Le plaisir est dans la chasse !

Charmante soirée du mois de décembre, Marvin venait à peine de terminer son travail. De longues journées passées à confectionner des jouets en préparation des fêtes de Noël qui approchaient à grands pas. De longues nuits sans sommeil leur succédaient, empêchant le pauvre scientifique de se reposer correctement. Les commandes étaient trop nombreuses, les clients trop exigeants… même l’aide précieuse que lui apportait son assistante, la si charmante Juliette White-Queen ne suffisait plus pour alléger le poids de ces trop nombreuses responsabilités qui pesaient sur ses épaules déjà trop lourdes ! Il avait besoin de repos… il avait besoin de se changer les idées ! C’est à cet instant que son loyal et fidèle serviteur se devait d’agir ! Car si le docteur Henry Jekyll était au bout du rouleau, il n’en n’était pas de même pour son précieux alter-ego Mister Edward Hyde !

Cela faisait des mois que je n’avais plus fait d’apparition dans la vie de Marvin. Les murmures des suggestions que je glissais sans cesse à l’intérieur de son esprit ne suffisaient pas à le convaincre de se laisser aller aux plaisirs divins de ce monde. Pourtant, je savais qu’il en mourrait d’envie ! A chaque fois qu’il passait du temps dans son laboratoire, je le voyais jeter un œil envieux vers l’étrange mixture verte qui lui permettait de me laisser prendre le relai sur lui. Il n’osait cependant pas franchir le pas, demeurant statique devant cette clé qui pouvait s’ouvrir sur tant de paradis artificiels. Rien de ce que je pouvais lui dire ne suffisait à lui faire changer d’avis ! Aucun des si doucereux souvenirs ou sensations que j’éveillais en lui ne suffisait à le faire abandonner ses trop bonnes résolutions ! Cela m’exaspérait et me chagrinait… je croyais ne jamais revoir la lumière du jour !

Pourtant, ce soir, c’était bien mon visage que je voyais se refléter dans le miroir de ma chambre ! Ces trais juvéniles et ses beaux yeux verts étaient les miens… je le savais. Il ne pouvait rester aussi insensible à ses pulsions. Ce qui l’avait décidé ? Sans doute la fatigue et l’envie de changer de paysage. Soit, je n’allais pas prendre le risque de le contrarier. J’avais tant de bons moments à rattraper. Je devais échapper à tant de frustrations cumulées. C’était mon soir, mon moment et j’étais bien résolus à en profiter un maximum ! La question se posait alors. Qu’allais-je faire de cette liberté largement méritée ? Une envie me vint soudainement de rejoindre le libertease… ce si charmant club tenu par sa non moins charmante propriétaire ! J’avais passé des instants délicieux la dernière fois que je m’y étais rendu et je me languissais de pouvoir retrouver la belle aux yeux de velours.

Cependant, l’appel de ma jeune assistante changea quelque peu mes projets ! Pourquoi était-elle revenue voir Marvin ? La boutique avait pourtant fermé depuis des heures et mon alter-ego lui avait autorisé à prendre sa soirée. Que faisait-elle ici ? Qu’importe au fond, son intrusion tombais à point nommé. Je me dirigeais dans le couloir du premier étage pour voir Juliette marchant dans le hall d’entrée de la maison. Je la regardais alors avec une certaine envie, comme une vision surgie du passé. Marvin l’ignorait mais je connaissais la demoiselle depuis déjà fort longtemps. J’avais passé des soirées délicieuses à m’occuper d’elle du temps où elle faisait partie des merveilleux cygnes qui offraient leurs faveurs aux passants fortunés. Il y avait bien longtemps que nos routes ne c’étaient plus recroisées. J’ignorais si elle se rappelait de moi… mais je me jurais de tout faire pour me rappeler à son bon souvenir !

Descendant les escaliers, je la rejoignis tout sourire. Les différences physiques entre Marvin et moi n’étaient plus aussi évidente qu’à l’époque où nous vivions sur les terres modernes. Dans la pénombre, il était presque impossible de nous différencier à moins de se trouver à une très courte distance. Je me résolus alors à en jouer. L’approchant en catimini, j’affichais une mine faussement surprise. « Juliette ? Que fais-tu ici ? Je croyais pourtant t’avoir autorisé à prendre ta soirée… est-ce que tu aurais oublié quelque chose ? »

Le plaisir est dans la chasse !

Les fêtes de fin d’années arrivaient à grand pas et les commandes affluaient dans le magasin de Marvin. Ce dernier travaillait d’arrache pied pour honorer l’ensemble de ses commandes, sans jamais se plaindre ou perdre son air bienveillant sur le visage. Il perdait même du temps à m’apprendre l’usage de tel ou tel machine, j’avais d’ailleurs régulièrement l’impression de le ralentir dans son quotidien, mais ce dernier s’appliquait à me répondre que ce n’était pas le cas et que je fournissais un travail remarquable.  Vérité ? Ou simple subterfuge afin de s’accorder les bonnes grâces d’une reine ? Je n’en savais rien bien que je me doutais que mon statut dans le monde des contes ne l’impressionnait pas tellement. Généralement, les reines étaient nées avec une cuillère en or dans la bouche, c’était un peu le cas avec moi je ne pouvais le nier, cependant je en gouvernais pas le royaume qui m’était destiné et j’avais bafoué toutes les règles et les coutumes pour en arriver là où j’en étais arrivé, luttant au nom d’un seul sentiment : l’amour. Marvin quant-à lui n’avait jamais cherché à comprendre mon histoire il s’était contenté du peu que je lui avais donné à savoir que j’étais Juliette Capulet et que j’avais finalement été couronné dans le royaume blanc de Wonderland auprès de mon mari et ma sœur. Il respectait mon silence te en contrepartie je respectais le sien. J’avais occulté le fait que j’étais capable de ressentir ses émotions, d’ailleurs ça aussi il n’en savait rien. C’était plus simple ainsi, il savait uniquement que j’étais capable de contrôler les humeurs du ciel au gré de mes envies et une fois de plus il s’était montré très respectueux envers ces derniers ne cherchant pas à savoir comment je les avais obtenu ou comment j’en faisais usage.

