Je suis Arsène

Arrête! Tu ne peux pas faire ça! Je t’en prie… Tais-toi… Il faut vivre un peu, on ne va pas rester enfermées à la maison toute notre vie, il faut qu’on se débrouille un peu toute seule! Et je sais comment on peut gagner un peu d’argent. Laisse-moi faire. Antonia était parfois agaçante… Parfois ? Non, tout le temps, en fait. Mais qu’importe, j’avais le dessus sur elle, et je comptais bien m’amuser, même si elle m’hurlait d’arrêter. Arsène, on rentre ! Non ! Je l’ignorais et continuais mon chemin à travers les rues de Storybrooke alors que la nuit commençait à tomber. Je voulais trouver un emploi au Libertease, je le savais tenu par madame Kramers, et j’espérais pouvoir y trouver un petit travail à mi-temps. Ainsi, je n’aurais plus besoin de demander de l’argent à mon père et je pourrais acheter ce qui me plaisait… Et aussi ce qui plaisait à Antonia.

J’arrivais bien vite à destination malgré les longues protestations de mon autre moi. Tais-toi Antonia ! Tu vas tout faire rater ! Ferme-la ! On doit rentrer ! Non ! On ne rentrera pas ! Pas si près du but. Tant pis pour elle si elle n’était pas contente. En m’approchant, je me fis arrêter par un homme assez costaud… Je lui fis alors mon plus beau sourire et lui montrai que j’avais l’âge d’entrer… Il me laissa passer. Une fois à l’intérieur, je me mis à la recherche d’une personne qui travaillait ici, et tombais sur une jeune serveuse. Arsène, on peut encore faire demi-tour… On rentre. Non. Je m’approchais de la demoiselle.

- Excusez-moi… Je cherche madame Kramers… Je lui ai laissé une lettre, mais elle ne m’a jamais répondue. Je souhaite travailler ici.
 

  Je savais très bien qu’Antonia allait protester, qu’elle rejetterait cette idée. Mais je m’en moquais, je voulais provoquer notre père, lui faire comprendre que c’était une très mauvaise idée de me brimer et de m’interdire de faire ce que je souhaitais. Je t’en prie Arsène, allons-nous en. Voyons Antonia, où est donc ton savoir vivre ? Nous avons fait appeler Mme Kramers, nous ne pouvons pas la déranger pour rien. Nous attendions tranquillement l’arrivée de la propriétaire de lieu. Pendant que « ma sœur » essayait de me convaincre de rentrer, je réfléchissais au discours que j’allais énoncer face à celle à qui je réclamais un emploi. En fait, il n’y avait rien à préparer, j’improviserais.

Elle finit par arriver. Je la trouvais vraiment jolie. [i]Elle est peut-être jolie… Mais je n’aime pas sa façon de s’habiller. Tu n’aimes rien de toute façon, et ce n’est pas ici que tu vas trouver ton bonheur… Tais-toi maintenant.[i] Elle ne changera jamais. Je serrais la main qu’elle me tendait avec un sourire confiant sur les lèvres, tout en essayant d’ignorer la voix dans ma tête… C’était parfois compliqué de vivre à deux dans un seul corps.

- Arsène Frollo. Oui, je suis désolée de vous déranger. Mais il y a quelques semaines, je vous ai envoyé une lettre, et vous ne m’avez jamais répondue. Je cherche du travail, et j’aimerais travailler ici quelques soirs par semaine npour me faire un peu d’argent de poche… Je suis danseuse.

S’il le fallait, j’étais prête à montrer mes talents le soir même… J’aurais été encore plus contente de voir mon père débarquer à ce moment là. Cependant, ça enlèverait tout le plaisir de lui désobéir sous son nez sans qu’il s’en rende compte. Il fallait juste espérer qu’Antonia ne me dénoncerait pas.
 

  Je voulais travailler pour madame Kramers afin de faire arranger mon père, mais aussi pour me faire de l’argent de poche. Il laissait à Antonia le plaisir de s’acheter ce qu’elle voulait, mais à moi. J’avais en plus, envie de me faire plaisir sans avoir à passer par lui. Je n’avais pas besoin de lui, et Antonia non plus. Malgré tout ce qu’elle pouvait dire. Elle ne savait pas ce qu’il y avait de bon pour elle.

