Pour être un bon flic aux stups, je devais garder la forme. C’était ma survie qui en dépendait. J’allais à la salle tous les jours et trois fois par semaine, je faisais un parcours dans Central Park avec mes écouteurs sur les oreilles. Il était donc très tôt le matin. Le soleil qui se levait dans le parc donnait une vue magnifique. L’orangé du soleil qui passait au travers des feuilles. Le moment où les animaux sortaient un peu malgré la ville pour profiter. C’était le moment parfait. J’étais donc partie de mon petit appartement en prenant mon pick-up et je m’étais stationné près de l’une des entrées. Je portais un pantalon de sport et une camisole noire. J’avais attaché mes cheveux comme d’habitude avant de mettre mon brassard avec mon téléphone pour éviter de le perdre. Je m’étirais lentement en m’appuyant contre mon véhicule. Peu de gens utilisaient un véhicule, mais j’en avais besoin pour le travail. La radio de service avait été installée à l’intérieur depuis quelques semaines donc c’était plus que parfait.

Je regardais ma liste de chanson avant de choisir un medley des années quatre-vingt. Je me mettais alors à courir en étant dans ma petite bulle. Je respirais le peu d’air pur qu’il pouvait y avoir dans cette ville. C’était ici que je me sentais le mieux. Non … En vérité, je me sentais parfaitement bien lorsque je sortais avec des potes et que nous allions en montagne. Là-bas, je me sentais parfaitement bien. Je me sentais libre et rempli d’un calme que j’avais de la difficulté à ressentir. Mon partenaire s’était pris une balle alors qu’il n’était pas en service. Pourquoi et par qui ? Bobby était comme un père pour moi. Moi, qui n’étais rien d’autre qu’un orphelin et qui ignorais tout de l’identité de mes parents. J’avais pourtant fait mes propres recherches au poste de police sans être en mesure de savoir leurs identités. Abandonné sans le moindre mot. Aucune trace de mes antécédents médicaux ou ce genre de chose. J’augmentais la vitesse en sentant la rage me prendre. Cette colère qui montait parfois sans que je puisse l’expliquer. Ce sentiment d’abandon profond qui me rongeait en silence.

Étrangement, j’avais rêvé d’une jeune femme. Une jolie brune qui me souriait dans une épicerie. Une sorte de songe étrange avant que je l’embrasse dans une cuisine. J’ignorais qui elle était et tout semblait différent dans mon rêve. J’avais peut-être croisé cette dernière dans un bar ou quelque chose du genre ? Je continuais de courir jusqu’à finalement stopper plutôt violemment. Quelqu’un se tenait au milieu du sentir et je l’avais heurté de plein fouet. Il faut dire que j’avais tout de même une certaine carrure. Je me retrouvais donc le nez dans la poussière et la roche fine avant de relever les yeux. Une jeune femme. Ah fait chier sérieux.

- Ah merde … Je suis désolé ! Vous allez bien ?

Je m’approchais d’elle pour m’assurer qu’elle n’était pas blessée. Je ne remarquais pas son appareil photo dans l’immédiat j’étais bien trop préoccupé à savoir si elle était blessée ou non par ma faute.

- J’étais perdu dans mes pensées. Je suis vraiment désolé mademoi… selle…

Son regard qui venait de se fondre dans le mien. Comment était-ce possible ? C’était la femme de mon rêve non ? Est-ce que j’avais des hallucinations ?

Central Park est le lieu parfait pour faire des photos. La nature se mêle aux constructions humaines, animaux et humains se croisent parfois. On peut y voir le beau et le moins beau, la douceur et la brutalité. Je commence par prendre un petit écureuil en photo pendant qu'il grignote sa noix au pied d'un arbre avec en arrière plan une petite place avec en son centre une fontaine et plein d'humains qui se baladent sans faire attention à ce qui les entourent. Je me dirige ensuite vers Sheep Meadow pour prendre en photo toutes les personnes assises face aux buldings. Cet endroit grouille toujours de monde et je peux être sûre d'enregistrer sur ma carte SD des choses qui sortent du naturel, des choses qu'on ne devrait pas voir, comme un type qui se cure le nez, ou un voleur qui fait le sac d'une dame. J'ai fait des clichés assez sympa parfois.

