Claude Frollo. Lorsque tout s’était produit en ville, j’avoue ne pas avoir réagit sur le coup. J’avais simplement protégé le Couvent contre une quelconque attaque de sa part ou d’autrui. Mais voilà qu’à présent, j’avais annoncé à Regina que je serais des leurs lors du voyage de retour dans la forêt enchantée et j’avais demandée à un bon nombre de mes fées de m’accompagner. Je ne souhaitais pas qu’elles restent à Storybrooke. Pas que je ne les sachent pas aptes à se défendre, loin de moi cette idée mais il était clair qu’elles seraient très certainement beaucoup plus utiles dans notre monde. Quittant le Couvent, je pris ma taille féérique avant de voler jusqu’à chez ce personnage qui m’exaspérait au plus haut point. Arrivant devant chez lui, je reprends taille humaine et range ma baguette avant de sonner à la porte.

Je souffle pour remettre en place une mèche de cheveux rebelle. Depuis quelques temps, je m’éloignais de plus en plus du personnage qu’était Eve pour demeurer la Fée Bleue, celle que j’étais jadis. Celle que je craignais en même temps de redevenir. Me perdant dans mes pensées, j’en vins à penser à ma soeur. Ma grande soeur que j’aimais tellement jusqu’au jour où elle a fait tuer notre mère et que je me suis résignée à la faire tuer. Cette petite part d’ombre en moi, personne n’en a connaissance, moi-même, je crois qu’au fond, je n’en ai pas réellement conscience. Pourtant, je cris au monde entier que je suis l’étoile des voeux, celle qui a le coeur le plus pur qui soit, l’âme bénéfique en puissance, le coeur même de la magie bénéfique. Mais au fond, ne suis-je pas qu’une imposture ? Ne suis-je pas aussi sûre que l’est le Ténébreux ? Aurais-je ma place auprès de Frollo et des autres grand méchants ou dois-je tout tenter pour faire disparaître cette part d’ombre qui est au fond de moi.

Personne ne doit savoir ce qui se passe au fond de mon coeur, personne ne doit savoir que je me bat contre une part sombre de moi-même. Je suis la Fée Bleue et je dois le rester, envers et contre tout ! Je passe ma main dans ma chevelure blonde avant de finalement lâcher mon chignon pour que mes cheveux retombent en cascade sur mes épaules. Je sonne une seconde fois, Frollo décide enfin d’ouvrir la porte, mon regard croise le sien et je reprends d’un air froid et les yeux sombres.

« Frollo. »

Adossé contre le rebord de ma fenêtre, je regarde la ville de Storybrooke sombrer doucement dans la peur, le chaos, la paranoïa. Il n'y a rien de tel pour être tranquille et faire ce que l'on veut dans sa propre ville.

Je ne pouvais pas espérer mieux pour la suite des événements. Régina, ne tente même pas de se battre pour sauver ses amis et les habitants. Elle n'a même pas essayé une simple confrontation. Peut-être que la méchante reine a vraiment changé en fait … et pas forcément en bien. Cette pensée me fait esquisser un sourire. Le temps de la méchante reine est enfin révolu. Ça me rend un peu triste quand même, je viens de perdre une grande adversaire je le crains. Je pense aussi qu'elle n'a pas envie de détruire sa nouvelle image de personne-modèle. C'est vrai qu'elle s'est donné tant de mal pour construire sa nouvelle facette que ce sera dommage de tout gâcher maintenant. Pourtant, je suis sûre qu'elle sait tout comme moi que personne ne change vraiment, il reste toujours au fond d'elle sa part d'ombre et elle ne demande qu'un peu d'aide pour se montrer à nouveau.

