e me sens assez idiote. En réalité, je suis certaine d'être la plus parfaite des idiotes, mais je ne sais pas vraiment que faire d'autres actuellement. J'ai l'impression que cela fait quelques années que je tourne autour de ce garçon, sans jamais oser lui parler bien entendu, je suis bien trop timide et puis c'est à l'homme de faire le premier pas, n'est ce pas ? Du moins, c'est ce que j'ai toujours cru, les filles qui tentent le premier pas, sont souvent vue comme des catins ou des traînées, tandis qu'un homme est un dragueur, un Don Juan. C'est normal pour un homme de faire le premier pas et cela serait vraiment dérangeant pour Katelyn d'être perçue comme une traînée. Alors, depuis quelque temps, elle faisait son possible pour attirer l'attention de Cly. Bien, des choses étaient tombées en pannes ou étaient cassées dans sa pâtisserie, bien des fois elle lui a souri, fait la cour de loin, lui a offert des pâtisseries, mais il semblerait qu'il n'y voie rien et s'il n'y voit rien, cela peut dire qu'il n'est pas fait pour elle. C'est peut-être tout simplement cela, l'attirance n'est pas forcément réciproque et il faut passer à autre chose. Mais avant cela, avant de tourner la page, je devais tenter une dernière fois d'attirer son regard et si cela ne fonctionnait pas, alors je me contenterais de le regarder de loin à jamais. Néanmoins pour ce faire, j'avais fait fort aujourd'hui. J'avais bouché l'évier et malmené le système de refroidissement de ma vitrine... Il y en aurait pour un petit moment à travailler et donc a discuter. Bien sûr, j'avais réussi à le faire venir ce soir et pour cela, je m'étais préparée. Une jolie robe, un petit tablier style année cinquante, une jolie coiffure, un peu de maquillage, bref, pas vraiment le genre pâtissiere dans la merde, mais plutôt rencard imprévue , après tout il y avait de quoi manger et bien des gâteaux pour le dessert. Le rendez-vous était donc fixé à dix-neuf heure pétante, peu après la fermeture de ma boutique en somme. Je jetais des coups d’œil anxieux par la vitrine, n'étant pas vraiment sûr que mon plan soit une si bonne idée que cela et pourtant, voilà qu'il arrive, que je me sauve dans l'arrière-boutique pour revenir quand la sonnette de la porte d'entrée retentit, l'accueillant avec mon plus beau et large sourire.
« Cly ! Merci d'être venu si vite, j'ai vraiment besoin d'un chevalier bricoleur ce soir ! »
Une journée comme une autre. Une semaine comme une autre. Il prenait le train le matin pour affronter son quotidien. Gérer les fugues de Lexi qui finissait trop souvent chez lui. Mais bon, il pouvait endurer pour sa petite bouille. Pauvre petite. Il devait aussi jongler avec son travail au Libertease et les petits affaires qu’il gérait à côté. Comme toujours, il essayait de nager juste sous la surface, se faisant discret pour qu’on ne le remarque pas. Qu’on ne l’emmerde pas. Il vivait sa vie tranquille en essayant d’embêter le monde le moins possible, alors il aimerait que ça aille dans les deux sens. Malheureusement avec son tempérament, son caractère et son travail principale, ça ne l’aidait pas des masses. Il n’était pas à son premier blame pour avoir frapper un client – peut-être – sans réelles raisons.
Soit, aujourd’hui, il était de tôt. Il avait aussi des courses à faire, et même tout un tas de chose. A peine sortit de chez lui en milieu de matinée, quand il se retourna, il fit face à la ravissante petite pâtissière blonde. Il avait sursauté et reculé d’un pas car il était un peu prêt. Il fallait dire qu’avec ses grands yeux de chat, elle l’impressionnait légèrement. De plus, il n’était pas du matin, alors affronter les gens au réveil comme ça il n’aimait pas vraiment. Entre l’effroi, l’agacement et l’agréablement surprise, il la dévisageait silencieux. Elle lui demandait de l’aide, un soucis avec sa vitrine à la pâtisserie. La pauvre, elle avait l’air désemparée. Et encore une fois avec ses yeux chat, son petit sourire adorable. J’ai pas pu lui dire non. Elle était gentille comme tout, m’arrangeait toujours pour la monnaie et me donnait souvent des gâteau en plus quand je passais proche de la fermeture. Je lui ai dit que je passerai après mon service, quand la pâtisserie serait fermée. Je la rassurait en disant que s’il fallait que j’y passe la nuit, je le ferais. Une façon de s’excuser de ne pas entamer les réparations en urgence. Si seulement il savait. Peut-être que rien n’était encore cassé à l’heure où elle lui parlait.
