Six mois, cela faisait déjà six mois que j’étais coincée dans ce trou paumé. Une véritable galère, sans compter que je n’avais rien trouver de véritablement compromettant sur la ville. Un échec total. Cependant, cela n’avait pas du tout eu le résultat de me démoraliser, bien au contraire je n’en démordais pas et voulait encore plus découvrir quelque chose sur cette maudite ville. Après tout, tout le monde était bizarre ici, surtout depuis ma venue. Les gens murmuraient dans mon dos, me lançaient des regards en coin, soit effrayés soit haineux. Mais personne ne me connaissait et j’allais finir par répliquer s’ils n’arrêtaient de me lancer ce genre de regards et s’ils ne cessaient pas leurs messes basses.
Il n’empêche que d’être coincé dans ce trou m’avait rendue quelque peu « à cran ». Ce qui signifiait que j’étais clairement en train de péter un plomb et que je ne prenais plus autant de précautions qu’avant pour tenter de découvrir tout et n’importe quoi. Avant, j’aurais établi un plan en trois étapes pour voler des cookies, désormais j’essayais de forcer la serrure du bureau de madame le maire comme un sagouin et sans même vérifier que j’étais bel et bien seule dans la mairie. Un de ces quatre j’allais finir par me faire prendre en étant aussi peu prudente. Espérons au moins que mon peu de prudence allait finir par porter ses fruits et me mener à une piste sur ce qu’il se passe dans cette ville de tarées, parce que oui j’étais toujours persuadée que quelque chose ne tournait pas rond dans cette et surtout chez ses habitants.
Minuit. Devant la boutique de Mr. Gold, antiquaire. J’évaluais sur une échelle de un à dix à quel point il était irresponsable de ma part de vouloir forcer la serrure de cet endroit. Sans doute plus que dans n’importe quelle autre boutique de la ville mais moins que pour le bureau du maire. Cela me rassura. En quelque sorte. L’idée de venir ici en pleine nuit pour découvrir des choses m’était venue en observant Regina.
Fin Novembre 2012
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Cet endroit était le seul dont elle ne voulait pas que je m’approche de près ou de loin. Elle cherchait à se débarrasser de moi le plus possible, mais lorsqu’il s’agissait de cette boutique, elle préférait confier la tâche à quelqu’un d’autre, voire même y aller elle-même. C’était louche, très louche. Que cachait cet antiquaire qu’elle ne voulait pas que je découvre ? J’y avais déjà fait une visite en plein jour, mais rien ne m’avait semblée suspect, mis à part le nombre d’objets plus angoissant les uns que les autres que comptaient cette boutique. En revanche, j’avais pu apercevoir derrière un rideau une arrière-boutique mais personne ne pouvait y accéder si ce n’est le gérant. J’étais une curieuse maladive et depuis ce moment, je voulais savoir ce qu’il y avait derrière ce fichu rideau.
Cheveux en queue-de-cheval ondulé multicolore. Barrette pour forcer la serrure. J’inspirai un grand coup avant de me mettre au travail. D’abord vérifier qu’il n’y avait personne dans la boutique. Je fis le tour. Tout était calme, la boutique, la rue, la ville. Pas une lumière aux alentours. Ok. Ensuite, la serrure. Elle semblait un peu fragile, ça ne devrait pas être trop compliqué de la forcer. Je me remémorais toutes les vidéos ainsi que les films que j’avais vu où il forçait une serrure. Ça ne semblait pas compliqué, une question de coup de main et de d’écoute. Je me mis au travail, mais au bout d’une demi-heure, je dus me rendre à l’évidence : ça allait être bien plus compliqué que prévu. Je commençai à faire un peu de forcing, cette porte allait bien finir par sauter, elle ne pouvait pas être si coriace quand même ! J’étais tellement concentrée sur ma tâche que je n’entendis pas les bruits de pas derrière moi et à genoux devant la porte et une barrette dans la serrure, j’aurais du mal à expliquer ma présence ici.
Parfois, avoir six nains farfouillant partout en ville était une vraie plaie. Leroy était toujours d'une humeur massacrante, lui et ses frères braillaient toujours dans la ville au loup et à l'infamie pour les petites, comme pour les grandes catastrophes. D'autres fois, cependant, avoir six nains pouvait s'avérer utile. Ils étaient plus efficaces qu'une brigade de surveillance professionnelle. C'est ainsi que je me retrouvais donc, en plein milieu de la nuit, dans ma voiture jaune, au coin de la rue, à observer une jeune femme se débattre avec la serrure de la boutique de Gold.