La reine fuit, ses fidèles sbires la suivent, tant mieux ça fera moins d'éléments perturbateurs dans les parages.
En parlant du loup, je vois s'avancer près de ma porte d'entrée quelqu'un qui semble très mécontent. Je me demandais quand cela allait arriver. J'entends la sonnette retentir dans mon hall. Je m'éloigne de la fenêtre pour aller me servir un rapide verre de liqueur. Je l'engloutis d'un seul coup et je descends ouvrir à cette impatiente fée bleue. Etrange bonne femme que cette fée. Peut-être est-elle venue faire de la médiation ? Avec moi ! C'est une peine perdue mais je salue son courage. Maintenant je suis curieux de savoir ce qu'elle a à me dire. Vu son attitude elle ne vient pas m'offrir un panier d'adieux.
Très bien, je suis prêt à entendre les critiques. Ils ont de la chance que le droit dans ce pays soit beaucoup plus laxiste qu'à Camelot. Ils seraient déjà tous en salle de torture sinon. Je dois garder mes envies de côté pour me concentrer sur ma petite fée bleue, prise par un soudain esprit rebelle.

J'attends qu'elle sonne une deuxième fois pour lui ouvrir. J'avais raison, elle n'est pas contente de tout. Je dois la colère dans ses petits yeux.

-Bonjour Madame, je vous en prie ne restez pas sur le pas de la porte. je me pousse pour la laisser entrer dans ma demeure.

Je pose mon regard sur Frollo avant de respirer longuement mais ne dit rien avant d’entrer dans la demeure de Frollo. J’ai envie de lui arracher la tête, il me désespère, je le hais mais j’avais besoin d’être là pour lui faire comprendre qu’il s’en était pris aux mauvaises personnes. Oui, je partais de Storybrooke mais j’avais besoin de faire face à lui qui se pensait plus puissant que tous. Il ferme la porte, je me tourne vers lui avant de le regarder droit dans les yeux.

« Faire la paon face à moi n’avancera à rien. » conseillais-je à Frollo.

Il sait pourquoi je suis là, je le sens et l’instinct féérique ne trompe jamais. On le sait avant tout le monde. Par sa faute, nous quittions une ville dans laquelle nous vivions depuis plus de trente ans, certes à cause de la malédiction mais c’était tout de même quelque chose qui arrivait comme un cheveu sur la soupe. Il était le méchant de l’histoire, il nous faisait partir d’un lieu que nous connaissions, nous retournions chez nous mais c’était étrange de se dire que nous laissions Storybrooke aux mains d’un homme tel que lui.

Je commence à marcher dans sa demeure. Ce n’est que froideur, ombre, et noir. Je pose mon regard sur Frollo alors que je tiens dans ma main, ma baguette dont le bleuté brille étrangement dans cette obscurité qu’est le manoir de Frollo. Je me mords la lèvre inférieure avant de me tourner pour me retrouver face à Frollo qui m’avait suivie bien plus vite que je ne le pensais.

« Vous savez pourquoi je suis là n’est-ce-pas ? »

Il le sait. De toute manière, pour tout autre raison, je ne serais pas venue ici. Je lève mon regard bleuté vers lui. Il est légèrement plus grand que moi et je dois avouer que je me sens soudainement comme une luciole prise au piège dans une cage par un homme. En soit, je suis ce qu’on peut appelé une luciole, bref vous m’avez compris. Un frisson parcourt l’entièreté de mon corps, j’ai froid. Il fait froid dans ce lieu, tout comme semble l’être le coeur de cet homme en face de moi, il était un coeur froid, sinon il n’aurait pas été capable de monter ça contre notre ancienne méchante reine alors enceinte presque à terme.

Je passe une mèche derrière mon oreille avant de respirer longuement et reprends finalement la parole en posant mon regard sur Frollo.