Aujourd'hui je me laisse porter par le courant, porter par le vent presque. J'erre sans but, sans avoir rien prévu. J'ai juste ressenti le besoin de sortir aujourd'hui, et de me rendre ici, comme si quelque chose d'important allait arriver. Je me dis que je vais peut être faire une photo incroyable qui me rapportera une petite fortune. Pour l'instant je ne suis pas encore tombée sur quelque chose de sensationnel. A part quelques animaux et un couple de personnes âgées je n'ai rien trouvé à immortaliser.

Soudain, je trouve quelque chose de joli à prendre. Un petit moment magique entre un enfant et un écureuil. Le petit garçon est accroupi dans l'herbe et le petit rongeur est posé à côté de lui, tenant avec ses minuscules pattes les doigts de l'enfant qui lui donne à manger. Le visage de cet enfant est radieux et son sourire d'une innocence incroyable. Je pose un genou à terre et règle mon appareil, je suis sur le chemin mais pas au milieu pour ne pas gêner les gens qui se promènent. Je règle l'angle, le zoom, les couleurs. J'essaie de rendre flou l'arrière plan. Et je prends la photo parfaite. Fière de moi je me redresse et regarde l'image que je viens de prendre. Plus rien n'existe autour de moi, je suis bien trop concentrée sur mon appareil photo quand soudain le monde autour de moi chavire. Une force inconnue me rencontre et je me retrouve à terre, en lâchant mon précieux outil de travail. Je regarde autour de moi et je me rends compte que c'est un homme qui m'est rentré dedans.  

- Ça va ne vous en faites...Eh merde...

Soudain je vois mon appareil photo... Eh merde... Mon objectif est cassé... Cela va me coûter une petite fortune de le faire réparer... Je me penche pour ramasser tous les morceaux en soupirant puis me redresse pour faire face à l'homme. Je fronce les sourcils quand je le vois hésiter sur le dernier mot. Puis je croise son regard, et je n'ai qu'une envie, le prendre en photo, il a un regard surprenant, un regard époustouflant, un regard si profond... Qui est-il ? Et pourquoi est-ce qu'il me regarde de la sorte ?  

- J'aurais du faire plus attention et ne pas rester immobile sur le chemin, c'est de ma faute.

Je le regarde un peu mieux. Je n'ai jamais croisé cet individu et pourtant j'ai comme une sensation de déjà-vu. Mais je n'arrive pas à savoir où j'ai bien pu déjà le voir.

J’étais complètement ailleurs. J’étais tellement dans ma petite bulle que j’avais foncé droit dans cette femme. Il faut dire que je faisais quand même un certain poids en muscle. L’attérissage avait fait mal, mais j’avais connu pire. J’avais l’intérieur des mains écorchée, mais ça allait. Je pourrais me servir de mon arme de service sans le moindre problème. J’aidais la femme à se relever car je voulais m’assurer qu’elle allait bien. C’était le plus important. Je remarquais finalement son appareil photo et je commençais à l’aider à ramasser les morceaux. Merde… Ça coûtait une petite fortune ce genre d’appareil. Je me sentais comme un imbécile en ce moment. Il faut dire que je ne m’attendais pas à ce que quelqu’un se retrouve au milieu du sentier pour courir. Généralement, les photographes se placent plutôt sur les côtés. Une erreur chacun de notre côté il faut croire.

Mon regard se fondait dans le sien. J’avais hésité à la fin de ma phrase. Elle était sublime et j’étais presque certain que c’était la femme que j’avais croisé dans mes rêves. On ne pouvait pas oublier des yeux pareils.

- J’aurais sans aucun doute dû regarder devant moi. C’est de ma faute également. Je vais vous rembourser pour les dommages de votre appareil.

J’étais sincère. Je n’allais pas la laisser dans la merde. J’avais un peu d’argent de côté pour profiter de mes soirées avec des potes et je boufferai les petits plats congelés de mamie Lou tout simplement. J’avais de plus en plus l’impression de la connaître. C’était étrange. Il faut dire que j’étais policier donc je pouvais l’avoir croisé pas mal n’importe où. J’essuyais mes mains sur mon short avant de regarder autour en posant mes mains sur mes hanches mal à l’aise.

