Voilà des heures, peut-être bien des jours que Robin avait vu sa vie chambouler du tout au tout. Par chance, il était dispensé de cours aujourd'hui. Une chance qu'il était incapable de savourer comme il se doit. La matinée lui appartenait cependant et plutôt que de la passer avec Marianne, il préféra s'octroyer une petite sortie, seul, histoire de prendre un peu l'air. Et quoi de mieux que la forêt de Storybrooke pour se ressourcer ? Malheureusement, pour lui, ce lieu lui rappela des souvenirs autre que son amour pour la nature. En effet, c'est ici dans cette forêt qu'en plus de jouer les sauveurs un soir d'hiver, il a croisé pour la toute première fois, la route d'une certaine Regina Mills. L'archer passa donc devant la petite dizaine de chalets abritant certains de ses compagnons qui le saluèrent lors de son passage. Le sourire aux lèvres, il attendit d'être éloigné pour laisser la peine reprendre ses droits. Avec Marianne et Roland, ils vivaient pour le moment, dans une chambre du Grannys, Robin ayant refusé de reprendre le bungalow à Petit Jean. Marianne le vivait difficilement, mais ne ménageait pas ses efforts à la joie de Robin. Cependant, quelque chose n'allait pas, un quelque chose d'indéfinissable, mais trop imposant pour le nier. C'est pourquoi Robin s'octroyait quelques sorties seul.
L'archer salua une dernière fois ses compagnons de vols et continua à marcher à travers la forêt pour rejoindre Heritage Park, un lieu de détente boisé, agrémenté d'un lac et très prisé des habitants qui aiment venir, y flâner et se poser sur les bancs. Robin décida donc d'en squatter un et posa son regard sur le lac qui lui faisait face. Le cœur lourd, il souffla longuement avant de sortir son portable de la poche de sa veste. Il ouvrit aussitôt le dossier dans lequel se trouvait quelques photos de lui et Roland, mais surtout un selfie prit à Noel avec Regina. Aussitôt, le sourire gagna son visage. Mais ce n'était qu'une éclaircie, car aussitôt, son cœur se fit lourd. Il songea alors à son périple dans le royaume d'origine. Ingrid au summum de sa puissance, ne leur avait pas laissé le choix. Menaçant ce monde pourtant délesté de magie, le petit groupe, en éclaireur, se rendit sous les ordres de Regina, de l'autre côté, pour constater l'ampleur des dégâts et aussi réfréner l'avènement de la reine des glaces. L'opération se transforma en quête et prit au piège, le petit groupe livra bataille contre des soldats acquits à la cause et d'autre ensorcelé par le biais d'un odieux miroir. Petit Jean faisait partie de la seconde catégorie et œuvrait en tête de gondole. Le combat fut âpre, les mots blessants et la Mort omniscients, malgré ça, la folle équipée était parvenue à briser le miroir maléfique rendait ainsi aux soldats non-acquit à la cause de la reine des glaces, leur conscience. Robin retrouva donc son frère d'armes et ensemble comme autrefois, ils livrèrent bataille.
Ces retrouvailles avaient cependant fait place à une autre tout aussi inattendue. Marianne ! Elle était là, vivante, rayonnante, belle…mais tout semblait si différent à présent, trop pour savourer pleinement ce retour à la vie.Pauvre Robin si tu savais, tu n'es pas au bout de tes peines ! Et voilà qu'un autre fantôme décide de faire son apparition. Dites bonjour à la fille du meunier, mais je suppose que vous la connaissez mieux sous le nom de Reine de Cœur et si vous avez encore un doute, peut-être que l'appellation Cora Mills vous délestera du moindre doute.
