Royaume du Roi Richard Cœur de Lion Peu avant que la guerre ne l’emporte…
Voilà des jours que la pluie ne cessait de tomber. Les gouttes venaient s'écraser avec fracas contre le sol et semblaient plus harmonieuses lorsqu'elles frappaient le verre des fenêtres. Assis dans son fauteuil près de l'imposant bureau sur lequel, il prenait d'importantes décisions, le monarque observait les flammes qui dansaient avec insouciance dans l'âtre de la cheminée. Le parchemin déballé face à lui laissait entrevoir de bien mauvaises nouvelles. Le roi au cœur de lion était confronté à des responsabilités qu'il auraient tant aimé contourner au profit d'une solution moins encline à la belligérance. Le regard toujours captivé par les flammes, il délesta le parchemin qu'il s'apprêtait à rédiger pour se lever et se posta près de la fenêtre pour y observer le monde extérieur. Des bruits de pas remontèrent jusqu'à ses oreilles. Trois coups venaient de s'abattre sur sa porte « -Entrez ! » dit-il peu convaincu avant de voir la personne qu'il avait fait mander par sa servante. Robin s'inclina devant son roi et avança d'un pas, surprit de se trouver là en cette heure tardive. Richard lui sourit tendrement et fit mine au jeune homme de s'asseoir ce que fit Robin sans attendre.
« - Je t'ai fait venir suite à notre dernier échange. »
« -Je me suis emporté à propos de votre conseiller et je m'en excuse. »
« -Tu n'as pas à t'excuser. J'aime ta franchise Robin. »
« -Puis-je savoir pourquoi vous m'avez fait venir en cette heure si tardive majesté ?! »
« - Tu sais que nous traversons une crise difficile avec l'un des royaumes du Sud. »
« -Je vous l'ai dit majesté et je réitère mes propos, nul besoin de prendre les armes pour régler une crise. La diplomatie est à mon sens la meilleure des solutions. Vous-même en étiez si souvent convaincu. »
« -Robin tu le sais, un grand pouvoir implique des responsabilités toutes aussi grandes. »
« -Et être roi vous oblige à prendre des décisions autre que celles que vous dictes votre cœur…. Nous avons déjà eu cette conversation Majesté. » Richard s'approcha de l'imposant bureau en bois sur lequel se trouvait le parchemin, il le saisit ainsi pour le tendre à son fidèle chevalier avant de reprendre la parole, le regard toujours fixé sur l'horizon. « -C'est une déclaration de guerre Robin, je ne peux plus tourner les talons. Maintenant, je dois penser à mon royaume, à mon peuple et les protéger. Je sais que tu rejettes les conseils de Triste Sire. »
« -Je n'ai aucune confiance en cette chose insignifiante qui vous sert de conseiller. »
« -Mais force est de constater qu'il a raison Robin. Je ne peux me dérober » Le jeune Robin, le regard lourd lui tendit la déclaration de guerre avant de se lever pour faire face à son roi. « - Bien ! Je m'emploierai de ce fait à vous servir jusqu'au trépas si cela est nécessaire. Ma fidélité et mon arc sont vôtres majesté ! » Il inclina la tête, le cœur lourd de ne pas avoir sus convaincre le monarque de ne point partir en guerre…
Quelques moins plus tard...
Le ciel rougeoyant, la terre sanguinolente, le feu de partout. Les cendres retombaient encore sur les derniers survivants qui furent contraints de déposer les armes. La bataille fut âpre et les pertes nombreuses, trop pour que l'on puisse se résoudre à avancer un chiffre. La bannière du Lion avait cessé de virevolter au vent. Le coup fatal venait d'être porté, délestant le cœur de lion d'une victoire et de la vie. Fou de douleur, Robin délesta son arc au profit de l'épée et tel un forcené, il se rua sur les assaillants pour les pourfendre de sa lame. La haine l'aveugla et avant de comprendre, il se retrouva à terre, inconscient au milieu des mots. Lorsqu'enfin, il rouvrit les paupières, il découvrit une cellule assez grande pour contenir au moins une dizaine de personnes. Voilà des jours et des jours qu'il était là à attendre la Mort surement. De l'autre côté du front, le roi victime de la chute de Richard Cœur de Lion, permit au frère de ce dernier de récupérer son Royaume comme convenu dans l'accord négociait au préalable entre les deux hommes.
La porte du cachot s'ouvrit à nouveau, des pas retentirent aux oreilles des miséreux qui priaient pour un peu plus de clémence. Quatre gardes solidement armés firent leur apparition. Ils entouraient un solide gaillard qu'ils jetèrent dans la geôle occupée par Robin. « -Voilà ce qu'on réserve aux traîtres ! » lança l'un des gardes. Robin se redressa pour s'enquérir de la situation alors que les gardes s'éloignaient déjà. « - Un traître ? » lança l'archer à l'égard du nouvel arrivant. « -Je reconnais cet uniforme ! Tu es l'un des leurs ! » Le regard du futur voleur s'embrasa aussitôt ne laissant rien présager de bon au nouvel arrivant.
Dehors, une bataille décisive venait de se terminer. Pendant ce temps, Razoul croupissait en prison avec les autres déserteurs. Le prisonnier se moquait bien de qui avait gagné, des enjeux perdus pour l'adversaire ou du nom du roi vaincu. Pourquoi devrait-il se réjouir que son camp ait remporté cette guerre ? Les seules personnes qu'il pouvait qualifier de compagnon de bataille étaient ici, avec lui, dans cette cellule. Tous avaient en commun d'avoir été emmenés de force dans ce conflit. On les avait troqués comme s'ils étaient de la vulgaire marchandise puis jeter aux lions.
