La flèche ou la cible ?

Enceinte.

Il y a trois mois jours pour jours, j’apprenais grâce à ce petit truc que j’attendais un bébé. Mais je savais aussi que j’avais fais la plus belle erreur de ma vie, je me souvenais de ce contrat et j’avais lu les petites lignes, je savais ce qu’il adviendrait de ma fille le jour où elle montrerait le bout de son nez mais ça, je n’en avais parlé qu’à lui et il était parti. Il avait besoin de temps d’après lui. Je n’avais pas cherché à comprendre et je m’étais tout bonnement renfermée sur moi-même, ne parlant pas beaucoup. Oh bien sûr, je parlais à Melody, après tout, elle grandissait dans mon ventre et donc ça me valait de ne jamais être seule pendant encore six mois. Alors je lui parlais et ça me faisait du bien mais je dois avouer qu’Eric me manquait, j’aurais aimé ne jamais avoir fait cette erreur, ne jamais avoir signé ce pacte mais sans ça, je n’aurais pas eu mes jambes cette fois-là et je n’aurais pu voir Eric.

Mais quand on connaît la suite des évènements… Me voilà assise, sur le lit, en tailleur, une tasse de chocolat chaud dans les mains, mes longs cheveux roux regroupés en un chignon haut. Ce monde a encore tellement de secrets que je n’ai pas découverts mais en serais-je vraiment capable ? Je pensais avant tout à elle. Mais en fait, y avais-je pensé une fois à cette petite chose qui deviendrait la chose la plus précieuse à mes yeux ? Je bois une gorgée du chocolat chaud préparé par Granny avant de me lever et de poser la tasse sur le bureau. J’enfile ma veste, détache mes cheveux et mets mon bracelet correctement autour de mon poignet avant d’enfiler un bonnet de laine et mes chaussures.

Mon ventre de femme enceinte commençait à se voir un petit peu mais je pouvais encore facilement fermer ma veste et c’était plutôt cool, arriverait bientôt le temps où je ne pourrais plus le faire et où je devrais acheter de nouveaux vêtements. Une chance que Juliette fut là pour moi quand j’étais encore totalement perdue dans ce monde, je savais enfin lire correctement et j’arrivais à me débrouiller seule. Mes bottines frappant le sol dans un cliquetis répétitifs, je sors de l’auberge de Granny avant de me rendre jusqu’à chez Juliette. Cela faisait un moment que je ne l’avais pas revue, je la savais enceinte et je voulais lui apprendre la nouvelle pour moi aussi. Mais comment réagirait t’elle en sachant qu’Eric m’a abandonnée pour « réfléchir » ?

Me voilà devant sa porte, je retire mon bonnet, ébouriffe ma chevelure et frappe à la porte de son appartement. Elle ouvre. Je lui souris.

« Je t’ai manqué ? »

La flèche ou la cible ?

Voyager entre les mondes m’avait épuisé. Le bébé me l’avait clairement fait payer toute la nuit. J’avais été malade comme rarement je l’avais été. Romain avait lui aussi passé une nuit immonde par ma faute, il m’avait tenu les cheveux une bonne partie de la nuit avant de tenter de faire baisser ma fièvre. Une tâche ardue qui se révéla payante vers deux heures du matin. Enfin nous avions pu dormir. Au petit matin, le réveil de Romain nous a réveillé avec violence. J’aurais préféré qu’il reste avec moi, surtout après la nuit qu’il avait passée mais il avait tenu à retourner à la mairie. Malgré tout il m’avait promis de rentrer rapidement. De mon côté, j’avais dormi une bonne partie de la matinée avant de me réveiller en trouvant un mot de mon mari :

Vas dans la cuisine, tu as des viennoiseries mon amour et dans le frigo de quoi te restaurer. Je reviendrais pour le diner. Si tu te sens moi appel moi et je reviens.

Souriant en lisant son mot, je prenais la rose entre mes mains pour porter à mon nez et en humer l’odeur. Une fois dans la cuisine, je mangeais ce qu’il m’avait préparé et emmené tout en buvant mon café. Une fois rassasiée, je partais prendre une douche et hydratais mon corps déformé par ma grossesse. Enfilant une robe rouge, je prenais mon portable pour écrire un texto à mon mari :

Bonjour mon amour, merci pour le déjeuner. Je t’aime et fait attention à toi.

