L'air frais insuffla une étrange sensation de légèreté dans l'esprit de Robin, qui mains dans les poches, continuait à marcher. Le soleil avait tiré sa révérence depuis quelques minutes. Comme chaque jour, à cette heure de la soirée, l'archer s'octroyait une petite sortie en ville, histoire de se familiariser un peu plus avec son nouvel environnement. Peu à peu, les lampadaires se substituèrent à la lumière du jour, conférant un aspect un peu plus pittoresque à la ville. La journée touchant à sa fin, certains commerçants fermaient boutique pour retrouver leur domicile, tandis que d'autres traînaient encore un peu, profitant du passage de certains habitants. L'ambiance semblait conviviale, à croire que les gens étaient plus enclins à sourire en fin de journée. Robin eut même le droit à quelques sourires et quelques « bonsoirs » preuve que les mentalités commençaient « enfin » à changer. Mais rien n'était acquit pour autant, car si les mentalités semblaient promptes à l'évolution, certaines personnes continuaient à se montrer méfiante à l'égard des hommes des bois.
« -Ecoutez nous sommes des étrangers ! Ça n'est pas une évidence, c'est un constat. Et l'on continuera à nous traiter de la sorte, tant que nous ne serons pas intégrés à cette ville. Je sais que la plupart d'entre vous peine à s'acclimater et je ne peux les blâmer. Mais nous devons aller de l'avant mes frères. Je ne vais pas vous mentir, j'ignore si un retour est possible, le cas échéant, je serais incapable de vous dire quand. Ainsi, je pense qu'il est préférable d'essayer de s'intégrer. Comme vous l'aurez remarqué, nous n'avons nul besoin de réparer une quelconque injustice. Madame le Maire, le Shérif Swan ainsi que d'autres habitants de Storybrooke agissent de concert pour faire perdurer la quiétude et la sécurité. Nous devons donc nous tourner vers d'autre activité, légale qui plus est. D'ici quelques jours, il vous sera possible de vous présenter à la Mairie qui est à la recherche de main d'œuvre pour la construction d'habitations. Regina… Madame le Maire, m'a fait savoir qu'elle pourrait faire engager certains d'autres vous. Vous aurez un salaire, de quoi vivre sans avoir à voler. Je vais moi-même apporter mon aide et chercher un emploi. Une nouvelle vie commence mes frères, faisons en bon usage ! »
Songeant encore au discours qu'il avait tenu à ses compagnons d'infortune, quelques jours auparavant, Robin continuait à marcher sur Main Street. La plupart des Merry-men avaient depuis réussi à obtenir divers postes dans le bâtiment grâce au projet de constructions d'habitations. Dans un souci de sécurité et pour ne pas trop isolé le groupe, les constructions ne furent pas établies au milieu, mais à l'orée des bois. D'ailleurs, les travaux ayant bien commencé, il était à présent difficile de s'y rendre en journée. Les Merry-men ne faisant pas les choses à moitié, ils leur arrivaient même de travailler de nuit pour avancer plus rapidement. Preuve que les mentalités commençaient à évoluer, certains dont Marco et son apprenti, firent parvenir quelques projecteurs à la joyeuse compagnie. Robin qui n'avait pas souscrit aux formulaires mis en place pour être rémunéré, n'en demeurait pas moins utile et prêtait main forte autant que possible à ses camarades. Et puis c'était aussi l'occasion de pouvoir croiser Regina de temps à autre, une bonne excuse en l'occurrence. Malgré ça, il n'était pas naïf, il était impératif qu'il trouve lui-même un travail. Il avait donc démarché plusieurs commerces tels que le Granny's, Le Marine garage, le Game of Thorns (boutique de fleurs de Moe French). Des entreprises vaines autant que pouvait l'être ses tentatives d'approche. Par fierté, il se garda de faire part de ses infructueuses tentatives aux autres et surtout à une certaine brunette à l'origine de ce projet de recherche d'emploi.
Il continua donc à marcher sans trop savoir où aller. Ce parcours le mena vers des environs encore inexplorés. Sans trop savoir pourquoi, il se laissa hypnotisé par quelques néons et tel un papillon attiré par la lumière, il avança dans leur direction. C'est ainsi qu'il se retrouva face à la devanture du Libertease qui semblait, au vu de l'affiche, à la recherche d'un nouveau barman. Robin qui avait jadis géré une taverne avec Marianne, se sentait pourvu de l'expérience nécessaire pour prétendre à ce genre de poste. Il ignorait seulement où il venait de mettre les pieds. « -Excusez-moi ! Il y a quelqu'un ?! » lança-t-il en pénétrant à l'intérieur de l'établissement. Son regard se posa sur les quelques barres et autre cage qui ornait la scène. Intrigué, il les observa dans le détail. L'établissement était encore désert au vu de l'heure. Cela ne découragea pas le futur ancien voleur, qui avança vers le bar à la recherche du responsable des lieux. « -Il y a quelqu'un ?! » réitéra-t-il.
