L'avenir n'appartient qu'aux fous !

Comme je pouvais haïr ces métamorphoses qui surgissaient aux moments les plus inopportuns ! Lorsque je vivais dans le rôle de Münchia mes transformations survenaient de manières régulières durant toute la journée. Or depuis que je vivais à Storybrooke, je pouvais devenir un cygne à n’importe quel moment. Il suffisait d’une émotion un peu trop forte pour mettre le feu aux poudres ! La magie était beaucoup plus instable et hélas, je l’avais découvert à mes dépends. Maintenant que je nageais entre les quais du port, je ne pouvais m’empêcher de me demander ce qui avait pu causer ce malheur. Un homme rencontré au Rabbit Hole… il était beau, charismatique et possédait des yeux d’un bleu cristallin à tomber par terre ! Mon regard n’avait pu se détourner de lui, même pas lorsqu’il était venu me séduire ouvertement. Le baiser suave qu’il m’avait arraché avait été point de départ de ma transformation. Je m’étais alors enfuis très rapidement et avec peine avait fini par atteindre les rives de la mer de Storybrooke. Après avoir dissimulé mes vêtements à l’aide de mon bec, je plongeais pour un bain de minuit glacial au milieu de mes congénères. Je m’en voulais terriblement de m’être montré aussi faible. Pourquoi fallait-il que même ici je sois victime de mon attirance déraisonnée pour la gente masculine ? N’étais-ce pas elle qui m’avait condamné à vivre ma vie durant entre mes enveloppes corporelles de cygne ou d’humain ?

Après quelques heures à tourner en rond, j’étais enfin sortis de ce bouillon où je mijotais pour retourner sur la terre ferme. Fort heureusement pour moi, nul ne put me contempler dans ma nudité innocente. Très rapidement, je me rhabillais mais mes vêtements demeuraient légèrement trempés du fait de mon bain nocturne. Une idée me vint alors à l’esprit. Je décidais de faire étape dans un soin très précis du port… ce fameux endroit où j’avais pu observer les plus belles merveilles de cette ville. Ces trésors étaient des machines très étranges qui ne cessaient de provoquer ma curiosité et mon admiration. Quel inventeur avait pu les laisser ainsi à l’abandon ? Je n’en avais aucune idée mais cela me faisait de la peine pour lui. Chacun de ces engins avaient été fabriqués avec un tel soin, une telle dextérité… les laisser ainsi à l’abandon était un gâchis innommable ! L’inventeur n’avait peut-être pas assez de confiance en lui pour les exposer aux yeux du grand public, peut-être avait-il reçu des remarques acerbes de la part de son entourage qui l’avaient totalement découragées. Si tel était le cas, j’étais bien placé pour comprendre son sentiment. Personne n’avait jamais compris la construction de mes palais dans mon royaume. On les avait critiquées et les gens allaient même jusqu’à me traiter de fou ! Fort heureusement certaines personnes tells qu’Absolem, Diazpro ou encore Hilda avaient été à mes côtés pour m’encourager.

Tiré de mes pensées par des bruits de pas, j’allais me cacher et scrutais avec soin l’autre visiteur. Peut-être s’agissait-il du créateur de ces sublimes inventions ? Si tel était le cas, je me promis de me précipiter vers lui pour lui dire ce que je pensais de son travail d’orfèvre. Par chance, je le vis tiré une grosse machine. Pas de doute, il s’agissait bien de la personne que j’attendais ! Quelle chance incroyable… N’hésitant pas une seconde, je sortis de ma cachette un grand sourire aux lèvres. « Pardonnez-moi de vous importuner. Je m’appelle Ludwig et je suis un très grand admirateur de votre travail ! Vos créations sont véritablement stupéfiantes et il me tardait de pouvoir enfin vous le dire ! »

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L'avenir n'appartient qu'aux fous !

