D’un pas décidé, il avançait dans les couloirs du château encadré par une escorte de trois gardes. Cette confrontation, il en avait rêvé depuis le jour où Jasper était venu le retrouver à Londres. Ce jour funeste qui aurait dû terminer par son suicide avait finalement prit une tournure bien différente. Ses retrouvailles avec son ami-amant et ancien associé avaient été des plus houleuses. Après plus d’un siècle d’enfermement à récolter péniblement 999 âmes parmi les visiteurs de son manoir, Henry avait été incapable de l’achever. Nourrissant le dernier espoir de pouvoir sauver sa fille, il avait choisis de lui laisser la vie sauve. Jasper était sa dernière chance ! « Je trouverais un moyen de vous sauver, Henry ! Mélanie et toi… je vous sauverais et nous pourrons nous enfuir de cet enfer tous les trois ! » avait-il juré avant de quitter la bâtisse du manoir maudit de Boot Hill. Il n’était jamais revenu… tout du moins pas à temps ! Les conséquences de son incompétence et de sa trahison avaient été tragiques. Dans un dernier sursaut, Henry avait tenté de s’enfuir à son tour avec son enfant. C’était grandement sous-estimer le pouvoir de L’esprit de l’Oiseau-Tonnerre qui avaient lancé sa malédiction sur les Ravenswood. Le maître des lieux fut condamné à vivre doté d’une âme brisée et presque possédée, menaçant sans cesse de s’enfoncer totalement dans le Mal. Quant à sa petite fille adorée, qu’il croyait morte, elle avait subi un sort encore plus terrible. Condamnée à vivre éternellement et consciemment enfermée dans un tombeau à peine plus grand qu’elle.
« Elle est vivante Henry, ta fille est vivante ! » La nouvelle de son associé emplissait alors son cœur de joie. C’était cependant avant d’apprendre la terrible vérité ! Deux jours après la fuite de Ravenswood, Jasper était revenu, accompagné d’une très puissante sorcière du nom de Cora. En plus de posséder d’immenses pouvoirs, cette dernière était reine d’un des royaumes de la forêt Enchantée. Faisant croire à ses bonnes intentions, elle avait fini par le duper ! Certes, elle avait délogé Mélanie de sa prison de pierre, mais elle avait rapidement envoyé la demoiselle dans un autre royaume, non sans lui avoir arracher le cœur au préalable. C’était pour elle un moyen rêver de s’attacher les services de l’homme-double et le meurtrier qu’était Henry. Cora souhaitait à présent le voir ! Ravenswood était alors partit, sans ajouter un seul mot, laissant sans regret son ami derrière lui qui n’obtint pas ce qu’il désirait le plus au monde ; obtenir l’absolution de celui qui avait été à la fois son amant et son associé. Henry était quant à lui plus déterminé que jamais !
Bientôt, les gardes s’arrêtèrent devant une immense salle qui s’avérait être la salle du trône. Elle était là, majestueuse dans ses beaux atours. Henry devinait cependant très vite, que cette apparence de majesté n’avait rien d’un être humain… c’était un véritable démon ! En se retrouvant Cora, l’infortuné père ne put réprimer sa colère. Il la conservait en lui depuis bien trop longtemps ! D’un pas rapide mais lourd, il se précipita vers elle. « Espèce de monstre, sorcière ! » Il crachait ses mots sans retenue, il avait besoin de se libérer de sa fureur. Un regard meurtrier s’affichait alors sur ses traits. Il n’avait alors envie que d’une chose, l’attraper à la gorge et recueillir ses aveux dans un dernier souffle. « Où se trouve-elle, dites-le-moi ? Que lui avez-vous fait ? »
Madame Mills était désormais une pourriture, une horreur crainte de tout le monde. Cora avait pour grande habitude de faire règner un climat de peur, et, était devenue la noblesse la plus influente et la plus respectée de la forêt enchantée. Son plan pour Regina était désormais en place et sa fille adorée venait tout juste de se marier.
Malgré son plan en place, l’impitoyable femme sentait bien que le vent risquait de se retourner contre elle à tout moment, et avait besoin de quelqu’un pour veiller sur Regina, le temps de revenir et de re-semer sa pagaille. Alors Cora apprit qu’il y avait une personne parfaite pouvant veiller sur sa fille, un homme ayant une force, un courage et une disponibilté à tuer en cas de necessité exceptionnelle. Enfin, un parfait espion, pouvant facilement se fondre dans la masse. Cora décida alors de se renseigner un petit peu plus et eut le bonheur de trouver un moyen de pression sur lui : son adorable fille, Melanie, enfermée dans un tombeau pour le restant de sa vie.
