Mon poing venait de s’écraser abruptement sur la table de chevet, mais je compris après coup que ce n’étais pas mon putain de réveil qui venait de me sortir d’un profond sommeil, mais bel et bien mon cellulaire qui continuait à sonner comme pour me narguer. Mais encore dans le coaltar, je me devais de répondre. C’était peut-être une urgence qui sait ? « - Arrow, j’écoute ! » Je me massais encore les tempes et la nuque. À l'autre bout du fil, l’un de mes collègues se faisait déjà entendre. « - Hey ! Molo. Tu t’es trop astiqué la nouille ou quoi ? » J’étais encore légèrement endormi et seul un café pourrait me sortir de ce demi-éveil.

« - Bon qu’est-ce que tu veux ? »

Quittant le lit, je me dirigeais tranquillement vers la cuisine pour m’y préparer un petit café tout en écoutant les paroles de mon collègue qui de toute évidence se faisait le relais du boss. « - Attends pourquoi, c’est toi qui m’appelles pour me transmettre un message du capitaine ? » J’en profitais pour placer mon mug favori au micro-ondes alors que l’autre crétin commençait à me parler d’un entretien avec un nouveau. « - Un nouveau ? Quel nouveau ? Ok, j’ai pigé, je vais devoir me contenter de votre pisse d’âne. J’arrive aussi vite que possible. » Ce qui dans mon langage signifiait tout et rien à la fois. Mais comme l’autre idiot semblait excité, je préférais me magner le fion pour voir de quoi il était question. Mais attendez, on prend une douche quand même, la base. Puis on enfile la parfaite panoplie du vieux routard négligé et on prend la direction de l’ascenseur, qui pour une fois fonctionne et l’on retrouve sans conviction sa voiture de fonction, un vieux modèle ford, présent peu onéreux de la ville. Pour éviter les bouchons new-yorkais, j’avais mes petites combines et évidemment j’en abusais encore aujourd’hui pour arriver plus vite et en morceaux.

Me voilà donc au bureau. Ascenseur, puis premier détour par la machine à café puisque je n’avais pas eu le temps de prendre le mien. Là aussi, j’avais mes petites combines pour ne rien payer, mais ne comptez pas sur moi pour vous délivrer tous mes secrets.

« Ah Arrow, tu es là. Le boss est avec un gamin dans le bureau depuis une heure. »

« - Dis comme ça, c’est sale. »

« Fais pas le mariole, ça te concerne. Le boss a moyennement apprécié ta dernière descente chez Olympus. Ses avocats non plus d'ailleurs. »

« - Ah c’est bon, je n’ai rien fais de mal à part une petite causette en bonne et due forme. »

Et pour une fois, je n’avais éclaté la tronche de personne, ni abusé de mon badge. « - Bon du coup, je fais quoi ? J’attends comme un con ou je me pointe dans le bureau du Capitaine comme une fleur ? » La porte s’ouvrit alors, mettant un terme à mon hésitation. Le capitaine fut le premier à sortir et me fit signe. Les autres tenaient déjà les paris quant à mon futur licenciement. Moi, j’avançais l’air de rien, laissant un léger doigt d’honneur apparaître de dos avant de pénétrer à mon tour le bureau du Capitaine. À ma droite, se trouvait un blondinet, jeune qui plus est, trop à mon goût.

« - Vous vouliez me voir capitaine, je suis là. Je dois m’asseoir ? » Il fit non de la tête évidemment. Il adorait me mener à la baguette sauf que ça ne marchait jamais. Me voilà donc à prendre place sur la chaise vide. « - Écoutez, je sais que vous allez encore me passer un savon. »

« Non je vais faire mieux Arrow. Ceci est votre dernière chance. J’en ai marre de votre attitude. Vous ne respectez rien, ni personne. Vous êtes efficace ceci dit, mais personne n’est irremplaçable. Donc je vous laisse une dernière chance. Monsieur Scott ici présent est notre nouvelle recrue. Vous allez vous occuper de lui. »

« - Je n’ai pas de diplôme de baby sitting. »

« Vous n’en aurez pas besoin. »

« - Je n’ai pas d’équipier alors pourquoi ça devrait changer ? Et puis il y a plein de gars plus sociable que moi qui vont sûrement adorer pouponner. »

« Mais je ne vous laisse pas le choix Arrow. C’est ça ou la porte. »

« - Ok, je vois. Bien puisque je n’ai pas le choix. Je suppose que ça commence maintenant ? »

« Monsieur Scott, je vous souhaite la bienvenue. L’inspecteur Arrow ici présent sera donc votre guide. »

