In the wrong place at the wrong time.

Depuis combien de temps est-ce-que je n’avais pas vu Victor? Beaucoup trop longtemps à mon goût dans les faits. Il m’avait manqué, mais c’était le genre de chose que je ne lui dirais jamais. C’était prise dans cette relation étrange remplie de manipulations qui me faisaient souffrir sur le long terme. Il savait ce qu’il faisait. C’était un fait. J’avais rejoins mon vil amant dans les bois pour lui donner quelques informations importantes que j’avais réussi à dénicher dans le bureau de Regina après une longue recherche et quelques rencontres avec d’autres personnes. J’avais stationné ma voiture dans le milieu des bois avant de sortir pour marcher et le rejoindre. Je sentais mon coeur battre de plus en plus vite alors que je me rendais à notre point de rencontre.

Il se dressait là dos à moi alors que j’arrivais sur place. Je ne pouvais me retenir d’avoir un petit sourire en coin en le voyant. Les bois n’avaient jamais été ma tasse de thé, mais au moins nous étions tranquille ici pour converser. Je m’arrêtais d’abord à une distance raisonnable pour lui signifier ma présence avant de m’approcher de lui.

- Bonsoir Victor.

Sa présence était discrète en ville et c’était parfait comme ça. Je n’étais pas comme les autres inquisiteurs. J’étais différente car je venais du même monde que lui, mais ça les autres inquisiteurs ignoraient. Le soleil se couchait lentement et j’allais me mettre à ses côtés en me retenant comme jamais de l’embrasser. C’était lui le maître, il décidait ce qu’il avait envie. Point.

- Merci d’avoir répondu présent à mon message. J’apprécie grandement ta présence ce soir. Qu’est-ce que tu regardes?

Nous en étions venu à nous tutoyer après toutes ses années à jouer sur l’ambiguïté. Ambiguïté pour moi et non pour lui. Je regardais dans la même direction que lui en le laissant me répondre dans le plus grand des calmes. Il devait sans aucun doute se douter que je n’étais pas ici pour une envie intime quelconque. La mission avant tout comme on dit. Je replaçais une mèche derrière mon oreille avant de finalement ouvrir la bouche.

- J’ai croisé des gens intéressants et mon poste m’a permis d’obtenir quelques informations importantes. Tout d’abord j’ai recroisé mon vieil ami Hades. Ce petit démon grivois semble se plaire comme un poisson dans l’eau ici et il semblerait que toutes les agitations précédentes soient de sa faute. Je ne suis pas vraiment étonnée de tous ça provenant du Dieu des Enfers.

Cet homme me dégouttait comme pas un. Cependant, je lui devais pas rencontre avec l’homme à ma gauche. Il ne méritait donc qu’une colère légère de ma part et non pas celle que je réservais pour ce connard de Peter Pan.

- Pour ce qui est de mon poste comme secrétaire à la mairie, il est utile. J’ai réussi à recenser quelques personnages de conte. Je me doute que la mairesse utilise la magie. Une femme comme la méchante Reine ne peut pas avoir tout aussi facilement. Elle me voit comme l’un des leurs et j’ai ainsi réussi à gagner sa confiance et il ne reste que ses confidences à obtenir sur le long terme.

Je marquais une pause avant de continuer à parler d’un ton calme.

- Quand comptes-tu agir et avec quoi?

Je me retournais un peu pour le regarder droit dans les yeux. Je le connaissais plutôt bien et je savais déchiffrer quelques unes de ses mimiques depuis tout ce temps. J’étais cependant loin de me douter qu’une personne avait entendu notre échange. Une personne qui n’aurait jamais dut se trouver là et qui m’avait peut-être suivi en voyant ma voiture ainsi stationnée en bordure de route dans les bois. Cette personne était : Le Prince Charmant.

In the wrong place at the wrong time.

