Les journées commençaient à avoir une certaine routine, et celle-ci ne dérogeait pas à la règle. J'avais passé la journée à faire différents tours de garde, et entre deux tours je voyais où je pouvais aider pour les travaux en vue de consolider les défenses en vue d'un nouvel assaut des ogres. Je voyais un changement d'attitude de la part de certains car je ne voulais pas participer à tous ces débats que je trouvais stérile au sujet de cet instigateur mystérieux supposé mener ces horribles créatures. Non pas que je pensais qu'il ou elle n'existait pas, mais plutôt que sans élément probant ça ne servait à rien de se perdre en théories inutiles. J'avais surtout l'impression que certains se minaient le moral tout seul à entretenir ce sujet sans nouvelle information. Et dans ce genre de contexte, j'avais besoin de rester active le plus possible afin d'éviter de trop penser ou de trop m'inquiéter. Malgré l'attitude confiante que je montrais à tous, j'était clairement inquiète de ce qui nous tomberait dessus probablement à un moment ou un autre.
Mais ma principale inquiétude concernait ma famille, et en particulier Régina. Certaines nuits, je revoyais la scène de la fin des combats, le cri de Robin et elle allongée sur le sol inconsciente. Et bien qu'elle allait mieux et que je savais que c'était une des personnes les plus fortes et les plus courageuses, en plus d'être une utilisatrice de magie les plus puissantes, je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter pour elle. Rien que l'éventualité de la perdre elle ou tout autre membre de ma famille me glaçait le sang à chaque fois et parfois il m'arrivait même de souhaiter être capable de manipuler cette magie que je détestais pourtant. De tout ce que j'avais entendu du passé de mes parents en plus de tout ce que j'avais vécu pendant mes aventures avec Richard, je restais convaincue qu'un monde sans magie ne pouvait être que mieux ou au minimum moins pire.
Forcément en pensant à cela, mon esprit errait également à penser dans quel état on retrouverait Storybrooke un jour même si je n'avais arpenté cette ville pendant peu de temps. Je me laissai aller à ces pensées en me dirigeant vers le château et puis jusqu'à la salle à manger où il semblait que ceux et celles de ma famille qui y étaient avaient déjà terminé leur repas du soir. Je décidai d'aller toquer à la chambre de mes parents pour voir si ma mère était occupée. Arrivée devant leur porte, je toquai deux coups relativement secs en m'exclamant assez fort pour être audible.
Maman, c'est Lina, je te dérange? Je viens de rentrer et je voulais voir si tu voulais aller marcher sur les remparts avec moi.
C'était quelque chose que j'aimais régulièrement faire seule, et parfois j'aimais bien faire ça avec elle. Un peu comme une habitude que j'avais voulu créer avec elle depuis qu'on était revenu ici. Je me disais que ça pourrait lui faire du bien de prendre l'air et je savais aussi que passer un moment ensemble m'aiderait à évacuer cette inquiétude collective qui s'accumulait jour après jour.
Regina Mills de Locksley
Storybrookian
♕ Lieu : 108 Mifflin Street, ou la mairie de Storybrooke
Avoir retrouvé mes enfants, Lina et Richard, avait sans doute été le plus grand soulagement de ma vie. Pendant leur absence, trois mois environ, j'avais bien failli retomber dans mes travers, et cela avait mis à mal notre couple à Robin et moi. Mais heureusement, son amour m'avait aidée et nous avions finalement retrouvé nos bébés... Adultes. Ces retrouvailles ne furent pas de tout repos, comme si notre propre malédiction était de n'avoir jamais la paix. Souvent, je me demandais en mon for intérieur si tout cela n'était pas de ma faute. N'avais-je pas offensé des puissances supérieures à avoir été la méchante reine, avoir tué et fait du mal à des innocents, avoir maudit tout un royaume par pure vengeance envers une personne ? Nous ne le saurions sans doute jamais, mais depuis, je m'étais promis de savourer chaque minute de cette nouvelle vie qui m'était accordée. J'avais eu une seconde chance, j'aimais et j'étais aimée, j'avais des enfants merveilleux et nous étions enfin tous réunis.
Je savais que mon petit coma lors de la bataille contre les ogres avait beaucoup inquiété Robin et les enfants. Je m'en voulais terriblement de leur avoir fait si peur, mais mon intervention avait permis de sauver Richard, et si c'était à refaire, je n'hésiterais pas, quitte à en perdre la vie. Mes enfants passaient avant tout. À présent sur pied grâce à Clochette et Zelena, je tâchais de reprendre mon rôle en main, assurant les réparations des villages et organisant des rondes de sécurité, et enquêtant également sur le commanditaire des attaques d'ogres, tout ceci évidemment avec le concours des volontaires.