- Bon … On fait quoi alors ? Je vous invite à prendre un café pour réparer ma connerie. C’est la moindre des choses.

Je n’avais plus envie de courir. J’avais envie de me laver les mains et prendre quelque chose à boire et pourquoi pas un truc à manger. Je tournais le regard vers un oiseau qui se posait sur une branche avant de regarder le sentier.

- Mon pick up est dans le stationnement. Je vous promets que je ne suis pas un gros lourd hein. Je m’appelle Dean Scott.

Je lui tendais la main avant de la retirer en m’excusant. J’avais un peu de sang et ce n’était pas hygiénique. Je ne pensais pas avoir de maladie, mais tout de même ce n’était pas intéressant de se retrouver avec le sang d’un inconnu sur les mains et je savais de quoi je parlais.

Mon dieu que j’ai été idiote. Je sais bien que je ne dois pas rester au milieu du chemin. Mais je voulais tellement faire cette photo que j’ai pris un petit risque… Et finalement quelqu’un m’est rentré dedans. J’aurais vraiment dû m’y attendre. Mais je ne me serais jamais attendu à ce que ce soit un charmant jeune homme qui me fasse tomber. Son regard est si profond que je pourrais m’y perdre.  

- Nous sommes fautifs tous les deux. Je ne peux pas vous laisser me rembourser les réparations de mon appareil. Cela ne serait pas très honnête de ma part.

Surtout que cela risque de revenir assez cher. Je ne connais pas cet homme et je ne veux vraiment pas de son argent. Cela me gêne bien trop.

Il me propose alors d’aller boire un café. Je compte bien accepter. J’ai envie d’en savoir plus sur lui… Il m’intrigue beaucoup. Et puis… Je ne sais pas… J’ai l’impression de le connaître mais je ne sais pas du tout d’où. Son regard me dit quelque chose mais je n’arrive vraiment pas à mettre le doigt dessus… Alors autant faire plus ample connaissance avec cet homme. Cela me reviendra peut-être plus tard.
 

- J’accepte volontiers votre proposition pour boire un verre. Et ce n’est pas votre connerie, nous n’avons pas fait attention tous les deux comme je l’ai déjà dit.

Je lui souris puis je suis son regard. Il observe l’oiseau que j’ai pris en photo et qui a fait que nous nous rencontrions lui et moi. Je suis très contente d’avoir réussi à le capturer avec mon appareil.

- Enchantée de vous rencontrer Dean. Je m’appelle Lexie Septune. Et si jamais vous êtes un gros dur sachez que j’ai une bombe au poivre dans mon sac et que je sais m’en servir. Mais je ne pense pas en avoir besoin avec vous.

Je me retiens de rire. Et de lui avouer que je n’en ai pas du tout dans mon sac et que même si j’avais réellement une bombe je n’aurais pas osé m’en servir sur lui. Et encore moins lui en mettre dans ses yeux si beaux.

Il veut m’aider à me relever mais se rend compte qu’il a du sang sur sa main. Je me redresse donc toute seule. Il a l’air d’être un gentleman qui fait attention aux choses qui l’entourent et aux gens. Il me plait bien lui.

Une fois debout je termine de tout ramasser et fourrer dans mon sac avant de le suivre jusqu’à son pick-up. Je regarde l’intérieur, petite curieuse que je suis, et je vois une radio. On dirait celle qu’utilise la police… Qu’est-ce qu’il fait avec ce genre de truc?

- Avez-vous de quoi désinfecter vos blessures? Et nettoyer tout ce sang? Je ne peux pas vous laisser dans cet état.

Je n’y ai pas pensé sur le coup mais effectivement il faut qu’il soigne ses blessures pour éviter que cela ne s’infecte. Je m’en voudrais si cela venait à s'aggraver et puis c’est à cause de moi en partie s’il s’est fait mal.