Nos journées se déroulaient donc de la meilleure des manières dans le respect mutuel et l’enrichissement personnel surtout en ce qui me concernait. Marvin était un professeur exemplaire qui me donnait envie d’en savoir plus et qui détruisait chacune de mes appréhension avec douceur et intelligence, usant de terme que je connaissais sans jamais chercher à me montrer mes défaillances. J’essayais de comprendre sa technologie et l’améliorer aussi je passais le plus clair de mon temps avec Cookie, sa chienne merveilleuse que j’avais rapidement prise en affection, même si elle était uniquement issue de l’extrême intelligence de mon patron.

Malgré l’afflux de commande, Marvin m’avait donné ma soirée. Je savais déjà ce que j’allais faire, premièrement j’allais partir retrouver Rozen dans son salon de thé et peut-être que cette dernière me jouera un air de violon comme elle savait si bien le faire. Puis j’irais saluer Granny et certainement que j’irais dans les bois à la recherche des Merry-Men afin de retrouver des têtes familières qui me permettront d’encaisser le fait que je ne savais pas où se trouvait l’unique responsable de ma venue dans ce monde : mon mari. Alors que j’étais partie depuis plus d’une heure, mes plans changèrent légèrement, j’avais envie de prendre Cookie avec moi pour ma balade en forêt consciente que Roland serait enchanté de jouer avec la Golden et cette entrevue me permettrait de surcroit d’étudier les réactions de la chienne face à cette nouvelle situation. C’est pour cela que je faisais demi-tour d’un pas guilleret et motivée.

Après plusieurs minutes de marche je frappais à la porte et l’ouvrait avec ma clé avant de me manifester en appelant mon patron avec une voix forte et délicate. Des pas en provenance des escaliers me mettant sur la piste de ce dernier je me dirigeais vers ce lieu tandis que ce dernier me demandait ce que je faisais ici. Un sourire étirant mes lèvres, je le regardais dans la pénombre et répondais de manière tranquille et sereine guère consciente que je n’avais pas à faire à la même personne que celle dont j’étais habituée :

« Je suis désoléee revenir t’importuner, mais je me demandais si je pouvais t’emprunter Cookie pour l’après-midi, j’avais l’intention d’aller voir Robin et ses compagnons et emmener cookie face à Roland aurait pu être une expérience enrichissante ! Bien sur si tu avais prévu de faire quelque chose avec Cookie c’est pas grave hein ! »

Le plaisir est dans la chasse !

Juliette était revenue revoir Marvin ! Elle me parlait à la fois avec douceur et tendresse, ce qui me fit comprendre qu’elle était persuadée que j’étais lui. Cela n’était d’ailleurs guère surprenant. Combien de personnes pouvaient bien penser que deux esprits radicalement différents pouvaient cohabiter dans un même corps ? Le génie et la folie de mon alter-ego étaient des phénomènes qui ne pouvaient pas facilement être compris par des êtres humains à l’intelligence moyenne. Oh bien sûr, cette remarque n’était pas spécialement tournée vers mon assistante. La reine blanche était une femme à l’esprit vif qui retenait rapidement les enseignements de son patron. Qui aurait pu croire qu’une prostituée telle que la jeune Capulet était doté de ce genre de capacités ? Intelligente, charmante et possédant un corps que beaucoup aurait pu lui envier… décidemment la jeune femme me plaisait beaucoup ! Je n’avais jamais compris comment Marvin avait pu y rester totalement insensible. J’avais parfaitement conscience que ses attirances sexuelles le menaient naturellement vers la gente masculine. Mais face à une telle beauté, personne ne pouvait y rester insensible bien longtemps. Fallait-il donc que je lui enseigne tout de la vie ?

Son assistante… ou plutôt non ! Disons plutôt notre assistante, me sortit de mes pensées. Elle était revenue dans l’espoir que Marvin puisse lui laisser sa jeune chienne pour la journée. Elle comptait faire une promenade avec elle et rejoindre les Merry Men en forêt. Cette question ne manqua pas de faire naître un petit rictus sur mes lèvres. On aurait dit l’une de ces femmes qui se promènent en ville avec un bébé ou un animal persuadée que les passants l’approcheront à cause de l’intérêt que son compagnon ne manquerait pas de susciter. A ses mots, la jeune chienne se rapprocha de Juliette. Réagissant au mot « promenade » intégré dans sa mémoire informatique, elle se rapprocha d’elle tout en jappant gentiment.

Puis soudain, elle s’immobilisa ! Détournant son attention de Juliette, elle tourna son regard dans ma direction. Elle semblait alors faire face à un parfait inconnu, comme si elle sentait que l’homme devant elle n’était pas totalement son maître. Une chienne qui pouvait se montrer plus intelligente qu’un être humain ? Décidemment, le génie de Marvin dépassait tout entendements. Cookie se mit à grogner et à montrer les crocs, comme si elle se préparait déjà à l’attaque. Craignant que la chienne ne mette à mal ma couverture, je descendis les escaliers quatre à quatre et me rapprocha de Juliette. « Ne le prend pas mal surtout, mais je la laisserais pas sortir aujourd’hui. Ces circuits ne fonctionnent pas très bien. Je préfère éviter que quelqu’un finisse par être blessé ! D’ailleurs, il vaudrait mieux que je la remette dans mon laboratoire pour éviter les incidents. Si tu me permets, je reviens tout de suite ! » J’avais dissimulé un peu le ton de ma voix gutturale qui ne ressemblait en rien à celle de Marvin. Avec assurance, je m’étais penché vers Cookie et avait désactivé son bouton de marche. Elle s’endormit alors lentement et je la pris dans mes bras pour la mener à mon laboratoire.

