You're such a freak, It's what people say to me. Different, too different, I'm scared of judgement. Your insults and your slanders stick on to me.
Retrouver Roméo s’était comme rechercher une plume dans un nid d’oiseau. Je nageais dans le flou le plus total depuis plusieurs jours. J’avais rencontré des personnes formidable comme Granny, Marvin ou encore Louise, mais je ne trouvais pas celle dont j’avais réellement besoin. Ce constat me déchirait le cœur encore plus qu’après chaque ébauche de plan qui tombait lamentablement à l’eau une fois que j’attaquais de le mettre en œuvre. Ce constat me déprimait et rendait ma magie instable. Heureusement pour moi les aléas climatique que je créais été eux même dissimulé par la météo médiocre naturelle de la saison, seulement j’avais besoin de voir une lumière au bout du tunnel. Je ne demandais pas grand-chose juste une lumière, une lueur d’espoir. C’est en parlant de ce souhait là avec Granny, qui me faisait découvrir le hamburger, que la vielle dame me parla des talents d’Emma, aussi connu comme étant la sauveuse. Granny me conta l’histoire que tous les maudits de cette ville connaisse en me narrant comment Emma avait brisé la malédiction. Une histoire qui ne manqua pas de m’impressionner mais qui m’avait plus donné l’impression que la véritable personne capable de retrouver les gens c’était son enfant, Henry. Une fois que j’avais dit cela à Granny, la vielle dame était partie dans un fou rire attendrissant, avant de m’expliquer que l’ancien travail du shérif était de retrouver des personnes qui ne voulaient pas l’être. Outre le fait que Roméo ne se cachait pas – du moins ça c’était ce que j’espérais du plus profond de mon cœur – les révélations de la sexagénaire avait été cette lueur d’espoir dans l’obscurité.
J’avais passé la nuit à ruminer les récits de la propriétaire du snack de la ville, en me demandant si je devais avoir le culot d’écouter les rumeurs et de prendre la dite Sauveuse à parti. Une bonne partie de la nuit, j’avais pesé le pour et le contre entre me rapprocher d’elle pour vérifier la véracité des faits qu’on m’avait rapporté ou y aller franco et exposer ma demande en essayant de ne pas paraitre trop désespéré. Autant dire que la première option c’était celle qui protégeait mon orgueil dans une feuille de soie, la seconde celle qui le mettait à la poubelle. Si la première option n’avait pas été celle qui me forçait à manipuler une personne pour arriver à mes fins je l’aurais certainement choisi, or je n’étais pas cette femme. J’avais beaucoup de défaut, mais manipulatrice n’en faisait pas partie.
Voilà comment à dix heure du matin, je me retrouvais planter devant le commissariat de la ville, incapable de faire un pas parce que j’avais peur d’apprendre une nouvelle que je refusais d’appréhender pour l’instant à savoir que mon précieux mari était mort et pour la seconde raison que je redoutais de devoir essuyer un refus. J’étais une reine, qui avait été une princesse pourrie gâtée et j’avais du mal à accepter les « non » même s’ils étaient dit avec toute la politesse du monde, je ne les appréciais guère et comme toute chose que je ne tôlerais pas mes réactions pouvaient s’avèrerez légèrement démesurée et rafraichissante.
Les minutes passaient et je ne bougeais pas d’un iota, le regard des passant se faisait plus oppressant, ils me regardaient comme une bête sauvage, ne faisait qu’accentuer mon malaise. Je devais bouger. Ce n’était pas compliqué quand même on frappe on entre et on demande une dénommée Emma. Ce n’était pas la mer à boire, j’avais fait pire.
C’est donc gonflé ou disons presque gonflé de confiance en moi que j’entrais dans ce lieu, qui une fois de plus ne manqua pas de m’étonnait par son côté « première fois ». Refusant de me laisser corrompre par tout le caractère excitant et effrayant de cette première fois, je me concentrais sur le but que je m’étais donnée tandis que j’apercevais une blonde un mètre plus loin. Expirant silencieusement, je m’avançais vers elle et demandais avec une certaine hésitation que je maudissais :
Le temps était maussade depuis des jours, l'ambiance encore plus lourde et pesante avec cet air surchargé d'électricité statique qui constituait les prémices d'un orage d'été... Sauf que nous n'étions pas en été et il ne faisait pas chaud du tout, malgré l'air surchargé. J'avais cessé depuis longtemps d'essayer de comprendre la météo du Maine – principalement parce que je n'en avais pas le temps, mais aussi et surtout parce que je m'en fichais. J'avais autre chose à faire de ma vie de toute manière. Je n'étais pas miss météo. Une mère, un tampon entre les différentes strates populaires de la ville, un shérif, une fille (cette dernière étiquette n'étant pas celle que j'acceptais ou maîtrisait le mieux), une Sauveuse, une magicienne... Dieu j'étais devenue plus de choses en moins d'un an que je ne l'avais été durant toute ma vie. Cela me donnait encore parfois le tournis.