L'acte m'aurait presque fait rire, en lui-même et en connaissance de cause, si cela n'avait pas été si grave pour la survie de la pauvre folle qui se croyait en droit de jouer les hors-la-loi. L'endroit était clairement le dernier endroit de la ville avec lequel il fallait jouer. Si Gold découvrait que quelqu'un avait tenté de forcer sa serrure, il ne laisserait pas le crime impuni et il était certain qu'il ne prendrait pas les voies légales pour obtenir justice. Non. Monsieur le Ténébreux préférait de loin s'occuper lui-même des gens qui tentaient de le voler et le libre de Henry était rempli d'histoires contant les malheurs des voleurs devenus victimes de Rumpelstilskin. Et puis, je n'étais pas certaine, en outre, qu'il n'avait pas posé un tas de pièges ou de barrières magiques pour empêcher toute intrusion... même s'il était évident qu'en ville, quasiment personne ne se serait amusé à tenter de l'affronter.
Après plusieurs longues minutes à regarder la fille aux cheveux multicolores faire, je me décidais, enfin, à bouger, avant qu'elle ne détruise définitivement la serrure de Gold sans parvenir à ses fins. Casser la serrure et empêcher l'homme de faire ses petites affaires avec ses clients était presque aussi dangereux que pénétrer dans sa boutique sans autorisation et rien que de ma voiture, je voyais qu'elle s'y prenait mal et qu'elle ne réussirait qu'à sceller définitivement la porte.
La fille était tellement concentrée sur sa tâche qu'elle ne m'entendit même pas approcher, malgré mes talons. Je savais que je tentais d'être un minimum discrète, mais il était difficile, avec mes potes, de ne pas signaler ma présence. En même temps, en m'habillant ce matin, je n'avais pas prévu de me faufiler ou d'espionner outre-mesure, alors... J'avais choisi ma tenue sur d'autres critères. Arrivé à proximité, dans son dos, je croisais les bras, m'adossant à la grande vitre de la boutique, l'observant faire encore pendant un moment. Oui, elle s'y prenait vraiment comme un pied.
« Quand tous les apprentis voleurs apprendront à s'attaquer à des défis à leur mesure, on arrêtera de considérer que cela n'est pas un art », soufflais-je finalement pour signaler ma présence, la faisant probablement sursauter sous la surprise. Je poussais un soupir las, avant de tirer de ma poche mon kit de crochetage. « Les barrettes, c'est bon pour les mauvais films d'action », poursuivis-je en la poussant pour me faire de la place, défaisant mon petit paquet pour en tirer deux crochets plus adapté à ce type de serrure. « Les barrettes, c'est trop épais. Les crans ne sont même pas frôlés. » Je m'attaquais ensuite à la serrure moi-même, ne mettant pas plus d'une minute pour entendre le cliquetis caractéristique de la réussite. J'ouvris la porte pour lui montrer, avant de la refermer, la serrure se refermant immédiatement Ensorcelée, comme je l'avais pensé. Les serrures, une fois crochetées, ne se refermaient pas. Gold devait avoir fait quelque-chose pour que si quelqu'un tente d'entrer, il soit définitivement prisonnier à l'intérieur. Le pire, c'était qu'ainsi, il n'avait même pas à se presser pour venir. Il pouvait clairement attendre le lendemain pour retrouver dans sa boutique le terrible sot qui avait tenté de lui dérober quelque-chose. Gold adorait les effets théâtrales.
« Maintenant, laisse-moi te donner un bon conseil. Reste loin de cette boutique si tu tiens à ce que tu possèdes. »Ta vie, en premier lieu.« Gold possède quasiment toute la ville. C'est la personne la plus influente ici et quand il décide que tu fais partie de la liste des personnes qu'il n'aime pas... Crois-moi, tu n'as pas envie de savoir comment il peut ruiner une vie en un claquement de doigts. »Ou y mettre fin, songeais-je, sans pour autant le dire. Mieux valait éviter de révéler à quelqu'un qui n'était clairement pas issu de ce monde de fous de comprendre qu'ici, la loi ne faisait pas beaucoup de poids contre les meurtres perpétrés par le Ténébreux... Ou que la loi n'était, en règle générale, qu'une façade d'utilité dans ce monde et que la magie et les règles de la royauté fonctionnait bien plus qu'un code civil.
