Ce matin-là, je me réveillais avec le sourire aux lèvres. Je n’avais jamais été aussi heureuse, aussi impatiente. Je me sentais un peu comme une enfant pour qui s’était son anniversaire. Mais je n’allais pas recevoir des cadeaux, ni des personnes chez moi. J’allais mettre l’établissement de Granny sans dessus dessous. C’était le jour où ma sœur allait payer une bonne fois pour toute. J’avais trouvé des alliés dans cette ville, des alliés qui comme moi, étaient prêt à la faire tomber de son trône. Nous allions enfin pouvoir avoir notre fin heureuse et régner sur cette ville. Des personnes allaient enfin se rallier à ma cause, nous avions tous le même but, la faire tomber. Frollo dirigerait la ville, grand bien lui face, je ne comptais pas rester ici de toute façon. Je comptais bien repartir sur Oz avec Walsh. Une fois prête, j’allais prendre une tasse de café tout en m’asseyant sur le bord de ma fenêtre. Je regardais dehors. Le temps était superbe, il n’y avait pas un nuage en vue. C’était une très belle journée pour une très belle victoire. Pour une fois, je décidais de me rendre en ville en marchant, sans trop savoir pourquoi d’ailleurs.
Je voyais l’établissement de Granny, il était là, juste de l’autre côté du trottoir. Il était relativement rempli. La plupart des habitants venaient y manger et y prendre leur petit déjeuné. Un sourire malsain se dessina sur mes lèvres. J’étais parfaitement consciente que je risquerai de faire des victimes, mais pour tout dire, je m’en fichais royalement. Leur sourire, leur rire, tout ça me donnais relativement envie de vomir. Le bonheur n’existe pas, l’amour et tout ce qui est positif, pffff, ce n’est que de la poudre aux yeux quand on y pense. Je me rendais compte que je n’avais jamais été heureuse durant ma vie. C’était un peu comme si je n’y avais pas droit. Dès qu’un petit peu de bonheur arrivait, il s’effondrait comme un château de cartes sans que je ne puisse faire quoi que ce soit. Je regardais autour de moi, j’étais seule dans la rue. D’un mouvement de poignet, je fis apparaître une boule de feu verte dans ma main et j’avançais vers le Granny ‘s. Les habitant était bien trop occupé à parler pour me voir arriver. Tant mieux, l’effet de surprise ne serait que meilleur. Au lieu d’ouvrir la porte comme une personne normal, je jetais ma boule de feu dessus afin de la faire exploser. Des cris de surprises se firent entendre et j’entrais dans l’établissement. « Oh, je vous demande pardon, mon entrée était trop fracassante pour vous ? Attendez de voir le reste ! » Je me mis à en faire de nouvelles et à les jeter sur tout ce que je voyais.
La plupart des habitants partirent en courant et en criant. Les autres se cachaient sous les tables. Mais je ne visais pas les personnes, je visais vraiment que le bâtiment en lui même. Je savais que ma sœur ne tarderait probablement pas à débarquer avec toute sa petite cour de lèche bottes. Tant mieux…. Je n’attendais que ça. En attendant, je déversais ma colère sur tout ce que je voyais. Et une chose était claire, ça me faisait vraiment du bien. Les verres volèrent en milles morceaux, ça faisait penser à une pluie de diamants. Granny arriva en face de moi avec son arbalète. Mon rire cristallin raisonna dans la pièce. « Tu es sérieuse grand-mère ? » D’un mouvement de poignet, je la désarmais et la fit voler à l’extérieur. Une arbalète contre moi ? C’était vraiment trop comique. Je jetais ensuite une boule sur les photos qui se trouvaient derrière le comptoir où on pouvait voir ma sœur en train de serrer la main de Granny. Est-ce qu’une personne inconsciente allait oser m’arrêter ?
Leah avait besoin de réfléchir. Elle aurait pu rester dans l’appartement qu’elle partageait avec Judy depuis peu, d’autant que la jeune policière partait travailler tôt le matin, ce qui lui permettait de se retrouver un peu seule, dans le calme. L’idéal pour ce qu’elle comptait faire actuellement.
Pourtant, elle se trouvait la, assise au Granny’s, devant une tasse de chocolat chaud accompagnée d’un croissant, au milieu du bruit ambiant des conversations et des odeurs multiples et déconcertantes. Ce n’était pas logique et, dans un sens, ça l’était totalement. C’était comme revenir au point de départ.
Un mois qu’elle était arrivée déjà, et il était temps de faire le point. Rien, absolument rien, ne s’était passé comme prévu. Elle improvisait, certes, mais, en venant ici, elle croyait savoir ce qui l’attendait. Plus ou moins.
Elle avait voulu trouver de la magie. Peut-être une porte ouvrant vers le monde qu’elle avait autrefois visité. Des informations sur ses amis.
De la magie, il y en avait. Des portes aussi, même si elles ne menaient nulle part. Le dernier point restait à approfondir.
Mais elle ne s’était pas attendue au reste. A ce sentiment de... familiarité ? Comme si elle était déjà venue, comme si elle connaissait cet endroit ainsi que les personnes qui l’habitaient.
En venant, elle avait espéré trouver une étincelle de magie qui la mènerait au reste. Mais au fil des rencontres, elle avait commencé à réaliser que le reste était peut-être déjà là, devant ses yeux. Et peut-être, peut-être que dans cette foule d’habitants ou dans cette forêt dense, se trouvaient ceux qu’elle cherchait.
Restait à les trouver.