Quelle importance avait le bien et le mal sur un champ de bataille ? Où était l'honneur dans cette tuerie ? Razoul n'avait pas l'impression d'être dans le camp des 'gentils' ou des 'méchants'. Il avait dû tuer pour survivre et ceux périssant sous sa lame avaient toute la même expression de surprise et de désespoir. La même qu'il vit sur certains des soldats de son camp mort sous les coups de l'ennemi avant que l'Agrabien ne leur ferme les paupières. Deux camps, mais la même terreur face à la fin. Comment dire qui étaient les 'gentils' et les 'méchants' quand les soldats étaient envahis par la même volonté de s'accrocher à la vie, quoi qu'il en coûte. Prêt à tout pour rentrer chez eux.
Fuir cet Enfer, voilà le seul espoir qui leur étaient resté. L'espoir qui les avait conduits ici. Bien qu'ils fussent écartés des combats, l'attente nourrissait la même incertitude que sur le champ de bataille. Une question que personne n'osait dire à voix haute : qu'allaient-ils devenir ? Quel sort réservait-on aux déserteurs dans ce royaume ?
Les jours d'incertitudes s'enchaînèrent, jusqu'au moment où l'ambiance de la victoire était perceptible même dans ce lieu sinistre. "On a gagné ?" Bredouilla un de ces compagnons de misère. On ? Depuis quand y avait-il un 'on' en parlant de ce royaume qui les avait jetés loin des regards ? Razoul garda cette remarque pour lui. Il comprenait l'autre prisonnier qui espérait qu'une victoire de leur camp soit synonyme de clémence pour eux. "C'est amusant, je n'ai pas l'impression d'avoir gagné." Dit Razoul en faisant tinter ces chaînes. Son intervention émoussa les rêves de liberté de ces compagnons, et il s'en voulut un peu, mais il fallait bien que quelqu'un leur remettre les pieds sur terre.
Il n'avait pas perdu espoir de sortir un jour. La différence avec les autres déserteurs était que, lui, n'espérait pas la pitié de leur geôlier pour obtenir sa liberté. Il allait devoir la conquérir par lui-même.
Ainsi, lorsqu'un garde était entré, Razoul avait tenté sa chance, espérant que d'autres suivrait le mouvement. Hélas, il fut seul et il ne put aller bien loin. Voilà pourquoi il se retrouvait escorter jusqu'au cachot par quatre gardes solidement armés. Il fallait séparer la graine de rébellion des autres.
L'ancien chef des gardes ravalait sa rancune devant l'inactivité de ces compagnons de cellule. Au point que la remarque des gardes et la manière dont il fut jeté dans son nouveau 'chez lui' lui passèrent par-dessus la tête. Bien sûr, il comprenait pourquoi ils n'avaient pas levé le petit doigt pour l'aider, mais cela ne l'empêcha pas d'être déçu. Comme si les contrariétés avaient décidé de s'enchaîner, il entendit une voix et compris qu'il n'était pas seul dans ce trou à rat. Razoul décida à se relever et épousseta son uniforme bien que ce geste ne fut pas une grande différence en vue de l'état de crasse du tissu.
"L'un des leurs, dis-tu ?" Répéta-t-il. La remarque lui arracha un rire sans joie. Razoul perdit vite son sourire et regarda l'autre prisonnier avec un regard presque aussi intense que ce dernier. "Te sentirais-tu mieux si je répondais que oui ? Tu les as entendus, je suis un traître, un déserteur, pour être précis. Cela n'enlève pas le fait que j'ai tué durant cette guerre, tout comme toi. Alors... Que veux-tu faire ? Puisque nous sommes tout deux coincer ici. Veux-tu rejouer la guerre ? Un représentant de chaque camp, toi contre moi, pour faire la revanche ?" Ironisa-t-il. La proposition était absurde, pourtant les accusions concernant le sang sur les miens de son interlocuteur était bien réel.
(c) naehra.
Robin de Locksley
Lost one
♕ Lieu : Le Chateau sombre, dans la Forêt enchantée
Royaume du Roi Richard Cœur de Lion Peu avant que la guerre ne l’emporte…
« Nous nous devons d'être fidèle à notre monarque, quelque soit la décision qu'il soit amené à prendre. C'est un principe auquel nous ne devons déroger. » n'avait-il eu de cesse de répéter aux hommes qu'on lui avait confié. Malgré l'assurance dans le regard et dans les mots, Robin n'en demeurait pas moins un novice. Jamais encore il n'avait mis les pieds sur un champ de bataille, un constat qui l'effrayait malgré la bonne volonté dont il faisait preuve. Les récits de Sir Máistir lui revenaient en mémoire. « La guerre change les hommes Robin. Certains se verront parer de la belle armure du héros et d'autre sombreront, incapable de porter sur leurs frêles épaules le poids de la Mort. Puis il y a les perdants, ceux que les vainqueurs humilieront sans vergogne. Ne l'oublie jamais Robin, il ne faut pas sous-estimer la dangerosité d'un homme humilié. » Une phrase qu'il n'avait de cesse de répéter comme un message à celui qu'il avait élevé comme son fils. Le petit garçon avait grandi et portait l'armure prêt à combattre sous la bannière d'un roi, prêt à changer…
Quand on se bat pour un idéal, on engage son honneur et lorsqu'on se bat pour la victoire, en engage sa vie. La guerre n'est pas un beau combat, prendre la vie des autres pour s'assurer la victoire n'est pas une chose à laquelle Robin s'était accommodé, du moins au début. Poussé dans le bain, il n'eut d'autre alternative que de se défaire de ses principes. Il n'était pas juste question de sa petite personne, ayant la responsabilité de plusieurs soldats, il ne pouvait défaillir, il devait se battre avec intensité, mais plus encore, il devait se battre pour survivre, car il avait face à lui des hommes pas enclins aux questionnements existentiels, mais bel et bien des brutes épaisses, avides de sang pour la plupart. La victoire n'était qu'un prétexte pour eux, une excuse bien trouvée qui leur permettait de redoubler d'intensité dans la violence « C'est tuer ou être tuer ! » voilà ce que c'était dit le jeune Robin en enfonçant sa lame dans l'estomac d'un assaillant. Convaincu de bien faire, le futur prince des voleurs, continua de ce fait à donner la Mort à ceux qui attentaient à sa vie, à celle de ses hommes et de son roi. Il s'est battu jusqu'à la fin, ne ménageant aucun de ses efforts, mais il a failli, ils ont tous perdu réduisant à néant la petite parcelle d'espoir encore présente dans leur cœur. Pour certains cette victoire sonna le glas funeste de la Mort. Beaucoup de soldats furent exécutés, « des bêtes sauvages » comme on les nommait, donnant ainsi plus de crédit aux exécutions. D'autres furent isolés et torturés sans modération. Robin appartenait à cette seconde catégorie, mais à l'inverse de la plupart de ses camarades il pouvait s'estimer heureux de n'avoir subi que quelques coups avant d'être ramené, inconscient, jusqu'à sa cellule. Plusieurs jours s'étaient écoulés avant qu'il ne puisse enfin se tenir debout. A peine nourrit, il devait se contenter de quelques morceaux de pains, pas de meilleure qualité et de quelques lapés d’un potage tout aussi douteux.