Le soir était tombé sur la Forêt Enchantée. Robin était en train de donner des cours de tir à l'arc, il m'avait prévenue qu'il finirait tard. De mon côté, j'avais regagné nos appartements royaux. Je réfléchissais à quoi faire de plus, quand j'entendis toquer. Deux coups secs, suivis de la voix de ma fille. Un sourire se dessina sur mon visage et j'allai lui ouvrir.
- Bien sûr ma chérie.
Je sortis et refermai la porte derrière moi, avant de prendre son vosage entre mes mains pour mieux la regarder. Elle ressemblait tant à son père, ces yeux bleus profonds, ces cheveux, cette fougue. Je lui souris avant de prendre son bras avec douceur. J'étais si heureuse que nous nous soyions rapprochées. Ce fut plus facile avec Lina qu'avec Richard, d'ailleurs.
- Comment s'est passé ta ronde ? Rien à signaler ?
Je la savais fière archère et tout-à-fait apte à se défendre, néanmoins j'espérais qu'elle n'y étais pas allée seule. Nous commençâmes à nous diriger vers les remparts, où nous avions pris l'habitude de nous promener ensemble.
Certains disent qu'on ne mesure la valeur de quelque chose seulement quand on en a été privé. Et la présence de mes parents dans ma vie correspondait parfaitement à cette phrase. Après les années que j'avais dû passer loin d'eux, je n'avais plus pu considérer leur présence dans ma vie comme acquise. Et cela faisait que chaque moment passé avec chacun d'entre eux avait quelque chose d'hautement précieux à mes yeux. Cela faisait aussi que j'avais constamment au fond de moi cette peur de les perdre à nouveau, temporairement ou pour toujours, qui restait ancrée quelque part au fond de moi. J'avais pu le remarquer récemment quand ma mère tomba inconsciente lors de l'affrontement contre les ogres. Cette peur de la perdre m'était revenue puissamment en plein visage et surtout en plein cœur.
En revenant de ma ronde, j'avais donc décidé de faire un passage par les appartements de mes parents pour voir si ma mère y était et je fus contente de découvrir que c'était bien le cas. Ses petites attentions, comme là de prendre affectueusement mon visage entre ses mains en me regardant de ce regard plein d'amour. Cela avait le don de me réchauffer le cœur comme rien d'autre ne le pouvait. Un doux sourire se dessina sur mon visage que je n'aurais pas pu empêcher même si je le voulais. J'aurais pu réagir comme d'autres avec leur parent et ne pas aimer d'être pouponnée ainsi, mais je ne pouvais pas, ou plutôt je ne pouvais pas le vouloir. Je lui communiquai mon enthousiasme à aller marcher avec elle.
Génial! Alors allons y. Il devrait encore faire bon à cette heure-ci.
Ma relation spécifiquement avec ma mère était différente de celle avec mon père. Autant je ne partageais pas cet amour de l'arc avec elle, autant elle avait les exacts mots pour adoucir mes peines et mes inquiétudes. Nous avions ce rapport de confidentes comme on peut se le représenter entre mère et fille. Et alors que j'écoutais sa question pendant que nous nous mettions en chemin vers les remparts, je savais qu'elle verrait bien cette inquiétude qui me hantait quant à la suite de ce qui nous attendait avec les Ogres. Je faisais partie de ceux convaincus que nous n'en avions pas terminé et que ce qui nous tomberait dessus ne sentirait pas bon du tout. J'abandonnai toute idée de le lui cacher, elle le verrait peu importe mes tentatives à le dissimuler. Je lui partageai à demi mots tout en répondant à sa question.
Elle s'est bien passée. Et non rien à signaler...pour le moment.
Je savais qu'elle percevrait ce que je laissais traîner dans ces derniers mots. Je n'étais pas sereine et je n'arrivais pas à passer au delà de ces inquiétudes. Les flammes de ces inquiétudes venaient raviver les braises de cette peur lancinante de pouvoir perdre un membre de ma précieuse famille dans de futurs affrontements ou dangers. Et juste la possibilité de cela avait le don de me terrifier plus que la plus dangereuse des créatures ou même l'idée de ma propre mort. Je voulais tellement les protéger tous, mais la blessure récente de ma mère m'avait prouver que je n'en étais pas encore capable et m'avait même amenée à me demander si j'en serais capable un jour. Tout cela se dissimulait dans ces trois petits mots. Je la relancai tout de même pour ne pas trop lui imposer mes inquiétudes.
Et toi, comment a été ta journée, fort occupée je suppose?