Mais il n’y avait pas qu’eux à chercher. Elle avait commencé à s’installer à Storybrooke, en colocation, contre toute attente. Et malgré ses économies, elle risquait de ne pas pouvoir payer le loyer du mois suivant. Elle devait trouver un travail. Restait à savoir où.
Et puis... il y avait eu les récents événements. Impossible de réfléchir à son futur emploi alors que plusieurs bâtiments de la ville avaient été réduits en cendres pendant la nuit. Il se passait quelque chose à Storybrooke. Restait à savoir quoi.
Il restait beaucoup de choses à faire, en fin de compte.
Et ce bruit d’explosion l’empêchait de réfléchir correctement.
Explosion ?
Un trou béant remplaçait la porte du restaurant dont quelques morceaux gisaient au sol. Du moins, elle supposait qu’il s’agissait de morceaux de porte. Calcinés, réduits en lambeaux et en cendres, il était impossible de dire ce qu’ils étaient à l’origine.
Des boules de feu se mirent à voler partout, faisant voler en éclats les vitres, les murs et les décorations du Granny’s. Leah savait qu’un tel phénomène était observable lors d’un violent orage, lorsque la foudre s’introduisait dans les maisons sous la forme d’un globe incandescent volant à toute vitesse.
Elle ne savait pas qu’on pouvait les attraper à pleine main.
Une femme aux longs cheveux roux se tenait dans le bar, lançant des flammes comme on lançait des balles de tennis, un grand sourire étirant ses lèvres.
Leah cligna des yeux pendant que le restaurant tremblait autour d’elle.
Elle ne prit pas la fuite, comme beaucoup d’autres clients. Elle regarda, médusée, la vieille propriétaire qui donnait son nom à l’établissement sortir de nulle part une arbalète et viser la femme aux boules de feu. Cette dernière la fixa en riant et l’envoya valser à l’extérieur après l’avoir désarmée.
Tout cela en un mouvement de poignet.
Ébahie, Leah resta immobile un long moment, observant cette dame alors qu’elle détruisait un à un les cadres affichés derrière le comptoir.
Elle semblait s’en donner à cœur joie.
Si elle survivait à cette journée, son carnet serait sans doute trop petit pour la raconter.
Son carnet. Il n’était plus devant elle. Elle le chercha du regard dans la pièce sens dessus dessous et finit par le trouver sur le sol. Il avait dû voler pendant une explosion. Et avec toutes les boules de feu qui volaient dans la pièce, il avait peu de chance de survivre à la prochaine.
Alors elle perdrait tout.
Ses dessins et les maigres informations qu’elle avait récolté.
C’était sans aucun doute extrêmement stupide et dangereux mais elle y réfléchirait plus tard. Pour l’instant, il fallait agir. Elle plongea au sol et se précipita sur son bien.
Le Granny ressemblait à présent à ces vieux bâtiments abandonnés depuis des années. Les habitants étaient complètement paniqués et ils courraient dans tous les sens sans vraiment savoir où aller. C’était vraiment pathétique à voir, on aurait dit des fourmies qui avaient perdues tout repère. Je marchais parmi les débits, le talon de mes bottes crissait sous les morceaux de verres. Je regardais dehors, c’était un véritable chaos, digne d’une fin du monde. Un sourire étira mes lèvres, s’était un très bon début de journée, j’avais vraiment hâte de voir ce que mes acolites avaient fait de leur côté. Un bruit attira mon attention et je baissais les yeux. Une jeune femme se trouvait par terre devant moi. Je ne l’avais jamais vu avant. Je levais les yeux au ciel et je soupirai. Ce n’était vraiment pas le moment du tout… Je n’avais pas le temps et encore moins l’envie de parler avec qui que ce soit. Aussi incroyable que cela puisse paraître, je mettais fait une promesse, celle de ne tuer personne et de ne faire que des dégâts matériel. Mais je n’avais clairement pas prévu cette fille dans mon plan. Que voulait-elle ? Pourquoi ne prenait-elle pas ses jambes à son cou comme tous les autres ? Oh non… Pitié…. Ne me dîtes pas qu’elle a envie de jouer les héros… Elle perdrait de toute façon. Je la regardais et je la relevais en la prenant par le cou. Pour le moment, je ne serrai pas, car i je le faisais, cette dernière ne pourrait pas répondre à mes questions. Si ça se trouvait, il s’agissait d’une personne qui travaillait pour ma sœur et si tel était le cas, je ferais une exception à la règle en la torturant et en la tuant. Cela faisait bien longtemps que je n’avais torturé personne, ce serait l’occasion de voir si j’avais perdu la main ou non. Un sourire mauvais se dessina sur mes lèvres. Mais j’allais devoir faire vite, je devais aller rejoindre Frollo et les autres, il ne fallait pas que je me laisse déconcentrer par cette jeune fille.
