J’avais terminé mon service au God of Hell. La soirée avait été excellent comme toujours et ce, même pour un soir de semaine. J’accrochais mon tablier avant de me rendre aux douches pour me laver et retirer l’odeur de cuisson que j’avais dans les pores de peau. Je prenais mon temps en laissant l’eau couler sur mon corps. Je prenais une grande inspiration profonde alors que je sentais un certain manque se faire sentir. Une ligne ou un shoot serait le bienvenu dans les prochaines heures sous peine d’augmenter mon irritabilité.

Je sortais et j’enfilais une chemise et un pantalon propre avant de prendre mes clefs. Je laissais mes employés faire la fermeture et je partais sans les saluer. Je montais dans mon muscle car au son hautement brut pour me rendre dans mon second établissement, et celui que je préfèrais, le Fire Lips. Je roulais un peu comme un déchainé et je me stationnais à ma place réservée. Je sortais de la voiture avant de faire un signe de tête à mon portier sans plus de cérémonie.

Il y avait assez de monde dans le bar. Le spectable topless était en cours et Crystal avait visiblement gérer les tenues des filles. J’allais lui donner un bonus si on dépassait le cota de consommation des soirées de semaines habituelles. J’allais dans mon bureau et j’utilisais mon coffre-fort pour compter des billets, mais également pour sortir un petit kit histoire de me faire une signe de cocaïne sur mon bureau. Je faisais le tout rapidement avant de resserrer mes choses. Là, une des serveuses entraient en cognant. Je levais les yeux au ciel avant de lui aboyer ma mauvaise humeur habituelle dessus.

- Qu’est-ce qu’il y a?

«Le policier est revenu»

Oh super! Il allait faire fuir mes bons clients pour la vente de la drogue sur place et mes revendeurs n’allaient pas se pointer car il était là. Je me levais après avoir rangé l’argent et j’allais accueillir mon «meilleur ami» comme il se devait. Il venait si souvent ici, avec un peu de chance il allait y prendre goût avec le temps.

- Mais qui vois-je? De la charmante visite. Est-ce que tu veux un verre? Je t’offre le rafraîchissement. On peut passer en zone plus intime si tu as besoin de discuter Bobby.

Il me faisait carrément chier. Je m’assoyais au bar en le regardant et la serveuse apportait rapidement deux whisky sur glace.

- Whisky. Tu ne vas pas refuser un verre non? Ça serait hautement impoli.

Le réveil se mit à sonner. Bruyamment. Trop à mon goût, si bien que très vite, trop, mon poing s’écrasa de toute sa force contre ce putain de réveil à la con, qui n’avait rien demandé. Au moins, maintenant il ne sonnait plus. Mais j'allais devoir m'en racheter un autre.

« - Putain ! » murmurais-je dans un souffle alors qu'à mes côtés, encore endormie, trônait une charmante demoiselle, une de plus. Elle était belle, mais pas magnifique, juste ce qu’il fallait pour me faire bander et recevoir ce que j'avais à lui donner. « - Tu peux te tirer maintenant ! » lui lançais-je en quittant le lit d’un pas lourd pour rejoindre la salle de bains et me défaire de cette odeur de fauve qui trahissait une soirée animée et la migraine qui suivait, me laissait imaginer que j’avais sûrement encore un peu trop bu.

« - Fais chier ! » Je me frottais déjà le visage avec vitalité pour me réveiller et être optimal. J’espérais aussi que la demoiselle que je m’étais tapée la veille, avait consenti à quitter mon pieu, car je n’avais pas la patience de réitérer ma demande. Dix minutes plus tard, la tête dans le cul en moins, j’achevais de me préparer pour regagner le poster. Il ne faut pas croire, d’ordinaire je ne suis pas si matinal.

