15h01. Tu observes le quadran de ta montre d’un œil morne, complètement désintéressé. Un lourd soupir t’échappe alors que tu t’affaises un peu plus sur la table que tu occupes au sein du dinner ; il est encore bien trop tôt pour rentrer. L’appartement que tu occupes avec Suraj – ton gardien, ton presque père – est présentement vide, tu le sais … mais tu sais aussi que, sans que tu ne saches trop comment, l’homme saura si tu rentres bien plus tôt que prévu. C’est certainement l’un de ses super-pouvoirs de presque-papa, songes-tu distraitement en remuant la paille dans ton verre de soda. Tu observes les petites bulles qui s’échappent vers la surface. L’ennui s’est enraciné en toi avant même que tu mettes les pieds au très renommé Granny’s Dinner – il est le seul dinner de Storybrooke en même temps – et tu ne parviens pas à t’en défaire. La faute à ces cours de lycée qui sont tout simplement à en mourir. Tu n’as que faire des mathématiques – tu sais faire des additions et des multiplications, c’est bien là l’essentiel – et tu te fiches encore plus des rebondissements mortellement ennuyeux de la langue anglaise – tu le parles sans le moindre mal et tu l’écris sans trop faire de fautes, c’est amplement suffisant. Tu aurais pu en pleurer, ce matin, quand ton professeur de mathématiques parlait d’une voix si monotone … si plate et si dénuée du moindre enthousiasme. Tu te souviens avoir été avachie sur ta table, puis ton esprit s’est égaré. Tu n’as plus écouté, tu t’es perdue dans des rêveries dont tu ne te souviens même plus. Juste un nuage d’ennui et un besoin étouffant de t’échapper. Tu n’as pas pu résister. Ce n’est pas non plus comme si tu avais un jour ressentit le besoin de résister à une telle tentation non plus. Jeune fille un peu rebelle, mais pas méchante, c’est ce que tu es. Ce que tu as toujours été. Aussi n’est-il pas surprenant que tu sois présentement en train de sécher tes cours de l’après-midi, préférant lézarder sur une des banquettes de Granny’s Dinner. Appuyée contre l’une des fenêtres de l’établissement, tu laisses les rayons timides du soleil te réchauffer.
15h12. Un nouveau coup d’oeil las à ta montre, un nouveau soupir exaspéré. Tu t’agites sur la banquette, tu te tortilles sans réfléchir. À un tel point que tu finis par faire tomber ton sac posé à côté de toi. Tu te redresses pour apercevoir l’étendue des dégâts ; ton sac n’était pas fermé quand il est tombé, de ce fait tes affaires se retrouvent étalée sur le carrelage un peu poisseux. Tu grognes et tu te penches nonchalament pour ramasser les stylos et feuilles qui se sont enfuis. Tu fourres tout dans ta sacoche en cuir et, pendant quelques instants, tu ne bouges plus d’un pouce. Puis ton regard s’illumine, tu te penches légèrement pour finir d’une traite ton verre de soda et t’extirpes souplement de la banquette. Tu hisses ton sac sur ton épaule et farfouilles dans les poches de ta veste d’uniforme – un ensemble absolument hideux que tu es contrainte de porter par ton lycée – pour en tirer quelques pièces de monnaie que tu déposes sur la table. La serveuse t’adresse un sourire poli et un hochement de tête que tu retournes sans la moindre trace d’hésitation. Puis, d’un pas décidé et léger, tu te diriges vers la sortie. Tu esquives un client un peu trop impatient et te voilà finalement à la porte. Tu as passé bien assez bien assez de temps à t’ennuyer un peu plus chez Granny’s, tu as besoin de prendre l’air. Tu peux errer tranquillement dans les rues de la ville, étant donné que Suraj est toujours à l’école, bien occupé à éduquer les esprits naïfs et jeunes des enfants de sa classe. Tu aurais pu aller te dégourdir les jambes un peu plus tôt, plutôt que de te morfondre … mais la paresse s’était emparée de toi. Enfin, cela importe peu ; tu as encore deux bonnes heures devant toi pour faire ce que bon te semble ! Ah … la liberté !