La plupart du temps, heureusement, je n'avais pas le temps d'y penser. Trop de gens à trouver. Trop de gens à recenser. Trop de gens à sauver. Storybrooke avait le mérite de ne pas me laisser m'appesantir sur la vie... Sauf les jours comme aujourd'hui. Les jours où j'étais de corvée d'intendance. Les jours où David crapahutait dans les bois à la recherche des nouveaux Storybrookian perdus ou cachés et où je restais à mon bureau, attendant que le téléphone sonne pour avoir enfin quelque-chose à faire – ou quelqu'un contre qui m'agacer.
Et aujourd'hui, le téléphone restait désespérément muait, me laissant tout le loisir de penser, tant et si bien que j'avais fini par faire n'importe quoi, tant que c'était ridicule et me permettait de ne pas penser. Aussi, après avoir fait un collier de trombone – un truc que je n'avais pas fait depuis mes douze ans –, m'être ''amusée'' à attraper des choses de plus en plus lourdes avec un aimant, j'en étais à faire des tours sur ma chaise de bureau, l'esprit perdu dans d'étranges pensées. De l'eau, du vieux bois et une odeur de cuir. Cela m'arrivait, parfois, de penser à toutes ces choses. Surtout le soir, quand je commençais à m'endormir et que les barrières de mon esprit s'affaissaient. C'était comme une sorte de rêve. Une chose que j'avais oubliée ou qu'on avait délibérément effacé de ma mémoire.
Et comme à chaque aventure désastreuse de la vie quotidienne, ma chaise bougea à un moment, alors que j'attrapais le bord de mon bureau pour me relancer dans un tour. Les roulettes de la chaise se mirent en marche, m'éloignant de la table à laquelle je me raccrochais désespérément pour éviter de finir dans le meuble dans mon dos. C'est à ce moment que je vis quelque-chose bouger dans le coin de mon œil. Une ombre.
Je me redressais, me remettant correctement en place, juste à temps pour voir une femme brune se présenter à la porte de mon bureau. Elle me demanda directement si j'étais Emma Swan et je souris malgré moi. C'était un peu marqué sur la porte, oui, mais la plupart des gens ne le voyaient pas. Trop occupé à chercher la personne qu'ils voulaient, ils ne regardaient pas souvent les écriteaux, qui leurs indiqueraient pourtant avec bien plus de précision où se trouvait la personne de leur choix. Je souris doucement, hochant la tête avant de me lever de ma chaise.
« Oui, c'est bien moi », confirmais-je donc en tendant la main pour qu'elle la serre. « Emma Swan, shérif de Storybrooke. Que puis-je faire pour vous ? »
J'avais parfois un peu l'impression d'être en représentation. L'archétype de la petite fliquette de campagne... J'avais cette impression depuis le premier jour où j'avais mis ma plaque à ma ceinture, cela dit. Ce n'était pas une nouveauté.
You're such a freak, It's what people say to me. Different, too different, I'm scared of judgement. Your insults and your slanders stick on to me.
