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Le retour de Carrie
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La vengeance… C’était que je connaissais bien ça, et elle m’avait permise de survivre jusqu’ici. Si la haine ne s’était pas emparée d’une partie de mon cœur, j’’aurais sans doute attenté à mes jours comme je l’avais souhaité. D’une certaine façon, je devais remercier Noa pour m’avoir remis les idées en place. Certes, pour une fée, la vengeance était sans doute une mauvaise chose, mais ça m’avait quelque peu ranimée et donnée une raison de vivre. Maintenant qui mon cœur se portait mieux, je pouvais penser à autre chose, et avancer sans avoir besoin de ressentir l’envie de tuer quelqu’un. J’avais réussi à faire mon deuil et je me sentais mieux. Jack m’avait beaucoup aidée, et je ne l’en remercierais jamais assez. Dans le fond, j’espérais que le besoin de vengeance d’Anne allait lui passer, comme ça m’était passé. On n’était pas vraiment heureux quand notre seul but est la vengeance, nous avions besoin de choses plus positives dans notre vie… Je lui souhaitais de trouver quelque chose ou quelqu’un qui l’aiderait à trouver le moyen d’accéder à un autre but, et à un autre bonheur.
Doucement mais surement, nous allions au port. Au fil de mes pas, l’odeur de la mer s’accentua. Ce parfum m’enivrait. Je savais que je serais très vite pleinement libre une fois de retour sur le Revenge, certes, Jack allait me passer un savon, mais ça n’avait pas d’importance, je voulais juste retrouver ma famille, mes amis, être loin des mousquetaires. Pour combler le vide, et effacer le silence qui s’installait, nous nous mimes à faire connaissance. Et je lui confiais que j’avais l’impression de la connaître. Etrangement, elle avait la même impression que moi, même si nous étions de parfaites inconnues l’une pour l’autre…
- C’est… Etrange… Soufflai-je.
Elle était une inconnue, mais j’avais l’impression qu’elle était un membre de ma famille. Elle avait ce quelque chose de familier… Comme si nous étions liées par quelque chose. Je n’’avais jamais ressenti ça avec quelqu’un d’autre que ma meute. Mais nous étions tous réunis au même endroit, elle ne pouvait pas être des nôtres. C’était très bizarre. J’essayais de réfléchir à ce qui pouvait bien créer cet étrange lien entre nous pendant que nous discutions.
- ça ne sera pas difficile de convaincre mon capitaine de partir… Nous ne devions pas rester longtemps de toute façon et je pense qu’il a tous les vivres dont il a besoin. Et il ne prendra pas le risque de mettre son navire et son équipage en danger. Nous irons nous arrêter plus loin si besoin.
Jack m’écoutait généralement. Je ne savais pas pourquoi, lui aussi me faisait confiance et c’était tant mieux. Et puis, l’instinct de survie d’une louve était peut-être un peu plus développé que celui de simple humain. Autant se fier à l’animal qui sommeil en moi non ? Et là, c’était encore plus fort qu’une question d’instinct, c’était juste logique. Après avoir perdu leur prisonnière, les mousquetaires allaient sans doute mettre le port sans dessus dessous pour me retrouver. Il était donc évident que nous devions déguerpir ! Et vite ! En plus, je ne serais pas contre de retrouver le large. C’était loin des terres que je me sentais bien et en sécurité. Loin de tout.
En discutant, je voulais en apprendre un peu plus sur Anne… Je lui posais donc quelques questions, mais elle ne semblait pas ravie par mon petit interrogatoire, pourtant elle répondit quand même.
- ça fait à peu près un an que je suis pirate… Avant, je vivais dans la forêt enchantée avec ma famille et puis je suis partie pour vivre en mer. Je suis devenue pirate par vengeance justement… Je suis partie à la poursuite de pirate et cette vie là m’a plu finalement, alors je suis restée en mer.
Reparler de ça me fit un léger pincement au cœur, mais ça ne me dérangeait plus d’en parler. Je ne fondais plus en larmes lorsque je pensais à mon William.
- Vous avez des enfants ? Lui demandai-je en pensant à mon fils.
