Annonce délicate

C’était trop pour moi. Je n’arrivais pas à supporter ses mots. Petit-Jean attaquait Regina en gardant sa main sur mon épaule, mais il n’y avait rien à faire. Je sentais sa présence, mais je sentais tout de même mon monde s’écrouler. Robin était mort. Aeline m’avait prévenu qu’il avait disparu et rongée par ma jalousie je lui avais ris au nez en lui demandant de se taire. Si je l’avais écouté peut-être que tout ça ne se serait pas passé ainsi. Ses pensées n’avaient de cesse de me hanter. Un haut le cœur me saisissant je courrais aux toilettes pour vomir en pleurant pendant qu’ils parlaient de la garde de Roland. C’était un cauchemar. Après m’avoir rafraichi et avoir repris un peu de contenance je revenais au salon où les deux avaient continué leur conversation. Après avoir bu cul sec mon verre, je lui posais la question qui nous intriguait le plus. Je n’avais pas besoin de converser avec Petit-Jean pour savoir cela. Notre meilleur ami était mort, nous avions le droit de savoir comment et en détail. Si nous voulions accepter cette disparition, les poings serrés j’attendais qu’elle s’explique avec une certaine tension. Connaitre la vérité était une bonne chose, mais généralement elle faisait mal et quelque chose me disait qu’autant Petit Jean que moi ne nous allions pas apprécier du tout. Regina ne se fit pas prier et déballa toutes l’histoire. De mon côté j’écoutais en tenant ma tête, les yeux clos essayant d’imaginer la scène. Lorsque Neilina arriva sur le tapis je laissais échapper un léger claquement de langue contre mon palet :

« Elle est partout cette blonde »

Plus jamais je ne voulais qu’elle approche mon mari. C’était simple. Plus jamais.

« Il n’y a vraiment aucun espoir qu’il ait survécu dans le Styx ? »

Demandas-je après avoir pris une grande inspiration.

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Robin et lui avaient volé et combattu ensemble. La mort avait toujours plané au-dessus de leurs têtes. Du temps où ils luttaient pour la fin de la dictature du Prince Jean ou lorsqu'Ingrid avait lancé son invasion, l'Agrabien s'était toujours imaginé sa fin, leur fin, sur un champ de bataille. Après avoir connu la paix à Storybrooke, il avait entrevu une fin plus paisible pour son ami et frère du coeur. Non seulement le récit de Regina lui montrait qu'il avait eutort, mais en plus, il détruisait sa seule certitude : il avait toujours cru qu'il serait au côté de Robin jusqu'à la fin.

La seule question qui l'obsédait était pourquoi. Peut-être qu'il espérait que la pilule passerait mieux en sachant que Robin était mort en héros ? Ou peut-être cherchait-il la faille dans l'histoire en cherchant à la comprendre ? L'ajout de Marianne et le devenir de Roland dans l'équation furent deux autres charge supplémentaire sur son coeur. La fureur gonfla d'un coup alors qu'il apprit que la sorcière en question était la soeur de Regina, du moins, c'est ce quelle prétendait. L'absence de Juliette l'empêcha d'exprimer clairement cette fureur et lui accorda du temps pour réfléchir sur le cas de Roland.

"En aimant Robin vous avez fait une cible et un pion pour vos ennemis. Je veillerais à ce que cela n'arrive pas à Roland." Décida-t-il, un peu durement. En vérité, il ne se sentait pas à la hauteur de la tâche, bien qu'il se soit déjà prêté à cet exercice. "Je prendrais soin de lui." Promit-il avec un peu plus de douceur et d'empathie. Petit Jean pouvait se montrer dur, mais il était toujours le premier à réaliser quand il allait trop loin dans ces paroles.

