Princesse Lina. Il faut dire que j’avais beaucoup de mal à me dire que c’était un « titre » qui m’était destiné. Non, je ne me voyais pas comme ça. Je ne savais pas être princesse, j’étais bien meilleure archère. J’avais passé toute la matinée dans ma chambre à regarder toutes ces choses qui m’appartenait désormais, qui auraient dû m’appartenir par le passé. C’était étrange de se dire que nous avions disparus de ce monde il y a seulement quelques mois alors que pour mon frère et moi, cela faisait plus de vingt ans que nous n’étions pas dans ce monde. Mes cheveux relevés en queue de cheval haute, ma tenue d’archère mise, j’avais utilisé l’une de mes flèches pour envoyer un message à mon père. Je savais qu’il me retrouverait dans notre lieu à nous que nous avions trouvés tous les deux il y a quelques jours.

Oui, j’avais besoin de mes cours de tir à l’arc avec mon père, j’avais besoin de passer du temps avec lui, d’être autant Princesse Lina que Lina l’archère. Je voulais juste me retrouver, c’était tout ce que je demandais, ce n’était pas grand chose non ? Relevant ma cape sur ma tête, je m’empare de mon arc et de mes flèches avant de quitter le chateau pour me rendre dans les écuries. Grimpant sur ma jument, récemment offerte par mes parents, je pars au galop à travers la forêt. Je ne tarde pas à arriver dans le lieu que nous avions trouvés. Descendant de ma jument, j’accroche les brides autour d’une branche, lui permettant de s’abreuver avant de passer derrière les buissons pour trouver notre coin secret où se trouvait un nombre incalculables de cibles et un bon nombre de pantins de pailles. Les lieux étaient immenses et parfait pour nos entrainements.

Baissant ma capuche, je laisse finalement virevolter mes quelques mèches rebelles avant de poser mon regard sur mon père qui m’avait rejointe. Je lui souris avant de m’approcher de lui pour le prendre dans mes bras.

« Merci d’être venu papa. » lui dis-je avec un sourire.

Qu'est-ce qui n'allait pas chez moi ? J'en étais réduit à me poser cette question tant les mauvaises choses n'avaient de cesse de s'accroître en ma présence. C'était un cauchemar, oui un horrible et long cauchemar dans lequel je m'enfonçais après avoir été ébranlé par le glaive de la vérité. C'est drôle (pour celles et ceux pourvus d'un sens de l'humour atypique) ! C'est comme au moment où dans le récit, survient la révélation. Vous savez, ce moment où vous ne comprenez pas tout de suite, et ou ensuite vous ne ménageait pas vos efforts pour vous convaincre du contraire. Car c'est tout bonnement impossible à accepter et vous ne voyez pas d'autre explication. Gold s'était joué de moi. Quelle surprise ! Et en voulant jouer les héros, je me retrouvais malgré moi, dans le rôle du bourreau. J'avais perdu la bataille, livré le cœur de Regina à cette ignoble créature que je rêvais de dépecer à mains nues, et ce, malgré l'amour que lui portait Belle. Pour ne rien vous cacher, je n'en avais plus rien à faire. Mais l'espoir, oui encore et toujours lui, revenait au galop, comme si dans le fond, c'était ma vraie nature. Il avait suffi d'un mot de Lina pour me ramener de je ne sais où. Aussitôt, le père que j'étais, refaisait surface, c'était comme si enfin, je venais de retrouver un costume à ma taille. Ma fille me demandait, me rappelant l'importance que je représentais pour elle. Elle voulait me voir là où nous avions pris l'habitude de nous retrouver. Un endroit neutre qui ne l'était plus par la force des choses. Je me plais dès lors à imaginer que c'est le nôtre désormais et que cela a de l'importance. Il fallait que je me raccroche à ça pour au moins essayer d'amoindrir ma culpabilité. Pour Lina, Richard et Roland, nos enfants méritaient mieux qu'un père larmoyant, sans cesse désolé d'avoir merdé. Je devais être à la hauteur, rien n'était perdu, à défaut d'être un héros, peut-être pouvais-je encore prétendre être un bon père.