« Non mais ce n’est pas possible ! Comment avez-vous pu être aussi sotte on ne tente pas une figure qu’on ne contrôle pas combien de fois est-ce que je devrais vous le dire ? »
Face à mes deux danseuses blessées, je vociférais en attendant que les pompiers viennent les chercher à l’arrière du club tandis que les deux jeunes femmes gémissaient de douleur, je sentais mon agacement monter en flèche. Cette salle de répétition et de gym était faites pour tous les salariés du Libertease, mais les règles étaient simple : on ne tentait pas de dépasser ses limites sans une personne plus expérimentée. Elles avaient transgressé toutes ses règles et elles m’avaient appelé une fois à terre, en pleurnichant comme un enfant privée de bonbon. Ces dernières s’excusant de manière pitoyable, je leur signifiais de se taire en un mouvement autoritaire de la main, j’avais une terrible migraine depuis que j’avais été extrait de mes rêves démoniaques comme tant de matin depuis la levée de la malédiction, je n’avais guère envie de les écouter tenter de justifier l’injustifiable. Je connaissais ce monde. Je savais qu’entre les danseuses il y avait une compétition terrible qui pouvait les pousser à se donner à fond. En temps normal j’appréciais cette compétition, c’était elle qui m’avait poussé à devenir la meilleure, mais jamais je n’avais été assez stupide pour me faire mal. Saisissant mon portable, j’appelais un des hommes de la sécurité qui gardait le Club en l’attente que la nuit ne fasse venir nos premiers clients pour lui demander de veiller sur les deux gourgandines, le temps que je leur trouve des remplaçantes. Ce dernier m’assurant qu’il serait là dans deux minutes, je raccrochais parcourant le planning des danseuses à la recherche des deux capable d’assurer le show ce soir, sous le regard inquiet des blessées. Mickael, passant la porte, je reprenais la parole :
« Les pompiers ne vont pas tarder à arriver, assure toi qu’ils les prennent en charge et repars à ton poste, je vais leur trouver des remplaçantes, j’assurerais la surveillance du Libertease le temps de ton absence. »
« Bien Neilina ! »
Sur ses mots, et sans le moindre regard vers les deux jeunes femmes responsable de ma mauvaise humeur, je me décidais à appeler Jenna tout en étant sur le chemin du retour. Il n’y avait qu’elle qui pourrait apprendre ce numéro rapidement seulement j’allais devoir la payer double. La garce avait pris sa soirée, et elle savait qu’elle m’était essentielle, elle allait en jouer et je serais contrainte d’y céder. Je détestais faire cela. Comme je l’avais prédis, la plus agaçante de mes employés joua la carte du refus avant d’ouvrir les négociations attisant une fois de plus ma colère et réveillant la Méduse qui de son côté trouver la situation hilarante. Poings serré, mes phalanges blanchissant tant elle serrait mon portable, j’acceptais de la payer double et en cash si elle assurait le show à la perfection et qu’elle débarquait dans l’heure qui suivait pour attaquer les répétitions. Une fois la discussion close, je m’enfonçais dans le canapé où je m’étais assise en laissant tomber mon téléphone à l’intérieur le temps de me masser les tempes. Plutôt qu’un numéro à quatre, ça sera un numéro à trois, point barre, si Jenna voulait être payée plus elle se donnera plus et remplacera les deux gourdes. Une voix masculine brisant la silence du club, je sursautais, avant de me remettre sur mes pieds, mon premier réflexe étant de vociféré sur la sécurité qui avait laissé entrer un inconnu alors que le club n’avait pas ouvert ses portes, avant de me souvenirs que mon agent de sécurité assurer la liaison entre les pompiers et mes deux acrobates de pacotille. Laissant échapper un soupir, je me levais tandis que l’homme réitérait sa question en demandant si quelqu’un était là, comme à mon habitude je gravais un sourire sur mes lèvres bien que j’avais plus envie d’hurler que de me montrer avenante et sortais de l’ombre faisant face aux trentenaires :
« Bonsoir monsieur, Neilina Kramers la gérante du Libertease, que puis-je faire pour vous ? »
Demandais-je tout en tendant une main ferme et déterminée vers lui.