Et cette fichue porte qui ne voulait toujours pas céder ! Pourquoi dans les films d’espionnage ça semblait si facile alors qu’en réalité c’était une galère sans nom ? Il n’empêche que je n’étais pas connue pour céder si facilement. Elle n’avait pas encore été construite la porte qui allait me résister (enfin, hormis la porte du bureau de Regina, celle-là, elle m’avait déjà plus que résistée). Je tentais un dernier tour de barrettes avec une main, l’autre tirant sur la poignée. Je commençais à désespérer de la faire céder. Avec un peu de patience et une bonne huile de coude, ça allait forcément finir par passer ! Ça, ou un coup de chance, autant dire que je m’établissais plutôt sur la deuxième option.
Le souffle à mon oreille me fit froid dans le dos. Je me raidis instantanément. Ca avait beau ne pas être Regina, elle m’aurait sans aucun doute déjà haché menu et servi en lasagne au Granny’s, ça n’annonçait rien qui vaille. Je n’osais pas me retourner, qui que ce soit, j’allais avoir des ennuis. J’essayais rapidement d’établir des options dans ma tête, histoire de me sortir de ce mauvais pas, malheureusement pour une fois, rien ne venait. J’étais prise la main dans la serrure, comment voulez-vous sérieusement justifier cela ? « Ecoutez, c’est pas ce que vous croyez. En fait, c’est même une histoire tout à fait drôle, je me baladais, et pas dans l’avenue le cœur ouvert à l’inconnu, hein ! Ahah !... Bref je me baladais en ville quand j’ai croisé un type, il était en train d’essayer de crocheter cette serrure, mais sans trop de succès vous voyez ? Il m’a vue et il m’a demandée si je pouvais lui tenir sa barrette en place, juste le temps qu’il aille chercher ce qu’il lui faut pour fignoler la serrure. Alors moi bien sûr, j’ai un grand cœur, vous savez, alors je lui ai tenu la barrette et je lui ai dit d’aller chercher ce qu’il fallait et voilà comment j’me suis retrouvée dans cette position fort inconfortable, vous en conviendrez. » Non bah non, même dans mes rêves les plus fous, je n’espérais pas que ça passerait. Je me retournais finalement, le plus doucement possible pour reculer au maximum le moment où je verrais mon interlocuteur en face. La shérif ! Ah bah là, ah bah là, oui, on pouvait pas plus mal tomber !
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J’étais en train de me dire que j’étais vraiment, mais alors vraiment, dans la merde lorsqu’elle me poussa pour crocheter elle-même la serrure. Et il ne lui fallut pas plus d’une minute pour en venir à bout. Ok, je veux savoir faire ça ! J’ouvris grand la bouche en regardant l’intérieur de la boutique plongée dans la pénombre. Puis je me tournais vers cette femme et la regardait avec un air de gamine de huit ans à qui on vient d’annoncer qu’elle irait à Disneyland pour son anniversaire. Je mis mes mains en signe de prière avant de presque hurler :
- Apprends-moi à faire la même chose, s’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît !
Elle allait vraiment me prendre pour une tarée. Je n’allais peut-être pas finir en taule finalement mais à l’asile. Cependant, je voulais vraiment qu’elle me montre comment elle avait fait. C’était tellement cool et rapide et elle avait fait ça avec une telle nonchalance genre totalement normal pour elle ! Attend ! Peut-être que c’était normal pour elle en fait. J’hésitais désormais entre la suspicion ou l’excitation. Est-ce que je pouvais sérieusement espérer la faire chanter ? Non, à l’heure actuelle, je ne pensais qu’à une chose et c’était qu’elle me montre comment elle avait fait un truc pareil en si peu de temps alors que j’avais tellement galérer pour aucun résultat.
Pile au moment où mon excitation atteint son point culminant, elle décida de me faire la morale. La vache, je ne pensais pas qu’on pouvait faire aussi rabat-joie que Regina. Je restai néanmoins silencieuse et pensive. Ses avertissements était-ils une menace ? Le type qui possédait cette boutique pouvait-il vraiment me nuire ? Je ne savais quoi en penser. Son attitude était étrange. Avait-elle peur de cet homme ? Pourtant au vu de la vitrine de la boutique et de ce que j’avais pu en apercevoir à l’intérieur, il n’avait pas l’air si influent que cela. Et qu’est-ce qu’un homme qui possède la quasi-totalité de la ville pouvait bien faire dans un taudis pareil ?
- Qu’est-ce que tu entends par « ruiner ma vie » ? Tu veux dire, plus que ce Regina peut faire ? Et Gold c’est vraiment son nom ?
Ça y est, j’étais en train de repasser en mode journaliste. N’empêche, s’appeler Gold quand on est aussi friqué qu’elle le prétend, c’est louche quand même.