Après avoir laissé Juliette seule dans le salon quelques instants, j’étais revenu tout sourire vers mon assistante. M’arrêtant devant elle, je ris légèrement nerveux « Je suis navré Juliette, l’expérience aurait certes pu être très enrichissante ! Ce sera peut-être pour une autre fois, qui sait ? » Je m’étais alors dirigé vers le salon, l’invitant à en faire de même. « En fait, est-ce que tu aurais cinq minutes à m’accorder ? On a rarement eu l’occasion de pouvoir profiter d’un peu de calme ces temps-ci. Je voudrais te proposer un verre… histoire de te remercier pour ce magnifique travail que tu as fournis ces derniers temps ! Est-ce que tu accepterais ? » Lui indiquant d’un geste distrait le canapé de mon salon, je l’invitais à s’asseoir. Je restais alors devant elle le sourire aux lèvres attendant patiemment qu’elle accepte mon invitation.  

Le plaisir est dans la chasse !

A l’entente du mot « promenade » Cookie rappliqua au petit trot et me saute dessus avec un air guilleret qui me fit échapper un rire cristallin. J’adorais cette chienne et le sentiment semblait être réciproque bien que contrairement aux animaux traditionnels j’étais incapable de le proclamer de manière exacte et sans équivoque. Je crois que c’est ce qui faisait que j’adorais cette chienne, mon incapacité à lire en elle me donnait l’impression d’être une femme normale comme tant d’autre autour de moi. C’était rafraichissant. Tandis que je caressais la chienne, je ne prêtais pas attention à mon patron qui s’était rapproché de nous sortant ainsi de la pénombre dans laquelle il m’avait accueilli et dont je n’avais pas prêté attention. Ce n’est qu’une fois que Cookie s’immobilisa subitement que je relevais la tête vers son maitre qui au premier abord semblait fidèle à lui-même. Ce dernier congédia avec politesse ma demande, en mettant en avant le fait que Cookie souffrait de certain disfonctionnement. A ses mots je sentais mon regard se serrer, tandis que je reportais mon attention que la chienne. C’était la première fois que j’entendais parler de cela. Une bouffée d’inquiétude me traversant, je plantais mon regard dans celui du robot tandis que son maitre l’éteignait, l’obligeant ainsi à s’endormir, lèvres pincé, je tentais de dissimuler la tristesse que je ressentais consciente que j’étais ridicule de me mettre dans un tel état pour si peu avant de répondre tout en me relevant pendant que Marvin portait son chien-robot :

« Naturellement, j’espère que le disfonctionnement n’est pas trop important… »

Me retrouvant donc seule dans son salon, je me tâtais à partir, après tout j’avais ma journée, seulement, je ne pouvais faire cela sans dire saluer mon patron. La dernière chose que je voulais était qu’il me prenne pour une reine capricieuse qui ne supportait aucune contrariété dans ses plans. Ce qui n’était pas totalement faux, la contrariété était pas ce que je gérais le mieux. La voix de Marvin résonnant dans mon dos me tira de mes pensées en un sursaut léger, tandis qu’il s’arrêtait devant moi avant de rire de manière nerveuse pour s’excuser d’avoir mis mes plans KO. Lui offrant un sourire, je m’empressais de répondre avec délicatesse :

« Non, ce n’est rien, j’ignorais que Cookie était souffrante. Je pourrais toujours l’emmener jouer avec Roland une prochaine fois quand elle sera remise. Je ne mettrais jamais la vie de cet enfant en danger, ni même celle de Cookie pour un de mes caprices. »

Regardant ce dernier se mouvoir jusqu’au salon tout en m’invitant à le suivre, je m’exécutais avec un pressentiment violent qui me tordait l’estomac. Il n’était pas comme j’avais l’habitude de le voir. Marvin était tendu, et quelques choses en lui avait changé ou bien était-ce dû à la fatigue ou encore au stress ? Je l’ignorais, mais lorsqu’il me demanda si je voulais bien rester quelques minutes avec lui je me sentais contrainte d’accepté. Il était mon ami. Il m’avait tendu la main lorsque je n’avais rien, quel personne est-ce que je ferais si je lui refusais cette simple requête alors qu’il semblait en avoir besoin sous le simple prétexte que mes plans ne l’incluaient pas. Hochant donc la tête silencieusement, je me dirigeais vers lui avec un sourire toujours aussi amical :

« Bien entendu, après tout c’est moi qui suis venue perturber ta journée de repos. »

M’asseyant sur un des canapés, je reportais mon attention sur Marvin qui s’afférait à honorer sa demande tandis que de mon côté j’étais toujours tiraillée par mon mauvais pressentiment qui amplifiât de minute en minute me donnant presque la nausée. Quelque chose était anormal et je ne parvenais pas à savoir quoi, mon esprit refusait certainement d’accepter la réalité, désireuse de mettre fin à mon sentiment je m’humectais les lèvres tout en croisant mes jambes avec élégance avant de demander :

« Marvin, est-ce que tout va bien ? »

Le plaisir est dans la chasse !

Animé par une intuition et un fort instinct de survie, j’avais décidé de forcer la brave chienne à aller s’endormir. Je n’avais pas particulièrement de dent contre elle, bien au contraire ! Cependant, elle risquait de griller ma couverture où de venir protéger son amie si mes petits jeux sordides venaient à ne pas lui plaire. Je ne pouvais me permettre de la voir gâcher ma soirée. Je m’étais donc approchée d’elle et l’avait littéralement éteinte sous le regard inquiet de Juliette. Bien que je n’aie jamais su réellement pour quelle raison, la belle demoiselle adorait cet animal trop collant à mon goût. Elle exprima alors ses inquiétudes et je tournais un visage rassurant dans sa direction.