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Dernière édition par Anne Bonny le Mar 29 Aoû - 11:33, édité 3 fois
Pourquoi étais-je là en train de détailler cette pirate de haut en bas chercher une ressemblance avec moi. J’en venais même à en trouver dans sa manière de se mouvoir, jusqu’à ce que je me ressaisisse, j’étais fille unique. Ma mère était morte et elle n’avait pas enfanté avant moi. J’en étais certaine, enfin quasiment certaine, elle n’aurait pas pu abandonner son enfant, sinon pourquoi ne l’avait-elle pas fait avec moi ? Beaucoup de question se bousculer dans mon esprit et je mettais cela sur le compte du manque d’habitude en matière de sauvetage, avant de changer littéralement de sujet pour m’assurer que Anne avait bien compris combien il était important qu’elle grimpe dans son bateau et qu’elle vogue jusqu’à perte de vue pour ne plus jamais remettre les pied sur ce port. C’était essentiel. J’étais parvenue à la sauver une fois mais je n’étais pas certaine d’y parvenir une seconde fois. Cette dernière me confirma qu’elle partirait sans délai et je ressentais un pincement au cœur que je réprimandais en hochant la tête :
« Bien dans ce cas je pense que vous serais sauve pour quelques temps encore »
Au il du temps la discussion dériva sur mon identité et automatiquement je me braquais, question d’habitude. J’aurais pu lui mentir, lui dire que je venais de cette ville que j’étais née dans le château des De Winter devant des dizaines d’inconnu. J’aurais pu lui servir ce ramassis de mensonge que j’offrais aux personne trop curieuse, mais il n’en fut rien une parte de moi désirait qu’elle en sache un peu plus sur moi que les autres. Naturellement, je lui contais pas ma vraie histoire celle de la fille de la prostitué devenue la petite fille aux allumettes et achetée comme du bétail pour achevé le destin d’une gamine morte trop tôt, il ne fallait pas abuser non plus, mais le cœur y était. Sans compter que cela m’avait permis de lui retourner la question, elle était devenue une pirate par choix.
« Cette vie doit être palpitante ! »
Lâchais-je avec un brin d’admiration avant de manquer de tomber à terre lorsqu’elle me posa la question sur les enfants. Athos en voulait. Il n‘avait de cesse de m’en demander un et ce n’était pas faite d’essayer, mais les dieux refusaient de nous les offrir, je ne savais pas si je devais m’en réjouir ou le déplorer.
« Non, au grand damne de mon mari, je ne suis décidément pas l’épouse de l’année, mais je pense que c’est mieux ainsi,…. Et vous ? »
Un enfant en mère devait être compliqué à géré, enfin autant qu’être une femme en mer, autant sa vie me faisait rêver autant je ne savais pas combien de temps je pourrais tenir en compagnie d’un équipage, certainement pas plus d’un mois. J’avais besoin de m’aérer.
« Avez-vous réussi à mener votre vengeance à son terme ? Le changement à dû être radicale entre la forêt enchanté et la mer … D’ailleurs est-ce aussi dangereux que ce que l’on en dit ? »
Le regard d’Anne se baladait sur moi, je la sentais m’observer de la tête aux pieds. J’avais l’impression qu’elle cherchait quelque chose, comme si je cachais un secret. Le secret de cette familiarité étrange sans doute… Mais je n’en savais pas plus qu’elle. Elle me rappelait juste ce lien particulier que j’avais avec ma famille. Cette drôle d’impression de se sentir en sécurité et d’avoir confiance. Mais c’était sans doute lié au fait qu’elle m’avait sauvée la vie et rien d’autre. Je ne voyais pas d’autre explication possible. Tous les Bonny se connaissaient, et aucun d’entre nous ne se trouvaient de ce côté de l’océan, nous étions tous plus ou moins réuni dans la forêt enchantée.
Elle semblait tenir au fait que je reste en vie. Ce n’était pas dans mes projets de mourir tout de suite. Ce n’était pas près d’arriver. J’avais un instinct de survie très aiguisé, et même sans l’intervention de cette femme, je m’en serais sortie, je ne savais pas comment, mais j’y serais arrivée. J’en étais certaine. J’avais toujours réussi à m’en sortir, alors pourquoi ça changerait ? ça ne devait pas changer. J’étais douée pour m’attirer des ennuis, alors il fallait que la chance continue à me sourire ! Pour ma sécurité, Jack quitterait sans doute le port à ma demande en plus… J’osais l’espérer.
Calmement, par curiosité, nous faisions connaissance dans la nuit. Sans doute étions nous plus ou moins sincère. Je ne lui raconterais pas tout de moi, comme elle ne me dirait pas tout d’elle non plus. Nous nous connaissions à peine, et même si nous voulions jouer la carte de la sincérité, nous ne le serions pas pleinement. En tout cas, je ne le serais pas. Mon passé était encore trop récent pour que j’en parle avec légèreté et insouciance. Jack savait tout, et c’était déjà bien assez.
- Une vie pleine d’aventures et de rebondissements. On ne sait jamais de quoi demain sera fait. Répondis-je avec un petit sourire.