Désireuse de me rattraper pour la nuit immonde que j’avais fait vivre à mon bien aimé, je commençais à réunir de quoi le cajoler quand il rentrera tout en grignotant quelques chips de temps en temps avant que je n’entende une personne frapper à ma porte. Après avoir posé mon paquet de chips, je m’essuyais les mains sur le torchon et allais ouvrir.

Voyant le doux visage de ma meilleure amie se dessiner dans l’embrasure de la porte, je souriais avant de lâcher un léger rire face à sa demande avant de m’avancer vers elle pour la prendre dans mes bras.

« Je suis tellement contente de te voir Ariel ! Tu m’as manqué oui, pardonne moi d’être partie pendant trois mois sans te donner la moindre nouvelle … »

La relâchant, je lui souriais avant d’ajouter :

« Tu veux rentrer un moment ? Je suppose qu’il doit faire froid dehors … »

L’invitant d’un simple geste vers l’intérieur de ma maison, je demandais :

« Comment tu vas ? »

La flèche ou la cible ?

Je souris en voyant le visage de Juliette et la sert dans mes bras. Oui, ma meilleure amie m’avait énormément manquée et j’étais vraiment heureuse de la revoir.

« Je savais que tu allais bien, je le sentais alors ne t’inquiètes pas, je ne t’en veux aucunement. » lui dis-je avec un sourire.

Une fois notre étreinte rompue, je pose mon regard sur elle alors qu’elle me propose d’entrer, je fais un signe positif de la tête et entre à sa suite alors qu’elle me demande comment je vais. Dois-je tout de suite lui dire que j’ai retrouvé Eric mais que rien ne s’est passé comme prévu ? Dois-je lui dire ce qui se produit sur moi actuellement ? Dois-je lui parler de Melody ? Tout en réfléchissant, je reprends néanmoins la parole pour la féliciter de sa grossesse.

« Félicitations pour le bébé, je suis heureuse que tu aie retrouvé Romain, tu mérites d’être heureuse Juliette. Je crois même que je t’avais dit il y a quelques années que ça arriverait. » lui dis-je en lui faisant un clin d’oeil.

Retirant mon bonnet, je me mis à repenser à notre première rencontre, là-bas, dans cet endroit sinistre duquel elle voulait fuir. Je me souvenais de ses paroles qui raisonnaient encore aujourd’hui dans mon esprit. Mon regard revient très rapidement sur Juliette alors que je retire ma veste pour la poser sur le porte manteau derrière moi. Je respire longuement et reprends finalement la parole.

« Pendant ton absence, j’ai…j’ai retrouvé Eric. »

Je retiens un léger cassage dans ma voix et reprends finalement la parole.

« Mais tout ne s’est pas passé comme prévu. » dis-je à ma meilleure amie avant de lui montrer mon ventre qui commençait à se montrer un petit peu « Je suis enceinte. »

Enceinte. J’avais été inconsciente il y a plus de trente ans lorsque j’avais signé ce pacte. Certes, je ne savais pas lire correctement mais j’aurais dû comprendre les petites lignes. Pourquoi avais-je mis en danger l’avenir de cette petite princesse qui grandissait en moi ? Comment n’avais-je pas pu me douter que celui que tout le monde appelle le Ténébreux ne pourrait pas être intéressé par une enfant née d’une union entre une sirène et un humain ? Je respire légèrement et lève le regard vers Juliette mais ne dis rien, je ne savais pas quoi dire…

La flèche ou la cible ?

La sollicitude d’Ariel me fit sourire une fois de plus. Elle était tellement compréhensive à sa place j’aurais d’abord hurlé et après j’aurais exprimé ma joie de la retrouver, mais elle, elle se contentait de son intuition et comme toujours elle avait raison. L’invitant à rentrer, je la questionnais sur son état, désireuse de me faire pardonner et de savoir ce que j’avais raté. Bien entendu je voulais savoir si elle avait retrouvé Eric. Elle l’aimait autant que ce que je pouvais aimer Roméo, elle devait le retrouver. Il le fallait. Cependant, je n’osais pas lui poser la question en premier de peur de commencer notre discussion par une déception. Ariel, me félicita pour ma grossesse et je posais mes mains sur mon ventre que je trouvais bien assez gros tout en refermant la porte derrière elle :

« Merci Ariel, on ne s’y attendait pas tellement pour tout te dire, mais on est quand même content. Le fait que Roméo ait retrouvé la mémoire aide aussi à ce bonheur. Tout est presque comme avant maintenant, tu avais raison, encore une fois »