Un peu plus tôt dans la matinée… C’était donc cela Storybrooke, cela faisait une journée que Cora était là, et cette ville était de plus en plus surprenante, entre magie bizarre permettant d’allumer une pièce en appuyant sur un bouton, ou encore des carrosse très rapides : la magie des temps modernes était étonnante. La reine de cœur comprit cependant vite qu’elle avait toujours l’avantage : ce n’était pas de la magie à proprement parler, et tout le monde y avait accès, elle était donc rassurée.
Madame Mills s’installa dans une chambre « luxueuse », enfin, si l’on pouvait dire cela car la propreté laissait à désirer. L’une des serveuses, une grande brune plutôt jolie lui servit à manger dans un bar moderne. Cora commanda un thé chaud, lorsqu’elle arriva, elle en but une gorgée avec un profond dégoût et se retourna vers la serveuse : « N’avez-vous pas honte de servir une telle horreur ? », elle jeta la tasse par terre, se brisant en mille morceaux, avant de continuer : « Serait-ce trop demander de me faire servir un thé convenable, est-ce que quelqu’un aurait les capacités de faire son travail correctement ici ? Je ne pense pas être trop exigeante, si ? » La jeune fille, ramassant la tasse par terre acquiesça, Cora dit : « C’est bien mon avis, dépêchez-vous et allez me préparer un thé buvable. »
Par la suite, Hayden arriva, son fidèle pion et collecteur d’informations. La veille, il avait informé Cora que Regina était en couple avec un célèbre archer, mais cet idiot n’avait pas eu les capacités de lui dire un petit peu de son histoire. Il avait alors tâché toute la nuit pour récolter des informations sur lui et dit à sa reine qu’il se nommait Robin, ancien voleur venant tout droit de Sherwood.
Cora eut une illumination et demanda une photo, Hayden anticipa les choses et la lui montra, la reine de cœur était effarée : Robin De Locksley. Lui ? Quelle horreur… Cora se devait d’agir, et immédiatement. Elle se leva donc, donnant les tâches à faire durant la journée à son fidèle serviteur, pendant que la serveuse revenait avec une tasse de thé. Cora, hautaine, lui dit : « Votre lenteur vous tuera un jour. »
Elle tourna les talons avant de sortir de cet effroyable endroit appelé « Granny’s », elle aperçut sa fille au loin, avec son fils mais ne voulut pas s’immiscer sans sa vie tout de suite. Elle avait d’ailleurs donné un autre nom à la propriétaire du Granny’s ce matin, un nom que Hayden lui avait conseillé : Miranda Priestly, elle n’avait aucune idée de qui elle était, mais en tout cas, cela sonnait bien et n’éveillait pas trop les soupçons.
Son pion lui avait informé que Robin avait, ce matin, un trou dans son emploi du temps : rien d’étonnant, un voleur, ça ne travaillait pas. Elle se dirigea donc dans la forêt, passant devant des gens bizarres. Cora avait décidé de mettre des lunettes de soleils et d’enfiler un « tailleur » et des talons hauts, elle voulait rester classe, mais passer inaperçue. Madame Mills passa devant ces chalets miteux et vit au loin le voleur : il était là… Ce pourrisseur de vie, il avait détruit une partie de la vie de Cora, maintenant il s’apprêtait de détruire entièrement celle de Regina.
Robin se retourna et vit la femme, il ne la reconnu évidemment pas de suite, elle portait des lunettes de soleils. La reine de cœur s’avança vers l’homme, en enlevant ses lunettes de soleils et dit : « Robin, Robin, Robin… Décidément, le destin souhaite réellement votre perte. »
Rien n'égale la quiétude de ce lieu si ce n'est la forêt bien sûr. Robin aimait cependant cet endroit où il n'était pas rare de voir quelques cygnes se délectaient des miettes de pain laissaient par quelques visiteurs. On pouvait également y croiser quelques fois le Dr Hopper qui béret sur la tête, promenait son dalmatien. L'homme était sympathique et toujours à l'écoute, un peu trop selon Robin qui continuait à se muer dans l'incompréhension lorsque Regina tentait de lui expliquer la fonction de celui qui jadis jouait les bonnes consciences de Gepetto, puis de son garçon de bois, qui arborait aujourd'hui un tout autre look. Cette observation fit même sourire Robin toujours assit sur son banc. Mais sa condition et le dilemme qui alourdissait son cœur, lui fit perdre à nouveau son sourire. Une vraie question se posait-là ! Lui l’homme de codes, d’honneur avait à présent le choix entre la raison et le choix du cœur. Bien sûr il aimait encore Marianne, sa femme, mais cet amour était-il suffisamment fort pour rivaliser avec celui éprouvé pour Regina ?!
