Est-ce que je pensais cela possible ? Était-ce possible que Roméo en aime une autre que moi ? La question de Regina résumait bien le fond de mon problème j’ignorais ce qu’il était possible. Ce monde avait bouleversé les cœurs et les esprits. Si certain disait que dans notre monde tout était possible je trouvais que cette définition correspondait mieux à ce monde. Après tout cette ville avait gommé toutes les strates sociales, ici un roi pouvait devenir garagistes, un paysan propriétaire d’un établissement, alors oui en mon sens tout était possible dans ce monde. C’était le genre de détail que j’évitais de m’épancher de peur que l’angoisse me terrasse et ne m’offre en peinture aux slaves de ma magie. Je ne voulais pas devenir l’instrument de ma bague. Je ne voulais as devenir l’ombre de moi-même, alors je préférais ne pas répondre. L’ignorance restait encore aujourd’hui ma meilleure armure contre la désolation. Plutôt de parle de mon mari, j’en revenais à mes questions, celles qui m’avaient poussé à prendre ce rendez-vous avec Régina. Les frontières m’apprenaient beaucoup de choses, mais celle qui séparait cette ville de notre monde, était bien celle qui m’ennuyait le plus, pour cause Ingrid pouvait entrer avec autant d’aisance que moi quelques semaines auparavant. Après avoir expliqué les raisons de mon questionnement, je laissais les paroles à Regina. Comme je le craignais, cette frontière ne possédait aucun filtre. Si elle laissait entrer, elle laissait entrer tout le monde et si elle était fermée c’était le même principe. Hochant la tête une fois qu’elle eut évoquée le Ténébreux, je retenais un raclement de gorge désappointé. Je n’appréciais guère ce sorcier, et je ne mettrais pas la sécurité de cette ville entre les mains d’un homme qui ne rendait service uniquement s’il obtenait quelque chose en retour.

« Vous avez confiance dans le ténébreux ? »

Demandais-je, avec curiosité, tentant de dissimulé mes sentiments envers ce dernier. Je savais ce qu’il représentait pour Belle. Elle croyait en lui, mais je n’avais pas la même capacité qu’elle pour voir la bonté et la générosité dans les âmes perverties par la magie noire. En mon sens le Ténébreux était un nuisible, un nuisible invincible qu’il fallait donc éviter. Jamais au grand jamais je ne conclurais un contrat avec lui. Préférant changer de sujet, je choisissais d’en savoir plus sur son expédition, si elle m’en avait parlé ce n’était pas pour rien et je comptais bien me joindre à elle si cela était possible.

« Vous comptez repartir dans notre monde, mais avec quel armée ? Ingrid n’est pas dans votre royaume. Elle la glacé certes, mais ce n’est pas votre château qui l’intéresse, son domaine lui suffit amplement. D’après les rumeurs elle serait dans le désert de glace, personne ne connait son visage, ou du moins ceux qui le connaisse ne l’on jamais décrit. »

Laissant échapper un soupir, je repensais aux paroles d’Alfred le jour où il avait eu sa vision, même lui n’avait pas vu le visage de cette reine. Il frissonnait encore à la pensée de cette menace et une fois de plus je me demandais si mon royaume était gelé où si mes frontières étaient encore protégées. Me retournant vers Regina, je demandais :

« Pourrais-je venir avec vous lorsque le moment sera venu ? »

Si les questions de Juliette paraissaient remettre un peu en question la manière de gérer la ville de Regina, cette dernière ne s’en offusquait pas. Après tout, elle le savait, quelles que soient les décisions qu’elle prendrait, il y aurait toujours des personnes à qui cela déplairait. C’était le jeu de la politique. Mais là, il s’agissait bel et bien d’une guerre qui faisait rage dans leur ancien monde, et si des gens voulaient trouver refuge à Storybrooke, madame le maire ne se voyait pas leur refuser l’hospitalité dans le monde sans magie. C’était aussi la raison pour laquelle l’ancienne méchante reine voulait s’enquérir elle-même de la situation de l’autre côté. Cette reine des glaces ne pouvait pas être invincible.

La question de la reine blanche tira à la belle brune un sourire ironique. Rumplestiltskin, qui donc à part Belle pouvait bien lui faire confiance ? Retenant un petit rire, Regina remit une mèche de cheveux derrière son oreille avant de répondre à son interlocutrice.

-Allons, me prenez-vous pour une idiote ? Je ne suis pas inconsciente, bien que non, je n’ai pas confiance en lui, d’autant qu’il a une dent contre moi. Mais je sais qu’à présent qu’il y a une personne qu’il aime dans cette ville, il ne la laissera pas choir aux mains d’une reine givrée. Faites-moi confiance, je sais ce que je fais.

Elle lui offrit un sourire de façade rassurant, en bonne politicienne qu’elle était. A vrai dire, elle n’avait plus qu’une envie, rentrer chez elle pour réfléchir à cette fameuse virée dans son ancien royaume pour constater les dégâts et glaner des informations. D’ailleurs, elle comptait essayer d’interroger avant cela les « réfugiés ». Mais Juliette lui apporta d’ores et déjà quelques tuyaux. Madame Mills l’écouta avec une grande attention.