- Non ne t’inquiètes pas ! Juste un petit disfonctionnement dans ses circuits… cela sera régler en quelques réglages. En attendant, je pense que cette charmante demoiselle a bien mérité un peu de repos.

Je m’absentais alors quelques minutes. En allongeant tranquillement Cookie sur la table du laboratoire, j’avais passé du temps à me plonger dans mes pensées. En ce jour béni entre tous, il fallait que je lui réserve une surprise de taille. Je tenais absolument à ce que les souvenirs de cette soirée restent absolument mémorables pour elle. Je tenais à ce qu’elle vienne à puiser dans ses souvenirs afin qu’elle puisse se rappeler d’Edward Hyde, le plus fidèle client du magnifique cygne blanc qu’elle avait pu être. Comment pourrais-je lui permettre de se rappeler de moi ? Je revins bientôt auprès d’elle tout sourire. Dans un discours tout fait, je m’excusais de ce léger contre-temps qui l’empêchait de mener à bien ses projets de la journée. Douce et innocent Juliette… toujours à se préoccuper des autres ! Comment était-il possible que cette personne aussi adorable ait pu devenir reine ? Il y avait très certainement erreur dans le casting. A moins que les sujets de ce royaume soient toutes aussi naïve qu’elle. Mon dieu, que ce monde devait être ennuyeux à mourir !

- Je te remercie pour ta compréhension, Juliette ! Je te promets que j’effectuerais ces réparations aussi rapidement que possible. Je t’en informerais dès que tu pourras mener à bien tes projets ! Il me tarde de voir mon assistant s’essayait au dressage de robots.

Je m’étais alors dirigé vers le salon tout en proposant à la charmante demoiselle de m’accompagner. Elle finit par accepter assez facilement. Après tout, Marvin était son ami, non ? Pourquoi devrait-elle se méfier de lui ? Finalement j’aimais bien cette sorte de douceur naturelle chez mon alter-ego qui poussaient les gens à lui faire naturellement confiance. Même si son comportement m’agaçait la plupart du temps, je ne pouvais nier que cela me donnait un atout conséquent à garder dans ma manche.

- Oh je t’en prie, c’est toujours un plaisir de te voir. On devrait faire ça plus souvent… On a passé tant de bons moments ensemble qu’il serait bien dommage de ne pas les reproduire !

J’avais prononcé ces derniers mots à voix très basse, ne tenant pas réellement à ce qu’elle puisse les entendre. Après avoir fait quelques pas dans le salon, je tournais vers elle une expression amicale.

- Après tout, j’apprécie réellement ta compagnie ! J’espère qu’il en va de même pour toi. Tiens, je te propose de trinquer à cette belle soirée ! Que désires-tu boire ? Un cocktail non alcoolisé comme à ton habitude ?

Je m’étais alors empressé de rejoindre le minibar, préparant avec soin la boisson qu’elle m’avait demandé en ajoutant quelques petits ingrédients personnels. Une fois terminée, je revenais vers mon invitée, tenant dans les mains nos deux boissons. C’est alors que mon assistant s’inquiéta de mon état de santé, se demandant comment je me sentais- Je souris alors innocemment en hochant gentiment des épaules.

- Bien naturellement, pourquoi voudrais-tu que cela ne soit pas le cas ? Oh bien sûr, je ne peux pas nier que cela me ferait très plaisir de bénéficier de quelques heures de sommeil supplémentaire mais que veux-tu… se sont les risques du métier !


Je lui tendis alors son verre tout en lui adressant un clin d’œil.

- J’espère que cela te plaira ! Tu me connais, je n’ai pas pu résister à l’envie d’en faire une recette un peu personnelle… dans le monde d’où je viens on appelait cela un « cygne blanc » j’espère que cela te plaira ! A vrai dire je ne sais pas où ou quand je l’ai goûtée pour la première fois… C’était un endroit charmant qui est resté gravée dans ma mémoire… tout comme les délicieuses créatures que j’y ai rencontrées ! Il y a des souvenirs qui sont difficiles à effacer de notre mémoire, n’est-ce pas Juliette ?

J’éclatais alors d’un rire joyeux tout en m’asseyant à ses côtés. Je bus alors une première gorgée de boisson réconfortante tout en jetant un regard malicieux vers mon acolyte attendant qu’elle imite mon geste.

- Alors qu’en penses-tu ? Comment trouves-tu ma petite trouvaille ?

Le plaisir est dans la chasse !

