Très franchement, j’étais vraiment déçu que Uma ne m’en ai pas parlé avant. Quelque chose venait de se briser en moi. Moi qui pensait que l’on se disait tout et que l’on avait aucun secret l’un pour l’autre, je venais vraiment de me mettre le doigt dans l’oeil. Je pensais que je comptais à ses yeux, mais il fallait croire que non. La douleur que je ressentais était cuisante et j’avais vraiment du mal à me calmer. Elle me connaissait bien assez pour s’’en douter. Je venais de terminer on verre mais je n’étais pas calmé pour autant. Elle s’approcha de moi et elle me prit doucement la main.

« Quel est le rapport ? En quoi ta vie aurait-elle été détruite si tu m’avais dit la vérité ? Tu crois que j’aurai été idiot au point de crier sur tous les toits toute cette histoire ? Alors si c’est vraiment ça que tu penses, tu ne me connais pas autant que tu le prétend… »

Cette dernière finit par me lâcher la main et je la suis du regard en croisant les bras. J’ai hâte d’entendre ce qu’elle a à me dire, car si ça se trouve, elle doit posséder quelques réponses à mes questions. Toute cette histoires est complètement folle. Je me passe nerveusement une main dans les cheveux . J’ai vraiment du mal à me dire que toute ma vie n’est qu’un mensonge et que mes parents ne sont pas mes vrais parents.

« Oui, je sais que je viens de là-bas, Wendy m’en a parlé et je commence à me souvenirs de certains détails qui sont très loin d’être très sympa… Mais qui est cet Apprenti ? Et qu’est-ce qu’il voulait faire en faisant ça ? Il devait certainement avoir une idée derrière la tête. »

Je me demandais combien nous étions à être dans cette situation et comment nous pourrions nous y prendre pour retrouver la mémoire. Une autre chose me traversa l’esprit et je regardais Ursula avec de la tristesse dans le regard.

« Mais attends, ça veut dire que si on ne vient pas du même monde, on ne se reverra pas quand on devra tous rentrer chez nous ? »

Oui, je lui en avais voulu un peu sur le coup, mais là, la pression était redescendue. Elle ne cherchait pas à mal faire sans me dire qui j’étais et de quel endroit elle venait.

De la déception, c’est ce que je vois en ce moment dans les yeux de mon ami le plus proche voire le plus cher. Je ne peux que comprendre Dylan, Dorian, je dois m’habituer à le nommer ainsi. Je crois qu’à sa place, j’aurais été encore plus en colère et j’en voudrais à la terre entière.
Mais heureusement ou non pour moi, les rôles sont inversés et c’est à moi d’échafauder des théories, même les plus folles pour essayer de comprendre pourquoi nous en sommes là aujourd’hui.

Wenda Darwin, je n’arrive pas encore à savoir qui elle était dans le monde des Contes et surtout, quel était son intérêt de tout raconter à Dorian, pourquoi maintenant alors qu’ils se côtoient depuis tant de temps.
Des dires de mon ami, enfin j’espère qu’il l’est toujours, elle lui a avoué qu’ils venaient tous les deux de Londonia. J’essaye de me souvenir quelles histoires avaient pour point de départ cette ville et ce monde. Un seul me vient en tête : Peter Pan et cette histoire avec la fille ainée des Darling, Wendy…

« Wendy, elle ne peut être que Wendy… Comment se fait-elle qu’elle aussi elle se souvienne de qui elle est et d’où elle vient ? » me dis-je à voix basse.

Dorian brise le cours de mes pensées en me parlant à nouveau de l’Apprenti. Il fait erreur sur la relation entre ce dernier et sa présence dans cette ville. Je me dois de rétablir la vérité pour lui permettre de mieux comprendre, enfin je l’espère.

« L’Apprenti n’a rien avoir avec ta présence ici. » commencé-je. « Je vais revenir un peu en arrière pour te dire tout ce que je sais et tout ce que je peux déduire de ce que tu m’as dit. » Je prends une grande inspiration ainsi qu’une gorgée de vin et je me lance.