Décrétais-je tout sourire à Ariel, tandis que mon esprit repensait aux mots de que la petite sirène avait prononcé lors de la dernière de ses venues à la maison des cygnes. Elle l’ignorait, mais le jour où je l’avais vu je planifiais ma mort. J’avais un plan pour faire sortir Rosaline et une fois qu’il aurait été accompli je me serais tué à l’instar de ma voisine de chambre, mais ça je ne l’avais avoué à personne. Roméo l’ignorait, Robin l’ignorait et Ariel également. En sortant de cette maison close je m’étais jurée de ne plus jamais repenser à cette Juliette que j’avais été. M’obligeant à garder le sourire je la menais jusqu’au salon en demandant :

« Veux-tu boire quelques choses ? »

Alors que j’attendais sa réponse, elle me surprenait en répondant à la question que je gardais sous silence depuis sa venue. Face à ses mots je sentais un sourire radieux illuminer mon visage tandis que j’applaudissais en me retenant pour ne pas sautiller comme une adolescente. Cependant l’absence de joie dans sa voix ou son attitude, brisa mon entrain tandis et mon visage prit une moue inquiète. Fronçant les sourcils, je la laissais poursuivre, en lui prenant légèrement la main pour l’encourager à poursuivre. Comment ça, tout ne s’était pas passer comme prévu ? Je m’attendais à ce qu’ils se soient disputés ou encore qu’il ne se rappelle plus d’elle, mais elle me parla de sa propre grossesse et ma bouche s’ouvrait sous la surprise. Une fois que j’ai eu intégré la chose je souriais en ajoutant :

« Félicitation ! »

Me mordant la lèvre inférieure, je demandais :

« Pourquoi est-ce que j’ai l’impression que ce n’est pas une bonne chose ? Eric n’est pas content ? »

Si c’était le cas j’allais lui en chanter quatre à son prince, mais je me gardais bien de lui dire cela.

La flèche ou la cible ?

Je lui souris.

« Je suis tellement heureuse pour toi Juliette. »

Et je l’étais, oui sincèrement et de tout mon coeur. Après tout, elle était ma meilleure amie et je me devais d’être heureuse pour elle. Je me mords la lèvre inférieure tout en regardant autour de moi. Je ne connaissais pas encore cette maison. La dernière fois que je l’avais vu, elle habitait encore dans son appartement et la voilà, aujourd’hui, ici dans cette grande maison, vivant avec l’homme qu’elle aime. Je ramène mon regard vers elle avant de me souvenir qu’elle m’avait proposé quelque chose à boire.

« Je veux bien une tasse de chocolat chaud s’il te plait. » lui demandais-je.

Pour tout dire, depuis le début de ma grossesse, c’était l’une des rares boissons chaudes qui ne me donnait pas des nausées et des maux d’estomacs importants alors je sautais sur l’occasion dès que je le pouvais. Je finis par annoncer à Juliette que j’ai retrouvé Eric et que je suis enceinte mais elle me connaît plus que bien et elle comprend très vite que quelque chose cloche. Je respire longuement et finit finalement par reprendre la parole.

« Merci. » lui dis-je avec un sourire qui se voulait rassurant avant de finalement reprendre la parole « Oh si, il était content. Vraiment très content, je ne l’avais jamais vu si heureux. » expliquais-je avant de m’asseoir, ne quittant cependant pas ma meilleure amie des yeux.

Oui Eric fut plus qu’heureux lorsqu’il avait appris qu’il allait devenir papa, que nous allions tous les deux être parents mais j’avais dû lui expliquer la chose atroce qu’il y a derrière tout cela. Ce pacte que j’ai signé il y a des années maintenant pour obtenir deux jambes à la place de ma queue de sirène. Ce pacte qui me vaut de retrouver ma nageoire au moindre contact avec l’eau. Je sers mes poings tellement fort que des croissants de lune se forment dans les paumes de mes mains alors que je relève le regard vers Juliette.

« Melody ne m’appartient pas… Ne nous appartient plus. Je lui ai dit et c’est pour ça qu’il est partit. » dis-je alors qu’une larme vint à rouler sur ma joue. Je lève le visage vers Juliette « Il y a plus de trente ans, j’ai fait une erreur qui va me coûter ma fille Juliette…et mon prince. »  

La flèche ou la cible ?