La magie avait ses propres limites et celles de cette fichue ville eurent été atteintes. Ma patience quant à elle, fut amplement récompensée. Il me suffisait de fixer cette pierre sombre à l’origine de bon nombre d’aventures. Par précaution et parce que cela demeurait plus facile à porter, j’avais fait monter et poli sur une chevalière et une bague un peu plus féminine, que je comptais offrir à mon bras droit officieux, deux infimes morceaux de cette pierre. Je devais remercier les quelques inquisiteurs à l’origine de ce qui semblait être une coquetterie, mais qui n’en était pas une évidemment. Saviez-vous qu’il existait dans une contrée reculée du monde enchanté, une mine tenue par un sorcier ? Lorsque j’étais enfant, j’entendais souvent cette légende dans la bouche de notre nourrice. Cette mine appartenait donc  à un sorcier et contenait des pierres magiques. Le sorcier ne supportait plus sa condition magique alors pour se faire, il avait décidé de créer des pierres capables d’enfermer sa magie ou de la détruire selon l’utilisation qu’il souhaitait en faire. Le sorcier était en réalité désespéré d’avoir été incapable de sauver l’amour de sa vie. La suite de cette histoire m’échappe, le temps faisant son œuvre, mais je me suis souvenu qu’il était question d’un marché entre le sorcier et un autre. Bien sûr ce n’était qu’une histoire sommes-nous tentés de nous dire. Prenez-moi pour un fou, mais je crois, non j’ai l’intime conviction, que ma nourrice n’a rien inventée et cette foutue pierre noire qui est en ma possession depuis si longtemps, a appartenu à ce sorcier malheureux avant qu’un « mauvais génie » ne vienne frapper à sa porte, contrat en main. Mais je m'égare probablement.

J’ai débarqué à Storybrooke depuis peu, mais j’ai assisté à quelques événements qui m’ont permis, de me constituer mon propre point de vue. Bien sûr, je demeurais le plus discret possible, car certains des habitants de cette ville pittoresque du Maine, avais déjà croisé ma route par le passé. Regina Mills entre- autre. Madame était la Maire de Storybrooke, une façon pour elle de continuer à régner, j’imagine. Il était impératif que je ne croise pas sa route, ni celle de celui qui se faisait appeler Mr Gold, mais que je connaissais sous un tout autre nom. Je l’observais, lui plus que les autres. J’avais pris l’habitude, à la nuit tombée, d’approcher sa boutique et dans l’ombre l’observer. Il était élégant sans cette infâme couleur grisâtre dont il se parait dans mes souvenirs. Il se déplaçait avec une canne non sans difficultés. Qu’il était pitoyable et loin celui dont on osait à peine prononcer le nom et qui se jouait de vous aussi facilement que je me joue de lui. Il ne pouvait sentir ma présence, car je portais sur moi cette fameuse chevalière ornée d'une pierre disons-le spécial et qui jadis lui appartenait avant que je la lui vole, disparaissant au passage de ce monde où la magie demeurait stable. Ici, de ce que j’avais appris, c’était une autre histoire. Et  une fois que Mr Gold eut quitté son échoppe, je me plaisais à faire le tour de la ville où certains de mes inquisiteurs vivaient sans que personne ne se doute de leur véritable nature. Une fois le petit tour effectué, je quittais à nouveau la ville, visible de surcroît et accessible désormais. Nous logions dans un motel à une vingtaine de minutes de là. Ce cher père Goode, Melinda et le jeune Newton étaient de la partie. Chacun avait son rôle à jouer, mais je dictais les règles et il fallait s'en accommoder. J'avais prévu d'introduire Melinda sous peu, car il nous fallait un nouvel agent pour combler le manque de réaction d'Ethan Debray et ses lacunes.

