Ce n'était pas dans mes habitudes d'aller au Libertease mais aujourd'hui je voulais me changer un peu les idées et puis je ne faisais rien de mal. En prime, il fallait que je me change les idées. J'avais passé une journée de merde et je voulais boire un verre. J'avais d'abord été chez Granny's mais la gérante m'avait renvoyé chez moi au bout du troisième verres. Pourtant je tenais l'alcool. Je voulais juste un peu m'amuser ce soir. Alors j'avais décidé de passer la porte du Libertease pour la première fois et j'avouais que j'aimais bien l'ambiance. Les danseuses étaient peu vêtues certes mais elles bougeaient bien donc. Bon par contre elles ne bougeaient pas aussi bien que les nadrakes mais bon ça c'était une autre histoire.

Alors qu'une nouvelle danseuse arrivée sur scène, je manquais de m'étouffer quand je reconnus la danseuse. Je ne pus m'empêcher de lâcher un :

« Miss Frollo ! »

choqué. Je ne comprenais pas. Elle était si douce et si... Oh non. C'était l'autre. Enfin c'était compliqué. Le cas Miss Frollo était du pain béni pour un psy mais aussi un véritable casse tête. J'attendais qu'elle finisse de danser tout en essayant – en vain – de ne pas la regarder. Quand elle eut fini, j'usais de mon pouvoir afin d'arriver dans les loges sans qu'on ne me remarque. J'entrais dans la loge de Antonia.

« Je me dois de vous déconseiller ce type de travail même si vous excellez dedans. »

Je levais un sourcil. Je me demandais si son père était au courant qu'elle dansait aussi peu vêtue pour les hommes. J'otais ma veste de costume pour la poser sur ses épaules et la regardant à travers le miroir je lui dis :

« Je vous raccompagne. »

J'étais déterminé à la raccompagner mais je n'étais pas certain qu'elle se laisserait faire aussi facilement.

Je me retrouvais dans les loges à l'observer à travers le miroir tout en me demandant ce que je faisais là. Nous n'étions pas en consultation et j'aurai du ne pas m'en mêler mais je voyais dans son comportement un danger et je ne voulais surtout pas qu'elle soit en danger... ni elle ni Antonia.

« Votre père ne vous donne pas assez d'argent pour vivre ? »

C'était étonnant. Il ne me semblait pas que les Frollo manquaient d'argent... ou alors il voulait que sa fille se fasse son propre argent mais ce n'était visiblement pas la bonne solution avec elle.

« Je suis navré de décevoir votre sœur mais nous avons tous nos défauts... »

Et puis pour le coup je ne faisais rien de mal. Le libertease était le bar qui restait ouvert le plus longtemps en ville donc parfois je m'y rendais pour boire un verre. La première fois que j'étais venu c'était à cause de Regina mais j'y étais revenu sans elle parce que le bar m'avait plu quand même un peu. Elle me demanda si la danse m'avait plu avec un ton étrange...

« Le spectacle était fort distrayant. »

Je ne pouvais pas dire qu'elle dansait mal même si j'avais vu de meilleure danseuse. Malgré tout même si j'essayais de ne pas l'encourager je ne voulais pas lui mentir alors oui elle avait bien dansé. Je ne pouvais le nier. Malgré tout, Arsène ne semblait pas vouloir rentrer chez elle. Je n'étais pas certaine que son père apprécie ce qu'elle faisait mais cela ne me regardait pas du tout.

« Si vous ne souhaitez pas que je vous raccompagne, je vous laisse Miss Arsène. »

J'essayais de la sonder mais j'avouais aisément ne pas être à l'aise avec Arsène. Si ça avait été Antonia en face de moi tout aurait été plus simple pour moi. J'aurais su la ramener à la raison mais Arsène était tellement plus... Sauvage, impulsive. Malgré tout, je ne pouvais pas la laisser au proie de ses hommes qui n'avaient aucune retenue.

La conversation était intéressante. Beaucoup plus que lorsque nous étions en thérapie. Là au moins je voyais Arsène sans artifice. Ça me permettrait de mieux la comprendre. Enfin, je l'espérais.

« Il est triste de constater qu'un père puisse faire autant de différence entre ses enfants. »

Je ne comprenais pas cet aspect du personnage de Frollo mais bon je ne pouvais pas réellement le juger. Je n'avais jamais eu la chance de m'occuper de mes enfants et je ne savais donc pas comment j'aurai réagi face à leurs frasques.

« Parce qu'il n'est pas bien d'observer les gens ? Est-ce si différent que d'observer quelqu'un en pleine rue ? »

J'aurai pu être professeur de philosophie aussi. L'observation des gens était une chose très personnelle. Je ne me voyais pas comme une mauvaise personne parce que je regarde des jeunes femmes danser alors que Antonia trouvait cela déplacé. C'était intéressant.