-Je comprends vos questionnements. Pour ma part, je pense que débarquer avec une armée, comme vous dites, n’aura rien de discret, bonjour l’effet de surprise. Si personne ne saut décrire son visage, je pense qu’une reine qui a le pouvoir de glacer des régions entières ne passe pas inaperçue. Je sais sentir la présence de la magie. Je pense que vous aussi.

Regina s’apprêtait à tourner les talons et saluer la reine blanche lorsque cette dernière lui posa une question inattendue. Elle la regarda d’abord surprise, puis sourit.

-Vous voulez venir ? Eh bien.. oui évidemment, vous pouvez. Toutes les bonnes volontés sont bonnes à prendre. Dans ce cas, je vous tiens au courant. Je pense ne pas tarder, et ferai appel à quelques volontaires. Merci pour votre engagement, Juliette.

Elle s’avança vers elle pour lui serrer la main.

-Je vous appelle pour vous tenir informée aussitôt que j’aurais rassemblé assez d’informations et de volontaires. Je pense ne pas dépasser une dizaine de personne, dans un but de discrétion, comme je vous le disais précédemment. Merci encore, Juliette, votre aide est précieuse. J’espère à mon tour avoir pu répondre à vos questions, même si, malheureusement je le crains, je n’aie pu être d’une grande utilité dans vos recherches.

Elle lui serra la main chaleureusement.

-Une dernière chose encore. Je crois savoir que vous avez décidé d’emménager avec Louise Lemire. Sans vouloir vous commander, je vous saurais gré de faire preuve de la plus grande discrétion avec cette jeune fille. Vous l’ignorez peut-être, mais elle est issue de ce monde, le monde sans magie, et le travail qu’elle fait, je veux dire ses études de journaliste, peut être in réel danger pour nous, bien plus encore qu’une reine des glaces. En effet, pour les gens de ce monde, nous ne sommes que des légendes, des histoires que l’on raconte aux enfants. S’ils apprenaient notre existence réelle, nous pourrions avoir à en subir de désastreuses conséquences. Loin de moi l’idée de vous effrayer, je veux juste vous prévenir que vous vivez au plus près d’une source de risque, et qu’il faut donc éviter d’éveiller ses soupçons.

Regina lui sourit une nouvelle fois, espérant que le message était passé. Juliette était intelligente, elle comprendrait aisément. Elle la salua une dernière fois, lui souhaitant une bonne soirée, avant de rejoindre sa voiture pour regagner son domicile.

Regina me rassura en m’apprenant qu’elle ne faisait pas confiance en Rumple, mais qu’elle détenait une personne dans cette ville à laquelle il ne laisserait jamais le moindre mal arriver ? Belle. Elle parlait de Belle. Je savais ce qu’elle avait fait à mon amie. Elle avait été cruelle et savoir que prendre a nouveau mon amie en otage pour forcer le Ténébreux à se lier à elle me faisait frissonner. Si le Rumple ne laisserait rien arriver à Belle, je ne laisserais jamais une telle chose arriver et je n’étais pas la seule, Robin et ses hommes étaient également de ses personnes. Préférant ne pas relever, j’admirais son sourire de façade, un sourire qui me rappelait celui de ma mère lorsqu’elle ouvrait le bal ou tout bonnement lorsqu’elle s’appliquait à faire bonne figure devant les partenaires de son mari. Une fois de plus je réprimais un frisson et me concentra sur notre discussion pour rester dans l’instant présent. Lorsqu’elle évoqua son retour dans notre monde je me proposais de l’y accompagner, ce qui semblait la surprendre. Hochant un sourcil, je me complaisais dans mon silence attendant qu’elle finisse de répondre à mes questions.

« Je suppose que vous savez où me trouver mais au cas où je travail à la boutique de jouet de Marvin Kandinski »

Serrant la main de Regina, je rétablissais l’ordre naturel de la météo, écoutant les recommandations de cette dernière. J’avais bel et bien remarqué que Louise Lemire n’était pas une maudite. Elle savait que je venais dans cette ville pour retrouver mon mari et s’était exclamé que nous étions certainement le couple le plus prévisible qu’il existe, en me contant l’histoire de Roméo et Juliette. J’avais pris soin de bien dissimuler ma couronne ainsi que mes potions tout en taisant mon identité. Cependant, je ne pensais pas que cette dernière soit plus dangereuse qu’Ingrid. Comment une simple humaine était capable de faire plus de dégât qu’une reine des glaces.

« Je ferais attention, ne vous en faites pas je m’étais aperçue qu’elle n’était pas une maudite »

Regina s’en allant, je restais un instant le regard posé sur la frontière avant de tourner les talons vers la ville bien décidé à me rendre sur mon lieux de travail.