Le soleil se levait doucement sur Storybrooke, en cette belle matinée de fin d’hiver. La lumière rasante et rose du petit matin donnait un aspect féérique à la ville qui s’éveillait doucement. C’était un dimanche, donc les gens aimaient à s’attarder au lit et profiter de la chaleur de leurs draps. Quelques-uns devaient sûrement avoir été réveillés par des enfants impatients ou des animaux de compagnie malicieux demandant à manger ou à sortir se promener. D’autres s’étaient sûrement levés tôt pour préparer un bon petit déjeuner à leur âme-sœur, qu’ils leur amèneraient au lit avec une rose ou un baiser.

Pour moi, le dimanche matin était synonyme de solitude et de rigueur. Une épée d’entraînement à la main, je faisais quelques passes d’armes dans la salle d’entraînement du Sword Bridge. Je n’avais aucune envie de sortir pour voir du monde, je n’étais pas d’humeur à supporter les regards désapprobateurs ou méprisants de certaines personnes. J’allais juste faire un peu de sport pour me maintenir en forme, puis j’allais juste rester chez moi à lire ou regarder la télévision pour tromper ma solitude.

Mais c’était sans compter sur des coups frappés à la porte du Sword Bridge. Soupirant, je rangeai mon arme factice, m’essuyai un peu avec ma serviette, puis allai à la porte, prêt à éconduire l’importun qui me dérangeait un dimanche. À travers la vitre, je vis que cela n’allait pas être possible : l’importun, ou plutôt l’importune, en question n’était autre que Regina, le maire de Storybrooke et la vainqueur de la bataille de Storybrooke. Elle m’avait promis une discussion pour lui expliquer les raisons qui m’avaient poussé à trahir notre alliance et à rejoindre Hadès. Même si je n’avais pas la moindre envie de parler de ça aujourd’hui, une partie de moi me disait qu’au moins ce serait fait et qu’après, je serais tranquille.

J’ouvris donc la porte et la laissai entrer.

La bataille pour reprendre la ville n’avait pas été une mince affaire, encore plus quand des alliés de confiance avaient trahi le camp de Regina. Et dans le lot, Méléagant figurait. Jamais elle n’aurait cru qu’un chevalier, un jeu roi, aussi droit que lui aurait un jour pu mettre à mal une telle alliance. Mais pourtant, ça avait été le cas et, malgré tout, la nouvelle maire de la ville était ravie que rien ne lui soit arrivé.
Aussitôt la guerre gagnée et la ville récupérée, elle avait voulu que la paix soit instaurée. Aucunes représailles, chacun devait accepter ce qui se passait pour que tout le monde puisse avancer. Regina avait voulu pardonner comme elle l’avait été, cela lui avait permis de devenir meilleure et de connaître le bonheur. Néanmoins, elle voulait des réponses. C’était important pour elle de savoir ce qui avait poussé des personnes de confiance à la trahir.
La petite soirée pour fêter Noël malgré la date de fin janvier était passée mais elle n’avait pas forcément eu le temps de discuter avec tout le monde, d’autant que chacun était devenu un peu bizarre, un peu trop euphorique, ce soir-là…
Alors, la reine avait pris les devants et était venue au Sword Bridge où elle savait qu’elle trouverait Méléagant. Un dimanche matin, après avoir préparé le petit déjeuner pour sa tribu, composé de pancake, oranges pressées et café bien chaud, une fois tout le monde rassasié, elle avait quitté la maison, promettant de revenir rapidement.
La belle brune ne s’était pas trompée, elle avait d’ailleurs un peu triché en utilisant son miroir magique pour le localiser, Méléagant se trouvait bien là à s’entraîner. Elle venait de toquer à la porte de la salle d’entraînement avant qu’il ne vienne lui ouvrir.

- Bonjour, lâcha-t-elle avec un faible sourire. Est-ce qu’on peut discuter ?

Elle entra dans la salle et se tourna vers lui. Elle constata qu'elle n'était jamais venue ici depuis toutes ces années.

« - Bonjour, votre Majesté. Bien sûr, entrez ! »

Je m’écartai pour la laisser entrer, puis refermai la porte. Je la guidai vers l’escalier menant à mon appartement, puis montai ouvrir la porte.

Mon appartement était bien rangé – Emilio m’avait aidé à le faire, voulant m’aider à sortir de ma déprime et ayant argué qu’une maison rangée était le premier pas vers un esprit apaisé – , mais triste. J’avais enlevé toutes les fausses photos de Roxanna et moi, ce qui rendait les murs et les étagères étrangement vide.

J’invitai la reine à s’asseoir dans le salon dans la cheminée duquel un feu ronronnait. J’allai préparer une théière de thé et quelques biscuits industriels pour accompagner la boisson. Je lui aurais bien proposé un verre de vin, mais il me semblait qu’il était un peu tôt pour cela. J’essayais de me reprendre en main et de remettre en forme, boire de l’alcool dès le matin n’était pas conseillé. Après avoir déposé la collation sur la table du salon, je m’assis dans mon fauteuil avec ma tasse de thé – un mug portant l’inscription « Meilleur mari du monde », une blague douteuse de la Malédiction, sans doute.

« - Voilà, nous pouvons parler, très chère… »

Je n’avais pas envie de commencer à parler avant qu’elle m’interroge. Je n’étais pas encore sûr de ce que j’étais prêt à lui révéler. J’étais encore très affecté par la trahison de la parole que j’avais donnée à Regina et par le fait que tout cela n’avait servi à rien. Mon épouse était toujours en train de souffrir dans les Enfers, j’étais toujours seul, mais en plus, j’avais perdu mon honneur en cédant au marché d’Hadès.

Méléagant de Gorre avait toujours été respectueux, du peu que Regina l’avait côtoyé. Il n’avait rien d’un traite, il avait été des plus motivé lors des réunions secrètes qui visaient à échafauder des plans pour reprendre la ville. Alors pourquoi diable avait-il trahi la cause ? Qu’avait-il ben pu lui passer par la tête ? L’ancienne méchante reine était dans une démarche de pardon mais elle voulait comprendre. Il resta courtois et poli en l’invitant à entrer et elle le suivit dans son appartement. Elle l’attendit sagement devant la cheminée, regardant les flamme danser, tandis qu’il s’affairait en cuisine avant de revenir avec du thé. Regina prit alors l’autre tasse fumante et s’assit à son tour.

- J’imagine que vous savez de quoi je viens vous parler.

Elle garda son regard rivé vers lui, dégustant une première gorgée de thé. Il était bon et parfumé. Elle fit un signe de tête en ce sens avant de reposer la tasse.

- J’aimerais savoir ce qui a bien pu vous faire changer de camp. Pourquoi ne pas être venu discuter avec Robin ou moi-même, plutôt que de nous trahir ?

En tant que chevalier, il devait savoir que la confiance était une chose sacrée qu’il était difficile d’acquérir, plus encore de réacquérir. Là, la situation avait finalement tourné à l’avantage du camp de Regina, mais si tel n’avait pas été le cas, et si l’un de ses enfants avait été blessé ou pire… Jamais elle n’aurait pu rester aussi diplomate, jamais elle n’aurait affirmé qu’il fallait pardonné. Elle aurait sûrement replongé pour de bon dans les ténèbres sans pouvoir être sauvée.