« Il y a très longtemps, un étrange personnage terrifiait les contrées dans le Monde des Contes, il se faisait appeler le Ténébreux. Son vrai nom, personne ne le connaissait, car il changeait régulièrement, dès que le nouveau avait tué le précédent.
J’ai connu le dernier, un paysan lâche répondant au nom de Rumpelstiltskin. Il lui est arrivé quelque chose de terrible et de très personnel, je n’ai jamais su ce que c’était malgré toutes mes tentatives pour le découvrir. » Je marque une pause afin de remettre en ordre mes idées et mes conclusions.

« Bref, tout ce que j’ai réussi à savoir, c’est qu’il cherchait désespérément le moyen de se rendre dans un monde sans magie. Il avait pour cela créer un sort maléfique et avait cherché pendant de longues années la personne capable de le jeter.
Il s’agit du Sort Noir et il a été lancé par Regina, la méchante belle-mère de Blanche-Neige. Comme je te l’ai dit tout à l’heure, le but de ce sort n’était pas de vous envoyer dans une ville déjà existante mais de répondre à la demande de celui ou celle qui le lance.
Connaissant Regina, son caractère et sa soif de contrôle et de pouvoir, elle a dû tous vous faire atterrir dans une ville de sa création où elle régnait en maître, ou plutôt comme maire. »

Je vois bien dans les yeux de Dorian ses méninges s’afférant pour intégrer, comprendre et se souvenir tout ce que je suis en train de lui dire. Il est intelligent, il devrait vite comprendre et intégrer ce que je lui dis.

« Quand j’ai appris ce que planifiait le Ténébreux avec Regina, avec deux de mes acolytes, nous avons décidé d’aller prévenir le couple des Charmants, donc Blanche-Neige et son mari. Cette dernière était enceinte tout comme une de mes acolytes.
La belle-fille de la reine a pris peur de la noirceur que pourrait contenir le cœur de son enfant. C’est là qu’intervient ce maudit Apprenti. Il transféra cette noirceur potentielle dans le cœur du futur enfant de ma consœur.
Il expédia ce futur enfant plein de noirceur dans un monde où il ne pourra pas faire de mal et j’ai été prise dans le vortex qu’il avait créé à ce moment-là. C’est comme cela que j’ai fini par atterrir à New-York. Comme j’ai perdu mes pouvoirs en arrivant en ville, je n’ai jamais pu repartir d’ici. »

Je marque de nouveau une pause. Dorian reprend la parole, cette fois-ci, il est plus calme. Je ne sais pas si c’est parce que la tempête est passée ou si c’est l’accalmie avant quelque chose de plus important et de plus menaçant.
En le regardant un peu plus attentivement, je penche plus pour la première possibilité. Il y a de la tristesse dans ses yeux surtout quand il me demande comment nous ferons pour nous revoir si nous venons de deux mondes différents.

« Dans le Royaume des 7 Mers, je suis la Sorcière des Mers et je suis capable de créer des portails aquatiques entre les mondes. Il existe aussi des moyens de communiquer d’un monde à l’autre. Il te suffira juste d’avoir un coquillage magique et moi un identique pour qu’on puisse discuter ou pour que tu puisses me faire venir quand tu en auras le besoin. » Je remets doucement ma main sur la sienne en signe d’apaisement et d’amitié.
« Mais le plus important pour le moment, c’est de découvrir comment tu as atterris dans cette ville et comment je peux t’aider à retrouver tes souvenirs. Le plus probable, c’est qu’une nouvelle malédiction vous a été lancée. Mais par qui et pourquoi, je n’en sais rien. Wenda ne t’a vraiment rien dit de plus ? »

Comme il semblerait qu’elle ait toujours sa mémoire et ses souvenirs, elle doit savoir le pourquoi du comment il y a cette nouvelle malédiction et sûrement comment faire pour en venir à bout. Enfin, je l’espère. C’est la première fois depuis longtemps qu’une lueur d’espoir nait en moi, un mince espoir de retrouver mes pouvoirs et de peut-être rentrer chez moi. Peut-être…

Franchement, je venais de recevoir un coup de couteau en plein coeur. Je venais de me faire trahir par celle que je considérais vraiment comme ma meilleure amie et ma confidente. J’en étais arrivé à me dire que tout le monde me mentait autour de moi et je ne comprenais vraiment pas pourquoi. Est-ce que j’étais un être horrible dans le monde des Contes ? Est-ce que la plupart des personnes avaient peur de moi ? Tant de questions qui étaient en train de se rajouter à celles qui tournaient déjà dans ma tête à une vitesse folle. Je levais mon regard vers elle.

