En me levant ce matin, je n’avais pas réalisé le fait qu’aujourd’hui était une grande journée : en effet, je me suis levée, j’ai mis la main sur mon paquet de cigarettes, lucky strike, mes préférées, j’en allume une, et je descends dans mon salon là où je me prépare un café. Je le bois en vitesse, monte dans ma salle de bain, me lave et me prépare, comme à mon habitude, je ne me permets pas de sortir habillée comme un sac alors je porte mon célèbre manteau prada en fourrure, habillée en tailleur / talons aiguilles, comme presque tous les jours. Je pars, cigarette à la main et sac Gucci au bras direction le boulot.
J’arrive alors au Daily Mirror, salut cet idiot de Sidney et part dans mon bureau. J’ai quelques articles à rédiger, des recherches à rassembler : hier je suis allé espionner Mr Gold, pour voir ce qu’il mijote en ce moment, il a l’air de cacher quelque-chose durant la moitié de son temps, et l’autre moitié il s’occupe de sa nouvelle pigeonne, femme, au tant pour moi.
Mais, ce n’est pas la chose la plus importante de la journée, j’y ai pensé toute la matinée : cet après-midi, je reçois une personne très importante : Regina. En effet, sa majesté a finalement accepté de m’accorder une interview… Bon, si elle ne l’aurait pas fait, je l’aurais menacée en écrivant de la mauvaise presse sur elle : après-tout, les gens cherchent quelque-chose à lire, et ils attendent des news croustillantes sur Regina… J’en ai déjà balancé deux-trois comme sa récente rupture avec Robin, ou sa baisse de morale évidente de l’après-malédiction, avec une grande remontée durant la rencontre de Robin, toujours soutenue par sa copine la mère maquerelle Neilïna, et en moindre mesure Freya. Enfin, il était temps d’avoir une rencontre avec Regina pour parler d’elle, de son après-malédiction, de sa post-rupture, de sa situation avec Blanche ! Enfin tout un tas de choses à savoir…
J’attendais donc patiemment l’invitée du jour, en allumant une cigarette, et rédigeant quelques notes sur mon prochain article, consacré sur la coiffeuse Hannah B.Braid et sa montée en puissance, avec son commerce florissant : il fallait donner de l’espoir aux Storybrookians en de temps sombres, et prouver que certains pouvaient s’en sortir, c’était un bon début.
Alors que j’étais plongée dans mon article, je remarque une présence inhabituelle : Regina. Je tire une dernière latte sur ma cigarette, un sourire satisfait sur le visage, avant d’éteindre cette dernière, en disant :
« Votre Majesté » commença-t-elle sur un ton pimenté d’ironie. « J’attendais votre arrivée avec impatience. Je vous en prie, asseyez-vous. »
Finis-je en montrant la chaise, ramenant théâtralement ma main droite vers la gauche, et de frotter délicatement mes mains ensemble, les posant ensuite sur le bureau.
« Comment allez-vous ? »
(c) crackle bones
Regina Mills de Locksley
Storybrookian
♕ Lieu : 108 Mifflin Street, ou la mairie de Storybrooke
L’année 2013 n’avait pas commencé aussi bien que la 2012 ne s’était achevée pour Regina. En effet, si les fêtes de fin d’année s’étaient passées à merveille juste après que son expédition ait brisé le miroir d’Ingrid et rendu au monde des contes ses températures habituelles, et que Robin et elle filaient le parfait amour, ce dernier point avait bien changé. En effet, ce que madame le maire ignorait, c’était que sa chère maman Cora était à l’origine de son malheur actuel. Elle avait arraché le cœur de l’archer pour lui ordonner de quitter sa fille. Le retour de Marianne avait parfaitement coïncidé, comme un incroyable miracle. On aurait dit que l’univers entier s’était ligué pour que la vie de l’ancienne méchante reine s’effrite. La fausse Marianne avait donc débarqué, Regina avait fait venir Robin, et ce fut le début de la catastrophe. Quelques jours après, alors qu’elle ne l’avait plus vue, il était venu lui dire qu’il valait mieux qu’ils ne se revoient plus jamais. Regina n’arrivait toujours pas à comprendre comment l’homme qu’elle aimait, celui qui lui avait déclaré sa flamme maintes et maintes fois, celui qui croyait en elle et en qui elle croyait, avait-il pu ainsi lui briser le cœur et surtout aussi impunément ? Du jour au lendemain, il avait déménagé avec Roland, elle n’avait même pas pu leur dire au revoir, se retrouvant ainsi seule dans sa grande maison avec Henry dont elle partageait la garde avec Emma, et CJ qu’elle avait adoptée en rentrant de l’expédition dans le désert de glace.