Trouver du travail ! Cela pouvait paraître simple pour le commun des mortels, ça l'était un peu moins pour Robin qui découvrait en plus de la modernité, les difficultés liées à la recherche d'emploi. Bien sûr cela n'était pas une priorité, mais il ne pouvait se résoudre à continuer de profiter des dons de certains habitants et plus encore, il supportait de moins en moins le fait de voir Regina tout payer. Elle ne semblait s'en offusquer bien au contraire, mais lui peinait à accepter d'être entretenu. Il ne concevait pas les choses de la sorte et demeurait sûrement trop fier pour le faire savoir tout haut. Il avait ainsi commencé par le Granny's en vain. Le garage tenu par Marco, toujours non. Pour ainsi dire, son manque criard d'expérience, n'incitait personne à l'embaucher et le fait qu'il semble proche de Madame le Maire constituait également un frein pour les hypothétiques employeurs qu'il prenait le temps de rencontrer. Ce soir encore, il marchait et avait en tête de s'arrêter au port afin de s'enquérir des disponibilités et des postes à pourvoir. Par chance, il se retrouva devant le néon exubérant du « Libertease » qui laissait entrevoir sur sa façade, un panneau énonçant la recherche d'un barman. Robin, qui ignorait tout de l'établissement et de ses activités réservées à un public avertit, pénétra les lieux naïvement avouons-le. Il ne se formalisa pas de la décoration, ni de la présence des barres de pôle dance et des cages. « Sûrement, un truc d'ici ! » se disait-il sans vraiment chercher à comprendre.
Les lieux semblaient desserts, malgré la porte déverrouillée. Une bien étrange entrée en matière. Robin, toujours hésitant, fit quelques pas dans la salle et avança vers le bar, petit îlot de lumière dans les ténèbres érotiques. Prenant sur lui, l'ancien voleur réitéra sa demande, espérant trouver quelqu'un à qui parler en ces lieux étranges. Et ce, quelqu'un se présenta à lui, tout sourire et joliment apprêtée. « -Bonsoir, Robin de Locksley ! » dit-il quelque peu hésitant en lui serrant la main. « -Je me baladais dehors et j'ai vu votre écriteau sur la vitrine. Vous recherchez un barman, c'est ça ? » À peine eut-il le temps de finir sa phrase que la porte d'entrée s'ouvrit à la volée laissant apparaître les pompiers qui comme d'habitude s'étaient de toute évidente trompée d'entrée. Robin s'écarta pour leur laisser la place, attendant patiemment de pouvoir reprendre la conversation avec la propriétaire des lieux qui indiqua aux secours où se trouvaient « les blessés » Le dénommé Michael, l'agent de sécurité, refit son apparition pour reprendre sa place. Intrigué par la présence de Robin, il le dévisagea, rendant la situation encore plus tendue pour le nouvel arrivant. « -Je viens en paix ! » lança-t-il à l'encontre du cerbère tandis que Neilina revenait vers lui.
« -Je suis désolé de venir à vous alors que de toute évidence vous semblez accaparé ! Je vais rapide et clair. Voilà, je fais partie des nouveaux arrivants et comme j'ignore combien de temps nous allons rester ici, je me suis dit qu'il serait raisonnable de trouver un emploi légal de surcroît. Cela permettrait aussi de faire taire les rumeurs à mon sujet. Donc voilà, je n'ai pas de réelles expériences, mis à part le fait d'avoir tenu une taverne dans l'Ancien Monde avant que la malédiction n'emporte tout sur son passage. J'officiais derrière le comptoir. Je suis patient, souriant, j'ai la conversation facile. Je crois avoir fait le tour. Pardonnez d'avance mes maladresses. Je n'ai pas l'habitude de faire cela, j'entends par la démarcher pour trouver un emploi. Donc voilà, je suis plus ou moins disponible et j'ai un téléphone portable dont je sais à peu prêt me servir. » Il acheva sa tirade par un petit sourire espérant que cela suffise à convaincre cette chère Neilina qui était aussi accessoirement une des amies de Regina. Un détail dont l'archer n'avait pas connaissance de toute évidence.
