La lumière. Cette bienveillance qui devait être la mienne semblait de plus en plus absente alors que je tentais de le cacher au maximum. Même Lyna avait remarqué que j’étais plus distant. Plus absent et plus profondément dans mes pensées depuis que nous étions dans ce monde. Je m’isolais mentalement sans trop savoir qui croire et à quoi m’accrocher. Je tentais de comprendre ce qui m’entourait, mais la haine restait toujours au centre de mon âme. C’était étrange. C’est comme si, tout au fond de mon âme, je savais que je ne serais jamais le premier dans le coeur de personne. Peut-être que mon destin n’était pas tout fait de lumière au fond. J’étais quand même le fils de la Méchante Reine. C’était une chose à ne pas oublier. Je tâchais de me persuader que je n’étais pas comme cette dernière et au fond, j’étais exactement comme elle. J’étais son portrait tout craché alors que je tentais de le masquer.

Ma mère semblait heureuse que j’accepte sa proposition. J’avais envie d’apprendre la magie avec elle et puis elle était bien la meilleure pour me l’apprendre non ? Bien que j’avais également entre vu ma tante Zelena en faire également lors de la bataille contre ce dieu. Dieu qui avait perdu au passage comme une belle grosse merde. Je prenais la main de ma mère qui nous téléportait dans son caveau avec deux épées. Je regardais la plus grande des deux. Elle était magnifique et je souriais en coin avant d’avancer pour regarder ce qui composait cet endroit. J’étais attentif, mais je ne touchais à rien. On ne savait jamais sur quoi on pouvait tomber au final. Ma mère me questionnait pour savoir ce que j’aimerais apprendre. Je haussais les épaules, car, au fond, je ne savais même pas par quoi commencer.

- Je ne sais pas trop mère. Je t’avoue que je ne sais pas faire beaucoup de choses. Je me téléporte sur une vingtaine de mètres environ. Ma fumée est noire contrairement à tienne qui est violette. J’imagine que nous ne choisissons pas la couleur, car c’est quelque chose qui est au fond de nous. Une couleur qui nous est propre. J’ignore ce que cela signifie en fait … Mais bon … Qu’est-ce que c’est ?

Je m’approchais de l’emplacement avec tous les coffres contenant les coeurs. Je pouvais les entendre. J’étais totalement hypnotisé. Une magie qui m’intriguait au plus haut point. Peut-être ma haine intérieure et ma soif de vengeance qui me guidait directement vers cet endroit sombre. Je restais cependant de marbre en regardant très attentivement.

- Est-ce qu’il n’y a que nous qui pouvons les entendre ? On dirait … des … des battements de coeur.

J’interrogeais ma mère du regard. Enfermait-elle des créatures vivantes ici ?  

J’avais tellement de questions qui me traversaient l’esprit en cet instant. J’en oubliais complètement les sentiments d’abandon, de haine et de rage qui me consumaient de l’intérieur en ce moment et desquels je puisais ma source de magie sans même le savoir. Ma mère n’avait pas vraiment de réponse concernant la couleur de fumée que nous avions. Je hochais la tête à ses explications. Je demeurais un homme relativement attentif lorsque l’on m’enseignait quelque chose et je me rendais bien compte que j’avais beaucoup à apprendre de cette femme qui m’avait donné la vie. Mon attention se dérobait cependant sur les tiroirs contenant des coeurs. J’ignorais ce qu’ils contenaient en fait. J’étais simplement curieux et attiré par ces derniers. Je sentais la présence de la matriarche de notre famille près de moi et je l’écoutais avec attention.

Ainsi donc, nous pouvions retirer le coeur des gens et ils étaient ainsi sous notre emprise au besoin. Nous pouvions également les tuer si nous le souhaitions. Je crois que j’aurais grandement apprécié faire ce petit tour de magie sur Hook lorsque j’en aurais eu l’occasion. Elle me confirmait cependant que c’était de la mauvaise magie. Une magie sombre et dangereuse. Je comprenais parfaitement ce qu’elle avait pu ressentir. J’avais moi-même parfois ces sentiments qui m’envahissaient d’un coup. Parfois, je les laissais prendre le dessus et d’autres fois, je faisais comme en ce moment et je restais parfaitement calme et paisible. Je me sentais relativement bien dans cette pièce contenant tout le savoir de ma mère.