Allant préparer une tasse de chocolat chaud comme elle me l’avait demandé, je retenais un haut le cœur face à l’odeur que cela dégageait. S’il y avait bien une boisson que je ne supportais plus c’était celle-là et mes mésaventures nocturnes avaient pas arrangé cela. Une fois cette dernière préparée je me préparais le thé de magnolia et menthe qui calmait mes propres nausées et revenait avec elle en l’entrainant au passage dans le salon où je posais le plateau sur la petite table.

L’espace d’un instant j’avais été heureuse d’apprendre qu’Ariel avait elle aussi accomplie sa tâche et qu’elle avait retrouvé son prince et de surcroit qu’elle attendait à son tour un heureux évènement. Cependant son manque de joie et l’expression sur son visage me poussa à revoir ma copie. Ma première idée avait été que l’annonce de sa grossesse aussi rapidement après leur retrouvaille ait déplu à Eric. Après tout, s’ils n’avaient pas eu beaucoup l’occasion de s’adonner au plaisir charnel, un homme ayant vécu dans cette ville durant si longtemps aurait pu se poser des questions. Cependant cette hypothèse fut rejetée par Ariel qui m’exposa d’autres faits.

« Alors qu’est-ce qui ne vas pas Ariel ? »

Demandais-je complètement déroutée avant d’y tendre sa tasse de chocolat chaud sans pour autant la lâcher des yeux. Je voulais savoir et mon instinct me disait que je n’allais pas apprécier la suite de l’histoire. La suite des mots de ma meilleure amie en fut que plus déroutant. Fermant les yeux, je fronçais les sourcils avant d’avouer :

« Pardonne moi Ariel mais je ne comprends pas comment cet enfant ne peut-il pas t’appartenir ? De quelle erreur est-ce que tu parles ? »

M’humectant les lèvres, je prenais la main libre d’Ariel dans la mienne avant d’ajouter :

« Je t’en prie Ariel parle-moi, explique-moi ce que tu as fait et je ferais tout mon possible pour t’aider à y voir plus clair. La situation n’est peut-être pas aussi catastrophique et dramatique qu’elle ne t’en donne l’impression. Il y a trente ans qu’est-ce que tu as fait ? Je veux tous les détails, expliques moi et on trouvera une solution d’accord ? »

J’essayais de l’encourager du mieux que je pouvais. Sentant un nouveau haut le cœur, je posais deux doigts sur mes lèvres avant de boire une gorgée de mon thé dans l’espoir que l’odeur du chocolat chaud ne disparaisse sous la douceur florale et rafraichissante de ma propre boisson.

La flèche ou la cible ?

« Je… »

Comment lui expliquer ? Comment lui dire ce que j’avais fait il y a trente ans ? Je retiens un sanglot avant de finalement reprendre la parole, ma main dans celle de ma meilleure amie. Sentir sa bienveillance me faisait un bien fou. Je respire longuement et reprends enfin la parole après plusieurs instants de doute et d’incertitude. Je vins à lui avouer que Melody n’était pas notre fille, enfin si elle était notre fille mais son avenir ne nous appartenait plus à son père et moi.

Je m’empare de la tasse de chocolat chaud avant de me réchauffer les mains, finissant par porter la tasse à mes lèvres, profitant du bonheur de la teinte chocolaté et crémeuse de la boisson chaude au contact de ma langue. Je ferme les yeux quelques instants avant de les rouvrir et reprend la parole, posant mon regard sur Juliette.

« D’une erreur que j’ai faite pour pouvoir être avec Eric. » commençais-je à expliquer.

L’erreur, c’était le contrat. Ce n’était pas Eric, je l’aimais et je l’aime toujours. J’ai tout fait pour le rejoindre, pour pouvoir être humaine. Mais j’en étais allée jusqu’à mettre en danger l’avenir de ma douce princesse. Je bois une nouvelle gorgée de chocolat avant de reprendre la parole.

« Il y a un peu plus de trente ans, peu de temps après que je t’ai quittée, je suis allée demander au poisson sage si quelqu’un pouvait m’aider à rejoindre mon prince. A l’époque, mon pére ne souhaitait pas que je rejoigne le monde humain, tu sais comment il était. » Je passe ma main sur mon ventre avant de continuer, retenant encore un sanglot, un sanglot de culpabilité « Alors le poisson sage m’a parlé d’un sorcier très puissant qui était capable de nous donner ce que l’on souhaité contre un contrat. »

Je bois une nouvelle gorgée, pose la tasse sur la table basse et finit par terminer ce qu’elle devait entendre.