« ARROW ! » entendis-je à peine arriver. « - Le capitaine Weaver a l’air de bonne humeur ! » lançais-je avec nonchalance à un collègue qui en était encore à siroter son petit café du Starbucks « - T’as testé le Colombie royal ? » demandais-je en faisant comme si je n’avais pas entendu Weaver hurler mon nom. «  C'est un code ? » Je fus surprit par la question, mais pas assez pour développer. « - Bah non, c’est juste le dernier café à la mode. » Il parut soulager, moi j’esquissais un sourire levant enfin mon fessier royal du bureau que j’occupais, pour rejoindre celui du capitaine, qui je le savais, m’avait convoqué pour me passer un savon.

J’acquiesçais sans arrêt, si bien que je commençais à le sentir dans mes cervicales. Weaver était excédé d’entendre, une fois encore, que j’en avais fait qu’à ma tête en réglant une enquête qui n’était pas la mienne. Quel manque de reconnaissance putain ! C’était pourtant lui qui avait pris la lumière des projecteurs lors de la petite conférence de presse. Mais c’est le capitaine, que puis-je dire de plus si ce n’est acquiescer et attendre la punition, car j’en étais certain, il m’avait concocté quelque chose.

«  Vous allez prendre en charge le nouveau ! »

C’ était tombé, tel un couperet. Je m’attendais à pire, mais c’était quand même contraignant, assez pour que cela se voit sur ma tronche, malgré le sourire de façade. « - Par contre faudra par vous plaindre si vous avez une défection. » lançais-je en guise de conclusion. « Vous allez me le bichonner Arrow, il a des amis haut placé. » Evidemment, sinon il ne serait pas là, outrepassant les concours et toutes ces conneries que les pécores dans mon genre ont dû passer pour entrer dans la « famille. »

La journée passa à ceci près que je jouais les baby-sitters. Il s’appelait Dean, blondinet aux yeux bleus typé « Europe du nord. » En somme le genre de jeune qui aurait fait « führer » à une époque. Ok, d’accord, le jeu de mots et vraiment pourri !

«  On va aller sur le terrain un jour ? » La voix du bleu me sortit de mes pensées et du rapport que j’étais en train de taper. « - Si tu me ramènes un café, je consentirai à y réfléchir. » Il acquiesça récupéra sa veste et me demanda aussitôt ce qui me ferait plaisir. « - Un café fort, mais pas le jus de chaussette de la machine. En face du poste, il y a un Starbucks. Fais-toi plaisir ! » Il acquiesça à nouveau avant de s’éloigner pour disparaître dans l’ascenseur.

« T’es sérieux Bobby ? »

« - Bah quoi, il voulait se rendre utile alors autant en profiter. Puis je dois me tirer. J’ai reçu un texto d’un de mes indics, qui m’a fait savoir qu’on avait des VIP au « Fire Lips. » C’est un peu trop tôt pour amener le bleu sur le terrain donc je préfère le garder à bonne distance. » Je savais que Weaver n’allait pas apprécier, mais je m’en foutais. Et puis le nouveau aura d’autres occasions, mais pas ce soir au Fire Lips.

Et me voilà donc sur la route, au bord de ma vieille bagnole qui prit place sur le parking. J’étais connu comme un loup blanc ici, si bien que les deux videurs à l’extérieur, ne purent se résoudre à me refuser l’entrée. Il y avait du monde ce soir, comme toujours et il fallait avouer que le spectacle donné par les charmantes demoiselles topless, attirait tous les regards. Il savait y faire ce bougre d' Olympus. Et si je continuais à fixer ces charmantes demoiselles, nul doute que je choperai une gaule d'enfer.

Comme à l’accoutumée, je pris place au bar, le meilleur point de vue pour avoir en visu les caïds du coin venu parler potins et poudre blanche. Et quelle ne fut pas ma surprise de voir arriver le dieu de cet enfer sur terre. « - Si je voulais un verre, je l’aurai déjà commandé Olympus et merci pour l’invitation, mais tu vois les trucs privés ce n’est pas mon délire. Je préfère être au cœur de l’action. » Je le vis prendre place aussitôt que la serveuse eut apporté deux Whisky sur glace. « - Tu vas me faire la causette ? » Je pris aussitôt le verre que l’on venait de me servir avant de le reposer. Les habitudes ont la vie dure.« - Voilà maintenant tu ne peux pas dire que je suis impoli, sinon quoi je risque de m’offusquer. » Toujours est-il qu'une fois encore, je snobe le verre.