Madame Mills, en puissante sorcière délivra la jolie jeune-fille et se lia d’amitié avec un ami de Henry Ravenswood. Elle lui fit croire qu’elle était des meilleures intentions et qu’elle allait délivrer cette fille, sans rien demander en retour. En réalité, Cora délivra bel et bien Melanie, mais l’envoya dans un royaume lointain, inaccessible sauf pour Cora, et évidemment, la reine de cœur avait toujours quatre pas d’avance et lui déroba son cœur : à la minute où Henry serait susceptible de retrouver sa fille, elle réduirait son cœur en cendres.
Evidemment, le père de l’innocente jeune-fille apprit els exploits de Cora, mais n’était pas dupe : Cora et lui ne se connaissaient pas, il se doutait très bien qu’elle n’allait pas faire cela en toute bonté d’âme et allait demander quelque-chose en plus.
Un jour, une rencontre se fit, et Cora attendit dans la grande salle de son manoir, chez les Mills, accompagnée de quelques gardes. Le pauvre homme fit irruption, révolté et horrifié, ses paroles essayaient de ressembler à des pics de poison sensés destabiliser, ou apeurer Cora. Mais il n’en fut rien, l’impitoyable femme savait pertinemment que cet homme allait être son pion, qu’il le veuille, ou non. Cora s’approcha alors d’un miroir et dit : « Ne vous-a-t-on jamais appris les bonnes manières très cher ? », dit-elle, tournant autour du pot pour énerver d’autant plus l’homme : « Vous devriez être beaucoup plus reconnaissant envers la femme qui a eu la décence de sauver votre pauvre fille… »
Elle continua, en faisant apparaître sur le miroir la fille de l’homme, elle l’immobilisa, l’empêchant de l’approcher : « Je ne lui ai rien fais, enfin… Pas grand-chose. Elle est en sécurité dans un royaume là où des gens responsables peuvent s’occuper d’elle, là où elle est enfin en sécurité. » Elle dit ensuite, plus arrogante, en faisant apparaître le cœur de la jeune fille dans sa main : « Cependant… Vous avez son destin en main… Je peux continuer à laisser votre fille s’amuser dans ce nouveau monde, et vous, vous serez à mon service, ou alors… » Dit-elle en serrant le cœur de la jeune fille, le sourire aux lèvres : « Vous pouvez me désobéir, ou refuser ma proposition… Mais dans ce cas-là, vous retrouverez votre fille inanimée et en pleine décomposition. »
La jeune fille se tordait de douleur sur le sol face aux yeux de son père, toujours immobilisé. Cora desserra le cœur, le fit disparaître, ainsi que l’image de Melanie sur le miroir, et dit :
Arrivé dans la salle du trône, Hayden ne put s’empêcher de se précipiter vers la reine qui lui avait joué ce mauvais tour. C’était un geste insensé et irréfléchi ! Après tout, si la reine avait été capable d’arracher sans peine le cœur de Mélanie d’un seul geste, qui sait quels étaient réellement l’étendue de ses pouvoirs. Hayden ne ressemblait pas à l’être manipulateur qu’il pouvait être en ce moment. Il n’était qu’un père rongé par la colère et la culpabilité qui ne désirait qu’une chose, sauver la vie de sa fille.