Lexie était complètement hypnotisant. Je ne pouvais pas dire ce qui m’attirait exactement chez elle, mais j’avais l’impression de la connaître depuis un moment. Mon coeur battait plus fort dans ma poitrine et je sentais ce besoin de la garder près de moi et de la protéger. Je ne saurais pas dire pourquoi, mais c’était ainsi tout simplement. Elle refusait de me laisser lui rembourser les réparations de son appareil, car elle jugeait que nous étions tous les deux fautifs. À mon sens, pas vraiment, mais j’allais tout de même faire ma part. La moitié du montant si elle jugeait que nous étions tous les deux dans le tort. Je marchais avec un petit sourire en coin. Les présentations étaient faites et je me sentais bien. Je me mettais à rigoler alors qu’elle me traitait de gros dur.

- Vous n’aurez pas besoin d’utiliser votre poivre avec moi Lexie. Je ne suis pas un méchant.

Non, j’étais même un gentil. J’étais un homme qui combattait le crime, mais ça, elle ne le savait pas encore. Je marchais avec elle jusqu’à mon pickup et je déverrouillais les portières avec la clef. Il n’était pas neuf, mais il était hautement pratique lorsque je voulais sortir de la ville pour aller dans la forêt ou les montagnes. Je le prenais lorsque je faisais cavalier seul sur le terrain. Bobby avait horreur que je conduise. C’était lui le chef et le maître de la situation comme il aimait si souvent me le rappeler.

- Oh oui ! J’ai une trousse sous le siège passager.

J’ouvrais la petite portière pour prendre la trousse sous le siège. Pratique autant le sur le terrain que lorsque je me rendais en montagne. Je l’ouvrais avant de prendre des lingettes désinfectantes pour essuyer mes mains. Ce n’était que des égratignures au final, je n’allais pas mourir de cette aventure. Je souriais en coin alors qu’elle portait son regard sur la radio de police.

- C’est intrigant non ? Qu’est-ce qu’une radio officielle de la police de New York peut bien faire dans un véhicule pareil ? Je me pose bien la question.

Je la taquinais un peu en faisant un clin d’oeil. Je terminais de soigner mes blessures avant de jeter les compresses et les lingettes dans une poubelle tout près. J’étais comme neuf en cet instant et je remettais la trousse sous le siège. Cette fois, je pouvais donner la main à la demoiselle pour l’aider à grimper dans le 4x4 beaucoup trop gros pour cette ville. Je fermais la porte et j’allais du côté conducteur avant de me mettre en route. La radio de service se mettait immédiatement en marche. Je baissais le son, car je ne travaillais pas aujourd’hui. Je restais
tout de même à l’écoute sans le vouloir.

- Je ne l’ai pas volé si vous vous posez la question. Je suis flic. Je travaille au département des stups et avant j’étais sur la patrouille. Vous voyez Lexie, ce n’est pas moi le méchant. Vous faites quoi comme boulot ? Photographe ?

Petit clin d’oeil alors que je tournais le coin d’une rue après avoir mis mon clignotant. Je m’intéressais à elle. C’était étonnant, car j’avais l’habitude de me foutre pas mal des gens en général. Elle, j’avais envie de la connaître et de passer du temps en sa présence.

Pourquoi cet homme ne me fait pas peur ? Pourquoi ai-je accepté sans souci d'aller boire un verre avec lui et de monter dans son véhicule ? Je suis quelqu'un qui a confiance en elle et qui aime plaire mais je n'ai encore jamais fait cela. Cela ne se passe pas comme cela habituellement avec les hommes que je rencontre. Et pourquoi ai-je autant l'impression de le connaître ? C'est vraiment très étrange comme sensation. Et son rire... Son rire est si agréable à entendre. Il me donne des petits papillons dans le ventre et c'est plaisant.   

- Vous n'avez pas l'air méchant il est vrai... Vous m'avez même plutôt très sympathique.

Et très charmant. Oui charmant et sexy même j'ai envie de dire, enfin de penser, car je ne lui dirais pas.

Je pensais l'aider à se soigner les mains mais au final il le fait tout seul. Je le regarde faire, ne pouvant détacher mon regard de son corps. Je regarde les gestes de ses mains, mais mon regard dérive facilement vers son torse, pour regarder sa musculature. Je me mordille involontairement la lèvre inférieure. J'espère que je n'ai pas rougi. Je me rends compte que je n'ai rien dit depuis quelques secondes déjà. 