Robin toujours assis sur son banc, fut aussitôt sorti de sa réflexion par le claquement d'une paire de talons sur le sol. Curieux, il leva le regard et le posa sur une femme d'un certain âge qui portait malgré l'absence de soleil, une paire de lunettes. Mais ce n'est pas ce détail qui intrigua l'archer qui se leva aussitôt. Cette femme lui semblait terriblement familière, trop pour qu'il l'ignore.« -Je peux vous aider ? » lança-t-il conscient qu'elle l'observait également. Puis de toute sa majesté, la femme élégamment vêtue, s'avança vers son nouvel interlocuteur et se délesta de ses lunettes pour dévoiler son identité. Le cœur de Robin fit un bon comme si durant l'espace de quelques secondes, il s'était à nouveau retrouvé dans la salle de bal du Roi Richard lors d'une festivité où les convives étaient masqués. Le cœur de l'archer se serra davantage lorsqu'il entendit son prénom émanait de la bouche de celle que l'on connaissait mieux sous le nom de Reine des cœurs. « -Vous ? Non, c'est impossible, vous ne pouvez être là ! » Mâchoire serrée, il s'apprêtait à tourner les talons pour avertir de ce nouveau danger, mais c'était sans compter sur Cora qui avait d'autres plans en tête et qui d'un geste de la main, ramena le compagnon de sa fille à sa hauteur. « -Lâchez-moi sorcière ! » cracha-t-il avec dégoût loin de se douter qu'il ne pourrait sous peu, plus lutter contre la mère de Regina.
Cora s’avança en enlevant ses lunettes d’un geste hautain et supérieur, en les faisant ensuite disparaître élégamment. Robin ne semblait tout d’abord pas la reconnaitre, mais ensuite, son visage se décomposa. Evidemment, Cora ne put s’empêcher de lâcher un petit rire sadique face à sa réaction : elle avait si hâte, si impatiente de pouvoir briser la vie de l’archer en dix-milles morceaux, et elle c’était bien ce qu’elle allait faire.
De plus, d’une pierre deux coups, Robin était devenu une personne importante dans la vie de Cora : quoi de mieux que la lui enlever, pour mieux la récupérer. D’un geste euphorique et profondément provocateur, la reine de cœur dit alors :
« Oh darling, tout est possible avec moi, vous devriez le savoir. »
Robin, sachant que la reine n’allait pas le laisser indemne, essaya de tourner les talons. Durant ce court instant, tous les moments revinrent en elle, c’était ce petit merdeux l’ayant empêché de régner sur un royaume entier, accéder à un pouvoir exceptionnel en la compagnie du gentil, beau et attentionné Richard Cœur De Lion. Mais non, les goûts de Cora pour l’argent, le pouvoir et la soumission des autres face à sa grandeur étaient trop évidents pour le jeune garçon… Il lui avait donc enlevé Richard… Mais, à qui point sait attendre, et aujourd’hui, Madame Mills pouvait enfin savourer sa vengeance, à la fois personnelle, mais surtout utilitaire.