La reine ne se laissait pas décontenancer par ses paroles. Après tout, c’était elle qui se trouvait à présent en position de force. Que pouvait-elle bien avoir à faire d’un chien fatigué et galeux qui finirait de toutes manières par courber l’échine devant elle ? Car c’est ce qu’il était devenu après avoir fait plus de mille victimes et avoir subi les effets si négatifs d’une malédiction dont il était le seul responsable ? Il se serait certainement tu si la souveraine n’avait pas eu le culot d’affirmer qu’elle avait sauvé son enfant. A nouveau, il serra les poings et lui adressa un regard noir. « Et vous prétendriez l’avoir fait par pure bonté d’âme, c’est cela ? Allons soyons sérieux, je sais tout autant que vous que cela n’est pas le cas ! Je vous connais de réputation, vous n’accompliriez jamais une bonne action sans espérer un quelconque retour ! »
L’espace d’un instant, il était parvenu à reprendre le contrôle de lui-même. Traitant cette histoire comme une simple relation d’affaire, il avait repris une attitude bien plus conforme à sa position. « Cependant que cela soit clair entre nous ! Je refuse d’entrer dans votre jeu tant que vous ne m’aurez pas donné une preuve concrète que Mélanie est bien vivante. »
C’est alors que la reine fit apparaître dans le visage de Mélanie. Hayden sentit alors son cœur se serrer. Il se doutait bien que le miroir n’était qu’un reflet d’une réalité éloignée. Elle était donc toujours en vie ? « Mélanie ? » Sa fille adorée était encore là, semblant être bien plus heureuse et épanouie qu’à l’époque où elle vivait dans le manoir des Ravenswood. Cora ne manqua d’ailleurs pas de souligner ce fait, créant une boule de rage indescriptible dans le cœur de l’homme. « Je n’ai fait ça que pour la protéger ! Vous ne savez pas ce que vous dites. De quel droit vous permettez-vous de me juger ? Je suis persuadé que vous ne savez même pas ce que c’est que d’être parent et de vouloir à tout prix protéger son enfant ! »
Après avoir fait part de réflexion bien trop intime pour elle, il préféra se taire. Cet élan d’honnêteté ne lui ressemblait pas du tout. Il devait à nouveau se reprendre pour ne pas risquer de se montrer trop faible devant la reine. Cora lui annonça donc la couleur, lui montrant ce qui risquait de se produire s’il venait à refuser son accord. Tétanisé il était apeuré de constater à quel point les pouvoirs de cette reine sans pitié étaient grands. Il ne supportait pas de voir son enfant souffrir sous son joug. « Lâchez-la… au nom du ciel, laissez-la tranquille ! » Avait-il hurlé ses mots si forts qu’ils résonnèrent dans toute la salle.
Il n’avait pas le choix, il devait se plier à ses exigences. Il ne supportait pas cette idée ! Il avait toujours été le maître sur ses terres. Il ne s’était jamais soumis à quiconque et la simple idée de ne devenir qu’un simple serviteur. Pourtant, il se devait de le faire au nom de l’amour incommensurable qu’il avait pour son enfant. Après quelques minutes de silence, il tourna son regard vers elle, incapable de faire un seul mouvement puisque bloqué par cette sorcière. « C’est… c’est d’accord ! Aussi longtemps que ma fille restera en vie, je… je vous servirais. Je ne vous demanderais qu’une chose en échange, pouvoir garder un œil en permanence sur ma fille ! »
L’homme était horriblement décontenancé, Cora adorait voir ses pions perdre le contrôle, et oui, c’était la loi du plus fort : tout le monde se pliait face à elle, face à sa poigne de fer, sa froideur inégalable et sa puissance absolument gigantesque.
Il dit alors que Cora prétendait qu’elle l’avait fait par pure bonté d’âme, la reine de cœur ne put se retenir de rire : « Oh, ma réputation me précède à ce que je vois… Non, effectivement, je ne l’ai pas fait par pure bonté d’âme. A vrai dire, je déteste rendre service aux gens sans avoir un retour. Enfin, dans votre cas, votre ami m’a fait confiance, vous ne pouvez blâmer que lui… Pour ma part, j’exige uniquement ma part du marché. »
Ses mots étaient glaçants, poignants, Cora savait parler et l’usage de la parole était très importante à ses yeux, elle avait d’ailleurs manipulé de nombreuses personnes sans même avoir le besoin de recourir à la magie.
L’homme perdit ses moyens en voyant sa fille, sortant de ses gongs, Cora, elle estimait le fait qu’il était inutile de s’énerver : il était à sa merci dans tous les cas, il pouvait piailler tant qu’il le voulait, le résultat demeurerait le même. « Je ne fais que constater le fait que votre fille exhibe un sourire qu’elle n’a jamais eu auparavant, inutile de vous emporter, je ne vous juge en aucun point très cher. » Elle prit une tasse de thé dans les mains avant de continuer et dit : « Oh, croyez-moi, je sais ce que cela fait d’être parent et vous et moi avons bien plus de points en communs que vous ne le pensez. »
Cet homme paraissait fébrile, bancal, l’impitoyable sorcière aurait pensé qu’il était plus coriace mentalement. Elle commença à regretter son choix, peut-être qu’il n’était pas l’homme qu’elle pensait : elle se devait de lui faire faire un test.
Il accepta finalement le fait de servir Cora pour l’éternité, tant qu’il pouvait garder un œil sur sa fille. C’est ce que Cora voulait, mais en réalité, la reine n’était pas certaine de son coup : il fallait qu’il veille sur Regina, et peut-être qu’il ne serait pas assez dévoué, au vue de sa réaction précédente. Elle respira un bon coup, et dit : « Vous pourrez garder un œil sur votre fille à votre guise », elle fit apparaître un petit miroir et dit : « Vous pourrez l’observer à l’aide de ce petit miroir nuit et jour, cependant, je vous préviens : inutile d’essayer de trouver l’endroit exact où elle se trouve, ou encore d’essayer de la contacter : ce sera en vain. Pour l’observer, il vous suffira d’épeler son prénom. »
Cora n’était pas folle, elle donnait ce miroir uniquement pour qu’il puisse savoir que sa fille était en vie : mais, ce miroir ne pouvait faire que cela, il ne pouvait donner aucune information sur le lieu où était la jeune-fille, ni pouvoir lui parler.