Je connaissais par cœur ce genre de petite curieuse ou voleuse. Le genre pas douée pensant que tout peux s'apprendre dans les films. Celles qui tentent les gros coups quand elles ne sont même pas capable de mettre un pied devant l'autre dans ce monde. Je connaissais ce genre de fille. Ne l'avais-je pas été à une période ? Ma joue s'en souvenait encore. Mes côtes aussi, surtout par grand froid. Je connaissais par cœur les pensées et je voyais déjà les rouages s'activer dans sa petite caboche. Elle cherchait une excuse, une échappatoire, mais je n'en avais que faire. Elle avait tenté une effraction et c'était punissable par la loi. J'étais le shérif de cette ville. Et elle s'y était prise comme un manche et c'était punissable par l'honneur. J'étais une ancienne voleuse, après tout !
Le regard qu'elle me lança soudainement, après avoir fixé la porte, m'aurait fait sourire à une époque. Une époque où j'étais fière de savoir faire ça si facilement. Mais pas aujourd'hui. Déjà parce que ma journée avait été suffisamment longue pour que ma nuit ne le soit pas plus et ensuite parce que je n'étais plus dans ce camp-là. Aujourd'hui, je devais faire respecter la loi et non, je n'allais pas lui apprendre, même si elle me regardait avec une copie ratée des yeux du Chat Potté.
Ma menace à peine voilée concernant Gold ne semblait pas l'avoir touché plus que cela. Pauvre folle. Même avant la fin de la malédiction, Gold était un véritable démon ici et tout le monde en avait peur. Personne ne savait, alors, qu'il était réellement capable de vous tordre le cou en un claquement de doigts. Mais je ne pouvais pas lui jeter la pierre. Hormis les poils hérissés dans le dos que j'avais mis sur le compte de sa prestance, il ne m'avait pas vraiment intimidé non plus au début. Surtout avec son boitement et sa canne. J'avais vite appris, cependant, que la canne pouvait être une arme redoutable et que ses mots étaient encore plus puissants.
Elle m'arracha néanmoins un sourire amusé quand elle demanda si Gold pouvait réellement ruiner sa vie plus que Regina ne le pouvait déjà. Je hochais simplement la tête. « Tu n'as aucune idée de ce dont il est capable. Les capitalistes ont des ressources... insoupçonnées. » Capitaliste pouvait être une bonne alternative à « sorcier » ou « Ténébreux », non ? Puis c'était un langage qu'elle pouvait assimiler sans fouiller plus loin. Les gens à l'extérieur de Storybrooke pouvaient se moquer parce que dans une ville paumé au milieu de nulle part, les gens avaient la trouille d'un « grand capitaliste ». L'histoire serait beaucoup moins drôle pour nous si l'armée apprenait qu'un sorcier faisait trembler de peur une ville entière de personnage de conte de fées.
« La fille de Madonna s'appelle vraiment Lourdes ? », demandais-je en haussant un sourcil pour répondre à sa dernière question sur la véracité de son nom. « On ne choisit pas souvent son patronyme. On choisit seulement ce qu'on en fait. » C'était hypocrite de ma part, je le savais. N'avais-je pas moi-même choisi Swan alors que je n'avais même pas dix ans?Bon, pour ma part, c'était particulier, mais pour Gold, ça l'était tout autant. Je n'étais pas certaine qu'il l'avait choisi de lui-même. En fait, je ne savais pas du tout comment les noms de chacun avaient été attribués à Storybrooke. Et je devais avouer que je m'en fichais, aussi. Ça n'avait rien d'important, comparé à tout le reste. « Maintenant, dis-moi ce que tu comptais faire une fois rentrée là-dedans ? »
Une excuse. Une excuse. Vite ! J’aurais pu dire que Regina m’avait envoyée pour vérifier quelque chose, n’importe quoi, cependant cette excuse comportait deux failles : 1) Regina devait avoir les clés de toute la ville donc je ne devrais pas être en train d’essayer pitoyablement de crocheter la serrure et 2) Si Regina apprenait ce que j’avais fait, ou tentais de faire, je pouvais dire adieu à mon job, mon appart et sans doute ma vie. Elle m’assassinerait sur place, me découperait en morceaux, mettrait la moitié dans le congélateur et jetterait l’autre par-dessus Trolls Bridge. Un avenir assez peu réjouissant en somme. Le problème, c’est qu’à cette heure tardive et surtout après avoir passé deux heures à me torturer les méninges pour trouver comment ouvrir cette porte, mon cerveau avait un peu de mal à réfléchir. J’étais dans la merde et mon cerveau avait enclenché le mode veille, plus rien ne répondait, si ce n’est un peu en aléatoire (et pas toujours de bonnes choses).