« Tiens, tiens, qu’avons-nous là ? Je peux savoir qui tu es et pourquoi tu n’es pas sortie d’ici en courant comme tous les autres ? » Je voyais qu’elle avait un carnet dans ses mains. Tiens, intéressant, est-ce qu’elle m’espionnait et écrivait des choses sur moi afin de les rapporter à ma sœur ? Je lui arrachais son précieux carnet des mains sans l’ouvrir et mon regard ce fit plus froid. « Qu’est-ce que c’est que ce carnet ? Tu travailles pour Régina ? » J’avais les dents serrées et le ton de ma voix était sifflant. Tel un serpent qui emprisonnait sa proie, j’attendais que cette dernière me réponde. Et elle avait clairement intérêt à ne pas se moquer de moi. Ceci dit, je savais que ma réputation me précédait et si elle savait qui j’étais, elle allait très rapidement se mettre à me parler et à me dire tout ce que j’avais besoin et envie de savoir. Je n'étais pas une bonne personne et je ne le serai jamais. Pour moi, les sentiments sont une faiblesse qu'il vaut mieux ne pas garder. L'amour fait souffrir, on dit que l'espoir fait vivre, ça, je veux bien le croire, car sans espoir, je ne serai pas là aujourd'hui à vouloir me venger de ma soeur. Le bon côté, c'est que je n'étais pas la seule. Il y avait dans cette ville un bon nombres de personnes qui lui en voulait tous pour tel ou tel raison. J'avais réussi à rallier tout un tas de personnes à ma cause, j'allais enfin gagner, j'allais enfin avoir la fin heureuse que je considérais tellement mérité! Et ce n'était pas cette pauvre fille qui allait tout gâcher. Je serrais doucement mon emprise autour de son cou. Si elle tenait tellement à son précieux carnet, elle avait interêt à me dire tout ce que je voulais entendre. Sans quoi, je serai obligée de le changer en tas de poussières.
LLeah n'était pas suicidaire. Mais ce qu'elle venait de faire l’était assurément. La magicienne, qui tenait plus de la sorcière que de la bonne fée marraine, fut attirée par son mouvement et porta son attention sur elle. Et, vu son regard, ce n’était pas pour lui tendre la main et aider à la relever. Ou peut-être que si, finalement ?
La main fut tendue, certes, et Leah fut relevée. Enfin, plutôt, tirée par le cou jusqu’à être soulevée. A présent debout, les jambes pendant dans le vide au-dessus du sol, la gorge serrée par une main invisible qui, heureusement, ne l’étouffait pas, pour l’instant. Elle secoua inutilement ses membres engourdis mais ne put se défaire de l’emprise de la sorcière qui la maintenait en l’air sans effort. Leah sentit la peur la gagner et se demanda pourquoi elle n’avait pas fait comme les autres, pourquoi elle n’était pas restée sagement cachée en attendant la fin de la tempête, pourquoi elle n’avait pas couru dehors à la première occasion, pourquoi elle avait voulu récupérer ce carnet à tout prix.
Mais elle savait pourquoi.
Elle n’avait pas quitté le Granny’s, fascinée par cette femme et la magie qui émanait d’elle, les boules de feu qu’elle faisait jaillir et la destruction qu’elle provoquait sur son passage. Elle ne s’était pas précipitée sous une table, immobile, les yeux et l’attention fixés sur la sorcière et la magie qui fusait.
Oh, la magie, elle en avait déjà vu.
Avec la Mère supérieure du Couvent, tout en douceur et en lumières colorées, une magie qui flottait dans l’air tout autour d’elle et lui donnait un sentiment de sécurité et de familiarité.
Avec le mystérieux M. Gold, tout en subtilité et finesse, si bien qu’elle doutait de ce qu’elle voyait chez lui, un jeu auquel il prenait plaisir à gagner en la trompant, une magie si fine et si vivace qu’elle disparaissait avant que l’on réalise sa présence.
Avec cette femme, c’était tout autre chose. Sa magie n’avait rien de subtil, toute en puissance et en furie, une magie qui tourbillonnait et envoyait valser le monde autour d’elle, et au milieu de cette tornade, elle se tenait, le visage illuminé d’un sourire, admirant son œuvre avec satisfaction.
C’était effrayant. Et fascinant.
La rousse avait-elle lu dans ses pensées ? Possible, après cette matinée, plus rien n’étonnait vraiment Leah. Ou peut-être que la question était simplement logique, puisqu’elle-même se l’était posée un instant plus tôt. Que pouvait-elle dire à présent ? Qu’elle était fascinée par cette femme qui venait de refaire la décoration du restaurant en quelques minutes ? Qu’elle attendait de voir une telle démonstration de force depuis son arrivée ici ? Cela expliquait le fait qu’elle soit restée. Mais pas son opération suicide.
Elle tourna la tête vers sa main droite qui tenait fermement le carnet pour lequel elle venait de risquer… elle ne savait pas encore ce qu’elle risquait, pour l’instant la situation se résumait à une pendaison à une corde invisible. Mais tout pouvait basculer. Leah frissonna. Elle ne tenait pas à finir comme la porte de l’auberge. La sorcière semblait friande des boules de feu, les vertes en particulier, et la brune espérait que l’envie d’en lancer une petite dernière ne la prendrait pas. Du moins, pas tout de suite. Pas tant qu’elle serait à sa merci.
Son mouvement de tête avait dû attirer l’attention de son bourreau puisque la rousse lui arracha son carnet des mains et lui demanda de quoi il s’agissait. Regard dur. Voix glaciale. Un sifflement. Un frisson la parcourut tandis qu’une autre voix, tout aussi désagréable, retentissait dans son esprit. Elle ferma les yeux, cœur affolé et respiration erratique. Elle tenta de se calmer, d’inspirer, de ne pas montrer sa peur, de ne pas lui offrir cette arme sur un plateau. Il fallait qu’elle réponde, elle ne l’avait pas fait la première fois et elle ne tenait pas vraiment à mettre la rousse en colère. Celle-ci semblait particulièrement haïr Mademoiselle Mills puisque sa poigne se resserra quand elle prononça son nom, soupçonnant Leah de travailler pour elle.