Elle ouvrait un tiroir pour me montrer l’un des coeurs. Sa couleur et sa luminosité avaient quelque chose d’absolument magnifique. Cela en était presque hypnotisant. Je le regardais sans le toucher ne désirant point porter préjudice à la personne à qui il appartenait par erreur. Ma mère plongeait ensuite son regard dans le mien en me demandant de lui promettre de ne pas faire les mêmes erreurs qu’elle. Je poussais un soupir en mettant mes mains dans mes poches de pantalon avant de lui répondre.

- Je tâcherai de te rendre fière, mais je dois t’avouer que j’ignore comment canaliser toute cette … Ah comment dire … Cette rage … Ce manque … Ce gouffre et cette haine que j’ai au fond de moi.

J’avais quitté son regard pour m’approcher d’un livre. Je le regardais avec une immense attention en tournant les pages. Son grimoire sans doute, car je reconnaissais son écriture avec des annotations pour avoir eu la liste des courses à quelques reprises.

- Je ne suis pas un homme fondamentalement mauvais mère. Je ne veux pas que vous pensiez une chose pareille. Je crois que je manque simplement d’expérience. J’ai toujours gardé mes émotions pour moi pour laisser la place à Lina. Les choses sont ainsi entre nous. Nous formons une sorte d’être à nous deux. Elle me connaît mieux que quiconque, mais je crains que sa connaissance de ma personne ne soit cependant pas suffisante pour me faire sentir … entier.

Je tentais de faire comprendre à ma mère que je n’avais jamais aimé. Pas un amour d’un soir ou quelque chose du genre. Un amour profond et véritable qui n’avait rien à voir. Je caressais ce rêve très secrètement et je le gardais pour moi.

- Comment avez-vous su que mon père était le bon pour vous ?

Je la regardais dans les yeux. Elle allait probablement se douter que malgré mon âge je n'avais rien vécu à un niveau plus intime. Je savais comment se passaient les choses, mais je m'étais préservé par choix. Il y avait toujours une masse de conquêtes dans les ports des Sept Mers.  

Ma mère était certainement la femme la plus apte à m’aider à canaliser ce que j’avais au fond de moi. Je ne voulais pas sombrer et je ne voulais pas me faire engloutir par la souffrance et la haine. Je voulais apprendre à utiliser de la bonne magie et ne pas me faire consumer par elle. Je devais cependant avouer que c’était difficile par moment d’avoir des émotions positives alors que je me sentais totalement à côté de la plaque. J’avais parfois l’impression de tout faire de travers et il y avait cette brune que j’avais croisée à quelques reprises alors que je marchais en ville. Je n’arrivais pas à me retirer ses yeux de la tête. C’était tellement étrange. Ma mère disait être fière de moi et déjà, j’avais un petit sourire en coin. Je n’étais pas l’enfant le plus facile de la bande il faut dire. J’avais mon petit caractère à moi que je ne tenais pas des voisins.

La «méchante» reine ne pensait pas que j’étais mauvais. C’était un bon point alors que je regardais les choses qui se trouvaient autour de moi. Il est vrai que j’étais très soudé avec ma soeur. Elle était mon autre moitié. J’avais parfois l’impression de partager le même cerveau. C’était un peu perturbant. Des histoires de jumeaux en quelque sorte. C’était complexe à expliquer et ce n’était pas tout le monde qui était capable d’en comprendre la profondeur. Je me passais une main pour envoyer mes cheveux vers l’arrière.

- Oh ça pour la protéger… Je défis quiconque de lui faire du mal. Il aura des comptes à me rendre. Je suis loin d’être un tendre de ce côté-là. Je n’aime pas que l’on fasse du mal à ceux que j’aime.

Je défiais également quiconque qui voudrait faire du mal à mon petit frère Henry. Il risquait de me voir débarquer. Il avait beau être mon grand frère en théorie, il était mon petit frère à mes yeux. C’était un peu étrange au final toute cette histoire. J’osais ensuite changer drastiquement de sujet. Je demandais à ma mère comment elle avait fait pour savoir que mon père était le bon. Je ne connaissais pas grand-chose aux histoires d’âme soeur et tout. J’ignorais même si j’y croyais, mais si je posais la question c’était clairement que j’étais intrigué et qu’une part de moi voulait y croire. J’écoutais l’histoire qu’elle me racontait avec une immense attention. Je me mettais à rougir un peu alors qu’elle me demandait si j’étais amoureux.