J’aimais cette vie, vivre des choses inattendue. Ça me détournait de mes sombres souvenirs. Ça occupait assez mon esprit pour l’aider à tourner la page. Cependant, en discutant avec elle, je venais à aborder un sujet quelque peu difficile à aborder : les enfants. En avait-elle ? Apparemment non. Son époux voulait être père, mais elle ne parvenait pas à en avoir ? Pour elle, ça semblait être une bonne chose pour elle.
- Pourquoi serait-ce mieux ainsi ? Vous n’en voulez pas ?
Peut-être étais-je trop indiscrète avec mes questions. Ce genre de question ne devait pas se poser ainsi, je ne devrais pas. Mais j’étais curieuse, et je voulais connaitre Anne, en savoir un peu plus sur elle pour la comprendre. En me retournant la question, je ressentis un pincement au cœur. Oui, j’avais un petit garçon, qui m’avait quittée bien trop tôt. Devais-je répondre à la question ? Devais-je mentir… ?
- Je… Commençai-je.
Cherchant mes mos, je réfléchissais à une réponse. Je ne savais vraiment pas quoi répondre. J’avais à la fois envie de lui dire la vérité, et à la fois envie de me protéger en gardant mon secret pour moi… C’est en me demandant si j’avais réussi à me venger que la réponse à donner me semblait plus évidente, et plus facile à formuler.
- C’est pour mon petit garçon que j’ai voulu me venger… J’ai en parti réussi à avoir satisfaction, il ne me reste plus qu’une seule personne à trouver…
Je finirais par trouver cette personne, quoi que ça me coûte. Je ne laisserais personne nuire à mon bonheur sans en payer le prix. Ce quelqu’un m’avait pris ce que j’avais de plus cher, et il allait être tué pour ça…
- Je me sens aussi bien en forêt qu’en mer. Toujours loin du monde. Cachée au milieu de la forêt ou encore perdue au milieu de l’océan. Et bien sur un bateau, la maladie se propage très vite, les abordages peuvent rafler énormément de vie. Mais quand on aime le danger, c’est plutôt plaisant, on se rend alors compte qu’il faut vraiment profiter de chaque jour comme si c’était le dernier, parce qu’on sait que nous ne verrons peut-être jamais le jour suivant…
Triste vérité, mais ça nous permettait de profiter de chaque moment de la vie. La vie était trop courte pour avoir des regrets, des remords, des hésitations. Il fallait vivre à fond chaque instant ! Ce n’était pas tous les jours facile, mais il fallait toujours se relever pour affronter l’ennemi et se battre pour notre vie.
- ce mode de vie me convient. J’aime vivre ainsi avec mon capitaine et son équipage. J’aurais beaucoup de difficultés à revenir vivre sur la terre ferme je crois. Lui confiai-je en souriant.
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Dernière édition par Anne Bonny le Mar 29 Aoû - 11:34, édité 1 fois
« Il deviendrait ma plus grande faiblesse et la cible des personnes qui cherchent à me voir tomber, ce n’est pas une vie pour un enfant ! »
J’étais intimement persuadée de ce que j’avançais, un enfant serait contraint de vivre avec le poids du secret de sa naissance, et quand bien même il ne le découvrirait jamais il était amène à être mis au courant par une tierce personne. Il deviendrait ainsi le noble le moins pur qu’il existe et sa vie détruite comme la mienne l’avait été à la mort de ma mère. Je vivais une existence dangereuse et même si cette vie s’était proposée à moi de manière naturelle pour rien au monde je la souhaiterais à mon enfant. Puis la question ne se posait pas étant donné que je n’en avais pas, et qu’à mon humble avis j’étais incapable d’enfanter, par contre Anne l’était peut-être. Je comprenais qu’elle était une mère à sa réaction lorsque je lui avais retourné la question, elle qui avait répondu avec une assurance insolente elle se mettait à chercher ses mots, certainement pour peser le pour et le contre d’une potentielle révélation. Patiente je me contentais d’attendre tout en me concentrant cette fois sur l’endroit où je mettais mes pieds, tout en lui donnant une échappatoire pour savoir si elle avait mené sa vengeance à son terme. Cette réponse me taraudait, elle m’avait dit que la vengeance finirait par me mener à ma perte, mais la sienne où l’avait-elle menée ? Rapidement et cette fois avec assurance cette dernière me répondait à mes deux questions, ainsi donc elle avait un fils, un fils mort ou clairement amoché pour justifier une vengeance avorté, ou du moins non aboutie.