Me voilà embarqué sur mon destrier à vive allure à travers les bois. Avec une voiture, j'aurais certainement été plus rapide. Wow, j'en arrivais donc à regretter Storybrooke et sa modernité. Je ne pus m'empêcher de sourire, car cela me semblait tellement absurde et pourtant, il est vrai que la modernité avait ses avantages aussi modestes soient-ils. Après quelques minutes à galoper sur les routes sinueuses de notre royaume, me voilà donc arrivé à destination. Par habitude, je prends le temps, après avoir attaché ma monture, de vérifier les environs. Il serait bien dommage que notre coin secret n'en soit plus un. Paré, je m'enfonce un peu plus dans la forêt et regagne notre coin. J'aperçois non loin de là la jument de Lina, preuve que je suis encore en retard, mais me voilà. Les cibles que nous avons dispersées de ci delà, sont encore en place, me rappelant à quel point ma fière guerrière est du genre acharnée comme son vieux père. Mon regard se pose alors sur une ombre familière qui achève de se défaire de sa capuche, révélant au monde, une identité que je connaissais déjà. Nous échangeons un sourire complice avant d'enfin se prendre dans les bras. « - C'est un plaisir ma grande ! » J'avais le sourire aux lèvres, ma fille avait semblerait-elle réussie à amoindrir ma peine et ma culpabilité en un regard, en un sourire. « - Je suis content de te voir Lina, vraiment. Comment ça va avec ton frère ? »

J’étais tellement heureuse de pouvoir passer du temps avec mon père. Il est vrai que depuis que nos parents nous avaient retrouvés, je passais plus de temps avec ma mère, ce qui est peut être normal étant donné que je suis une jeune femme et que j’ai tellement de choses à apprendre sur ma mère mais en même temps, j’ai aussi besoin de me retrouver avec mon père. En même temps, nous avons tellement de choses en commun tous les deux, comme tout d’abord le fait d’être bons archers. Mon père finit par me rejoindre. Je le prends dans mes bras, le remerciant d’être venu. Le sourire sur mon visage s’assombrit légèrement quand papa en vient à parler de Richard alors que j’hausse les épaules « oh tu sais…On fait aller je suppose…depuis que nous sommes au Palais, on ne parle pas beaucoup. Il a toujours été très solitaire tu sais. Je pense qu’il lui faut du temps, il va finir par arrêter de faire sa tête de mule quand il verra que tout va bien. » énonçais-je à mon père avec un sourire qui se voulait rassurant tandis que je me saisissais de mon arc et passais mon carquois sur mon dos.

« Tu sais papa, tu n’as pas à t’en vouloir pour Richard, depuis qu’il est p’tit, c’est une sacrée tête de mule, il veut toujours avoir raison. Il nous a causé parfois des soucis avec la Fée Noire mais en fait, je pense que ce qui l’embête, c’est de voir que j’avais raison…je n’ai jamais cessé de lui dire que vous viendriez nous chercher. Que vous n’aviez jamais cessé de nous chercher. Bien sûr, à ce moment là, j’ignorais que ça ne faisais que trois mois pour vous que nous avions disparus. » énonçais-je à mon père. Je voulais vraiment me montrer rassurante, je savais bien que mon père s’en voulait. Je le sentais et puis l’entendais aussi parce que je savais que ça n’allait pas très bien entre lui et ma mère mais j’espérais vraiment que ça s’arrangerait avec le temps. Je passe une mèche blonde derrière mon oreille avant de lever mes yeux si similaires aux siens sur le visage de mon père « je te parie que je suis capable d’atteindre la cible au bout là-bas, en plein centre. » lui dis-je avec un sourire alors que je montrais une cible à 900 mètres de là où nous nous trouvions.

Je voulais surtout passer un bon moment avec mon père, c’était tout. Je ne demandais rien de plus, j’avais juste besoin de ça. Juste quelques instants tous les deux.