La Mort ne voulait pas de lui de toute évidence et lui non plus. Certes, il l'avait invoqué à quelques reprises, se demandant quel sort on allait lui réserver. Après tout, il était l'ennemi en ces terres victorieuses et en tant que tel il était fort peu probable qu'on lui accorde la moindre clémence. D'ailleurs, les quelques marques qu'il portait sur son corps, n'étaient qu'un faible aperçu du traitement que l'on réservait à l'ennemi entre ces murs. Mais l'ennemi n'était pas le seul à subir le mauvais traitement de ses geôliers. La cellule s'ouvrit alors sur un nouvel arrivant poussé sans ménagement par les gardes qui le désignaient comme un traître, une information qui ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd. Se redressant non sans mal, Robin observa le nouvel arrivant d'un regard sombre. « -Oui l'un des leurs tu m'as très bien entendu. Tu portes leurs couleurs, alors ne te joues pas de moi avec tes mots » Le futur voleur s'appuya contre le mur, encore handicapé par la dernière séance de « parlotte » et s'approcha du nouvel arrivant, qu'il trouvait un peu trop fort en gueule. « -Au vu de mon état, je ne prendrais pas le risque de t'affronter. Il est évident que je n'ai pas la moindre chance. Tu verras par toi-même comment ils s'occupent de leurs prisonniers » Il se laissa à nouveau glisser contre le mûr et regarda droit devant lui « -Quant à la revanche, j'ai autre chose à penser pour le moment. Un autre jour peut-être le traître ! Et à quoi bon rejouer la guerre ? Ca t'as plus de prendre des vies toi ? Moi non et encore moins de …*silence qui en dit long sur la peine que cet aveu cause* … de perdre mon roi. J'espère au moins que tu as savouré ta victoire avant d'arriver jusqu'ici. »
Dès son arrivée dans ce qui allait être sa nouvelle demeure en attendant que les têtes dirigeantes finissent de fêter leur victoire et décide de son sort, l'autre occupant lança les hostilités. Cette animosité manifeste n'était pas pour lui déplaire. Au moins, il pouvait concentrer ses pensées sur autre chose que la douloureuse sensation d'avoir été abandonné par ces précédents compagnons de cellule dans sa tentative d'évasion.
Il soutenu le regard de Robin. "Ce n'est pas parce que je porte leurs couleurs que je suis l'un des leurs. N'as-tu pas entendu qu'on m'a traité de traître ?" Répliqua-t-il avec véhémence en tapant du plat de la main sur l'uniforme qu'il portait, comme pour appuyer sa réplique.
Razoul souligna ensuite, à sa manière, l'absurdité de continuer cette guerre verbale. Quel que soit le camp dans lequel ils avaient lutté dans cette guerre, ils se retrouvaient enfermés tous les deux. Toutefois, il ne s'agissait pas vraiment d'une offre de trêve puisque le coeur de l'Agrabien nourrissait une rancune à l'ennemi qui était responsable de nombreuses morts de soldat au nom d'un roi dont il ignorait tout. D'ailleurs, à ces yeux, qu'importe qui était ce roi adverse, aucun beau discours ne justifiait une telle guerre. Aucune valeur ne méritait de donner la mort. Si on lui avait laissé le choix, Razoul n'aurait certainement pas combattu dans cette guerre. Que se soit dans un camp ou dans l'autre. Il n'y avait rien de plus inutile que la guerre, et cela, il était bien placé pour le savoir.
L'ancien chef des gardes regarda l'autre prisonnier avec plus d'attention, tel un combattant cherchant les munitions pour la proche salve. Il esquissa un sourire lorsque Robin avoua n'avoir aucune chance face à lui, surtout dans son état. "J'ai déjà goûté à l'hospitalité des lieux, merci." Répondit-il un peu plus laconiquement. S'il n'était pas dans le même état que l'autre prisonnier, c'est parce qu'il était depuis toujours ce qu'on pouvait appeler une force de la nature, ce qui lui donnait plus de résistance que les autres. Ce n'est pas parce que les blessures n'étaient pas apparentes et qu'il ne peinait pas à tenir debout que ces blessures n'existaient pas. Une autre remarque qu'il aurait certainement pu dire à voix haute si son interlocuteur improvisé n'avait pas repris la parole.