Elle ne céda pas et ne me montra pas comment faire. Je fis la moue. Elle était nulle. A quoi ça servait de savoir faire des trucs aussi cools, si au final c’était pour les garder pour soi ? Sans intérêt ! Par contre, ce qui avait un peu plus d’intérêt, c’était sa manière de parler de ce… Gold. Quand j’étais venue dans sa boutique de jour, rien ne m’avait semblée anormal chez lui, c’était un vieil homme boiteux quoiqu’un peu froid avec ses « clients ». A l’image de
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sa boutique quoi. Aussi flippant l’un que l’autre. Je ne perdais pas une miette de ce qu’elle disait. J’enregistrai tout afin de pouvoir tout analyser plus tard, au calme… sans doute au fond d’une cellule. Je ne relevai pas sa question sur la fille de Madonna. Premièrement parce que je n’en avais aucune idée et deuxièmement parce que j’avais l’impression que c’était plus rhétorique qu’autre chose. Sa remarque sur le patronyme m’interpella, je fronçai les sourcils, pensive. J’étais toujours assise par terre, mais cette fois en tailleur, comme si on allait passer le reste de la nuit à discuter tranquillement de M. Gold devant la boutique de M. Gold.
- Souvent ? Je croyais qu’on n’avait jamais le choix en fait. Sauf que tu avoueras quand même que c’est une sacrée coïncidence que le mec le plus riche de cette ville s’appelle Gold. C’est clair que si c’était le miséreux du coin, ce serait beaucoup moins impresionnant, mais ce nom est bizarre, même si je n’arrive pas à mettre le doigt sur le pourquoi.
Aïe. Et maintenant, on était parti sur le sujet qui fâche : qu’est-ce que je foutais là ? Trouve une excuse Louise, c’est le moment. Allez dépêche, remue la coquille vide qui te sert de cerveau et dit quelque chose. Surtout, surtout, ne pas oublier l’excuse bidon que j’allais lui servir. Si jamais on venait à me reposer la question, il fallait que je sois capable de pouvoir dire la même chose au mot près ou presque. J’espérais juste que la personne qui serait susceptible de me reposer cette question ne soit pas Regina sinon j’allais vraiment être dans de beaux draps. Cependant, je me voyais mal dire à Emma : « Au fait, n’en parle pas à Regina, ça reste entre nous hein ? Je cambriole mais bon, elle n’a pas besoin de savoir ce que je fais de mes nuits ahahah. » Je n’allais pas rigoler longtemps si elle venait à l’apprendre. Je me rendais compte que plus je passais de temps à réfléchir, plus Emma pourrait se rendre compte qu’il y avait quelque chose de pas net dans l’air, alors je me dépêchai un peu de lui dire la première chose qui me venait à l’esprit :
- Rien. Enfin, juste faire un tour. Il y a des rumeurs qui courent sur cette boutique et je voulais pêcher le vrai du faux. C’est tout.
C’est tout, sauf que maintenant, j’avais de forte chance, en ayant le shérif en face de moi, de finir en taule. Bien joué Louise, encore une fois, on ne te félicite pas ! Je méritais presque un oscar de l’imprudence pour avoir tenté de forcer cette serrure. Regina allait me frire façon cuisse de poulet.
Dernière édition par Louise Lemire le Ven 29 Sep - 19:06, édité 2 fois
Petite biche prise dans les phares d'une voiture, la jeune femme me regardais comme si elle cherchait la meilleure chose à dire pour éviter le pire. Erreur de débutante. Elle était déjà grillée. Ses longues hésitations et le simple fait de se trouver là, devant cette porte précise, avait fini d'achever toute tentative d'excuse ou de fuite. Aucune personne connaissant cette ville et ces habitants n'irait sérieusement tenter quoi que ce soit contre Gold. Personne connaissant cette ville et ces habitants ignorait qui était en réalité Monsieur Gold.
La demoiselle s'étonna de mon « souvent » quand je parlais de ne pas pouvoir choisir son nom. J'étais bien placée pour savoir qu'on avait, parfois, le choix, mais que cela n'était pas aussi simple que cela. Je m'appelais Swan. Un nom que j'avais choisi. Une vieille histoire que je n'aimais pas remuer et faire remonter à la surface. J'avais choisi de m'appeler Swan, car sur le coup, cela m'avait semblé une bonne chose, un bon signe, une bonne décision pour un nouveau départ qui, je l'espérais, serait bon pour la suite. Des années après, je n'en étais plus si sûre, mais mon nom était définitivement Swan et même si j'avais retrouvé ma famille, j'étais toujours Emma Swan.
