L’heure était grave. Voilà des semaines, voire des mois, que j’avais élu domicile dans le château de Regina et Robin. Et pourtant, le plus long fut ces quatre semaines de séparation avec Eric et Melody. J’avais vécu la chose la plus terrible pour une mère, être séparée de mon enfant à peine une journée après sa naissance. Mais je savais que mon mari avait agi dans l’intérêt de Melody. Mieux valait une séparation temporaire plutôt que définitive, et le fait qu’il ne m’ait rien dit tout de suite m’avait sans doute sauvé la mise auprès de Rumpelstiltskin. Quand il était venu pour me prendre mon enfant, j’avais dit la vérité, elle avait disparu. Je savais que le ténébreux n’en resterait pas là, mais au moins, pour le moment, ma fille était en sécurité avec son père. J’avais eu la chance d’avoir un miroir magique, tout comme Eric, offert par Regina, afin que nous puissions communiquer. Nous avions convenu d’un appel tous les jours, de ma part. Cela faisait sûrement un écart de plusieurs semaines pour eux. Je voyais le changement opérer sur ma fille à chaque appel et je sentais mon coeur se serrer. Malgré tout, je tachai de lui enseigner des choses, comme le chant par exemple. La colère d’Eric envers moi semblait s’apaiser rapidement… du moins de mon côté, car pour lui, il s‘écoulait bien du temps. J’étais moi aussi blessée et brisée de les savoir si loin de moi, mais je savais que c’était pour le mieux d’une part, et que c’était en quelques sortes ma punition d’autre part. J’aimais toujours mon mari, du plus profond de mon être et ce que j’aimais par-dessus tout, c’était qu’il faisait passer notre fille avant tout.

Le grand jour était venu, ils allaient revenir. J’étais si émue, je ne savais même pas quoi mettre. C’était futile, sans doute, mais j’allais voir ma fille en chair et en os ou en écailles pour la première fois ! J’avais si peur que le ténébreux de revienne la chercher, mais je le savais à Storybrooke, alors le temps de la guerre, en restant dans la Forêt Enchantée, j’avais la paix. Par la suite, il me faudrait essayer de renégocier les termes du contrat.

Les voilà qui arrivaient ! Mon coeur manqua un battement quand je posai mes yeux sur Melody. Une magnifique petite fille aux cheveux de geai et aux yeux bleus. Elle ressemblait tellement à son père ! Je sentis les larmes me monter aux yeux et je m’empressai de m’agenouiller à sa hauteur pour la serrer dans mes bras, mon nez dans ses cheveux pour en humer l’odeur. Ma main alla saisir celle d’Eric. Après quelques secondes, ou minutes, je ne savais pas, je levai mes yeux humides vers mon mari. Voudrait-il toujours de moi ?

Sept ans... Sept longues années... Voici le temps que j'ai passé loin de ma femme... Sept ans déjà que j'ai pris la fuite avec notre fille pour lui sauver la vie ou du moins éviter de la donner à Rumple... Le temps est passé si lentement... Je pouvais la voir chaque jour à travers un miroir mais cela n'a jamais été suffisant... Loin de là... Son odeur me manque, ses bras, sa bouche... Tout me manque... Et je ne supporte pas l'idée de lui avoir enlevé sa fille... Certes c'est à cause d'elle mais j'aurais dû réfléchir à une autre idée avec elle... Nous aurions dû gérer à deux... Mais sur le coup j'ai paniqué... Il fallait agir vite.