J'en ai loupé des choses avec mes enfants. Les geôles d'une prison pour Roland que je n'ai pas accompagné lors des premières années de sa vie. Puis son initiative, qui l'avait conduit à utiliser la magie pour se rendre utile, accélérant bien malgré lui la course du temps et il en était de même avec Lina et Richard. Ah le temps, vil traître qui n'a de cesse de se jouer de nous. On dit avoir le temps, grossière erreur, c'est le temps qui nous possède et qui fait de nous ses marionnettes. Lina était une belle jeune femme, mes fils de beaux jeunes hommes dans la fleur de l'âge, que je n'avais bien malgré moi, pas vu grandir. Quelle injustice ! Et chaque jour, je maudissais un peu plus le Destin d'avoir été si retord à mon égard. « - Lina ! » Dire son prénom m'emplissait malgré tout d'une joie aussi légère que la brise du vent sur un visage endolori par la chaleur. Et la prendre dans mes bras, me rappela à quel point, malgré la fuite des années, j'étais chanceux de l'avoir retrouvé, ma petite princesse. Une appellation dont je ne pouvais toutefois plus l'affubler pour des raisons plus qu'évidentes. « - Richard a sûrement hérité du caractère de ta mère ! » énonçais-je avec légèreté avec de retrouver le sourire. « - Il fallait bien que l'un de vous hérite de son caractère. » Toujours dans l'humour, je continuais, avec l'aide de ma fille à dédramatiser. C'est ce que nous avions de mieux à faire et puis ces petits moments que nous partagions depuis les retrouvailles, étaient trop précieux pour les gâcher.

Elle me délivra ensuite un monologue qui me fit chaud au cœur et qui laissa paraître une force de caractère semblable à la mienne au meilleur de moi. « - Et toi mon ange, j'ai comme l'impression que tu as héritée de mon caractère. Tu connais déjà l'histoire, mais je me dois de te la faire entendre à nouveau. Ta mère et moi, nous n'avons jamais cessé de vous chercher. Nous avons sillonné les royaumes, explorés une multitude de contrés. Mais je sais, du moins j'imagine pouvoir comprendre aussi la réaction de ton frère. Il n'y a rien de pire que le sentiment d'abandon. Mais ne dit-on pas que temps panse les blessures ? » Je la vois tenir ferment son arc, autre héritage que je peux me targuer de lui avoir léger. « - Si tu es la digne fille de Robin des bois, tu n'as même pas besoin de parier. Cette flèche n'aura d'autre destination que le centre de cette cible aussi loin, soit-elle. Mais avant tout ma grande, et je ne t'apprends rien, pour une réussite maximale, il faut aussi te servir du temps. Ferme les yeux et sens le vent. Il n'est pas puissant, mais pourrais aisément d'aider à atteindre ta cible si tu sais t'en servir. N'oublie jamais que mère nature est notre alliée et que savoir communiqué avec elle, c'est la clé la réussite. Vas-y place toi correctement et laisse le vent guider ton tir, tu verras ! »

J’étais tellement heureuse de ces petits instants père-fille, j’en avais besoin mais je crois que mon père aussi avait besoin de passer un peu de temps avec moi. Tous les deux au final, nous avions besoin de nous retrouver, et quoi de mieux qu’une passion commune pour ça ? Mon père avait raison sur une chose, mon frère avait bien hérité du caractère de ma mère mais je demandais à voir quand ma mère s’énerve si ça vaut mon frère parce que par moment, il est clair qu’il ne valait mieux pas se trouver dans les parages. Je souris à mon père « Parfois, je le taquinais avec ça quand on était plus petits. » lui dis-je avec un sourire « et il aimait pas ça alors il arrêtait de faire sa tête de mule mais maintenant, c’est un peu plus compliqué. » lui dis-je avec un sourire, se voulant rassurant, qui je l’espérais l’était.