Razoul restait debout, dans un maintien qui trahissait tout autant une envie d'en découdre que son ancienne appartenance à l'armée, tandis que Robin se laissait glisser contre le mur, marquant un peu plus la différence qui existait entre eux.
"Est-ce que cela m'a plu ?!" Répéta-t-il au bord de la rage. "D'être obligé de combattre dans un conflit dont j'ignore tout ? Toi, tu as tué au nom d'un roi et moi pour survivre, mais aucun de nous deux n'a été plus noble que l'autre dans cette guerre absurde." Et pour appuyer son dernier argument, il cracha par terre pour témoigner du dégoût que le conflit achevé lui inspirait. "J'étais déjà ici pendant que la victoire dont tu parles se jouait dehors. J'avais essayé de retrouver ma liberté. Quelle ironie de finir ici pour avoir voulu être libre ! Je n'ai aucune raison de me réjouir. Tu as de la chance de n'avoir perdu qu'un roi, tu peux encore te draper dans tes bonnes intentions après avoir participé à ce cirque." Continua-t-il, en s'essuyant la bouche suite à son crachat de tout à l'heure. "Moi, et bien d'autres, on a été jeté vers vos épées après avoir été acheté comme si nous n'étions que de la vulgaire marchandise. Alors, non, je n'estime pas être 'un des leurs' comme tu le dis. Mais si tu veux continuer de me considérer ainsi, soit, je te traiterais moi aussi comme un ennemi. Tu n'aurais ni respect ni politesse de ma part."
Sur ces mots, Razoul se laissa lourdement tomber contre le mur opposé. Ensuite, il appuya l'arrière de sa tête contre le mur et ferma les yeux. Au fond, sa situation était des plus déprimante quand il s'y attardait. Razoul avait quitté Agrabah pour se racheter de ces mauvaises actions passées et le voilà en prison après avoir été obligé de combattre dans le mauvais camp. À croire que le destin voulait lui montrer que, malgré toute sa volonté de bien agir, il ne lutterait jamais pour une noble cause.
(c) naehra.
Robin de Locksley
Lost one
♕ Lieu : Le Chateau sombre, dans la Forêt enchantée
La confrontation semblait évidente, les couleurs qu'ils portaient tels des étendards poussiéreux omettait l'observateur du moindre doute. Ainsi, les deux hommes étaient certainement destinés à se battre jusqu'à ce que mort s'en suive, cela éviterait aux geôliers de perdre du temps à continuer leurs tortures qui n'avaient, de toutes évidence, aucun effet sur ces deux hommes. Et puisque l'un avait tenté, avec des alliés, une tentative de fuite éhontée et mise à mal par la lâcheté de ses petits camarades, autant le mettre dans la même cellule que l'ennemi, peut-être que lui se chargerait du problème. C'est certainement ce qu'espérait les victorieux, trop idiots pour la plupart, pour émettre une once de raisonnement cohérent. Victorieux, rien de plus, la plupart appartenaient à la peuplade avide de sang qui s'était régalée à donner la mort aux adversaires. Cette guerre, qui pour certains était une nécessité visant à protéger leur royaume, était à l'inverse, perçu comme une récréation géante pour d'autres. Il ne faut pas croire que tous les soldats sont pourvus d'idéaux, c'est erroné de penser de la sorte. À vrai dire, ils étaient peu, trop peu pour que cela ait le mérite d'être souligné. Robin ne l'eut compris que trop tard, un constat qui entacha longtemps son morale et sa confiance en l'être humain. D'ailleurs, il lui était impossible de pourvoir l'ennemi de ce statut. Bien sûr, le cœur empreint de tristesse et de colère, il s'était laissé séduire par l'amalgame et ne faisait jusqu'alors aucune distinction. Tous n'étaient ni plus ni moins que des sauvages qui en plus de lui avoir pris son roi, avaient volé ses espoirs.
Debout, non sans quelques difficultés, il faisait face au nouvel arrivant, audacieux malgré son appartenance au camp adverse. Robin le fixa longtemps avec dédain. Il voulait lui cracher à la figure, se ruer sur lui pour le frapper encore et encore, mais lui-même le reconnaissait, il était bien trop faible pour mener une autre bataille, puis au vu du gabarit de son interlocuteur, il savait qu'il n'aurait pas l'ombre d'une chance. Alors, sans craindre du regard de l'autre et parce qu'il peinait à rester debout, Robin se laissa glisser contre le mur de pierre toujours aussi froid que la veille et le regard empreint de tristesse, il regarda devant lui, tout en continuant à égrener sa peine avec amertume et en attaquant verbalement son interlocuteur, toujours debout, toujours vaillant. Une vaillance qui se mua en colère, en rage même. Robin reporta dès lors son regard azur sur son nouveau colocataire pour se laisser à son tour contaminer par la rage. « - Tu crois que moi ça m'a plus d'être sur ce champ de bataille ?! J'ai tout fait pour convaincre mon roi de renoncer à cette guerre, mais il s'est laissé manipuler par… une chose insignifiante qui se prétendait « conseiller » Pour moi, il était inutile de prendre les armes pour régler un conflit. Je pensais naïvement que la diplomatie pouvait tout arranger. Avoir un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Mon roi, pensait bien faire, il voulait protéger son royaume, ses sujets. » Razoul cracha au sol, un affront pour Robin qui se redressa trop rapidement, ravivant instantanément ses blessures. « -Je n'ai pas perdu qu'un roi, j'ai perdu la figure d'un père, le royaume tout entier a perdu son protecteur. Richard Cœur de Lion était bien plus qu'un simple roi, c'était un homme incroyable, il incarnait l'espoir, il aimait son peuple, il avait des valeurs et c'est ça qui l'a conduit à sa perte. Crois-moi, j'aurais préféré donner ma vie pour sauver la sienne. Nous l'aurions tous fait sans hésiter. » Il avala bruyamment sa salive et consentit à écouter son compagnon de cellule qui ne cherchait aucunement à plaider sa cause, mais juste à mettre en lumière une vérité qui semblait échappé à Robin.