Après son travail, un rapide passage par chez lui pour prendre quelques outils. Il se dirigea vers la devanture aux couleurs féminine et délicates qui portait le nom de Kate’s Sweetness. Jusqu’à la typographie, la boutique vous donnait faim et la vendeuse ne faisait que continuer le rêve plein de douceur. Il ne l’avait jamais nié, mais Kate n’était vraiment pas désagréable à regarder, au contraire. Bon peut-être qu’il ne lui avait jamais dit, mais ce n’était pas son genre non-plus. Les vitrines étaient déjà vidé et les stores en tissus baissés ce qui faisait ressortir le nom de l’échoppe en fines cursives collés sur la vitrine. Il n’y avait que la porte qui était à nue. La lumière était tamisée et occupait surtout le fond de la salle vers les vitrines et comptoir, puis le couloir vers l’arrière boutique. Il n’y avait personne. Il toqua doucement, puis une nouvelle fois plus fermement.
L’adorable petite poupée pâtissière sortie alors de sa cachette et vint lui ouvrir la porte. Un, deux verrous, peut-être trois. Pas un chat dans les rues. C’était calme en semaine. Les gens devaient être chez eux à préparer le diner ou grignoter dans un restaurant à cette heure. Elle était toute pimpante lorsqu’elle lui ouvrit la porte. Un sourire inconscient lui échappa alors qu’il la dévisageait de la tête aux pieds. Elle le remerciait. « Et le chevalier est arrivé. » répondit-il sur le même ton, avec amusement. Il pénétra dans la pâtisserie et on fermait la porte derrière lui. Il contourna le comptoir et attendit les explication de la blonde tout en trouvant un endroit pour poser ses affaires. Sur un plateau reposait les restes de la journée, des pâtisseries en tout genre.
Un coup d’oeil rapide sur les meubles, dont l’évier qu’il scruta sous ses jupes. Il voulait voir les tuyaux et l’état des lieux. Il s’assurait qu’il n’y avait pas de fuite ailleurs. Penché, accroupis devant l’armoire quand il releva ses yeux, tout ce qu’il vit ce sont les jambes de la jeune Katelyn. Elle avait vraiment été gâtée par la nature. Ses jambes étaient longues et fuselée, sa peau d’un reflet caramel. Son regard courut tout le long en se disant que la robe était pas un peu courte ? Je ne l’avais jamais vu sous cet angle. Il réalisa qu’il devait la reluquer depuis un moment et se redressa avec un petit sourire, le regard légèrement fuyant. « Bon… Je vais m’y mettre. Si tu as besoin de partir pour sortir… N’hésite pas et pas besoin de courir pour rentrer. Ca risque de me prendre pas mal de temps. Au pire tu me laisses les clés et je ferme derrière moi. Je te les ramènerais.» dit-il, persuadé qu’elle sortait ce soir, jolie comme elle était.
Cly & Katelyn Je confirme, je suis épilée et ça douille!
B
ien, il faut que je l'avoue clairement, c'était un pur traquenard ! Je connaissais assez bien ma vitrine pour savoir comment la détraquer et mettre des trucs dans le lavabo dont une touffe de cheveux trouvé sur ma brosse... C'était très simple. Évier bouché, remonté d'eau, inconfort, mauvaises odeurs... Une fille un peu plus négligée aurait pu penser « j'ai changé mon tampon récemment ?! » Mais non, c'était mon évier, mes bêtises pour occuper Cly assez longtemps durant cette soirée pour que je parvienne à prendre mon courage à deux mains et lui avouer mes sentiments ou tout au moins, le pousser à faire quelques avances. Ce serait déjà un bon début non ? Moi, je pense que oui, donc... C'est un bon début ! Comment ça, j'ai l'air totalement stressée ?! Je suis totalement stressée, j'ai jamais fait ça de ma vie !