Elle continua sa diatribe alors que je la regardais sans sourciller, alors qu'elle arguait que le nom de Gold était étrange au vu de son statut, qu'elle trouvait cela bizarre et qu'elle montrait qu'elle allait clairement vouloir investiguer dessus. Je ne connaissais pas beaucoup la demoiselle, mais je l'avais vu plusieurs fois à la mairie ses derniers temps. Elle était proche de Regina – au moins professionnellement – et je me disais qu'il allait clairement falloir que j'aille voir la Maire de la ville pour en savoir plus sur cette fille. Puis il fallait que je mette l'autre mère de mon fils en garde. Si la demoiselle était une telle petite fouineuse, mieux valait éviter que Regina fasse la conversation à un miroir ou se volatilise dans une brume violette.
Finalement, elle décida de jouer d'honnêteté, sans même vraiment s'en rendre compte. Bien sûr, elle mentait. Prétendant qu'elle faisait juste un tour, mais elle disait la vérité quand elle parlait des rumeurs qu'elle avait pu entendre et son désir de mettre au clair certaines choses. « Et pour cela, rien de plus normal que d'entrer par effraction, plutôt que d'attendre les heures d'ouvertures pour aller directement interroger le propriétaire des lieux ? », demandais-je, plus pour la rhétorique que comme une véritable question. Bien sûr, c'était tout et tout à fait normal. Tout le monde dans cette ville était-il fou à ce point que même les gens extérieurs aux mondes des contes se pensaient au-dessus des lois de ce monde ? De ce pays ? Je roulais des yeux, épuisée. Mon père et moi n'étions plus suffisant pour mettre de l'ordre dans cette ville. Mes deux cellules n'étaient plus suffisantes. Mes journées n'étaient plus suffisantes...
« Allez ! », soufflais-je en tirant les menottes de ma poche. Cela ne servait à rien, la plupart du temps, mais j'avais au moins l'impression de faire quelque-chose. « Tu vas venir avec moi. Comment on procède ? Tu me suis sans rechigner ou tu tentes de courir et je dois t'attraper et te passer les menottes pendant que ta tête frotte le bitume ? » Les hommes se mettaient toujours à courir. Comme s'ils pouvaient m'échapper. Les femmes, parfois, étaient moins idiotes ou plus réalistes.
Je ne cessais de penser à Regina. Elle allait me buter. C’était plutôt bête de ma part de ne penser qu’à ma patronne, encore plus au vu de ma situation actuelle. J’avais quand même tenté, même si c’était sans succès, de forcer une porte dans le but de m’introduire par effraction dans un magasin de la ville où je venais tout juste d’emménager. Sur une échelle de un à dix, j’étais une débile finie à douze. En gros, j’étais allée tellement haut dans l’échelle que j’avais fini par sauter, et tout le monde sait ce qu’il se passe quand on saute d’une échelle. Pas besoin de faire un dessin. Du coup, j’étais à l’heure actuelle entre mon acte illégal et le shérif de la ville, qui avait, malencontreusement, vu mon acte illégal. Mes chances de m’en sortir indemne frôlait le zéro là.
Monsieur Gold faisait l’objet de rumeur en ville. Ce n’était un secret pour personne, surtout en sachant que j’étais moi-même au courant alors que j’avais plutôt l’impression d’être plus ou moins la pestiférée de la ville. La faute à mes cheveux, je suis d’accord obtenir une telle couleur c’est pas évident et ça fait forcément des jaloux. Gold lui-même devait être au courant de ce que l’on disait sur lui, ou tout du moins il devait s’en douter. Ici, les gens étaient trop peu discrets, trop contents sans doute de pouvoir se mettre quelque chose de nouveau sous la dent. Sa rhétorique n’était pas fausse, mais au vu de ce qu’elle m’avait dit, elle connaissait monsieur Gold et elle devait aussi savoir comment il était.
- Vu ce que tu m’as dit sur lui, t’as l’air de le connaître plus ou moins personnellement. Tu sais donc qu’il n’est pas très… avenant, on va dire,
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si tu viens pour « l’interroger » comme tu dis. Surtout si c’est de but en blanc.