Il avait essayé d'arrêter. Il était adulte, il était marié, c'était fini ces enfantillages ! Si sa femme découvrait un de ces bricolages sans queue ni tête, que penserait-elle ? Se retrouver marié à une inconnue à cause d'une malédiction n'était déjà pas une situation facile à vivre, alors, autant éviter d'empirer les choses avec des passions bizarres. Mieux valait tout arrêter. Le concours Eureka... Un voyage en Europe... Terminer les rêves impossible, il était grand temps de grandir !

Théodore avait jeté ces inventions qui ressemblaient déjà à un tas informe de brick et de brocs avant qu'il ne les range en tas dans un coin du port. Il avait espéré s'éloigner de toute tentation, mais, il s'était vite rendu compte de l'aspect illusoire de cette démarche. À chaque fois, il se surprenait en plein délit de bricolage et à chaque fois, il opérait un petit voyage vers sa cachette pour se débarrasser de cette nouvelle oeuvre inachevée.

À nouveau, il avait cédé à la tentation et à nouveau, il se retrouvait à faire le trajet vers le port pendant une heure des plus tardive. Pendant tout le chemin, il essayait de se convaincre que c'était la dernière fois qu'il effectuait ce trajet. L'autre moitié du temps, il était occupé à s'inquiéter sur le fait qu'on puisse le voir. Cette fois, la machine était particulièrement encombrante. Il avait dû faire plusieurs pauses pour reprendre son souffle. À chaque arrêt, Lefou était pris de remords, tel un maître s'apprêtant à abandonner son chien sur le bas-coté de la route avant les vacances parce qu'il ne pouvait plus s'en occuper. Le pauvre. Il ne pouvait même pas se rassurer en se disant que son bricolage trouverait une seconde vie en tant que pièce détachée, puisque ces précédents bricolages étaient toujours là, à prendre la rouille à cause de la pluie. Rien que d'y penser, son remords doublait. Mais, non, il allait tenir bon, il n'allait pas les reprendre chez lui, essaya-t-il de se convaincre, juste déposer cette nouvelle invention et, éventuellement, récupérer les éléments qui pourraient être utiles sur les autres. À force de le répéter, il s'en était presque persuadé et la certitude de commettre une erreur ne le tiraillait plus autant lorsqu'il arriva sur les lieux.

Théodore s'arrêta net, pris dans un élan de nostalgie. Mentalement, il se donna une baffe afin de se forcer à se concentrer sur la raison de sa venue. *Dépose-le et ne prend que ce qui est récupérable.* S'ordonna-t-il mentalement. Après un petit coup d'oeil aux alentours, il tira sa dernière création afin qu'elle aille rejoindre les autres.

Soudainement, il ne fut plus seul. Lefou poussa un petit cri de surprise et bondit en arrière, les mains sur le coeur comme s'il redoutait de mourir d'une crise cardiaque. "C'est pas moi ! Je... Je passais là, par le hasard le plus complet !" Se défendit-il dans un premier temps. Avec un temps de retard, il assimila les paroles de son interlocuteur. "Vr... Vraiment ? Vous aimez ?" Demanda-t-il timidement, n'en croyant pas ses oreilles. Son regard passade son dernier bricolage en date à Ludwig, comme s'il doutait qu'ils parlaient de la même chose. C'est alors que Théo remarqua quelque chose. "Doux jésus, vous êtes trempé !" S'exclama-t-il. Il retira immédiatement son manteau pour le lui tendre. Ce geste bien dérisoire de fait, il eut une idée. "Attendez, je dois avoir quelque chose." Aussitôt, il se mit à fouiller son tas d'invention. Il lui semblait avoir mis au point un prototype de séchage instantané, mais avait-il été au bout de cette idée ? Lefou avait tellement d'idée de projet en tête qu'il avait du mal à se souvenir de ce qu'il avait concrétisé en prototype ou non... Surtout que, depuis la fin de la malédiction, il avait ces idées trouvées sous son identité maudites et celles liées à ces vrais souvenirs. Dans ces conditions, il était difficile de faire le tri. Avec toutes ces émotions, il en avait oublié de se présenter.