Cora but un petit peu de thé avant de faire apparaître une feuille dans ses mains : « Cependant, je dois vous avouer que votre dévouement m’inquiète un petit peu, et j’ai besoin de savoir si vous êtes digne de confiance, et si vous serez à la hauteur de la tâche que je vous demanderais. » Elle tendit le papier, et dit : « Vous serez mon tueur aux dix commandements. »
Sur la feuille, dix commandements étaient marqués, un commandement était une personne à tuer ne respectant pas ce dernier. Si l’on avait la cendre des dix cœurs des dix commandements, on pouvait avoir accès à une puissance magique exceptionnelle : l’enjeu était donc décisif. Cependant, Cora ne pouvait pas le faire elle-même, car celui recevant les pouvoirs ne devait tuer aucune de ces personnes. Le sourire aux lèvres, Cora attendit que l’homme demande l’objet de cette mission
Entendre rire la reine à ses propos ne faisaist qu’accroître la boule de haine que Hayden sentait au fond de son estomac. Elle semblait terriblement fière de la réputation de méchante qu’elle s’était faite au travers de son royaume. Si elle était si connue que cela, comment Jasper avait-il pu tomber aussi facilement dans son piège ? Lui qui était pourtant si intelligent ? Il se rendit rapidement compte que la reine se faisait exactement la même réflexion. Cependant, si Hayden était furieux contre son ami, il n’était pas prêt à accepter qu’une autre personne de son entourage reçoive les remarques acerbes de la souveraine. « Je vous en prie, épargnez-moi ces réflexions ! Vous ne pouvez chercher à vous déculpabilisez vous-mêmes de cette situation. Ce n’est pas digne de votre réputation ! A l’avenir, j’apprécierais beaucoup que vous évitiez de cracher votre venin sur mes proches ! » Oui, Jasper avait été d’une idiotie sans nom dans cette affaire ! En croyant pouvoir les aider, ils les avaient condamnées à une vie sans doute milles fois pires que celle qu’ils avaient auparavant. Il était le seul à pouvoir affirmer la bêtise de son propre serviteur. Il ne lui ferait pas l’honneur de confirmer ses dires !
Cora ajouta encore une couche concernant la vie de son enfant. Elle n’avait jamais été aussi heureuse qu’à présent ! Laisser parler, ne pas réagir bêtement à ses propos… ces mots le brun ne cessait de les repasser dans sa tête. Même s’il conservait les poings serrés, il refusait d’admettre sa défaite. Il était d’un naturel fier et ne supportait pas l’idée de perdre la face devant qui que ce soit. Il affichait donc un rictus ironique en se tournant vers Cora. « Comment pouvez-vous le savoir ? D’ailleurs, c’est vrai ça ! Depuis combien de temps nous espionnez-vous ? Comment avez-vous entendu de moi… de nous ? Jusqu’à à peu, j’ignorais tout de votre existence ! » L’homme lui lança alors une remarque acerbe à propos du métier de parent qui était sans nul doute l’un des plus difficiles et ingrats du monde. « Vous êtes donc mère vous aussi ? Si c’est cela la considération que vous avez pour les enfants des autres je plains sincèrement le vôtre ! ». Comment pouvait-elle lui faire subir cette épreuve en étant elle-même mère ? N’avait-elle aucune compassion ou était-elle simplement dénuée de tout amour maternel ?
La reine consentit à répondre à sa demande. Son nouveau serviteur reçut alors un miroir qui lui permettrait de voir son enfant quand bon lui semblerait. Hayden n’était pas dupe ! Il savait parfaitement que ce miroir n’avait pour but que de torturer l’homme qui ne pouvait ni la rejoindre, ni lui parler. Il est vrai que l’homme aurait aimé savoir où se trouvait sa petite fille qui lui manquait tellement. Il se consola pourtant en pensant qu’il trouverait un jour un moyen de se libérer des entraves que Cora lui avait attribuées ! « Je vous remercie de m’accorder cette faveur ! C’était tout ce que je souhaitais obtenir de vous. » Pour le moment tout du moins !