Par chance, je pouvais compter sur Wendy Darling. Tous ignoraient sa présence sur le terrain et c'était mieux ainsi. Je me plais à dire, qu'elle est mon joker dans ce jeu de cartes hasardeux. Car si chacun faisait mine de suivre la partition, je ne pouvais ignorer les fausses notes et l'humanité défaillante de la plupart de mes sbires. Par chance, comme toujours, Wendy répondait présente. Je savais par expérience et au vu de toutes les péripéties que nous avons vécues ensemble, que je pouvais aveuglément lui faire confiance tant elle était dédiée corps et âme à notre cause. D'ailleurs je m'en allais dès lors la retrouver. Nous avions convenu d'un endroit calme, où personne ne pourrait nous trouver, ni à l'intérieur de la ville, ni à l'extérieur. La forêt se présenta donc comme la meilleure des alternatives. Et alors que je commençais à prendre mes quartiers et observais mère nature s'épanouir, une voix familière me ramena presque aussitôt à la réalité. « - Ma chère Wendy! » lançais-je le sourire aux lèvres avant de me retourner pour lui faire face. « - Ne perdons pas notre temps avec toutes ces politesses veux-tu ? » Je lui laissais le soin de se rapprocher « - Cet endroit est empli d'une quiétude qui fait presque défaut à cette ville ne trouves-tu pas ? C'est un peu comme le calme avant une tempête. Mais je t'écoute, qu'as-tu à me dire ? » Car oui, je n'étais pas là pour la causette, mais bel et bien pour avoir des informations que seule Wendy était capable de me fournir. Et de toute évidence, elle en avait des choses à me dire, bien plus qu'Ethan et Mendell réunit. « - Comme c'est intéressant ! Le Dieu des Enfers en personne est de la partie. Ses pouvoirs sont-ils aussi amoindris que ceux des autres ? » Car oui, l'on parlait bien d'une divinité et il me fallait en avoir le cœur net, histoire de juger de nos forces ou faiblesses dans une moindre mesure. « - J'ai amené Goode, Melinda Kramer et le petit nouveau Alex Newton. Malcolm veut encore se rendre utile alors j'imagine que cette petite promenade lui fait du bien. Pour ce qui est de notre plan, il n'en est rien pour l'instant » Je sors alors de ma poche la bague que j'avais fait faire sur mesure. « - N'y vois rien de marital ou que sais-je encore. La pierre tu l'as reconnue j'imagine ! Il nous fallait une protection et celle-ci est la plus adéquate. Garde toujours la bague sur toi c'est important, elle bloque leur fichue magie ou du moins le peu qu'ils possèdent. Ce monde est instable on le sait, mais je crois que plus qu'ailleurs, il y a dans cette ville une forte concentration magique, instable certes, mais existante. Le petit Newton a émis une hypothèse assez intéressante là-dessus. La possibilité que la ville se trouve sur une faille entre deux mondes. C'est loufoque je te l'accorde, mais je ne ferme pas cette hypothèse. Il a aussi émis l'hypothèse que cette pierre était magique. Là-dessus, il ne fait pas fausse route. Il faut encore que j'étudie le terrain. Il y a forcément dans cette ville, un endroit qui concentre le centre névralgique de cette magie ou si la théorie de Newton est exacte, un endroit où se trouve la faille. Tu n'aurais pas une idée ? »

In the wrong place at the wrong time.

Depuis mon retour à Storybook, mon existence avant avait repris doucement un certain calme au sein de ma famille. Bien que le conflit entre les deux femmes de ma vie n'était pas entièrement rétabli, je tâchais de faire de mon mieux. J'espérais grandement que cette agréable tangente perdure afin de retisser des liens familiaux plus solides pour que nous puissions repartir sur de bonne base. Nous l'avions mérité! J'avais également commencé à redonner un peu de mon temps afin d'aider notre fille dans ses activités en ville avec son poste de shérif. Elle m'octroyait donc quelques patrouilles afin de lui alléger son travail.    

Cette journée s'annonçait comme les autres, à l'exception qu'aujourd'hui, j'étais de garde pour une patrouille. Je m'éveillais avec Blanche à mes côtés et cette vision me fit sourire tendrement. Notre matinée était à l'image de notre petite routine qui s'installait doucement.

- Je ne sais pas quand ce soir je vais rentrer alors, ne m'attends pas pour souper! Je risque d'arriver tard.

Nous nous quittions avec un petit baiser d'au revoir avant de monter dans nos voitures respectives en direction de nos emplois.

La journée touchait à sa fin et ma garde du même fait! Rien, de curieux ou d'inquiétant n'était à déplorer pour le moment. Mon rapport allait être bien maigre ce soir! Le soleil commençait doucement à sa descente de son axe, lorsque ma voiture arriva à la périphérie de la ville. Je remarquais curieusement une silhouette d'une voiture dans le milieu des bois. Curieux, je m'arrêtais en garant mon camion à l'orée avant de descendre du véhicule.

Je m'approchai doucement du moyen de transport se dressant au milieu du sentier. Je regardais à l'intérieur, mais elle était vide. Jetant un coup d'oeil autour de moi, mais il n'y avait absolument rien d'anormal! Un étrange sentiment m'envahissait en balayant les bois environnants. Je perçus une silhouette humaine lointaine s'enfoncer au coeur de la forêt. J'avançai dans sa direction. La forme se concrétisait et les traits d'une femme se dessinaient devant moi. Qui était-elle et pourquoi se rendait-elle seule dans les bois dans une heure aussi tardive? Je conservais une certaine distance de celle-ci afin de tirer au clair toute cette histoire étrange!