Un grand sourire cependant naquit sur mes lèvres lorsque mon père affirma que j’avais hérité de son caractère, j’étais bien la digne fille de mon père. Courageuse, vaillante et très Robin Hood au féminin. C’est d’ailleurs ce que me disait souvent Richard, même si parfois il me comparait à notre mère pour tout ce qui concerne les problèmes des filles. Je lui fis un signe positif de la tête « oui tu verras, avec le temps, il va s’assagir et puis, il va s’habituer à cette nouvelle vie. Il lui faut juste plus de temps que moi. J’essaierais quand même d’aller lui parler. » énonçais-je à mon père. J’en vins ensuite à parier avec lui qu’en bonne archère que je suis, j’étais capable de toucher une cible à 900mètres de nous en plein centre.

Le Roi des Voleurs avait raison, si j’étais bien la fille de Robin des bois, ma flèche atteindrait sa cible, quoi qu’il advienne. Oui, mes flèches atteignent de toute manière, toujours leur cible. Je pose mon regard sur mon père « comme tes flèches, les miennes se mêlent à la force du vent et volent haut dans le ciel. » énonçais-je avec un clin d’oeil avant de me placer comme il me le demandait. Prenant une flèche dans mon carquois, je bande mon arc, pose mon regard sur la cible et ferme les yeux. Je reste comme cela quelques instants, écoutant le chant du vent. Le laissant fouetter mon visage, je le visualise. Je lâche ma flèche et laisse le vent la guider jusqu’au centre de la cible. Je rouvre les yeux « Gagné ! Papa, c’était dingue. C’est comme si j’avais une confiance aveugle envers le vent. Je l’ai écouté et j’ai lâché ma flèche. Pour tout t’avouer, mes flèches ont toujours atteints leur cible mais je n’ai jamais fait attention au vent et à ce qui m’entoure. Toi aussi, tu fonctionnes comme ça ? » lui demandais-je curieuse.

Oui, c'était indéniable, après tout ce qu'il avait vécu, Robin avait besoin de passer un peu de temps avec sa fille, qui à l'inverse de son jumeau était plus prompte à la discussion. Richard demeurait, pour l'instant, hermétique à tout ça, n'hésitant pas de ce fait, à mettre de la distance entre lui sa sœur et ses parents. Même Roland, qui s'était risqué à lui tendre la main, avait subi de plein revers, l'hostilité de son frère cadet. Robin, bien que blessé par cette attitude, ne pouvait lui en vouloir et redoublait de patience pour entrevoir une accalmie. Mais pour l'heure, il demeurait avec Lina et semblait bien décidé à faire de l'instant, un moment de complicité père-fille loin de tous les tracas de leur quotidien. « - Mais tu sais, avoir le caractère de ta mère n'est pas un mal. Quand on sait comment s'y prendre, elle peut être la personne la plus adorable du monde et je suis certain qu'il en est de même avec Richard. Il faut lui laisser du temps et je suis sûr que tout reviendra à la normale. » À son tour, il voulait se montrer rassurant et pour lui et pour Lina. « - Je connais l'importance de votre lien. Avec ta tante Aeline nous aussi, nous sommes jumeaux et différents de surcroît. Nous apprenons encore à nous connaître, mais on se rend compte, au vu de notre lien, qu'une fois séparé, il subsiste comme un sentiment d'absence, comme si une part infime de nous, se trouvait ailleurs. » Une façon pour Robin de montrer à sa fille qu'il ne pouvait que comprendre à quel point il était difficile d'être séparé de sa jumelle à cause de quelques divergences. Mais il ne fallait pas s'appesantir sur ces mauvaises choses, au risque de voir le moment se muer en quelque chose de désagréable. L'archer évoqua donc son caractère qu'il partageait avec la jeune femme. Une fierté pour lui qui s'accrut grâce à la pratique de l'arc, activité dans laquelle Lina excellait aussi.