« Pourquoi ? »

En ouvrant la porte à cette chère fée bleue je vois bien qu'elle n'est pas venue là juste pour boire le thé et tant mieux je n'aime pas ça. Je comprends bien qu'elle veut parler de ce qu'il s'est passé mais je n'aime pas non plus discuter de mes actes. Je sais ce que je fais et je sais pourquoi je le fais. Ce n'est pas la peine de revenir dessus. A Camelot, personne n'osait contredire mes décisions. Certains fous s'y sont essayé malgré les risques et ils ne sont plus là pour en parler aujourd'hui. Malheureusement pour moi, ce n'est pas la même chose dans ce royaume. J'ai beau avoir pris le pouvoir je savais que certains viendront se plaindre, ils ne savent pas se tenir à leur place, c'est très déplaisant et ça m'empêche de mener ma domination tranquillement.
Enfin ce sont les contraintes de la profession et je me suis promis de m'y adapter, c'est pour ça que le plus aimablement du monde j'ouvre grand ma porte à ma visiteuse. Je l'invite à entrer pour qu'elle ne prenne pas froid à rester sur la pallier et ce n'est pas polie. Quand elle s'engouffre chez moi elle se permet de dire que tout cela ne sert à rien. Je fais mine de ne pas comprendre ce qu'elle veut et referme tranquillement la porte tel le chasseur qui vient d'emprisonner sa proie …
Si elle veut jouer à la plus maligne, elle ne sait pas à qui elle a affaire.

-Veuillez pardonner mes manières Madame, je ne me suis pas encore familiarisé avec vos coutumes de sociabilisation, mais je ne trouvais pas courtois de laisser une Dame dehors. Je le vois s'avancer doucement vers l'intérieur de ma demeure, la nuit commence à tomber et je n'ai pas encore fait allumer les lumières. Peu à peu mon manoir va être plongé dans l'obscurité. La seule petite source de lumière et celle qui vient de la baguette magique que mon invité tien à la main. Si elle pense se rattacher à ça, c'est misérable.

Je m'avance furtivement vers elle, comme si je ne voulais pas manquer une seule de ses paroles. Je n'ai pas raté mon effet puisque lorsqu'elle se retourne je suis juste derrière elle en arborant un sourire qu'on ne pourrait pas vraiment qualifier d'aimable.

-En effet, je pense savoir pourquoi vous êtes ici … et je ne saurai dire ce que cela provoque chez moi, de la colère ou de la joie.

Je suis assez prêt d'elle pour la dépasser en taille, ce n'est pas grand-chose mais lorsqu'on est comme moi quelqu'un sans pouvoir contre un être magique, cela peut parfois faire la différence.
La femme devant moi est plus que nerveuse, elle aussi oscille entre la colère et la peur surement. Je lui reconnais quand même le courage d'être venu jusqu'à moi.

-Pourquoi ? Pourquoi ?répète-je doucement -C'est une très vaste question, mais vous pourquoi partez-vous ? Pourquoi abandonner votre ville, pourquoi fuir aussi vite, sans rien tenter ? Pourquoi !?Je répète ma dernière interrogation sur un ton plus dur pour voir si j'ai une réaction de sa part

Je pose mon regard sur Frollo, retenant un léger petit rire. Il sait que je ne suis pas venue là uniquement pour prendre le temps ou quoi que ce soit d’autre dans ce genre là. non, je suis là uniquement pour lui faire comprendre qu’il ne va pas gagner, il ne sortira pas gagnant de cette guerre qu’il a engendrée. Je respire longuement et prend finalement la parole, cachant ce léger sourire qui voulait tout de même éclairer mon visage.

« Oh… » furent les seuls mots qui sortirent de ma bouche lorsqu’il me dit qu’il ne laisserait pas une dame dehors..

Frollo pensait réellement pouvoir me garder sur cette fin là ? Pensait-il réellement que j’allais me contenter de cela et repartir ? Il me fait peur, oui je l’avoue. Je me sens seule dans ce grand manoir. La nuit commence à tomber, l’obscurité commence à prendre place et on ne voit plus que l’éclat bleuté de ma baguette juste devant moi, éclairant également mon visage d’une intense lumière bleutée. Pourquoi était-je venu seule ici déjà ? Dans tous les cas, il ne peut pas me faire de mal, il n’en est pas capable. Je peux me battre, je peux lutter seule mais je suis là pour elle, pour la Reine.