Pendant un quart de secondes, j’ai cru qu’elle avait oublié que j’avais fait un truc pas super légal. Pendant un quart de secondes seulement. Quelle naïveté ! Néanmoins, il me restait visiblement des options. J’envisageais sérieusement la seconde option. La tête qui frotte le bitume en moins. J’avais toujours été plutôt rapide à la course, j’avais donc des chances de lui échapper. Cependant, Storybrooke était une petite ville et après en avoir fait le tour, plusieurs fois, je peux attester avec certitude que j’étais la seule personne dans le coin à avoir des cheveux de cette couleur. Il ne faudrait donc pas longtemps au shérif pour retrouver ma trace, à moins qu’elle ne connaisse déjà mon identité surtout vue que j’étais la nouvelle secrétaire du maire et que Regina et elle devaient travailler en étroite collaboration. Je soupirai profondément avant de lâcher :
- La deuxième option est tentante, surtout la partie tête qui frotte le bitume, mais j’imagine que même si j’arrive à t’échapper Storybooke est une petite ville et il ne te faudra pas longtemps avant de me retrouver, surtout vu ma tête un peu… singulière dans le coin ! Je te suis.
Je ne bougeais néanmoins pas d’un iota, priant sur un coup de chance pour qu’elle m’oublie, même clairement je n’avais pas peur et je ne tremblais pas. Je ne savais pas trop ce qui m’attendait, mais sans doute rien de bon, surtout venant de la part du shérif. Bordel, j’étais vraiment dans la merde.
Je roulais des yeux. Entre tous les « petits caïds » des contes et les apprentis policiers ici, il y avait de quoi faire. Et cette fille qui voulait à tout prix mener l'enquête et découvrir ce que cachait cette ville. Une nuit en prison la calmerait peut-être – ou en tout cas, soulagerait mes nerfs à moi – et ensuite, je laisserais Regina se débrouiller avec elle. Elle avait embauché cette fille aux cheveux multicolores, elle l'avait poussé à rester plus longtemps en ville, elle devait en assumer les conséquences, un peu. Après tout, elle avait bien tout fait pour que je me dise que cette ville était trop folle pour que j'y reste. Elle avait failli, plus d'une fois, me faire tout abandonner. Elle aurait pu faire de même avec cette minette. Mais non, il avait fallu l'adopter comme une licorne exceptionnelle et se mettre en tête de la garder à distance de la vérité. Comme si c'était possible quand Granny râlait le matin parce qu'un couple s'était envoyé en l'air dans une des chambres et que son ouïe, ainsi que son odorat de loup l'avait empêché de rester dans l'ignorance ou quand les nains s'appelaient Atchoum, Simplet et Grincheux en permanence.
Finalement, après un trait d'humour pas si drôle, la demoiselle accepta de me suivre et juste parce que je n'avais aucun humour, je la fis se retourner pour lui passer les menottes. On voulait faire de moi la méchante, la mauvaise shérif ? Bien. J'allais être insupportable. Je ne passerais pas une nuit tranquille dans mon lit. Elle n'en passerait pas une meilleure dans sa cellule.
Une fois la demoiselle solidement harnachée, je la conduisis jusqu'à ma voiture et la fourrait sur le siège passager. La bonne mesure aurait voulu que je prenne la voiture de police et que je la mette derrière, avec la grille nous séparant et me protégeant, mais ma voiture faisait aussi on petit effet. Personne n'avait réellement envie de prendre le risque que je perde le contrôle. Ma coccinelle était trop fragile pour que quiconque y survive... Du moins tout le monde le pensait, parce qu'en vérité, elle en avait vécu des accidents cette petite.
Une fois au bureau, je la poussais sur une chaise, lui faisant même l'honneur d'attacher ses menottes à l'attache au sol. « Première mise en garde à vue ? », lui demandais-je, sortant d'un tiroir la pancarte pour prendre les photos d'identification des prisonniers. Inscrivant le nom de la demoiselle et sa date, je la regardais ensuite. « Il va me falloir ta date de naissance. »
Je ne savais pas exactement pourquoi, mais je sentais que j’allais passer un sale quart d’heure. La shérif ne semblait pas être hyper sensible aux notes d’humour. D’ailleurs, je le compris assez vite lorsqu’elle décida de me passer les menottes. Ok, ça valait vraiment le coup de lui dire que j’allais la suivre sans faire d’histoire. Ca valait d’ailleurs même le coup qu’elle use de la salive pour me demander ce que je préférais. La méchante flic était de sortie. Elle ne devait pas être heureuse de sortir en pleine nuit pour arrêter une fille, même pas capable de forcer correctement une serrure. Je pouvais déjà m’estimer heureuse qu’elle m’avait simplement retournée pour me passer les menottes et non pas collée la tête contre le mur.
Elle continua son petit numéro de flic en me fourrant dans une vieille coccinelle jaune. La voiture semblait avoir vécu la guerre. En même temps, est-ce qu’on avait besoin d’une vraie voiture de police dans un patelin aussi petit que Storybrooke ? Sans doute pas. A moins que Regina n’est réduit le budget sécurité pour augmenter celui de la mairie. Je hochai la tête en signe affirmatif et lançai un coup d’œil admiratif à l’intérieur de la voiture.