Regina Mills de Locksley
Storybrookian
♕ Lieu : 108 Mifflin Street, ou la mairie de Storybrooke
Je mesurais la chance qui était mienne chaque fois que ma précieuse Lina me sollicitait pour passer du temps avec elle. J'étais si heureuse d'avoir pu renouer avec mes enfants disparus. Cela avait été plus facile avec Lina qu'avec Richard. Avec mon archère, nous avions pris l'habitude de nous promener sur les ramparts et ce soir-là, ce fut ce qu'elle me proposa. Nous avions rapidement gagné notre petit chemin de ronde habituel, profitant, comme l'avait avancé ma fille, de la clémence du temps à la nuit tombée. Je m'étais en quise de sa ronde. Elle ne me precisa pas si elle était seule ou accompagnée, mais je sentis à la fin de sa phrase une certaine appréhension. Je glissai en douceur mon bras sous le sien.
- Tu redoutes des représailles, n'est-ce pas ? Je te comprends, mais à présent, nous sommes prêts, et nous travaillons à débusquer le ou les coupables.
Car il était évident que les ogres n'avaient pas agi seuls, ils étaient sous le commandement de quelqu'un. C'était le principal mystère de toute cette affaire : qui, et pourquoi? Lina me demanda à son tour comment s'était passée ma journée.
- Ursula, la sorcière des mers, est venue nous rendre visite. Ta tante Zelena l'a accueillie avant que je n'arrive. Elle est toujours aussi agréable mais prétend vouloir nous aider. Je pense que toute aide est bonne à prendre, après tout elle veut une seconde chance. Zelena ne lui fait pas confiance. Moi j'attends de voir.
Je ne me sentais pas légitime à juger la pieuvre, car j'avais été moi-même l'auteure d'attrocités sans nom, et j'avais été pardonnée. À présent j'avais la chance d'avoir une vie de famille heureuse, je ne pouvais donc qu'espérer la même rédemption pour Ursula.
- Quel est ton avis sur la question, ma chérie ? As-tu vu, lors de tes voyages, des personnes qui auraient des raisons de proférer des attaques par ici ?
Après tout, suite à leur évasion, les jumeaux royaux avaient côtoyé des pirates et bien d'autres personnes, alors peut-être qu'il y avait des indices auxquels nois ne pensions pas. J'étais prête à entendre toutes les hypothèses, histoire de nois rapprocher de quelque chose de concret. La vue des ramparts était splendide pour qui n'avait pas peur du vide. Le Palais Sombre s'élevait tout en hauteur et offrait un panorama exceptionnel sur la Forêt Enchantée, même de nuit. Surtout ces temps-ci, puisque des postes de surveillance étaient présents jour et nuit, la lueur des torches dessinait des sortes de constellations suivent les routes ainsi éclairées.
Ma mère était la personne avec qui je savais que je pouvais m'ouvrir sans aucune limite, toujours à l'écoute et soucieuse de mes inquiétudes et mes états d'âme. Si j'avais une personne qui soutenait mon existence comme un pilier central c'était bien elle, malgré le temps beaucoup trop long que nous n'avions pas pu passé ensemble, elle me connaissait comme personne. Ses conseils avaient systématiquement été de sage paroles et pleine de douceur et d'empathie, comme le phare qui m'aidait à garde le cap. Chaque moment passé avec elle me faisait éprouver à nouveau cette proximité que je ressentais sans exprimer un seul mot.
Elle remarqua tout de suite l'inquiétude qui se tapissait dans cette phrase, à peine voilée, et elle essaya comme à son habitude de trouver les mots qui surent apaisé au moins partiellement celle-ci alors qu'elle passait son bras sous le mien. Je faisais confiance aux autres, mais je doutais de mes propres capacités à protéger ma famille et ses mots ne purent apaiser cette inquiétude là. Ne pas avoir pu la protéger elle était venu raviver ce sentiment qui se tapissait dans les ombres de mon esprit. Je lui répondis avec un sourire légèrement plus tranquille.
Oui, je n'arrive pas à être tranquille à ce sujet. Pourtant je sais tout ce qu'on a pu faire pour se préparer, et je fais confiance à tout le monde qui aide chacun à sa manière. Mais ce n'est pas les autres dont je doute.
J'avais toujours du mal à exprimer mes peurs, même avec ma mère comme si la phrase réellement importante ne voulait pas sortir par une contraction m'empêchant de la formuler. Je voulais dire "c'est de moi dont je doute", mais la voix me manqua pour l'exprimer de manière audible avec ma bouche ouverte un instant avant de se refermer par dépit. Je l'écoutai attentivement après ça me parler de sa journée, les yeux plein du doute que je pouvais avoir sur la bonne foi de quelqu'un comme Ursula, mais je partageais tout de même son point de vue. Plus sur un plan stratégique qu'idéologique, étant plus rancunière qu'elle, je me disais surtout que son aide pourrait être précieuse tant qu'elle ne nous la met pas à l'envers. Mon regard prit un voile sombre quand elle prononça le nom de ma tante durant un très bref instant, j'essayais de lui pardonner mais c'était encore difficile pour moi.