Liberté qui est bien rapidement abattue quand tu ouvres la porte du dinner pour en sortir, mais que tu as le malheur de heurter quelqu’un. Surprise, tu fais un pas de recul et tu lèves les yeux vers la personne que tu as potentiellement offensé. Aussitôt, tu affiches un sourire crispé et, du coin de l’oeil, tu lorgnes sur la rue vers laquelle tu espères rapidement prendre la fuite.
« Madame le Maire ! t’exclames-tu, faussement joyeuse, Mes excuses, je ne regardais pas où j’allais ! J’espère que je ne vous ai pas fait mal ! »
Et tu affiches une mine pleine d’innocence, une mine qui, tu le sais, ne la convaincra absolument pas. Tu es, après tout, une terrible influence sur son fils à ses yeux. Ce qui rend cette rencontre bien plus gênante que ce qu’elle aurait pu être.
Dernière édition par Indra Chakir le Sam 26 Jan - 17:20, édité 1 fois
Regina Mills de Locksley
Storybrookian
♕ Lieu : 108 Mifflin Street, ou la mairie de Storybrooke
15h01. Le téléphone de la mairie sonna. C’était l’école. Malheureusement pour madame le maire, la directrice n’appelait pas pour proposer une tombola ou une vente de cookies, ou diverses autres animations en ville avec les enfants, non… Elle appelait pour prévenir qu’Henry n’était pas allé en cours, et était surprise de ne pas avoir , à l’heure qu’il était de mot d’excuse ou d’appel de la part de sa mère. Regina serra les dents, hésitant entre mentir pour ne pas entacher l’honneur de son fils - et au passage le sien- et faire croire qu’il était souffrant, ou dire la vérité et passer pour une mère incapable de tenir son gamin de dix ans. Elle décida finalement de rester vague, de dire qu’elle était au courant, puisqu’à présent elle l’était, et qu’elle allait s’en occuper. Fort énervée par la nouvelle, madame le maire rangea les documents sur lesquels elle travaillait, refermant le tiroir de son bureau avec fracas, et se leva pour aller chercher ses affaires avant de quitter la mairie, n’adressant qu’un bref regard à sa secrétaire au rez-de-chaussée pour lui dire qu’elle revenait. Maintenant, il allait falloir trouver Henry. Ah, comme elle regrettait la magie. Un coup d’oeil à son miroir et elle aurait pu savoir exactement où il se trouvait. Un mouvement des poignets et elle aurait été téléportée à ses côtés. En moins d’une minute, l’affaire aurait été réglée. Là, à Storybrooke, cette ville maudite – dans tous les sens du terme-, il faudrait faire preuve d’ingéniosité. Cela pourrait durer des heures… Au volant de sa mercedes, la méchante reine réfléchissait. De toute évidence, il n’aurait pas séché les cours pour rester à la maison. Aucune chance connaissant son caractère, il aimait bien trop flâner, découvrir des choses, aller rêver ou laisser sa gourmandise parler. Procédant par élimination, la belle brune décida de se rendre dans un premier temps au lieu le plus proche : le Granny’s. Elle ne voulait pas qu’on la voit faire des dizaines d’allées et venues en ville.
15h12. Elle gara sa voiture près du trottoir d’en face et sortit pour se rendre dans l’établissement de la Mère-grand, d’un pas décidé. Henry pouvait très bien s’y trouver, ayant commandé un chocolat chaud surmontée de chantilly et de cannelle, une tradition ancestrale qui n’avait pourtant jamais eu le goût de la reine, préférant la cannelle sur les pommes qui sortaient du four. Elle imaginait déjà son fils demandant à cette petite traînée de Ruby sa complicité pour le couvrir si sa mère appelait. Ah ça, malgré leur absence de mémoire, les habitant de Storybrooke n’étaient jamais les derniers pour continuer à la contrarier, même sans le faire exprès. De toute façon, leur simple existence l’agaçait. Alors qu’elle tendit le bras pour pousser la porte de l’établissement, une petite flèche humaine fut plus rapide, en sens inverse, et lui rentra dedans de plein fouet, la faisant reculer d’un pas.