« Et qu'aurez-vous souhaiter entendre ? Avez-vous aussi peu d'estime de vous même pour avoir besoin de compliment ? Vous savez que vous êtes sublime alors pourquoi devoir l'entendre ? »

C'était un problème de reconnaissance. Comme Arsène n'était pas accepté par son père, elle voulait que tout le monde n'observe qu'elle. Voilà pourquoi elle avait pris ce travail. C'était l'analyse que je pouvais en faire. Par contre ce qui me gênait le plus c'était le regard insistant de la demoiselle. Ça je n'arrivais pas à le comprendre. Elle me demanda si j'allais rester. Voulait-elle vraiment que je reste ?

« J'étais seulement venu boire un verre. Verre que j'ai déjà pris. »

Je lui souriais. Il commençait pas se faire tard mais et Lucy m'attendrait à la maison. Enfin si elle était rentrée. Bref, je ne savais pas vraiment si j'avais envie de me confronter à elle ou si je voulais encore me confronter à Arsène. Laquelle était la plus dangereuse au fond ? Je me risquais à une question.

« Vous dansez encore ? »

J'espérai que non mais je savais aussi que tout était possible avec Arsène. Je me demandais pourquoi Antonia laissait faire Arsène. Je savais qu'elles s'entendaient bien toutes les deux mais je n'avais toujours pas compris si elles travaillaient ensemble ou si elles se battaient une place.

Elle me dit que son père ne l'aimait pas. C'était dommage.

« Et ce n'est pas du tout ce que vous faites bien sur ? »

Je commençais par connaître Arsène. Elle ferait tout pour rendre fou le juge.

« La pudeur ne sauve pas de tout. Elle apprendra avec le temps. »

Il y avait des choses que lesquelles j'étais d'accord. Il y avait aussi du vrai dans les dires de Arsène aussi. Elles étaient complémentaires. C'était ça le plus important. Elle me dit d'arrêter de l'analyser et je souriais.

« Je suis navré. De vieux réflexes. »

J'avais pour habitude de toujours analyser les situations et pour le moment ça m'avait plutôt bien réussi. Alors du coup je le faisais sans m'en rendre compte comme là avec Arsène qui ne semblait pas s'amuser de la situation. Je ne relevais pas sa réflexion sur l'alcool mais je la trouvais assez juste. Elle me conseillait de profiter du moment présent mais je voulais savoir ce qu'elle me conseillait de faire.

« Et comment me conseillerez-vous de profiter du moment présent ? »

Elle avait peut être des idées que je pouvais suivre. Déjà je pouvais aller reprendre un verre au bar. Je pouvais encore tenir l'alcool j'étais maître de mes mouvements.

« Alors je vais vous laisser vous préparer pour la suite de votre show. »

Je lui souriais. Elle allait encore danser. Cette idée ne me plaisait pas vraiment mais je ne pouvais pas l'empêcher de continuer. Je pouvais par contre faire attention à ce que personne ne lui fasse du mal. Cela voulait dire par contre que je devais rester jusqu'à la fermeture du bar et cette idée ne me réjouissait pas vraiment.

Je riais doucement. Elle ? Gentille comme une image ? Si ça avait été Antonia qui l'aurait dit je l'aurai cru mais pas elle. Arsène, elle, elle était comme le petit diable sur votre épaule. Bien sur je la trouvais très drôle mais je n'allais certainement pas lui dire.

« Oui bien sur comme une image. »

Je la connaissais assez pour savoir qu'elle aimait mener en bateau son père mais ça c'était un conflit qui ne me regardait pas. Au contraire, je ne voulais surtout pas avoir à donner mon avis sur cette question. Elle était bien trop épineuse.

« Je suis pour les verres. Quant à inviter une fille.. Je ne pense pas que je vais le faire. »

En fait je savais que c'était un non catégorique. Je ne voulais surtout pas être un de ses hommes qui paient pour coucher. Non j'avais d'autres choses à faire que cela. Je lui souriais avant de me décider à partir. De toutes les façons elle ne voulait pas partir donc je ne pouvais pas forcer.

« Nous nous reverrons peut être en effet Miss Arsène. »

Je la saluais d'un mouvement de tête avant de me rendre de nouveau dans la salle. Je m'asseyais au bar et je commandais un nouveau verre tout en tournant le dos à la scène. C'était étrange. Tu devrais arrêter de t'en vouloir. Je soupirais. Cette voix je savais ce qu'elle était et ce qu'elle représentait. Moi ce que j'en dis tu sais. Je soupirais et je buvais mon verre perdu dans mes pensées. Pourquoi avais-je toujours ce besoin d'aider tout le monde ?