« -Attends ! Tu veux dire que certains d'entre vous, n'étaient pas là de leur plein grès ! » Une constatation qui ébranla le jeune archer. À l'inverse, l'armée de Richard Cœur de Lion était entièrement composée d'hommes acquis à sa cause. D'ailleurs malgré les paroles avisées de certains de ses conseillers, Richard s'était opposé à l'enrôlement de force, il préférait que l'on rallie sa cause, plutôt que d'y être contraint. « -Les hommes libres accomplissent plus de miracle que ceux que l'on enchaîne à une cause qui n'est pas la leur. C'était ses propres mots ! » La rage l'ayant quitté à nouveau, Messire Locksley sentant ses jambes tremblaient, entreprit de reprendre sa place contre le mur Razoul en fit de même et se posa face à Robin. « -Je m'appelle Robin et toi comment te nommes-tu ? »
Si Razoul s'était tout de suite pris d'amitié envers ces compagnons de misère, il n'était pas prêt à porter le même jugement envers celui qui partageait sa nouvelle cellule. Lui, il appartenait à l'ennemi. Sentiment qui semblait partager. Son avis était aussi tranché que hâtif, bien que l'Agrabien se soit retrouver dans cette guerre parce qu'on l'avait acheté comme du bétail et non enrôler par conviction. L'uniforme que portait encore Robin, lui évoquait les durs moments passés à essayer de survivre sur le champ de bataille tandis que les soldats à côté de lui tombaient comme des mouches. Razoul avait dû tuer pour survivre, tout comme son interlocuteur. Il n'y avait rien de noble là-dedans. Sans doute, les mêmes pensées traversaient l'esprit de Robin en voyant l'uniforme de Razoul. Au moins, il semblait d'accord sur le fait d'éprouver une animosité respective. C'était déjà ça !
Par conte, l'Agrabien ne comprenait pas la tristesse ressentie par Robin. Qu'avait donc de si spéciale le roi défunt ? S'il avait été assez fou pour se lancer dans cette bataille, il ne valait pas mieux que celui que Razoul s'était retrouvé à servir et donc ne méritait pas d'être attristé par sa disparition. Un constat qui mit son interlocuteur dans une rage folle, mettant cette mauvaise décision sur le dos de ce qu'il décrivait comme une chose insignifiante. "Si cette chose était aussi insignifiante que tu le dis, pourquoi l'avoir écouté ? Ne cherche pas d'excuse à ton roi, il n'y en a aucune de bonne lorsque cela concerne une guerre." Ce détail fit froncer les sourcils à Razoul, mais ne l'empêcha pas de cracher au sol pour témoigner ce qu'il pensait de cette guerre et de ceux ayant pris volontairement à ce conflit insensé.
Un affront qui fit se redresser son 'compagnon' de cellule, malgré ces blessures ou sa fatigue. Robin continuait de défendre le roi disparu. Razoul dit un geste agacé en détournant les yeux. Fatigué de ce dialogue de sourds, il mit les choses au clair avec Robin. Il n'avait que faire des discours plaidant une cause plutôt qu'une autre. Lui, on ne lui avait pas laissé le choix. Ils avaient été achetés et jeter vers les épées adverses. Il n'avait même pas un principe ou une motivation à laquelle se raccrocher pour justifier les horreurs commises. Il n'avait cherché qu'à survivre et essayer de retrouver sa liberté. Objectif qui l'avait conduit en cellule, le plus ironiquement du monde.
"Tu as bien entendu." Acquiesça-t-il alors que Robin s'étonnait de ce détail. "Certaines personnes comme moi étaient là parce qu'elles avaient été achetées et enrôler de force dans une guerre dont on ignorait tout. Alors tu m'excuseras de ne pas pleurer la perte d'un roi dont j'ignorais le nom avant d'en apprendre la mort." Conclut-il avec amertume. Depuis son arrivée, il avait tenu à rester debout afin de dominer de sa taille son adversaire de joute verbale. Ce n'est seulement qu'après avoir expliqué sa situation qu'il se laissa lourdement tomber contre le mur opposé. "Pour des gens comme nous, quel que soit le vainqueur, notre sort restera le même."
Il étouffa un soupir et ferma les yeux, se concentrant sur le contact du mur à l'arrière de son crâne. Il n'avait pas vraiment envie de rester seul avec ces pensées, mais une discussion pleine d'animosité ne l'enchantait pas d'avantage. Il resta dans cette position alors que Robin récitait l'option de ce Richard. "De sages paroles." Dit-il sincèrement. Il en venait presque à regretter de ne pas avoir rencontré la personne ayant proclamé ces mots. "Du côté de ceux dont je porte les couleurs malgré moi, le nombre semblait primer sur la motivation." Répondit-il sur un ton lasse. L'Agrabien ouvrit les yeux lorsque Robin se présenta et lui demanda son nom. Depuis qu'il s'était retrouvé dans cette guerre, on ne lui avait jamais posé cette question, car il n'avait été qu'une épée parmi tant d'autres. L'animosité qui animait chaque mot prononcé semblait avoir disparu. "Je me nomme Razoul, mais j'ai trop souvent entendu mon nom d'origine écorché dans ce royaume si éloigné du mien, alors tu peux m'appeler John ou Jean, selon tes préférences." Il haussa les épaules. "Quelle importance étant donné l'endroit où nous sommes."