- Vous êtes bien équipé on dirait pour les petits bobos.

Et bien équipé en matériel de police on dirait. Il est soit policier, soit c'est un petit bandit, ou encore un homme qui aime écouter les appels radios de la police. Mais pour se fournir ce matériel je ne sais pas comment il a pu faire s'il ne fait pas parti des forces de l'ordre... Je le vois me sourire. Il a compris que je me pose des questions sur ce qui se trouve dans son pick-up. Et il vise juste, je trouve cela très intriguant.

- J'étais justement entrain de me poser la question...

Son clin d'oeil me fait rougir et me donne chaud. C'est vraiment très sexy... Lorsqu'il va à la poubelle pour jeter les compresses j'en profite pour regarder son dos, bon d'accord, ses fesses. Et je ne suis pas déçue du spectacle. Mais la timidité se fait ressentir un petit peu, sans doute parce qu'il me plait bien et que j'ai peur de faire ou dire quelque chose qu'il ne faudra pas.

Je le laisse me prendre la main pour m'aider à monter dans son véhicule. Je pense que j'aurais pu réussir toute seule mais c'est plus sympathique d'avoir de l'aide. Je pose mon sac à mes pieds et attache ma ceinture. La radio de police se met en marche et je sursaute ne m'y attendant pas du tout. Il baisse le son mais ne l'éteint pas. Je me demande pourquoi. S'il est policier il est peut-être en service... Il me confirme alors qu'il est bien policier. Il bosse dans un truc qui a de l'action il me semble.

- Je me disais que vous étiez peut-être un bandit ou alors un policier. Je préfère la deuxième option personnellement et je suis ravie que cela soit le cas. Vous faites un métier dangereux mais passionnant. Je suis effectivement photographe. Je donne certaines de mes photos à des journaux lorsqu'elles sont assez chocs, et parfois j'en donne à des galeries parce que je trouve de jolies paysages ou des choses qui détonnent avec le monde qui les entourent. C'est pour cela que j'étais au milieu du chemin. J'essayais de prendre quelque chose que j'avais vu et que je voulais immortaliser...

Un nouveau clin d'oeil de sa part. Je prends une grande inspiration et me détend un peu, regardant le paysage et surtout regardant mon chauffeur. Il a un je ne sais quoi dans le regard, que j'aurais bien aimer immortalisé si mon appareil n'était pas cassé... Il est d'une beauté naturelle, d'une assurance, d'un je ne sais quoi qui le rend encore plus beau.

Je me sentais à l’aise et c’était une chose assez rare devant une femme. J’avais beau avoir vingt-deux ans, je n’avais jamais eu de relations intimes avec une femme. J’étais pourtant bien attiré par ses dernières, mais ça n’avait jamais été le bon moment ou la bonne personne. J’espérais bien trouver celle qui allait me donner envie de me lancer un jour pourtant. Je ne voulais pas rester puceau toute ma vie. Je soignais donc mes blessures avant de sourire en coin aux propos de la charmante demoiselle.

- Ouais, je suis bien équipé en effet. Avec mon boulot et mes activités de détente, je reste assez prudent. Ça ne prend pas de place et c’est toujours pratique à avoir. Enfin … Pour ceux qui font des trucs comme moi.

Je commençais déjà à m’emmêler les pinceaux en lui parlant. Je me trouvais un peu con alors que nous nous installions pour prendre la route vers ce café. Je conduisais prudemment et j’avais bien compris que la radio l’intriguait. Le bruit l’avait fait sursauter. Lorsque l’on n’avait pas l’habitude, ça pouvait être un véritable enfer à entendre. J’avais donc baissé le volume pour mieux discuter avec la dame malgré mon oreille attentive à ses propos. Je me sentais à l’aise avec cette dernière même si j’avais l’impression que le coeur allait me sortir de la poitrine. C’était tellement étrange. Je lui dévoilais donc mon boulot rapidement histoire que le mystère soit effacé de son esprit.