« - Ok, bon, on y va alors ? Le guide aimerait au moins prendre son premier café de la mâtiné. »

Je ne comprenais pas trop comment j’avais fait pour me réveiller dans ce petit appartement. J’avais la tête dans le cul après avoir trop joué à la console sans doute. J’entendais mon téléphone cellulaire sonner sur la marche impériale de Star Wars. Je fermais le tout en plissant les yeux. Je devais me rendre au commissariat. C’était terminé les petites patrouilles de merde et la circulation. J’allais enfin bosser pour vrai. Je me levais en bâillant et j’allais complètement sur le radar pour me faire un café. Je regardais mon téléphone en même temps et je me passais une main dans les cheveux. Est-ce que j’étais nerveux? Quand même un peu, mais je me disais que les choses ne pouvaient pas trop aller de travers et puis je ne serais pas tout seul non? J’allais me prendre une bonne douche avant d’enfiler mon t-shirt et mes jeans. Je me prenais une clope en regardant la télévision. J’avais encore un peu de temps devant moi. J’enfilais mon manteau de cuir et je mettais mon insigne après ma ceinture. Clopes dans la poche interne de mon manteau et mon arme, je descendais en croisant ma voisine de palier. Une gentille mamie que j’appréciais énormément.

- DEAN! ATTENDS MON PETIT!

- Mamie Lou! Je dois aller bosser.

- Mange au moins un morceau. Je t’ai fait un muffin et tu as aussi une banane.

Je prenais le sac de papier brun. Elle connaissait mes horaires comme personne. Je posais un baiser sur sa joue avant de faire rentrer l’un de ses chats. Je descendais les marches deux par deux avant de me rendre à mon vieux camion. Un Ford bleu dans lequel passait la majorité de mon fric. Je l’aimais tout simplement. J’évitais les grosses artères et je me stationnais. J’avais pris le temps de bouffer dans le pick-up en écoutant de la musique à fond. J’entrais dans le poste et je demandais à voir le capitaine. On m’amenait dans son bureau et il me faisait rapidement le topo des lieux et du reste. Ça n’avait rien à voir avec ce que j’avais pu faire avant, mais il semblerait que j’avais eu un assez bon rendement pour me rendre le cul jusqu’ici. Il me prévenait cependant que mon partenaire n’allait probablement pas être de bonne humeur. Je me contentais de hausser les épaules.

J’étais donc debout lorsque le fameux Robert «Bobby» Arrow entrait. Je croisais les bras en regardant le capitaine et ce dernier discuter. Ah, mais j’aurais pu ne pas être là, la conversation aurait la même, je crois. Finalement, on m’incluait dans la conversation. Voyant le sourire fabuleux digne d’un prince charmant de mon partenaire et mentor, je me contentais de lui faire un signe de tête. Bobby semblait avoir le feu au cul et manquer cruellement de caféine. Il avait qu’à se lever plus tôt non?

- Ouais on y va. C’est drôle, j’ai jamais vu un maître Jedi prendre de café pour superviser un padawan. À moins que tu sois plus du genre maître Splinter et ninja turtles.

Oh non, il ne faisait pas peur. Il pouvait m’engueuler, j’avais connu pire là d’où je venais. Je me dirigeais donc vers la machine à café avec une belle affiche hors service. Je me mettais à rigoler un peu.

- Starbuck’s sera plus efficace si tu veux mon avis. Alors, on commence par quoi? En dehors de ton petit café bien évidemment.

J’étais de mauvaise humeur avant d’être en colère. Ceci dit, je n’en demeurais pas moins en colère pour autant. Le capitaine connaissait mes antécédents et savait mieux que quiconque dans cette putain d’équipe à quel point il était problématique pour moi, d’avoir un équipier au vu de mon passif. Et voilà que pour me punir, il me collait un morveux. Comment pouvait-il me faire ça, à moi l’un de ses meilleurs éléments ? Certes, je n’étais pas facile et mes méthodes demeuraient contestables à bien des égards. Mais je faisais le boulot et me sortais les doigts du cul comme personne au sein de ce bureau. Et puis, j’étais tout sauf un pédagogue averti. Alors il ne faudra pas compter sur moi pour lui inculquer quoi que ce soit. Et ça, cet enfoiré de Capitaine le savait. Il privait donc le gamin d’avoir la bonne personne pour l’intégrer. Et ça franchement, ce n’était pas digne d’un supérieur. Mais je préférais – pour l’instant – me garder de le faire entendre.