- Sympa la caisse. Sinon il y a encore des donuts de la dernière filature ?
Pas de réponse. Ok, c’était pas faute d’essayer de détendre l’ambiance. Je vis les rues défilaient et croyez-le ou non jusqu’à ce qu’on soit à l’intérieur du commissariat, j’ai sérieusement cru qu’elle voulait juste me faire peur et qu’elle allait me ramener chez moi en mode « bon, ça passe pour cette fois mais que ça ne reproduise plus. » Désormais, je devais bien avouer que tout ça était bien réel et que j’étais dans la merde.
Encore une fois, Regina me revint en mémoire. Au début, je me disais qu’elle n’allait rien lui dire et que tout ceci resterait entre nous. Maintenant, je commençais de plus en plus à penser qu’elle allait tout balancer à Madame le Maire et que cette dernière allait me tuer. Je n’écoutais qu’à moitié ce qu’elle me disait, perdue dans mes pensées. Je me serais bien rongée les ongles pour montrer un peu plus mon stress, mais est-ce que je devais vraiment rappeler que j’étais assise et menottée ? Elle avait attaché encore une fois les menottes à un crochet. C’est vrai que là si j’avais prévu de me barrer en courant avec les bras dans le dos, mon plan venait de tomber à l’eau. Tout à coup, je revins au « monde réel ». Ma date de naissance ? Je la regardais avec incompréhension.
- Pourquoi faire ?
Je ne savais pas exactement pourquoi mais je sentais que ma question allait l’exaspérer encore plus qu’elle ne l’était déjà. Est-ce que si je l’énervais de trop, elle pouvait m’encastrer la tête dans le mur juste derrière moi ? Est-ce que c’était légal ?
J'étais fatiguée. Fatiguée de toujours courir après tout le monde. Fatigué d'essayer de mettre de l'ordre dans une ville qui s'acharnait à faire n'importe quoi. J'avais presque envie de laisser cette fille se barrer après lui avoir dit « Hey ! Devine quoi ! Je suis la fille de Blanche Neige et du Prince Charmant ! » Avec un peu de chance, elle ferait qu'on vienne me chercher pour m'enfermer dans un hôpital psychiatrique avant que l'armée ne débarque pour disséquer tout le monde. Je n'en pouvais plus. J'essayais d'éviter des drames quotidiennement, de retrouver des gens, de protéger tout le monde contre les vilains qui voulaient venir dans cette ville, dans ce monde et y asseoir leur domination et tout le monde s'évertuait à finir dans mes cellules, comme si je n'avais que cela à faire : remplir du papier et mettre en prison.
« Tu sais quoi », dis-je finalement, à bout de nerf, épuisée par l'heure tardive et les papiers que je voyais déjà continuer de s'accumuler. « J'abandonne ! »
Attrapant la jeune fille par le bras, je détachais Louise Lemire du crochet et la guidait vers la cellule. Plus de papier, plus de photos, plus de tenues de comptes. De toute manière, cette ville n'avait aucune existence en dehors d'elle-même. Qui demandait qu'on y tienne les comptes ? Hein ? Défaisant les menottes, je refermais la porte à clé avant de jeter cette dernière dans un tiroir. « Bonne nuit, mademoiselle Lemire ! Nous verrons demain avec Regina ce qu'elle compte faire de vous. » Je démissionnais... Pour cette nuit, du moins. Elle avait tenté de rentrer par effraction chez Gold, cela me suffisait à la garder une nuit en prison. Je verrais plus tard pour la paperasserie. Mon seul avantage ici : Lemire n'avait rien de magique. Je pouvais la laisser la toute la nuit sans avoir à la surveiller. Je pouvais rentrer chez moi et dormir. Abandonner, pour quelques heures, tout mon attirail de shérif et de Sauveuse, la laisser là, en plan et revenir demain, fraîche et dispo, pour jouer de nouveau les femmes de loi. J'allais même m'autoriser un bon verre de Tequila à la maison. Mary-Margaret allait détester ça, David allait dire que j'abusais de boire seule dans la cuisine à trois heures du matin, mais tant pis. Je l'avais mérité, non ?
Parce que je savais que la fille aux cheveux multicolores était nulle en crochetage de serrures, je lui donnais quand même une madeleine et une petite bouteille d'eau à travers les barreaux. « Je m'en voudrais de te laisser dépérir », dis-je une fois qu'elle les eus pris. « Bonne nuit ! On se revoit demain. »