Durant ces sept ans j'ai vécu l'enfer et le bonheur absolu... Et ce bonheur était également un enfer dans le fond... J'ai vu ma fille grandir, je lui ai appris un tas de choses. Je lui ai beaucoup parlé de sa mère et surtout je lui ai raconté chaque soir son histoire préférée : la Petite Sirène. Il était important pour moi de lui transmettre l'histoire de sa maman et son papa. Avant qu'on ne lui raconte la vérité lorsqu'elle sera en âge de comprendre. J'ai aussi fait en sorte qu'à chaque étape importante de sa vie Ariel puisse y assister à travers le miroir magique.
Par contre ce que je n'ai pas partagé ce sont mes moments de doute, mes peurs, mes angoisses et surtout mes larmes... J'ai beaucoup pleuré à cause de cette situation. J'ai aussi été très en colère durant ma première année loin d'elle... Je lui en voulais tellement pour ce pacte mais dans le fond j'ai fini par comprendre pourquoi elle avait fait cela... Et je ne pouvais plus lui en vouloir...

Mais tout ceci est enfin fini ! Nous devons retourner dans la forêt enchantée. Je dois rendre Melody à sa maman car le devoir m'attend. Je dois me battre aux côtés de Regina et Robin. Ils ont besoin de mon aide. Au vu de ce qu'ils ont fait pour ma famille je me dois de les aider en retour... Même si j'appréhende le retour à la réalité tout autant que je l'attends depuis bien longtemps. Durant tout le trajet je rassure Melody, en lui expliquant du mieux ce que je peux ce qu'il va se passer par la suite. Je sais qu'elle a hâte de connaître sa maman mais je vais disparaître à mon tour et cela pourrait ne pas être évident. En tout cas pour moi cela va être super compliqué... Cela fait quand même très longtemps que nous ne vivons que tous les deux... Finalement nous arrivons devant le château... Elle est là... Encore plus belle que la dernière fois que je l'ai vu... Par contre j'ai du changer... J'ai pris de l'âge... Et pas elle... Et ne parlons même pas de notre fille... Cela va lui faire un énorme choc à Ariel... Je sens les larmes me monter aux yeux... Mais je ne dois pas pleurer. C'est juste que de voir pour la première fois les deux femmes de ma vie réunies me rend tellement heureux.

Ariel arrive à notre hauteur et prend notre fille dans ses bras. Je les regarde avec amour. Ce tableau est magnifique... Et finalement les larmes se mettent à couler, encore plus lorsque la main de ma femme se pose dans la mienne. Je la serre tendrement et attend patiemment mon tour. Je n'ai qu'une hâte c'est de pouvoir l'embrasser et la serrer fort contre moi.

- Tu m'as tant manqué... Tu es toujours aussi belle...

J'ai tellement de choses à lui dire mais rien ne vient. Tout reste bloqué dans ma gorge. Je voudrais lui dire combien je l'aime, combien c'était dur sans elle et combien je suis désolé... Désolé d'avoir kidnappé sa fille... Et aussi que maintenant que je suis de retour il faut qu'on trouve une solution... La vie de notre fille est en jeu...

Je n’en revenais pas, ce moment que j’avais tant espéré depuis quatre longues semaines était enfin arrivé, je retrouvais ma famille. Ma fille avait pris sept années, mon mari aussi. Nous avions fêté son anniversaire ensemble au travers du miroir magique. D’ailleurs cela me faisait incroyablement bizarre d’en fêter un tous les deux ou trois jours environ. Et pareil pour Eric. Il était si beau, encore plus qu’avant.
J’avais serré dans mes bras Melody un long moment, j’avais eu du mal à retenir mes larmes de joie. Ma petite fille...Mon bébé.

- Oh Melody, regarde-toi, tu es si belle ! Bien plus en vrai qu’au travers de ce miroir. Je t’aime ma chérie, je t’ai aimée dès le premier jour où j’ai vu ton petit visage. Je suis tellement désolée, dis-je en prenant son visage entre mes mains.

Puis, je me redressai et regardai mon mari. Mon beau et doux prince Eric. Je réalisai que pour lui, sept années s’étaient écoulées et que par conséquent, sa colère vis-à-vis de mon geste stupide qui nous avait conduits à cette situation avait pu s’amoindrir. Je le voyais tout aussi ému que moi, ses larmes venaient de dévaler ses joues, et aussitôt, je me jetai dans ses bras, le serrant aussi fort que possible.