« Cette personne sait-elle que la mort vient vers elle ? Il n’y a rien de pire pour un être humain que de se savoir traqué. Si vous voulez le torturer tentez donc de lui faire comprendre, la peur le fera commettre des erreurs et il vous sera plus aisé de le dénicher. »
Lâchais-je en guise de conseil, dévoilant ainsi mon secret et ma manière la plus sadique d’appréhender les personnes qui tournent un peu trop près autour de mon secret ou qui ont comploter contre moi ou avec mes ennemis. Laissant un sourire machiavélique étirer mes lèvres je laissais échapper un léger soupir avant d’écouter les dire d’Anne, elle était aussi bien en forêt qu’en mer. Elle avait de la chance. Enfin c’était ce que je pensais jusqu’à ce qu’elle me parle des maladies et des dégâts qu’elle peut provoquer. Fronçant les sourcils je tentais de m’imaginer en train de mourir d’une piètre maladie et je grimaçais, non je préférais mourir en me battant que mourir en étant malade allongée sur un lit à agoniser et à délirer à plein poumons.
« Vous n’avez jamais eu l’impression d’être prisonnière sur ce bateau ? Trop à l’étroit ? Je crois que c’est ce qui me ferait le plus peur dans ce mode de vie. »
Demandais-je une fois de plus avec un réel intérêt avant d’apercevoir un faisceau de lumière et de sentir l’odeur pestilentielle du poisson presque frais :
Je pouvais comprendre son point de vue. Une mère serait capable de tout pour ses enfants, même de sacrifier sa vie pour la sienne. Après la mort de William, j’avais songé à le rejoindre, d’une façon ou d’une autre. C’était Noa qui m’avait dissuadée de le faire, me disant que ce n’était sans doute pas ce que voulait mon fils, et que le mieux à faire, était de lui rendre justice. Sans doute ne s’était-elle pas attendue à ce que je rende justice moi-même et que je laisse parler la bête qui sommeillait en moi. Si le fait d’avoir été mère m’avait donné une faiblesse, ça m’avait aussi rendue plus forte. J’étais capable de tout pour William, je faisais des choses que je ne pouvais pas faire avant. Et si je n’avais pas été mère, je n’aurais sans doute pas pu faire un tel massacre sur le navire pirate, et je n’en serais pas là aujourd’hui. C’était en perdant ce que j’avais de plus cher, que j’étais devenue plus forte. Les enfants n’étaient sans doute pas qu’une faiblesse, mais aussi une source de force. Mais ce n’était que mon avis personnel.
Anne me donna ensuite un étrange conseil : faire en sorte que la personne sache qu’elle est traquée pour rendre ses derniers moments affreux, pour le torturer. Apparemment, en la faisant vivre dans la peur, elle commettrait des erreurs et ainsi je pourrais la trouver plus facilement. C’était bien beau tout ça, mais je ne savais pas encore comment parvenir à un tel résultat…
- L’ennui, c’est que je ne sais pas qui est la personne qui a fait ça… Comment je peux lui faire peur, si je ne sais même pas qui c’est ?
J’avais l’impression d’être une enfant dans une salle de classe qui posait des questions à son institutrice. Il fallait avouer que j’étais encore novice en matière de vengeance, de traque, de torture et de mort. Ça faisait à peine un an que j’étais pirate, et si j’avais réussi à tuer un équipage entier, je ne le devais qu’à mon instinct meurtrier de louve. L’humaine, elle, était un peu perdu dans ce monde très masculin. Tout ce que je savais à peu près bien faire, c’était faire les poches des passants, et encore, je n’étais pas très douée, puisque je m’étais fait prendre. Mais je saurais m’améliorer au fil des années.
Et puis, nous parlions en mer. Je lui parlais surtout de ses inconvénients, de ce qui était dangereux. Pour l’instant, nous avions toujours eu de la chance, rien de grave ne nous était arrivé. Certes, lors de quelques abordages, nous avions perdu quelques hommes, mais c’était les risques du métier. Aucune épidémie n’avait encore frapper le Revenge, et j’avais toujours su tirer mon épingle du jeu pour me sortir vivante de chaque attaque. Et ma nature animale était parfois très utile pour sauver ma peau. J’étais plus rapide, plus dangereuse et plus effrayante, on ne s’approchait jamais trop près de moi quand j’étais sous ma forme de louve géante. Mais il fallait tout de même se méfier des pistolets et des mousquets.
- Non, jamais. Quand on se sent à l’étroit, on regarde l’horizon. On voit alors les grands espaces, la mer à perte de vue et on l’impression d’être le roi ou la reine du monde, que le monde nous appartient. Mais c’est vrai, ce n’est pas un monde de qui convient à tout le monde. Moi, ça me plait. Découvrir toutes les contrées, me réveiller chaque matin face à un nouvel océan. Rencontrer de nouvelles personnes lorsqu’on mouille le navire. J’apprends tous les jours des nouvelles choses ! C’est palpitant ! M’exclamai-je.