- Faites attent… Mademoiselle Chakir ! souffla-t-elle finalement en la regardant d’un œil noir.
Surprenant, ou pas, son fils faisait l’école buissonnière et au vu de l’heure, cette demoiselle aussi. Coïncidence ? D’autant qu’Indra avait déjà inciter Henry à sécher les cours par le passé. Voilà qu’elle recommençait ? Pinçant les lèvres et affichant une mine autoritaire, Regina scruta l’adolescente.
- Je m’en remettrai. Assieds-toi un instant, j’ai à te parler.
Elle lui désigna une table libre sur le côté de la terrasse du Granny’s. Un coup d’oeil par la porte vitrée indiqua à Regina que son fils n’était pas à l’intérieur.
- Dis-moi, étais-tu avec Henry ?
Le regard qu’elle planta dans le sien n’appelait aucun mensonge. De toute façon, tout finissait toujours par se savoir, n’est-ce pas ? On ne pouvait berner un adulte bien longtemps, encore moins le maire de la ville, cela semblait évident.
- Ce n’est pas la première fois que tu sèches les cours, jeune fille. Et ce n’est pas la première fois non plus que tu entraînes Henry. Que crois-tu que dirait ton père de savoir que, non contente de faire l’école buissonnière toi-même, tu entraîne un enfant de dix ans dans la même voie ?
Bon, prendre par les sentiments, ce n’était pas la méthode la plus honorable, mais la méchante reine était experte à ce jeu. Indra lui rappelait parfois la jeune Blanche-Neige avec son insolence effrontée de gamine qui pensait bien faire.
Il te serait bien difficile de citer une présence plus sévère que celle de Madame le Maire. Même dans les bras de la colère et de l’inquiétude, Suraj ne lui arrive décidément pas à la cheville, tu dois bien l’avouer. Tu n’es pas du genre craintive, bien au contraire même. Tu es une jeune fille qui hait la peur plus que tout en ce bas monde, tu te refuses tout simplement à te laisser influencer et manipuler par un sentiment de terreur quelconque. Tu ris face au danger plutôt que de reculer. Oh, ce que tu peux faire suer Suraj parfois, ce que tu peux le faire trembler. Il déteste avec une telle ferveur cette attitude que tu arbhorres plus fréquemment qu’il ne l’aimerait ! Tu en ris bien trop souvent, au plus grand dram de l’adulte. Il ne devrait nullement s’inquiéter de la sorte, lui affirmes-tu à chaque fois que cela semble être un problème, tu es valeureuse et astucieuse. Tu sais te sortir de situations délicates. Mais à cela, ton père adoptif te répond qu’il est dans la nature des parents de s’inquiéter et que lui-même ne fait pas exception à cette règle. Tu as du mal à comprendre, n’étant pas parent toi-même. Toutefois, cette réponse a tendance à te rendre toute molle à l’intérieur, à te rendre plus docile bien malgré toi. Et en cet instant, les mots que Suraj prononce, lorque tu te montres un peu trop imprudente à son goût, te reviennent en mémoire. Madame le Maire – Regina Mills de son nom – n’a pourtant rien de réellement dangereux. La femme est sévère – peut-etre un peu trop à tes yeux – et forte, deux qualités que tu pourrais admirer, si elles ne te mettaient pas si mal à l’aise au sein de la femme. Tu retiens ton souffle un instant ; tu vois qu’elle s’apprête à te remonter les bretelles, avant même d’avoir posé les yeux sur toi.