Elle avait l’air d’en connaître pas mal sur la situation. J’étais donc tout à fait disposer à l’écouter. Je me resservais un verre de vin car clairement, j’en avais besoin. J’allais ensuite m’assoir et je ne faisais pas le moindre bruit. Je me contentait uniquement de l’écouter. L’Apprenti ? C’était qui celui-là ? Je notais toutes les questions qui me viendraient au fur et à mesure dans un coin de ma tête. Tiens, Rumple ? Ce prénom ne m’était pas totalement inconnu. Je l’avais déjà entendu quelque part mais où ? J’allais devoir essayer de creuser dans ma mémoire.

Un coquillage magique ? Elle était sérieuse ? Je doutais fortement que ce soit le genre d’objet que l’on peut trouver par terre. Mais je la laisse continuer, je me suis fait la promesse de ne pas l’interrompre. Elle pose sa main dans la mienne et je la serre doucement. Je sais qu’elle a raison et que nous trouverons toujours un moyen de communiquer en cas de besoin. Car je ne vois vraiment pas ma vie sans elle. Elle est une amie vraiment importante pour moi. Régina, Blanche-Neige, ça fait clairement beaucoup à encaisser tout ça pour moi.

Je lève alors mes yeux vers elle en décidant de reprendre la parole. « Non, je te jure qu’elle ne m’a rien dit de plus. Elle m’a juste dit qu’elle était Wendy de Peter Pan. Mais ce prénom, Rumple, ça me dit vraiment quelque chose, je suis certain que j’ai eu affaire à lui mais je n’arrive pas à pousser mon souvenir plus loin que ça… Tu ne sais pas comment je pourrais faire pour retrouver ce souvenir ? Peut-être que si je vois sa tête, les souvenirs pourraient me revenir ? » Je terminais mon verre de vin sans lui lâcher la main.

Quelqu’un tape à la porte de mon bureau et nous coupe dans notre discussion. Je pense que c’est le livreur de sushi qui vient d’arriver avec notre commande. Je lâche la main de Dylan et me dirige rapidement en direction de la sortie de la pièce. Cela me laissera quelques minutes pour digérer la conversation que je viens d’avoir avec mon ami.
Juste le temps de payer et de récupérer le colis et je reviens en direction de mon bureau. Je ne sais pas comment va se poursuivre la suite de la soirée. Je me sens tellement coupable vis-à-vis de Dylan ou Dorian, je ne sais toujours pas comment je dois l’appeler maintenant.

J’aurais dû lui dire qui j’étais il y a de nombreuses années déjà. Je n’aurais pas vu cette déception et ce sentiment de solitude dans ses yeux. Ce n’est pas dans mon habitude de faire attention aux états d’âmes des uns et des autres.
Mais là, il s’agit de mon ami. En tout cas, celui que je considère comme mon ami depuis que je l’ai rencontré il y a presque deux ans dans les couloirs de son musée, lors d’une magnifique exposition sur les peintres italiens de la Renaissance.

Pourquoi ne l’ai-je jamais fait ? Bonne question. Peut-être par lâcheté et crainte de perdre ma situation comme je lui ai dit tout à l’heure ? C’est probable. Une autre raison ? C’est certain. Ne sachant pas si un jour je retrouverais mes pouvoirs et mon monde, je voulais essayer d’oublier le plus possible et le plus vite possible d’où je venais.
Tout ce que je voulais, c’était retrouver un semblant de pouvoir d’une façon ou d’une autre. Passer des marchés en ma faveur a toujours été une habitude même quand j’avais mes pouvoirs et je m’en suis encore plus servie depuis mon atterrissage dans New York.

J’installe les différents plateaux au milieu de mon bureau et tends mécaniquement une paire de baguettes à mon invité. Il met du temps à s’en saisir et en le regardant de plus près, je vois qu’il est concentré sur tout ce qu’on venait de dire.
Je pose délicatement les couverts devant lui, remplis son verre et retourne m’installer à ma place. Dorian reprend la parole, attrape à nouveau ma main et m’explique que Wenda ne lui a rien dit de plus que son véritable nom et son histoire.
Il vient de me confirmer qu’il s’agissait bien de Wendy Darling dans le Monde des Contes. Il revient ensuite sur Rumpel. Son nom lui était familier mais n’arrivait pas à se souvenir comment il le connaissait. De mon côté, je le connaissais trop bien.