La blondinette qui me faisait face releva la tête automatiquement au son de ma voix, tandis que mon cœur battait à tout rompre signe de mon appréhension. Je n’étais pas habituée à demander de l’aide, j’ignorais même comment on devait faire. Comme certaine personnes pourraient le dire, je suis née avec une cuillère en or dans la bouche, j’ai toujours eu des personnes prêtent à me servir enfin sauf pendant une année, mais vis-à-vis des cinquante années où j’avais connu serviteurs et soldats pendu à mes lèvres je n’avais jamais eu à quémander de l’aider. Mon orgueil, bien que moins important que lorsque j’étais princesse de Vérone en prenait un certain coup. Lorsque la sauveuse me confirma son identité j’expirais longuement, découvrant ainsi que pendant le court laps de temps entre sa réponse et ma question j’avais cessé de respiré. Avenante, la shérif de la ville s’avança vers moi main tendu tandis qu’elle se présentait officiellement, en terminant sa phrase en me demandant ce qu’elle pouvait faire pour moi. Un sourire aux lèvres, j’acceptais son invitation et serrait sa main avec douceur et détermination comme le voulait les convenances sociales en ajoutant :
« Enchantée, je suis Juliette White-Queen, je fais partie du groupe de personne que Jefferson, le chapelier a ramené du monde des contes. »
Lâchant sa main, je récupérais la mienne pour la déposer le long de ma cuisse. Une fois de plus j’inspirais à grand coup, fermant les yeux avec appréhension avant de les rouvrir et d’expirer dans un même temps. Plantant mon regard vert émeraude dans celui de celle que tout le monde nommait « la Sauveuse » je prenais mon courage à deux mains :
« Je suis désolée de venir vous déranger pendant vos heures de travail ! »
Marquant une pause, je m’humectais les lèvres signe de mon appréhension et reprenait en relevant la tête pour me donner un peu de contenance :
« Je … J’ai entendu parler de vos talents »
Laissant échapper un rire décontenancé, je plaçais une main hésitante dans mes cheveux avant de reprendre :
« Je m’y prends comme un troll veuillez m’excuser, les habitants de cette ville disent que vous êtes capable de rencontrer n’importe qui dans ce monde. Je me doute que vous devez avoir autre chose à faire. Je comprendrais si vous rejetez ma demande, vous seriez entièrement dans votre droit. »
Nouvelle pause pendant laquelle je prenais une profonde inspiration avant de reprendre :
« En venant dans cette ville j’ai abandonné mon royaume, je suis la Reine Blanche du pays des merveilles, je ne sais pas si vous avez entendu parler de moi, et cela n’a guère d’importance et je ne dis pas cela pour tenter de vous impressionner ou pour avoir sur vous une quelconque supériorité. Je vous le précise pour que vous compreniez, je n’ai pas fui l’adversité qui frappe mon pays, je suis venue parce que je ne pouvais plus vivre sans lui. Mon roi, Roméo, je … il est tout ce qu’il me reste, j’ai perdu notre enfant, ma sœur à été tué, Roméo n’a pas échapper au sort noir. Voilà plusieurs jours que je le recherche, en vain, c’est comme essayer d’arrêter la chenille de fumer ! Je suis à court de stratagème, c’est l’unique raison qui m’a poussé à venir vous importuner sur votre lieu de travail. Je vous en pris mademoiselle Swan aidez moi à retrouver Roméo votre prix sera le mien. »
Une fois mon laïus terminé, je reprenais ma respiration, et détournais le regard guère désireuse d’attiser sa pitié en la laissant lire plus que nécessaire la détresse qui s’échappait de mes pupilles.
Beaucoup de gens venaient demander mon aide depuis quelques temps. Entre les anciens habitants qui devaient composer avec les nouveaux venus et les nouveaux venus qui ne comprenaient rien à ce monde, le bureau du shérif était devenu un vrai moulin et nombreuses étaient les demandes diverses et variées (et pas toujours prioritaires) que les gens pensaient bons de demander. Parfois, j'aurais aimé pouvoir les envoyer balader, mais d'autres fois, je savais en un regard que la demande était désespérée et pressente. Et c'était le cas, aujourd'hui. Je le voyais dans ses yeux. L'urgence, le besoin désespéré, la douleur de devoir demander de l'aide. Elle n'avait pas l'air d'être femme à se soumettre au pouvoir d'une autre. Je ne connaissais que trop bien le sentiment. Ces mots suivants ne firent d'ailleurs que le confirmer. Nouvelle en ville, avec un nom digne du Pays des Merveilles, se sentant obligée de s'excuser de « me déranger », argumentant qu'elle comprendrait que je refuse de l'aider...
Elle butait sur les mots, cherchait son souffle comme on cherche son courage et je lui laissais le temps de parler, de trouver les mots, engrangeant des informations (utiles) sur son compte, au passage. L'avantage des gens perdues. Ils en disaient toujours plus sur leur compte que nécessaire, plus qu'ils n'en diraient lors d'un interrogatoire et toute information était utile à prendre, quand la moitié de la ville m'était désormais étrangère.
Bien évidemment, elle se sentit obligée de préciser qu'elle était reine dans l'autre monde. La Reine Blanche du Pays des merveilles. White-Queen. C'était déjà dit avant. Aucune intention de le cacher. Ce qui fut plus surprenant, ce fut le nom de son roi. Roméo. N'avait-elle pas dit qu'elle se prénommait Juliette ? « Vous êtes Juliette Capulet ? », m'étonnais-je, plus encore que du fait qu'elle était la Reine Blanche du Pays des Merveilles. J'avais appris depuis longtemps, notamment avec Jefferson, que le Pays des Merveilles existaient. J'ignorais quand plus de cela, les pièces de William Shakespeare étaient, elles aussi, tout à fait réelles.