J’observais donc la nouvelle vedette du genre blondinet aux yeux bleus. Une belle gueule en somme, mais trop propre d’apparence. Enfin « propre, » c’est relatif. Vu sa trogne, j’étais quasi sûr que dans une vie passée pas si lointaine, il s’était envoyé quelques joints. Mais qui étais-je pour juger ? Après tout, tant qu’il n’évoluait pas dans le bassin des pourris, il pouvait bien faire ce qu’il voulait, je n’en avais rien à carrer. Mais pour l’heure, je devais m’occuper de lui et « l’intégrer. » Nous devions dès lors quitter le bureau du capitaine. Dean n’avait pas l’air méchant du moins en apparence, mais il était jeune et avait les références qui allaient avec. « - J’suis pas branché Star Wars, ni Tortues Ninja. Tu devras juste te contenter de moi et c’est déjà pas mal. »

Nous rejoignîmes le couloir pour mieux nous approcher du coin distributeur à cochonnerie. Sans surprise – pour pas changer – le distributeur était hors service, ce qui me fit râler une fois encore. « - Avec les impôts qu’on paye, la municipalité pourrait au moins nous filer du matos pas défectueux. De toute façon, tu ne rates rien. Le café que sert ce truc est infâme sauf si tu aimes la pisse d’âne. Tu as raison, le Starbucks fera l’affaire pour commencer et puis j’ai la dalle. Leurs muffins à la myrtille ne sont pas trop dégueux autant en profiter. Mais avant de prendre la route, il faut que je m’en grille une. » Sans rien ajouter et sans vraiment me soucier du fait qu’il fume ou pas, je pris la direction de l’ascenseur pour rejoindre au plus vite l’extérieur et savourer un semblant de liberté retrouvée.

« - Dis-moi le bleu, tu as une bagnole au moins ? »

Si Bobby pouvait savoir à quel point je me fichais de me faire charrier. Il ne me connaissait pas et je ne le connaissais pas non plus. Je n’étais pas un imbécile et il allait devoir me montrer le boulot. Du moment qu’il faisait son boulot et moi le mien … Je ne cherchais pas à avoir un nouveau meilleur ami, mais bien un partenaire de travail tout simplement. Pourtant, je l’ignorais, mais il était bien plus qu’un partenaire de travail. Il me détaillait tout comme je le détaillais moi-même. J’étais déjà rassuré qu’il connaisse les références que je venais de faire et je souriais en coin alors qu’il ne pouvait pas le voir.

- Et t’es branché quoi au juste en dehors de ta petite personne?

Un peu chiant sur les bords. Nous étions finalement mieux assortis que nous l’aurions cru. Je le laissais grogner contre la machine à café. Il n’y avait rien de surprenant à ce qu’elle soit en panne. Il râlait et je me contentais de lever les épaules. Il avait raison en un sens concernant les impôts, mais on ne pouvait rien faire de plus en dehors d’aller au Starbucks pour se prendre un vrai café avec un truc à bouffer. Visiblement, Bobby avait faim, mais moi j’avais mangé le petit déjeuner de mamie Lou dans mon camion. Ces muffins c’était de la bombe littéralement. Il n’y avait qu’elle pour en faire des aussi délicieux. J’étais cependant surpris qu’il soit lui aussi branché muffins à a myrtille. Je n’allais pas lui dire que nous avions un point en commun, car j’allais m’en prendre plein la gueule.

- Va pour le traitement d’inhalothérapie. Je dois faire le mien aussi.

Oui, j’étais fumeur et visiblement Bobby aussi. Je prenais l’ascenseur avec mon mentor avant de rejoindre l’extérieur. Là, je sortais mes clopes de mes poches avant d’en prendre une. J’étais en train d’allumer ma clope lorsque Bobby me demandait si j’avais une bagnole. Je tirais sur ma cigarette avant de lui répondre en remettant mon paquet dans ma poche.

- Une bagnole? Non, j’ai un pick-up Ford Ranger 1982. C’est plus pratique quand je sors de la ville… Toi, tu as quoi?

Il devait s’attendre à ce que je n’aille pas de véhicule et que je prenne les transports en commun comme un imbécile. Je continuais de fumer en me demandant ce que je devais dire ou ne pas dire. Je décidais finalement de lui poser une question.

- T’es journée de boulot ça ressemble à quoi exactement?