Tout en me présentant face à l’inconnu, je me félicitais de mes talents de comédienne, consciente que mon agacement croissant était parfaitement dissimulé derrière mon masque angélique. Voilà un des rares avantages que j’avais dégoté en prenant la place de la vraie Anne De Winter, l’art de bien paraître qu’importe la nature de mes émotions ou de mes pensées. En parfaite maitresse de maison, je me présentais dans les règles de l’art lui offrant mon prénom ainsi que ma fonction dans l’établissement. Face à moi se trouvait un homme d’une trentaine d’année bien tassée, me détailla discrètement avant de se monter hésitant à me serrer la main pour me donner son prénom. Robin de Locksley, ce nom sonnait avec familiarité dans mon esprit, sans que je ne puisse comprendre d’où cela venait et pour être honnête je me fichais de savoir qui il avait été dans notre monde, ce qui m’intéressait, s’était de connaitre les raisons de sa présence dans mon établissement. Forte heureusement, ce dernier ne se fit pas prier pour passer aux aveux. Robin m’avoua qu’il passait dans la rue et qu’il avait aperçu l’annonce pour le barman avant de me demander une confirmation. Un sourire amusé naissant sur mes lèvres j’haussais la tête avant de répondre :
« Tout à fait monsieur De Locksley, dois-je en déduire que vous êtes intéré … »
Les pompiers débarquant en trombe dans mon salon, je fus coupée net dans mon élan, restant bouche bée, et retrouvant subitement mon état colérique. Mes yeux envoyaient des éclairs de rage, que n’avaient-ils pas compris par la porte arrière ? Ses derniers me demandant où étaient les blessés, j’inspirais profondément, tout en m’applisaunt de ne pas m’attarder sur la beauté e leur uniforme pour répondre avec un brin d’agacement :
« A l’arrière du salon comme je vous l’ai dit au téléphone il y a dix minutes ! »
Saisissant mon téléphone dans un même mouvement j’appelais mon agent de sécurité qui répondait dès la première sonnerie.
« Les pompiers sont dans la grande salle peux-tu revenir et les conduire à nos grandes malades et par l’amour de Zeus fait les passer par l’arrière du club en repartant ! »
« J’arrive tout de suite Lina »
Ne prenant pas la peine de le remercier je raccrochais avant de m’adresser aux plus grader de la section, pour ajouter :
« Mickael va vous conduire aux blessés mais je vous serais gré de les évacuer à l’arrière du salon ! Elles n’ont pas besoin que toutes la ville soit au courant de leur maladresse »
« Naturellement Madame Kramers »
Concédait le caporal chef tout en s’efforçant de me sourire avant d’ordonner à ses hommes restaient dans le camion de se rendre à l’arrière du salon, puis de suivre mon agent de sécurité avec ses partenaires. Une fois ses derniers disparu, je poussais un nouveau soupir, avant de m’efforçais à reprendre mon masque de gentillesse et de sérénité. Ignorant la remarque du nouvel arrivant face à Mickael, qui avait certainement dû le regarder avec méfiance, pendant que je revenais vers Robin. Ce dernier se lança dans un long monologue, dans lequel il laissait transparaitre son stress. Pendant toutes ses explications, je croisais les bras, regardant Mickael reprendre son poste avant de reporter mon attention sur l’ancien meilleur archer de notre monde :
« Très bien, êtes vous disponible ce soir, le club ouvre dans quelques heures, si vous voulez vous pouvez faire un essai ? »
Ma proposition faite, je le détaillais avec attention avant de demander avec une légère hésitation, mon inquiétude se lisant dans mes yeux :
« Pardonnez-moi, mais est-ce que vous savez ce que nous faisons dans ce club ? »
Le dénommé Michael, l'agent de sécurité continuait à fixer Robin, une observation oppressante et gênante. Le nouvel arrivant qui ne savait comment agir en conséquence, préféra opter pour une pincée d'humour histoire de désamorcer une possible situation de crise. L'homme voulait se battre ? Après tout, il ne serait pas le premier à s'en prendre à Robin sans raison. Le cas échéant devait-il se tenir prêt pour parer une éventuelle attaque ? Hormis ce petit désagrément, l'on peut dire que le premier contact, malgré l'imprévu de la situation, ne fut pas si désagréable. La propriétaire des lieux, disons le peu commun pour une personne en provenance de la Forêt Enchantée, se montrait avenante et à l'écoute de son interlocuteur qui lui fit part du pourquoi du comment de sa présence. Bien sûr, Robin qui tentait ce qui s'apparentait à un coup d'épée dans l'eau, n'attendait rien de cette entrevue, habituée au refus coup sur coup. Il fut donc surpris lorsque la charmante demoiselle qui lui faisait face l'interrogea sur son intérêt pour le poste. À vrai dire, il s'attendait plus à un « laissez vos cordonnées, je vous recontacterai plus tard » Prit au dépourvu, il se retrouva bien bête quand Neïlina commença à formuler sa question. Par chance, parce qu'en de telles circonstances l'on peut parler de chance, les pompiers se trompèrent une fois encore d'entrée et firent leur apparition, laissant quelques secondes supplémentaires à l'ancien voleur qui tenta dès lors de développer son argumentation dans un soin de sa tête.