« Rumplestiltskin. Je suis allée à sa rencontre aux abords de la Forêt Enchantée, je lui ai demandé de me donner des jambes pour rejoindre Eric, je lui ai dit être prête à tout. Je lui ai donné une écaille et il m’a pris ma voix. C’est lui qui m’a pris ma voix. Par chance, j’ai pu la récupérer mais ce que je veux dire, c’est que j’ai signé le contrat. Ce n’est que trop tard que j’ai su le prix à payer. »

Je lève le regard vers Juliette.

« Il a la main mise sur Melody. »

La flèche ou la cible ?

J’attendais patiemment qu’Ariel ne me révèle plus de choses sur les causes qui allaient entrainer la perte de son enfant. Autant l’avouer cette situation me touchait plus qu’elle ne le devait. Sans le vouloir je transférais ma propre histoire sur elle. Je tentais de m’inspirer au calme en songeant à ce qu’une amie devait faire. Ce n’était pas le moment pour moi d’être égoïste ou de tout reporter sur moi. Alors j’écoutais, je me contentais d’écouter en tenant dans mes mains celle de ma meilleure amie. Je buvais une gorgée de ma boisson quand elle fit de même et elle me raconta l’erreur qu’elle avait faite dans l’optique d’être avec Éric. Je la laissais prendre son temps en digérant chacun de ses mots. Je retenais un sourire lorsque je l’entendais parler du poisson sage. Mon esprit me donnait la vision d’un poisson avec le visage d’Alfred. J’étais pratiquement sûre que je me plantais littéralement sur la description. Me ressaisissant sur le sujet, je reportais mon attention sur elle.

Le nom du mari de Belle fit son apparition dans la discussion et je retenais un soupir. Ce mage noir était vraiment pire que la peste. Il était partout dans les mauvais coups. Je ne comprenais pas comment est-ce qu’il faisait pour attirer la confiance des personnes qu’il croisait. Mon jugement se calma rapidement lorsque je dus me rendre à l’évidence que moi aussi je m’étais fait avoir par une femme et que c’était ce qui m’avait conduite à devenir une catin pendant une année. Je ne valais pas mieux que ceux qui tombaient sous le jouc leur manipulation.

« Attend, je ne comprends pas s’il ta pris ta voix échange de tes jambes alors pourquoi est-ce que tu lui dois ta fille ? »

La questionnais-je complètement prise au dépourvu. Il y avait déjà eu un échange en bon éduforme alors pourquoi en rajouter ? M’humectant les lèvres je fermais les yeux avant de boire une gorgée de mon thé avant d’ajouter :

« Écoute, c’est le mari de Belle peut-être qu’elle peut le raisonner ? Visiblement il a changé ou du moins c’est ce qu’il veut lui faire croire donc si elle intervient en ton nom il peut être plus enclin à revenir sur le contrat ? »

Fronçant les sourcils, je lui souriais avant de poser ma main sur son genou en concluant :

« Ça va aller Ariel, ne t’en fais pas. »

La flèche ou la cible ?

Une larme roula sur ma joue mais je la chassa bien vire alors que Juliette me demandait pourquoi Rumple voulait ma fille si il avait déjà eu ma voix contre mes jambes. Je me mordis la lèvre inférieure avant de lever le regard vers la jeune femme, reprenant finalement la parole.

« Je sais juste qu’il veut ma fille Juliette mais je ne veux pas perdre Melody, elle ne mérite pas ça. Elle n’est même pas venue au monde que son destin est déjà assombrie à cause de moi. » dis-je avec une once de culpabilité dans la voix.

Je me sentais tellement mal d’avoir tracé comme cela la vie de ma fille. J’avais signé ce maudit contrat et aujourd’hui, j’ignorais si je pouvais faire quelque chose pour pouvoir changer ça. Elle ne méritait pas ça, ma fille méritait d’être heureuse et juste parce que j’avais souhaité rejoindre son père et pouvoir être heureuse, je l’avais destinée à appartenir au Ténébreux. En même temps, Melody serait la digne héritière de la terre et de la mer, une mi-sirène, mi-humaine alors qui ne pourrait pas être intéressée par une fille comme elle n’est-ce-pas ? Mais elle ne méritait vraiment pas cela. Buvant mon chocolat, je manqua de peu de me brûler les lèvres avant de poser la tasse et de lever le regard vers la jeune femme, reprenant la parole alors qu’elle m’annonçait que Belle pourrait peut être faire quelque chose.