« Bien, commençons par le début », soupirais-je avant de poser un doigt sur les écrits présents sur ma porte. « Emma Swan, Shérif de Storybrooke », dis-je. Elle était reine, elle devait savoir lire. Juliette savait lire dans la pièce, mais sait-on jamais. Certaines personnes récemment s'étaient révélées analphabètes ou incapable de lire l'anglais quand leurs écritures à elles étaient faites de symboles d'un genre ou d'un autre. « Savez-vous ce qu'est un shérif ? C'est le garant de la loi, un peu comme un... soldat au service du Maire, la dirigeante de cette ville. » Même si je détestais l'idée d'être ''au service'' de Regina, c'était encore le moyen le plus simple d'expliquer mon rôle à quelqu'un qui vivait dans un Pays où la reine coupait des têtes pour son bon plaisir sans que personne n'en dise rien sur l'immoralité de l'acte. « Mon rôle est de m'assurer que les lois sont respectées, que tout le monde est en sécurité et de secourir au besoin. Cela veut aussi dire que vous n'avez pas à me payer. Madame le Maire me paye déjà pour répondre à ce genre de demande. » Ça n'était pas totalement vrai, bien sûr. Regina ne me payait pas de sa poche, mais je n'avais pas le temps – ni la patience – pour expliquer aujourd'hui le principe des impôts locaux payant le salaire des fonctionnaires de la ville.
Je m'éloignais ensuite de la jeune femme pour revenir à mon bureau, lui indiquant la chaise où elle pouvait s'asseoir, alors que je me réinstallais moi-même dans mon fauteuil. « Installez-vous. Il va me falloir quelques informations pour pouvoir commencer mes recherches. Mais ma première question va vous concerner. J'ai besoin de savoir si vous avez été recensé, sinon, il faudra que je prenne vos informations. Le recensement est obligatoire. Encore une fois, c'est pour la sécurité de la ville... Et pour les recherches de familles. D'ailleurs, vous devez savoir que même si je retrouvais votre... conjoint, nous le contacterons en premier lieu afin de savoir s'il souhaite, lui aussi vous retrouver. Nous ne souhaitons pas que le recensement serve à retrouver de vieux ennemis ou des personnes qui ont fuit délibérément. Encore une fois, c'est une question de sécurité. Ensuite je vous poserais plus de questions sur lui. Vous m'avez dit qu'il avait été pris dans le Sort Noir de la Méchante Reine, c'est ça ? »
You're such a freak, It's what people say to me. Different, too different, I'm scared of judgement. Your insults and your slanders stick on to me.
« Oui je suis Juliette Capulet, un nom issu du passé, mais c’est bel et bien le mien en effet, et je ne suis pas morte, visiblement dans cette ville tout le monde me prend pour un fantôme. Je peux aisément comprendre pourquoi »
Répondais-je doucement, tout en laissant échapper un faible rire, cette fille, cette Juliette Capulet, voilà bien longtemps que je l’avais quitté. Ma vie à Vérone, cette princesse, innocente, arrogante et sûre d’elle, était morte à l’instant même où j’avais vendu mon âme à la maison close des cygnes. Dans cette demeure j’avais laissé disparaître mon innocence dans cette luxure, mon arrogance avait été meurtrie par les cous, me marquant la peau à jamais. Même lorsque j’en étais sortie, je n’avas su retrouver cette fille, d’ailleurs je n’étais même pas sûre de vouloir la retrouver. La voix de la shérif mit fin à mes réflexions, m’amenant à lire l’écriteau sur sa porte, me mettant ainsi mal à l’aise, j’y avais même pas porter attention lorsque j’étais arrivée. Elle devait me prendre pour une illettrée ou pour une vraie folle ? Je ne savais pas encore. Cette dernière me demandant ce qu’était un shérif j’haussais la tête en répondant :
« Oui, mais rien ne m’assure que ce soit la même que dans cette ville »
Compréhensive et digne de la meilleure communicante, elle se plia à la phase explication, me dévoilant que le shérif était le garant de la loi à l’instar d’un soldat au service de la maire. En somme, s’était en quelques sortes la même chose que dans notre monde sauf que le seul shérif dont j’avais entendu parler était un homme vil et mesquin qui avait tout fait pour pourrir la vie de Robin or cet homme était mon ami. La sauveuse continuait son explication, mettant à mort ma proposition de financement pour son aide. Une fois de plus je souriais en hochant la tête avec compréhension, l’espoir naissant en moi bien que je ne me laissais pas submerger par ce dernier attendant la réponse définitive de la garante de la paix. Cette dernière contourna son bureau pour s’asseoir à sa chaise, m’invitant dans un même mouvement à l’imiter, ce que je fis avec obéissance dans le silence attendant que cette dernière me guide dans ses demandes, mes doigts jouant avec ma bague pour faire passer la tension et obliger mon esprit à rester à l’instant présent.