Ah Bobby, toujours dans mes pattes ce flic de merde. Malheureusement pour lui et heureusement pour moi, il n’avait aucune preuve concernant mes activités. Je recevais mon verre et je lui faisais un petit sourire en coin en écoutant sa réflexion.

- Tu t’es levé du mauvais pied ou alors tu as pris un coup si mauvais hier que ça te met en rogne? À moins que tu n’aies faim alors là je te suggère fortement le God of Hell. Je t’invite si ça peut te faire plaisir. Même si je me doute que tu préfères les pizza bon marché et les Krispy Kreme.

Je prenais mon verre en faisant signe à la fille de dégager. Hors de question de laisser ce flic de merde se promener dans mon établissement comme il le voulait sans le moindre petit mandat. Je connaissais la loi et mon avocat était à quelques chiffres de moi. Je sortais un cigare de ma poche et je l’allumais alors qu’un cendrier arrivait magiquement près de moi. Bobby me faisait rire et je lui souriais en rigolant un peu. Un brin de causette avec un flic était toujours intéressant.

- J’ai envie de te causer un peu et tu as une bonne descente. C’est une excellente chose.

Je faisais signe à la serveuse qui remplissait de nouveau le verre de mon invité. Elle repartait ensuite et je continuais de fumer en regardant le spectacle. Foutu soir de semaine sérieux …

- Toi? T’offusquer? Je serais surpris que tu ne le sois pas. Tu as la fâcheuse tendance à être susceptible mon jeune ami. Qu’est-ce qui t’amène chez moi ce soir? Tu manquais d’action au poste? Tu avais envie de voir des paysages exotiques? Ou alors ma divine présence te manquait atrocement?

Je lui faisais une petite moue avant de voir un type être un peu trop câlineux avec une de mes filles. Je faisais un signe de tête au videur qui allait directement se placer près de l’homme. J’avais des yeux partout. Si tu veux toucher, tu vas en section spéciale et tu craches les billets. Tu veux pas payer? Possible que je te casse les deux jambes sans le moindre remord ou que je te défonce la gueule.

- Tu sais, j’ai entendu dire que les japonais et les chinois préparaient un sale coup au port. Tu devrais peut-être aller mettre ton petit nez dans leurs affaires. Je ne comprendrai jamais ceux qui font du trafic de drogue.

La blague! Autant tenter de détourner son attention. Je terminais mon verre alors que les lumières changeaient d’intensité pour un show plus burlesque sur la scène. J’adorais les spectacles de ce type. C’était plus sensuel que de tourner autour d’une barre.

- Alors la famille ça va? T’as une copine ou tu fais encore la vie en solo?

Il y a des jours où je me dis, que je devrais arrêter de faire autant d’effort pour si peu de résultats. J’en étais à mon dixième jeton de sobriété, assez pour jouer au poker qui plus est. Et je continuais encore à me demander « pourquoi ? » Pourquoi ai-je tenu autant de temps ? Pour qui ? La famille de John ? Sa mémoire ? Pour moi-même ? Je ne sais pas et ça m’emmerde de ne pas savoir. L’alcool me faisait du bien, du moins c’est l’effet que ça laissait paraître. L’espace d’un instant, je pouvais prétendre à la déconnexion. J’oubliais tout, mes peurs, ma colère, mes douleurs, mon désespoir. C’est comme fermer les yeux tu sais ! Mais ce n’était qu’une impression, un placebo de délivrance avant que la réalité ne me rattrape. J’ai perdu mon meilleur ami et encore aujourd’hui je suis incapable de l’accepter. Je me sens coupable et impuissant et je crois que ma punition c’est de le ressentir chaque jour. Alors j’imagine que c’est pour ça que j’ai arrêté de boire depuis cinq ans. Pour tout ressentir et mieux me punir.