Connaissez-vous cette sensation ? Je vous parle d’une sensation qui vous glace le sang au plus profond de votre âme. Celle qui vous donne l’impression que tous vos organes internes se serrent les uns contre les autres, vous donnant ainsi une furieuse envie de rendre l’ensemble de ce que vous avez mangé au petit-déjeuner ? Connaissez-vous la solitude qui se présente à vous lorsque cela arrive et cette incertitude troublante lorsque la personne responsable du mal être que j’essaie de décrire se trouve être un homme agréable et que l’on apprécie ! Avant ce jour je ne le connaissais pas. Je ne connaissais pas cette forme là d’angoisse. Je luttais contre mes sentiments et mon esprit. Je n’avais de cesse de me rappeler que c’était Marvin et qu’il était mon ami et patron. Je n’avais aucune raison de m’inquiéter ou de ressentir cela pourtant quelques choses clochaient. Je ne comprenais pas d’où me venaient ses impressions. Afin de tenter de mettre fin à ses dernières je questionnais Marvin sur son état de santé, après avoir confirmé son intuition sur ce que je désirais boire. Je lui demandais toujours la même chose. J’adorais ses cocktails sans alcool car oui je ne tenais pas l’alcool été on ne pouvait pas dire que j’avais l’alcool sympathique, bien au contraire. M’enfin qu’importe, ma commande passée et ma question entendue Marvin tenta de me rassurer en me disant qu’il était seulement fatigué mais que c’était les risques du métier. Automatiquement, je souriais, mais mon cœur n’y croyait pas. Je regardais mon patron avec inquiétude, il se comportait étrangement. Tandis qu’il revenait vers moi avec nos deux cocktails, je prenais celui qu’il me tendait avec une légère anxiété pendant qu’il s’asseyait à mes côtés en m’expliquant la composition de sa nouvelle recette. Une explication qui ne fit qu’accroitre ma détresse. Marvin m’avait servi un « cygne blanc » à ses mots ma respiration se coupa. Fermant les yeux un instant je serrais davantage mon verre avant de me forcer à respirer à nouveau pendant que ma tête se mouvait lentement de gauche à droite pour faire disparaitre les images de mon passé. Ma Marvin n’en finissait pas avec les allusions malsaines. Il me conta combien se lieu avait été inspirant et agréable pour lui. Automatiquement ma main libre se posa sur une de mes multiples cicatrices afin de jouer avec tandis que mon cœur s’accélérait.

« En effet »

Lâchais-je d’une voix tout aussi tremblante que mes mains, tandis que Marvin riait avec entrain tout en buvant de son cocktail tout en m’invitant du regard de faire de même. Perdant la confiance en moi qui me caractérisait la plupart du temps, je redevenais petit à petit cette Juliette brisée que j’avais été dans la maison des cygnes. Fuyant son regard, je regardais autour de nous cherchant un moyen de m’enfuir ou une personne capable de me sauver de ce mauvais pas, en somme je cherchais mon mari du regard, mais il n’était pas là. J’étais seule et j’étais incapable de partir pour une raison qui m’était encore inconnue, certainement ma loyauté pour mon amie. Marvin me ramena à lui en me demandant ce que j’en pensais et mon regard se perdait dans mon verre avant que je ne goutte le breuvage qui a ma grande surprise était délicieux. M’humectant les lèvres, je fermais les yeux avant de laisser échapper à demi-voix :

« Étrangement bon »

Posant le verre sur sa table basse, je prenais une grande inspiration mon esprit fusant à milles kilomètres heures. Il connaissait mon secret ? Non c’était impossible personne dans cette ville ne savait que j’avais été un cygne blanc pendant une année. Personne hors mis mes clients et Marvin n’en faisait pas partie. Je me rappelais de chacun des monstres infâmes et répugnants qui avaient abusé de moi en jouant avec ma position de faiblesse en me traitant comme un animal. Il ne savait rien, je m’en serais rappelée. Mes organes se contractant en moi, je sentais des larmes me monter aux yeux avant que je ne passe mes mains de plus en plus tremblantes dans mes cheveux. Relevant la tête, je finissais par lâcher :

« Je ne me sens pas bien Marvin, je suis navrée mais je vais devoir m’en aller… »

Le plaisir est dans la chasse !

Galamment, j’avais servi un cocktail de ma propre composition à la jeune demoiselle. Ce dont Juliette ne se doutait guère, c’est que j’y avais adroitement glissé une drogue qui me permettrait d’apaiser l’amie de Marvin avant de véritablement m’amuser. C’était ainsi que je la désirais, aussi docile et inoffensive qu’elle avait pu être à l’époque où je l’avais rencontrée dans ce si charmant bordel de la maison des cygnes. La blondinette avait toujours été ma proie favorite, elle possédait une certaine candeur et une douceur qui me charmait. J’aimais tant cette sensation de pouvoir ultime que je pouvais exercer sans limite sur l’ancienne jeune fille naïve et pourrie gâtée qu’avait pu être la jeune Capulet ! Je ne pouvais naturellement pas nier que j’étais parfois aller un peu trop loin, marquant son corps de cicatrices qui jamais ne s’effacerait. Mais j’avais pris tant de plaisir à le faire… et ne vivait-elle justement pas pour satisfaire mes plaisirs ?

Lorsque je prononçais le nom fantaisiste du cocktail, la jeune femme réagit aussitôt ! Elle n’avait donc pas oublié cette période marquante de sa vie ? Avec délice, je la regardais perdre lentement de sa superbe. En cet instant, elle n’était plus la Reine Blanche remplie d’assurance et possédant un esprit d’une belle vivacité. Le masque était tombé pour dévoiler au grand jour une jeune femme remplie d’incertitude et transpirant la peur. Elle était tout simplement devenue la prostituée qu’elle était à l’époque… Elle était devenue elle ! Elle confirma mes dires concernant les souvenirs ancrés qui ne s’effaçaient jamais. Juliette ne put s’empêcher de jeter un œil vers l’une de ces cicatrices, témoignage muet de mon affection pour l’adorable jeune femme. Portant à mon tour attention à ces anciennes blessures, je la regardais en souriant. « Dis-moi Juliette, nous sommes amis à présent, non ? Puis-je me permettre de te poser une question… J’ai remarqué depuis longtemps les nombreuses cicatrices que tu portes sur ton corps. A quoi sont-elles dues ? Qui a pu t’infliger un tel traitement. L’un de tes mortels ennemis… ou l’un de tes meilleurs amis ? »