Avec tout ça, madame le maire cherchait de quoi penser à autre chose, même si Robin hantait ses pensées quoi qu’elle puisse faire. Aussi, lorsque Rita Von Marburg lui proposa (ou plutôt lui imposa) cette interview, elle vit là le moyen de penser à une chose positive : le monde des contes avait été préservé. Car oui, pour Regina, la journaliste voulait parler de cette fameuse expédition, vanter les mérites de tous ces volontaires qui avaient accepté de venir au péril de leurs propres vies pour sauver leur ancien monde et défaire la reine des glaces. Le rendez-vous avait été fixé en début d’après-midi. La belle brune portait un tailleur et une jupe crayon gris anthracite avec des escarpins bordeaux et un chemisier en soie assorti. Couverte d’un long manteau noir et une écharpe bordeaux autour du cou, elle sortit de sa voiture garée devant le Daily Mirror et se rendit dans le bâtiment. Elle ne manqua pas de saluer Sydney et ne perdit pas de temps pour gagner le bureau d Rita dont la porte était restée ouverte.
A peine fut-elle entrée que la journaliste remarqua sa présence, levant le nez de ce qu’elle était en train de lire. Une immonde odeur de cigarette émanait de ce bureau. Regina se retint de soupirer en entendant Rita l’appeler « Votre Majesté ». Elle savait que venant d’elle, ce n’était que pure ironie. Comme on l’y invita, Regina s’assit après avoir retiré son manteau et posé son sac.
-Bonjour Mme Von Marburg.
Elle croisa les jambes et posa ses avant-bras sur le bureau.
-Commençons, voulez-vous ? J’ai encore du travail qui m’attend.
Plus tôt elles commenceraient, et plus tôt Regina pourrait s’échapper. Elle avait déjà l’étrange impression d’être prise au piège et elle détestait ça. Mais elle avait donné sa parole en acceptant ce rendez-vous, elle pouvait donc difficilement s’y soustraire.
J’ai donc en face de moi le reste de ce qui fut autrefois la plus grande menace du royaume, la femme la plus détestée de la terre sûrement, l’une des plus puissantes et des plus dangereuses : la méchante reine. Pourtant, je n’y vois aujourd’hui qu’une femme remplie de tristesse plus que de haine, plus de besoin d’être aimée que de besoin de détruire les autres. Cela m’en fait presque de la peine de dois dire. Je l’invite alors à s’assoir, alors qu’elle me demande de me presser, cette dernière ayant du boulot qui l’attend. Je souris et dit :
« Je vous en pris, appelez-moi Rita, et je vais faire en sorte de vous libérer au plus vite possible, enfin, tout dépendra du fait si j’ai à vous tirer les vers du nez ou non. »
En réalité, je savais déjà beaucoup de choses sur elle : je pouvais écrire cet article sans même avoir à faire une interview, j’en savais sûrement bien plus qu’elle. Je ne savais même pas si elle était au courant du fait qu’elle avait une sœur, ou que sa mère n’était sûrement pas innocente dans son grand malheur… Mieux valait garder ces bombes pour plus tard. Ce que je désirais le plus, c’était avoir son ressenti, savoir ce qu’elle pensait, comment elle se sentait. Je sors alors un calepin et une plume enchantée. Je l’active d’un coup de main et cette dernière, ainsi que le calepin s’élève, attendant de savoir les choses à écrire. Je sors deux verres à Vin rouge, les remplies, en tendant un à la mairesse, et dis enfin :
« Très bien, je pense que nous pouvons commencer. Tout d’abord, je préfère ne garder aucune surprise pour cette interview, on parlera évidemment de l’expédition dans les terres du Nord et de ce qui se passe à Storybrooke, mais pas seulement. Je souhaite aborder votre vie privée, sans entrer dans les grands détails, mais vous imaginez bien que les rumeurs courent vite, et cette interview peut considérablement vous aider à rétablir la vérité et redorer votre image. » Je bois une gorgée de vin, avant de continuer : « Maintenant que les choses sont mises au point, je pense que nous pouvons commencer. »
Passant une main dans mes cheveux, j’observe les moindres faits et gestes de la reine et commence finalement :
« Il y a très peu, un groupe de volontaires, vous y compris, vous êtes partis dans le monde des contes, dans le royaume des glaces me semble-t-il pour vaincre Ingrid, la reine des glaces. Décrivez-nous comment cela s’est passé ? Pourquoi y êtes-vous allés, et est-ce que cela s’est passé comme prévu ? » .