- Mon amour… comme tu m’as manqué toi aussi ! Serre-moi fort !

Je fermai les yeux et d’autres larmes dévalèrent mes joues. J’étais si heureuse de le revoir mais hélas, je savais que ce n’était que de courte durée car il allait devoir aller se battre pour récupérer Storybrooke afin que nous puissions y vivre en paix. D’ailleurs, nous allions devoir réfléchir à ce que nous allions faire. S’il y allait, je devrais rester avec Melody, mais devrais-je rester dans le palais sombre de Regina et Robin, ou devrais-je aller moi aussi à Storybrooke ?
Je me détachai lentement de mon beau prince et posai mon regard dans le sien quelques secondes avant de finalement céder à la tentation d’apposer mes lèvres contre les siennes. J’avais besoin de cette tendresse, de cet amour. J’avais besoin de sentir que j’étais toujours sa femme, celle qu’il aimait, celle pour qui il pourrait affronter toutes les sorcières des mers s’il le fallait. Puis, je me détachai et pris sa main d’un côté, celle de Melody de l’autre.

- Rentrons, nous avons tant à nous dire.

Je les emmenais dans les appartements que je partageais encore un mois auparavant avec Eric. J’avais fait préparer la chambre de Melody et il y avait tout un tas de choses jolies et amusantes pour une jeune princesse de son âge.

- Melody te ressemble tellement, soufflai-je en souriant tandis que notre fille entrait dans sa chambre et se précipitait vers une poupée brune aux yeux bleus tout comme elle.

Mon regard avait du mal à se détacher de ma fille. Nous entrâmes dans sa chambre et j’entraînais Eric pour que nous nous asseyions sur un petit canapé, afin d’avoir Melody en visuel pour la surveiller tandis que nous discutions.

- Eric, mon amour, encore une fois, je te présente mes excuses… Je nous ai fait souffrir tous les trois, c’est à cause de moi que tu as dû prendre la fuite avec notre fille. Je t’en ai voulu parce que j’avais mal d’être privée de mon bébé, mais je n’avais pas le droit de t’accabler pour ça, alors je te demande pardon parce que je sais pertinemment que tout est de ma faute. Je sais que ce n’est pas une excuse mais à l’époque où j’ai passé ce pacte, j’étais si jeune, je ne savais pas que j’aurai des enfants…

Je n’avais jamais réellement eu l’occasion de m’excuser sincèrement auprès de mon mari. Avant son départ et à la naissance de Melody, nous nous étions disputés à cause du pacte et mes excuses pouvaient passer pour une façon de se dédouaner. A présent, le temps avait passé et il devait comprendre que j’étais sincère.

Je souris tendrement lorsqu'Ariel se met à parler pour la première à notre fille. Première fois en face à face. C'est si émouvant... J'espère qu'elles arriveront à rattraper tout ce temps perdu... Sept ans loin de sa mère, cela ne doit pas être évident pour Melody... Heureusement qu'elles pouvaient se parler à travers le miroir même si cela n'est pas vraiment pareil... J'essaie d'enregistrer le plus de choses dans ma mémoire, il faut que je grave à jamais cet instant. Les retrouvailles d'une mère et d'une fille... Il n'y a rien de plus beau sur terre.

Et finalement vient mon tour. Le moment de retrouver ma femme. Lorsqu'elle me demande de la serrer fort je la soulève de terre et la fait tournoyer comme il m'est arrivé si souvent de le faire dans notre royaume. C'est si bon de la sentir contre moi, tellement que je laisse mes larmes de bonheur couler. Toute la colère que j'avais pu avoir pour elle s'est envolée, il n'y a plus aucune petite trace de celle-ci, plus rien du tout car tout ce qui compte c'est nous trois ; peut importe les erreurs qu'elle a pu commettre par le passé.