J’avais prononcé ces derniers mots dans un murmure doucereux, dans une voix presque lancinante. Car malgré tout ce qu’elle aurait pu rétorquer, j’étais son ami ! Un ami de très longue date qu’elle faisait mine d’ignorer… qu’elle avait fini par oublier ? Certes mes traits n’étaient pas les mêmes que ceux de mon alter-ego mais nous nous ressemblions bien plus qu’elle voulait l’admettre… d’ailleurs bien plus que Marvin voulait l’admettre lui-même ! Nous étions fait du même bois et si mon autre moitié tentait de se persuader qu’il était une être doux et généreux, la vérité c’est qu’il n’en était rien ! J’adressais alors une petite moue boudeuse à notre chère assistante. Juliette déclara alors qu’elle devait s’en aller, ne se sentant pas suffisamment bien pour poursuivre cette conversation. « Oh non tu ne vas pas déjà partir maintenant, nous avons tellement de choses à nous dire toi et moi. Et de toutes manières, ne te sens-tu pas un peu trop fatiguée pour avoir la force de t’en aller ? »

J’éclatais alors d’un rire mauvais tandis que la drogue commençait à faire son effet. C’était un produit de synthèse qui mettait certes un peu de temps pour se manifester mais qui une fois absorbé par l’organisme avait des effets foudroyants. Elle n’avait pour but que de la calmer mais la laissait pleinement consciente de ce qui se produisait autour d’elle. Dirigeant son visage dans ma direction, je la forçais à planter son regard dans le mien. L’éclair vert brillant dans mes yeux se fit alors plus éclatant que jamais. Je dévoilais un timbre de voix beaucoup plus sombre que celui de Marvin, semblant provenir d’outre-tombe. « Allons mon joli cygne blanc, ne dit pas que tu as pu m’oublier ! Pas après tous les bons moments que toi et moi avons passés ensemble ! »

J’abaissais alors mon regard vers sa bouche écarlate, passant tout juste l’un de mes doigts sur ses lèvres délicates. « Aurais-tu besoin que je te rafraîchisse la mémoire ? » Sans ajoute un mot, je plantais mes lèvres sur les sienne dans un baiser passionné qui dura quelques secondes. Je m’écartais alors de son visage, tout en continuant à la dévisager avec envie.  « Tu pensais que seul le docteur Henry Jekyll survivrait à cette malédiction ? Oh non ma belle, son alter-ego et là et bien vivant ! D’ailleurs je te prierais de ne pas m’appeler Marvin… c’est insultant ! Non aujourd’hui je serais uniquement Edward Hyde ! Et toi tu vas être une gentille fille et faire exactement ce que je te dirais de faire, c’est compris ? »

Le plaisir est dans la chasse !

La situation s’envenimait de minutes en minutes. Je devais partir, j’avais compris cela au moment où Marvin avait prononcé le mot « cygne blanc », mais une chose m’empêchait de le faire. J’avais passé tellement de temps à enterrer mon passé plutôt que de me confronter à lui que j’avais fini par tout nier en bloc. Personne savait, enfin presque personne, désormais il ne restait plus que mon mari, Benvillio et d’Ariel qui était au courant de mon passé en temps que Cygne et bien entendu les hommes qui avait partagé mon lit naturellement. Pourtant Marvin n’en faisait pas partie. J’ignorais encore qu’il était possible de partagé un esprit entre deux personnes et que grâce à cela notre apparence physique se modifiait également. Marvin s’asseyait prêt de moi et je sentais ma respiration se couper avant que je n’accepte sous la pression à boire un peu de son breuvage. Plus les minutes passaient et plus celle que tous le monde connaissait sous le nom de Reine-Blanche disparaissait pour devenir un cygne blanc. Je perdais ma confiance en moi, mes mains tremblaient, mes longs discours censés mourraient à petit feu et je devenais fébrile. Le regard de Marvin se posa sur ma cicatrice la plus imposante au niveau de mon buste et je me sentais frissonner d’effroi. Son regard avait changé, ce n’était pas Marvin. Pourtant il lui ressemblait comme deux gouttes d’eaux et face à mon mutisme il semblait prendre son pied en me demandant d’où me venaient mes cicatrices. La question que je redoutais depuis toujours, cette question que Marvin n’avait jamais posée et dont je lui étais reconnaissante. Ma mâchoire se contracta tandis que mon cœur battait la chamade me donnant le vertige, tandis que je buvais une grosse gorgée de son breuvage avant de couper court à ce sujet de conversation avec un manque affligeant d’assurance :

« C’était des monstres, je ne souhaite pas en parler. »

Ma remarque couvrant le rire de Marvin, je posais mon verre sur la table du salon et lui annonçais mon départ de manière fébrile peut consciente que j’allais rapidement me retrouver dans l’incapacité totale de fuir. Comme une princesse empotée et sans défense je cherchais mon mari du regard en vain. Comment pouvait-il être là ? J’allais devoir me débrouiller seule. Marvin quand à lui refusait de me voir partir, mais je résistais en tentant de me lever. Une fois sur mes deux jambes ses dernières cédèrent et je me retrouvais à nouveau sur le canapé à la merci de mon patron qui riait une fois de plus. Un nouveau frisson me parvenant je fermais le poing en regardant ma bague qui scintillait légèrement tandis que Marvin me forçait à le regarder droit dans les yeux, en serrant ma mâchoire plus que nécessaire me faisant ainsi échapper et gémissement de douleur. Une fois de plus Marvin m’appela « son cygne blanc » et je retenais un sanglot, il faisait trop d’allusion, mais j’ignorais encore qui il était, malgré tout je cherchais mon verre dans le vide avec empressement pendant que Marvin cherchait mes lèvres du regard, me donnant envie de vomir une fois de plus. Ce dernier me demanda si j’avais besoin qu’il me rafraichisse la mémoire et je secouais la tête en signe de négation tout en perdant quelques larmes avant que ce dernier n’écrase ses lèvres contre les miennes et que je trouve mon verre au moment précis où sa langue s’immiscer entre mes lèvres pour venir agresser la mienne, me faisant arracher un gémissement de refus mais il me maintenait fermement. De nouvelle larme inondait mes joues, je devais me débarrasser de lui alors je fis la seule chose que je pouvais faire en fracassant mon verre contre le visage de Marvin. Le verre se brisant contre ma main et sa tempe je sentais le verre se planter dans ma peau tandis que je reculais le plus loin possible de lui pendant que Marvin se présentait sous le nom d’Edward Hyde me faisant pleurer davantage.