Le brun se tenait alors plus fièrement, il observait la reine en face de lui sirotant tranquillement son thé. Une femme qui aimait garder le contrôle en toutes circonstances ! C’était un trait de caractère qu’il appréciait… et particulièrement chez une femme. Il aurait d’ailleurs pu être très admiratif si cette dernière ne tenait pas entre ses mains la vie de son enfant. Il laissa apparaître un rictus sur ses lèvres. « Comment pourrait-il vous inquiétez ? C’est vous qui êtes en position de force, non ? Douteriez-vous de votre propre capacité à conserver le contrôle sur vos serviteurs, votre Majesté ? » Il se tut alors, ne désirant pas la provoquer plus que de raison. Il tendit alors la main pour recevoir le papier que la reine lui tendait. Il leva alors un sourcil très étonné. « Le tueur aux dix commandements » ? Était-ce là une facétie da la souveraine ou un de ces jeux de pistes idiots qui amusait les aristocrates. « Tout cela semble très romantique mais je vous avoue ne jamais avoir été un grand amateur d’énigmes ou de casse-têtes. Que signifie ce charabia exactement ? »
Il regretta donc bien vite ses paroles. N’était-il donc que cela ? Un homme destiné à tuer et tuer encore pour nourrir les ambitions d’un esprit malveillant et d’une sorcière ? Il semblait soudainement bien loin le pauvre docteur Jekyll qui ne vivait que de bonnes actions et qui se nourrissait du bonheur des autres. « Parlez-moi de ses victimes à abattre. Qu’ont-elles de si particulier ? Que vous ont-elles donc fait pour mériter ainsi votre courroux ? »
« Oh je ne crache aucun venin très cher, je ne fais que dépeindre un constat objectif de la situation. Ne vous emportez pas allons, je préfère vous prévenir que si vous me parlez sur ce ton-là vous risquerez de perdre votre fille adorée. Je ne pense pas que cela soit le but de quiconque présent dans cette salle, n’est-ce pas ? »
Cora était maîtresse en terme de parole et de chantage : elle adorait se jouer de ses pions. Face à cette phrase, Hayden devrait être très malin pour ne pas faire perdre un membre à sa fille…
« Ma vie et la votre n’ont rien à voir, et je ne pense pas que vous soyez en mesure de me faire ne serait-ce qu’une seule critique sur ma façon d’élever ma fille. La mienne, au moins, n’a jamais été en danger, quel qu’il soit. »
C’était bien vrai : même si Cora n’éprouvait aucun sentiment de compassion vis-à-vis du traitement envers sa fille, elle l’aimait plus que tout et ferait tout son possible pour qu’elle puisse obtenir une vie heureuse et remplie de richesses et de plaisirs purs tels que le pouvoir et la magie.
« Quant à votre « espionnage », je n’ai fais que soutirer les informations à votre cher ami… Vous devriez lui dire de sceller sa langue et de la tourner sept fois dans sa bouche avant de parler, de temps en temps. Enfin, qui suis-je pour juger cette personne, après-tout, je n’aurais pas pu lui soutirer tant d’informations s’il ne m’avait rien dit. »
En réalité, l’impitoyable Cora avait fait un petit peu boire son ami pour qu’il puisse dévoiler la vie de Hayden. Enfin, le but n’était pas là et la conversation dériva sur le tueur aux dix commandements après l’épisode du miroir.
« Oh mais ne vous en faites pas darling, mes serviteurs m’obéissent aux doigt et à l’œil. Cependant, vous êtes mentalement beaucoup plus fort et beaucoup plus déréglé que les autres, j’ai besoin de vous tester. »
Elle déroula le parchemin, avec les dix commandements inscrits dessus. Son nouveau pion commença directement à poser des questions, il avait l’air prêt à tout pour sa fille, et il avait l’air d’accepter la mission.
« Sur ce parchemin sont marques dix commandements. Chaque victime correspondra à un commandement. Votre mission est simple, me rapporter le cœur de la victime, et l’écraser dans ce récipient que vous voyer là. » Dit-elle en montrant un récipient orné d’une écriture magique inconnu par tous, sauf Cora, évidemment.
« Je ne peux pas effectuer cette mission seule car celui recevant les pouvoirs des dix commandements ne doit avoir tué aucune des victimes. C’est donc pour cela que vous allez vous en occuper, très cher. »
La mission était capitale aux yeux de Cora : recevoir tous ces pouvoirs lui donnait une force magique d’autant plus puissante que maintenant, sans égaler celle du ténébreux évidemment, cependant, cela n’était pas négligeable et la reine voulait à tout prix accroître ses pouvoirs.