« Je n’ai rien fait de tel non et pourquoi est-ce qu’il refuserait de me voir ! C’est mon mari … »
Murmurais-je un brin agacé avant que la réponse à ma remarque ne fasse d’elle-même son chemin dans mon esprit, automatiquement je sentais un frisson me parcourir, tandis que mes trippes se serraient, une brûlure montant dans ma gorge à la simple idée de l’imaginer avec une autre femme. La voix débordante de douleur je laissais échapper :
« Mais dans cette ville il a peut-être une autre femme… »
Si c’était le cas comment allais-je réagir ? Pouvais-je supporter un tel châtiment ? Non, la réponse était évidente, je ne parviendrais pas à supporter cette idée, il était tout ce qui me restait dans ce monde. Mes doigts serrant ma bague, j’inspirais pour me maintenir au calme tandis que je répondais à la nouvelle question d’Emma avec calme bien que la tension était palpable dans mon timbre de voix.
« Oui, il voulait venir me retrouver et le sort noir la embarqué avant qu’il n’atteigne le dôme de protection de la forêt enchanté. C’est la dernière chose que je sais à ce sujet, j’ai demandé à Régina, mais elle ignore l’identité des personnes qu’elle a condamnées avec sa malédiction… Il est ici, s’il avait été dans notre monde croyez moi j’aurais eu le temps de le retrouvé en vingt-huit ans. »
J'en découvrais tous les jours, de nouveau personnage. Contes, romans,... J'avais parfois l'impression de dériver tout droit dans la folie... Mais comment continuer de croire qu'on devenait folle – et que ça n'était pas le monde réel – quand 100% de la population était si convaincue d'être réellement issu du monde des contes ? La folie d'en demeurait pas alors de se croire virer folle ? Ces questions étaient trop philosophiques pour moi et je n'avais jamais été une fille très scolaire. J'avais quitté les foyer et les familles d'accueil à l'âge de 14 ans et l'école avait fait partie des choses sur lesquelles j'avais tiré un trait. En vérité, je n'avais même jamais commencé les cours de philosophies, quittant l'école bien avant. C'était assez amusant, finalement, qu'elle en vienne à avoir assimilé l'histoire de sa propre mort dans le roman quand je me débattais encore avec l'idée d'être la fille de Blanche-Neige.
Bien sûr, elle s'insurgea de l'idée même que son Roméo puisse refuser de la voir, me demandant pourquoi il le ferait et je ne répondis rien, haussant les épaules. Qu'est-ce que je pouvais en savoir ? Les histoires différaient parfois tellement des contes de mon enfance. Difficile, alors de dire le pourquoi du comment. Difficile même de prédire, si l'homme voudrait ou non revoir sa Juliette. Mais je devais lui exposer les faits tels quels. Rien ne disait qu'il allait la refuser, mais rien ne disait non plus qu'il voudrait la voir, sinon l'histoire d'amour épique racontée par les livres.
D'elle-même, elle proposa alors une possibilité à ce fait. Et s'il avait une autre femme ? Encore une fois, je haussais les épaules, ne pouvant répondre. « C'est une possibilité, en effet. Plusieurs personnes se sont retrouvées, ici, mariées à d'autres personnes. La plupart du temps, la levée de la malédiction a rétabli les choses et les gens ont retrouvé la personne qu'ils aimaient vraiment dans l'autre monde,... » Mais à vrai dire, je ne connaissais pas les histoires de tout le monde en ville et j'ignorais totalement si certaines personnes avaient pu trouver leur situation à Storybrooke plus intéressante que dans la Forêt Enchantée. Ce n'était certainement pas le genre de personnes qu'on aurait entendu se plaindre chez Granny's, alors...
Juliette continua, tout de même de répondre à mes questions, m'expliquant que le sort noir l'avait emmené bien malgré lui. Regina, en effet, n'était pas d'une grande aide pour la majorité des habitants. Bien qu'elle ait induit des fins malheureuses pour la plupart de ses ennemis, elle avait emmené dans son sort des gens dont elle ignorait même jusqu'à l'existence et hormis le point commun d'une vie de maudit, chacun avait évolué dans une histoire qu'elle n'avait absolument pas contrôlée. Le recensement en était rendu d'autant plus difficile que certaines personnes pouvaient se cacher de nous sans que nous puissions savoir. Ça n'était pas comme chercher une peluche dans sa chambre. C'était plutôt comme chercher l'aiguille non recensée dans la botte de foin des recensés.
