Une méchante qui distribue des bonbons à des enfants étaient une scène imaginée uniquement avec des bonbons empoisonnées dans une idée monstrueuse. Mais la cygne noir, dont dans un instant d'ironie elle avait revêtue le costume pour se rendre au cabaret de son père, avant de distribuer les enfants qu'elle avait toujours aimé et pour lesquels c'était réciproque. Henri avait même eu le droit à un énorme pot de bonbons caché sous des fruits dans le cas où l'un de ses nombreux parents se préoccupent des risques diabétiques. Comme à son habitude, elle avait tenté de trouvé des solutions à la disparition de ses frères, dans l'idée que la nuit du Samain. Ses recherches l'avaient mené à espérer que le temps de l'humanité -donc pas elle- se raccorderaient sur celui du Sidh et que les barrières baissées lui permettraient de les attraper. Ignorant les récits voir les regards rageurs et agressifs à l'extrême d'Odette, qu'elle avait du mal à ne pas mépriser du regard. Aude avait été un arbre et elle n'en faisait pas toute une histoire, sachant les dangers d’Éros, dont elle n'oubliait rien.

Et tous les tics qu'elle avait développé irradier son corps de stress quand elle se plongeait dans les livres oniriques qu'elle empruntait sans cesse à la bibliothèque. Dans l'espoir de pouvoir détruire Peter, en de nombreux, très nombreux morceaux pour après danser sur ses restes, après l'avoir inlassablement traquer. Et aussi retrouver ses frères, des plans de portails se dessinaient sur ses cahiers même si elle n'était que trop consciente de la vacuité. Ce qui était bien plus sain que de sans cesse faire les cents pas, se ronger des ongles jusqu'au sang et se guérir pour recommencer encore. Ou frapper dans ce qui lui tombe sous la main, la méditation était une solution pour ceux qui n'avait pas de problèmes, Aude oscillait comme un pendule entre la joie enfantine et virevoltante et le cygne noir en quête de vengeance.

C'est cependant sur l'espoir de croiser ses frères dans son sommeil qu'elle s'endormit, accrochée à son oreiller comme elle ne l'avait jamais fait même enfant, récitant à l'infini les prénoms adorés : Michel et John. John et Michel. Le laïus était la raison qui la faisait encore vivre plus que survivre et maintenant agrafée à son âme les lambeaux de son humanité qui laissait un vague sourire triste à ses lèvres alors qu'elle laissait un doux repos l'envahir.

Sauf que non, la nuit ne laissait aucun répit et c'est les cris et l'instabilité du sol qui la firent quitter des yeux le ciel étoilé apparu en premier avant que son regard ne tombe sur la bataille qui faisait rage. Elle rêvait, forcément. Enfin elle cauchemarder d'une façon que Hypnos n'aurait envisagé, dans un endroit où même lui n'aurait laissé s'égarer les âmes. La scène était habituelle, peur classique de ses nuits d'insomnies comme de sommeil, la poussant à sortir courir pour dormir. Même lorsqu'elle n'en avait aucun souvenir, Aude dormait mal. Sauf que rien ne lui avait donné autant l'impression d'être un pantin désarticulé. Wendy en proie à état de choc trop violent. Son regard se porta sur la robe de chambre bleue dont elle était revêtit. Sentant la bile lui montait à la bouche, elle tenta de se contrôler. Tout partait en vrille. Son cœur chutait sans cesse dans sa poitrine, battant la chamade ou cessant de battre, mais en tout cas il allait exploser ou imploser. Son esprit était entrain de dériver dans le Styx et le Léthé au moins. Ses genoux touchèrent le sol sans qu'elle s'en rende compte. Tremblante, soumise au cri silencieux qui déformait ses lèvres et son visage. Par Artémis, que faisait-elle ici ? Pourquoi ? Elle ne pouvait pas bouger, rien ne bougeait, ni ses jambes ni ses méninges et encore moins ses larmes qui refusaient obstinément de céder de dégringoler ses joues. Sa psyché semblait la lâcher, souvenir vague d'un moment où elle la contrôlait pour n'être que le jouer des passions et émotions qui la dévoraient comme les juments de Diomède. La brune savait à peine qui elle était, une enfant perdue en voyant son amour le plus cher blesser ses frères sans pitié. Les personnes aux alentours n'existaient pas, le monde, les mondes se résumaient à son apocalypse.