Ainsi donc sur mon trente et un dans une magnifique robe style année cinquante, mon petit tablier, mes talons et tout le tralala, j’attends le prince charmant. Mon dieu ce que je suis clichée, je devrais pourtant le savoir que ça n'existe pas les princes charmants, on n'est pas dans un putain de conte de fée. Pourtant, alors que je patiente en observant ostensiblement derrière mon store de tissus l'arrivée de monsieur bricolage qui ne tarde pas, bien entendu. Un petit coup de remise en plie, une vérification rapide devant le miroir, un remontage des seins et hop, je suis parti pour ouvrir, être gentille, belle, douce, bref, être moi. Je l'accueille comme il se doit, un large sourire aux lèvres lui présente les problèmes avec un air légèrement ennuyé.
« Le système de refroidissement de ma vitrine déconne, je l'ai mise sur froid léger pour conserver les gâteaux et parfois, il passe en mode presque congélateur, ça ne fait pas sérieux pour ma marchandise et j'ai l'évier qui s'est encore bouché. Oh et je crois que j'ai la prise du batteur industriel qui déconne dans l'atelier. »
Oui, le batteur n'avait rien pour l'instant, mais je l'y emmènerais s'il va trop vite à réparer le reste et vous verrez qu'il va déconner sévère ! Bien sûr, mes explications faites, il pose ses outils, remarque certainement le plateau de pâtisserie et se met au travail sous l'évier. J'adore quand il va sous l'évier parce que son t-shirt se relève et je vois ses abdominaux. Oui, j'ai l'air d'une dévergondée, je suis désolée, mais je pense sincèrement qu'il faut que je laisse un peu mes nerfs exploser parce que je vais devenir folle d'anxiété.
Je le laisse donc regarder le tout, m'approchant un peu, priant pour que ce ne soit pas évident au possible que l'évier est bouché par ma faute intentionnelle. Je suis bien sur un peu proche ce qui fait qu'il fera forcement mes jambes et mes cuisses en relevant là tête, j'ai lu dans un magazine féminin que les hommes aimés les jambes. C'est pour cela que j'ai rasé les miennes... Enfin, non, elles sont épilées... À la cire... Et pour vous dire les pétasses qui sourient en faisant ça à la télé, c'est du faux ! J'ai gueulé ma maman dans ma salle de bain ! Oui tant pis pour la féminité en cet instant, j'ai beaucoup souffert pour me rendre aussi belle. Parce que... Ce n'était pas gagné, faut l'avouer. D'ailleurs, son regard se porta par là, me faisant délicatement rougir comme une petite pivoine. Mais bien sûr, je ne bouge pas, je me retiens de m'éloigner ou de cacher mes dessous comme je peux.
Et puis voilà, il va se mettre à travailler, me dit que je peux le laisser seul et je hausse un sourcil. Il n'est pas un peu fou ?
« Euh... Non, j'ai rien de prévu ce soir, juste... De la pâtisserie pour demain comme tous les soirs.. Enfin, j'ai déjà bien avancé, pour t'aider si tu as besoin... Et.. J'ai aussi à manger si... Ça dure un peu et que tu as faim... »
Bon, voilà, je me liquéfie, je rougis, je détourne un peu le regard, je me sens ridicule, j'ai envie de disparaître dans un trou de souris, mais... Il faut assumer ! Tu t'y es mis ma fille, tu assumes.... Mon dieu pourvu que ça se passe bien... Faut que je relance la conversation... Que je fasse quelque chose...