Les secours firent leur apparition et passèrent par la mauvaise entrée au grand dam de la propriétaire des lieux qui ne décolérait pas face à leur incompétence pour ce qui est de traiter une information. Robin, en retrait, observait intriguer la scène qui prenait vit sous ses yeux. Le cerbère refit son apparition pour jouer les guides auprès des secouristes. Le chef, (au vu des décorations supplémentaires sur l'uniforme) échangea quelques mots avec la jolie blonde. À en juger par son sourire éclatant, l'homme ne semblait pas indifférent aux charmes de la demoiselle, ou peut-être du lieu qui sait ! Se retrouvant à nouveau seul avec la propriétaire du club de Striptease, Robin débita son monologue. Chacun était à sa place, sauf lui de toute évidence, mais puisqu'on lui laissait sa chance, il se devait de la saisir au vol. « - Si je suis disponible ce soir ? Oui bien sûr. Dois-je en conclure que vous me laissez une chance ? » Bien sûr qu'elle te laisse une chance idiot, sinon quoi elle t'aurait déjà congédié depuis longtemps. « -Je crois que c'est dans mes cordes, je peux tenter l'essai » Le sourire aux lèvres, Robin reprenait un peu plus d'assurance et observait un peu plus dans le détail, les lieux pour tenter d'éluder la seconde interrogation de Miss Kramers qui observait elle aussi son invité, dans le détail.
« -Euh…Je vais être honnête, je n'ai retenu que l'avis de recherche pour le poste de barman et je ne me suis pas vraiment attardé sur les détails. Écoutez de vous à moi, je ne suis pas encore familier à tous les us et coutumes de votre monde. Il est question de spectacle non ? » Le dénommé Michael esquissa un léger sourire. « -J'en conclu que je suis loin du compte ? Ça n'est pas quelque chose de répréhensible rassurez-moi ! J'ai donné pour ce genre d'activités. Je vous laisse le soin d'éclairer ma lanterne mademoiselle Kramers ! En priant de ne pas finir dans l'une des cages ! »
Malgré mon agacement palpable et sans contexte dû à mes pimbêches de salariés qui se vouaient à une compétition ridicule, je m’afférais à être agréable envers l’homme qui pouvait prochainement devenir mon barman. Le dernier étant un ancien prince bien décidé à reconquérir sa princesse, je l’avais vu s’en aller pour retrouver sa dulcinée. En somme j’avais besoin d’un nouveau barman et forcément il me fallait un homme capable d’être au bar comme à la sécurité au vu de mon activité j’avais besoin d’homme fort pour assurer la sécurité des danseuses. Parfois, les clients étaient un peu trop intrusif dans leur intimité et oubliait la règles numéro un de mon club : toucher avec les yeux, le plaisir sans la consommation physique. De fi en aiguille l’entretien d’embauche peut orthodoxe, finissais par proposer un essai au quadragénaire pour le soir même. Automatiquement, ce dernier répondait présent avec une surprise qu’il exprima en me demandant si j’étais sérieuse. Riant de bon cœur je posais une main sur son épaule en avouant avec bonne humeur :
« Oui je vous donne votre chance, vous apprendrez que j’ai beaucoup d’atout pour moi, mais l’humour est loin d’être mon fort surtout sur mon lieu de travail. »
Reprenant ma main, j’entendais mon téléphone sonnait, vérifiant ma messagerie électronique je répondais à une demande en pianotant avec agilité sur mon smatrphone, avant de demander à mon nouvel employé à l’essai en l’interrogeant sur ses connaissances sur l’activité de mon club. Comme je le pressentais ce dernier était légèrement éloigné de la réalité. Son innocence fit sourire Michael, qui m’offrait un clin d’œil complice tandis que je souriais attendri par sa réaction, pendant que Robin me demandait d’éclairer sa lanterne.