Cora resserra sa main et le fit tourner, pour qu’il lui fasse face, et elle commença à serrer sa gorge, elle dit, avec un sourire sarcastique aux lèvres, auquel on la connaissait si bien :
« Oh non non non Robin, ne partez-pas maintenant, j’ai besoin de vous. »
Elle s’approcha de lui, alors immobilisé, et lui subtilisa son cœur, elle s’éloigna un petit peu et dit, avec un petit rire devant le visage tordu de douleur de Robin alors qu’elle compressait, puis décompressait son cœur en gage d’amusement : « On ne s’en lasse jamais… »
Elle arrêta finalement, et dit :
« Vous allez m’être bien plus utile que vous le pensez très cher, bien plus que vous ne pouvez même l’imaginer. »
La fatalité, n'est-elle pas la maîtresse de nos destinées ? Celle qui régit en silence, notre déchéance à venir lorsqu'elle croise nos chemins ? La fatalité, que l'on soit prince ou moins que rien, que l'on soit reine ou bien putain, sans vergogne, sans distinction, elle fait de nous ses pantins, elle nous écrase entre ses mains… Je croyais y échapper, je louais le secret espoir, d'avoir enfin le droit au bonheur après avoir traversé tant de malheur. J'imaginais naïvement que mon cœur pur et mes bonnes actions passées, me permettraient enfin de vivre heureux, mais comme je vous l'ai dit, la fatalité ne fait pas de distinction et malheureusement pour moi, elle venait, une fois encore de frapper à ma porte, sans que je ne puisse m'en défaire… Je n'ai pas encore poussé mon dernier soupire, mais je sais que dorénavant, c'est un peu comme si j'étais mort…
Le sourire, le regard pétillant, plus rien de tout cela ne subsistait chez Robin. Le teint pâle, les poings serraient jusqu'à blanchir ses phalanges, l'homme qui faisait tant battre le cœur de Regina, était à présent difficilement reconnaissable. La colère transpirait de son regard et le souvenir de sa première rencontre avec la reine de cœur alimentait la haine endormie du voleur. C'était elle, elle la sorcière qui avait ensorcelé son roi pour le charmer et tout obtenir de lui. Elle, sa première approche avec de la magie et de ce fait, elle l'origine de ce dégoût pour la discipline pratiquée par Regina. Oui bien sûr, il y avait également l'enchanteresse qui s'était alliée au shérif, mais Cora n'en demeurait pas moins l'origine même de la phobie magique de Robin qui se rendit compte à quel point il méprisait encore cette pratique. Une flopée de souvenirs l'assaillir alors. Il se revoyait au bal vêtu comme la plupart, d'un masque. Il la revoyait, elle aussi pourvu d'un masque. Certes, elle était plus jeune à cette époque bénie, néanmoins, elle demeurait encore reconnaissable et de toute évidence, plus vile que jamais. Bien sûr, Robin ignorait le plus important, à savoir le lien qui unissait Cora à Regina, mais nul doute que son manque de connaissances sera comblé dans un avenir proche.
