Un jour, nous avions depuis longtemps arrêté le compte de nos jours d’emprisonnement, un garde vint dans notre cellule. Il hésita quelques secondes devant nous trois. Nous avions beau avoir grandi, nous restions indissociables les uns des autres. Puis, comme si on lui avait soufflé un ordre muet, il s’empara sans ménagement de Hamish. Je hurlai et me ruai vers la porte de la cellule, juste au moment où elle se refermait. « Où est-ce que vous l’emmenez ? Qu’est-ce que vous allez lui faire ?! » Je m’époumonai en vain. Le garde ne se retourna même à mes protestations. Je retournai, dévasté, vers Hubert. Il avait en quelque sorte toujours été le plus faible d’entre nous et cela faisait longtemps qu’il avait perdu tout espoir de revoir sa liberté. Je le serrais dans mes bras, en lui murmurant de ne pas s’en faire, que tout irait et que Merida n’allait pas tardé. En disant cela, je regardai le plafond de notre cellule et me mis à faire une prière muette pour que cela ne soit pas un mensonge. Hamish ne reparut jamais dans notre prison et nous n’avions aucune nouvelle de lui, je commençais même à me dire qu’il n’était plus de ce monde lorsqu’on vint me récupérer et me tirer. Je hurlai et me débattais, ne voulant pas laisser mon frère seul, lui qui l’était déjà tellement dans son esprit ne supporterait pas en plus de l’être physiquement. Lorsque nous tournâmes dans un couloir, je me calmai et me forçai à retenir le parcours que nous étions en train d’effectuer. Gauche, droite, gauche, gauche, on monte une volée de marche puis une autre à droite. Ce château était un véritable labyrinthe et je ne voyais comment je pourrais me repérer facilement dans ce dédale de couloir. Chez nous, à Dunbroch, nous avions toujours été ensemble, les triplés inséparables. Si l’un de nous oublier le chemin, il y en avait forcément un autre pour se souvenir du passage à emprunter. Là, je me sentais désespérément seul et abandonné. Où est-ce qu’on m’emmenait et qu’allais-je devenir ? Et puis Hamish qu’était-il devenu ? Sans compter Hubert, qu’allait-il devenir ? Mon cœur se serrait à ses pensées maussades.
Enfin, j’arrivai dans une immense salle avec un miroir au fond. « Empêchez-le de le regarder ! » De quoi ? Mais on me détourna vivement et me mis dos au miroir, mais face à cette femme, Ingrid avec… Hamish à ses côtés ! Quoiqu’en y regardant de plus près, il ne s’agissait pas de mon frère, mais cela je m’en rendis compte un peu plus tard. Je me précipitai vers lui pour le prendre dans mes bras, mais il me repoussa vivement. Je regardai mon frère bouche-bée puis cette… sorcière avait un mépris évident.
- Hamish ! Mon frère ! Que t’arrive-t-il et que t’a-t-elle fait ?!
- Je ne suis pas ton frère ! Et elle ne m’a rien fait du tout, si ce n’est me montrer la voie. Tu devrais l’écouter, ses paroles sont sages et si tu fais ce qu’elle te demande, elle te donnera ce que nous avons toujours voulu : de la reconnaissance !
Je n’en croyais pas mes oreilles. Qu’est-ce qu’elle lui avait fait pour le rendre si… servile, lui qui n’avait jamais écouté personne, même nous avions du mal à lui faire entendre raison parfois. Je voulus à nouveau me ruer sur elle pour lui régler son compte, mais un garde me retint par l’épaule sans moyen de me mouvoir. Finalement, avec un sourire triomphant sur les lèvres, la reine des Glaces se mit, enfin, à parler :
- Je sais que tu ne me croiras pas, mais ton frère à raison : je peux vous offrir ce dont vous avez toujours rêver, la reconnaissance de votre valeur ou… dans ton cas, je suppose que tu désirerais bien plus la liberté de ton frère.
A ces mots, je me « détendis » net, je ne bougeais plus et j’étais prêt à l’écouter même si je la suspectai encore de jouer un mauvais. La magie n’apportait jamais rien de bon, c’était drôle pendant un temps, mais nous savions dans notre famille qu’à terme elle pouvait se révéler destructrice. Le garde enleva sa main, même s’il était prêt à me neutraliser au moindre écart, et sa « reine » commença à me tourner autour tout en me servant son long baratin.
- Je sais que dans votre famille, vous, les triplés, n’avait jamais été reconnu à votre juste valeur. Je peux vous donner tout cela…
- Ah ouais ? Et comment ? En nous kidnappant ? Waouh, vraiment c’est vrai que là notre valeur va être reconnu !
- Tais-toi et écoute-moi !
Soudain, c’était comme si elle m’avait jeté un mauvais sort : impossible d’ouvrir à nouveau la bouche, malgré tous les efforts que j’y mettais. Par la même occasion, elle demanda à mon frère ainsi qu’au garde de sortir. Ils hésitèrent tous les deux pendant quelques instants avant de se rappeler que les ordres de leur reine n’étaient pas discutables.
- Je sens que tu as une grande valeur en toi. Cependant, je sens aussi que ce que tu désires le plus : libérer tes frères. Tu sais à quel point mes pouvoirs sont grands, il ne me faudrait pas longtemps pour faire à Hubert la même chose qu’à Hamish. Mais avant de mettre ma menace à exécution, je veux te prouver ma bonne foi et te laisser une chance de faire tes preuves : j’ai entendu dire que le Chapelier Fou, un homme qui voyage à travers les mondes, allait créer un rassemblement de personnes effrayés par ma « menace », vraiment c’est ridicule de croire que je suis une menace, alors qu’il suffit de m’écouter ! Vas à ce rassemblement, mêle-toi à la foule, tu iras dans un monde parallèle appelé Storybrooke. Ta mission est on ne peut plus basique : trouve tout ce que tu peux sur la ville, infiltre-toi, trouve une faille par laquelle je puisse passer pour m’immiscer en ville et rapporte des informations utiles. Tu verras tu seras grandement récompensé de ta loyauté. Personne ne reniera plus ta bravoure !
Elle vit mon hésitation. Comment pouvais-je sérieusement lui faire confiance ? Elle qui avait ensorceler l’un de mes frères et menacer de faire la même chose au deuxième. Ingrid ajouta que je n’avais que jusqu’à demain pour prendre une décision : demain le groupe partirait et je n’aurais plus aucune chance de pouvoir sauver mes frères. Elle appela un garde qui me raccompagna en cellule, mais cette fois dans un endroit bien plus éloigné du château et donc encore plus loin de mon frère.