Être maire, ce n’était pas toujours synonyme de choses positives comme unir deux personnes qui s’aiment, organiser des festivités, ou encore gérer diverses réparations. C’était aussi annoncer en personnes les mauvaises nouvelles, et là, la nouvelle était de taille. Cela faisait des mois que la ville était infiltrée par un dangereux groupe qui se faisait appeler « les Inquisiteurs », menés par un certains Victor Whale. Et voilà deux jours de cela, ils avaient réussi à ôter toute la magie de la ville. Selon tout vraisemblance, il n’y avait donc plus aucune magie où que ce soit dans le « vrai monde ». Que faire ? Sans magie, il leur était même impossible de retourner se réfugier dans leurs royaumes respectifs.

Regina, aidée de sa meilleure amie Catalina et d’autres volontaires qui étaient présents ce soir-là quand ils avaient entrepris de retrouver David Nolan, avait fait prévenir chacun des habitants de la ville qu’une réunion se tiendrait dans la salle de conférence de la mairie de Storybrooke. Il fallait que tout un chacun soit informé de ce qui se passait, c’était la moindre des choses. Il fallait que chacun puisse s’exprimer, donner ses idées, parler de ses peurs aussi.

Les Inquisiteurs, du moins Victor, avait tenu à ce qu’on lui livre Gold. Regina s’était contentée, avec Robin, d’aller l’en informer et l’inciter fortement à coopérer. Elle n’avait aucune envie que les habitants aillent le saisir de force. Sans magie, il n’était plus qu’un vieillard, certes rusé, mais inoffensif physiquement. Belle aussi l’avait incité à aller discuter avec ce Victor Whale qu’il connaissait de longue date. Mais personne ne savait exactement ce qui s’était passé finalement.

Tout le monde était là. Regina lança un dernier regard à ses amis les plus proches, ses enfants et son mari avant de se lance pour prendre la parole.

- Chers citoyens de Storybrooke, merci d’être venus. L’heure est grave et nous traversons une crise sans précédent. Certains l’ont remarqué, il n’y a plus de magie à Storybrooke. Nous avons appris il y a deux jours, alors que nous recherchions David Nolan, qu’il avait été enlevé par un groupe d’individus très dangereux. Ils se font appeler les Inquisiteurs. Ce sont eux qui ont ôté la magie à la ville. Ils sont dirigés par Victor Whale. Ce sont là toutes les informations dont nous disposons. Ça et le fait que Whale tenait absolument à ce que Mr Gold lui soit livré. Nous l’en avons informé et il y est allé de son propre chef. C’est tout ce que nous savons, mais si certains d’entre vous ont des informations complémentaires, c’est le moment de nous le dire. Si vous avez remarqué quelque chose de suspect, si vous avez une idée de ce que nous pourrions faire pour nous débarrasser d’eux… Ils sont très dangereux et disposent d’une technologie qui nous fait défaut. Nous ne savons pas de quoi ils sont capables, alors ne tentez rien tous seuls.

Regina tâchait de se montrer la plus honnête possible. Elle craignait cependant que quelqu’un ne lui reproche d’avoir engagé l’un des Inquisiteurs à la mairie en la personne de Wendy Darling. La rouquine était ainsi aux premières loges, mais comment la maire de la ville aurait-elle pu se douter de quoi que ce soit ?

Lui qui se sentait déjà impuissant avec de la magie, se sentait complètement dépassé sans. Comment ces inquisiteurs étaient-ils parvenus à mettre à mal leur défense ? Comment avec de simples objets ? La technologie était-elle capable d’un tel prodige ? Et les détenteurs de magie étaient-ils tous en danger ou condamner d’une certaine façon ? Robin souffla, il détestait se sentir inutile et c’était très clairement le cas. Malgré tout, il continua à tenir son rôle d’adjoint du shérif en allant prévenir les habitants, de la tenue d’une réunion dans la salle de conférences.

Avec Regina en personne, ils avaient également rendu visible à Gold pour l’informer de la situation et du fait que Whale veuille le voir. Une information qui ne sembla point le surprendre. Agacé par l’attitude du propriétaire de la ville, qui sans magie, devait se déplacer avec sa canne, l’archer préféra toutefois se contenir. Ce n’était pas le moment de faire montre de divergence. Ils préfèrent donc laisser l’homme avec son épouse, qui saurait mieux que personne le raisonner. Puis Robin et Regina rejoignirent la mairie où déjà plusieurs personnes attendaient.