« Ce n’est pas une bonne nouvelle si tu te souviens de cette personne. Je vais essayer de t’en faire une description la plus fidèle possible. C’est un homme avec une peau complètement dorée, des manières assez particulières, il a un rire assez crispant et froid.
Aucune chaleur humaine ne se dégage de cet homme, au contraire, dès que tu le vois arriver, ce sont des frissons qui te parcourent. Il pratique la magie, noire et dangereuse, il aime passer des marchés qui font appels à ses pouvoirs. Il demande toujours un prix élevé à ses marchés.
Pas de l’argent, il change la paille en or et ne sait que faire de tout son or. Ce sont des services, des demandes très chères affectivement parlant. Il a tendance à dire que toute magie a un prix qu’il faut payer un jour. Pour sa part, le jour où il devra payer, ça lui coûtera une vraie fortune… »

Mon regard se perd dans le vide rien qu’en repensant à cet affreux personnage. Je n’avais jamais eu confiance en lui mais malheureusement mon chemin avait croisé le sien plus d’une fois et j’ai dû composer avec.
Dylan, euh Dorian, me pose une nouvelle question à laquelle je ne suis pas sûre d’avoir une réponse. Comment peut-il retrouver ses souvenirs ? Puis-je l’aider à se rappeler son ancienne vie ? Je prends le temps de réfléchir avant de lui répondre.

« Ce genre d’amnésie est souvent due à une malédiction très puissante comme je te l’ai dit tout à l’heure. Chaque malédiction a sa propre raison d’être et son propre contre sort. Je ne sais rien de la magie qui t’a conduit ici ni qui l’a utilisé et pourquoi.
Ce n’est pas un manque de volonté de ma part, je voudrais vraiment t’aider à te souvenir de tout ce qui compose ton passé. De mémoire, il y a une possibilité pour vaincre n’importe quelle malédiction. Je ne sais pas si c’est valable pour ce mauvais sort… »

De ce qu’il me reste de mes souvenirs de sorcière et de ce que j’ai pu lire dans mon ancienne vie, il existe une seule forme de magie assez pure pour briser n’importe quel sortilège : l’amour véritable.

Un seul baiser du véritable amour peut venir à bout de nombreux maléfices…

J’étais tellement pris dans la conversation avec Ursula que je n’avais pas fait attention que le livreur devait arriver sous peu. Je sursautais quand ce dernier se manifesta. Ursula se leva tout de suite pour aller récupérer notre commande. En ce qui me concernait, je me passais une main dans les cheveux en signe de nervosité et je restais assis. J’avais les jambes qui tremblaient suite à tout ce que j’avais encaissé depuis le début de notre conversation. Je nous resservais du vin et je buvais le buvait d’une traite. Je le reposais en face de moi en attendant qu’elle revienne.

Je savais qu’Ursula m’appréciait depuis que nous nous étions connu. Nous étions vraiment devenu des amis proche et je la croyais sincère. Je ne savais plus vraiment ce que je devais penser car d’une certaine manière, elle m’avait trahi. Mais elle l’avait peut-être fait pour mon bien ? Je n’en avais aucune idée pour tout dire et j’avais encore tout un tas de question qui tournaient dans ma tête. Ursula ne tarda pas à revenir avec notre commande. Je ne savais même pas si j’allais réussir à avaler quoi que ce soit. Je sentais que mon estomac était complètement noué.

J’étais tellement prit dans mes pensées que je n’avais pas vu qu’elle me tendait les baguettes. Sa voix me fit sortir de mes pensées et j’écoutais attentivement ce qu’elle m’expliquait. Oui, plus j’y pensais et plus j’avais la sensation d’avoir eu déjà affaire à cet homme, enfin, si on pouvait dire que c’était un homme. Car à en jugeait par le portrait qu’elle me faisait, il s’agissait plutôt d’un sorcier plus que puissant. Son rire et la phrase qu’il ne cessait de r répéter, j’étais persuadé de l’avoir déjà entendu quelque part. « Oui, ça me dit quelque chose. C’est flou mais je ne sais pas, j’ai l’impression d’avoir déjà entendu cette phrase. »

Elle m’expliquait qu’il devait certainement exister une solution à mon amnésie, qui, je l’espérais, serait purement passagère. « Je t’écoute, c’est quoi cette solution miracle ? Je suis vraiment prêt à tout essayer tu sais. C’est important pour moi que je puisse me rappeler qui j’étais avant tout ça. » J’avais aussi hâte de savoir qui était le responsable de tout le bordel qui avait dans ma vie depuis que j’avais apprit que tous mes souvenirs n’étaient pas ma vraie vie. Je ferai tout pour que tout me reviennes.