- Je t'aime Ariel... C'est si bon de te revoir...

Je n'arrive toujours pas à croire que je sois parti sept ans loin d'elle... Heureusement à ses yeux il ne s'est passé qu'un mois environ, car je n'imagine que trop bien ce qu'elle aurait pu ressentir durant plusieurs années. Mais il faut que je cesse de penser à cela. Seul le présent compte désormais. Et soudain elle m'embrasse... Je pousse un soupir de soulagement. J'ai enfin retrouver mon oxygène. Je passe un bras autour de sa taille pour le prolonger encore un peu. Je n'ai pas eu ma dose. Mais finalement le baiser cesse. Il nous faut rentrer et parler... Nous avons des choses à voir avant que je ne les quitte pour partir au combat. Nous marchons main dans la main tous les trois, comme la famille unie que j'ai toujours voulu avoir.

Une chambre de petite fille a été préparée. Elle est beaucoup plus remplie que celle qu'elle a eu avec moi... Je la laisse partir s'amuser pour m'occuper de sa mère.

- Elle me ressemble un peu oui mais elle a ton caractère et ton amour et toutes les qualités que tu as elle les a aussi. C'est une vraie mini toi.

Nous finissons par nous asseoir, pas trop loin de notre fille. Je sais qu'Ariel a besoin de la voir, de l'admirer. Je la comprends parfaitement car pour ma part c'est Ariel que je n'arrive pas à quitter du regard. Nous avons perdu bien trop de temps et il nous en reste si peu avant que je ne reparte...

- Cesse donc de t'excuser Ariel auprès de moi. Tu dois t'excuser avant tout. Pour ma part je t'ai pardonné. J'ai compris ce que tu as fait et pourquoi tu l'as fait et forcément je ne peux pas t'en vouloir. Qui aurait cru qu'un jour on aurait un enfant ? Tu étais jeune et insouciante à l'époque. Seul l'amour comptait et avoir un enfant avec un terrien tu pensais cela possible à l'époque ? Tu ne souhaitais que des jambes pour me retrouver... Je dois moi aussi m'excuser de t'avoir retiré notre enfant même si c'était pour son bien. Mais pour ma défense j'avoue que je ne savais plus de quoi tu étais capable... Et tu refusais de te confier à moi... C'était dur de prendre une décision tout seul. Mais c'est fini maintenant.... Même si hélas tu as perdu sept ans de la vie de ta fille... Sept ans que je t'ai volé...

Nos excuses sont si douloureuses à faire. Et je n'ai pas envie de perdre du temps avec cela. A ressasser le passé et savoir qui à fait quoi et pourquoi on l'a fait. Je ne pense qu'à une chose pour l'instant : les savoir en sécurité lorsque je serais parti. Et bon d'accord j'avoue, je pense aussi à retrouver ma femme en tête à tête mais bon passons ce petit détail.

- Il faut surtout qu'on pense à l'avenir maintenant. Je dois partir demain ou après demain pour me battre. Je ne sais pas quand je reviendrais. Où vas-tu aller pendant ce temps ? Rumple peut retrouver notre fille. Qui pourrait nous aider à rompre ce pacte ? Crois-tu qu'elle puisse avoir une part de sirène en elle ? Et que vous pourriez vous cacher dans le royaume de ton père ? Il saura vous protéger non ? Mon dieu... Vous savoir si loin de moi va être dur...

Il faut dire aussi que j'ai vécu sept ans en tête à tête avec ma fille. Couper le cordon avec elle va me briser le cœur. Même si je sais qu'elle sera avec sa mère... J'ai veillé sur Melody jour et nuit. Nous avons tout fait ensemble... Je lui ai appris à devenir la petite fille qu'elle est... Et je vais devoir à mon tour l'abandonner... Quand est-ce qu'elle pourra avoir ses deux parents ensemble ?

