Nous avions beaucoup de soucis à venir. Je le sentais vraiment. Je savais parfaitement en allant de royaume en royaume que la guerre des ogres n’était qu’un simple avertissement, quelque chose grandissait dans l’ombre et le pire dans tout cela ? C’est que je n’avais pas la réponse à mes questionnements. J’ignorais ce qu’il adviendrait, je ne pouvais que supposer et ma magie n’y pouvait rien. Cependant, nous pouvions nous préparer, tous nous préparer au cas où.
C’est ce que j’ai décidé de faire. Oui, en sachant qu’Emma Swan, la Sauveuse, celle qui nous a permis de nous échapper de New-York, de pouvoir revenir dans notre monde se trouvait ici, quelque part. En tant que Fée Bleue, symbole même de la magie lumineuse, il fallait que j’agisse. J’avais connaissance du fait qu’elle sa battait intérieurement contre l’obscurité bien trop facile du Ténébreux. Rumple l’avait changé en son plus grand ennemi en tant que fruit du Véritable Amour. Emma Swan était née pour briller d’une lumière vive et non nager dans l’obscurité nocive de la magie noire.
C’est pour cela que j’ai quitté notre demeure se trouvant par delà les nuages pour me rendre auprès d’Emma. J’avais réussie à la localiser. M’y rendant, je descends jusqu’au sol et reprends taille humaine. La jeune femme me tourne le dos. Je respire profondément et m’avance d’un pas avant de finalement prendre la parole.
« Bonsoir Emma » m’énonçais-je alors.
Croisant son regard, je frisonne légèrement. Je sens au fond de moi que les choses semblent plus complexes qu’elles n’y paraissent. Cependant, elle est née avec le coeur pur et je ne peux me résoudre à voir sa lumière disparaître. M’avançant jusqu’à elle, je finis par reprendre la parole.
« Est-ce-qu’on peut discuter ? » demandais-je finalement.
Ce n’était peut être pas la meilleure façon de débuter les choses mais au moins, ça permettrait d’ouvrir la conversation. Bien sûr, la jolie blonde pouvait tout autant me faire déguerpir mais je sentais que quelque chose irait dans mon sens. La Sauveuse restait profondément elle-même et peut être que je pourrais justement l’aider à ne pas succomber à la trop grande facilité que sont les Ténèbres.
« Je suis là en tant qu’amie » énonçais-je en levant les deux mains en signe d’apaisement, ma baguette se tenant dans ma main droite.
Lorsque nous nous trouvions à Storybrooke, j’avais souvent aidé Emma et disons qu’elle aurait ma reconnaissance éternelle pour nous avoir tous sauvés alors être là, auprès d’elle aujourd’hui était sans nul doute un moyen pour moi de pouvoir lui rendre la pareille.
Je m’étais vraiment amusée avec cette attaque des ogres. Voir toutes ces personnes courir dans tous les sens comme si une personne avait donné un coup de pied dans une fourmilière, c’était tellement jouissif. J’étais rentrée chez moi pour le moment. Moi non plus je ne savais pas qui était responsable de cette attaque mais j’aimerai bien le trouver afin de lui serrer la main afin de le féliciter et pourquoi pas, lui proposer de faire équipe? On pourrait causer deux fois plus de chaos et de désespoir. Ma maison était vide et une partie de moi n’aimait pas ça.
J’avais besoin de me servir un verre avant toute chose. J’allais soulever mon verre pour prendre une gorgée lorsque je sentis une présence derrière moi. Je me retournais lentement tout en faisant apparaître une boule de feu dans ma main. Mais quand je vois de qui il s’agit, je la fais rapidement disparaître. Qu’est-ce qu’elle me veut celle-là? Je lui lance un regard noir car je n’apprécie pas qu’elle fasse irruption chez moi sans y être invitée. J’hausse un sourcil à sa demande. « Tu as le culot de venir chez moi à l’improviste et tu veux que l’on discute? »
Mon regard et noir et froid mais je suis quand même de bonne humeur. Je prends mon verre et je vais m’assoir sur le canapé en posant mes pieds sur la table basse. Je bois une gorgée de mon verre sans la quitter des yeux avant de reprendre la parole. « Ah oui? Tu m’en diras tant… Tu prétends venir en tant qu’amie et tu restes pourtant armée. Dis-moi ce que tu veux et par pitié, va droit au but. » Je levais les yeux au ciel d’avance car je me doutais parfaitement de quoi elle allait vouloir me parler.
La connaissant, elle allait me dire que je ne devais pas rester dans le mal et que je devais faire le bien. Que j’étais la sauveuse, que j’avais le cœur pur et bla bla bla. Je connaissais par chœur la chanson. « Si tu viens dans le but que je fasse le bien et tout ce qui va avec je peux te dire d’avance que tu perds clairement fon temps et que j’ai des choses bien plus intéressantes à faire que ça. Donc pitié, va droit au but et retourne ensuite d’où tu viens s’il te plaît. » Je n’avais pas la patience.