Juliette revint et ils purent avoir les détails de cette triste histoire. L'Agrabien s'assit, lui qui avait pourtant expressément exprimé le désir de rester debout, ce qui en disait long sur l'impact qu'eut l'histoire sur lui. Ces poings demeuraient serrés comme s'il se tenait prêt à frapper quelqu'un ou quelque chose. Juliette demanda s'il y avait un espoir et il était tentant de se raccrocher à cette idée. "Certaines histoires de ce monde racontent qu'une telle entreprise possible." Hasarda-t-il. Ces histoires ne se finissaient jamais bien, cela dit.

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Profitant de la brève absence de Juliette, Petit-Jean accepta de reprendre la garde de son filleul, non sans des paroles extrêmement rudes à l’encontre de Regina, des mots qui s’apparentèrent à des coups de couteau en plein coeur. Il insinuait donc que c’était de sa faute ? Serrant les mâchoires, elle se retint de rétorquer quoi que ce soit. Juliette revenait, et madame le maire se contenta de hocher la tête à l’intention du bras droit de Robin, se pouvant néanmoins s’empêcher de lui jeter un regard noir.

- Bien… Il est dans sa… son ancienne chambre. Vous pourrez le ramener avec vous.

La meilleure amie de Robin, suite à l’histoire, brièvement contée, de la mort de Robin aux Enfers, demanda s’il n’y avait pas un espoir qu’il s’en soit sorti. C’en était trop, avaient-ils décidé tous les deux de la torturer, de la rendre folle, de la pousser à bout ? La remarque de Juliette sur Neïlina ne plus absolument pas à l’ancienne méchante reine qui alors foudroya du regard la blondinette. Pour qui se prenait-elle à ainsi mal parler de sa meilleure amie ?

- Croyez-vous vraiment que je serais ici à vous raconter tout ça s’il n’y avait même qu’une infime chance qu’il puisse être encore en vie ?!

Réalisant qu’elle s’emportait, elle secoua la tête en fermant les yeux quelques secondes, retenant ses larmes.

- Non, c’est impossible. Le Styx est une rivière infernale qui retient les âmes. Si l’on touche cette eau, on est condamné à y rester. Son but est d’empêcher les morts de regagner le monde des vivants, c’est comme… comme une frontière infranchissable, vous comprenez ? Par ailleurs, Vicky est aussi tombée dedans, peu avant.

Elle ignorait si Juliette et Petit-Jean l’avaient connue. Peut-être que oui, puisqu’elle travaillait au Granny’s.

- Je suis désolée, il n’y a rien que nous puissions faire... Il est parti pour toujours.

Le dire, prononcer ces mots, c’était comme être obligée d’accepter cette réalité qui était si dure à entendre et à vivre. Pourtant, c’était ainsi et le nier n’y changerait rien.

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J’étais désespérée. J’ignorais bien la décision que prendrait Petit-Jean vis-à-vis de la garde de Roland. Sur ce point je n’avais rien à dire et je ne dirais rien. J’adorais ce garçon mais je n’avais pas la moindre autorité sur lui, sans compter que je n’étais pas la seule à pouvoir prendre la décision d’une potentielle adoption, Romain aussi avait son mot à dire et en l’occurrence il n’était pas là. Après mon passage aux sanitaires, je revenais vers eux et m’asseyait à nouveau en face de Regina. Petit-Jean finissait par me rejoindre et s’asseyait également en demandant à Regina si oui ou non il y avait une chance que Robin ait survécu au Styx. Visiblement une autre personne était tombée dedans, une certaine Vicky. C’était cruelle, mais je n’en avais que cure de cette demoiselle, naturellement je plaignais ses proches mais je ne pouvais être malheureuse qu’une autre âme soit perdue. Prenant le poing serrer de mon ami dans ma main afin d’essayer de le détendre.

« C’est donc la fin »

Lâchais-je complètement désespérée. L’espoir n’était plus présent. Une lumière s’était éteinte, on ne pouvait rien y faire.

« Petit-Jean nous allons devoir l’annoncer aux Merry-Men… »

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