« Tu crois qu’elle accepterait ? Je ne veux pas lui donner ma fille Juliette, je crois qu’il l’a veut parce qu’elle lui sera utile, à sa venue au monde, elle sera pourvue de la magie des sirènes mais sera à demi-humaine aussi. C’est sans doute cela qui a dû lui faire avoir envie d’avoir ma fille. »

Je ferme les yeux et respire longuement.

« Peut-être que je peux passer un autre contrat avec lui ? » avouais-je.

Oui ce n’était pas une idée de folie, c’était même la pire idée que je puisse avoir mais si Belle n’arrivait pas à le faire changer d’avis, peut être que moi je pourrais lui demander de passer un nouveau contrat ? Après tout, j’avais récupéré ma voix avec tout ça et après tout, je pouvais lui offrir n’importe quoi que les sirènes peuvent obtenir mais je ne voulais pas lui donner ma fille, je voulais la garder avec moi. Ma douce Melody.

La flèche ou la cible ?

Toute cette historie était incompréhensible. Portant mes mains sur mon ventre je ne pouvais m’empêcher d’angoisser à l’idée que ça puisse m’arriver. La prophétie de Durnik était comme une épée Damoclès qui gisait au-dessus de ma tête. Je comprenais que trop bien l’angoisse d’Ariel. Seulement, moi je n’avais pas sonné ma fille à un monstre…

« Comment le sais-tu ? C’est marqué dans un contrat magique ? Le ténébreux et connu pour rédiger des contrats en échange de ses compétences magique a tu le tien ? Parfois la solution se trouve dans les mots … »

Je faisais tout mon possible pour essayer de ne pas juger ma meilleure amie, malheureusement je n’arrivais pas à comprendre comment elle avait fait pour accepter ce deal. A sa place j’aurais préféré me retirer ma capacité à procréer plutôt qu’offrir un tel destin à mon enfant. N’ayant pas été dans sa position j’essayais de me souvenir que quoi qu’il advienne je n’étais pas en mesure de porter le moindre jugement sur ses décisions. Elle en souffrait déjà assez comme ça. Aussi à la place de l’accabler de reproche je tentais de trouver une échappatoire et Belle me semblait être la plus acceptable. Elle était la seule faiblesse du Ténébreux. Il n’y avait qu’elle qui pouvait annuler un contrat.

« Je ne peux pas en être sûr Ariel, mais la connaissant elle ne pourra pas rester insensible face à ta situation … Elle croit en Rumple et une part de lui a l’air de vouloir être assez bien pour mériter Belle donc ça vaut peut-être le coup d’essayer … Qu’est-ce que tu risques à le faire ? »

Demandais-je, avant de me mordre la lèvre. Après tout désespérée pour désespérée elle n’avait pas le choix que d’accepter cela. Ce n’est que lorsqu’elle proposa de conclure un autre contrat avec le ténébreux que j’ouvrais de grands yeux avant de me lever d’un coup pour exploser de colère ?

« Un autre contrat t’es sérieuse là Ariel ? Une fois ça ne t’a pas suffi ? »

Passant une main dans mes cheveux, je m’efforçais de respirer avant de reporter mon regard sur elle. Je devais avouer que je ne comprenais pas le moins du monde son idée. Aussi je me montrais plus dur avec elle.

« N’as-tu donc pas compris Ariel, la magie a toujours un prix et avec le Ténébreux c’est pire. Tu ne pourras jamais lui offrir une chose plus précieuse que ton premier né. Oublie l’idée. Tu vas faire qu’envenimer une situation déjà assez purulente. Cet homme n’a pas de cœur, il est plus fou que n’importe qui sur cette terre, même le lièvre de mars l’est moins que lui et ce n’est pas un compliment crois moi. »

Inspirant une fois de plus, je me mettais à genou face à elle et ajoutais :

« Par tous les dieux je t’en supplie Ariel promet moi de ne pas aller conclure un autre contrat. Crois-moi quand je te dis que ce n’est pas une bonne idée. »

M’humectant les lèvres, je poussais un soupir :

« Pourquoi refuse-tu de mêler la seule personne au monde capable de raisonner ce mage fou ? As-tu eu un précédant avec Belle ? »