Je ne lui ferais pas confiance, mais en même temps peut-on vraiment se permettre de refuser une aide comme la sienne actuellement? Je pense que non, mais ça n'empêche pas de rester vigilant avec elle pour autant. Dans un sens je suis d'accord avec toi autant qu'avec.....Zelena......
C'était comme si prononcer son mot m'était pénible malgré toute la force que j'avais essayé de mettre pour que ça n'arrive pas. Je m'en voulais car je savais que ça ne faisait pas du bien à ma mère de savoir que j'ai du mal avec ma tante et sa demi-soeur. Mais son implication dans l'absence de Dorothy était quelque chose que je ne savais pas si je pourrais réellement lui pardonner un jour. J'essayai de passer à autre chose en répondant un peu promptement à son autre question.
J'y réfléchis souvent si quoi que ce soit pourrait m'avoir échappé dans mes souvenirs de mes voyages mais franchement je n'arrive pas à trouver quoi que ce soit qui puisse être utile dans mes aventures, malheureusement.
Ne pas me sentir utile, c'était probablement mon démon le plus important, cette peur de ne pas être à la hauteur et surtout pas capable de protéger ceux et celles que j'aimais. Une peur rattachée à celle de perdre un jour cette famille qu'on m'avait enlevée. J'avais cru au début que cela passerait, mais il semblait bien au fil des années qu'elle m'accompagnerait pour toujours. Malgré ces sentiments difficiles qui me traversaient, je profitais à la fois de la compagnie de ma mère ainsi que de cette marche revigorante et agréable en cette fin de soirée et début de nuit avec cette légère brise rafraichissante. La vue des remparts était aussi toujours un certain plaisir apaisant pour les yeux et pour mon esprit, m'emplissant de ce sentiment d'appartenance qu'il pouvait nourrir en moi.
(c) princessecapricieuse
Regina Mills de Locksley
Storybrookian
♕ Lieu : 108 Mifflin Street, ou la mairie de Storybrooke
Je comprenais les inquiétudes de ma fille, elle était encore jeune et n'avait probablement que peu d'expérience en matière de conflit. Et heureusement d'ailleurs. Mais pour ma part, j'avais vécu nombre de guerres ou affrontements et je savais qu'être préparés apportait un intérêt certain. Même si nous n'avions aucune certitude sur la nature de ce qui nous attendait, au moins nous nous attendions à quelque chose. Je compris immédiatement ce que ma fille voulut dire lorsqu'elle laissa sa phrase en suspens. J'esquissai un sourire en me tournant vers elle.
- C'est en toi que tu n'as pas confiance... ajoutai-je à sa suite. Crois-le ou non, je comprends. À ton âge , je n'avais pas confiance en moi non plus. Mais tu verras avec le temps et l'expérience que tu es une jeune femme très capable et que tu peux accomplir de grandes choses. Ton père et moi le voyons, alors toi aussi tu le verras.
Nous continuâmes à marcher et je lui exposais ma visite de la journée, la sorcière des mers, et ma soeur. Je sentis ma princesse se crisper un peu. Je comprenais ses différents avec Zelena, mais elle faisait des efforts pour changer et Ursula aussi, semblait-il. Néanmoins, je savais aussi qu'il n'était pas toujours aisé de pardonner.
- Peut-être qu'un jour tu trouveras la force de pardonner à Zelena ses exactions, comme d'autres ont pu le faire avec moi.
J'étais loin d'être un exemple, j'avais fait tant de mal autour de moi, et pourtant j'avais réussi à changer. mais je pouvais comprendre que c'était difficile à entendre pour quelqu'un qui avait souffert à cause de la personne concernée. Puis j'interrogeai Lina sur ses voyages, mais elle ne semblait pas avoir vu quoi que ce soit qui puisse ressembler à ce que nous vivions.
- De toute façon, cela peut venir de n'importe ou, de n'importe qui, nous n'avons que peu de preuve...
C'était une situation frustrante pour tout un chacun.
- En tout cas, je ne veux pas que tu te sentes perturbée outre mesure, Lina. Ton père et moi allons faire de notre mieux, tu n'as aucune responsabilité à endosser.
Mes enfants avaient déjà tant souffert, je voulais qu'ils profitent de leur vie.