Pour l'heure, voulant éviter l'affrontement direct, notre archer préféra tourner les talons pour aller avertir Regina et Emma de l'arrivée de ce qui lui semblait être un nouvel adversaire, mais c'était mal connaître la reine de cœur qui ne s'embarrassa pas de formalités pour ramener son interlocuteur à elle. Incapable de se battre contre le sort qui venait d'être jeté, Robin paralysé, se retrouva à nouveau face à Cora. Le regard azur de l'archer se mua en une fureur glacée dans laquelle l'on ne pouvait se résoudre à plonger. Son cœur quant à lui, cognait avec vigueur contre sa cage thoracique. Cora leva la main en direction de Robin qui sentit alors sa gorge se serrer. Le souffle coupé, il tenta de lutter en vain, la pression était trop forte. Une petite veine apparut alors sur sa tempe gauche, son regard peinait à trouver un point d'ancrage au vu du trouble qui émanait de sa vision.« -….lâchez…moi…Sorcière ! » tenta-t-il d'articuler en posant ses mains sur sa gorge espérant ainsi se dégager de l'entrave magique. Fière de sa prouesse, le sourire aux lèvres, Cora s'approcha de sa victime, le pas victorieux. Robin tenta de lutter une dernière fois, en vain. Il sentit alors la main de la monarque plonger dans sa poitrine. La douleur fut immédiate, la bouche entrouverte, le voleur se retint malgré tout de hurler. Il ressentait tout, la froideur de la main se logeant dans ses entrailles, les battements incertains de son organe vital à présent délesté de la moindre protection. Le regard brillant, il vit son adversaire le délester de son cœur et le presser comme l'on presse une orange. La douleur s'intensifia dès lors, preuve que l'on pouvait encore souffrir davantage. Délesté de l'entrave à sa gorge, le voleur au grand cœur tomba à genoux, la gorge en feu et le corps aussi lourd qu'une pierre. Sa vision continuait à se troubler et tout lui semblait si incertain à présent. Il n'avait plus le contrôle, c'était évident « -Arrêtez … » lança-t-il désespéré. La dame si employa enfin et lança à Robin des paroles qui lui firent froid dans le dos. « - Non jamais ! Je ne ferais rien pour vous Cora. Plutôt crever que d'être votre serviteur. Aller donc vous faire, voir ! » furent ses derniers mots…
Un sourire démoniaque sur les lèvres, Cora serrait toujours plus fort l’étreinte magique voyant l’archer, impuissant face à sa force exceptionnelle. La femme qui fut souveraine sur le royaume de Richard Cœur de Lion durant quelques temps regardait l’homme d’une mine satisfaite. Elle était glaçante, jubilant de sa vengeance personnelle faite à l’archer : il avait ruinée ses chances avec le souverain et ses chances d’accéder à un trône exceptionnel. Rappelons tout de même le fait que si Robin ne serait pas intervenu, Regina ne serait pas devenue la méchante reine, et tout pourrait être parfait dans le meilleur des mondes. Madame Mills jouant les tyranniques éjectant du trône son cher mari, Regina vivant une vie de princesse et Robin, une vie minable tel qu’il le méritait. Mais le destin en voulut autrement, et aujourd’hui, Cora ne loupait pas cet délectation, celle de détruire sa vie morceau par morceau et le consumer petit feu par petit feu.
Elle plongea sa main glacée sans un mot pour y ressortir le cœur rouge écarlate, sous les supplications de l’archer. Comme à son habitude, le vaniteux voleur en plus d’être égocentrique à souhait piqua la reine de cœur. Mais concrètement, elle n’en avait rien à faire : elle allait donner la pire des punitions à Robin : se détruire, tout en étant conscient. Elle dit :
« Ne fatiguez-pas votre salive très cher, vous allez vite regretter de ne pas être mort. »
Elle observait son cœur, il semblait assez pur pour un voleur : peut-être était-il vraiment du côté des héros ? elle dit sur un ton euphorique :
« Vous ne savez pas à quel point cela va être agréable de voir votre cœur noircir, vous voir faire du mal à la personne que vous aimez. Mais le meilleur, ce sera de vous voir sous mes ordres, vous êtes désormais moins dangereux qu’une vulgaire mouche mourante. »
Son plan était simple : elle voulait que Regina soit profondément blessée, anéantie. Alors quoi de mieux que d’user de son véritable amour ? L’ancienne meunière allait en effet dire à Robin de se détacher d’elle, de lui balancer les pires crasses possibles et imaginables à la figure, user de ses faiblesses pour l’anéantir, et pour la faire revenir du côté de sa mère, pour qu’elle se rende compte de la véritable nature des gens. Mais que cela serait si Robin en était inconscient ? Elle ordonnera à Robin d’être conscient, intérieurement de toutes ses paroles pour qu’il se brise le cœur lui-même. En soit, il quitterait Regina à contrecœur, littéralement : Cora lui ordonnait de le faire, mais lui, il n’avait pas d’autres choix que de le faire. Et c’était là le meilleur du plan : lui serait anéantie en voyant sa moitié se décomposer, mais d’apparence, jusqu’à ce que Cora autorise le contraire, il ne laissera rien paraître et Regina ne pourra absolument pas se douter du fait que cela soit faux. Et à la toute fin, Regina reviendra dans les bras de sa mère, et là, et là, Cora serait imbattable et pourrait semer la terreur en compagnie de sa fille sur tout Storybrooke.