(c) crackle bones
Regina Mills de Locksley
Storybrookian
♕ Lieu : 108 Mifflin Street, ou la mairie de Storybrooke
A présent installée en face de la journaliste, Regina se demandait pourquoi elle avait accepté de venir. Pourquoi ne pas simplement avoir répondu à des questions par mail ? Cela aurait été moins contraignant. Rita, qui insistait pour qu’elle l’appelle par son prénom, ressemblait davantage à un prédateur qu’à une dame pleine de bonnes intentions. Regina lui rendit son sourire, tout aussi faux et de façade que celui que son aînée lui tendait. Lui tirer les vers du nez ? Mais pour qui se prenait-elle ? Et surtout, pour qui LA prenait-elle ? Ne savait-elle pas que ni elle ni personne ne pouvait obliger Regina Mills à faire ou dire ce qu’elle ne voulait pas ?
-Bien, commençons alors.
Madame le maire fut surprise de constater que Rita possédait une plume magique. Ne pouvait-elle pas écrire elle-même ou bien enregistrer l’entretien, comme n’importe qui ? Ne s’en formalisant pas davantage, madame Mills continuait de regarder dans les yeux son interlocutrice. Cette dernière prétendait que parler de la vie de Regina permettrait de redorer son blason. L’ancienne reine n’était pas très favorable à étaler sa vie personnelle dans un journal, mais maintenant qu’elle était là… Elle espérait gagner du temps sur les sujets vraiment important et lui dire qu’elle n’avait plus le temps pour rester davantage ? Cela pourrait marcher, savait-on jamais.
-Une dernière chose. Comme vous le savez, dans cette ville, nous avons une poignée de personnes qui ne vient pas de notre monde, mais qui appartient à ce monde-ci. Je tâche au mieux de les soustraire à la vérité concernant notre origine, parce que dans le cas contraire, cela pourrait, peut s’avérer extrêmement dangereux pour nous tous. Je tiens donc à avoir un droit de regard avant que votre article ne soit publier, et à l’ensorceler pour que seuls « nous » puissions le lire.
Mais enfin, elles entraient dans le vif du sujet. Rita la questionna sur l’expédition en terres du Nord. Regina décroisa et recroisa les jambes, changeant de côté avant de se racler la gorge.
-Vous n’êtes pas sans savoir que la vague de personnes arrivant de l’autre côté est venue ici pour y trouver refuge, pour fuir ce qui se passait là-bas. Face à une telle détresse, je ne pouvais pas rester sans rien faire. Après en avoir discuté avec le shérif Swan, la sauveuse, nous avons décidé de monter une expédition avec des volontaires. Nous avons utilisé un haricot magique pour nous rendre en terres nordiques où le château de glaces d’Ingrid avait été repéré. Nous avions évidemment de solides témoignages sur lesquels nous baser avant de partir. Quant à savoir si tout s’est passé comme prévu, pour tout vous dire, dans ce genre de voyage, rien ne se passe jamais comme prévu. Nous avons fait des rencontres, bonnes comme mauvaises. Nous avons travaillé main dans la main pour finalement parvenir à brisé le miroir magique qui maintenait le sort de glace ainsi que l’envoûtement sur certains personnages qui sont désormais libérés. Certains d’entre eux sont d’ailleurs rentrés avec nous, espérant retrouver leurs proches ici.
Regina espérait avoir répondu le plus en détails possible aux questions de Rita concernant l’expédition. A vrai dire, elle ne savait pas vraiment quoi lui dire de plus.