« De la colère ? » dis-je en m’approchant de lui, plongeant mon regard dans le sien « Pourquoi seriez-vous en colère contre moi ? N’est-ce-pas ce que vous cherchez avec tout ça ? » demandais-je finalement.

Il était vrai qu’il s’était mis en tête de prendre justement la tête de Storybrooke et nous mettait tous en danger mais ça ? S’en était-il simplement rendu compte ? Je ne sais pas trop… Je respire longuement alors que je lui demande pourquoi il a fait tout cela mais comme je m’y attendais. Il ne me réponds pas et me retourne la question. Pourquoi je pars ? Un petit rire nerveux m’échappe alors que la lueur bleutée de ma baguette tressaute.

« Pourquoi je pars ? Parce que je me dois de le faire pour protéger ceux qui le méritent. Pourquoi je pars ? Parce que là bas, ils ont besoin de moi. Parce que je me dois de m’assurer que Regina aille bien. Et que pensez-vous réellement que je fasse ici Frollo ? Pensez-vous réellement que je suis venue par simple courtoisie ? » Dis-je alors que le bout de ma baguette s’illumine de plus belle, éclairant la pièce.

Je me suis promis d'accueillir tous ceux qui en auront besoin, chez moi et je compte bien tenir cette promesse. Après je ne peux pas forcer les gens à m'aimer et je sens bien que cette petite fée est loin de m'apprécier. Je peux comprendre son point de vue. Je suis un étranger qui arrive d'on ne sait pas où, il détruit une partie de la ville et il prend le pouvoir. Ce n'est pas la meilleure des approches je le conçois. Cependant je ne suis pas le plus à blâmer dans toute cette histoire. Je ne veux pas brusquer mon invité, j'ai peur qu'elle se mette à pleurer.
Je sais pourquoi elle est là aujourd'hui. La reine a prit peur et elle est en train d'organiser sa fuite vers un autre monde. Et je crois que la petite fée bleue va la suivre mais elle veut me donner une leçon avant de partir. J'ai hâte de l'entendre.

Elle essaie de garder une once de contenue en me parlant mais je vois bien dans sa voix qu'il n'en est rien. Durant des décennies j'ai pratiqué la torture qu'elle soit physique ou psychologique et je sais voir quand quelqu'un à peur de moi et là c'est le cas. J'ai eu 20 ans pour m'entrainer sur ce cher Quasimodo.

- Oui vous avez raison, je suis le coupable de tout ça. Vous avez toutes les raisons de m'en vouloir mais j'ai quand même bon espoir que vous me pardonniez un jour comme vous l'avez fait pour la reine. Après sa tyrannie sur la forêt enchantée, la malédiction noire qu'elle a lancé et toutes les conséquences que nous connaissons vous lui avez pardonné. J'espère que vous aurez la même indulgence avec le vieil homme que je suis.

Quelle hypocrisie ! Soit cette reine Régina est une très bonne manipulatrice soit ils sont tous plus bêtes les uns que les autres. Si le pardon est leur foi, ils n'hésiteront jamais à me pardonner. Enfin ça c'est si ils arrivent à me faire chuter et j'en doute. Toutefois je ne veux pas briser leurs petits rêves de victoires. Ils ne leur restent que ça après tout.

La petite bleue commence à s'emporter en me disant qu'elle est obligée de partir pour veiller sur les autres.

-Et de ça toute la communauté vous en remercie, c'est vraie que ferait-il sans vous ? Vous vous devez de partir les aider. Laissez les indigents qui ont décidé de rester ici, ils n'en valent pas la peine de toute manière. Peut-être sont-ils des traitres à votre cause après tout ? Je ne saurai trouver les mots pour vous empêcher de partir, la reine mérite plus votre respect. Je le comprends mais réfléchissez bien à ce que vous faites. Faites attention à qui vous faite confiance. La situation pourrait ne pas se dérouler comme vous l'aviez imaginé.

Je veux simplement insérer un doute dans son esprit et la faire réfléchir.