(c) naehra.
Robin de Locksley
Lost one
♕ Lieu : Le Chateau sombre, dans la Forêt enchantée
La vaillance de Robin oscillait à cause de la fatigue et de ses blessures, mais il continuait malgré tout à tenir et laissa la colère prendre le relais, une colère rendue encore plus vivace par l'évocation de Triste Sir, cet infâme petit reptile à l'origine de bien des maux. « -Parfois notre oreille est dupée par les paroles d'un manipulateur qui voit plus grand que ce que nous sommes. Je ne cherche aucune excuse à mon roi, je regrette juste qu'il est fait confiance à la mauvaise personne. » Le crachat de Razoul sur les dalles défoncées de la geôle, mais plus encore son attitude, raviva toute la hargne de l'archer, mais aussi ses blessures visiblement trop récentes pour qu'il ne puisse les supporter. Mais peu importe, il devait parler, délivré son message et prouvait à cet homme qu'il avait tort, mais plus encore, il se battait pour la mémoire de son roi mort et pour que personne n'entache son image, encore moins un anonyme sans principe. Mais de toute évidence, les états d'âme de Robin ne semblaient toucher son interlocuteur qui se contenta d'un vulgaire signe de la main.
« - C'est un dialogue de sourd ? Tu te moques bien de mes discours n'est-ce pas ? » Question rhétorique cher Robin, mais l'on pouvait néanmoins saluer sa tentative de communication à l'encontre d'un type certainement aussi borné que lui. Ça leur faisait au moins ça en commun. Et alors qu'il était de prime abord, décidé à camper sur ses positions, il se surprit lui-même à faire preuve de curiosité à l'égard de son camarade de cellule qui lui fit part d'une réalité bien moins héroïque que la sienne. « - Tu es amer et je comprends mieux pourquoi. Mes grands discours n'auront pas raison de la tyrannie de certains rois. Les hommes doivent avoir le choix lorsqu'il s'agit de risquer leur vie pour un roi et son royaume. » Passé sa dernière réplique, Razoul se laissa à son tour glissé contre le mur à l'opposé de celui de Robin. « -J'ose encore espérer que notre destin n'est pas scellé. Tant que l'espoir perdure, il nous reste encore une chance » murmura l'archer en regardant le sol tout en continuant à citer les paroles de son roi auquel il restait fidèle malgré la mort et malgré son sort plus qu'incertain. « -Si tu trouves ces paroles sages, tu ne peux être mon ennemi et même si tu portes ces couleurs, j'ai compris que tu n'étais pas l'un des leurs. » Il posa son regard sur les barreaux et fit un peu plus loin les geôliers qui conversaient entre eux. « - Ils veulent que l'on s’entre-tuent. C'est sûrement pour ça que nous nous trouvons dans la même cellule. » Robin se colla un peu plus contre le mur, afin de trouver la position qui l'exempterait de toutes ces douleurs. Puis il commença à observer l'homme qui lui faisait face.
Il était un ennemi, il en portait les couleurs, mais il n'en défendait pas les valeurs. Et alors qu'il aurait dû continuait à nourrir une animosité, que les gardes espéraient mortelle pour leur éviter de se salir les mains avec de nouvelles mises à mort, Robin se délesta de sa colère et arriva même à éprouver une certaine sympathie pour le grand gaillard d'en face, malgré ses couleurs. C'est donc avec bienveillance qu'il se présenta à lui s'enquérant ensuite de son nom. « Razoul ? C'est exotique ! J'imagine que tu viens d'un royaume lointain. Sache que je tiens à m'excuser, au nom des pécores qui peuplent cette terre. L'inconnu les rebute en général et il ne cherche pas à comprendre. C'est bien dommage que tu veuilles te défaire de ton patronyme, mais puisque tu me laisses le choix, j'opterai pour John. Ça te va tout aussi bien et laisse-moi te dire que c'est important. Renoncé à nos patronymes c'est commencé à renoncer à notre humanité. Et c'est ce qu'ils veulent. Pour eux, nous ne sommes ni plus ni rien que des animaux. Je ne veux pas leur concéder cette victoire, d'ailleurs, je ne veux leur en concédait aucune. Ils ont eu beau me torturer, me rabaisser encore et encore, je ne leur ferais pas ce plaisir. Dressez-vous sans relâche, jusqu'à ce que les moutons deviennent des lions. » Le regard de Robin se braqua à présent sur l'un des gardes qui venait de passer près de leur cellule et qui s'arrêta suite à l'affront visuel du prisonnier.
« -Qu'est-ce que tu regardes comme ça toi ? »
« -Moi ? Rien, j'observais juste dans le détail votre magnificence ô grand seigneur coprolithe. » Le soldat incapable de comprendre au vu de l'air benêt qu'il laissait paraître, fronça les sourcils et repartit aussitôt « -Et en plus nos geôliers sont d'une stupidité déconcertante ! On arrivera sûrement à les berner facilement si d'aventure, nous tentons une évasion. Mais à deux, ça me semble forcément compromis, même si de carrure, tu me sembles difficilement atteignable. À moins bien sûr que tu ne veuilles pas quitter ce trou à rat ! C'est le cas ? »
(c) naehra.