La suffocation ne l’aidait pas à reprendre son souffle et sa lutte pour respirer l’empêchait de réfléchir calmement. Elle porta ses mains à son coup, réflexe inutile et tentative désespérée de faire lâcher cette main invisible qui l’étranglait lentement. Elle secoua les jambes dans le vide, geste tardif, elle aurait mieux fait de prendre la fuite quand ses pieds touchaient encore le sol. A présent, elle était impuissante. Dans les mains de cette sorcière.
Se concentrer. Réfléchir. Répondre à sa question. Une réponse qui la satisferait.
Nnnn… non, parvint-elle à articuler malgré la pression exercée sur sa gorge.
C’était la vérité. Elle ne savait pas si cette femme pouvait détecter les mensonges mais si c’était le cas, elle ne détecterait rien. Elle n’était pas amie avec le maire et cette dernière ne lui avait certainement pas offert de poste. Elle était donc relativement en sécurité. Et, si elle voulait le rester, il valait apparemment mieux qu’elle ne sympathise pas trop avec Regina Mills. Malgré tout, Leah voulait en savoir plus. Pourquoi cette femme détestait tant le maire ? Est-ce que cette dernière était au courant que son ennemie était une sorcière ? Que lui avait-elle caché ?
Qui… êtes vous ?
Elle avait réussi à péniblement éructer ces paroles, par miracle. Il en faudrait bien un pour la sortir de cette situation.
Très franchement, je n’avais pas du tout de temps à perdre. Je devais suivre le plan et je n’avais pas prévu de me faire couper dans mon élan par cette fille. Je ne savais pas qui elle était, mais une chose était certaine, elle n’était pas au bon endroit et encore moins au bon moment… J’avais absolument besoin de savoir si cette dernière travaillait pour ma sœur. Je savais être une personne plutôt persuasive quand il le fallait.
Je n’étais pas une personne gentille et tout le monde le savait. Personne n’avait donc été étonné de me voir mettre le restaurant de la vieille Granny à sac. Je trouvais quand même que j’avais été relativement sage pour le coup, je n’avais tué personne. Car oui, ce n’était clairement pas l’envie qui me manquait. Mais je mettais retenue. Je soulevais donc cette fille du sol avec une facilité déconcertante. La magie est vraiment une chose incroyable dont je ne pourrai pas me passer. Je me retenais de ne pas serrer d’avantage. Un petit sourire mauvais naquit sur le coin de mon visage. J’avais carrément l’impression d’être une araignée qui avait réussi à capturer un petit insecte insignifiant et sans défense.
Je constatais en la regardant bien, que je ne la connaissais pas du tout. C’était étrange, cela faisait pourtant un petit moment que j’étais en ville. Cette dernière n’était d’ailleurs pas très grande, je me disais donc que j’avais du y croiser tout le monde. Mais il fallait croire que non… Car cette fille ne me disait vraiment rien pour le coup. Intérieurement, je soupirai, ne sait-elle donc pas que la curiosité est un vilain défaut ? Car elle me demandait qui j’étais et je dois dire que sur le coup, j’étais vexée et surprise à la fois. Tout le monde connaissait mon histoire pourtant non ?
Cette dernière me dit qu’elle ne travaillait pas pour ma sœur. En même temps, elle n’allait pas m’avouer le contraire, elle était dans une position où elle dirait tout ce que je veux entendre afin que je la relâche. Mais elle n’allait pas s’en sortir aussi facilement. Cependant, je la relâchais un peu afin d’entendre ce qu’elle avait besoin et envie de me dire.
« Je suis Zelena la sœur de Régina, mais je suis plus connue sous le nom de la sorcière de l’Ouest. »
Oui, je sais, j’aurai dû commencer comme tout méchant digne de ce nom en lui disant que c’était moi qui posais les questions et non elle. Mais pourquoi ne pas accéder à sa requête après tout ? A présent que j ‘avais pris le soin de me présenter, c’était à elle de faire la même chose.
« Et toi ? Qui es-tu et pourquoi tiens tu autant à ceci ? »
Lui demandais-je en agitant le cahier. Je voulais le savoir car si ça se trouvait, elle me mentait et elle avait prit des notes sur moi ou sur les autres. J’avais entendu dire que les personnes sans magie sont dangereuses et je ne sentais pas de magie émaner d’elle. Dans les villes, il y a toujours des rumeurs, même ici. J’avais entendu dire que des visiteurs venaient fouiller dans la ville. Nous sommes censés être des personnages de Conte et non des animaux de foire. Nous sommes donc obligé de nous protéger. Elle avait intérêt à me répondre vite car je ne suis pas le genre de personne qui possède le plus de patience. Une chose était certaine, elle n’avait pas intérêt à me mentir.
Tout à coup, une idée me traversa l’esprit. Je pourrai lui arracher son cœur et le garder avec moi. Si elle était proche de Régina, je pourrai me servir d’elle pour savoir si ma sœur avait un plan pour nous contrer et si ce n’était pas le cas, je pourrai savoir si elle en ferait un. En ce qui me concernait, je trouvais vraiment que c’était une excellente idée, c’est toujours utile d’avoir une taupe pour récolter certaines informations. Si elle était du côté de ma sœur, j’allais vite la faire changer d’avis, même si je devais bien avouer que le faire sans chantage serait tout aussi bien. Quoi que, il y a bien longtemps que je n’avais pas arraché le cœur d’une personne et encre moins jouer avec cette dernière. Arracher le cœur d’une poitrine vous donne un sentiment de puissance que vous n’imaginez même pas. C’est dans ce cas précis que la phrase avoir une vie entre ses mains prends tout son sens. Sentir cet organe battre dans sa main, c’est vraiment quelque chose de magique. La personne a qui on l’a retirée devient votre serviteur et vous pouvez en fait ce que vous voulez.