C’était si bon de se sentir en famille à nouveau. Sans eux pendant ce long et interminable mois, ces quatre semaines d’enfer, c’était comme s’il manquait des écailles et des ailerons à ma nageoire, mais à présent, je pouvais de nouveau nager dans l’océan de l’amour, mon mari et ma fille étaient avec moi, ils allaient bien. Sentir Eric me serrer fort contre lui me fit me sentir vivante à nouveau. Comme j’étais bien ! Je respirai et humai son odeur dans son cou, j’étais bien. J’avais laissé échapper un petit rire lorsqu’il m’avait fait tournoyer dans ses bras, comme par le passé. Et quand nos lèvres s’étaient scellées en un baiser, c’était comme si la magie n’avait jamais cessé d’opérer entre nous. Comme je l’aimais ! Je sentais que lui aussi et le soulagement s’était emparé de moi. Entendre sa voix, voir son regard se poser sur moi, tout ceci était si doux, plus encore que dans mes rêves les plus fous lors de cette odieuse absence.

Nous nous mîmes d’accord pour entrer dans le château de Regina et retrouver les appartements qui nous étaient dédiés. J’avais fait arranger la chambre réservée à Melody pour qu’il y ait tout ce dont une petite fille de sept ans et quelques puisse rêver : des poupées, des peluches, une maison de poupées, un cheval à bascule, et bien sûr un charmant petit lit avec des voilages bleutés pour rappeler la mer d’où nous venions avec des petits coquillages pour orner tout cela. Je l’observais aller jouer, remarquant combien elle ressemblait à son père : ces cheveux bruns foncés, ces yeux bleus, bien que moi aussi je les aie de cette couleur, mais elle était tout le portrait de son papa. Eric me rassura en disant que son caractère était plutôt le mien, et cela me fit sourire.

- J’ai hâte d’apprendre à la connaître, elle a l’air merveilleuse. Tu as été fantastique, Eric, et j’imagine que ce ne devait pas être facile d’être seul pour l’élever.

Oui, je devais le reconnaître, il avait fait le plus difficile. Pendant que notre petit trésor jouait, nous devions discuter, car à peine retrouvé, je savais qu’il devait partir avec Robin, Regina et les autres pour combattre à Storybrooke, pour que nous retrouvions notre ville et notre vie. J’étais cependant extrêmement touchée de la compréhension de mon mari suite à mes excuses. J’avais eu si peur qu’il m’en veuille encore, avant mon accouchement, il était si en colère… Cet éloignement avait peut-être fait du bien à notre couple, même si nous en avions souffert.

- Merci mon amour, me contentai-je de répondre, la gorge un peu nouée.

La discussion tant redoutée arriva en effet, celle de son départ pour la guerre. Je hochai la tête à sa proposition.

- J’ai pensé à la même chose, je ne crois pas Rumpel capable de venir nous pêcher sous l’eau. Je pourrais attendre avec Melody au royaume de Père, et lorsque la guerre sera finie, tu m’appelleras avec le miroir. Alors, j’ouvrirai un portail pour te rejoindre à Storybrooke.

Cette idée était sans doute la meilleure option que nous ayons. Et mon père pourrait ainsi faire la connaissance de sa petite fille, ainsi que mes sœurs par la même occasion. J’aurai quelques jours pour faire découvrir à Melody ses origines sirènes et passer du temps seule avec elle. Cela me permettra sans doute de songer à autre chose que mon inquiétude pour Eric au front.

- Promets-moi une chose : sois prudent, et privilégie ta vie. Tu es père maintenant, Melody a besoin de toi, et moi aussi.

J’avais fait cette demande, ou plutôt cette supplique, en prenant ses mains et les portant à mon visage pour les embrasser. Mes yeux s’étaient remplis de larmes sans que je ne puisse le contrôler, mais mes émotions étaient sens dessus-dessous de les revoir, de le revoir.