« Michael il me semble que tu dois briffer ton équipe pour l’organisation de ce soir ! »
Déçu de ne pouvoir assister davantage à ma leçon de vie, ce dernier retint un soupir conscient qu’une attitude négative m’aurait contrarié il s’en alla, en se défoulant sur son équipe, les appelants grâce à son portable avec une certaine agressivité. Secouant la tête amusée par son attitude un tantinet enfantine je finissais par reporter mon attention sur l’ancien meilleur archet du monde des contes pour éclairer sa lanterne :
« Rassurez-vous il n’y a rien d’illégal ici, bien que dehors les villageois vous diront certainement le contraire, mais a quoi bon écouter les ragots ? Vous aviez vu juste, une partie de mes salariés s’adonne à l’art du spectacle et plus précisément à la danse. Cependant, ses danses sont un peu spéciales, et légèrement éloigné à celle que vous connaissez. Mes danseuses et mes danseurs d’ailleurs, bien que j’en possède très peu, manie la danse à l’art de se dévêtir avec sensualité. En résumé, ses personnes vendent la beauté de leur corps pour satisfaire les clients qui eux les paient pour en voir davantage. »
M’humectant les lèvres, je lui laissais quelques secondes pour digérer l’information avant d’ajouter :
« Ici la règle d’or est donc de toucher avec les yeux mais jamais avec les mains, c’est pour cela que mes agents de sécurité sont nombreux et toujours prêt à assurer la sécurité des filles, d’ailleurs parfois les barmans se plient à cette tâche également, mais ce genre de débordement arrive rarement étant donné qu’une fois la limite dépassé il n’y a pas de seconde chance, le client est viré à vie du Club »
Achevant mon explication avec un sourire je patientais quelques secondes avant de conclure :
La naïveté de Robin pouvait faire sourire. Il est vrai qu'il existait très peu, voir aucun établissement de la sorte de l'autre côté. Il y avait bien quelques groupes d'itinérants de temps à autre, mais leur mauvaise réputation avait tendance à éloigner grand nombre de spectateurs. Et puis dans ces groupes composaient pour la plupart de marginaux, il n'était pas rare d'y retrouver quelques prostituées qui élisaient domicile dans les pub. Robin l'avait bien compris, il était dans un établissement spécial, aux mœurs tout aussi spéciales, mais pouvait-il refuser la chance qu'on venait de lui offrir et puis la patronne, qui malgré l'agacement dû aux mauvaises performances de « ses artistes » n'en demeurait pas moins agréable à son égard. « -Oui, j'imagine que lorsque l'on dirige un…commerce, le sens de l'humour n'est pas une priorité. » Le téléphone presque greffé en main, Mademoiselle Kramer avait tous les attributs d'une business woman à qui l'on ne pouvait refuser que très peu de chose. D'ailleurs, Michael le molosse videur était bien placé pour le savoir. Après avoir échangé un regard complice avec sa patronne, sous ses ordres, il quitta le bar pour rameuter, en bon chien de garde qu'il était, tout son staff afin de les briefer. Robin, légèrement anxieux, le regarda s'éloigner et se prépara à entendre ce que Neilina avait à lui dire sur la nature de ce bien étrange établissement. Si l'introduction bien qu'ambiguë semblait satisfaire l'ancien voleur la suite se corsa quelque peu.
« - Donc vos employés sont des artistes qui vendent la beauté de leur corps et les visiteurs paient pour les observer se dévêtir avec « sensualité » ? Vous êtes sûr que c'est légal de faire ça ? Votre monde a des mœurs bien étranges. À notre époque, les filles joies agissaient de la sorte. Nombreux de mes camarades y ont d'ailleurs succomber et croyez-moi, ils ne se contentaient pas que de regarder. » De ce fait, Neilina continua à éclairer la lanterne du nouvel arrivant quelque peu étonné par les pratiques de l'établissement. La jolie blonde, toujours dans la bienveillance, fit savoir qu'il subsistait une règle d'or qui permettait de bannir la perversion de l'équation. « -Ah je vois, on regarde, mais on ne touche pas. Ça n'a donc rien à voir avec de la prostitution. Je comprends mieux le caractère « légal » des lieux. Donc je m'occuperai du bar et aussi de la sécurité de vos danseuses, c'est bien ça ? » Il se tue aussitôt pour laisser la parole à son interlocutrice. Mais avant de donner sa réponse, notre voleur s'octroya quelques secondes de réflexion durant lesquelles il songea à Regina. Il est vrai que les danseuses portaient très peu de tissus sur elles et que n'importe quelle femme normalement constituée serait tenté de se laisser happée par la jalousie. « Ne lui en parle pas tout de suite » Oui, après tout, il n'était question que d'une période d'essai pour le moment, aucun engagement n'avait été pris. Le risque de blessé Regina était donc minime. Robin n'était pas du genre à regard les femmes comme de la viande. Et puis, Regina, les valait toutes et de loin ! Plusieurs réflexions se bousculaient éhontément dans sa tête, sans qu'il ne parvienne à les ordonner. Les danseuses, Regina, Regina, les danseuses, l'absence de pudeur, la quasi-inexistence de tissus, la jalousie… mais il fallait trancher…« - Oui intéressé ! Par le travail bien sûr ! J'espère juste que la personne que je fréquente ne le prendra pas mal quand elle apprendra que j'ai postulé ici ! »