Survivre. C’était tout ce qui importait à présent, un mot qui résonnait dans son esprit en une litanie incessante. Échapper à cette femme qui la tenait entre ses griffes, fuir le plus loin possible, loin de cet endroit. Elle avait toujours rêvé de venir dans cette ville, de trouver des réponses à ses questions, de pouvoir à nouveau côtoyer la magie et les monstres. Elle avait cherché à sortir de son quotidien si banal à s’éloigner de sa famille, d’un endroit qu’elle ne considérait plus comme son foyer pour retrouver son véritable chez soi, sa vraie place. Mais en cet instant, elle n’avait jamais autant souhaité y retourner et se blottir dans les bras de ses parents, comme avant, comme après un cauchemar et un réveil brutal, en sueur et effrayée.
Mais c’était bien réel, comme l’avait été son voyage, une trentaine d’années plus tôt. Une aventure dont elle se souvenait à peine, mais dont les vagues réminiscences étaient teintées de joie et de nostalgie. À présent, les images oubliées surgissaient devant ses yeux et elle revivait la terreur vécue face à lui, son tortionnaire. Il ne lui avait plus jamais rendu visite, pas en personne, mais elle n’avait pu s’empêcher de le revoir dans tous les reptiles qu’elle avait croisé, ce caméléon qui avait fait de son rêve un cauchemar qu’elle avait préféré oublier, le reléguant au fond de sa mémoire pour ne garder que l’illusion de douceur qui enveloppait ce voyage.
Mais la peur était à nouveau là, plus présente que jamais maintenant qu’elle était associée à la magie et à la menace, maintenant que Leah était seule. La petite fille en elle espérait que quelqu’un vienne, la sorte de cette situation mais personne ne viendrait, elle était livrée à elle-même, ou plutôt à cette sorcière, Zelena, disait-elle se nommer. La sorcière de l’Ouest, un titre qui lui disait quelque chose, elle en avait probablement une connaissance plus vaste mais la situation ne lui permettait pas d’explorer cette possibilité. Savoir qu’il s’agissait d’une sorcière suffisait, peu importait le point cardinal vers lequel elle faisait régner la terreur.
Un bref instant, l’image d’une femme, chapeau pointu et maillot de bain, juchée sur un balai survolant la Californie lui traversa l’esprit, cette scène cocasse provoquant un léger rire intérieur qui parvint à détourner son esprit de la situation dans laquelle elle se trouvait. C’était ridicule, mais l’humour lui permettait au moins d’oublier sa peur, ne serait-ce qu’une seconde. Son état intérieur n’affecta pas visiblement son visage mais sa mâchoire se détendit imperceptiblement, un changement qui ne fut pas sans conséquence sur sa respiration. Il lui semblait que l’air entrait plus facilement dans ses poumons, comme si la sorcière avait relâché sa prise sur la gorge de sa proie.
Elle agitait le carnet, impatiente, exigeant des réponses, un nom, une raison qui justifierait son acte suicidaire, l’interrogea sur le contenu de ce cahier, un amas de feuilles qu’elle tenait entre ses mains et qu’il lui aurait été si facile d’ouvrir pour obtenir par elle-même les informations qu’elle souhaitait. Mais non, bien sûr, elle voulait un aveu direct, entendre de la bouche de sa prisonnière la vérité ou un mensonge destiné à se protéger, ou peut-être ne pouvait-elle simplement pas l’ouvrir sans distraire la main occupée à garder son emprise sur sa victime. Une brève seconde, Leah imagina ce qui se passerait si ses réponses ne satisfaisaient pas la sorcière, ou si elle échouait une éventuelle tentative d’évasion. La seconde fut suffisante pour que des images s’engouffrent dans la brèche ouverte et que l’imagination de la brune s’affole, créant des scénarios, chacun lui paraissant être le pire jusqu’à ce qu’un nouveau ne rafle ce titre, et ses yeux s’écarquillent tandis qu’elle tentait vainement de substituer à ces images le tableau humoristique imaginé un peu plus tôt, une pensée qui peinait à rester en surface, bien trop vite engloutie par les angoisses, plus nombreuses et plus fortes, nourries par des années de peurs enfouies dans les tréfonds de sa conscience.
Le cœur toujours battant, elle sentit avec horreur ses muscles se crisper, poings serrés, bras tendus le long de son corps, jambes fléchies et orteils recourbés, chacun de ses nerfs se tendant pour la plonger dans une tétanie qui la fit maudire son imagination trop fertile. Sa lutte se transforma en passivité tandis qu’elle haletait a nouveau, difficulté de respiration liée à son état émotionnel plus qu’à la prise de cette prédatrice sur sa gorge. Tel un lapin pris entre les phares d’une voiture, elle observa la scène comme absente de son propre corps, les secondes ralentissant pour devenir des minutes, des heures. Elle avait tenté de résister, de tromper sa peur, mais que pouvait elle face à cet ennemi invisible et omniprésent, un ennemi qui possédait son corps et son cerveau, ne lui laissant aucun libre arbitre ?