« Non … Tu ne me toucheras plus jamais ! »

Sous ses mots je me levais fébrile et tentais de courir avant de m’effondrer a terre quelques mètres plus loin. Frappant le sol, je fermais les yeux tout en me mordant ma lèvre de rage e de douleur avant de demander entre deux sanglots :

« Qu’est-ce que tu as fait à Marvin ? Qu’as-tu mis dans mon verre ? »

Le plaisir est dans la chasse !

La situation était tout à fait jouissive ! Voir mon invitée perdre lentement toute contenance me procurait la plus pure des sensations de plaisir ! Non, Juliette n’avait rien oublié de cette belle époque où elle devait se contenter de se taire et d’être belle. Lorsque l’on entendait les propos à la fois si niais et fiers de la jeune femme on ne pouvait que regretter cette époque. J’avais passé des mois à ses côtés à me contenter de me taire. A présent, je n’en pouvais plus ! j’avais tant envie de lui clouer le bec une bonne fois pour toutes. Jamais je ne crus qu’il était aussi facile de parvenir à mes fins. Quelques mots évocateurs prononcés avec malice avaient suffi à faire leur effet, comme si la jeune femme venait de se prendre une claque de ses anciennes névroses en plein dans la figure ! Je lui avais parlé de ses anciennes cicatrices, la jeune femme me traita alors de monstre. Claquant ma langue dans ma bouche, je laissais apparaître une fausse moue de regret « Oh Majesté, vous me décevez ! Est-ce vraiment une façon de traiter vos vieux amis ? D’après mes souvenirs, vous étiez pourtant bien payée pour ces quelques moments de plaisir pure et même si vous tentez de le nier… je sais que vous adoriez cela ! ».

Cette petite note d’envie marqua le début de mes petits jeux de séduction. Juliette prétendait m’avoir oublié, en réalité je savais qu’il n’en était rien ! Bien au contraire… Il me prit alors l’envie de l’embrasser pour lui rappeler ces si doucereux souvenirs ! Déposant un baiser suave sur ses lèvres, je ne pus m’empêcher d’en ressentir un immense plaisir. L’espace d’un instant, j’hésitais à aller plus loin. C’était bien évidemment sans compter sur la résistance nouvellement acquise de la princesse. Sans hésiter une seconde, elle fit éclater son verre contre ma tête. Je poussais alors un hurlement de douleur, ma force n’était pas encore celle que je possédais dans le Monde des Contes. Relâchant mon emprise sur elle, je me concentrais sur ma blessure. Posant une main sur mon visage, je découvris avec frayeur qu’un filet de sang s’y écoulait avec lenteur. « Sale petite garce ! ».

Je me relevais alors lentement du canapé. Souriant d’une manière malsaine, je la regardais s’écrouler sur le sol et s’y traîner comme un misérable vers de terre. Avant de me diriger vers elle, je saisis entre mes mains une petite télécommande qui reposait sur la table du salon. Elle permettait à Marvin de pouvoir tout verrouiller, portes et fenêtres comprises, en appuyant sur un seul bouton. Mon alter-ego espérait ainsi que lorsqu’il me laisserait prendre le contrôle de son corps, il pourrait m’enfermer comme une misérable bête en cage. Il ne s’était jamais imaginer que sa création pourrait se retourner contre lui. Quel imbécile. D’un pas guilleret et presque chantonnant, je me dirigeais vers Juliette. La drogue faisait déjà son effet, ce qui signifiait que je pourrais bientôt réellement commencer à m’amuser.

Arrivant dans son dos, je m’abaissais à sa hauteur et saisissant entre mes mains sa longue tignasse, je la ramenais violemment vers moi. Eclatant d’un grand rire à la suite de ses propos, je collais mon visage contre son oreille. « Tu n’as donc toujours rien compris ? Marvin et moi sommes exactement la même personne. Je suis la part de folie qui réside en lui et qu’il ne veut surtout pas que je révèle à la face du monde. Cependant toi, tu me connais depuis longtemps ! Cela ne devrait donc pas être une surprise pour toi… Je ne trahis donc pas notre engagement en te mettant dans la confidence. Ose-me dire que tu ne trouves pas cette version beaucoup plus excitante. Hein, mon ange ? « Je déposais rapidement un baiser sur la peau douce de son cou. « Tu veux savoir ce qu’il y a dans ce verre ? ne sais-tu donc pas qu’un magicien ne révèle jamais ses tours ?» Je consentis enfin à la relâcher. La saisissant tendrement entre mes bras, je lui lançais un regard des plus maléfiques. « Shhhht maintenant ! Calme-toi et profite de la soirée, je te promets que tu ne regrettas pas ! ».

La gardant collée contre moi, je sortis du salon et descendis les escaliers qui me menait vers mon laboratoire dans le plus grand des silences. Ce laboratoire, elle ne l’avait jamais vu ! Il ne me servait que pour la création d’armes et quelques expériences peu orthodoxes. Une fois passé les contrôles de sécurité que Marvin avait lui-même installé, je m’approchais vers le centre de la pièce. Un brancard métallique s’y trouvait et je choisis de l’y déposer. Bien sûr, je pris grand soin d’attacher son corps de telle sorte qu’elle ne pouvait plus bouger. Je me dirigeais ensuite vers un coin de mon laboratoire où reposaient mes scalpels tant chéris. Saisissant le plus aiguisé au vol, je m’approchais d’elle en m’asseyant et en faisant rouler ma chaise de bureau. Tout comme un dentiste soignant un patient, je me glissais derrière elle et déposa la pointe métallique de mon couteau contre sa joue. « Qu’en dis-tu mon adorable cygne blanc, j’y vais en douceur ou par la force ? C’est toi qui décide ! Tu vois, je ne suis pas aussi monstrueux que tu sembles le penser. »

HRP:

Le plaisir est dans la chasse !