« Nous commencerons donc avec le commandement numéro 5, si vous le voulez bien : « Honores ta mère et ton père. »
Serrant les dents, Hayden se retint d’exprimer le fond de sa pensée à Cora. S’il avait pu, il aurait volontiers déclaré qu’il était aussi objectif qu’elle devant cette situation qui lui déplaisait au plus haut point. N’était-il pas vrai qu’elle était la source de tous ces problèmes aujourd’hui ? Cependant la souveraine ne l’aurait jamais admis, et il le savait ! Elle tenait entre ses mains la vie de sa fille adorée et une seule parole déplacée pourrait avoir des conséquences dramatiques pour elle. Il se contenta alors de baisser la tête et de laisser ses paroles s’effacer lentement de son esprit. Ils en vinrent à comparer leur manière d’élever leurs filles. Cora prétendait que Hayden avait à de nombreuses reprises mis en danger la vie de sa fille. C’était vrai… cela il ne pourrait décemment le nier ! Le pacte qu’il avait involontairement conclus avec ce maudit démon l’avait condamnée à purger les péchés de son père sans en avoir le choix ! Il s’en était éternellement voulu et c’est pourquoi, aujourd’hui, il ne commettrait pas la même erreur ! Il resterait prudent et ferait tout pour ne pas mettre en péril la vie de son enfant. Une fois de plus, il choisit de se taire. Rétorquer à une telle bravade n’aurait apporter à cette diablesse qu’une joie supplémentaire ! Il en avait plus qu’assez de cette joute oratoire qui ne menait à rien.
La souveraine se permit d’ajouter une couche en parlant de Jasper. C’était donc vrai, son serviteur si fidèle et si dévoué l’avait trahi ? Sans même prendre conscience de ce qu’il faisait, il avait parlé de la malédiction à qui voulait bien l’entendre… profitant de cette occasion pour parler des crimes qu’il avait commis aux côtés de son maître ? Dans le fond, est-ce que Hayden pouvait réellement s’en sentir surpris ? Il connaissait son ami depuis plus d’un siècle. Jasper avait bien des qualités mais il se montrait bien trop naïf et bavards envers des inconnus. A force de se persuader que tout le monde avait une part de bonté, il avait fini par tomber lui-même dans un piège ! Hayden aurait sans doute pu pardonner à son compagnon de toujours si ce dernier ne l’avait pas entraîné lui-même dans sa chute ! Le silence suivit une fois encore les déclarations de Cora. Hayden avait à présent hâte qu’ils abordent le sujet qui l’avait mené jusqu’à elle !
La petite réflexion de Cora sur la qualité de son mental le fit gentiment sourire. Il s’était peut-être mis à genoux devant un démon par manque d’options mais il n’accepterait jamais d’en faire de même avec une personne de son espèce. La souveraine avait beau être une sorcière très puissante, la seule chose qui lui permettait de garder le contrôle sur son nouveau jouet c’était le cœur de sa fille. Sans en dire un seul mot, Hayden se promettait déjà de lui faire payer au centuple cette humiliation une fois que le cœur de sa fille serait à nouveau en sa possession. Il s’autorisa alors une petite pique, la seule à cette partie de leur conversation « Je vous prie de me pardonner, Majesté ! Il n’est pas dans mes habitudes d’obéir aux ordres… d’ordinaire je fais partie de ceux qui les donne ! Mais s’il vous plait de croire que je suis un si mauvais père que la vie de ma fille ne suffit pas à acheter ma loyauté libre à vous ! Que devrais-je donc faire pour plaire à votre Majesté ? »
Cora tendit alors à Hayden un parchemin avec dix commandements, lui expliquant de quoi il en retournait. Levant un sourcil, quelque peu surpris par les dires de la reine, il acceptait pourtant de se plier à ses étranges lubies. Après tout, il n’avait guère d’autres choix ! « Je comprends ! Il vous fallait donc un intermédiaire pour se salir les mains à votre place ! » claqua-t-il sa langue contre son palais pour noter son agacement. Les meurtres, il ne désirait plus en commettre… La seule chose qu’il désirait c’était de pouvoir se racheter une conduite et un semblant de conscience. Ce ne serait certes pas cette mission qui l’y aiderait. « Cependant je ne dispose pas de votre art magique pour arracher et écraser les cœurs… le résultat risque d’être bien moins charmant que celui que vous pourriez obtenir vous-mêmes ! » s’imaginait-il déjà répugné devoir ouvrir la cage thoracique de ses victimes pour leur arracher leur coeur avant de presser l'organe de ses victimes comme une orange sans ce récipient. Cora lui confia alors sa première mission. Hayden haussa alors les épaules, ne sachant réellement que répondre à la souveraine qui compliquait déjà les choses en prenant cette liste en désordre. « Qui devrais-je tuer, Majesté ? »