L'inconnue rejoint un autre individu, un homme. Puis, ils commençaient à discuter. En me calant contre un arbre, je tendais l'oreille pour avoir enfin les réponses à mes questions. Des noms commençaient à être prononcés; Victor et Wendy. Ce duo était donc, Victor et Wendy! Puis, la femme amenait sur le sujet Hadès et Régina! Mais que faisaient-ils? L'homme répondait et de nouveaux prénoms sortaient au grand jour. " De quel plan parlent-ils? " Cette question filait rapidement dans mon esprit et je gardais le silence dans le but de récolter la moindre information susceptible de me révéler leurs véritables intentions.  

En me déplaçant pour jeter un regard vers eux, une branche craquait sous mon poids et je reprenais ma place en m'écrasant contre l'écorce de l'arbre et je serrais la mâchoire dans un infime soupir.

In the wrong place at the wrong time.

Dire que mon coeur c’était emballé à la vue de Victor était une chose plus que vraie. J’avais sentie que ce dernier allait me sortir de la poitrine comme chaque fois que je posais les yeux sur lui. Je priais intérieurement chaque soir pour qu’il me rende l’amour que je lui portais, mais c’était de courir après des chimères. Il semblait cependant heureux de me voir comme me désignait le sourire sur son visage. Je le laissais me bercer avec ses belles paroles concernant notre lieux de rencontre. Je rigolais un peu en silence en souriant. Nous nous étions toujours retrouvé dans des endroits calmes et sereins.

- La tempête c’est toi qui la créée Victor.

Je le regardais sortir l’objet de sa poche et mes sourcils se froncèrent. Mon coeur avait sauté un battement avant de se réduire en poussière. C’était une bague pour bloquer la magie. Je la prenais avec douceur pour regarder la pierre en prenant mon temps. J’écoutais chacune de ses paroles avant de la mettre au niveau de mon annulaire droit pour ainsi éviter le gauche et ne pas prêter à la confusion.

- Tu connais bien ma taille après toutes ces années. Pour ce qui est de la faille, j’ai regardé attentivement les plans de la ville ainsi que sa cartographie et je crois que…

Je tendais l’oreille. J’avais entendu un craquement. J’avais pourtant fait excessivement attention en rejoignant Victor et il était clair ce n’était pas un animal. Des oreilles indiscrètes traînaient dans les environs. Je cessais donc de parler en faisant signe à Victor de ne pas parler. Les choses pouvaient rapidement devenir un véritable cauchemar et je ne voulais pas voir toutes ces années d’efforts s’envoler en fumée aussi rapidement. Je regardais mon amant dans les yeux avant de regarder en direction du craquement. Avec les années, Victor et moi en étions venus à nous comprendre d’un simple regard sur certaines choses. Je me déplaçais lentement en direction du bruit et je prenais une branche de gros calibre dans ma main droite au passage. Un coup derrière la tête et la personne serait K.O. pour quelques heures ou au minimum le temps que l’on puisse se débarrasser de lui adéquatement.

- J’ai toujours adoré aller dans les bois avec toi. Ce que j’apprécie c’est le calme et la sérénité des lieux. Le fait que nous soyons seuls sans personne et loin des regards. J’apprécie le bruit des animaux et des cours d’eau également. Par contre, j’ai une sainte horreur des gens qui espionnent les conversations des autres. Pas toi? Charmant l’ignorait encore, mais il était au mauvais endroit, au mauvais moment.

In the wrong place at the wrong time.

J’étais heureux de la voir, mais certainement pas autant qu’elle. Je savais, depuis des années, qu’elle nourrissait à mon égard, des sentiments que je ne partageais pas. Bien sûr, je ne pouvais nier, que le temps des premières fois, avait vu naître une passion que je ne me connaissais point jusqu'alors. Je l’avais désiré autant que l’on désire s’approprier quelque chose d’inaccessible de prime abord. Et une fois que l’impossibilité se mue en possible, je dois reconnaître que l’excitation s’étiole, un peu comme la passion. Mais je m’étais bien gardé de le laisser trop paraître. J’avais besoin d’hérétiques, de dévots, de passionnés, de fanatiques… Je m’arrête là, le champ lexical étant suffisamment garni. Toujours est-il que pour perdurer dans mon action, je me devais d’avoir autour de moi, des êtres prêts à toutes les folies pour la cause et aussi pour flatter ma petite personne. Quel plus grand plaisir qu'avoir entre ses mains le pouvoir. Et c’est avec des personnes comme Wendy, que je savourais davantage ce pouvoir auquel j’avais souscrit sans artifices magiques. « - La tempête est un élément naturel, très chère. C’est ce qui en fait son charme. » Je voyais bien qu’elle demeurait éprise et j’espérais malgré tout, qu’elle continue en plus de son abnégation, à demeurer une inquisitrice. Elle était de loin supérieure aux autres et nous avait permis de mettre à mal la magie à de nombreuses reprises et sans sourciller alors que , tout comme moi, elle venait d’un monde dominé par cette aberration faisant offense aux mortels dénués de pouvoirs. Je devais m’assurer de ce fait, qu’elle demeure opérationnelle malgré la trop grande affection qu’elle me portait.