L’odeur de la mer devenait de plus en plus forte, et l’odeur de poisson aussi. Il n’était pas frais leur poisson, je déconseillerais n’importe qui de le manger, il se rendrait malade. La dame me dit alors que nous étions bientôt arrivés, et je hochais la tête. Sans m’en apercevoir, j’accélérais le pas pour retrouver l’air frais et me sentir un peu plus libre à l’extérieur. Je me tournais ensuite vers Anne.
- Et vous ? Vous ne vous sentez pas prisonnière d’une prison dorée avec cette vie ? Avec tout le protocole à suivre ? Les règles à respecter ? Même si vous ne semblez pas toutes les respecter…
Je crois que je ne pourrais jamais retourner à cette vie bourgeoise que j’avais eu par le passé…
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Dernière édition par Anne Bonny le Dim 3 Sep - 12:14, édité 1 fois
Etrangement j’avais l’impression qu’Anne me comprenait. Elle ne semblait même pas me juger, ce qui était rare mais terriblement appréciable. J’en vends donc à me dire qu’Anne était comme moi, une femme sans enfant, mais elle me révéla le contraire. A mon grand étonnement, mais elle finissait dans un même temps par m’avouer que cet enfant était mort et que c’était son tueur qu’elle traquait. Naturellement, je me mettais à lui donner quelques tuyau dans l’art de la traque psychologique qui pousse les coupable à sortir de l’ombre sauf que cette dernière ne savait même pas qui avait tué son garçon. A ses mots, je baissais la tête profondément touché, cette fois je n’avais rien à dire, à sa place j’aurais tout bonnement péter un plomb, je serais devenue folle et je pouvais comprendre que cette dernière avait fini par opter pour la piraterie.
“ En effet c’est clairement plus compromis... J’ignore comme vous pouvez vous y prendre, mais je n’ai aucun doute sur le fait que vous parviendrez à le trouver et vous lui ferez payer son affront ! ”
Elle semblait douée pour traquer les gens, elle y arriverait, mais elle allait devoir faire preuve de patience ce qu’elle semblait avoir. Enfin si elle parvenait à être plus prudente lors de l’amarrage de son bateau sur un port, elle n’aurait pas toujours autant de chance et bien qu’elle semblait capable de se débrouiller seule, une part de moi savait qu’elle sous-estimait l’ingéniosité et l’efficacité des mousquetaires, surtout en ce qui concernait la protection de la couronne pour laquelle ils avaient prété allégence. Cependant, je me gardais bien de lui faire la remarque, elle n’avait pas besoin que j’en rajoute davantage elle avait compris la première fois. Je me contenais donc de la questionnait sur le manque de place sur un bateau, sujet qui me tenait à coeur et qui me perturbait légèrement, je devais l’avouer. Telle une enfant écoutant un grand maitre je l’écoutais tenant de savoir si je parviendrais à vivre ainsi sans le contact de ma jument et la liberté qu’elle m’apportait lorsque nous chevauchions à travers pré.
“ La découverte et l’adrénaline doivent être enivrant je vous l’accorde “
Concédais-je le regard rêveur, bien qu’elle n’était pas en capacité de s’en rendre compte, après tout aucun humain n’était capable de voir dans l’obscurité la plus parfaite non ? Les questions que me posait Anne me firent sourire tandis que je laissais échapper un léger rire.
“ Parfois cela m’arrive”
Avouais-je avec un ton nostalgique avant de me reprendre, et d’ajouter :
“ C’est sans doute pour cela que je m’adonne à des occupations moins traditionnel, je ne suis pas une adepte de la couture, encore moins des salons de thé mondain, sauf si cela me permets d’asservir un but précis. Cependant, et malgré toutes mes discordances, j’aime mon mari, puis j’ai une autre vie en plus de celle de Anne de Winter et cette vie est remplie de péripetie... Cette vie m’a été donné, maintenant je ne sais pas si je saurais m’en défaire, je n’arrive même plus à me rappeler qui j’étais avant “
C’était bien la première fois que je faisais allusion à celle que j’étais avant d’être acheté par les De Winter. Cette petite fille de prostitué, orpheline bien trop tôt et jeté à la rue pour servir de nourriture aux loups. Malgré tous ce que je pouvais penser de cette vie que j’avais été contrainte d’adopter, je devais concéder une chose : elle m’avait apporter le confort d’une vie sécurisante et à l’abri du besoin.
“ Qu’importe, l’avenir nous dira ce que nous adviendront, espérons que nos mauvais pas ne nous mènerons pas dans la tombe trop tôt...”