Expliquer l’activité du Libertease à un non-maudit était une chose relativement compliqué. Dans notre monde notre art n’était pas connu et généralement le paradoxe entre mes danseuses et les prostitués était rapidement pris. Je devais donc éviter de choquer son âme trop pure pour l’emmener à comprendre le côté légal de notre profession. Je m’étonnais même de mon propre talent lorsque Robin repris mes propos, afin de s’assurer qu’il avait compris le sens de chacun de mes mots. J’aimais cette prise d’initiative et d’ailleurs j’hochais la tête à chacun de ses propos jusqu’à ce qu’il fasse l’erreur fatale que beaucoup faisaient. Serrant les dents sous la contrariété, je me raclais légèrement la gorge pour avaler la pilule avant de le reprendre :
« Certes, mais les mœurs ont changé dans ce nouveau monde. Je pense que vous êtes assez intelligent pour saisir les nuances de cette époque vis-à-vis de celle d’où l’on vient. Je ne dis pas que toutes mes danseuses sont des nonnes loin de là, mais elles ne sont en aucun cas des prostitués et les clients de mon club connaissent les règles et les sanctions qui s’appliquent en cas d’infraction. D’où l’existence de la règle numéro un : on regarde mais on ne touche pas. »
Reprenant ma respiration, je m’asseyais dans un des canapés avant d’inviter Robin à faire de même sur celui en face du mien. Ce dernier semblait d’ailleurs ingurgité mes dires et se comporta exactement comme je le désirais en acceptant mon explication, me prouvant ainsi son ouverture d’esprit avant de reprendre les missions que j’allais lui confier s’il acceptait le job. Une fois de plus j’hochais la tête et confirmait ses dires avec patience :
« Tout à fait, vous avez tout compris, ses missions me semblent être parfaite pour vous ! »
Croisant mes mains autour de mon genou, je ne le lâchais pas du regard. C’est ainsi que j’apercevais l’once d’inquiétude dans son regard. Cette lueur allait me mettre des bâtons dans les roues. J’allais devoir découvrir l’objet de cette dernière pour lui faire accepter le travail. Malgré tout je finissais par lui demander s’il était toujours d’accord pour accomplir les tâches que je lui proposais avant de me taire une bonne fois pour toute, attendant donc sa réaction final. La bataille qui se jouait dans son esprit semblait être particulièrement intense mais après plusieurs minutes de silence il finissait par accepter. A ses mots je sentais mes lèvres s’étirer et ce dernier m’offrit la caisse de ses doutes. C’était une femme. Naturellement, pensais-je avec un brin de condescendance avant de reprendre la parole :
« Voulez-vous un verre pour fêtez cela ? Vous n’êtes pas obligé de lui dire maintenant ? Attendez de voir si le job vous conviens ainsi vous pourrez trouver de bon argument pour convaincre votre compagne ? »
Était-il à l'aise ? Non pas vraiment ! Il faut avouer que malgré sa relative expérience dans le monde du commerce, tenancier comme l'on disait à l'époque, Robin était confronté à la modernité de plein fouet et à des uses et coutumes quelque peu différentes des siennes. Il est vrai qu'à l'époque pour voir de jeunes femmes si peu vêtues, les hommes avaient tendance à se rendre dans « des bordels » des lieux très peu recommandés que certains Merry-men visitaient au grand dam de leur leader, qui marié, ne pouvait néanmoins se résoudre à les obliger à faire preuve d'abstinence. Toujours est-il que le Libertease n'était pas un bordel, mais bel et bien, un commerce dans lequel Robin venait de candidater pour un poste de barman. Le regrettait-il au vu de tous ces éléments ? Non, pas pour le moment. Il est vrai que son envie d'indépendance (financière) vis-à-vis de Regina devenait l'un de ses principaux objectifs. Il ne pouvait se résoudre, en gentleman qu'il était et qu'il demeure (à sa façon) se résoudre à laisser sa belle tout lui payer. À son tour et aussi modestement qu'il le pouvait, il se devait de lui offrir un verre de temps en temps voire même le restaurant et pour se faire, il était urgent de faire ce que les gens normaux font, à savoir travailler à la sueur de leur front pour gagner légalement leur vie. Bien sûr, les nombreux refus que le voleur avait au préalable essuyés, ne lui laissaient que très peu d'alternatives, à tel point qu'il en était réduit à ne pas faire le difficile et accepter de ce fait ce qui lui était proposé…
Robin, en bon non-maudit qu'il était, fit de ce fait l'erreur d'assimiler la prostitution à l'art pratiqué en ces lieux, qui n'avait, même si les apparences laissaient penser le contraire, rien à avoir avec la pratique des filles de joie et des bordels. Une observation qui, en bonne patronne qu'elle était, hérissa quelque peu celle que Regina se plaisait à nommer Belette dans l'intimité. Robin le comprit très vite, malgré la relative politesse dont elle faisait preuve à son égard. « -Si je vous ai froissé de quelqu'une façon je m'en excuse milady » concéda-t-il en abaissant légèrement la tête en signe de respect. « -Certaines choses m'échappent encore je dois l'avouer. À l'avenir, j'apprendrais à me détacher des mœurs qui ne sont ici plus d'actualité ici. Une fois encore, si je vous ai blessé, je m'en excuse. » Toujours dans la bienveillance et malgré le précédent impair, Robin écouta avec attention les paroles de celle qui allait sous peu devenir sa patronne. Il s'étonnait lui-même d'avoir l'esprit si ouvert face à des mœurs qui n'étaient pas les siennes. Toutefois, les explications de Neilina lui permettaient de voir plus clair, ce qui expliquait sûrement l'ouverture d'esprit si soudaine. Passé les explications de rigueur, il se permit de suivre la jolie blonde et s'assit à son tour dans l'un des canapés en cuir rouge d'ordinaire occupés par les habitués.