« -Bien ! » me contentais-je d’énoncer après un premier échange faisant office de prologue à nos retrouvailles. Je sortis ensuite de ma poche, l’une des bagues que j’avais fait faire spécialement pour l’occasion et aussi parce qu’il était plus facile de porter ainsi la pierre sans éveiller le moindre soupçon. « - Bien sûr que je connais ta taille. Le contraire aurait été injurieux non ? » fis-je faussement offusquer en lui passant la bague au doigt tout en évoquant non sans fierté, ses propriétés anti-magiques. Et je n’étais pas peu fier d’être enfin parvenu à la comprendre après tout ce temps. Bien sûr il me restait quelques interrogations, mais j’étais et je demeure confiant quant au déroulé du plan. Personne ne nous avait vus venir, encore moins celui qui goûterait à ma vengeance sous peu et se verrait privé à jamais de toute magie. J’énonçais ensuite les découvertes de notre nouvelle recrue qui ne négligeait pas ses efforts pour se rendre utile et faire oublier nos récentes déconvenues. Oui notre nouvelle recrue était prometteuse, mais visiblement pas autant que Wendy qui semblait sur une piste avec cette histoire de faille. Elle allait d’ailleurs mon faire entendre son argumentaire, mais s’arrêta presque aussitôt, augmentant considérablement ma frustration. Je m’apprêtais d’ailleurs à lui demander ce qui se passait, mais je fus presque aussitôt arrêté dans mon élan par un regard qui me dissuada de poser la moindre question. Je lui faisais assez confiance pour m’y plier, bien que je sois piqué par la curiosité et légèrement anxieux à présent. Ne m'avait-elle pas assuré, s'être débrouillée pour ne pas être suivie ? Ne devait-elle pas se fondre dans la masse, si bien qu'on ne pourrait la suspecter ? Et voilà que dans ma tête, je me posais mille et une questions. Si j'avais confiance en Wendy, je ne pouvais toutefois m'empêcher de mettre en doute sa capacité à mener à bien la mission qui lui avait été confiée. Et nous y revoilà. Encore et toujours ce complexe de supériorité ! J'avais beau faire des efforts en travaillant dessus ponctuellement, rien n'y faisait. On ne change pas les « bonnes » vieilles habitudes, suis-je tenté de dire. Toujours est-il que je n'en menais pas large. Et si nous étions écoutés ? Et si cet indésirable, mettait à mal nos plans? Des décennies de travail, une vie de sacrifice au nom de l'éradication de la magie. Nous en étions si proches, je le savais et voilà qu'à présent un obstacle que j'étais tout bonnement incapable d'identifier, se dressait sur notre route. C'était intolérable, impensable, impossible, inenvisageable.

Par chance, parce qu’elle subsistait malgré l’infortune d’être découvert, Wendy reprit ses esprits. Elle avait localisé notre cible, son regard ne trompait personne. Mais nous devions continuer à jouer le jeu, pour que notre future victime soit dépourvue de la possibilité de nous fausser compagnie pour ensuite aller se répandre en détail et de ce fait, mettre à mal tous nos efforts. « - J’aime la nature ! Aussi loin que je m’en souvienne, je l’ai toujours aimé » lançais-je sur le ton de la confidence tandis qu’elle, armée de sa branche, s’éloignait de moi en continuant son monologue que je n’écoutais que d’une oreille, bien trop pressée que j'étais de mettre la main sur le potentiel indésirable à l’oreille indiscrète. « - Comme c’est fascinant! Je ne te savais pas adoratrice de nature et de quiétude. » Nous continuions notre jeu, jusqu’à ce que mon audacieuse Wendy cesse de vanter les mérites de la quiétude et ne s’insurge contre notre nouvel invité qu’elle venait de débusquer. « - Tiens donc ! » Ma voix était doucereuse, presque aussi hypnotique que la mélopée du serpent et mon regard brillait de cette même ambivalence. Dès lors, un léger sourire se dessina sur mon visage. « - Ne vous a-t-on jamais dit qu’il était impoli d’écouter une conversation à laquelle vous n’êtes pas convié ? D’ailleurs, à qui ai-je l’honneur ? »

In the wrong place at the wrong time.

