Samedi 18 janvier 2014

La semaine avait été en rebondissement pour Emilio. Tout d'abord, il y avait eu ces bruits qui avaient attiré la population de Storybrooke vers le centre, juste en face du poste de police. L'adolescent s'était posé pas mal de question mais suite à sa rencontre ce mercredi après-midi avec Isaac, tout était devenu plus clair à présent. Des personnages de conte, voilà ce qu'étaient la plus grosse partie des Storybrookiens. Il avait été surpris et à la fois ravi. Qui ne serait pas content d'apprendre qu'il vivait dans la même ville que ses héros d'enfance ? Cependant, il n'en avait pas tout parlé à sa sœur Chloé. Mais cela ne saurait tarder car ils avaient reçu ... Enfin toute la ville avait reçu un carton d'invitation pour fêter noël malgré le retard. Emilio avait décidé d'y aller. Il s'était dit que ça serait sympa de faire un peu plus connaissance avec tout le monde, même si en fait, il savait déjà un peu qui était qui mais pour certains, comme Aladdin et Jasmine par exemple, seulement de noms. Il n'avait aucune idée à quoi le petit couple ressemblait.

Le jeune homme avait décidé d'aller voir son professeur d'escrime. Il avait bien senti la veille que Mr Spook n'avait pas l'air d'être dans son assiette quelques jours après sa sortie de prison. Le gamin avait pensé lui rendre visite pour lui remonter un peu le moral. C'était l'une des premières personnes à se montrer sympa avec lui quand il était arrivée avec sa famille. et en plus, il avait appris à manier une épée dans le plus pur style médiéval, chose qu'il n'avait jamais fait avant.

Visiblement, ce jour-là, il n'y avait pas cours. L'adolescent n'avait aucune raison mais en fait si : il avait juste envie de changer un peu les idées de son prof préféré. Non, sérieusement, il adorait Méléagant. Et en même temps, il voulait savoir s'il allait venir à la fête organisée par la nouvelle maire. Cela aussi pourrait lui changer un peu les idées. Bon, et puis, c'est vrai qu'il ne connaissait pas trop la vie d'Edwin bien qu'il se doutait qu'il devait venir du monde des contes mais sans en connaitre la véritable identité.

Arrivé devant le "Sword Bridge", il entra comme s'il venait pour s'entrainer mais au lieu de se rendre au vestiaire, il se rendit directement à l'appartement du propriétaire des lieux. Ce dernier se trouvait au dessus de l'école d'escrime.

- Mr Spook ? demanda le jeune homme en toquant. Je ne vous dérange pas ?

Je ne voulais voir personne. Dès que Regina m’avait laissé sortir de prison, je m’étais précipité chez le Chapelier pour lui demander un aller-retour à Gorre pour prendre des dispositions avec ma cour pour assurer la régence le temps que je retrouve mes esprits. Ma mère s’était tout naturellement proposée à la régence et je n’avais guère pu le lui refuser. Elle saurait bien mieux que moi calmer les esprits après que certains de mes chevaliers aient décidé de quitter mon service, me jugeant déshonorable. Elle approuva ma décision de prendre quelques temps pour moi et me souhaita de bien me reposer.

De retour à Storybrooke, après avoir payé mon voyage au Chapelier, je m’étais enfermé chez moi, annulant tous les cours d’escrime que je devais donner, et je m’étais mis à ranger les fausses affaires de ma défunte épouse. Tous les faux souvenirs implantés par Regina se mêlaient aux vrais et la douleur dans mon cœur n’avait fait que s’intensifier. Je me souvenais de Roxanna dans le Val des Faux Amants, mais aussi dans la forêt de Storybrooke en train de prendre des photos, je la revoyais assise à mes côtés lors de mon couronnement, mais aussi en train de boire un café, vêtue uniquement d’une de mes chemises. Tout ceci était une véritable torture, rendue pire par l’espoir que m’avait donné Hadès de la revoir et de la ramener.

Ce samedi, je ne m’étais levé de mon lit que pour me traîner vers mon canapé. Je mangeais à peine, passais le plus clair de mon temps à dormir, je ne me rasais pas. Il était bien beau, le roi de Gorre, le Chevalier Noir de la légende ! Aujourd’hui j’avais pris une douche et avais aéré l’appartement, ce qui était déjà bien.

Le son des coups sur la porte m’arracha un grognement, mais je me levai, mis une chemise propre et allai voir qui toquait. Un coup d’œil dans le judas de la porte m’informa qu’il s’agissait d’Emilio Caudron, l’un de mes élèves. Sans vraiment savoir pour quelle raison, sa présence me fit sourire doucement. Je déverrouillai la porte et l’ouvrit, sans pour autant le laisser entrer pour le moment.

« - Salut, Emilio, tu vas bien ? On avait cours aujourd'hui ?

Je ne m’étais pas regardé dans un miroir depuis plusieurs jours et cela devait se voir à mon accoutrement et à mon visage. Mes cheveux étaient en bataille, ma barbe frôlait l’hirsutisme et j’étais pâle. Mes yeux aux iris noirs étaient rouges des larmes que j’avais versées. Je n’avais pas fière allure.