Une fois dans nos appartements je m'émerveille devant notre fille. Je suis impressionné par son comportement. Comme si elle n'avait jamais été éloignée de sa mère. C'est vraiment incroyable. Elle est vraiment mature pour son âge cette petite demoiselle. Elle grandit trop vite... Ariel parle justement de notre fille et cela me fait sourire.

- Aussi merveilleuse que sa mère... Il est vrai que cela n'a pas été facile de l'élever seul, mais heureusement tu étais là grâce au miroir pour me conseiller dans mes moments de doute...

Et heureusement que je l'avais même à distance. Sans Ariel je n'aurais jamais réussi à élever notre fille. J'ai eu tellement de moments de doute, de moments de panique... Les premières nuits ont été tellement compliqué lorsqu'elle pleurait et que je ne savais pas quoi faire. Ou au moment de ses premières dents, de la première fois qu'elle a marché... Et des bobos... Oh oui ça c'était le pire... Dès qu'elle se faisait un peu mal je me retenais de paniquer... J'avais si peur pour elle et je ne savais pas comment la réconforter... Et les quelques cauchemars qu'elle a pu faire... Ca aussi c'était dur. Mais à chaque fois j'appelais à l'aide et Ariel était là à me rassurer et faire des miracles.

Puis vient l'heure de la terrible discussion... Savoir où cacher Melody pendant mon absence... Les profondeurs de l'océan... Voilà la solution... Elle pourrait ainsi découvrir d'où elle vient, rencontrer sa famille marine et surtout découvrir sa double nature. Cela va être si dur de dire au revoir encore une fois à ma femme et surtout dire au revoir pour la première fois en sept ans à ma fille... Le plus dur sera de mettre de côté toute cette peine pour être efficace lors du combat... Pourvu que tout se passe rapidement... Même si je sais que je vais devoir m'effacer un peu afin que les deux femmes de ma vie puissent se retrouver et tisser des liens forts...

- Avec toi et ton père à ses côtés je pense que Melody sera en parfaite sécurité. Elle pourra enfin rencontrer sa famille et apprendre à battre des nageoires avec toi. Ma fille va devenir une sirène... Et va découvrir un nouveau monde avec toi à ses côtés. Ce sera magnifique. Et promis dès que tout sera fini je te contacterais.

Peut être pas tout de suite après... Je leur laisserai quelques jours en plus pour être que toutes les deux. Mais je me dois de rajouter une information importante qui risque de gâcher ce si beau tableau...

- Mais... Une fois la guerre finit si vous revenez... Où irons-nous pour protéger Melody ? Le pacte est toujours d'actualité... Ne serait-il pas plus prudent que vous restiez avec ton père ? Rumple obtient toujours ce qu'il désire...

Je n'aurais peut être pas du en parler... Je sais qu'Ariel panique déjà bien assez à cause de la guerre... Mais il faut que nous soyons prudent et prévenir au danger... En parlant de la guerre, je sais qu'Ariel a peur mais je serais extrêmement prudent. J'ai déjà perdu ma femme durant sept ans... Je ne veux pas la perdre à jamais. Je ferais tout pour rester en vie.

Je dégage doucement mes mains pour attraper tendrement les épaules de ma femme. Il faut qu'elle m'écoute attentivement.

- Ariel, Je ne mettrais pas ma vie en danger bêtement. Je suis père et je suis un homme marié à une femme que je n'ai pas vu depuis sept ans. Rien ne pourra nous séparer, surtout pas la mort dans une guerre pour récupérer notre ville. Je te reviendrais en un seul morceau et nous formerons enfin une famille unie.

Et ce ne sont pas des paroles en l'air. Je compte bien revenir vivant pour retrouver ma petite famille et enfin profiter de la vie à trois. Je serre alors Ariel contre moi et pose mon nez dans son cou. Cette odeur... Elle réchauffe mon cœur. Je lui fais un petit bisou juste derrière l'oreille en souriant.

- Je connais une petite fille qui aimerait montrer ses jolies poupées à sa maman...