- Les seules photos que je suis capable, ce sont celles avec mon cellulaire et encore, je ne suis même pas capable de faire adéquatement le focus. Heureusement que ce n’est pas moi qui bosse sur les scènes de crimes, nous serions bien dans la merde. Notre rencontre a été assez frappante. J’espère que vous avez obtenu votre photo par contre. Ce serait dommage de l’avoir perdue surtout si c’était un moment captivant.

Je lui souriais en coin avant de prendre un autre virage. J’adorais le quartier italien. Il y avait des supers cafés là-bas et rien à voir avec un putain de Starbucks. Je me stationnais finalement le long du trottoir avant d’appuyer mes avant-bras sur le volant en la regardant. Je pointais un café d’un signe de tête.

- Le café est juste ici. Mon Italien est complètement nul, mais je vous promets qu’ils servent les meilleurs cafés de la ville sans compter des petits déjeuners vraiment extra. Un mélange entre un dîner américain et de l’italien. Enfin bref, allons s’y.

Je lui faisais un sourire avant de descendre du camion. Je verrouillais les portes avant de me rendre dans le café avec elle. Il était très spacieux et l’ambiance était déjà bonne. On nous installait à une banquette usée qui m’allait parfaitement. Un endroit sans prétention. J’avais horreur des endroits trop propres et parfaits qui se prenaient pour des châteaux. Ce n’était pas mon genre.

- Ah bordel ! J’avalerais un mammouth, je crois !

Je prenais le menu pour regarder ce qu’il y avait de bon. En réalité, tout était bon sur ce menu. Le choix allait être difficile.

Sa phrase a un second sens qui me fait sourire. Il m'arrive d'avoir l'esprit un peu mal placé je l'avoue mais là c'était tellement énorme comme double sens. J'y ai pensé sans doute parce que son physique me plait bien. Il est plutôt canon comme mec.   

- En effet cela est toujours pratique d'avoir les informations en direct. Mais cela veut dire que si jamais un appel radio passe et que nous sommes dans le coin vous allez partir en chasse des méchants ?

Cela serait tellement incroyable. Même si hélas je ne pourrais pas immortaliser cela avec mon appareil photo... Au moins j'ai encore mon téléphone portable pour enregistrer ce qui pourrait arriver. Mais je ne pense pas que cela va arriver et encore moins qu'il me laissera prendre quelques clichés. Et je comprendrais totalement qu'il refuse.

Il ne sait pas prendre des photos ? Je suis sûre qu'il exagère. La technologie d'aujourd'hui permet de faire de belles photos facilement. Un enfant saurait le faire. Du moins je crois... Il faut dire que pour moi c'est tellement simple que j'ai l'impression que tout le monde peut y arriver. 

- Vous êtes sérieux ? Vous ne savez pas prendre des photos avec le focus ? Il va falloir que je vous donne des cours. Il se passe tellement de choses magnifiques autour de nous qu'il faut penser de temps en temps à les immortaliser avec une photo. Vous ne croyez pas ? Et ne vous en faites pas, j'ai eu la photo que je voulais. Il était captivant en effet, mais je trouve tellement de choses captivantes que cela n'aurait pas été dramatique si je n'avais pas pu prendre cette photo.

Je regrette juste de ne plus pouvoir me servir de mon appareil et de prendre la radio de police en photo. Elle aurait fait un magnifique souvenir de cette rencontre frappante. D'ailleurs je n'y tiens plus et prend mon téléphone portable. Je me concentre une petite seconde pour prendre sous un angle intéressant. Je veux qu'on voit un bout de la voiture, de la radio et des jambes de mon conducteur. Une fois que j'ai appuyé pour enregistrer l'image je la regarde en souriant. Elle n'est pas trop mal.

Finalement nous arrivons à destination ; le quartier italien. L'endroit est vraiment très beau, et assez dépaysant dans un sens. Il parle de petit déjeuner et je me dis que je prendrais bien à manger en plus de mon café. Je ne m'étais pas rendue compte que j'avais faim.

- Je ne parle pas du tout italien... Mais j'ai hâte de découvrir ce qu'ils ont sur la carte.