Je comprenais son désarroi, son besoin de réponse, la nécessité vitale qu'elle avait de le retrouver. N'avais-je pas passé près de dix ans à chercher ma propre famille ? Si. Si, bien sûr. Je n'avais pas abandonné, jusqu'au jour où j'avais totalement perdu espoir. Jusqu'au jour où j'avais complètement cessé de compter les jours et vécu au jour le jour sans plus me soucier de rien, ni passé, ni futur. « Je vous promets de tout faire pour le retrouver au plus vite », soufflais-je avec un sourire qui se voulait encourageant. « S'il est à Storybrooke, je le retrouverais. Comme on vous l'a dit, je suis douée pour retrouver des gens » Même ceux qui ne voulaient pas être retrouvé. Surtout ceux qui ne voulaient pas être retrouvés. J'avais l'habitude de chercher, même des gens qui se cachaient. Quand je décidais de trouver une personne, je la trouvais, qu'importe le temps que je devais y passer et les moyens que je devais déployer. « Je suppose que vous n'avez pas d'image de lui pour m'aider à trouver la bonne personne ? », demandais-je finalement, ayant peu d'espoir. Elle avait beau être une royale, avoir déjà posé pour qu'on lui tire le portrait, elle ne devait avoir une image de son Roméo que sous la forme d'un immense tableau dans son château... ou un truc du genre. Combien Mary-Margaret avait-elle pris de photos après la levée de la malédiction – pas qu'elle en était avare auparavant – pour rattraper le temps perdu et profiter de la technologie photographique de ce monde ?
You're such a freak, It's what people say to me. Different, too different, I'm scared of judgement. Your insults and your slanders stick on to me.
Sans s’en apercevoir Emma me mettait fasse à ma plus grande crainte : perdre Roméo et me retrouver dans l’incapacité d’avoir enfin la fin heureuse que je trouvais amplement mérité. La dénommée Emma, m’inspirait confiance, elle ne me regardait pas comme une bête curieuse. Elle me regardait comme son égale et n’avait que faire de savoir que j’étais une reine. Elle me parlait comme à son égale et ne mâchait pas ses mots, comme aurait pu le faire un grand nombre de personne. Tandis que j’exposais avec douleur la possibilité que mon mari m’ait remplacé, Emma reprenait en m’expliquant des faits qu’elle avait déjà observés, me brisant le cœur sans réellement le vouloir, bien qu’elle tente d’amoindrir les choses en expliquant que généralement les personnes retrouvaient leur moitié une fois la mémoire levée. Une larme roulant sur ma joue, je ne tentais pas de l’essuyer bien que je relevais la tête avec dignité, retrouvant peu à peu l’allure d’une reine en concluant :
« Qu’importe s’il a trouvé quelqu’un d’autre, je partirais »
Est-ce que je croyais réellement en cela ? Non. Enfin, si je partirais, mais non pas sans une crise de nerf que j’offrirais à l’homme qui avait été mon époux et en violentant un tant soit peu sa nouvelle conquête juste pour partir en ayant vidé mon sac. Malgré la quête quasiment impossible a mener a terme en me jurant de faire ce qu’il faudrait pour retrouver Roméo, bien que j’avais remarqué qu’elle usait de toute les astuces pour ne pas utiliser son nom. Lorsqu’elle me demandait si j’avais une photo de lui je secouais la tête en guise d’affirmation.
« Les seuls portraits de lui sont dans notre château … mais je peux vous le montrer »
Fermant les yeux un instant, j’inspirais un grand coup avant de lever mes mains vers le ciel, ouvrant l’intégralité des fenêtres du bureau, le vent faisant léviter l’intégralité des livre et feuilles présent dans l’habitacle pour laisser le vent former le visage de mon mari à la quasi perfection. Une technique que je m’étais découverte dans ce monde, sans doute l’expression d’un vide que son absence avait créé en moi. Mon tour de magie terminé je laissais les éléments retomber sur le bureau avec souplesse et délicatesse et refermais les fenêtres d’un geste de la main avant d’ajouter :
« Naturellement, je vous aiderais à ranger l’intégralité de cela … J’ignore si cela vous a aidé à saisir son apparence … Comment dois-je procéder pour vous aider ? »
L'amour... Je voyais ce concept étranger tous les jours, dans chaque geste de mes parents. Le véritable amour. Quelque-chose de si questionnant dans mon monde et qui s'avérait si simple et si puissant ici. Mes parents avaient le véritable amour. Leurs baisers avaient brisé plus d'une malédiction. Un baiser sur le front de mon fils avait brisé la plus puissante des malédictions... J'avais toujours le sentiment que tout cela m'était un peu étranger. J'oubliais parfois que pour ces gens, venant directement de contes de fées, le véritable amour était parfois tout ce à quoi ils aspiraient et ce qui les faisait respirer. J'étais souvent en décalage avec eux sur ce plan-là et il m'arrivait d'être la plus mauvaise des diplomates, alors.