Hochant les épaules, je retenais un léger soupir avant de m’arrêter face à une nouvelle trappe qu’il nous était impossible d’atteindre sans monter par l’échelle en fer. Laissant échapper un soupir, je tentais de faire taire la montée de tristesse qui serrait mon coeur pour ajouter :
“ Je pense que nos chemins se sépareront ici. Personne ne doit nous apercevoir ensemble, rajustez donc votre cape et mettez la capuche, vous savez bel et bien où se trouve le reste de votre équipage ? “
Juger ? Est-ce que j’étais en position de juger ? Moi qui venais d’une famille bien, assez haut placée dans la société (même si elle en était arrivée là par la violence), assez puissante et qui avais tout plaqué pour une vie en mer, une vie de hors la loi, de voleuse et de meurtrière. Je n’avais rien à dire, et dans le fond, je me fichais bien de ce que les autres pouvaient faire ou penser. Nous étions tous maître de nos vies, nous avions le droit de faire ce que nous voulions. Enfin, ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient tant que ça ne gâchait pas ma vie à moi. On ne touchait à mes projets, mes envies, mes souhaits, au risque de rencontrer le grand méchant loup… Et ça, ça pouvait être très dangereux. En ce moment, je ne voulais qu’une seule et unique chose : me venger, trouver la personne qui m’avait pris mon William, mon fils… Je prenais en note les conseils d’Anne, même si je n’avais encore l’identité du meurtrier. Elle était d’accord avec moi, ça allait être compliqué pour moi de mener à bien ma vengeance. Mais elle me soutenait, et elle semblait croire en moi.
- Je l’espère vraiment… Je n’ai plus que ça à quoi m’accrocher… Je n’ai plus que ça comme but.
J’avais eu de grands projets, enfin j’avais surtout eu de grands projets pour William, j’avais tout fait pour lui préparer un bel avenir, mais c’était fini. Je ne savais pas quoi faire aujourd’hui, si ce n’est chercher celui ou celle qui m’avait enlevé ma raison de vivre. Ça faisait à peine un an que c’était arrivé, la douleur était encore là, bien présente et bien pesante. On m’avait dit que le temps ferait son œuvre, j’attendais encore que ça passe, que ça aille mieux. Heureusement, elle finit par changer de sujet, nous nous mîmes à parler de la mer. La vie au milieu des océans était d’un certain réconfort : loin de tout, loin du monde, avec l’impression de liberté plus grande que jamais. J’avais quitté mes forêts pour me retrouver au large des côtes, loin de la terre. Cette vie me plaisait… Ma vie avec Jack et le Revenge me plaisait, et ça effaçait un peu la peine que je ressentais.
- Je trouve tout ça excitant et fabuleux ! Répliquai-je.
C’était génial de découvrir le monde, d’autres cultures, et d’avoir des trésors ! Même si on partageait ces derniers, on arrivait toujours à avoir une belle somme à la fin des abordages. On s’en sortait très bien avec Jack ! Je crois que je n’échangerais cette vie pour rien au monde, ou presque rien… Mais ce que je voulais était impossible, alors sans doute vivrais-je tout ma vie sur les océans. J’aurais cette vie dangereuse et palpitante, cette vie que j’avais choisie et que personne ne m’avait imposée. J’écoutais avec attention la réponse à ma question. Oui, parfois elle sentait prisonnière de sa vie. Mais elle non plus, n’avait une vie si droite que ça, elle vivait des aventures à sa façon, pas moins dangereuse que la mienne. Malgré tout, elle précisa qu’elle aimait son mari. L’un n’empêchait pas l’autre, elle menait « juste » une double vie. J’avais l’impression que quand elle parlait, qu’elle était à la fois deux personnes différentes, il y avait un elle, et il y avait eu un autre elle…
- Et qui étiez-vous avant ? Demandai-je curieuse.
Je voulais en savoir un peu plus sur elle. Et en plus, j’avais l’impression de me reconnaitre en elle. Il y avait eu Anne MacGregor, la gentille épouse, mère de famille, douce comme un agneau, et puis il y avait Anne Bonny, pirate meurtrière qui taisait beaucoup moins la louve qui était en elle. Anne Bonny avait été présente avec la MacGregor, avait disparu avant de revenir à la charge pour ne plus jamais disparaitre. Je savais qui j’étais à présent, et je ne voulais plus me défaire de celle que je suis vraiment. Même si je pouvais avoir de fulgurant excès de colère, je m’en fichais, c’était une partie de moi, la partie la plus sombre de qui j’étais.
- Nous irons dans la tombe quand ça sera notre heure, et nous ne pourrions rien y faire. Espérons que nous ayons encore une longue vie devant nous.