« Le plan est simple mon cher Robin. Vous allez quitter Regina. » Lança-t-elle, en attendant la réaction de l’archer avant de continuer.
Blaise Pascal disait par le biais de sa diaphore que « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point » Un adage philosophique resté dans les mémoires. Autrefois, on l'attribué à la religion et au fait que la raison ne soit pas le meilleur des moyens pour appréhender Dieu. Mais aujourd'hui, la croyance populaire orientait cet adage vers l'humain et son irrationalité dans les décisions prises lorsqu'il est question d'amour. Le cœur, la raison, on en revient toujours à l'un ou à l'autre. Comme si leur existence était liée, comme si l'un ne pouvait se résoudre à exister sans l'autre. Mais que ce passe-t-il justement quand l'un est séparé de l'autre ? Que se passe-t-il lorsque nous n'avons plus aucun contrôle sur notre cœur ? La conscience, la raison peuvent-elles demeurées intactes? Sentant la pression de la main de Cora sur son organe, le pauvre Robin qui tâchait de contenir sa douleur pour ne pas être trop rapidement vaincu, dû se rendre à l'évidence qu'il ne pourrait rien faire. La lutte était impossible au vu du caractère surhumain de la douleur. Et bien malgré lui, Robin se retrouva très rapidement au sol, à devoir ployer le genou face à une Cora au comble de sa virtuosité. Après tout, on ne l'appelait pas la reine de cœur pour rien.
« -Arh !!!!! » grimaça notre archer au summum de la douleur. Le sifflement qui bourdonnait dans ses oreilles l'empêchait d'appréhender la situation, au même titre de la douleur qui le paralysait sur place. Il trouva néanmoins la force de poser son regard sur Cora et la supplia de mettre un terme à sa torture, conscient qu'ainsi, par le biais de cette réédition, il se condamnait lui-même. Avait-il seulement le choix ? La rhétorique de cette interrogation ne faisait d'ailleurs qu'amoindrir l'espoir de se sortir de cette périlleuse situation sans y laisser quelques plumes. Cora, en parfaite maîtresse de la situation, jouissait d'ailleurs de ce revirement et continuait à observer le cœur du voleur, sans omettre de sourire cela va de soit. Et avant d'énoncer son plan diabolique, la reine s'octroya quelques délicieuses secondes de sadisme à l'état pur. « -Non… » souffla-t-il avec difficultés « -…je ne lui ferais jamais … de mal… » Il luttait encore, mais non sans mal. Allait à l'encontre des paroles de Cora semblait alors impossible. Plus retors que jamais, la mère de Regina énonça enfin son plan.
« -Je… » parvint à articuler Robin qui luttait à présent contre les paroles de Cora qui venait de lui intimer de quitter Regina. « -…non… » Il essaya de réitérer la négation en vain ; il était impossible de résister. Pour rajouter de la perversion à son œuvre, la gente dame fit en sorte de ne rien laisser paraître chez le voleur qui délestait de sa douleur, se releva aussitôt. Son visage était à présent impassible bien qu'à l'intérieur la lutte soit âpre. « -Je vais la quitter » lança-t-il sans manifester la moindre tristesse. « -Que dois-je faire maintenant ? » Oui, si à l'intérieur, le voleur continuait à lutter, sa raison venait malgré tout de perdre une grande bataille et cela ne faisait que commencer.