J'ai besoin de les voir ensemble, pour avoir de beaux souvenirs lorsque je partirais.

C’était incroyable, c’était comme s’ils n’étaient jamais partis, comme si notre famille avait toujours été ensemble , et en même temps le bonheur intense de ces retrouvailles tant attendues était palpable. Tant de paradoxe en leurs seules personnes, tant d’appréhensions et de craintes qui s’envolaient quand je plongeais dans le regard de mon prince. J’étais heureuse, je me sentais enfin moi-même et mon coeur libéré de ses entraves malgré la menace qui pesait encore. Mais pour le moment, je voulais profiter de ce plein bonheur de les avoir tous les deux avec moi, dans la même pièce. Je savais le ténébreux à Storybrooke, pour le moment il ne pourrait pas nous enlever Melody.

Je me sentis incroyablement flattée qu’Eric me dis que j’avais su le conseiller dans les moments difficiles, pouvant communiquer grâce au miroir. Je trouvais qu’il exagérait, il avait fait le plus gros du travail, mais je trouvais l’attention de mon mari gentille. Je me contentai d’un petit sourire mutin et reconnaissant. Je n’en méritais pas tant, mais mon prince était un amour, et je savais que c’était l’homme de ma vie, le même qui m’avait fait chavirer le coeur voilà quelques années.

Melody jouait, découvrant sa nouvelle chambre et ses effets personnels, et nous, nous discutions des événements à venir dans un futur plus que proche. Cela me serrait le coeur mais Eric devrait partir pour la guerre. Elle ne durerait pas longtemps, mais ce serait sans doute dangereux, et je craignais pour lui, même si je le savais fort et courageux. Mais nous parlâmes en premier de Melody et de où cacher notre fille. Les Sept Mers nous apparut comme la solution. Je hochai la tête aux dire de cet homme incroyable qui faisait battre mon coeur, ne pouvant réprimer mon sourire en l’entendant parler de cette petite parenthèse merveilleuse à venir avec ma fille.

- Oui, tu peux être assuré qu’elle sera entourée et que rien ne pourra lui arriver.

J’avais hâte de faire découvrir le monde aquatique à ma fille. J’avais tant à lui apprendre, lui montrer, et tant de personnes à lui présenter, à commencer par mon père, mes sœurs, Polochon, Sébastien… Mon sourire rêveur se ternit quand Eric parla du ténébreux et du pacte qui courait toujours. Il avait raison cependant.

- Je sais que tu dis vrai… Mais peut-être que je pourrais essayer de renégocier les termes du contrat ? Et puis… elle a plusieurs années maintenant, crois-tu qu’il puisse y avoir prescription ? Il voulait un nouveau-né…

Tenter de prendre le ténébreux à son propre piège… c’était risqué.

- Peut-être que je pourrais demander de l’aide à Emma ? Sa mère est l’une de mes plus grandes amies…

Mais ce qui m’inquiétait le plus, c’était les événements à venir sous peu, la guerre et la sécurité de mon mari. Mais ce dernier voulut me rassurer. Je sentis la chaleur de ses mains m’étreindre les épaules. Je hochai la tête en souriant légèrement. J’avais confiance en lui, s’il me disait qu’il serait prudent, c’était qu’il le serait vraiment.

- Merci, soufflai-je.

Puis, il me parla de Melody qui voulait sans doute que j’aille jouer avec elle. Je tournai la tête vers ma fille avec un sourire tendre. Notre fillette tenait une poupée rousse qu’elle tendait vers moi. Je me levai alors pour me rendre auprès d’elle pour m’agenouiller à sa hauteur.

- En voilà une jolie poupée.

J’attrapai une fourchette en bois de sa petite dînette et commençai démêler les cheveux de la poupée, ce qui fit rire Melody. Je ris de bon coeur avec elle.

- Ah, je vois que ton père t’a enseigné que les mini-tridents ne servent pas à cela.