« Emma… » commençais-je alors avant de me rendre compte que je devais peut être me contenir. Oui c’était sans doute mieux. Respirant profondément, je lui fais comprendre que je viens en tant qu’amie. J’espérais au fond de moi que quelque part, bien enfouie se trouvait encore la Sauveuse, celle qui nous a libéré de l’emprise de Regina, celle qui nous a sauvé plus d’une fois. Mais l’appel de l’obscurité est tellement plus facile et elle semble y avancer beaucoup trop facilement « si je m’étais présentée, tu ne m’aurais pas laissée entrer » énonçais-je alors.
Au moins, la boule de feu qu’elle avait en main, elle l’a fait disparaître. Signe qu’au moins, je ne risquais pas de me changer en fée brûlée. Baissant les deux mains, je ne quitte pas la blonde des yeux avant de poser mon regard sur ma baguette avant de faire un léger mouvement de la main pour la faire disparaître « voilà, je ne suis plus armée » énonçais-je « tu me crois là ? » repris-je.
La jeune femme était loin d’être stupide, je sentais bien néanmoins le combat infernal à l’intérieur d’elle-même, ce combat entre la complexité du bien et l’atroce facilité du mal. Avalant difficilement ma salive, je reste silencieuse quelques minutes avant de finalement reprendre la parole avec un léger sourire « détrompe toi Emma » commençais-je alors « Tu n’es pas du genre à aimer la facilité, je le sais. Et goûter aux Ténèbres, c’est une chose beaucoup trop facile, c’est beaucoup trop simple et tu n’es pas du genre à aimer la simplicité. Je sens le combat qui se dégage de toi et même si tu essaie de le cacher, je ne me trompe jamais. Je sais que tu n’es pas cent pour cent certaine que tu as fait les bon choix » énonçais-je alors.
Je me recule de quelques pas. Vu le regard qu’elle venait de me lancer, je sentais bien que je devais rester sur mes gardes mais je devais aussi faire mon devoir en tant que fée, je devais faire ce qu’il faut pour lui faire entendre raison, ou tout du moins faire naître le doute en elle, véritablement, pour qu’elle se questionne sur ses choix. Je savais bien qu’elle luttait profondément. Les choses n’était pas possible autrement, tout évoluerait à un moment ou un autre et je ne comptais pas laisser tomber la possibilité de pouvoir lui permettre de retrouver le chemin de la lumière.
Je poussais un soupir d’agacement. J’avais vraiment autre chose à faire que de l’écouter à me dire qu’il fallait que je revienne vers la lumière et blablabla. Je fis apparaître une pomme et je croquais dans cette dernière sans la moindre discrétion tout en l’écoutant. En tout cas, elle avait raison sur ce point, si elle s’était présentée, je ne l’aurais jamais laissé rentrer. J’avalais ma bouchée avant de parler. « Tu marques un point très chère. » J’avais rangé ma boule de feu et cette dernière rangea sa baguette.
Puis, elle se mit à parler, parler et parler. Je n’avais pas le choix, je devais l’écouter si je voulais m’en débarrasser. Elle avait raison sur un point, je ne choisissais jamais la facilité. Oh bon sang, elle partait dans sa morale à la con en me disant que je n’avais pas fait le bon choix en restant dans les ténèbres. Je décroisais mes jambes et je me levais. « Donc si je comprends bien, tu es venu ici pour me sortir ta morale à la con comme quoi je dois redevenir la gentille petite Emma fragile d’avant? Alors celle-là, elle est vraiment comique… Je suis très bien comme ça. »
J’avais le pouvoir, j’effrayais les gens, je ne comprenais pas où était le problème. Je menais une vie de solitude et pour tout dire, cette situation ne changeait pas vraiment de tout ce que j’avais connu avant de venir dans cette foutu ville. « Je sais très bien ce que tu es en train de faire ma chère fée. Tu essaies de culpabiliser mes choix mais tu peux dire et faire tout ce que tu veux, je suis désolée de te dire que c’est trop tard. La petite Emma est morte et la nouvelle est bien là et pas prête de partir.»
Elle allait devoir se faire une raison. Il était hors de question que je change cette situation et combien même je voudrai, je ne pourrai pas. Ma mère avait fait ce choix pour me sauver la vie. « Attends une minute, tu dis que je ne suis pas certaine d’avoir fait le bon choix. Je te signal que je n’ai rien choisi. On me l’a imposé. Et puis, en admettant que ça eu été ma décision, tu peux me dire pourquoi je ne suis pas à cent pour cent certaine? Je suis curieuse de connaître ton point de vue sur la question. »