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Dernière édition par Robin de Locksley le Dim 11 Juin - 13:57, édité 1 fois
Razoul avait déversé sa colère sur celui qui portait l'uniforme de l'adversaire. Maintenant, il se sentait vide, amer, déçu en bien des façons concernant la nature Humaine ou encore le Destin. Déterminé à défendre son roi, Robin parla d'un reptile aux paroles manipulatrices. Il serait mentir d'affirmer que l'Agrabien ne put faire un parrallèle avec son passé. Lui aussi fait avoir par les douces paroles de Jafar, avait fait une confiance aveugle à la mauvaise personne. Il préférait plutôt s'emmurer dans de la mauvaise foi plutôt que de se montrer compréhensif. Le soldat pour se montrer particulièrement têtu dans ce genre de situation.
Chacun avait trouvé refuge contre un mur opposé, pourtant, l'ambiance devint moins électrique grâce à la curiosité de Robin. Razoul avoua les conditions qui l'avaient emmené à son enrôlement dans le mauvais camp. Lui qui avait essayé de rattraper les erreurs du passé en agissant de manière juste s'était retrouvé emprisonné puis vendu, avant de finir de nouveau en prison. Un destin ironique qui le rendait amer.
Son compagnon de malheur se montra un peu plus compréhensif. Cette fois, Razoul ne chercha pas à mettre de l'huile sur le feu. Il se contenta d'un haussement d'épaule qui trahissait la lassitude qui l'envahissait maintenant que la colère n'alimentait plus son coeur.
Son interlocuteur parla de chance et d'espoir. L'Agrabien laissa échapper un bref rire sans joie. "Je me demande à combien de chance on peut avoir droit dans une vie. J'en suis à..." Il leva la tête avec une mine songeuse. "Troisième... Peut-être quatrième. J'ai cru les saisir, mais il n'en était rien. Alors, ne m'en veut pas de ne plus y croire."
Robin poursuivait en citant les paroles de son défunt roi. Razoul fut surpris d'entendre des paroles si sages provenant d'une personne ayant participé à cette guerre insensée. Ce constat dit à voix haute sembla définitivement enterrer la hache de guerre. Le soldat acquiesça avec un sourire en guise de remerciement silencieux alors que son interlocuteur déclara qu'il n'était pas son ennemi. Il suivit son regard alors que ce dernier se portait en direction des barreaux. "Dans ce cas, ne leur donnons pas ce plaisir." Déclara-t-il alors que Robin supposait sur les raisons les ayant conduits dans la même cellule.
Ils purent enfin se présenter. Ils n'étaient plus deux anonymes portant des uniformes opposés. "D'Agrabah." Précisa-t-il alors que Robin commenta la consonance exotique de son nom de naissance. Les excuses au nom des 'pécores peuplant cette terre' arracha un sourire franc au grand gaillard. Un sourire qui, pour la première fois depuis le début de cette conversation n'avait rien de cynique. "J'ai mes raisons d'y renoncer." Il poussa un bref soupir et se massa la nuque. "Pas uniquement à cause de la prononciation, je l'avoue." Précisa-t-il en retrouvant son sérieux. Il espérait que Robin comprendrait le message et n'essayerait pas d'en apprendre plus. "Va pour John." Conclut-il en retrouvant un mince sourire.
Son compagnon de cellule se lança dans une tirade dont la fin attira l'attention du nouvellement nommé John. "Dressez-vous sans relâche, jusqu'à ce que les moutons deviennent des lions." Répéta-t-il, songeur. Il fit une moue approbatrice. "Ça me plaît." Confirma-t-il.
Avant de pouvoir en dire d'avantage, un des gardes s'arrêta devant leur cellule. L'Agrabien laissa Robin gérer la situation. Instinctivement, ces muscles se crispèrent, se tenant aux aguets au cas où le garde serait assez fou pour entrer. Cela n'arriva pas, et Razoul put se détendre. Lorsqu'il fut certain que le garde fut hors de portée, il rigola de bon coeur. "ô grand Seigneur coprolithe." Répéta-t-il en feintant d'applaudir. "Et il n'y a vu que du feu, cet idiot."
Comme il était bon de rire après tout ce qu'il avait traversé ! Une pause bienvenue dans la morosité des lieux. Même alors qu'il était question d'évasion, l'ambiance était moins lourde qu'il y a quelques minutes à peine. "Rester ? Qui le voudrait ? En réalité, j'ai déjà tenté de m'échapper. Hélas, mes compagnons de misère ne m'ont pas prêté assistance, ce qui mit fin à ma tentative. Ai-je raison de supposer que tu ne me feras pas un coup de la sorte ?"
(c) naehra.
Robin de Locksley
Lost one
♕ Lieu : Le Chateau sombre, dans la Forêt enchantée
De l'air frais… rien qu'une brise… Le dernier souvenir d'une liberté perdue sur les champs de bataille. La guerre encore toujours ce même conflit pour régler un problème. D'autres solutions n'auraient-elles pas pu être envisagées ? Pour l'heure sous le ciel morcelé de cendres, c'est la bannière ennemie qui flottait avec dédain au-dessus du sol gorgé de sang. Les morts ne se comptaient plus à présent. Nous étions sur un champ de bataille et de ce fait, il était naïf de penser que les pertes seraient moindres. L'on creusait dès lors des fosses communes pour y balancer les morts. Qu'importe leur couleur, chacun était promis au même destin funeste. Des héros méconnus, des monstres sanguinaires, des lâches, des pauvres, des riches… mais tous sans sépultures. Les prisonniers faisaient dès lors figure de survivants. L'ennemi s'était arrangé pour garder les plus braves et les plus gradés si l'on puis dire. Sa proximité avec le roi avait donc valu à Robin cette misérable place, ce billet d'attente, si l'on puis dire vers une Mort certaine. Car oui, on exécutait à tours de mains les prisonniers.