Cora était satisfaite de la réponse d’Hayden. Elle sentait qu’il allait être un serviteur dévoué pour la simple et bonne raison que le moyen de pression que la reine avait contre lui était assez puissant et important à ses yeux pour qu’il fasse absolument tout et n’importe quoi. Cependant, Cora n’était pas idiote, et ce nouveau serviteur allait être l’un de ceux beaucoup plus rusé que les autres, et allait essayé de se venger à la première occasion : il fallait donc rester sur ses gardes. Cependant, il fallait avouer que Madame Mills appréciait déjà plutôt bien ce nouveau personnage aux traits de caractère différents des autres pions : il aurait peut-être le droit un jour de devenir la main de la reine de cœur ? Enfin, Cora répondit limpidement aux dires de son nouveau serviteur :
« Eh bien il va falloir vous habituer à les recevoir très cher. Et, je pense que tous les parents font des erreurs de temps à autres. » Cora se rendit compte qu’elle faisait preuve de gentillesse, elle rattrapa alors en disant : « Enfin, vous plus que d’autres. »
Il était dans sa nature d’être raillante et désagréable, même dans les bons jours, c’était dans sa nature de faire des réflexions blessantes : elle savait user de la parole, et manipuler les gens à merveille, en plus d’être une déesse dans la matière des joutes verbales. Cora passa donc ensuite aux explications des dix commandements, il comprit alors plutôt vite la mission, et la reine de cœur acquiesça à sa remarque en ajoutant :
« Exactement, vous tuerez à ma place. »
Non pas que Madame Mills ne voulait pas le faire, elle ne pouvait tout simplement pas. Evidemment, elle avait tout prévu. Elle tourna les talons sans un mot se dirigeant avec classe, comme à sa habitude vers une boite en cristal, de là, elle y sortit un gant rouge orné d’or et d’argent. Elle retourna vers son nouveau pion et dit :
« Voici un gant qui vous aidera à arracher les cœurs de vos victimes. Evidemment, n’essayez pas de me le faire ou de le faire à ma famille, vous échouerez. »
Conclues-t-elle avec un sourire satisfait : effectivement, la reine de cœur avait ôtée son cœur de sa cage thoracique pour le mettre dans un endroit connu uniquement par elle, et de protéger la poitrine de son mari, et de sa fille pour qu’ils soient en sécurité. Elle avait toujours trois coups d’avance.
Hayden ne posa pas plus de questions que cela, passant directement dans le vif du sujet, Cora ne put s’empêcher de réagir d’une moue satisfaite avant de répondre :
« Ce premier meurtre est simple… Vous allez devoir tuer un enfant se prénommant Malcolm. Il habite avec ses parents, et leurs faits les 400 coups pendant qu’ils se démènent pour lui offrir une vi magnifique, oh, eh, il a détruit toutes les récoltes de son père rien que pour s’amuser, laissant sa famille dans la famine. Vous le tuerez. »
Les mots que la Reine prononça alors m’étonnèrent au plus haut point. Soudainement, le monstre impitoyable sembla prendre pitié des erreurs que l’on pouvait commettre en tant que parent. Levant un sourcil circonspect, je lui adressais un sourire ironique. N’osant prononcer un mot, je ne pouvais cependant m’empêcher de songer que la compassion était bien la dernière des qualités que je lui aurais prêtée. Cependant, elle m’interpelait également sur un tout autre sujet. Était-elle une mère aussi exemplaire que ce qu’elle semblait prétendre ? Était-elle agacée par son attitude envers propre fille ? Si tel était le cas, cela révélait une chose importante qui pèserait peut-être fortement dans la balance lors de nos négociations. La Reine sans cœur possédait également son propre talon d’Achille ! Une faiblesse que j’exploiterais si la souveraine osait venir s’en prendre à la vie de mon enfant.