Je crois que je me foutais de la façon dont Bobby me traitait tout simplement parce que j’avais l’habitude que l’on se fiche de ma gueule. Vous avez déjà passé des années dans un orphelinat et dans des familles d’accueil ? J’étais toujours le petit mouton noir celui qui n’était jamais au bon endroit au bon moment ou encore celui que l’on ignorait volontairement. Je m’étais forgé une certaine carapace avec le temps. Je n’étais pas un gars bien méchant en fait et j’avais toujours ressenti que j’étais différent des autres. C’était comme ça tout simplement. Je fumais à l’extérieur avec Bobby en regardant les voitures dans le stationnement. J’étais assez nonchalant en fumant. Une mauvaise habitude que je tenais depuis la fin de l’école secondaire. Que de plaisir pour les poumons alors que j’étais un des petits rebels de ma bande. Je tentais cependant de faire la conversation avec celui qui était mon partenaire et mentor dans l’immédiat.

Je mettais à rigoler alors qu’il parlait de mon pickup comme un destrier. Il n’était pas le plus beau, mais il était capable de m’amener n’importe où. J’adorais me rendre en montagne à l’extérieur de la ville et profiter des balades en mettant le quatre roues motrices. Des heures de plaisir avec mes potes alors que la boue et les sentiers troués nous attendaient sans rien demander en retour.

- C’est clair que le salaire pourrait être mieux, mais je vis très bien quand même. Je n’ai pas à me plaindre à ce niveau. Qui serait contre une augmentation de toute façon ?

Je haussais les épaules en parlant avant de lui poser des questions concernant notre emploi du temps ou une journée type qu’il pouvait passer. Autant savoir à quoi m’en tenir même si je me doutais que j’allais surtout le suivre dans ses habitudes. Travailler de jour, de soir ou encore de nuit ne me dérangeait pas le moins du monde. Je n’avais personne qui m’attendait chez moi et c’était parfait comme ça. Je l’écoutais avec attention en terminant de fumer ma clope. Il me demandait pourquoi j’étais flic et j’écrasais ma cigarette avant de la mettre dans le cendrier extérieur.

- Si ça ne m’intéressait pas, je ne t’aurais pas posé la question et je n’aurais pas pris ce poste. Je ne saurais pas te dire pourquoi je suis flic ici. J’ai toujours été dans le coin alors ça me paraissait logique de rester à New York City. Je me vois mal partir d’ici.

En réalité, c’était bizarre. J’avais parfois l’impression que ma vie d’avant était une sorte de rêve. J’avais les détails de certaines choses, mais pas toutes. Je me passais une main dans les cheveux. Je comprenais également mal pourquoi un type comme Bobby se faisait chier en restant sur le terrain alors qu’il aurait pu gravir les échelons. Ce n’était pas de mes affaires en vrai et je n’allais pas lui poser la question.

- On va se le chercher ce café avant de crever de manque de caféine ?

L’avantage lorsque l’on est des flics comme nous est que nous ne portons pas l’uniforme. Notre plaque tout simplement à la ceinture et notre arme. Plus incognito dans les foules. Je suivais donc Bobby vers le Starkbuck avant qu’il ne fasse une crise de manque. Je n’avais pas envie de gérer ce genre de situation de toute façon. J’avais eu mon lot en étant en patrouille de nuit. Arrivé là-bas, je commandais mon café avec un double shot d’Espresso en plus dedans. C’était de la vraie dynamite. J’attendais Bobby plus loin en remarquant une fille plutôt jolie. Je lui faisais un petit sourire. Une petite distraction c’était toujours bien non ?

J’étais loin de me douter que j’étais avec mon père en cet instant. J’étais loin de me douter que j’étais le fruit de la méchante reine et de Robin des Bois. Plutôt étrange lorsque l’on y réfléchit bien. Pourtant, c’était la vérité. Une vérité qui m’échappait encore. Dans l’immédiat, je n’étais qu’un orphelin qui tentait de s’en sortir avec l’éducation merdique qu’il avait reçu. Je comptais bien profiter de la vie un peu et mon regard se perdait sur une charmante demoiselle. Un acte qui ne passait pas inaperçu devant mon coéquipier du jour. Je me passais une main dans les cheveux en rigolant un peu.

- Tu as l’air de savoir de quoi tu parles.

Autant être un peu plus à l’aise l’un avec l’autre non ? Nous allions passer pas mal d’heures ensemble dans les semaines voir les mois à venir. Je prenais une gorgée de café en l’écoutant avec attention. Ces informations étaient hautement utiles. Je sortais avec lui en regard autour par habitude avant de lui répondre.