Elle m'assura, malgré tout, que s'il avait trouvé quelqu'un d'autre, elle partirait. Bien évidemment, elle n'allait pas me faciliter la tâche pour autant, puisqu'elle n'avait aucune photographie, pas même un dessin de lui. Certaines personnes venaient avec des portraits très antiques, s'en était presque amusant. D'autres venaient avec la représentation littéraire qui ressemblait le plus à la personne aimée. Mais bien souvent, comme elle, ils n'avaient rien. Ni don artistique pour faire un portrait cohérent, ni trace du passé. Je ne m'attendais pas à ce qui allait suivre, cependant.
Bien qu'elle n'avait rien sur elle lui permettant de me montrer à quoi il ressemblait, elle usa finalement de magie. Surprise, je me levais, alors que toutes les fenêtres s'ouvraient et que les papiers accumulés sur les différents bureaux se pliaient et se liaient en un portrait des plus fidèle à quelque-chose de réel. Oh bah merde..., gémis-je intérieurement, alors que tout reprenait un semblant de place et qu'elle refermait les fenêtres.
« Vous avez de la magie », m'exclamais-je, fermant les yeux, tout en essayant d'assimiler l'information. « C'est évident, bien-sur, que Juliette Capulet a de la magie... »
Je secouais la tête, avant de me rasseoir, essayant de reprendre un semblant de contenance en me raclant la gorge. « Bon, très bien ! J'ai effectivement une idée assez précise de ce à quoi il ressemble maintenant. Pour commencer, je vais avoir besoin d'informations supplémentaires. Le genre d'endroit qu'il avait l'habitude de fréquenter, les choses qu'il aimait particulièrement. Beaucoup d'habitants ont repris des métiers similaires à ceux qu'ils avaient dans l'autre monde ou fréquente les bars s'ils avaient l'habitude d'aller à la taverne, par exemple. »
You're such a freak, It's what people say to me. Different, too different, I'm scared of judgement. Your insults and your slanders stick on to me.
Je venais de créé le portrait de mon mari avec des feuilles, des stylos et des cahiers en tout genre. Le voir ainsi représentait me serra le cœur, l’envie de lâcher une nouvelle larme me serrant la gorge. Je ne pouvais pas continuer ainsi. J’avais besoin de retrouver mon mari, c’était un besoin qui m’empêchait de respirer, faisant de moi un des clichés parfait des princesses dépendante de son mari. Je voyais bel et bien que la demoiselle ne croyait pas tellement en ses histoires d’âme sœur, elle me rappelait presque moi avant que je ne rencontre Roméo. Cette dernière semblait d’ailleurs sur le cul avec ma démonstration issue uniquement du terrible manque que l’absence de mon mari avait créé. Emme s’exclama que j’avais de la magie, avant de se reprendre pour dire que c’était évident que Juliette Capulet avait de la magie pendant que j’étais tranquillement en train de replacer l’ensemble des objets que j’avais subtilisé sur les bureaux en tentant de ne pas tout mélanger, bien que nous allions devoir le vérifier à un moment ou a un autre. Sa réflexion me faisant rire, je lui lançais un regard amusé avant de répondre en toute honnêteté sans savoir pourquoi je me confiais à cette inconnue :
« En réalité, je n’ai pas toujours eu de magie et à Vérone je n’en avais pas… »
Me rasseyant en même temps que la shérif de la ville je finissais par lui demander si elle avait pu voir ce à quoi Roméo ressemblait car si pour moi c’était juste parfait comme manière de m’exprimer, je n’étais pas certaine que mon point de vu était partagé. Après tout j’étais capable de le voir partout si je m’en donnais la peine et c’était uniquement parce que je l’avais admiré assez longtemps pour parvenir à ce miracle. J’avais fini par me taire qu’une fois que j’avais demandé ce que je pouvais faire d’autre pour l’aider. De son côté Emma s’empressa de m’apprendre que j’avais réussi à lui montrer ce qu’elle voulait avant de me poser d’autre question. Croisant les jambes, je prenais une grande inspiration prête à souffrir en répondant à l’ensemble de ses questions :
« Vous allez être déçue de pense ... »
Commençais-je en prenant une grande inspiration pour reprendre :