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L'avenir n'appartient qu'aux fous !

En voyant l’inventeur, je ne pouvais retirer ce sourire vainqueur de mes lèvres. Cela faisait si longtemps que j’espérais rencontrer l’homme qui était derrière ces petites merveilles de technologie. Je me sentais très honoré de pouvoir faire la connaissance d’un esprit aussi ingénieux et inventif ! Pourtant, son créateur ne semblait pas partagé mon enthousiasme, au début tout du moins. Il n’y avait rien de plus naturel après tout ! Pour quelle raison une personne qui souhaitait se débarrasser de son travail souhaiterait-il être découvert sur les lieux de son crime ? Cependant, je crus bon de m’excuser auprès de lui. « Je suis navré, je ne voulais pas vous faire peur ! » Je souris alors malicieusement, jetant mon regard vers le génie et le nouvel engin qu’il s’apprêtait à nous à sacrifier. « Je suis navré de vous le dire mais votre excuse ne semble pas très crédible. Et je vous assure que c’est un honneur pour moi de vous rencontrer enfin ! »

Je me lançais alors dans une longue tirade afin de lui faire prendre conscience de ce que son talent représentait pour moi. Je ne tarissais cependant pas d’éloges à son sujet ! Je tenais absolument à ce qu’il prenne conscience de la mesure de son talent. Peut-être n’avait-il jamais été complimenté par qui que ce soit ! Et il suffit parfois de l’intervention d’une personne pour retrouver l’espoir et sa confiance en soi ! Il m’interrogea alors timidement sur mes propos. « Bien évidemment ! Comment ne pas les apprécier ? La manière dont vous les avez conçues tient tout bonnement du génie ! Vous ne devriez pas en avoir honte, bien au contraire ! » Avec curiosité, je me rapprochais de la petite sœur dont le destin était de rejoindre les autres machines afin qu’elle ne puisse être exposée à la vue de tous. « Serait-il trop osé de ma part de vous demander à quoi peut bien service cette machine-ci ? »

Il remarqua alors que j’étais trempé. Bien naturellement que je l’étais, moi qui venait à peine de sortir de mon bain de minuit ! Cependant, je ne pouvais lui expliquer la raison. Mon intervention l’avait déjà effrayé… comment aurait-il bien pu réagir en apprenant que j’étais à moitié cygne ? « Euh… oui c’est vrai ! Je vous demande pardon, je ne me présente pas sous mon meilleur jour en effet ! ». A peine avais-je fini ma phrase que je vis le curieux personnage s’éloigner de moi pour rejoindre ses créations. C’était une occasion unique pour moi de pouvoir enfin voir l’une de ces machines à l’œuvre. Je m’en réjouissais d’avance !

A nouveau touché par le démon de la curiosité, je me rapprochais de lui, désireux de pouvoir lui venir en aide ! « Pardonnez-moi mais auriez-vous besoin d’aide ? Je pourrais peut-être retrouver cette invention pour vous ! ». Subitement, je me souvins que je ne connaissais pas encore le nom de l’inconnu. Je désirais qu’il révèle son identité… après tout ce serait bien plus commode pour discuter ensemble. Je ne souhaitais cependant pas le brusquer ! J’attendrais qu’il trouve son Graal avant de pouvoir passer aux présentations !

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L'avenir n'appartient qu'aux fous !

Pris sur le fait, Théodore eut d'abord la même réaction qu'une biche rencontrant une voiture en voulant traverser une autoroute. Tetanisé par la surprise, incapable de fuir ou de répondre. Heureusement que l'autre personne prit les devants en débordant d'enthousiasme. L'inventeur en fut aussi surpris que troubler, ce n'était pas souvent qu'il avait le droit à autant de louanges. Il fallait dire qu'il ne montrait ces inventions à personne et était le pire juge possible en ce qui concernait son travail.