Les premiers furent guillotinés, puis décapités. Certains comme Robin bénéficiaient quant à eux de la torture pour mettre un terme à tout ce qui s'apparentait à de l'espoir, pour enlever aux plus valeureux d'entre eux, leurs codes, leurs certitudes, la force, leur humanité. Une activité qui plaisait beaucoup à l'ennemi.Que de jouissance de voir les soldats du roi au cœur de Lion, renier leurs serments, se jeter à être pour implorer l'ennemi de mettre un terme aux souffrances. S'ils survivaient, il fallait de ce fait continuer à tout leur prendre, jusqu'au dernier souffle d'espoir, les mettre plus bas que terre et user de tous les moyens possibles pour y parvenir tels était leur morbide objectif. Robin vit beaucoup des siens perdre la raison et sombrer, les plus chanceux mourraient sous les coups, à l'inverse des autres qui erraient dans leur cellule tels des morts-vivants.
Lui était là, encore et toujours à la même place. Son corps, ravageait par les nombreuses tortures, était aussi lourd à porter que la pierre de Sisyphe, mais son esprit plus alerte que jamais, le protégeait de la folie contagieuse en ces lieux mortifère. Le nombre de prisonniers étant conséquent, les tortionnaires ne purent se résoudre à s'acharner plus longtemps contre Robin et c'est ainsi qu'il se retrouva ici, à moisir entre quatre murs, mais toujours conscient. Jamais personne ne pourra lui enlever cette audace, ni lui briser ses serments. Et même si la défaite lui avait enlevé sa liberté et voler son roi, Robin se devait, en son nom, de survivre et de ne concéder aucune autre victoire à l'ennemi. Richard n'ayant pas de descendance, l'archer se sentait investit. Il était le garant du souvenir d'un grand monarque, le gardien de ses valeurs et le protecteur de son peuple. La survie n'était donc plus une option…
« - Si je devais à mon tour compter le nombre de chance gaspiller, je finirais par me pendre crois-moi. Je crois que ce qui ne tue pas rend plus fort. » lança Robin conscient de la naïveté de ses paroles. Toujours adossé à son mur, il ne désespérait pas de rallier son interlocuteur à sa cause et pour se faire, il n'hésitait pas à faire entendre les sages paroles de son défunt monarque, devenu le moteur de sa survie qu'il espérait contagieuse. Le sourire que lui offrit Razoul était un premier indicateur. Robin osa alors exposait le plan machiavélique de leurs geôliers qui espéraient les voir s'entretuer pour s'éviter la sale besogne et pour ensuite faire de leur cas des exemples pour les aspirants rebelles, mais ce qu'ils n'avaient pas prévu, c'est que les deux ennemis, passent outre leurs couleurs et se découvrent de nombreux points communs, trop pour continuer à se jauger comme des ennemis. « - Oui bien dit, ne leur donnons pas ce plaisir ! » Dès lors, les deux adversaires cessèrent de s'observer en tant que tel et prirent enfin le temps de se présenter l'un à l'autre. Robin se permit même, avec l'aval du concerné, de le renommer optant dès lors pour John au profit de l'exotisme de Razoul. « -John ! Je trouve que ça sonne plutôt bien ! Tu verras que les terres de mon royaume sont bien moins arides que celles d'Agrabah, mais je pense que c'est vivable et idéal pour s'offrir une nouvelle chance. »
Malgré la rudesse des lieux, la bonne humeur semblait avoir envahi la cellule des deux compagnons d'infortune et preuve que John le fraîchement renommé, semblait acquit à la cause du futur Robin Hood, le gaillard reprit en chœur la réplique favorite de feu Richard cœur de Lion et la première fondation d'un code qui sera leur dans un avenir pas si éloigné que ça. « - Les lions ne meurent jamais » lança Robin plus motivé que jamais à sortir de ce trou et la confrontation avec l'un des gardes, laissa entrevoir une once d'espoir et pour cause, l'homme incapable de comprendre l'insulte dont il venait d'être victime, s'éloigna l'air de rien, de la cellule des deux nouveaux alliés. « - Effectivement il n'y a vu que du feu. Ils ne sont pourvu d'aucune intelligence, ce ne sont que des animaux avides de sang et de brutalité. » Robin se tue quelques secondes en entendant le garde revenir sur ses pas, puis il attendit l'éloignement pour reprendre la parole précédemment entamée avec John. « - Oui, personne pourvue de raison, ne pourrait se résoudre à croupir ici c'est évident. Mais vois-tu, nous sommes de moins en moins nombreux à l'être. Ils veulent nous briser, ça ne m'étonne pas que tes compagnons de misère aient mis fin à ton entreprise en te laissant te débrouiller. J'ai vu beaucoup des miens agir de la sorte. Je ne peux me résoudre à les blâmer, mais je ne peux accepter de renoncer pour ma part. Tu as donc raison de supposer que je ne te ferais pas un coup de la sorte. Si nous faisons front commun, nul doute que nous avons une chance de nous en sortir. Mais nous devons nous tenir prêt, avoir un plan ne serait pas du luxe. »
Malgré la douleur qui étreignait encore son corps, Robin prit sur lui pour se remettre sur pied, prenant appui sur le mur. Puis une fois debout, il s'approcha de John et lui tendit le bras « -Si nous sommes d'accord, serre-moi la main, c'est ainsi que l'on scelle un pacte. Soyons les moutons qui deviennent des lions, ensemble camarade ! Et si nous y parvenons, je te promets une nouvelle chance pour une nouvelle vie. »