Olympus n’était pas le pire, mais pas le meilleur non plus. Et je sais qu’en plus de trouver de la poudre blanche, je pouvais aussi trouver des têtes familières, de celles que je me ferais un plaisir de coffrer moi-même le moment venu. Mais pour l’heure, j’éloignais doucement le verre de Whisky pour ne pas me tenter davantage. « - J’suis en rogne parce que j’ai marché dans la merde, mais du mauvais pied. J’suis du genre superstitieux, donc ça n’aide pas. Mais je suis touché que tu m’invites à zieuter tes protégées. Loin de moi l’idée de te vexer hein, mais je préfère une petite branlette après la pizza ananas poulet de préférence. Et je déteste les donuts, ça fait trop cliché autant que le gros dur qui s’envoie un Whisky hors de prix avec un cigare. »

Je n’avais plus besoin de l’observer, car je commençais à le cerner, assez pour savoir qu’il avait de quoi se protéger le cul et qu’il me fallait un mandat pour jouer les explorateurs et espérer « naïvement » trouver quelque chose. Il connaissait la loi, autant que je connaissais la plupart de ses habitués. Là-dessus nous étions à armes égales et puis son avocat n’était pas du genre « enfant de chœur. » Il m’avait dans le collimateur et tel un requin attiré par le sang, je sais qu'il se fera un malin plaisir de trainer mon cul jusqu’au tribunal, si l'occasion lui était donnée.

« - Causer avec un cigare dans la gueule, j’adore ! » Et telle une esclave avide d’attention, la serveuse fit glisser un cendrier à son patron pour que la cendre du cigare ne vienne pas souiller le comptoir ciré du bar. Et en un regard, la serveuse eut compris qu’elle devait mettre de la distance tandis que le propriétaire de cet enfer, savourait un cigare hors de prix.

« - Moi susceptible ?! Non du tout, soupe au lait si tu veux. Et vois-tu j’étais de passage dans le coin alors je me suis dit que j’allais passer te faire un petit coucou. Parce que de toi à moi, je suis sûr que c’est moi qui te manque le plus. Attends, je suis aux petits soins avec toi, je te bichonne… » Mais je voyais bien qu’il était ailleurs et que son regard venait de dévier sur l’une des filles se faisant accoster d’un peu trop prêt. « - Les affaires ! Mais dis-moi, les contrats de travail sont viables au moins ? Sait-on jamais, les services de l’inspection du travail sont très tatillons, surtout en ce moment. » lançais-je avec légèreté, car il savait autant que moi, que je n’allais pas le dénoncer, du moins pas de la sorte. J’avais mieux à faire que de m’abaisser à ça.

« - Si tu as des infos, autant nous passer un vrai coup de fil et te mettre à table. » J’observais à mon tour le spectacle qui prenait vie tout en gardant un œil bien avisé sur mon interlocuteur. « - Je ne cherche pas à copiner Olympus et tu le sais, tout comme tu sais que je ne vais pas lâcher l’affaire. Je m’en fous des Japonais et des gros poissons. Je vise plus petit et plus corrompu. Serais-tu prêt à fermer les yeux sur certaines pratiques ? Ose me dire que tu ne vois pas certains flics dans le coin ? De ceux qui font marcher ton petit commerce. Je vais être clair avec toi et je me fiche des menaces que tu es capable de me balancer à la tronche. Si je sais que tu laisses des pourris faire leurs petites affaires ici, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir, pour te rendre la vie impossible. Mais si tu consens à me donner des noms, peut-être que je fermerai les yeux. » Car j’étais prêt à tout pour trouver et traquer tous les pourris de la ville, mais plus encore, trouver ceux qui avaient assassiné John et tant pis si je devais pactiser avec le diable en personne pour y parvenir.