"Non... C'est que... C'est juste que..." Commença-t-il timidement avant de brusquement couper sa phrase, incapable de la poursuivre. Il voulait rassurer son interlocuteur qui s'excusait, mais était incapable de bien s'y prendre. Un fait qui pouvait résumer sa vie : plein de bonne intention qui n'aboutissait jamais jusqu'au bout parce qu'il n'osait pas. Peut-être aurait-il dû finir sa phrase par 'c'est juste que je suis un gros trouillard.' Sauf que c'était trop tard, le jeune homme avait poursuivi en remettant en doute son excuse. Théodore baissait piteusement la tête avec un sourire d'excuse.

"Désolé, c'est juste que ça n'a jamais été un honneur pour personne de me rencontrer." Répondit-il en se grattant la joue avec gêne, sentant que celle-ci commençait à s’empourprer. Chose qui arriva inévitablement alors que Ludwig continuait sur cette lancée. Lefou n'arrivait pas en croire ces oreilles. Forcément, il avait du mal entendre ou mal comprendre. Oui, c'était ça. Il prenait ces rêves pour des réalités. "Vous ne les trouvez pas inutilement encombrante et d'un esthétisme discutable ?" Demanda-t-il toujours aussi timidement en se tordant nerveusement les mains, redoutant la réponse, mais ne pouvant s'empêcher de poser la question. Alors que le jeune homme s'approcha pour regarder l'invention que Théo était venu jeter, ce dernier avait l'impression d'être un élève subissant une interrogation surprise d'un professeur particulièrement attentif.

"Hé bien... En fait... J'avais voulu faire un coordinateur de couleur pour la penderie... Je voulais faire que lorsqu'on se saisit d'une cravate disons rouge, la machine trie directement la chemise, la veste et le pantalon qui s'harmoniserait le mieux, ce qui éviterait de passer de longue heure de recherche... Ce devait être une extension du meuble en elle-même, puis elle est devenu aussi grande que la penderie et, au final, il me manquait encore les connaissances mécaniques nécessaire pour parfaire le système..." Expliqua-t-il nerveusement. "Alors... Étant donné la place et qu'il était voué à rester inachevé... J'ai préféré le... M'en..." Finit-il d'expliquer. Car, oui, c'était la fin de ces explications, se refusant à avouer qu'il allait tout simplement se débarrasser de ce prototype.

Un autre détail attira son attention, le fait que son interlocuteur était trempé. Tellement visible ! Pourquoi ne l'avait-il pas remarqué plus tôt ? Il eut d'abord le réflexe de passer sa veste au jeune homme, avant de réaliser l'inutilité de son geste galant. Il se souvint d'une de ces inventions qui était une sorte de sèche-cheveux portatif. Où l'avait-il mis ? L'inventeur se lança automatiquement à la recherche dans l'engin. "Attendez, je crois que j'ai quelque chose qui..." Pause le temps de dégager un peu l'espace. "Ne vous dérangez pas... Je vais... Hum... Voilà..." Dit-il en extirpant un objet qui ressemblait à un fouillis informe à première vue. "Qui pourrait vous aider avant que vous n'attrapiez la mort." Il eut un mince sourire tandis qu'il chipotait à l'objet.

On pouvait voir que la base était un véritable sèche-cheveux, sauf que toute sortes d'élément invraisemblable à la place du câble de la prise du courant, ainsi que de nombreux bouton, hélice et rouage décorant quasiment toute la partie ronde de l'appareil. De sorte que cela ressemblait plus à une arme steampunk qu'à un sèche-cheveux. Avec un doigté d'expert, il appuya sur certains boutons, tourna certains rouages, etc. "J'espère que l'humidité n'a pas..." Marmonna-t-il avec une pointe d’anxiété. "Voilà, si vous permettez un essai." Conclut-il en levant la tête et en pointant l'objet en direction de Ludwig. Il ne s'était toujours pas présenté.

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