A partir du moment où j’évoque un remède possible à son amnésie, les yeux de Dylan se sont ouverts et me regardent avec avidité. Je ne suis pas la mieux placée pour l’aider à retrouver sa mémoire. J’ai toujours été dans le camp de ceux qui lançaient ce genre de malédiction.
Bien entendu, je sais comment lever une malédiction comme je sais comment en lancer une. Toute bonne sorcière regarde toujours quel est le contre sort permettant de venir à bout du maléfice que l’on veut utiliser.

Mais là, il s’agit de mon ami. Je vais devoir revenir sur les principes qui ont régi ma vie pendant de nombreuses années. J’ai vraiment envie de l’aider à se souvenir qui il était. Au plus profond de mon être, j’espère aussi en l’aidant pouvoir m’aider moi-même.
J’avais complètement abandonné tout espoir de sortir de cette ville et de retrouver mes pouvoirs. Ce dîner impromptu et cette discussion me donnent une raison d’y croire à nouveau. Donc, si j’aide Dylan à briser sa malédiction, peut-être que mon exil forcé prendra fin lui-aussi.

Je prends le temps de peser le pour et le contre de tout ce que je m’apprête à dire à mon ami. Je le vois suspendu à mes lèvres avec un air implorant de l’aider si j’en suis capable. Le fait qu’il se souvienne même de façon floue du Ténébreux finit de me convaincre. La malédiction doit commencer à perdre de sa puissance si la simple évocation d’un nom réussit à raviver quelques souvenirs.
Je prends une gorgée de vin dans mon verre, inspire un bon coup et me lance. Quel va être la réaction de Dylan ? Ne va-t-il pas me rire au nez devant cette « solution miracle » comme il l’a appelé ? Il met tellement d’espoir dans ma réponse que j’ai peur qu’il ne soit déçu par la simplicité de la réponse.

« A true love kiss will break any curse » commencé-je à lui dire. La phrase me revient dans une autre langue mais la signification est compréhensible par n’importe qui. « Le baiser du véritable amour peut briser n’importe quel sort. Voilà la solution à ton problème d’amnésie. En tout cas, c’est le contre sort qui fonctionne pour la plupart des malédictions que j’ai pu étudié dans mon ancienne vie. »

J’attends de voir la réaction de mon ami. Je vois à ses yeux qu’il a l’air perplexe devant ma réponse. Je pense qu’il doit avoir encore des tonnes de questions. Osera t’il me les poser d’ici la fin de la soirée ou gardera t’il ses réflexions pour lui-même ?
Des questions germent doucement dans ma tête également. Y-a-t-il une personne correspondant à la description de l’antidote dans la vie de Dylan ? Mon choix se porterait vers Wenda, alias Wendy, mais serait-il possible qu’elle l’aime sincèrement ?

« Si tu as d’autres questions, je suis là pour essayer d’y répondre. J’essayerai de t’aider du mieux que je peux. »

Je connaissais suffisamment Uma pour savoir que cette dernière n’était pas le genre de femme à faire des promesses en l’air. Certes, elle m’avait caché pas mal de choses, mais j’avais décidé de passer par dessus et de passer à autre chose. Même si je devais bien avouer que sur le coup, la pilule avait plutôt était rude à avaler. Un baiser véritable ? C’était donc ça le remède miracle ? Pendant quelques secondes, je me demandais si elle n’était pas en train de se moquer de moi. «  Attends, c’est tout ? C’est juste ça le remède en question ? »

J’étais vraiment surpris. La femme de ma vie se trouvait chez elle et pourtant, je l’avais déjà embrassé plus d’une fois, voir même, plus si affinité, mais je ne suis pas ici pour parler de mes ébats amoureux. Alors pourquoi est-ce que ça n’avait pas marché ? J’étais sincère avec Wendy et j’étais profondément amoureux d’elle. Alors, d’où pouvait bien venir le problème ? Est-ce que ça voulait dire que cette dernière ne m’aimait pas autant que je l’aimais ? Je levais mon regard sur Uma. J’avais encore pas mal de questions qui venaient me trotter dans la tête.