« - C'est bien beau ce que tu dis là ! » enchérissait-il après lui avoir dispensé quelques conseils. « - C'est l'homme qui m'a élevé, Ser Maistrir, qui m'a appris le tir à l'arc. Un bon compris entre la force et l'intelligence comme il disait. Tu lui aurais plus, je pense. » Tout comme elle aurait plus à Richard Cœur de Lion, une autre figure paternelle pour Robin qui se plaça dès lors sur le côté, pour mieux observer sa fille qui se préparait à tirer en mettant en œuvre les conseils de son archer de père. « - Quand nous avons le temps, il faut le prendre » Le sourire aux lèvres, Robin des Bois en personne assista à un tir d'anthologie « - Ah génial ! Bravo milady. La nature est ton amie, ne l'oublie pas. Et pour nous archers, le vent est un allié qu'il ne faut jamais ignorer, car si on ne le maîtrise pas, il devient notre pire ennemi. Il donne une puissance supplémentaire à l'impact et plus de précision au tir. C'est du détail, mais c'est comme ça que l'on devient le meilleur ou la meilleure. Et puis l'arc est une arme qui neutralise, sans forcément devoir tuer. C'est important pour moi et pour toi ? »

« Je l’espère papa, je l’espère vraiment. »

J’aimais mon frère plus que tout au monde et je voulais qu’on retrouve notre lien d’antan mais je crois bien qu’il m’en voulait d’avoir voulu qu’on reste avec nos parents. Mais que pouvais-je faire d’autre ? J’en avais rêvé toute ma vie, nos parents étaient là alors il fallait désormais faire avec. Nous les avions retrouvés mais je crois que tout cela m’avait éloigné de celui qui avait été ma famille pendant plus de vingt ans alors que pour eux, ça n’avait fait que quelques mois. Je souris à mon père. J’étais tellement heureuse de pouvoir passer du temps avec lui, rien que tous les deux entre père et fille, partageant une même passion.

Il vint à me rassurer concernant mes petits moments compliqués avec mon frère en m’avouant que lui aussi avait une jumelle et qu’il comprenait l’absence qui pouvait subvenir lorsqu’on se trouvait loin l’un de l’autre.

« C’est exactement ça papa, j’ai l’impression d’être seule au monde, comme si une part de moi était totalement ailleurs. » avouais-je « mais je connais mon frangin, je sais que ça va s’arranger. » énonçais-je avec un sourire.

Sourire qui se voulait bien sûr plus rassurant pour moi que pour mon père, et ce n’est pas peu dire. Un nouveau sourire échangé avec mon père alors que je lui explique que mes flèches n’ont jamais loupé leur cibles parce qu’elles volent toujours haut vers le ciel, je leur fais ma totale confiance. Il m’explique ensuite qui lui a appris le tir à l’arc, me donnant quelques conseils avant que je ne me lance. Suivant à la lettre ses conseils, je finis par me rendre compte que cela fonctionnait à merveille parce que ma flèche venait d’atteindre le centre de la cible, c’est comme si je n’avais fait qu’un avec elle, comme si j’avais fait qu’un avec la nature.

J’en fis rapidement part à mon père qui me félicita avant de m’expliquer qu’il faut toujours se fier à la nature et au vent, ce dernier pouvant devenir ami comme ennemi, jouant beaucoup sur nos tirs. Je ne le quittais pas des yeux, mon arc toujours en main alors qu’il m’explique que c’est grâce à tout cela que l’on devient le ou la meilleure. Il ajoute que l’arc est une arme qui neutralise sans tuer. Tuer. C’était hors de mes idées, j’en étais tout bonnement incapable. C’était quelque chose juste d’inenvisageable pour moi « bien sûr que c’est important, je pense surtout que pour être un bon archer, il faut aussi croire en ses flèches. C’est peut être idiot dit comme ça mais c’est ainsi que je vois les choses et mon arc me servira toujours à me défendre si cela s’avère nécessaire. Je pourrais blesser avec mon arc mais jamais tuer quelqu’un, je… c’est quelque chose qui me serait tout bonnement impossible et au fond je pense que tout archer qui serait prêt à tuer quelqu’un ne mériterait pas d’avoir le droit d’utiliser un arc. »  