« Il adorait être le chef de nos armée. Il aimait protéger notre peuple envers et contre tout et il aimait aussi prendre soin de notre famille… Enfin jusqu’à ce que je m’enfuis pour venger ma sœur et notre bébé… »
Lâchais-je en murmurant qui se brisa à l’évocation de mon ultime trahison envers mon mari avant de me reprendre en passant ma main dans mes cheveux et de poursuivre :
« Sinon il avait la capacité de communiquer avec la terre et de la contrôler, je ne sais pas si ça peux vous aider, ni même s’il use encore de ses pouvoirs dans cette ville, la magie fonctionne autrement ici. »
Juliette prit ma réplique sur la magie au premier degré – comme tout le monde à Storybrooke prenait souvent les choses au premier degré – commençant dès lors à me raconter comme un aveux qu'elle n'avait pas toujours eux de la magie. Pour vite changer de sujet, je lui demandais donc de m'en dire plus sur son mari. Même si elle me disait que j'allais être déçu, je ne le pensais pas forcément. Les personnages venus des contes, sans jamais avoir vécu à Storybrooke avant, ne voyaient pas combien de choses pouvaient signer le passé d'une personne. Une sorte de jeu malsain de Regina, j'avais toujours pensé... ou peut-être une force de la vérité à travers la magie. Regina avait obligé la rencontre entre Mary-Margaret et David lorsque celui-ci était dans le coma, comme pour voir si la simple vue du véritable amour pourrait briser son sortilège et pour se réjouir de leur inconscience. Mary-Margaret avait toujours eu une affection particulière pour les oiseaux et une capacité innée à se faire aimer, comme Blanche-Neige, Ruby un amour pour les loups, elle le loup-garou, Archie une tendance à lire les gens pour les guider, comme le criquet qu'il était avant,... Il y avait beaucoup plus dans un trait fort de caractère qu'on ne pouvait le penser.
Je pris donc note de tout ce qu'elle me disait d'intéressant, y accolant mes petites annotations : Chef des armées qui adorait son job : Militaire ? Vigile ? Chef d'une équipe de surveillance ? Quelqu'un de protecteur, aimant prendre soin des autres : Médical ? Avec des enfants ? Un homme avec des pouvoirs, capable de communiquer avec la terre : Jardinier ? Garde forestier ?
Cela pouvait partir dans mille directions, bien sûr, mais il devait bien y avoir quelque-chose de dominant. J'avais beau réfléchir, quand je pensais à chacun des gens à Storybrooke, il y avait toujours une chose. Chacun était fait de pleins de choses, mais si on y regardait bien, il y avait toujours une chose. Regina, c'était le pouvoir et elle était maire de la ville. Ruby était très expansive et extravertie et elle s'épanouissait au contact des clients chez Granny's. Archie Hooper était un homme à intuitif et à l'écoute et il était psychologue. Marco aimait le bois plus que tout et il était un homme à tout faire, mais surtout un menuisier d'exception. Je soupirais, achevant de noter mes deux trois annotations, avant de relever les yeux vers elle, croisant mes doigts entre eux pour poser mon menton sur mes mains et la regarder attentivement. « Je vais vous demander une chose », soufflais-je. « Fermez les yeux. Pensez à lui. A lui. Pas à vous deux. Pas à vos sentiments, mais à lui. L'endroit où il semble le plus à sa place pour vous. L'endroit où il est vraiment épanoui, heureux, où rien d'autre ne semble compter que ce moment suspendu dans l'espace et le temps. Cet endroit vous auriez presque le sentiment qu'il pourrait oublier tout le reste, y compris vous, s'il pouvait rester là pour toujours, dans un moment suspendu dans le temps. Et que le pire est que cela vous semblerait la chose la plus juste dans l'univers. Où est-ce ? Qu'est-ce que vous voyez ? »
Quand je faisais cela, pensant à mes parents, que je n'arrivais pas à décrire en une phrase, c'était simple et facile. Je voyais Mary-Margaret assise à une fenêtre, un oiseau sur son doigt, la neige blanche tombant en flocons léger. Je voyais David là, au milieu de tout un monde, fier et grand, protecteur et tendre. La définition même de Blanche-Neige et du prince Charmant. J'avais fini par me prêter à ce jeu, me prenant parfois pour une cinglé, à force de voir comment cela marchait, quand tous les sentiments devenaient trop envahissant pour y réfléchir clairement.