Toujours accoudé contre le tronc de l'arbre devant moi, j'écoutais attentivement cet étrange échange sans faire de bruit. Je désirais obtenir plus de renseignements sur cet entretien hors norme avant de daigner me montrer. Plus la conversation évoluait, plus je réalisais que je venais d'assister à une rencontre très inquiétante pour tout Storybrook et ses habitants. Je captais une information alarmante, ils organisaient quelque chose. Mais... de quel plan parlaient-ils? Le curieux duo fomentait un coup d'une importante ampleur et je voulais impérativement découvrir ce à quoi consistait ce complot! Puis, de nouveaux noms ressortaient dans la foulée. Visiblement beaucoup de personnes étaient impliquées dans cette "machination". Combien étaient-ils au total?

Une question venait à moi, étaient-ils seuls à cet instant? Il fallait que je m'en assure... grossière erreur de ma part! Donc, j'entamais un mouvement afin d'avoir un bon visuel sur ceux-ci, mais, malheureusement, le poids de mon corps faisait craquer une branche sous ma botte. Je repris la position en espérant que ce bruit n'attire pas leur attention sur moi, mais c'était déjà trop tard. Je venais de signaler bêtement ma position! Subitement, leurs conversations se tournaient vers un sujet complètement à l'opposé de ce qu'ils avaient entrepris jusqu'ici; les plaisirs qu'apportait la quiétude de la forêt. Comme c'était à prévoir, le couple m'avait bel et bien repéré! Maintenant, j'étais fait comme un rat, l'affrontement était inévitable! J'aurais probablement dû apporter une arme non létale avec moi...

Je les entendais se mettre en mouvement en continuant leur petit jeu, alors je sortais de derrière ma cachette pour leur faire face. La subtilité ne m'était, à présent, plus d'aucune utilité! La première qui arrivait près de moi était Wendy. La femme apparut à ma gauche en me lâchant un commentaire qui ne me faisait pas réagir. Puis, l'homme sortait à son tour de l'ombre. Aussitôt, celui-ci s'adressant à moi sur un ton qui ne présageait rien de bon dans une nouvelle allusion. Cette fois-ci je répondais à mon tour!

- Je suis plus que certain qu'il est tout aussi répréhensible de comploter contre ces voisins! Non? Je cessais de parler un bref instant pour les balayer du regard un à la suite de l'autre avant de reprendre la parole. Alors... qu'est-ce que vous manigancez tous les deux exactement?

Je remarquais un peu trop tard que la blonde s'était armée d'une grosse branche en amorçant un coup vers moi pour m'atteindre à la nuque. In extremis, je parvenais à esquisser la branche qui m'était destinée en reculant vivement du duo. Je tentais de dénicher du regard quelque chose pouvant me servir à me défendre contre ces deux-là... mais il n'avait rien d'autre que des petites branches à ma disposition. Je m'emparais de celle qui me semblait la plus solide et attendit en position de défense en les regardant tour à tour en débutant un léger pas vers eux.  

In the wrong place at the wrong time.

Le prince Charmant était dans de beaux draps. Clairement, il ne mesurait pas dans quoi il venait de mettre les pieds. La destruction de la magie étant quelque chose de plus important que sa petite personne. Je ne devais pas oublier que ce personnage de conte était dangereux dans un certain sens. Il ne fallait pas le sous-estimé. Il était seul à cet instant et c’était ce qui allait jouer en notre faveur. Je le regardais se dévoiler avec un petit sourire en coin. Il n’était pas le premier obstacle sur notre route. Oh que non. Je n’étais pas une guerrière, j’étais une femme avec une soif de vivre un amour tout simplement. Je voulais me battre pour avoir un semblant de fin heureuse. Je disais un semblant … Je n’étais pas stupide. Victor serait peut-être ma fin heureuse. Je voulais vivre mes vieux jours avec lui et ce même si nous vieillirons jamais. Je remerciais le Dieu des Enfers pour cela dans un certain sens. C’était à la fois complexe et d’une simplicité déroutante.