« Bon... Du coup, tu veux boire un soda avant de t'y mettre... ? Manger un truc ? »
Elle lui avait annoncé la couleur dès qu’il était arrivé et avait cet air si concentré, loin de l’agréable étonnement face à la toilette très coquette de la demoiselle ce soir. Elle avait parlé de la vitrine, puis de l’évier et ensuite d’un batteur. Il avait haussé les sourcils ébaubi, se demandant si sa boulangerie ne s’était pas retourné contre elle. Il ne dit rien pour l’instant, restant muet comme à son habitude. Oh, il pouvait bien être bavard, surtout avec un verre dans le nez, mais fallait juste qu’il se lance. Là, il n’y voyait pas l’intérêt. Posant ses outils, il s’était penché sous l’évier pour faire un rapide rapport des tuyaux et rencontra les longues et délicieuse jambes de la pâtissière. Il fut perdu un instant, mais trouva quand même un peu de raison pour se relever. Appuyer contre le lavabo, il ouvrit l’eau pour voir l’écoulement dans le syphon. L’odeur montrait clairement que l’eau était stagnante, mais l’était-elle complètement ou une partie arrivait à s’infiltrer.
Concentré sur la flaque au fond de l’évier en inox, il finit par reporter son attention sur la demoiselle si bien apprêté ce soir. Il l’informait qu’elle pouvait sortir sans crainte, il prenait tout en main et fermerait si besoin. Il était persuadé qu’on l’attendait pour un restaurant, un verre ou toute autre sortie qui demandait d’être si ravissante. Non, finalement elle restait là pour préparer les pâtisserie du lendemain. Toujours contre le meuble, Cly finit par croiser les bras en la dévisageant avec un nouvel oeil. C’est qu’il n’avait jamais remarqué qu’elle pouvait être encore plus mignonne que d’habitude. Après, il la préférait avec un peu de farine sur le visage et du glaçage dans les cheveux. Il la voyait sous un autre angle, il venait de le réaliser. « Euh... okay. » finit-il par revenir à lui et se redressant pour s’approcher d’elle. Katelyn lui proposait un soda et quelque chose à manger. « Non ça ira. T’aurais eu de la bière j’aurais pas dis non. » s’imaginait-il déjà qu’elle ne devait pas en avoir dans la boulangerie.
Il arriva tout près d’elle et la contourna. « Ton arrivée d’eau est où ? » commençait -il à se diriger par instinct vers la partie cuisine. Il était sûr qu’il trouverait ça ici. Bingo ! Il ouvrit la porte et tournait les tuyaux avant de revenir derrière le comptoir. « Maintenant, y’a moyen d’éteindre complètement ou débrancher la vitrine sans avoir à passer par le disjoncteur ? Je peux te laisser faire ? ». La tête plongé dans sa sacoche d’outils, il fouillait pour les préparer à l’avance. Une clé, un marteau, des torchons et plein de chose étranges mais qui avaient leur importance, il se retourna pour gagner l’évier. Il ne sait comment, mais il rencontra Katelyn un peu brusquement, tout contre lui dans le creux de ses bras. Pour le coup, c’est Cly qui rougit. Il était figé un court instant et recula en baissant le regard. « Pardon. Bon euh… J’aimerai aller par là. » lui montrait-il le lavabo alors qu’elle était encore sur le chemin avec toutes la délicatesse qu’on lui connaissait.
Il ne savait pas vraiment y faire avec les femmes, c’était connu. Porthos eut la chance de se marier, parce qu’Aramis l’avait aidé à conquérir le coeur de sa femme, sans avoir à la prendre sous le bras et l’attacher chez lui. Ou tout simplement, sans lui faire peur. En tant que Cly, c’était pareil. Il était juste un peu fermé, et que depuis la mort de sa fausse femme c’était dur pour lui de se remettre dans une relation, même si dernièrement, il y pensait plus souvent. Il se sentait seul. Lançant les outils au sols, il finit par s’y allonger et passer la tête dans l’armoire. Il attrapa un sceau et le glissa sous le syphon. « Tu fais souvent la pâtisserie aussi bien habillée ? On dirait Brie Vandekamp dans Desperate Housewife. » avait-il dit se demandant s’il n’était pas un peu dur dans ses paroles alors qu’il ne le voulait pas du tout. « Enfin, je veux dire. T’as pas peur de ruiner ta robe ? ». Pause. « Ce serait dommage, elle te va bien... » lui avait-il confié comme s’il annonçait de la pluie demain, sans sortir sa tête de son travail.