J ’écoutais la recommendation de Regina : pour qui nous prenait-elle ? Evidemment que le journal était lisible uniquement que par les habitants de Storybrooke connaissant le monde magique, et la magie. Les autres habitants, qui n’étaient que très peu lisaient uniquement des articles de publicité, ou alors modifié, enlevant toute trace de magie. Je souris et lui dit :
« Cela fait désormais plusieurs mois que la malédiction a été levée, et nous avons pris des mesures drastiques en ce qui concerne la préservation de la magie, et son non dévoilement. Alors oui, les lecteurs n’ayant aucune connaissance de la magie ne peuvent pas lire ce style d’article, parlant ou mentionnant quelque-chose ayant ne serait-ce qu’un seul rapport avec la magie, ou avec la possible existence de notre monde. Mais je dois vous mettre en garde Regina, ces gens découvriront un jour la vérité, vous ne faites que retarder leur découverte. Et plus vous attendez pour leur dire, plus ils seront surpris, et on ne sait pas comment ils ou elles pourraient réagir. Enfin, après-tout, c’est à vous de faire votre décision. »
L’interview commence finalement, et la première réponse de Regina est quelque peu attendue, banale, sans grande révélations. Lorsque que sa majesté parle, ma plume enchantée s’active et se met à écrire toute seule alors que je l’écoute attentivement. Quelques questions sont soulevées avec ses propos :
« Vous dites avoir fais des rencontres, et je vous cite, bonnes comme mauvaises. Pouvez-vous développer ? Ces mauvaises rencontres ont-elles engendrées des pertes ? Des ralentissements ? Et au contraire, ces bonnes rencontres vous ont-elles aidées ? Et si vous avez des noms à citer également. Et, les rumeurs disent que vous avez prise des mesures drastiques en ôtant le cœur d’une personne de votre camp : Juliette, connue pour être la reine blanche du Wonderland. Mais que s’est-il donc passé ? »
Les potins entraient en jeu, c’était une rumeur qui avait beaucoup couru dans les rues de Storybrooke, il était donc grand temps que je la clarifie.
(c) crackle bones
Regina Mills de Locksley
Storybrookian
♕ Lieu : 108 Mifflin Street, ou la mairie de Storybrooke
Regina avait préféré rappeler les recommandations de prudence quant aux propos visibles de tous dans le journal, et Rita avait semblé mal le prendre, mais on n’était jamais trop prudent. Madame le maire redoutait ce qui pourrait arriver aux habitants de Storybrooke, ceux issus du monde des contes, si un jour la vérité venait à éclater au grand jour, et avec des fouineuses comme Louise Lemire, ce serait catastrophique. La journaliste alors prétendit que les mesures de prudence que prenait l’ancienne méchante reine revenaient à reculer pour mieux sauter. Regina la dévisagea.
-Je ne suis pas d’accord avec vous. Si tout un chacun se montre prudent, il n’y a aucune raison que la vérité ne se sache. Il en va de la sécurité de chacun d’entre nous.
Il fallait qu’elle trouve comment rendre la ville invisible. Mais l’interview commença, Rita savait où elle allait et ses questions s’enchaînaient. Regina faisait de son mieux mais elle avait vraiment cette étrange impression que la journaliste essayait de la piéger. Von Marburg faisait partie de ces habitants que madame le maire n’arrivait pas à classer dans une catégorie précise, ne sachant si elle pouvait lui faire confiance ou non. Sa méfiance naturelle l’incitait plutôt sur le non, pourtant, Rita n’avait pas l’air mauvaise en soi, mais n’inspirait pas non plus une confiance aveugle.
L’interview avait donc commencé et l’ancienne reine s’affairait à expliquer brièvement ce qui s’était passé. Égale à elle-même, la journaliste appuya sur certains détails, comme les rencontres faites sur place. C’est là que Regina se rendit compte qu’elle devait choisir avec précaution les mots qu’elle employait.
-Bonnes comme mauvaises, j’entends par là que nous avons trouvé aussi bien des alliés que des personnes à combattre. Peu après notre arrivée, nous avons rencontré Ariel qui nous a ensuite accompagnés. Nous avons aussi essuyé des attaques de personnes ensorcelés par la reine des glaces. Nous avons donc fait de notre mieux pour ne pas les blesser en nous défendant. Quand enfin nous avons pu pénétrer le château d’Ingrid, nous avons été attaqués par des monstres de sa création. Nous avons aussi rencontré le capitaine Crochet qui avait été enrôlé par la reine des glaces. Je tiens à souligner que personne n’est à blâmer. Ingrid se servait de son miroir magique pour faire voir à ses victimes leur vœu le plus cher, prétendant qu’elle pourrait le réaliser. C’est ainsi qu’elle s’y est prise pour endoctriner ses sujets et manipuler son monde. Lorsque nous avons trouvé la salle où elle conservait ce miroir, certains d’entre nous en ont été victime, Juliette y compris. J’étais presque seule contre tous, et voulant éviter de blesser mes acolytes, il fallait que j’évite d’avoir à gérer de la magie contre moi. Pour qu’elle soit de mon côté, je n’ai pas eu d’autre choix que d’arracher son coeur pour la contrôler. Quand nous avons détruit le miroir, l’envoûtement a été dissout et chacun a pu retrouver ses esprits. Je lui ai donc immédiatement rendu son coeur. C’est aussi simple que ça.
Voilà donc ce qu’elle voulait entendre ? Qu’espérait-elle ? Pouvoir dire que la méchante reine était de retour et qu’elle arrachait des coeurs à tour de bras ?
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