Subir, se taire, souffrir.
Répéter.
Subir, se taire, souffrir.  
La vie ne lui a jamais faite de cadeaux. À peine fut-elle née que la vie dans laquelle elle n'eut même pas le temps de se lancer fut détruite. Le village incendié, les adultes massacrés et les enfants dérobés aux seins de leurs mères. Un chevalier l'a trouvé alors qu'elle n'était qu'un bébé, dissimulée sous la carcasse dépourvue de vie de sa matriarche. Jamais elle n'eut la chance de savoir comment ses parents l'auraient nommés, elle devint une pauvre petite chose parmi tant d'autres destinée à accomplir les tâches les plus ingrates de personnes capable de débourser assez d'argent sans se mettre en difficulté. Elle n'était rien d'autre que "Toi", et c'est à l'âge de douze années seulement que son second acheteur lui demanda son nom. Elle ne s'attendait pas à autant de générosité, peut-être même espéra-t-elle un avenir plus clément à partir de maintenant. Alors, elle se baptisa elle-même Tituba. Un nom qui sonne avec tituber puisque c'est ce qu'elle fit après un nombre incalculable de coups et blessures : la démarche chancelante, bancale alors que son doux visage adopta bon nombre de masques lui permettant de dissimuler la peur, la douleur et la solitude. Mais aussi la rage, le dégoût et la soif de vengeance. Mais que pouvait-elle bien faire à Salem si ce n'est nettoyer la merde de ses propriétaires en gagnant trop peu ? Elle se demanda ce qu'un homme pouvait bien attendre d'une gamine infirme et avec le temps, peut-être bien qu'elle aurai préférée ne jamais savoir. Par une nuit sombre à la lune étincelante, son propriétaire se glissa dans sa couche pour abuser d'elle. Que pouvait-elle bien faire ? Subir, se taire et souffrir car c'étaient là les seuls privilèges que l'on accordait à ceux qui n'avaient pas la moindre influence dans ce monde sois-disant enchanté. Alors, lorsque cette femme lui tendit la main, elle n'y croyait pas. Elle n'avait pas confiance en elle et pourtant à l'âge de vingt-deux ans elle fit la rencontre de sa fée marraine. Ou plutôt, de sa sorcière marraine. Une femme dont la réputation n'était plus à faire, dont la voix pouvait plier la plus grande des volonté et dont l'apparence transpirait la richesse des diamants et autres pierres. Rita Von Marburg n'avait rien d'une sainte et pourtant elle fut la première personne à offrir son aide à l’esclave, consciente du potentiel qui se dissimulait sous les traumatismes endurée par la pauvre chose qu'elle était. Une petite braise, minuscule voir ridicule dans un océan de cendres qu'était devenu son cœur et les paroles de Rita lui permirent d'embraser son âme, la faisant irradier dans les ténèbres de Salem. Alors, lorsque la précieuse ville de Salem fut ravagée par les flammes et les cris de ses habitants, Tituba s'en alla dans les bois sans se retourner un seul instant sur son chemin. Sans même jeter ne serai-ce qu'un coup d’œil à la ville dans laquelle les hommes l'avaient brisés et où les sorcières l'avaient aidés. À quoi bon Salem pouvait elle servir maintenant que Rita avait obtenu ce dont elle avait besoin ? Rien. Alors, c'est par une nuit sans lune que les sorcières de Salem ont dansés au dessus des nuages, frôlant les ombres en déversant leur souffle embrasé sur la ville qui n'était plus rien d'autre qu'une brindille sur un bûcher bien plus grand. Fraîchement détentrice de sombres pouvoirs, Tituba décida de mettre à profits les talents enseignés par Rita dans le but de ne plus avoir à être aux services des autres. À partir de maintenant, c'est elle qui allait tirer les ficelles. Après l'annonce du mariage du prince Naveen et de sa bien aimée Tiana, c'est dans leur royaume que l'ancienne esclave s'installa. Elle se dirigea vers les bayous et marécages, où le chant des cigales, la symphonie des crapauds et le spectacles des vers luisants la charmèrent pour rénover une cabane biscornue recouverte de mousses. Lentement, les rumeurs mettant en scène une sorcière vivant dans un nid de serpents se rependit comme une traînée de poudre dans le royaume de la Nouvelle-Orléans, si bien que par une chaude nuit d'été, la jeune sorcière se vit honorée par la visite du Docteur Facilier. Il n'était ni tangible et se déplaçait à l'image d'une volute de fumée. La nuit entière, l'ombre du sorcier vaudou raconta à la sorcière