« Faites atten … Mademoiselle Chakir ! »
Elle prononce ton patronyme dans un souffle et tu sens tes muscles qui se tendent. Son regard se fait plus noir encore et ton sourire se fige, se fane presque. Mais tu tiens bon. Tu t’accroches à ton air de jeune fille innocente comme un noyé se raccrocherait à une bouée. Tu aurais tant aimé pouvoir cacher ton visage, que tu sais si expressif, derrière un pan de ton épaisse chevelure brune. Malheureusement, ce matin tu as préféré les attacher en deux nattes bien serrées, qui prennent racines sur le sommet de ton crâne. C’est complètement sans défense que tu affrontes le regard scrutateur de Madame le Maire. Ses lèvres étroitement pincées ne t’annoncent rien de bien. Encore une fois, tu tiens bon. Ton sourire, à présent un peu tendu, ne te quitte pas alors que tu observes la femme avec une certaine curiosité. Te laissera-t-elle partir sans rien dire ? Ou cherchera-t-elle à te retenir pour tentr de raisonner l’adolescente rebelle que tu es ? Car, après tout, il n’est un secret pour personne que tu es une habituée de l’école buissonnière. Il n’est un secret pour personne, non plus, qu’il t’arrive parfois d’être accompagnée par Henry, le fils de ton interlocutrice, lors de tes excursions. Tu sais qu’elle sait. Et elle sait probablement que tu sais qu’elle sait. Le suspens te tient en haleine, tu sens la nervosité qui monte en toi et …
« Je m’en remettrai. Assieds-toi un instant, j’ai à te parler. »
Ses mots tombent comme un couperet sur la nuque d’un condamné à mort et tu sens véritablement ton sourire qui fuit ton visage. À la place, une moue mécontente vient prendre sa place ; le coin des lèvres tourné vers le bas, les sourcils froncés et le regard méfiant. L’envie de fuir te prend, mais tu résistes. Dans un soupir, tu files t’asseoir à la table qu’elle t’a indiqué. Toutefois, tu ne le fais pas de bon coeur et tu n’as aucun scrupule à le faire savoir ; tu te laisses tomber sur la chaise lourdement, comme seuls les adolescents savent le faire, adoptant une position avachie et le regard rivé sur la surface de la table. Tu laisses ton sac en bandouillère reposé sur tes cuisses couvertes par la jupe de ton uniforme et tu croises les bras sous ta poitrine. Tu n’es pas ravie et cela se voit. Et l’attitude sévère et droite de Madame le Maire ne te démonte pas. Tu restes prostrée sur tes positions. Ses yeux te lancent des éclairs et pendant un temps, tu hésites. Ne devrais-tu pas jouer la douce et innocente jeune fille ? Bah, c’est trop tard, de toute façon. Alors tu t’entêtes dans ce comportement que tu ais pourtant puéril.
« Dis-moi, étais-tu avec Henry ? »
La question te surprend. Avec Henry ? Tu hausses un sourcil interrogateur alors qu tu observes la mère adoptive du sus-mentionné. Ah ! Ainsi tu comprends mieux son courroux ! Henry doit être actuellement en train de sécher les cours et, Madame le Maire te croisant au Granny’s, elle a du faire le raccourci en songeant que le jeune garçon était avec toi. Alors qu’il n’en est rien ! Pour cette fois-ci, en tout cas ! Alors que tu t’apprêtes à nier les accusations de la dame, celle-ci reprend la parole, aussi sèche que jamais.
« Ce n’est pas la première fois que tu sèches les cours, jeune fille. Et ce n’est pas la première fois non plus que tu entraînes Henry. Que crois-tu que dirait ton père de savoir que, non contente de faire l’école buissonnière toi-même, tu entraînes un enfant de dix ans dans la même voie ? »
Tu sens l’agacement qui monte en toi lorsqu’elle fait allusion à ton père adoptif et tu te renfrognes, une grimace presque colérique apparaissant sur les traits habituellement fins et doux de ton visage encore un peu enfantin. Et si un regard avait pu tuer, la mère d’Henry serait certainement tombée raide morte à tes pieds tellement le tien s’est fait noir. Mais de quoi se mêle-t-elle ? De quel droit mêle-t-elle Suraj à cette conversation ? Suraj qui, soit dit en passant, a déjà connaissance de tes quelques écarts de comportement. Et s’il a tenté de comprendre le pourquoi du comment, s’il a tenté de te convaincre de rentrer dans le rang, il est à présent plus en retrait par rapport à la situation ; tant que tu ne mets personne en danger et que tu n’es pas toi-même en danger, il ne s’y oppose pas tant que ça. Tant que tu acceptes les conséquences de tes absences répétées, que tu ne refuses pas les punitions que tes professeurs peuvent décider de t’infliger … Eh bien il n’a pas grand-chose à dire. Tu a de la chance d’avoir Suraj, d’avoir une figure paternelle si aimante et pleine d’acceptation. Enfin, toujours est-il que tu n’apprécies pas la tentative de te prendre par les sentiments de ton interlocutrice. Chose que tu ne te retiens pas de lui faire savoir.