Le carnet n’avait plus aucune importance, il pouvait brûler, être lu par quiconque le souhaitait, il n’avait qu’une valeur émotionnelle après tout, ne renfermait aucun secret si ce n’étaient ses plus grands espoirs, mais que verrait un inconnu dans ses croquis de monstres ? Elle voulait seulement vivre, même si elle devait cohabiter avec sa peur, même si pour cela il fallait s’abandonner totalement et inconditionnellement à cette terreur qui l’étreignait, même s’il fallait accepter d’être lâche et se perdre dans cet unique but, la survie.
S’il... vous plaît....
Sa voix n’était qu’un souffle, un murmure aux accents brisés tandis que les larmes dévalaient ses joues, ses propres mots parvenant à son oreille comme une musique dissonante alors qu’elle se haïssait de cette faiblesse, face à laquelle elle ne pouvait rien, impuissante et réduite à la supplication, elle qui avait toujours trouvé une porte de sortie.
J e ne me retenais pas de soupirer et encore moins de lever les yeux au ciel. J’étais même prête à bailler tellement j’étais lassée d’entendre, pitié, s’il vous plaît, je vous en supplie. Ce n’était pas la première fois que j’entendais ce genre de plainte et je savais que ce ne serait pas la dernière fois non plus d’ailleurs. C’était vraiment grisant de pouvoir faire de la magie et de sentir ce sentiment de supériorité. J’avais le choix de la laisser vivre ou de la tuer. Mais j’avais un problème, j’avais énormément de choses à faire et je savais que ça ne pourrait pas attendre. Cependant, il fallait que je réfléchisse, car si ça se trouvait, cette jeune femme pourrait me servir. Avoir une taupe serait bien pratique. Un sourire mauvais se dessina sur mon visage. Je la relâchais sans me préoccuper de savoir si elle tomberait ou si elle serait capable de retomber correctement sur ses pieds. Mais je prenais quand même soin de garder son précieux carnet dans ma main. Car si elle était revenue sur ses pas pour le chercher, c’est que ce dernier devait avoir une certaine valeur à ses yeux.
« Bien, tu vas me dire qui tu es et pourquoi ce carnet est aussi important pour toi. A moins que….. » D’un simple mouvement de poignet, je fis apparaître une boule de feu et je plongeais mon regard dans le sien afin de lui faire comprendre que si elle ne voulait pas que je le réduise en cendres, elle avait plutôt intérêt à me dire ce que je voulais savoir. Quoi que, même si elle me le disait, je le réduirais peut-être en cendre malgré tout. C’était tellement drôle de voir à quel point les humains tenaient à certains objets. Elle avait intérêt à se dépêcher. Pendant que j’attendais que cette dernière se décide à ouvrir la bouche, je me demandais en quoi je pourrai bien la changer. En lapin ? En singe volant ? En punaise que je pourrai écraser par la suite ? Tellement de possibilités.
Je ne savais pas pourquoi, mais j’étais vraiment persuadée que cette fille était de mèche avec ma sœur et je n’allais pas tarder à avoir confirmation. Frollo m’attendait et je ne voulais pas me faire ralentir par ce petit dommage collatéral. Je pourrais toujours la changer en statu et venir la libérer plus tard. Mais je devais bien avouer que j’étais trop curieuse d’entendre ce qu’elle avait à me dire. Je connaissais bien assez Frollo pour savoir qu’il ne me trahirait pas. Ce ne serait pas dans on intérêt de toute façon. Je tapais du bien sur le plancher de ce qui auparavant, ressemblait à un restaurants où les plats n’étaient pas spécialement bon d’ailleurs. « Je ne suis pas du genre patiente alors tu ferais bien de te dépêcher. » Oui, c'est vrai, j'aurai très bien pu regarder moi même ce que contenait ce fichu carnet, mais on notera que ça aurait quand même été beaucoup moins drôle.
Un soupir et un regard vers le ciel, signe d’un agacement et d’une impatience difficilement contenus. Leah observa avec curiosité la sorcière, surprise de ne pas la voir se délecter de sa peur, de ses cris, de son abandon complet et de ses tremblements incontrôlés. L’autre n’aurait jamais laissé passer une telle occasion, se serait repu de ses exclamations de terreur, aurait cherché à en obtenir plus, à l’emmener plus loin dans ses supplications. Zelena ne le fit pas, peut-être s’était-elle lassée de ses victimes à la longue, ou peut-être avait-elle mieux à faire, au fond la raison de ce désintérêt importait peu à Leah, l’essentiel étant de sortir saine et sauve de ce café où elle ne remettrait pas de sitôt les pieds.
Elle tomba lourdement sur le sol lorsque la prise autour de son cou fut desserrée, soudainement, l’air entrant de manière brusque dans sa gorge et faisant se soulever sa poitrine de manière frénétique. Elle pouvait enfin respirer sans entrave aucune, haletante pour l’heure, son organisme se réhabituant peu à peu à recevoir l’élément précieux qui lui avait presque fait défaut quelque temps auparavant. Ses muscles raides se détendaient peu à peu tandis que des crampes les saisissaient après ce temps d’immobilité forcée. Ses genoux avaient heurté le sol pendant sa chute et elle n’osait à présent pas les bouger, de peur de réveiller une douleur déjà vive.