son histoire : comment avait-il vendue son âmes aux Loas, ces esprits similaires à des démons dans l'unique but d'obtenir d'acquérir de sombre pouvoirs, comment le prince Naveen et son épouse l'avait terrassés... Et cette nuit là, le fantôme demanda à Tituba de lui venir en aide. Pourquoi devait-elle l'aide ? Pour la simple et bonne raison que le sorcier décéda et la sorcière belle et bien vivant appartenait à la même tribu. Après le massacre du village, Facilier fut laissé pour mort parmi tant d'autres aux berges d'une rivière dont le court de l'eau le guida directement au seuil de la mort. C'est à ce moment là que dans son dernier souffle il invoqua les esprits dans un murmure quasi inaudible. Les ombres lui vinrent en aide, lui octroyant des capacités surnaturelles qui lui permirent de se venger de la milice à l'origine du massacre de son peuple. Et maintenant, il allait enseigner à Tituba la même forme de magie qu'il pratiquait de son vivant : le vaudou. Les jours devinrent des années au termes desquelles Tituba était pleinement intégré à la société : si les gens savaient très bien ce que trafiquait la jeune femme au fond des marais, cette dernière était dotée d'un sens très aiguisé pour pouvoir cerner les gens. Tandis que les mauvais, ceux dont les agissements ne permettaient pas la rédemption finissait dévorés par les alligators, elle enchantait volontiers ceux qui ne représentait pas de danger pour elle -en échange de sommes d'argent phénoménales comme pour récupérer chaque pièce qui ont servit à vendre son corps de gamine par le passé-. Lorsque la sorcière fut assez douée dans la pratique du vaudou, elle s'abandonna à son tour corps et âme aux Loas, découvrant un sombre pouvoir qu'elle n'avait encore jamais connu. S'en était presque effrayant de sentir cet afflux de puissance en elle mais elle se laissa faire... Pour la toute dernière fois. Elle mis une semaine avant de daigner laisser sa peau se réchauffer au soleil, enfermée chez elle, encore chamboulée par les émotions et les capacités qu'elle venait de découvrir. Lorsqu'elle se sentit prête à achever le rituel menant à la résurrection de Facilier, un épais nuage l'enveloppa elle et l'intérieur de sa demeure pour la faire chuter dans un désert où chaque grains de sable représentait un mensonge, la séparant de qui elle était vraiment.

La vie à Storybrooke n'avait rien de bien trépidante. Maura tenait une boutique ésotérique au bord de la faillite, elle devait se serrer la ceinture pour pouvoir payer son loyer et travailla même comme gouvernante pour une riche femme dans un beau quartier à la haie entretenue. Son quotidien se résumait à assembler les tissus pour confectionner des poupées vaudou, savourer du poulet frit avec une sauce piquante dans un fast-food miteux, changer les draps de son employeur, se battre pour conserver son petit appartement, confectionner des poupées vaudou etc... Elle se rappelait être une orpheline qui a grandi dans des foyers d’accueils en Louisiane pour finalement tirer tout espoir sur une famille une fois sa majorité atteinte. Et cette petite ville du Maine était tout ce qu'elle n'avait jamais sus, c'était difficile certes mais c'était à elle.
Du moins, c'est ce qu'elle croyait.
Lorsque la malédiction de la Méchante Reine fut brisée, Tituba retrouva l'unique chose qui lui manquait : elle-même. Elle se rappela de tout et à mesure qu'elle s’accommodait en silence, elle observait héros et méchants se livrer à des batailles sans réflexion. À son plus grand bonheur, les chiffres de sa boutique ésotérique n'ont cessés d'accroître avec le retour de la magie en ville. Tout allait pour le mieux si ce n'est à un petit détail prêt : son véritable foyer, dans les marais, lui manquait. L'odeur et le goût des tartes au miel et noix de pécan lui manquait, la mélodie du marais qui l'aidait à s'endormir ne résonnait plus dans ses oreilles, le contact de la mousse sous ses pieds nuits qui la faisait se sentir plus légère n'existait plus. Après tout... Que pouvait elle bien faire à Storybrooke ? Elle n'avait aucune attache : pas de famille ou d'amis, pas de but et de quête à laquelle prendre part. Alors, jours après le jours l'appel de la Forêt Enchantée se fait de plus en plus pressant dans les entrailles de la sorcière vaudou que les gens ne remarquaient pas assez.