« - Il ne faut jamais perdre espoir, c'est ce que j'ai appris au contact de ta mère ! » Il voyait bien que la distance émise par Richard, contrariait Lina et il pouvait aisément comprendre. Ils avaient vécu ensemble durant deux décennies dans un monde où la temporalité différait de la leur. Et c'est en prenant le temps de regarder sa fille, que Robin senti la frustration émergeait de nouveau. Il ne l'avait pas vu grandir, ni elle, ni son frère. Un constat qui éclipsait peu à peu la joie inhérente aux retrouvailles. D'autant plus que ce n'était pas la première fois que l'archer subissait cela. Il préféra toutefois se donner une gifle fictive par la pensée, histoire de ne pas trop penser à tout ça. Il voulait à tout prix profiter du temps qu'il lui était accordé pour n'être qu'avec Lina et ne pensait à rien d'autre qu'à ce moment privilégié entre un père et sa fille. « - Bien sûr que tout va s'arranger. On est doué pour ça dans la famille. Il faudra juste t'armer d'un peu de patience et ne rien précipiter. Mais sache que jamais au grand jamais, tu seras seule au monde. Je peux te le promettre. » Et en règle générale, notre héros s'arrangeait toujours pour tenir ses promesses. Ils échangèrent une fois encore un sourire complice, avant que l'archer n'affuble quelques précieux conseils à sa jeune fille, qui maniait elle aussi l'arc comme personne, mais qui ne demeurait pas exempte de conseils malgré tout. Et c'est donc armé de son arc, de ses flèches et des quelques conseils paternel que la demoiselle tenta à nouveau sa chance sous le regard admiratif de Robin ravit de partager ce moment privilégié avec la jeune femme, qu'il espérait mieux connaître.

« - Bravo ! » Il fut presque tenté d'applaudir passé le tir de Lina, mais se ravisa au dernier moment, de peur d'en faire trop. Il fallait qu'il l'accepte, elle n'était plus une enfant et il devait ainsi la considérer comme une adulte pour ne pas l'offusquer, voire la braquer. Il prit donc sur lui et se contenta, dans un premier temps, de sobres encouragements avant d'ensuite lui faire part de la façon dont il envisageait son arme. Pour lui, il était important de tout mettre en œuvre pour ne point donner la mort. Ainsi, il considérait son arc comme une arme de défense, mais il n'était pas naïf et savait que parfois, la défense pouvait s'avérer létale. Lina plus fière que jamais, prit aussitôt la parole pour faire entendre à son tour, sa vision du tir à l'arc et les valeurs qu'elle semblait ardemment défendre à la grande joie de Robin qui fut touché de la voir s'exprimer avec tant de conviction. « - Non, bien sûr que non ce n'est pas idiot ma grande ! La confiance demeure l'une des valeurs essentielles d'un archer. Moi, je vois la flèche comme le prolongement de nous-même. Tuer n'a jamais fait partie de mes valeurs. Sauf quand tu n'as pas le choix » Il songea à cette époque où il portait la bannière de Richard Cœur de Lion sur les champs de bataille. Certes, il n'était pas affublé de son arc, mais il avait tué bon nombre de soldats du camp inverse. Il songea aussi à la fois où il avait tenté d'assassiner Nottingham pour lui faire payer la mort de Marianne. « - Mais n'oublie pas que nous sommes imparfaits par nature. Il ne faut pas que tu oublies qu'un jour peut-être, tu devras peut-être mettre à mal tes valeurs si ta survie ou celle d'un de tes proches est en jeu. Tu comprends ? » Il posa son regard sur la cible en tachant d'amoindrir le souvenir qu'il gardait des rares fois, où il avait dû utiliser son arc pour tuer. « - Bon, on ne va pas s'appesantir là-dessus, au risque de ternir ce merveilleux moment passé ensemble. Que voudrais-tu faire maintenant, autre que du tir à l'arc ? Demande-moi ce que tu veux, tout sauf un truc magique, je n'ai pas les compétences pour »