« Mais de quoi je me mêle ? Ta voix claque et tes mots fouettent. Ce que Suraj sait de mes activités et tout ce qui touche à celles-ci ne regardent que lui et moi. »
Tu es agressive dans ta défense, mais c’est plus fort que toi. Tu ne peux pas retenir les mots qui se précipitent hors de ta bouche. Tu prends le temps de prendre quelques goulées d’air pour te calmer, avant de reprendre, avec un un ton plus posé et des mots plus mesurés.
« Henry n’est pas avec moi aujourd’hui, non. Aussi surprenant cela puisse-t-il paraître, je n’entraîne pas Henry où que ce soit, il n’a pas besoin de moi pour sécher les cours. Comme, oh, surprise ! Aujourd’hui ! Il n’est pas avec moi ! »
Tu ponctues la fin de ta phrase dégoulinante de sarcasme en levant les yeux au ciel. Puis tu plantes ton regard sombre dans le sien.
« Est-ce que je peux avoir quelque chose à boire, au moins ? »
Tu es incroyablement désinvolte, presque insolente. Mais tu n’en as que faire actuellement, trop vexée et sur la défensive.
Regina Mills de Locksley
Storybrookian
♕ Lieu : 108 Mifflin Street, ou la mairie de Storybrooke
Il faut bien trouver un coupable, n’est-ce pas ? La justice a ce but. Indra semblait toute désignée pour être sur le banc des accusés : elle séchait les cours régulièrement, avait déjà entraîné Henry à le faire, et ce jour, Henry n’était pas au collège et la demoiselle non plus, de toute évidence. La coïncidence était trop belle pour n’en être qu’une. Regina ne comptait pas se faire berner par une ado en pleine crise de rébellion. Si le père de la petite Indra n’était pas assez ferme dans ses méthodes d’éducation pour faire comprendre à sa fille qu’elle devait aller en cours pour son propre bien, ce n’était pas son problème. Elle, elle voulait que son fils réussisse dans la vie et donc mettre toutes les chances de son côté. Certes, il la trouvait sans doute trop sévère, beaucoup de monde devait le penser, mais madame le maire n’en avait cure, elle faisait de son mieux et elle faisait ce qu’elle pensait être juste. Et interdire à des enfants de sécher les cours n’était ni sévère ni injuste, c’était tout simplement normal.
Le sourire, certes un peu tendu, de l’adolescente agaçait légèrement l’ancienne méchante reine qui avait juste l’impression que la petite brune se fichait d’elle. Prise la main dans le sac, aurait-elle cette indélicatesse ? Fronçant légèrement les sourcils mais gardant son calme, en apparence du moins, elle intima à Indra de s’asseoir. C’est alors que son sourire quitta son visage juvénile, et, satisfaite, ce fut au tour de Regina d’en esquisser un. On ne jouait pas avec Regina Mills. Madame le maire sentait la méfiance de l’adolescente, l’inquiétude de celle qui savait qu’elle était prise la main dans le sac. Elle ne pourrait pas nier. Dans tous les cas, avant de connaître Indra, Henry ne séchait pas les cours. Alors même s’il n’était pas avec elle en ce jour, cette mauvaise habitude lui venait d’Indra. Aussi ne put-elle s’empêcher de lui faire une petite leçon de morale. Après tout, si son père ne le faisait pas, il fallait bien que quelqu’un lui explique ce qu’il ne fallait plus faire. Toutes deux installées une table de la terrasse du Granny’s – inutile de retourner à l’intérieur pour l’une, et d’y entrer pour l’autre-, la discussion pouvait réellement commencer. La réaction d’Indra ne se fit pas attendre, et pleine d’insolence, elle lui répondit, ce qui noircit encore davantage le regard de Regina qui alors la fusillait de ses prunelles chocolat. Sans attendre, elle frappa du poing sur la table, faisant sursauter dans un tintement métallique les couverts qui se trouvaient dans un pot de fer. Se penchant un peu plus vers elle, elle articula entre ses dents, sans pour autant hausser le temps.