Je descends du véhicule en sautant un peu car il est assez haut et me rapproche de Dean. Nous marchons cote à cote et arrivons rapidement dans le café. L'ambiance est vraiment impressionnante. J'aime déjà cet endroit alors que je n'ai pas encore goûté à leur plat. Je m'installe à côté de mon compagnon de repas sur la banquette usée. Je n'avais pas envie de m'installer en face de lui. Je ne sais pas pourquoi mais j'éprouve le besoin d'être proche de lui... Comme si je retrouvais un bout de moi que j'avais perdu. C'est vraiment très étrange comme sensation et je ne sais pas du tout pourquoi je ressens ça soudainement. Je préfère ne plus y penser car c'est assez perturbant.  

- Et moi j'avalerais un bébé mammouth alors, car je meurs également de faim.

Je prends également le menu et regarde tout ce qui est inscrit dessus. Mais c'est impossible pour moi de me décider. Tout a l'air si bon. Je vais avoir besoin de l'aide de Dean pour me décider. Et en fonction de ce qu'il me proposera il marquera peut être des points. Même si pour l'instant je ne sais quasiment rien de lui, je l'apprécie déjà beaucoup. Je dois m'avouer un truc... Je crois que j'ai un coup de cœur, un coup de foudre ou je ne sais quoi... Sans doute sa gentillesse ou son sourire. Je ne sais vraiment pas mais toujours est-il que oui, je ressens bien un petit truc...

- Bon, je ne vais pas arriver à choisir alors j'ai besoin de votre aide. Je ne suis pas végétarienne et j'aime tout sauf le poivron. Qu'est-ce que vous me conseillez ? Ah et vu que nous allons manger ensemble je propose qu'on se tutoie, t'en penses quoi Dean ?

Et cela nous rapprochera un petit peu, il ne sera plus un pur étranger qui m'est rentré dedans au parc.

Je me retrouvais donc dans ce petit restaurant pour prendre le petit-déjeuner avec la belle Lexie. Je ne savais pas pourquoi, mais je sentais une complicité naturelle entre la jeune femme et moi. Je me sentais bien et heureux en sa présence. J’avais pourtant croisé plusieurs jeunes filles, mais elle était la première à faire battre mon coeur de jeune policier de cette façon. Je me demandais encore comment il était possible que j’aie eu ce poste aux stups en fait. J’avais eu un énorme coup de chance et mon partenaire était un sacré numéro. Étonnamment, je le respectais et je suivais ses consignes. Je n’avais rien contre Bobby et nous formions une bonne équipe. Chacun notre caractère et nous nous complétions bien dans l’ensemble.

- Je ne parle pas plus italien, mais je peux vous garantir que nous allons bien manger en étant ici ma belle.

«Ma belle». Je venais vraiment de dire ça comme si de rien n’était ? Seigneur, j’étais réellement à côté de mes pompes en ce moment. Elle me déstabilisait complètement. Je me mettais à rire alors qu’elle disait qu’elle avalerait un bébé mammouth. Elle comprenait mon humour au rabais alors j’étais bien content. Je regardais le menu avant d’écouter la charmante Lexie. Je me mettais à sourire en coin alors qu’elle me proposait de la tutoyer.

- Alors, je te conseille le menu du bébé mammouth bûcheron. Je vais nous commander les assiettes. Ne t’en fais pas.

La serveuse arrivait avec son fort accent italien. La dame avait un certain âge et je la connaissais depuis un petit moment. Je souriais à cette dernière alors qu’elle me pinçait la joue en me disant que je n’étais pas venu depuis un moment et que j’étais bien trop maigre. Je tournais donc le menu en carton plastifié pour dire ce que nous allions.

- Je vais prendre un numéro cinq avec un extra jambon et la belle demoiselle en face de moi va prendre un numéro …. huit. Supplément chocolat.

La dame nous prenait les menus avant de gueuler à son homme en cuisine. Je regardais la belle Lexie en face de moi. Le cendrier arrivait rapidement pour être posé sur la table. Ici, on mélangeait fumeur et non-fumeur. Je grimaçais un peu. Ce n’était pas très glamour lorsque l’on rencontrait une fille. Cependant, j’avais bien envie de m’allumer une clope. Ce que je faisais naturellement. Une petite touche de nicotine en plus dans mon organisme.