La scène … Cette scène. Tout sauf elle, arrachez-lui le cœur, offrait ses restes à Peter pan, faite en son esclave et celle de crochet par alternance, enchaîner à tous ses malheurs mais par pitié, que cela cesse. Ses gestes erratiques la firent se débarrasser de sa robe de chambre, frissonnant sous le froid. Irrationnelle par nature, elle rêvait maintenant que retirer cette éléments allaient la libérer de son cauchemars. Mais non c'était la réalité, elle était inutile, enracinée dans le sol comme un laurier alors que le rouquin riait. Le rire du rouquin la fit tenter de se lever avant qu'elle ne s'écroule, encore plus lamentablement. Son cœur sortait se poitrine, palpitait alors qu'elle vit sourire ses frères. La seule part de son esprit en mode automatique, celle qui échappait toujours aux sentiments trop forts mais ne se faisait tout simplement plus entendre lui rappelait bien que la réalité était pire, lui ordonnant de sortir de son enfer. La lune dardait sa froide lumière sur le champ de bataille qui allait accueillir ses frère sans vie, créant des fantômes et des ombres menaçantes. Des cheveux châtains clair étendu sur ses épaules, le corps complètement désarticulé. Seulement un T-shirt et une culotte de nuit qui soulignait ses courbes. Au toucher, elle devait être glacée et de loin, on l'aurait cru morte. Si ce n'était un souffle et la vapeur blanchâtre qui semblait s'échapper de ses lèvres carmins. Le jouet était fin prêt quand les larmes coulèrent le long de ses joues en voyant Peter lançait John vers Crochet,  soldat de la bataille d'indiens et d'enfants perdus volants contre un pirate.

Sa voix n'était qu'un murmure. Son regard se porta sur le monde autour d'elle et en repérant des présences qui n'étaient pas la version édulcorée de son malheur, parce qu'il n'y en avait pas de version édulcorée et il n'y en aurait jamais dans cette catastrophe. « Non ... Pas ça, tuez le ... Sauvez les … » Wendy griffa le sol, trop terrifiée pour bouger, imaginant l'horreur qui se superposait à la réalité. Le Souvenir de l'appétit dévorant de Peter. « Tout sauf ça, prends ma vie Peter, je t'aime, je t'en supplie, prend ton amour mais laisse les. » C'était la seule pensée que son cerveau atrophiée formait, perdue dans la peur que créait la violence de son amour, tueur de ses amours. Son esprit tourmentait voyait presque le sang s'écoulait, le rouge était la seule chose qui dominait son esprit. Même avant que le sort noir ne soit brisé, elle n'avait jamais aimé le conte de Peter Pan, trop triste et horrible. Adolescente, elle avait même brûlé un des exemplaires qu'elle avait volé à une camarade, au moins elle avait agit.

Aude était revenue à son état de Wendy, à celle qu'elle avait été, cette petite fille qui aimait les histoires, le courage en moi, perdue quand elle avait dû se jeter dans l'eau pour eux ? Ou qu'elle avait donné sa liberté d'agir à Rothbart. Ou changer en arbre ? Chaque fois, elle avait agit, poursuivant à tout pris son but de se venger. Pour finir par rester au sol en tremblant, méprisable enfant qu'elle était, follement orgueilleuse, victime d'un hybris qui allait la perdre comme les autres.

Et elle rit, hystérique dans ses larmes, hystérique sous les émotions cadenassées qui vrillaient son âme et son esprit. Michel et John. John et Michel. Peter. Michel et John. John et Michel. John et Michel. Michel et John. Peter. Quelle grande sœur horrible, elle les abandonnait une nouvelle fois...

( Pando )