais je m'en voudrais de vous faire perdre trop de temps avec ma quête...
Regina se rendait compte de la curiosité dont elle faisait preuve, mais cette affaire était intéressante, comment ne pas poser des questions ? Par ailleurs, cela lui permettait de se focaliser, du moins durant cet échange, sur autre chose que son chagrin de rupture avec Robin. Et venir en aide à cette jeune femme l’aiderait sans doute à remonter dans sa propre estime. Ainsi, la sorcière se renseignait sur les modalités de la recherche concernant le fameux objet. Objet que Regina pensait qu’Aeline avait en sa possession. Or, il semblait que ce n’était pas le cas. Un peu suspicieuse, madame le maire croisa les bras après avoir posé le sac de nouveaux vêtements pour CJ au sol.
-Ah, vous ne l’avez pas en votre possession ? Cela veut dire que c’est une autre personne qui l’a ?
Cela voulait-il dire qu’elle comptait voler l’objet à quelqu’un ? Si tel était le cas, évidemment, l’ancienne reine ne voudrait pas s’en montrer complice, et même l’empêcher. Aeline tournait autour du pot, c’était difficile de lui tirer les vers du nez. -Si un objet est magique, ce n’est pas un sort qui l’active. Je ne saurais comment vous l’expliquer, mais une sorcière n’a pas besoin de sort pour utiliser un objet magique.
Le vent de décembre commençait à souffler et les températures n’étaient pas très clémentes. Regina était bien couverte, gantée de cuir mais peut-être qu’Aeline avait froid.
-Accepteriez-vous que je vous offre un café et que nous poursuivions cette conversation au chaud ?
Aeline expliqua alors quel avait été son plan d’action en acceptant de venir dans le monde sans magie. Il s’agissait de trouver des ouvrages sur la magie. Regina hocha la tête lentement tout en réfléchissant.
-En effet j’en possède, mais mes grimoires ne vous seraient d’aucune utilité. Certains sont dans d’autres langues et puis je ne peux me permettre de laisser une novice fouiner dans ce genre d’ouvrages, ce pourrait être dangereux. Voilà pourquoi je préfère que ce soit moi qui vous aide. De toute façon, aucun sorcier ne vous laissera consulter ses grimoires, vous savez. Ce n’est pas contre vous, c’est simplement une mesure de prudence. On ne joue pas avec la magie, il y a des conséquences qui peuvent être graves. En revanche, si vous me montrez l’objet en question, avec l’accord de la personne qui le détient puisque vous ne l’avez pas, je me ferais un plaisir de vous renseigner sur les informations qu’il peut vous amener à trouver.
L’ancienne méchante reine était de plus en plus suspicieuse, sans pour autant le laisser paraître. Quel genre de personne demandait à consulter des ouvrages de magie ? De magie noire qui plus est. Surtout qu’Aeline avait bien dit ne rien y entendre en magie, ce qui voulait dire qu’elle ne savait pas ce qu’elle faisait. Ce genre de personne pouvait être un danger pour les autres habitants de la ville. Regina se promit alors de l’avoir à l’œil. Néanmoins, elle ne cherchait peut-être pas à mal, cette blondinette, alors l’aider dans sa quête n’était pas un souci tant qu’elle ne nuisait à personne. Ca, Regina y mettait un point d’honneur. Elle ne s’était pas donné tout ce mal depuis tous ces mois écoulés à essayer de faire le bien pour redorer son blason, pour qu’au final on l’assimile à une quête qui nuisait aux habitants de Storybrooke.
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