Il fallait espérer que notre heure ne sonnerait pas trop tôt, mais si la mort se présentait à nous, nous ne pourrions rien y faire. Sans doute finirais-je en enfer pour toutes mes mauvaises actions. Mais pour l’instant, j’étais encore en vie et j’en profiterais pour accomplir ma vengeance ! Soudain, elle s’arrêtait : nous étions arrivés à une nouvelle trappe, celle-ci était au dessus de nos têtes. On pouvait y accéder grâce à une échelle en fer. Je regardais Anne pour savoir quoi faire. Elle semblait triste. J’étais triste aussi… bizarrement, je l’étais. J’aurais aimé continuer cette conversation pour savoir qui elle était et savoir ce qui nous liait. Parce que oui, il y avait quelque chose… Mais je ne savais pas quoi. A ses dires, je remis correctement ma cape, et également ma capuche ;
- Oui, je le sais. Et même s’ils ont bougé, je sais comment les retrouver. Je les retrouve toujours.
Certains hommes Jack sentaient tellement mauvais que je pouvais les repérer des kilomètres à la ronde ! Pas dur pour une louve de les retrouver ! Je fis un petit sourire à Anne et la pris dans mes bras, comme je l’aurais fait avec une cousine, ou une sœur.
- Merci pour tout… A bientôt peut-être… Soufflai-je.
Le désespoir et la tristesse d’Anne me serrait le coeur, me faisant découvrir le sens du mot empathie tandis que je me retenais pour lui proposer mon aide. J’étais prête à tout sacrifier pour cette femme et ce sentiment me perturbait au plus haut point. Qu’avait-elle de si spécial pour me pousser à faire cela ? Même pour mon mari que j’aimais profondément je n’étais pas certaine de pouvoir réagir ainsi, ma vie était plus importante que tout le reste c’était ce que j’avais toujours ressenti et pourtant en sa présence tout était remis en cause, même la perte de cet enfant m’atteignait alors que je ne l’avais jamais croisé. Désireuse de mettre fin à sa torture j’aiguillais la discussion sur la mer et la piraterie domaine qui semblait la mettre en joie et nous échangeables à ce sujet, certes je trouvais cela excitant à l’entendre parler, mais cela m’effrayait aussi. Au delà du côté précaire et dangereux de la manoeuvre j’avais l’impression que cette vie était une vie de réclusion enfermée dans les limite d’un navire, voguant à l’horizon sans la moindre terre en vu sauf en cas d’amarrage. Je ne me trouvais pas faites pour cela bien que je me réjouissais que ce fusse le cas pour Anne. D’ailleurs cette dernière pensait la même chose de ma vie et elle avait légèrement raison, sans m’en apercevoir je lui révélais une partie de mon imposture avant de lui expliquer que ma double vie me comblait entièrement. Malheureusement, mon erreur entraina une question qui me stoppa net, mon coeur s’arrêta, mon esprit s’affola tandis que je la regardais désemparé. Pouvais-je y faire confiance ? Oui, la réponse me paressais évidente, et une fois de plus cette évidence me dérangeait mais pour la première fois de ma vie je disais la vérité à mon sujet non pas sans une légère hésitation et une crainte difficilement feinte :
« Je suis la fille d’une prostituée du port, ma mère est morte quand j’avais huit ans et son proxénète m’a mise à la rue dès que son décès fut constatée. J’ai erré dans les rues des villages pendant des semaines, lors d’un hiver vigoureux avant d’être recueilli par un homme d’Eglise, un dénommé Jean. Quelques mois plus tard j’ai été acheté par les De Winter pour remplacer leur défunte fille au vu de ma ressemblance avec l’enfant et j’ai été anobli de manière définitive. »
M’humectant les lèvres, je reprenais la marche pour m’arrêter devant la trappe qui allait nous ramener à la surface. Au dessus de nous nous entendions les vendeurs de fruits de mer hurlaient pour vendre leur produits et l’odeur de leur récolte me brûlait les narines. M’empressant de demander à Anne si elle savait où se trouvait ses compagnons de route en mettant une fois de plus l’accent sur la prudence qu’elle devait désormais avoir je me contentais d’hocher la tête à sa réponse qui ne me satisfaisait pas entièrement.
« Très bien, de mon côté je vais devoir rejoindre mon mari la potion a dû perdre son effet dans moins d’une heure il sera ivre de rage dans notre manoir et il faut encore que j’élimine toute trace de mon escapade … »
Le temps ne jouait pas en notre faveur mais j’avais bon espoir que nous y arrivâmes tout de même, surprise je sentais les bras d’Anne m’enlacer et tout mon corps se tendait, jusqu’à ce que ma main lui rende timidement une étreinte
« De rien, à bientôt je l’espère aussi »
La regardant monter à l’échelle je disparaissais à mon tour prenant la direction de ma demeure au pas de course.