- En gros, si je comprends bien, il vaut mieux bosser de 22h00 à 08h00 à du matin pour s’assurer de couvrir les zones où on pourrait se trouver des potes plus ou moins amicaux. J’avais bien remarqué que c’était plutôt la merde la nuit , mais j’étais dans le Bronx avant donc c’était comme ça vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Je ne suis pas déçu de changer de secteur pour un truc plus global.

C’était dangereux la zone où j’avais commencé à bosser. Plusieurs y avaient laissé leur vie malheureusement. J’avais déjà vu un partenaire crevé au bout de son sang avec une balle perdue durant une guerre de gang de rue. On n’était jamais préparé pour ça. J’allais devoir suivre Bobby et lui faire pleinement confiance sans quoi nous allions avoir des problèmes sur le terrain si nous devions intervenir.

- Alors, tu as un contact à aller voir ce matin ? Un type à interroger ? On n’a pas reçu de demande d’intervention dans l’immédiat.

J’avais regardé mon cellulaire de boulot en parlant. Nous n’avions aucune assignation dans l’immédiat, mais le tout pouvait changer en quelques secondes. J’entrais donc dans la voiture de Bobby et je bouclais ma ceinture en le laissant décider de notre destination. Je sentais que nous allions apprendre à bosser ensemble assez rapidement. Une intuition comme ça.  

Bosser dans le Bronx, c’était bosser dans la jungle. Il n’y avait aucune loi en dehors de celle du plus fort. C’était difficile et dangereux. Les choses étaient moins pires que dans les années 80 et 90, mais tout de même. Nous étions loin de la surveillance dans central park disons-le honnêtement. Bobby me parlait ouvertement de corruption. Je buvais une gorgée de café en l’écoutant attentivement. Je n’étais pas du genre à être corruptible. Le seul moyen de me corrompre serait de me dire qui étaient mes parents. Je pourrais alors aller les voir et … J’ignorais ce que je pourrais faire en fait. J’avais tellement de rancoeur et de haine envers eux de m’avoir abandonné comme ça. Un nourrisson laissé à lui-même à l’orphelinat. Étais-je si peu désirable qu’ils n’avaient même pas voulu de moi ? Il n’y avait pas eu de mots ou de traces. Rien. Le néant le plus strict.

- Ouais, on m’en a parlé. Beaucoup de flics achetés pour fermer leur gueule. Je t’avoue que ça ne fait pas partie de mes valeurs. Je ne suis pas du genre à aimer autant le fric que ça. Il faut croire qu’avoir été seul toute ma vie m’a un peu aidé. Si je trouve mes géniteurs un jour, je les remercierai au moins pour ça.

Je me foutais bien de la réputation de mon coéquipier. Je n’en avais rien à foutre du moment qu’il m’apprenait comment bosser adéquatement. J’étais peut-être jeune, mais je ne manquais pas de vigueur et je voulais vraiment bosser dans ce service. Il était bien plus aisé pour Bobby d’entraîner une recrue comme moi qu’un vieux qui avait déjà ses méthodes. Je me calquerais donc sur ce dernier pour apprendre qu’il le veuille ou non. Nous étions ensemble pour ça. Je lui faisais déjà confiance et je savais que je devrais faire mes preuves pour qu’il aille également confiance en moi.

- Ça tombe bien, je n’ai pas eu le temps de faire mon jogging matinal. Tu es encore capable de courir avec tes vieilles rotules ?

Je l’agaçais un peu en montant dans la voiture avec lui. Nous avions nos cafés et lui son muffin à aux bleuets. C’était donc parfait pour débuter la journée. Enfin … parfait dans la mesure du possible, Bobby n’ayant pas trop envie de se retrouver avec un bleu comme moi après un réveil aussi matinal que ça. Je regardais à l’extérieur alors qu’il roulait. La centrale ne disait rien d’extraordinaire sur la radio. Jusqu’à ce que l’on demande notre duo.

«Arrow/Scott, vous êtes à l’écoute ?»

Je prenais la radio pour répondre directement à la place de Bobby. Il allait devoir avoir de meilleur réflexe le vieux.

- Arrow/Scott à l’écoute Nancy.

«Bon matin les gars. Il y a un gros paquet de cocaïne qui a été retrouvé flottant dans le port. On vous laisse aller voir. Il y aurait deux témoins qui disent avoir vu un Afro-Américain rôder autour.»

- Bien reçu, on y va.

Je raccrochais le truc en faisant un sourire à Bobby. Il allait clairement me tirer les oreilles. L’adresse nous était transmise et s’affichait directement. Le système serait également installé dans mon pick-up dans la semaine. Plutôt pratique en fait.