Cora se délectait de l’impuissance de l’archer, elle le regardait de son air hautain le plus provocateur. Il était à sa merci, enfin. Robin était son épine dans le pied la lus présente, entre ses plans échoués par sa faute, et le fait qu’il était le véritable amour de Regina, Cora se devait de se débarrasser de lui une bonne fois pour toute, de la meilleure des manières : qu’il se détruise sa vie à lui seul. Parce que quitter Regina était une chose, mais par la suite, la reine de cœur allait lui faire perdre tous ses amis et alliés, lui faire perdre son travail, enfin, lui détruire sa vie : c’était bien simple, Robin allait revenir à son état primitif, un primitif roturier ne valant pas plus qu’un vulgaire rat des champs. Mais enfin, ce plaisir n’était pas encore là et il fallait prendre chaque chose en son temps. Cora dit, exaspérée :
« Oh arrêtez de gémir, je vous pensais bien plus coriace que cela. »
Pauvre chéri, au final, en un simple geste, il venait de tout perdre : absolument tout. Son cœur désormais entre les mains d’une de ses pires ennemies, il ne valait plus rien et était aussi docile qu’un pauvre mouton. Il était désormais son nouveau pion ajouté à sa longue et puissante gamme : l’archer était le nouveau pion sur l’échiquier de la reine de cœur.
Soudain, aux paroles de Cora, l’archer dit, limpidement qu’il allait quitter Regina. Cela arracha un sourire à l’impitoyable femme. Il demanda directement derrière ce qu’il devait faire désormais, le sourire de Cora grandit d’autant plus. Elle dit :
« Vous voilà revenu à la raison. Il était temps n’est-ce pas ? C’est bien simple très cher, je veux que d’ici la fin de la semaine, vous lui avez brisé le cœur. Vous allez la quitter de la pire des manières : en vous montrant doux et attentionné avec elle, avant de lui dire les pires des vacheries, j’imagine que vous savez taper là où ça fait mal. Je vous surveillerai à l'aide de mon miroir, vous allez vous montrer exécrable avec elle. »
Elle prit sa respiration, satisfaite d’elle-même : elle savait que Robin était capable de lui briser le cœur avec les mots, il était si haut dans l’estime de Regina. Elle continua :
« Evidemment, je ne veux pas que vous laissiez douter à un seul moment à quiconque que je vous ai subtilisé votre cœur. Vous allez jurer par tous les dieux et même sur votre enfant que tout ce que vous faites, c’est en votre âme et conscience. »
Le regard vide et incapable de reprendre le contrôle de la situation, Robin cessa aussitôt de gémir répondant ainsi aux ordres de Cora qui tenait entre ses mains son cœur rougeoyant. Le pauvre voleur ne parvenait à lutter, il n'était rien de plus qu'une masse inerte. Les bras ballants, le regard délesté de cette petite étincelle si particulière, il semblait insensible à tout ce qui l'entourait, seules les paroles de Cora avaient un sens et c'est bien malgré lui, qu'il les attendait, incapable de faire autre chose à présent. Il répéta donc presque avec conviction cette fois, qu'il allait quitter Regina. Pas folle et cruellement machiavélique, Cora s'était arrangée pour que dès lors notre héros soit le plus crédible possible. L'archer sorti aussitôt de son état presque léthargique. Il semblait si normal à présent, tellement qu'il était impossible d'imaginer que son cœur ne battait plus dans sa poitrine. La reine de cœur plus victorieuse encore, laissait paraître sur son visage austère, un sourire à vous glacer le sang. Elle le possédait totalement l'esprit et l'âme de Robin qui ne pouvait se résoudre à la combattre, il avait perdu la bataille avant qu'elle ne commence et attendait dès à présent les ordres tel un félin docile.