Qu’avais-je bien pu faire pour mériter un tel châtiment ? Voilà la question qui s’imposait à moi lorsque mon corps heurta le sol et que je me retrouvais contrainte de ramper tel un vulgaire invertébré. Les larmes inondaient mes joues, tandis que désespéré j’essayais de me servir de mes pouvoirs, en vain, mes performances étaient altéré. J’entendais la pluie s’abattre bruyamment à l’extérieur mais je ne parvenais pas à faire en sorte de voler. Plus les minutes passaient et plus je me sentais seule, aussi impuissante que dans la maison des cygnes tandis que mon esprit passaient et repassait les dires de celui qui m’avait marqué au plus profond de ma chair. Comment avais-je fait pour ne pas m’apercevoir que Marvin était en réalité la seconde personnalité d’Edward ? Comment avais-je pu me monter aussi inconsciente ? C’était pour ça qu’il m’avait aidé sans hésiter, qu’il m’avait donné ce travail, tout était calculé et moi je n’avais rien vu. Un bruit mécanique m’entourant pendant que je demandais des explications en dépit d’autre chose, je relevais la tête vers els fenêtre et fut contrainte de voir les volets se fermer tandis que je suppliais ma bonne étoile de me venir en aide. L’obscurité me saisissait au même moment où les as de Marvin se stoppèrent et que je sois soulevée par les cheveux, une grimace de douleur déformant mon visage, tandis qu’Edward expliquait haut t fort ce que j’avais malheureusement déjà compris, pendant que des nouvelles larmes inondaient mes joues, les lèvres du psychopathe se posant sur la peau tendre de mon cou je sentais mon corps répondre par un frisson d’effroi tandis que je répondais avec un murmure sourd et désemparée :

« Je ne suis pas ton ange… »

Mordant ma lèvre inférieur pour ravalé un sanglot, je tentais de reprendre ma respiration. Je savais que j’étais littéralement prise au piège. Après quelques secondes de silence Hyde libéra mes cheveux de sa prise et me pris tendrement dans ses bras tout en me demandant de me calmer, comme aurait pu le faire mon mari. Seulement ce n’était pas Roméo. Il ne me voulait pas le moindre bien, mais comme a chaque fois j’étais surprise par la douceur qu’Edward pouvait parfois faire preuve. Dans le plus grand silence, nous avancions, j’essayais de trouver une échappatoire. Je demandais uniquement cela. Une manière de m’enfuir, et plus jamais je ne remettrais les pieds dans cette maison ça je le jurais devant dieu. Nous passâmes donc les nombreuses barrières de sécurité et devant chacune d’elles je sentais mon désespoir grandir.

Finalement nous arrivâmes dans un laboratoire qui m’était totalement inconnu, rapidement je finissais attachée à un brancard métallique qui me glaça l’échine. La gorge serrée, je regardais Marvin se mouvoir dans son espace consciente que le pire était encore à venir. Une fois de plus je me mordais la lèvre tandis que je perdais quelques larmes supplémentaires, certainement les dernières d’ailleurs. Bien trop rapidement Hyde revint vers moi avec un objet tranchant en main, secouant légèrement la tête en signe d’exaspération, je l’entendais s’assoir puis rouler vers moi avant qu’une pointe métallique ne se pose sur ma joue et me soumette ainsi à rester parfaitement statique. Hyde fut le premier à briser le silence pour me demande comment est-ce que je voulais qu’il procède, tout en me nommant « son adorable cygne blanc », un surnom qui me fit frissonner une fois de plus avant qu’un rire ne s’échappe de mes lèvres tandis que je forçais sur mes liens :

« Ah parce que tu sais y aller en douceur Hyde ? Je t’en pris tu as fait de moi un cygne gris et tu en es parfaitement conscient ! C’est quoi pour toi la manière douce ? Tu n’as jamais su repartir sans me laisser la moindre marque sur le corps alors je suppose que tu vas prendre ton pied à me torturer avant de te délecter de ma soumission forcée pour soulager tes pulsions sexuels sur moi comme si j’étais un simple dévidoir. »

Riant une fois de plus telle une folle, je tournais le visage vers lui un masque de haine ancré sur mon minois angélique tandis que mon brancard se glaçait de minutes en minutes signe de ma magie était en train de rendre la pièce aussi glaciale que l’intérieur d’un figurateur. Laissant échapper un soupir, je comprenais mon exploit magique en apercevant la buée s’échapper de mes lèvres avant que je n’ajoute :

« Tu dis que j’ai le choix entre la force et la douceur mais Edward quoi qu’il arrivera tu me prendras de force ! Jamais je ne t’aimerais ! Jamais tu ne parviendras à me faire passer un bon moment ! Je suppose que pour toi la force implique uniquement la torture mais on sait tous les deux que tu ne résisteras pas à l’appel de mon corps, une fois que tu l’auras marqué pour la énième fois, alors vas-y utilise la manière douce si seulement tu es capable de comprendre ce piètre mot. »

Fermant les yeux, un instant je tirais une nouvelle fois sur mes liens, la douleur de ses derniers me rappelant les nombreuses fois où je m’étais retrouvée attachée pour tout un tas de raison dans la maison des cygnes avant de je n’aperçoive le givre contre les armoires du laboratoire et qu’un rictus amusé ne s’émisse sur mes lèvres et que je ne susurre :

« J’espère que tu ne crains pas le froid Hyde … »