Est-ce que je narguais ce poulet? Totalement. Est-ce que ça me rendait heureux? Absolument. J’aimais jouer avec les nerfs de Arrow. C’était un petit plaisir que je m’offrais quand il venait me rendre une de ses fameuses visites de courtoisie. Je faisais une moue alors qu’il parlait des clichés. Je l’aimais bien moi mon whisky et mon cigare.

- Oh tu me fais de la peine Bobby. Ma pauvre estime de moi en est lourdement atteinte. Tu n’as pas honte?

Ma serveuse glissait un cendrier pour éviter que je ne foute de la cendre partout. Je continuais de fumer en rigolant. Il était assez marrant le flic. Dommage qu’il était du mauvais côté de la barrière. Il aurait été un super atout dans mon équipe, mais c’était différent tout simplement. J’étais le mal et il était la voix de la justice. Je ne faisais pas attention à son allusion à mon cigare. J’étais chez moi ici et mes permis d’alcool et de fumoir étaient en règle sans le moindre soucis. J’étais occupé à observer un client un peu trop intense avec une fille avant que Bobby ne me parle des contrats de travail. Je le regardais dans les yeux.

- Tu me manques toujours. J’aime quand tu viens me voir mon cher «ami». Concernant les contrats de travail, ils sont légaux et nous avons fait des vérifications sur l’âge des filles. Elles sont toutes majeures contrairement à ce que tu pourrais croire. Certaines aiment le fric facile durant les études universitaires. Tu veux que je te file le numéro de mon comptable? Ah non tu l’as aussi avec celui de mon avocat.

J’avais tenté de changer de sujet en parlant d’une affaire avec les japonais. Il n’était pas tombé dans le panneau malheureusement. Cela aurait trop facile aussi. J’écrasais mon cigare en terminant mon verre qui contenait des glaçons maintenant.

- Moi? Me rendre au poste de police pour faire des divulgations. Tu es en service que je sache, tu n’as qu’à sortir ton petit carnet et prendre des petites notes. Tu dois savoir mon numéro de permis de conduire par coeur. Concernant tes petits copains flics corrompus, ça fait un sacré bout que je n’ai pas vu d’échange dans le coin. J’ai horreur des poulets qui ne se mêlent pas de leurs affaires et tu devrais le savoir Bobby. Mais si tu veux que j’ouvre les yeux sur certaines affaires plus adéquatement tu devras me foutre la paix un peu et aviser avant de finir faire une petite visite de courtoisie comme tu aimes les faire.

Oh j’avais déjà une petite liste avec quelques noms. Certains étaient liés à moi, mais je ne donnerais pas ceux-là. Mes concurrents s’amusaient à venir sur mon territoire et je pouvais facilement les descendre avec les informations ou les preuves que j’avais. Le pire, c’était que le tout était sur une clef USB dans le coffre-fort de mon luxueux appartement.

- En attendant que tu te décides à choisir, j’ai entendu une rumeur concernant Wenda Darwin. Elle aurait mis la tête de son ex-mari à prix. Cette femme semble prête à tout pour avoir le fric de ce dernier. Tu devrais peut-être discuter avec elle, mais tu fais ce que tu veux. Tu es un grand garçon.

Un de mes videurs sortaient un client assez rudement et ma serveuse offrait un verre d’eau à mon ami le policier.

Qu’on se le dise, je suis tout à fait le genre de type à mettre les pieds dans le plat. Les formules de politesse c’est moyennement mon truc. A quoi bon perdre son temps à lécher des culs pour avoir ce que l’on veut ? Autant y aller franco. Au pire ça casse, au mieux ça passe. J’aime tellement la formulation de cette phrase que je devrais à l’avenir, la transformer en mantra. Why not ? Pour l’heure, je devais m’occuper d’Olympus. Je ne désespérais pas de le coincer un jour. Certains pourront dire que l’espoir fait vivre, ça me laissait donc une sacrée réserve de mortalité dans ce cas. Mais bien plus que l’espoir, j’avais la certitude d’un jour y parvenir. Pour l’heure, je devais seulement me contenter de venir lui rendre quelques visites de courtoisie, qui je l’espère, pourraient à la longue mettre un coup de frein à son trafic.