« Mais attends, je l’ai déjà embrassé plus d’une fois, pourquoi est-ce que ça n’a pas fonctionné ? Est-ce que tu penses qu’elle ne m’aime pas assez ? Même si je dois bien avouer que j’en doute. Wendy n’a vraiment pas du tout l’air d’être le genre de femme à jouer avec les sentiments des autres. Elle a tellement souffert dans sa vie amoureuse, ça n’aurait vraiment aucun sens. En tout cas, je te remercie pour ton aide et pour toutes les explications que tu as pu m’apporter. » Je me levais en me passant une main dans les cheveux.

« Mais je vais rentrer chez moi si ça ne te dérange pas. J’ai besoin de me retrouver seul et de réfléchir à tout ce que tu m’as appris ce soir. »

Car oui, clairement j’avais l’impression que mon cerveau allait me sortir par les oreilles. Il fallait clairement que je prenne un peu de temps pour moi et que je me remette mes idées en place. J’allais aussi devoir parler avec Wendy mais avant toute chose, j’avais besoin de me retrouver dans mon appartement avec un bon verre, de la musique et mon fauteuil que j’aimais vraiment beaucoup.

Dylan, ou Dorian, a l’air plutôt dubitatif concernant l’hypothétique antidote que je viens de lui donner. Je peux le comprendre, déjà, il doit accepter que la magie existe, ce qui est compliqué en soi. Ensuite, il faut accepter le fait qu’une malédiction est à l’origine de toute la vie qu’il pense être la sienne jusqu’à ce jour.
Je ne sais pas comment j’aurais réagi à sa place si les rôles avaient été inversés. Depuis mon arrivée à New-York, j’ai essayé d’effacer mon passé et ma véritable identité. C’était mon choix, ce n’est pas le sien. J’aurais sûrement l’impression que quelqu’un m’a volé ma vie et mon destin. Juste insupportable à concevoir.

Mon invité du soir m’explique que si un baiser véritable était le remède à son amnésie, cela fait longtemps que ses souvenirs auraient dû revenir car il aimait profondément Wenda et il est persuadé que cet amour est réciproque.
Je le crois concernant ses sentiments ainsi que ceux de Madame Darwin ou Darling. Il suffit de les voir ensemble pour s’apercevoir que leur couple dégouline de sincérité et de mièvrerie. Donc, mon remède passe-partout n’est pas le bon pour cette malédiction. Cela me laisse perplexe.

« Effectivement, il aurait déjà dû fonctionner. Je ne pense pas qu’elle se moque de toi et ne doute jamais de son amour pour toi, jamais.
D’après ce que tu me dis, si l’antidote basique ne fonctionne pas, c’est que la malédiction qui t’a touché est bien plus complexe que celles que j’ai pu voir, lancer ou subir jusque-là. »

Je réfléchis à tout ce que cela impliquerait. Cette malédiction a été lancée par une personne possédant un grand pouvoir magique ou par un ensemble de personnes particulièrement puissantes ou carrément un mélange des deux.
La solution pour rompre ce mauvais sort doit être tout aussi complexe que de connaître l’identité de son ou ses auteurs. Il va falloir que je fasse des recherches car même s’il n’y a pas de magie dans ce monde, les livres et la connaissance ont un pouvoir souvent insoupçonné.

Dylan se lève et me remercie de l’avoir écouté et surtout d’avoir répondu à ses questions. Je le laisse bien entendu partir car je peux comprendre qu’il est besoin de se retrouver seul avec lui-même après toutes les révélations qu’il vient d’entendre d’abord de la part de celle qu’il aime puis confirmées par celle qu’il considérait jusque-là comme son amie la plus proche.
De mon côté, je compte bien passer les prochaines heures à réfléchir à toute cette situation et surtout à comment je vais pouvoir en tirer le meilleur parti. Mon désir profond reste toujours de retrouver mes pouvoirs et mon royaume.

« Si je trouve de nouvelles informations concernant ton problème, compte sur moi pour te tenir au courant. Je te dois bien ça après ne pas t’avoir dit toute la vérité dès le début de notre amitié. »

Et je compte bien tenir cette promesse.