- Cela me regarde du moment que MON fils fait l’école buissonnière par TA faute ! Alors non, cela ne regarde pas que ton père et toi.
Se radossant à son siège sans pour autant la quitter du regard, Regina croisa bras et jambes.
- Tu es en âge de comprendre que tes actions peuvent avoir un impact sur les autres, pas seulement sur toi. C’est ce qu’on appelle devenir adulte. Même si tu ne l’es pas encore, tu n’es plus une enfant et tu dois réfléchir aux conséquences de tes actes. Sans même songer aux punitions que tu encoures, as-tu la moindre idée de ce qui peut se passer dans la tête de Suraj quand il apprend que tu sèches ? Crois-tu qu’il soit fier de toi ? Ne crois-tu pas qu’il puisse s’inquiéter de ce qui pourrait t’arriver puisqu’aucun adulte de te surveille ? Je peux te le dire, puisque c’est ce que je ressens quand j’apprends qu’Henry n’est pas où il devrait être. Être parent, c’est s’inquiéter pour ses enfants, parce qu’on les aime plus que tout.
Indra reprit, heureusement pour elle, sur un ton plus calme. Cependant, cette ironie dont elle faisait preuve n’atténua pas le courroux de Regina, qui pourtant, continuait de parler sans hausser le ton.
- C’est drôle, quand même, comme avant de te connaître, ô surprise, il ne faisait pas ce genre de choses.
Indra réclama quelque chose à boire, et même si l’envie maladive de l’enfermer dans un cachot avec du pain sec et de l’eau pour deux semaines histoire de lui apprendre la vie démangeait l’ancienne reine, d’une part ceci n’était pas possible dans ce monde, et d’autre part, elle n’avait pas le lieu nécessaire. Ruby passa à sa hauteur et Regina l’arrêta de la main pour qu’Indra puisse commander sa boisson. La maire de la Storybrooke laissa ensuite filer la serveuse. Elle avait ait tout ceci sans quitter la jeune fille du regard.
- Je comprends que pour les jeunes, aller à l’école puisse paraître fastidieux, mais il faut bien vous inculquer, en plus des matières que vous apprenez, comment se passe la vie. La vie, ce sont des contraintes, comme aller au travail pour payer ses factures, et c’est ainsi que l’on apprécie les moments de liberté. Votre travail, en tant que jeunes gens, c’est d’aller à l’école. Rien ne tombe tout cuit, dans la vie, il faut travailler pour s’en sortir et obtenir ce que l’on veut. Cela ne te semble-t-il pas logique ?
Ruby revint avec la boisson de l’adolescente et Regina lui donna un billet pour qu’elle disparaisse.
- Peux-tu me donner la raison qui te pousse à faire ce genre de choses ? Je sais que tu vas encore me dire que ce ne sont pas mes oignons, mais vraiment, j’aimerais comprendre. Peut-être que si tu me donnais ton point de vue, alors je pourrais faire quelque chose pour les cours paraissent moins fastidieux ?
Peut-être qu’en gagnant sa confiance et faisant en sorte qu’elle rentre dans les rangs, Henry ferait de même et arrêterait de la voir comme une méchante maman qui ne pensait qu’à l’enquiquiner ?