Je n’avais alors pas ajouté un mot et rien dans mes pensées ou mon attitude ne témoignait de mes pensées actuelles. Fort heureusement d’ailleurs, Cora n’aurait certainement pas attendu une minute de plus pour me les faire amèrement regretter. Elle me parla alors du petit jeu auquel elle souhaitait me faire jouer. Je devrais effectuer 10 crimes en son nom et je me salirais les mains pour elle pour éviter qu’elle ne puisse perdre son pouvoir si précieux. Une fois mes doutes confirmés, je poussais un léger soupir avant de lui adresser un regard décidé. « Très bien, je ferais comme il plaira à sa Majesté. »
Je ne pus cependant m’empêcher de lui faire remarquer qu’arracher le cœur de mes victimes étaient loin d’être une sinécure et que la tâche était beaucoup plus ardue pour moi qu’elle ne l’était pour sa royale personne. Elle sortit un gant qu’elle me tendit. Je l’inspectais sous toutes ses coutures lorsque la Reine ajouta qu’il me serait impossible d’éliminer les membres de sa famille de cette manière. Un léger rictus apparut alors sur mes lèvres. « Si cela peut vous tranquilliser, sachez que l’idée ne m’avait pas même traversé l’esprit. Je vous remercie cependant pour ce présent qui me permettra de garder mes mains littéralement propre… » Je disais littéralement car il était plus qu’évident que de manière figurée, elles ne le resteraient pas bien longtemps.
Après une longue conversation à échanger toutes sortes de politesse, Cora entra finalement dans le vif du sujet. Elle me parla alors d’un tout jeune enfant portant le prénom de Malcolm. Ce dernier avait vraisemblablement toutes les raisons du monde de déplaire à sa famille. En l’écoutant parler, je ne pouvais m’empêcher d’être étonné par de telles responsabilité. Personnellement, je pensais qu’elle profiterait de cette occasion pour se débarrasser de ses ennemis. Qu’est-ce que la mort d’un sale mioche pourrait bien lui apporter en dehors de son cœur ? Je ne pris cependant pas le temps d’en parler. Après tout, les ordres étaient les ordres et ils ne se discutaient pas. « Puis-je vous demander comment je pourrais trouver ce jeune garçon ? Vit-il dans la Forêt Enchantée ? »
Le vif du sujet s’installa bien vite, en effet, cela ne faisait que quelques minutes qu’Hayden était là, et Cora lui donnait d’hors et déjà sa première mission. D’un point de vue bien extérieur, on aurait pu croire que l’homme était le serviteur de Cora depuis bien des années… Mais il n’en était rien, en effet, cela ne faisait que quelques minutes qu’ils se connaissaient, du moins, en chair et en os car en réalité cela faisait bien plus longtemps que Cora planchait sur le cas Hayden.
Elle regarda l’homme, acceptant la mission sans broncher, enfin, il n’avait pas vraiment le choix. La reine de cœur était satisfaite, jugeant l’homme assez dévoué et son moyen de pression bien assez puissant. Mais, après-tout, ce n’était que dix pauvres meurtres : il n’y avait rien de bien méchant ou de bien catastrophique là-dedans. Surtout que ces dix personnes n’avaient pas respectés les dix commandements, alors ils avaient cherchés, en quelques sortes, à mourir. Avec un regard et un sourire satisfait, Cora dit :
« Je l’espère bien. »
Hayden promit qu’il n’avait pas pensé une seule seconde à toutes les possibilités que Cora venait de lui annoncer. Foutaises, bien-sûr qu’il était déjà en train de chercher un moyen pour la mettre à l’envers à Cora, mais c’était simplement que la reine de cœur n’était pas née de la dernière pluie, loin de là ! En effet, tous les coups que les gens les plus tordus pouvaient penser, elle y pensait aussi, alors il était tout simplement inutile d’essayer de déjouer ses précautions, enfin, il pouvait toujours essayer, à ses risques et périls. La dernière réplique fit sourire Cora, réagissant à ses propos, elle dit :
« Oui, enfin je préfère vous prévenir, ce serait dommage de prendre des risques inutiles pour ensuite périr d’une façon idiote, laissant entre mes mains votre pauvre fille innocente. Je ne fais que vous prévenir. » Dit-elle sur un ton faussement protecteur en continuant, relevant légèrement la tête : « Je vous en prie, vous aurez effectivement les mains moins sales d’un point de vue physique. »
Evidemment, ses mains ne seraient pas aussi propres d’un point de vue moral, mais bon, il n’était plus à dix morts près après-tout.
Hayden demanda des informations au sujet de l’enfant qui ne vivrait d’ici là que quelques heures, pauvre chéri. Cora prit une grande inspiration avant d’exposer la situation à son pion :
« C’est très simple, il vit dans une ville près d’ici, j’imagine que vous connaissez la légendaire Salem. Il habite là-bas. Sa disparition passera presque inaperçue tant cette ville est un chaos. Votre pire ennemi restera tout de même la peste lancée par la reine sorcière de la ville, même si les habitants n’en ont aucune idée, et n’utilisez pas de magie devant les habitants, ils ont horreur de cela. Je veux son corps, ramenez-le moi vivant. »