« -Je lui briserai le cœur avant que la semaine ne s'achève soyez en assuré. Je ferais selon votre convenance » dit-il en inclinant la tête comme s'il s'apprêtait à faire une révérence. « -Je serais le plus immonde des salauds, je lui ferais entendre tout ce que la plupart des habitants de cette ville pensent tout bas. » Il se tue marquant un silence pour laisser sa souveraine temporaire lui transmettre de nouveaux impératifs. « -Personne n'en sera rien. Et je jure devant les dieux et sur la vie de mon enfant que tout ce que je fais est accompli en mon âme et conscience. » Le possédé posa une fois encore son regard sur le cœur rougeoyant toujours en possession de Cora « -Je ne ressens plus rien pour elle de toute façon, alors à quoi bon !? Cette vie n'est pas la mienne, ce monde n'est pas le mien. Je me suis trop longtemps voilé la face. Je ne l'aime pas… Je ne ressens rien, la seule qui compte, c'est Marianne. Puis-je m'en aller maintenant ? Je dois la trouver et être à ses côtés. Nul besoin de proférer de vacheries pour briser un cœur. Il suffit d'un choix et je choisis la raison… Je vais le lui dire…lui faire comprendre que c'est ma femme que je choisis. Son cœur sera brisé et vous aurez ce que vous voulez majesté ! Cela vous plaît-il ? »
Les paroles de Robin lui aurait brisé le cœur si elle était Regina, elles semblaient si vraies. Et c’était à ce moment précis que Cora réalisait une chose : sa mission était réussie, après toutes ces années, Regina allait enfin revenir dans les bras de sa mère, et pourraient enfin vivre ensembles.
Elle connaissait les ficelles par cœur, et avait programmé Robin pour qu’il n’ai aucune, absolument aucune faille : l’amour était peut-être la plus puissante des magies, mais dépourvu d’âme, de cœur, il n’était rien. Contrôler quelqu’un était le meilleur moyen pour le déshumaniser, et ainsi enlever cette magie si puissante portant le nom de l’amour. Il n’était finalement pas plus fort que tout, la preuve était là.
« M’en voilà ravie Robin, vraiment. Je suis heureuse d’avoir enfin pu détruire votre vie, comme vous l’avez fait tant d’années auparavant. Et qui plus est, tu le fais à contrecœur, ton cœur, qui est ici entre mes mains te dirait de rester avec Regina, de croire en elle. Mais ta bouche, ton esprit, ton cerveau, contrôlé par ma personne te fait dire tout le contraire. Alors oui, tu retourneras avec ta chère Marianne, mais tu seras malheureux, profondément malheureux. »
Ce que l’archer ne savait pas, c’était que Marianne n’était autre que sa deuxième fille Zelena, mais cela, Cora n’en avait pas conscience non plus : lorsqu’elle l’apprendrait, ce ne serait qu’un plus, et une fierté immense envers sa première fille ayant fait preuve d’ingéniosité : Robin allait finir seul, avec son misérable fils. En attendant, Cora faisait les choses jusqu’au bout : Robin était programmé pour ne pas être heureux avec Marianne, et il ne le sera plus jamais. L’esprit et l’imagination de la reine de cœur était tordu et remplie de haine, de vengeance, et de méchanceté. Sans pitié, elle venait de le détruire, et n’éprouvait même pas un soupçon de remord : il en était ainsi. Ce qu’elle faisait était impardonnable, mais peut-être qu’elle ne savait pas elle-même ce qu’elle faisait : cela faisait des années qu’elle n’éprouvait plus rien, détruisant vie après vie sans la moindre pitié, une personne normalement constitué n’en dormirai plus la nuit. En revanche, Cora n’était pas normalement constituée : c’était une femme sans cœur, et donc sans sentiments.
« C’est parfait. Vous vous êtes effectivement bien trop voilé la face en pensant être heureux avec Regina. Votre discours est parfait en tout point, et il brisera le cœur à Regina. » Elle souffla un bon coup, totalement consciente du fait qu’elle était en train de briser sa fille en mille morceaux. C’était nécessaire pour enlever tous les éléments néfastes de sa vie.