- Je … Je n’en sais rien. J’ai croisé une femme à plusieurs reprises en ville. J’ignore son nom et son prénom. J’ignore qui elle est, mais je sens quelque chose… C’est vraiment étrange. Je n’ai pas osé l’aborder. Je crois que j’ai peur de me ridiculiser comme jamais devant elle. Disons que je … enfin je n’ai pas nécessairement d’expérience avec les femmes. J’ai bien connu des femmes dans des ports, mais ça s’arrêtait là enfin … ça n’a jamais … Ah fais chier.

Je me massais le front. J’étais vraiment en train de parler de ma vie intime avec ma mère là ? J’étais vraiment en train de ramollir à ce point ? Je n’étais pas bien fier de moi là.  

Être le fils de Regina Mills et de Robin De Locksley pouvait paraître anodin, mais il n’en était absolument rien. J’étais censé être le plus jeune de la famille et pourtant, j’étais le plus vieux avec Lina. J’étais devenu un homme et j’avais vécu mes vingt années comme jamais. Je savais que je n’étais qu’un bébé aux yeux de ma mère et c’était sans doute le plus difficile à vivre. Elle devrait comprendre qu’elle n’avait pas un enfant en face d’elle. Elle avait un homme en face d’elle tout simplement. Je manquais peut-être d’expérience dans mes biens des domaines, mais j’excellais grandement dans d’autres. Je ne voulais pas laisser la rage et la haine me consumer. Je voulais apprendre à vivre normalement dans ce monde et être bienveillant. Je ne pensais pas être un homme profondément mauvais de toute façon. Ma mère ne le croyait pas non plus.

J’osais même m’aventurer dans une confidence que je gardais pour moi. Cette femme que je croisais trop souvent et qui me faisait perdre mes moyens. C’était ça un coup de foudre ? Était-elle celle qui m’était destinée ? Je n’en avais aucune idée au final. Je perdais complètement mes moyens en tombant nez à nez avec cette femme et pourtant … Je me passais une main dans les cheveux et je regardais ma mère dans les yeux. Je riais nerveusement en la regardant.

- Je n’ai pas osé lui demander son nom et son prénom. Je ne sais pas pourquoi … Je perds complètement mes moyens en la voyant… Je n’ai rien calculé pourtant, mais elle semble croiser mon chemin dès que je mets le nez à l’extérieur.

Je m’appuyais ensuite contre le mur et je croisais les bras en regardant ma mère. Je ne savais pas trop comment décrire la femme que j’avais vue alors, je haussais les épaules sans trop savoir quoi répondre en réalité.

- Je l’ai simplement croisé comme je t’ai dit. Je ne sais rien d’elle en dehors qu’elle a une longue chevelure brune ondulée et un regard qui m’empêche de faire le moindre geste. Je ne l’ai jamais croisé dans notre monde, mais de ce que j’ai compris les gens ne sont pas tous arrivés au même moment et ne viennent pas tous du même monde. Un jour, je me risquerai à lui parler, mais pas tout de suite … Rentrons tu veux bien ? J’ai promis à Henry de faire une partie de … Ah je ne sais plus le nom du jeu, mais enfin, je lui avais promis…

Je m’approchais de ma mère et je passais mon bras par-dessus ses épaules. Je posais un baiser sur sa tempe avec douceur. Finalement, cette discussion m’avait plus détendu que je voulais le croire et je me sentais bien. Je gardais mes lèvres sur sa tempe pour lui parler avec douceur. C'était assez rare que je sois comme ça avec quelqu'un d'autre que Lina en fait.

- On se fera une petite séance magique quand tu auras un peu de temps mère. Merci d’être venu me rejoindre. Je t'aime mère.

Je lui faisais un sourire. Il était temps de rejoindre la famille. Téléportation ou autre, peu importe. J’allais tenter de m’intégrer davantage même si je ne me sentais pas tous les jours à ma place.