Au moment où Madame Kramers me renvoya dans les roses, j’affichais ma mine contrariée. Elle ne veut pas de toi, rentrons maintenant. Avant de nous attirer des ennuis. Je n’ai pas dit mon dernier mot. Il était hors de question que je parte sans me battre.

- Le gigolo derrière qui bouffe derrière, il a tout intérêt à arrêter de se foutre de moi tout de suite. Je peux danser sur n’importe quelle musique, j’ai un talent inné pour la danse… Je serais même prête à me jeter dans la fausse aux lions tout de suite, sans demander aucune paye pour cette fois, rien que pour vous montrer de quoi je suis capable.

Quoi ?! Non ! Arrête! T’as pas le droit ! C’est mon corps ! C’est mon corps aussi… Et je veux aller danser, alors va faire coucouche panier, Antonia. Oui, elle m’avait fâchée la petite dame. On ne me parlait pas comme ça. Je lui montrerais ce que je savais faire. Quoi qu’en pense mon père et Antonia.
 

 
Monsieur n’était pas content ? Et bien, bien fait pour lui, on ne se moquait pas d’Arsène Frollo. Sans doute mon assurance venait-elle du faire que mon père était respecté dans le monde des contes et qu’on craignait de s’attirer ses foudres en s’en prenant à sa fille. Mais ici, je ne changerais pas mes bonnes habitudes. J’exigeais qu’on me respecte un minimum, et se moquer de moi n’était jamais une bonne idée. Il avait tout intérêt à fermer son caquet. J’avais les allures angéliques d’Antonia, mais j’étais loin d’être un ange…

Fosse au lion était peut-être exagéré. J’aimais bien l’endroit, son atmosphère. C’était tout ce qu’Antonia n’aimait pas. Dommage pour elle. J’étais bien déterminée à travailler ici. Je voulais que mon père voie de quoi sa petite fille chérie était capable de faire quand il avait le dos tourné. J’adorerais le voir écumer de rage face à son incapacité me contenir.

- Je suis assez patiente pour attendre les trois heures…  Mais je peux danser maintenant, rien que pour vous.

C’était presque un numéro de charme que je lui livrais. Séductrice dans l’âme, je voulais lui plaire et lui montrer que j’étais capable d’attirer n’importe quel homme et n'importe quelle femme dans mes filets, attirer leurs attentions. Je t’en prie Arsène… Ne fais pas ça… Je ne veux pas de ça, vraiment… Je préférais l’ignorer, et même si je l’écoutais, je ne changerais pas d’avis.

- Mais, avec plaisir, madame.

Je la suivais tranquillement, le pas léger. Je n’avais pas peur. Je n’avais jamais peur.

- Est-ce que c’est gratuit au moins ?

Non, je ne manquais pas d’audace.
 

 
Je me montrais assez obéissante pour l’instant, la suivant vers le bar pour boire un verre. Verre qui me sera peut-être offert si je parvenais à la surprendre. J’étais sûre d’y arriver. J’avais cet air angélique qui me permettait de faire bien surprise… S’il n’y avait que mes cheveux qui  permettaient à mon entourage de me distinguer de la douce et naïve Antonia, nos caractères respectifs étaient très différents. J’étais bien heureuse d’avoir cette apparence d’innocente, car ça me permettait de jouer quelques tours à ceux qui croisaient ma route ! Madame Kramers serait l’une des personnes qui étaient surprise par le fossé qui séparait mon physique et ma morale.  Pourquoi tu fais ça ? Parce que j’en ai envie.

- Marché conlu.

Elle essayait de me faire comprendre que c’était elle qui décidait, que je ne ferais pas ma loi ici. Ce n’était nullement mon attention, j’étais ici pour m’amuser et provoquer mon père. Mais je voulais aussi qu’on me montre le respect qu’on me devait, j’étais tout de même la fille du juge Claude Frollo, et il était hors de question que je me laisse faire ou marcher sur les pieds, pas même par mon éventuelle future patronne. Je ferais ce qu’il y avait à faire à condition qu’on me le demande comme il se le devait.

- Une Tequila sunrise, s’il vous plait.

Tu ne devrais pas boire… On tient très bien l’alcool… En très peu de temps, j’avais appris de nombreux noms d’alcool de ce monde, leur gout était surprenant, et certains mélanges étaient très bon ! Je ne pouvais pas nier que dans son monde, ils savaient s’amuser. C’était l’une des rares choses que j’appréciais ici.

- Est-ce que je peux faire quelque chose en attendant les clients ?