Elle me tendit alors une petite brosse qui semblait plus appropriée. J’étais si heureuse de partager un moment de complicité avec ma fille. Et à présent, il y en aurait d'autres, des tas d'autres, bien plus qu'on ne pourrait en compter.

Je sais parfaitement qu'elle sera en sécurité avec sa famille marine. Et j'ai hâte de l'écouter me raconter tout ce qu'elle aura pu faire dans les profondeurs de l'océan. Je suppose qu'elle sera ravie d'avoir des nageoires comme sa maman et de pouvoir découvrir des choses magnifiques. Et surtout de pouvoir rencontrer toutes ses tantes et son grand père. Mais elle sera encore plus ravie d'être en tête à tête avec sa douce maman. Je sais que celle-ci a déjà tout prévu dans sa tête, je sais pertinemment qu'elle a déjà fait la liste des gens qu'elle veut lui présenter et ses endroits préférés.

Ma joie de penser à cela cesse immédiatement lorsque nous nous mettons à parler d'un sujet bien plus sérieux et bien plus douloureux. Mais c'est un sujet nécessaire avant que je ne parte loin de mes femmes. Ariel n'a pas tort. Melody est sans doute trop grande maintenant et le contrat pourra être négocié. Mais que pourrait vouloir ce vil individu en échange ?

- Passe par la mère d'Emma pour la rencontrer et vois ce que tu peux faire... Mais je suppose qu'elle te demandera quelque chose en échange... Il faudra qu'on en parle toi et moi avant de prendre la moindre décision. On décide à deux. Pareil pour si jamais tu dois aller parler au crocodile... Tu parles, tu dis que tu as besoin de réfléchir et on voit tous les deux... Et s'il te plaît, la contrepartie ne doit pas forcément seulement te concerner toi, on est d'accord ? Tu ne dois pas être la seule à en subir les conséquences...

Je ne veux pas qu'elle continue de culpabiliser pour les choix qu'elle a fait étant jeune, et je veux qu'elle comprenne que cela ne me gêne pas de faire partie de la négociation. Je la laisse gérer seule, parler avec les gens, mais on réfléchira mieux ensemble. Deux têtes valent mieux qu'une pour ce genre de choses. Mais nous verrons tout cela qu'une fois que je serais revenu du combat...

On change à nouveau de sujet. Il faut dire qu'on a si peu de temps... Je préfère qu'on parle de tout immédiatement, surtout des sujets fâcheux pour qu'ensuite on puisse profiter l'un de l'autre sans plus aucun souci autour de nous.

Voilà maintenant qu'on a fait le point sur tout on peut enfin profiter de notre fille à deux. Du moins pour l'instant je préfère les laisser toutes les deux et les regarder d'un peu plus loin. J'explose de rire lorsque je la vois prendre une fourchette pour brosser les cheveux d'une poupée. Nos trois rires ressemblent à une douce mélodie à mes oreilles.

- Je lui ai raconté l'histoire d'une jolie princesse qui, lors d'un dîner avec un prince, a pris une fourchette pour se coiffer avec alors qu'ils étaient à table. J'ai ajouté que lorsque le prince a vu cela il a su immédiatement qu'il ne pourrait plus jamais se passer de cette femme.

Melody tend alors à sa mère une petite brosse. Je ne sais pas pourquoi mais ce geste me rempli d'amour. Elles s'entraident déjà et passent déjà des moments mère-fille... C'est un spectacle magnifique. J'opte donc pour garder le silence et profiter de ce que je vois tant que je le peux. Je cale ma tête contre le mur en souriant et je sors discrètement mon téléphone portable. Merci la technologie. Je n'ai pas de réseau dessus mais cela ne m'empêchera pas de prendre quelques photos. Comme cela mes femmes seront toujours avec moi. Et les voir si complices, si souriantes... Je suis obligé d'immortaliser ce moment...