- Oui … C’est l’un de mes pires défauts. Je sais que ça rebute les femmes en général et je sais les dangers que je cours. Je crois que je fume depuis trop d’années. C’était notre seul plaisir en cachette à l’orphelinat quand j’y vivais.
 

Je trouve cela fort intéressant d'aller prendre un petit déjeuner avec un policier séduisant. Je me sens en sécurité et à l'aise à ses côtés. J'ai envie d'en apprendre un peu plus sur lui, aussi bien sur son métier que sur un plan plus personnel. Il dégage quelque chose qui me pousse à le connaître comme si cela allait pouvoir réunir les pièces d'un puzzle. J'ai l'impression de le connaître mais sans savoir d'où. Comme une sensation de déjà vu. Mais c'est sans doute parce que je l'ai déjà croisé quelque part, au parc ou en ville, je ne sais pas du tout. Et comme il n'a rien dit sur le fait qu'on se connaissait déjà, je me trompe sans doute.

Le petit surnom qu'il me donne me fait sourire. Ma belle, il emploie déjà des termes assez familier pour me parler. C'est agréable je dois dire. Je rigole quand il dit que lui aussi ne parle pas italien. Je me demande comment il a connu cet endroit.   

- Comment connaissez-vous ce lieu ?

Je n'ai pas relevé le petit surnom qu'il m'a donné. Je ne savais pas quoi répondre à cela. Je suis soulagée lorsqu'il accepte de commander pour moi. Je ne sais vraiment pas quoi prendre. Tout à l'air super bon, et le choix est bien trop grand. Je le regarde surprise lorsqu'il parle d'un menu bébé mammouth bûcheron. Pourquoi bûcheron ? Je lui souris encore. 

- Bûcheron ? Pourquoi bûcheron ? Merci de commander pour moi, comme cela si je n'aime pas ce sera entièrement de ta faute.

Mais je suis persuadée qu'il trouvera quelque chose qui me plaît, et s'il y parvient celui lui fera gagner quelques points. Je l'apprécie déjà et j'aimerais bien que cela continue.

Je me retiens d'exploser de rire quand la serveuse lui pince la joue. Je place ma main sur la bouche pour cacher le grand sourire que j'ai. Elle le trouve trop maigre ? Il est parfait ainsi. On dirait sa grand-mère. Je trouve cela vraiment mignon. Et cela montre qu'il est un grand habitué de cet endroit. Pour lui ce sera du salé et pour moi du sucré d'après ce que je comprends. Je ne sais même pas à quoi correspondent les menu numéro cinq et huit, j'aurais sans doute dû faire un peu plus attention à la carte au lieu de rester concentrée sur Dean... Mais je n'y peux rien, il est très captivant. Je regarde la serveuse partir tout en parlant à quelqu'un en cuisine. Je me concentre de nouveau sur Dean qui allume une cigarette. Mouais... Ce n'est pas top ça, premier défaut que je vois chez lui.

- Un numéro huit et un numéro cinq ? Je n'ai pas regardé à quoi cela correspond... Et comment saviez-vous que je préfère le sucré au salé pour un petit déjeuner ?

Je regarde sa cigarette aller de sa bouche au cendrier. La cendre tombe. Il m'explique qu'il sait que ce n'est pas bien de fumer, que c'est dangereux. Et... Orphelinat ? Il est orphelin ? Oh... C'est triste ça... Nous avons un point commun bien triste... Moi aussi je suis orpheline. Je n'ai jamais connu ma famille, je ne sais rien d'eux... Je ne sais même pas si j'ai des frères et sœurs. J'ai tenté de trouver des indices mais cela n'a jamais abouti.  

- Oh... Tu es orphelin ? Je suis désolée pour toi. Cela nous fait donc un point commun... Je suis également orpheline. Mais je n'ai jamais fumé à l'orphelinat par contre. J'étais du genre à me faire remarquer mais pas de cette façon.

Il va falloir qu'on change rapidement de sujet je pense car parler de son enfance en orphelinat n'est pas quelque chose de joyeux... De savoir que nous n'avons aucune attache, aucune personne qui nous attend... C'est vraiment triste.