La sorcière ne lui laissa pas de temps de répit, réitérant sa question à propos du carnet et de sa valeur à ses yeux et Leah tenta de se concentrer, afin d’offrir à celle qui la détenait pour l’instant une réponse satisfaisante cette fois-ci, des mots qui lui accorderaient peut-être la vie sauve. Elle essaya de se souvenir de ce qui l’avait poussée à bondir droit sur le danger mais tout était allé si vite. Elle n’avait pas réfléchi, guidée par ses émotions plus que par sa raison, dans l’espoir de sauver de la destruction un objet à valeur sentimentale, un objet qui ne représentait pour d’autres que du papier et pour elle… Des dessins, les monstres et autres créatures plus ou moins humaines rencontrées là-bas, dessinées juste après son voyage ou encore à Storybrooke, l’atmosphère de la ville rendant les images du passé plus nettes. D’autres dessins, ceux des personnes rencontrées dans la ville, annotés avec ses impressions suite à une discussion ou des observations. Parmi eux, entre autres, Emma Swan, acquéreuse illégale d’une voiture qui avait partagé le quotidien de Leah quelques années avant de disparaître brusquement, mystérieusement, ou encore l’étrange Mr Gold, dont les sourires narquois et le ton teinté d’ironie intriguaient la jeune femme. Parmi eux, encore, Regina Mills, au moins un portrait susceptible d’intéresser celle qui prétendait être sa sœur.
Je viens d’arriver et j’ai… discuté avec plusieurs personnes. J’ai simplement… écrit dans ce carnet mes impressions sur… ces personnes, au milieu de dessins… d’enfance. C’est pour ça que j’y tiens autant. Les dessins, des souvenirs d’enfance, ça compte… beaucoup pour moi, et ça se remplace pas.
Elle essayait de mettre de l’ordre dans sa pensée chaotique et décousue, de dire la vérité, ou tout au moins une partie de celle-ci tout en répondant assez rapidement malgré son souffle saccadé, afin de ne pas alimenter l’impatience de la femme qui se tenait face à elle, tapant du pied avec agacement. Elle chercha dans sa mémoire des bribes de sa conversation avec le maire, repensant à la question posée un peu plus tôt par la sorcière qui tenait tant à savoir si elle travaillait pour sa sœur, comme s’il s’agissait du plus grand crime existant.
J’ai parlé avec votre sœur après mon arrivée. Je pense… qu’elle se méfiait de moi et je sais qu’elle m’a caché beaucoup de choses…
Elle jeta un regard entendu autour d’elle, contemplant une destruction réalisée en quelques minutes seulement, sans l’aide d’aucune arme, revit les boules de feu virevolter dans la pièce et songea à ce qu’avait répondu Regina à sa question portant sur l’existence de la magie. Une comparaison avec un gamin et un discours sur l’amour. Etait-elle aveugle au point de ne rien savoir de la magie flottant dans la ville dont elle était le maire ? Ou avait-elle délibérément menti, orientant la discussion vers un terrain moins glissant ? Pouvait-elle réellement ignorer la magie alors même que sa propre sœur la pratiquait ? Leah connaissait la réponse et elle ferma les yeux, un sourire naissant au coin de ses lèvres avant qu’un petit rire nerveux ne s’en échappe, ses yeux s’ouvrant tandis qu’elle tournait en dérision sa propre naïveté.
Elle s’est bien moquée de moi en tout cas…
Le soupir était destiné à elle-même plus qu’à celle qui lui faisait face. On l’avait manipulée, on lui avait menti, et elle en payait maintenant les conséquences, hébétée par une magie qu’elle aurait peut-être moins craint si elle en avait eu véritablement connaissance. Oh elle l’avait soupçonné et même aperçu furtivement mais était-ce suffisant pour prendre réellement la mesure de ce qui l’attendait ? A quoi bon s’assurer de garder soigneusement un secret si des vies étaient menacées par ces mensonges ? Que pesait ce secret dans la balance, face à une vie humaine ? Mais peut-être Regina n’avait-elle aucune considération pour sa vie d’étrangère insignifiante. Bien sûr, sa ville valait mieux, pourtant même ce mensonge n’avait pas pu la protéger de la destruction.
J Cette dernière avait vraiment intérêt à faire vite. Je n’avais pas le temps pour une conversation et encore moins pour une séance de torture. Même si je devais bien avouer que ça me manquait un peu. Rien de tel qu’une bonne séance de torture dans un endroit humide pour vous redonner le sourire. Je la lâchais et je la regardais avec un air plus que supérieur. Elle n’était qu’un pauvre insecte à mes yeux, un insecte que je pouvais briser comme je voulais d’un simple mouvement de poignet. Mais avant toute chose, je voulais savoir ce qu’il y avait dans ce fichu carnet. Elle reprit son souffle et répondit enfin à ma question.
Ce carnet ne contenait donc rien de très spécial à part les notes qu’elle avait prise sur différentes personnes. La question, c’était pourquoi ? Elle ne devait peut-être pas savoir que la magie était dans cette ville et elle avait peut-être du avoir des soupçons. Elle avait raison, les souvenirs d’enfance sont une chose important à partir du moment où ces derniers sont heureux. Et on ne pouvait pas dire que ceux de Zelena l’étaient… C’était un sujet relativement sensible pour elle. La sorcière haussa un sourcil à la phrase que venait de lui dire la jeune femme. « Ma sœur se méfiait de vous ? Et pour qu’elle raison ? Vous n’avez pas l’air d’être spécialement dangereuse. Quoi que, à vouloir fouiner un peu partout, on finit bien souvent par se faire prendre. »
Eh oui, la curiosité est un vilain défaut et il peut être grave parfois et avoir de graves conséquences. Mais la phrase qu’elle venait de dire me fit sourire. Elle n’avait pas l’air d’apprécier spécialement Régina et là, je devais bien avouer que ça devenait intéressant.