Le job était là, à portée de bras, il ne lui restait plus qu'à dire « oui » néanmoins, il lui fallait quelques secondes de réflexion, non pas pour se décider, mais pour songer à comment aborder le sujet avec Regina, lors de leur prochain rendez-vous. Le sujet s'annonçait de ce fait épineux, tellement que le voleur préféra ne pas trop y songer, préférant remettre cela à plus tard. Il venait de trancher espérant néanmoins que ladite personne en question le prenne pas mal. Le sourire de Neilina acheva néanmoins de rassurer le nouveau barman heureux d'avoir enfin décroché un emploi et qui de ce fait, était prêt à accepter le verre que venait de lui proposer sa nouvelle patronne. « -Oui bien sûr, fêtons cela avec un verre. Et vous avez raison, je vais me laisser un peu de temps histoire d'être sûr… Reg… Madame le Maire… » Il se tue aussitôt réalisant après coup qu'il venait de donner accidentellement le nom de sa compagne. « -Elle comprendra… Donc je commence aujourd'hui ? » lança-t-il espérant naïvement se raccrocher aux branches.
Tout était dit, tout était compris, Robin semblait les ingérer avec facilité ou du moins il ne cherchait pas à me contredire. Peut-être avait-il compris ce que tant d’homme avant lui n’avait jamais compris à savoir qu’il ne valait mieux pas me contredire. Quoi qu’il en soit il s’excusait et j’appréciais les efforts qu’il faisait pour m’offrir le respect que je méritais. Si seulement ils étaient tous comme lui, songeais-je avec un brin de faiblesse avant de sombrer davantage dans mes souvenirs pour venir à faire la comparaison entre Athos et Robin. Mon mari enfin mon ex-mari lui aussi prenait soin de ne jamais froisser la gente féminine en s’efforçant de toujours voir le meilleur chez les Hommes. Il était mon contraire bien que pendant quelques années d’innocence j’avais cru que ma nature profonde aurait pu être changé et que moi aussi je pourrais avoir une vie comme celle que possédait les princesses de notre monde. Une vie dénudée de peur et de crime sanguinaire destinés à protéger de sombres secrets. Mettant fin à mes pensées en un subtile mouvement de tête, je sentais le susurrement de la Méduse apparaitre et je me ressaisissais n’écoutant quasiment plus les dires de Robin.
Je devais changer de sujet, je devais reprendre le cours de mes pensées afin de ne pas laisser la moindre faille à la Gorgone pour prendre le dessus sur moi. Robin n’avait pas besoin de connaitre cette part là de ma vie et d’ailleurs aucun de mes salariés n’avaient besoin de la connaitre. Tout avait été dit désormais Robin devait prendre sa décision, j’espérais seulement qu’il accepterait le poste, j’avais besoin d’un barman en urgence et pour être honnête je n’avais pas cherché de manière intensive un profil attractif. Il me restait que lui en poche. Proposant un verre à ce dernier par politesse mais également dans le but d’affaiblir ma seconde identité je lui vendais avec subtilité l’art du mensonge par omission, avant d’entendre la doucereuse voix de Médusa raisonnait avec hilarité dans mon esprit : « Ah oui ça te connais ça les mensonges par omission ! Tu lui avoue quand que l’issue de cette manipulation est la potence ? » Passant la main dans ma chevelure pour dissimuler ma gêne je serrais les dents, en me concentrant sur le début de phrase que j’avais entendu. Il avait accepté mon invitation, je n’avais pas saisi ce qu’il m’avait dit après, notamment sur l’aveu sur sa relation avec ma meilleure amie, j’avais bel et bien entendu qu’il avait évoqué la maire de la ville, mais je me fourvoyais sur la raison de sa place au sein de notre discussion. Me levant avec un sourire aimable je partais vers le bar en vociférant très discrètement sur la Méduse avant de me retourner et de demander :
« Que désiriez-vous du bourbon, du rhum, un cocktail ? »
Saisissant la bouteille de rhum blanc aromatisé à la vanille de Guyane je m’en servais un verre avant d’y ajouter des glaçons pendant que Robin me donnait sa réponse et que je ne m’attèle à la réalisation de sa commande. Une fois les deux boissons prêtent je retournais à ses côtés pour ajouter :
« A votre réussite professionnelle alors ! Bienvenue parmi nous et n’ayez criante Regina sera enchantée de savoir que j’embauche un non-maudit. »