De toute évidence, ni mon passé, ni le sien n’était facile. Alors je lui demandai qui elle avait été, elle s’arrêta d’un coup. Qu’avait-elle de si important, grave, honteux à cacher ? Elle semblait tellement bien placée dans la société, elle avait tout ce qu’elle voulait. En plus d’être la femme qu’elle paraissait être, elle était aussi un être de la nuit, sans foi, ni loi qui faisait tout ce qu’elle désirait. Et contrairement à moi, elle avait l’air plus douée que moi pour ne pas se faire prendre et pour se sortir des mauvaises situations. Sans doute devais-je prendre exemple sur elle : tout prévoir, et prendre mes précautions. En fait, il faudrait tout bêtement que j’écoute un peu plus Jack, il me donnait un peu les mêmes conseils qu’Anne, mais cette dernière semblait avoir plus d’autorité sur moi que mon propre Capitaine, et je ne savais pas pourquoi. J’avais envie de l’écouter et de partager des choses avec elle. Je lui avais confié une partie de mon passé sans trop d’hésitation, j’avais envie de lui faire confiance. Et j’espérais que c’était réciproque… Elle finit par me parler, me confier son lourd passé, non pas sans hésitation et une certaine crainte dans la voix… Je l’écoutais, avec attention.
La situation dans laquelle elle se trouvait était simple dû à de la… « chance » ? Elle était la fille d’un prostituée, avait perdu sa mère très jeune, mise à la rue où elle était restée pendant un certain temps jusqu’à ce qu’on lui donne le rôle d’une enfant à jouer. Elle remplaçait la véritable Anne de Winter qui était morte, c’est ainsi qu’elle avait eu accès à son rang social. Ça n’avait sans doute pas été facile de me confier son histoire, mais j’étais contente qu’elle m’ait dit la vérité. Je lui fis un petit sourire pour la remercier de sa confidence.
- Votre secret est bien gardé, je n’en dirai rien… Je vous le promets.
Ce n’était pas la promesse d’une enfant à une amie, mais bien une véritable promesse. Je n’en dirais rien, mais je n’oublierais pas non plus ce qu’elle m’avait dit. Je ne l’oublierais pas tout court. Cette rencontre était déconcertante, je me demandais comment j’avais pu m’attacher à elle aussi rapidement, et comment j’avais pu lui faire confiance aussi simplement. La confiance, ça se mérite, et elle n’avait rien fait pour mériter la mienne… Elle avait juste ce « quelque chose » de familier… J’avais l’impression de la connaitre depuis toujours.
Nous étions arrivées au bout de notre périple, nous devions à présent nous séparer. J’aurais aimé que notre balade nocturne et souterraine dure un peu plus longtemps, pour en savoir plus sur cette jeune femme, mais c’était la fin de notre discussion. Elle voulut s’assurer que je savais où étaient mes compagnons. Je le savais, du moins, je l’espérais. Mais dans le pire des cas, je saurais les retrouver, soit à l’odeur, soit en allant au port suivant, je savais quel itinéraire Jack comptait suivre. Mais dans le fond, je savais aussi qu’il ne partirait pas sans moi. Quant à Anne, elle m’expliqua qu’elle devait retrouver son mari, car la potion allait arrêter de faire effet dans une petite heure, son époux risquait d’être furieux et il fallait qu’elle fasse disparaitre toutes preuves de notre rencontre, et de son aide envers moi. Je hochais la tête et la pris dans mes bras pour la remercier. Ce fut timidement qu’elle me rendit mon étreinte… Elle aussi, espérait qu’on se reverrait un jour. Je commençai à monter à l’échelle avant de m’arrêter et de la regarder du haut de mon perchoir.
- Madame de Winter ? J’ai un dernier secret à vous confier. Vous vouliez savoir comment je pouvais retrouver mon chemin dans les galeries tout à l’heure, pour vous répondre en toute honnêteté, je vais vous confier le dernier de mes secrets… Je suis une louve à l’odorat surdéveloppé.
Je lui souris et lui fis un clin d’œil avec mes beaux yeux jaunes de loup. Je repris mon escalade. Ouvrant la trappe, je me retrouvais au port, derrière l’étalage d’un marchand de poissons. Il n’était pas frais son poisson. Je plissais le nez, sortis de là et partis à la recherche du Revenge. Il était à sa place, il n’avait pas bougé d’un pouce. Je souris et partis retrouver les miens, la famille que je m’étais choisie. Bien évidemment, Jack me fit la morale, mais il était bien content de me retrouver, tout aussi content que moi de l’avoir retrouvé lui. Pour éviter de nous attirer d’autres ennuis, nous quittâmes le port afin d’aller vers de nouvelles aventures ! J’eus tout de même une pensée pour Anne de Winter et l’espoir de la revoir un jour, afin de percer le secret de notre lien particulier et de son air familier.
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Mer 23 Aoû - 11:52