Samedi 18 janvier 2014

Depuis ce fameux jour, il n'y avait pas eu le moindre cours d'escrime et Méléagant s'était enfermé chez lui pendant des jours après son retour de la Forêt Enchantée. De plus, il n'y avait pas eu d'explications, ni de dates pour la reprises des cours. Cela avait beaucoup inquiété Emilio. Il n'avait pas été habitué à ça lors de son inscription. En général, quand son professeur d'escrime annulait les cours, il y avait justement une explication (pas forcément dans les moindres détails) mais les élèves savaient quand les cours reprenaient. Bon, cela ne faisait pas longtemps que le jeune belge était à Storybrooke. Il ne le savait que par l'un de ses camarades d'escrime. N'empêche, il était inquiet pour Méléagant. Il ne savait pas réellement ce qu'il s'était passé le jour où le roi de Gorre avait été envoyé en prison après la bataille.

Quand l'adolescent était arrivé, il avait frappé à la porte de l'appartement situé au-dessus de l'école d'escrime, attendant que son prof vienne lui ouvrir. Lorsque Méléagant ouvrit enfin la porte, Emilio fut surpris de l'apparence de ce dernier. Le prof avait les cheveux en bataille alors qu'il était toujours bien coiffé, la barbe plus volumineuse que d'habitude et il avait le teint pâle. Mais surtout, ce qui intrigua le jeune homme, c'étaient les yeux noirs un peu rougis. Avait-il pleuré ? Cela inquiéta encore plus l'adolescent.

« - Salut, Emilio, tu vas bien ? On avait cours aujourd'hui ?
- Euh non. Justement, vous les aviez annulés depuis quelques jours mais vous n'aviez pas donné de dates pour la reprise. Moi, ça va mais par contre, vous, ça n'a pas l'air d'être le cas.

Qu'est-ce qui avait bien pu le mettre dans un état pareil ? Emilio était peiné de la voir ainsi. Quelqu'un devait lui manquer, ça ne faisait aucun doute. Le gamin se rappela comment il s'était senti à la mort de son père. Il s'enfermait dans sa chambre dés qu'il le pouvait, y compris après leur déménagement temporaire à New York, chez ses grands-parents maternels. Mais Storybrooke lui avait redonné le sourire et l'envie d'avancer avec le sourire.

- Je peux faire quelque chose pour vous ? Vous remonter le moral, discuter ou ce qui vous ferait du bien. Parler, ça fait du bien. Je le sais parce que ... (un air triste passa sur le visage de l'adolescent) Parce que j'étais dans le même état y a quelques mois.

Il sentit sa gorge se serrer à la pensée de son père décédé. Bien que ça ne faisait qu'environs cinq mois que celui-ci était mort, il lui manquait encore fort. Cependant, la douleur de son éternelle absence était encore bien présente.

« - Oh, c’est vrai ? J’ai dû oublier, désolé. Tu veux entrer ? »

Mensonge. Encore un mensonge. J’avais fait exprès de ne pas donner de date pour la reprise des cours, ne sachant pas de combien de temps j’aurais besoin de pour me remettre en selle. Et puis, je n’étais pas sûr que des élèves viendraient à des cours donnés par un traître. Comment faire confiance à un homme qui avait trahi sa parole pour se lier au Dieu des Enfers ? Les gens ignoraient bien sûr la raison de ma trahison et je n’étais pas convaincu qu’ils m’auraient moins haï s’ils avaient su. Et cet acte qui faisait de moi un paria n’avait servi à rien. J’avais été idiot et je devais maintenant en payer le prix. J’aurais été prêt à tout sacrifier pour revoir la femme que j’aimais, pour qu’elle puisse échapper au supplice qu’elle devait subir au vu de ce qu’elle avait vécu. Non qu’elle était été une horrible personne quand elle vivait, mais la trahison de son premier amour et la perte de leurs enfants avait hanté toujours hanté ses cauchemars. Elle avait le sentiment d’avoir échoué dans son rôle de mère et de fille de roi, ayant trahi son père et échoué à protéger ses enfants. J’espérais vraiment pouvoir la sortir de là et vieillir à ses côtés.

Emilio semblait vraiment inquiet pour moi et m’en fit part. Je souris tendrement. Sa sollicitude me toucha beaucoup. Le garçon était vraiment adorable et malgré la culpabilité qui était la mienne depuis quelques jours, je souris doucement en le voyant. Je m’écartai pour le laisser entrer et refermai la porte derrière lui. L’état de mon appartement jurait un peu avec mon propre état, rien ne traînait, tout était bien rangé , si ce n’était les quelques cartons que j’avais remplis des fausses affaires de Roxanna. Je ne savais pas du tout ce que je devais en faire

« - Tu veux boire quelque chose ? Je peux préparer du thé, du café, ou je dois avoir du soda ou du lait. Oh, j’ai peut-être de quoi préparer des chocolats chauds, si tu veux ! »

J’avais envie de lui faire plaisir. C’était le seul habitant de Storybrooke qui ne me voyait pas comme un traître ou un lâche et s’inquiétait de ma santé. Je me disais que discuter un peu autour d’une boisson ne nous ferait pas de mal.

« - Si je puis me permettre, qui… qui as-tu perdu ? »