Je me mettais presque à rire devant les propos tenus par Nolan en réponse à Victor. Il n’avait pas répondu à ce dernier et je comptais bien savoir son identité même si je me doutais bien de laquelle il s’agissait. J’avais réussi à trouver un registre dans le bureau de Regina en restant après les heures de bureau. Je tentais de lui donner un coup sans réussir. Il était rapide le monsieur. Il avait clairement des notions de combat que je n’avais pas.

- Qui a dit que nous étions vos voisins ?

Je regardais sa branche ridicule dans les mains et je rigolais presque. Franchement, même moi j’aurais pris quelque chose de plus pratique que cette vulgaire branchouille. Je jetais un regard à Victor avant de ramener mon regard sur Charmant avec un sourire en coin.

- Vous n’avez pas répondu à mon ami … Comment vous appelez-vous ? Je vous avertis qu’il a horreur des mauvaises manières.

Je tentais un autre coup en espérant atteindre ma cible. Si je ratais mon coup, la branche allait se briser et j’étais encore moins douée avec mes poings. Victor allait devoir prendre le relais dans le cas contraire. Je fermais les yeux durant le mouvement. Je devais le toucher. Son identité serait facile à trouver ensuite. Il suffirait de regarder ses pièces d’identité et de l’amener ailleurs. Un endroit où nous pourrions l’interroger en toute tranquillité. J’avais appris l’art de la torture en regardant mon amant. Je devais avouer que j’étais devenue plutôt douée en fin de compte.

In the wrong place at the wrong time.

La subtilité ne nous était plus d’aucune utilité il est vrai. Alors à quoi bon continuer à jouer à un jeu fictif, alors que l’on est découvert. Et de toute évidence cet homme charmant au demeurant, n’était pas non plus adepte de la subtilité, mais plus des gros sabots. Sûrement avions-nous affaire à un héros si l’on se fiait à son attitude et à cette condescendance qu’il l’exemptait des politesses les plus rudimentaires, à savoir, une prémisse de présentation. De nous deux, Wendy fut la première à prendre la parole pour répondre à notre charmant invité, tout en essayant bêtement de lui donner un coup, qu’il évita bien sûr. Je dois reconnaître qu’ainsi me faire couper l’herbe sous le pied, m’agaçait promptement, mais je préférais ne rien laisser paraître, si ce n’est cette retenue naturelle qui faisait de moi, un être insondable. De prime abord, je préférais l’observation à la violence, mais je ne pouvais en vouloir à Wendy d’ainsi préserver nos petites affaires. « - Non ma chère Wendy, ne soyons pas triviaux avec notre invité. J’ai tendance à croire que la violence ne résout pas tout.» Ma voix demeurait insolemment calme malgré la situation éminemment problématique. Mais j’en avais vu des vertes et des pas mûrs et ce n’était certainement pas maintenant que j’allais perdre la face d’autant plus que le bougre semblait savoir se battre. Était-il aussi pourvu de quelques pouvoirs ? Rien n’en était moins sûr, car je savais que certains habitants n’étaient rien de plus que des lambda dépourvus de facultés magiques. Ils n’en demeuraient pas moins originaires d’un monde qui en était pourvu. Bref, je devais me reconcentrer sur le nouvel arrivant et nous éviter un esclandre susceptible d’ameuter du monde tenté soit-il qu’il y ait des gens à proximité, ce dont je doutais. Mais bon, sur un malentendu tout est possible.