« Vraiment ? Que s’est il passé ? Si vous désirez vous venger ou en parler, je suis à votre disposition. Mais nous allons devoir couper court à cette entrevue car je suis attendue. Souhaitez-vous que nous en reparlions en priver ?»
Je ne pouvais pas laisser passer une occasion d’avoir une autre personne de mon côté. Il fallait donc que je la revois mais là, je me retrouvais dans l’obligation de partir car Frollo nous attendait et j’étais un peu pressée par le temps malheureusement. Mais ce n’était que parti remise. J’avais bien aimé le regard qu’avais eu cette jeune femme lorsqu’elle avait parler de ma sœur.
La curiosité, vilain défaut trop souvent reproché à une enfant à la tendance incongrue d’ouvrir toutes les portes puis à une adulte poussant les recherches scientifiques parfois trop loin au goût de certain, ce trait de caractère qui l’avait amenée dans cette situation, commençait à se retourner en sa faveur. Nul ne pouvait se targuer d’être à l’abri de toute soif de savoir et les réactions de la sorcière qui lui faisait face confirmèrent à Leah qu’elle partageait cette curiosité avec elle. D’autres questions se succédèrent, le ton passant de la menace à un intérêt évident, la proie devenant au fil de l’échange une alliée potentielle, a la grande surprise de l’amie des monstres qui sentit un profond soulagement envahir son corps qui conservait néanmoins une tension évidente, bien que sa survie ne soit plus mise en doute, du moins en apparence.
Elle prit son temps pour répondre, analysant le discours de cette femme comme on décortique un élément étudié pour savoir comment appréhender une matière inconnue. Un faux pas et son attaquante pourrait revenir à la charge, ses impulsions et ses envies semblant la guider plus que son raisonnement lorsqu’il s’agissait de magie. Magie. Le mot glissait dans son esprit bouleversé, le remuant autant qu’il l’apaisait, savant mélange de satisfaction suite à une découverte qu’elle n’osait plus espérer et d’incertitude quant à ce qu’elle ressentait réellement. Les émotions étaient trop confuses, trop instables pour être analysées à leur tour alors la scientifique se concentra uniquement sur les interrogations présentes, repoussant le reste au fond d’une mémoire qu’elle savait bien plus perméable qu’elle ne l’aurait voulu à présent, les images ne pouvant plus être refoulées avec autant de facilité qu’elles ne l’avaient été ces dernières années. Elle éclaterait sans aucun doute à nouveau, mais pour l’instant elle souhaitait simplement reprendre le peu de composition qu’elle pouvait glaner parmi les miettes de sa cohérence. Elle inspira fortement et se redressa quelque peu, cherchant dans sa posture l’assurance factice qu’elle souhaitait montrer.
Elle ne releva pas la pique ordinaire concernant ce qu’elle considérait pour sa part comme une qualité, car la curiosité n’était elle pas le propre de l’homme et la raison du progrès effectué au fil des millénaires ? Elle s’intéressa cependant aux questions portant sur la méfiance du maire à son égard, cherchant une réponse prudente qui contenterait son interlocutrice sans révéler ses véritables intentions. La vengeance n’en était pas une, en dépit de ce qu’espérait Zelena, mais elle se garda bien d’émettre le moindre avis. Elle ne s’allierait probablement jamais avec cette femme, sauf en vue d’atteindre ses propres objectifs qu’elle visait cependant seule, mais mieux valait rester discrète, n’entrer dans aucun camp pour ne pas attirer l’attention, mais également n’affirmer aucune singularité qui pourrait conduire autrui à se poser des questions sur une personne trop solitaire.
Leah Milton. Je ne viens pas d’ici, et apparemment c’est suffisant pour paraître dangereuse. Elle voulait me cacher tout ça, mais maintenant...
Un sourire faible à ces mots, la mascarade causée par ce maire tournant autour du pot en gardant ses secrets à présent inutile à ses yeux. Peu importait pour le moment cependant, elle souhaitait uniquement sortir d’ici sans dommages, ou avec le moins de dommages possible, l’autre option n’étant pas envisageable au vu de son état actuel. Alors, elle céda à la demande de cette puissante sorcière, malgré tout intriguée par les talents dont elle avait fait preuve et ceux qu’elle ne connaissait pas encore, voulant côtoyer cette magie qui l’avait tant fait rêver un peu plus, quitte à se brûler les ailes. Elle haïssait ce désir au fond, la terreur comme une amie inséparable de cette fascination que ces pouvoirs exerçaient sur elle, détestait le rappel qui s’opérait dans son esprit lorsque ces deux émotions se trouvaient intriquées. Elle céda tout de même, faute de choix si elle tenait à effacer son nom de la liste des victimes potentielles de cette meurtrière, car elle serait allée au bout de son acte sans doute, si les réponses ne l’avaient pas satisfaite, si le gong n’avait pas sonné, symbolisé par l’attente d’une tierce personne, sauveur ignorant son statut.
Je suppose que vous arriverez à me trouver si vous voulez un entretien...
Elle jeta un regard entendu aux décombres qui les entouraient, ses yeux se portant ensuite sur les mains de la magicienne qui semblaient tout pouvoir par de simples mouvements. Elle ne lâcha le soupir que son corps tendu avait retenu que lorsque tout danger fut écarté, la silhouette désormais invisible, et il fallut encore de longues minutes à ses membres ankylosés et à son esprit chamboulé pour réagir et quitter un lieu qui avait été le théâtre d’un bouleversement dont les conséquences lui étaient encore inconnues.