« - Si tu savais ce que j’en ai à foutre de ton estime. » Il était tellement un cliché sur patte, qu’il ne manquait plus que le « Stetson » de cow-boy pour compléter la panoplie. En attendant, le magnat de la poudre blanche se fumait tranquillement son petit cigare, sans même se soucier de mon inconfort quant à cette putain de fumée qu’il prenait un malin plaisir à m’envoyer à la tronche. Les serveuses en étaient rendues à lui apporter le cendrier avant même que la cendre ne se répande sur le bar. Il aurait claqué les doigts que cela aurait été pareil. Et après c’est moi qui suis affublé du rôle de mufle avec les femmes. Quel spectacle ! Autant que celui du chien de garde qui fixait avidement un client un peu trop tactile avec la marchandise. Je voyais bien que cela agacé Olympus, à l’inverse de ma remarque sur les contrats de travail. Il connaissait la procédure, assez pour oser me narguer comme toujours.

« - Oui j’ai tout ce qu’il faut. Sauf si tu as encore changé de comptable. D’ailleurs, on ne peut pas dire qu’ils fassent long feu par chez toi ces derniers temps. » Et le voilà rendu à tirer avidement sur son cigare hors de prix, sûrement cubain. Pour ensuite écraser ce qu’il en restait dans le fond du cendrier tout en achevant son verre. Parler du cartel japonais était une bonne manœuvre, mais pas assez pour que je tombe dans le panneau et que je ne lâche l’affaire. Et peu importe les intimidations, ce type ne me faisait pas peur. D’ailleurs, il m’en fallait bien plus qu’un pseudo mafieux, typé gros malabar avec son cigare cubanos dans la bouche et le verre de Whisky qui va avec. Il m’énervait au plus haut point, mais je tâchais de garder le contrôle et de ne rien laisser paraître, tel l’excellent joueur de poker que j’avais pu être par le passé.

« - Si tu me connaissais un tant soit peu, tu saurais que je ne suis pas de ceux qui se traînent un petit carnet dans la poche et qui prennent leurs petites notes pour faire croire à qui veut l’entendre, qu’ils bossent. Je sais que tu as des noms Olympus et que tu les couvres pour ton petit profit personnel. C’est toujours bien d’avoir de la flicaille dans la poche hein ? » Et si je pouvais éradiquer cette espèce de « flics » je le ferais. C’était mon combat depuis des années. J’avais beau être un connard, je n’en demeurais pas moins intègre ( à l’excès peut-être) et j’avais une tolérance zéro pour les pourris, Olympus, le savait et se jouait impunément de moi.

« - Aux dernières nouvelles Olympus, je suis aux stups, pas à la criminelle. Dis-moi, juste comme ça, cette Wenda ne serait-elle pas une femme d’affaires qui te pose problèmes ? » Je vis alors l’un des molosses sortir un type, celui qui s’était montré un peu trop entreprenant avec l’une des danseuses, tandis que la serveuse au cendrier, déposait devant moi, un verre d’eau en pensant peut-être que cela allait suffire à calmer mes ardeurs.

« - Je t’apprécie tellement Olympus que je pense venir aussi faire un petit tour dans le restaurant de temps en temps pour te rappeler que je serais toujours là pour te casser les couilles et qu’importent ton pouvoir et tes relations, je continuerai à faire mon boulot. » Délaissant le verre d’eau et prenant le temps de réajuster ma veste, je me levais ensuite. « - Tu peux faire ce que tu veux dans tes entreprises, je m’en branle. Mais je serais intransigeant sur le fait que tu protèges des pourris. Sur ce, je vais te laisser, j’ai quelques détours à faire. Passe une bonne soirée Olympus ! A très bientôt sûrement »