« - Sommes-nous forcément obligés de manigancer quelque chose ? Enfin je veux dire, que tout est possible. Nous pourrions être des gens bucoliques, désireux de se repaître des charmes de la nature. Nous pourrions aussi être deux amants, désireux de ne pas être vu en public ensemble. Storybrooke me semble être une petite ville non ? Une rumeur est si vite arrivée. » Je pris soin de poser mon regard sur Wendy, qui de connivence, semblait acquiescer à chacune de mes propositions. « - Vous voyez le mal partout monsieur… » Je pris soin de m’arrêter et de me montrer un peu plus insistant, histoire de lui faire comprendre que je ne connais pas son nom et que j’étais désireux de le connaître, chose que Wendy s’empressa de faire savoir, en prenant la liberté de faire entendre que j’avais horreur de l’impolitesse. Ce qui en un sens n’était pas faux, mais qui n’avait nul besoin d’être souligné lors de l’échange que je tâchais d’avoir avec l’inconnu. D’ailleurs, je n’avais point hésité à lancer un regard un peu plus intense à mon complice, l’obligeant à se taire. « - Wendy nul besoin d’être aussi désagréable avec notre ami. Pardonnez là, elle s’emporte vite » Si elle jouait le mauvais flic, j’étais prêt à jouer le bon. Et alors que j’avais entrepris de privilégier le dialogue, ma diabolique camarade branche en main et faisant fi, de mes précédentes demandes, laissa toute sa rage parler en abattant cette satanée branche sur notre petite fouine, du moins sur sa tête sans qu’il ne soit à même, cette fois, de dévier l’attaque. Quel bien triste spectacle ! L’homme fut déséquilibré et j'en profitais, sans envie, pour le plaquer au sol. « - Désolé pour la trivialité ! » lançais-je avant de lui envoyer un, puis deux puis trois crochets en pleine face. « - Aide-moi ! » lançais-je ensuite à Wendy pour qu’elle ne reste pas les bras ballants tandis que j’achevais de plonger notre invité dans l’inconscience. « - On doit mettre les voiles et nous éviter d’être vu ! Une idée d’un endroit où l’on pourrait l’amener et être sûr de ne pas être dérangé cette fois ? » lançais-je en remettant les cheveux et le col de ma veste en place. Je détestais pourtant me salir les mains ! Fais chié !

In the wrong place at the wrong time.

Comment allais-je me sortir seul de ce faux pas maintenant? Je devais impérativement rester en alerte lors de mes futures actions afin d'éviter de me faire surprendre bêtement par mes adversaires si un combat se déclenchait. Avec la réaction de la demoiselle, cela n'était qu'une question de temps à première vue. Cependant, je savais pertinemment que, dans ma situation, remporter cet affrontement ne serait pas chose aisée pour moi! J'étais pris dans une curieuse impasse et j'allais devoir me montrer prudent en jouant finement pour extirper de là.

Ma réplique poussée en réponse à leur demande d'une présentation avait visiblement agacé mes deux opposants... j'étais même presque parvenu à arracher un petit rire à la femme! Celle-ci soulevait une nouvelle information sous les traits d'une question. Quelle conclusion devais-je en tirer? Puis, la réaction de l'homme retentait en agissant en opposé avec sa comparse. Il jouait la carte de la politesse avec un calme impressionnant malgré ce que j'avais capté de leur échange un peu plus tôt. L'inconnu poussait même ces dires en réprimant l'action de sa compagne.

Ensuite, mon interlocuteur masculin tentait de dédramatiser la raison de leur rencontre dans un endroit aussi étrange en prétextant un rendez-vous amoureux secret. Évidemment, je n'étais pas dupe, non... il ne faisait aucun doute qu'ils cachaient quelque chose d'assez important. Ces bribes de la conversation interceptées révélaient facilement! Voilà que cette Wendy lâchait un nouveau commentaire qui ne manquait pas de me surprendre, elle tentait de me retirer mon nom par... une menace? Son complice s'empressa de rectifier le tir en me priant d'excuser cette maladresse commise. Mon entière attention se posait sur "l'investigateur" pour enfin révéler l'information qui leur tenait tant à coeur, mon identité!

- Je suis Dav...

Je cessais ma lancée en percevant, trop tard, un mouvement dans ma direction du coin de l'oeil et une douleur vive envahissait l'arrière de ma tête subitement. Je venais de commettre une grossière erreur... j'avais perdu le contacte visuel sur la demoiselle et j'en payer le prix fort à présent. Elle avait abattu son morceau de bois sur ma nuque en usant de toutes ses forces. Sous l'impact violent, mes jambes flanchaient et mes genoux touchaient le sol en ressentant un petit vertige qui brouillait ma vue. Une nouvelle secousse prenant mon corps sous le poids de mon deuxième assaillant se faisait ressentir aussitôt... je m'étais fait immobiliser au sol très facilement! Je lâchais un petit gémissement mélangeant douleur et surprise. Un nouveau coup me touchait au visage de plein fouet, puis le néant... je perdais rapidement conscience en me laissant à la merci de ce duo malfaisant!