La peur se lisait sur quelques visages, la colère aussi et l’incompréhension de celles et ceux qui n’étaient point présents lors de la battue engagée pour retrouver David Nolan. Robin restait en retrait de l’estrade et observait la salle se remplir peu à peu. Lui-même se posait beaucoup de questions, mais plus encore, il pensait à ses propres enfants et à cette famille qu’il ne pouvait protéger décemment.

Regina s’avança alors et rejoignit sans trainer le pupitre. Elle affubla son mari d’un dernier regard avant de commencer son discours. Elle savait captiver son auditoire, c’était certain. Fier l’archer écoutait religieusement les paroles de la maire, avant de laisser son regard se perdre sur une silhouette familière qui hésitait à se joindre à l’assemblée. Richard était là, près de la porte se demandant encore si c’était une bonne idée d’être là.

J’étais complètement perdue, mes pouvoirs avaient disparu, je n’avais toujours pas retrouvé Anna, je n’avais pas non plus revu l’enquêteur que j’avais envoyé ici pour retrouver ma sœur. A croire qu’elle n’était pas arrivée ici avec la fameuse malédiction ? Je ne pouvais me résoudre à imaginer le pire. J’avais l’impression que toute ma vie n’était devenue que chaos depuis qu’Anna avait disparu. Je n’avais plus rien, plus aucune certitude, je me sentais seule et perdue. J’avais néanmoins rencontré chez la fée verte une charmante jeune femme blonde du nom de Lina, qui, bien qu’elle aussi soit nouvelle dans ce monde, semblait bien mieux s’adapter. J’avais envie de la revoir, sa présence me semblait rassurante. Je me demandais si elle serait là à cette réunion. J’avais eu la visite de l’adjoint du shérif, apparemment c’était lui qui faisait régner l’ordre en ville, et on m’avait expliqué qu’il fallait venir à cette fameuse réunion. En arrivant, je compris qu’effectivement toute la ville était conviée. Je voulais comprendre ce qui se passait.
J’aperçus la gentille fée verte du nom de Clochette chez qui j’étais venue apporter du chocolat chaud lors de sa pendaison de crémaillère. Je décidai de venir m’asseoir à côté d’elle. J’avais revêtu une tenue plus à la mode de Storybrooke, j’avais bien remarqué que mes vêtements d’Arendelle dénotaient par ici.

- Bonjour, lui dis-je à voix basse. Puis-je m’asseoir ici ?

Je ne voulais pas non plus m’imposer, peut-être qu’elle attendait quelqu’un. J’avais repéré que Lina était avec sa famille, du moins son père, sa jeune sœur CJ qui était tout aussi adorable, et ses deux frères, vers l’avant de la salle.
Puis, la maire débuta son discours explicatif. J’appris grâce à ces mots ce qui s’était passé. Ces Inquisiteurs étaient de viles personnes. Si ma magie m’avait longtemps fait peur, elle faisait partie de moi désormais, et me l’ôter sans me demander mon avis me semblait traumatisant. Je pinçai les lèvres. Comment allions-nous faire pour restaurer la normalité ? Ces gens semblaient dangereusement équipés. Je ne pouvais m’empêcher de regarder autour de moi pour chercher Anna. J’espérais aussi que quelqu’un propose une idée pour résoudre le problème. J’avais compris que dans cette ville, le bureau du shérif employait plusieurs personnes qui semblaient très compétentes, mais peut-être que, comme à Arendelle, au besoin, les autres membres de la population pouvaient prêter main forte ?

- Ne serait-il pas possible de procéder à leur arrestation un par un ? A commencer par leur chef ? Peut-être qu’en l’isolant des autres, leur groupe serait plus vulnérable ?

Robin quitta discrètement l’estrade pour rejoindre son fils qui continuait à attendre à l’autre bout. Des habitants continuaient toutefois à pénétrer les lieux, ne s’offusquant point d’être en retard et d’arriver en plein milieu d’un discours.

« - Ça va mon grand ? » questionna l’archer soucieux. Richard, qui n’osait pas encore croiser le regard de son père, lui demanda s’il pouvait entrer, ce qui lui valut un « oui » peut-être un peu trop expressif de son père. « - Viens, on se mettre dans le coin. » Et à sa grande surprise, le jeune Richard consentit à suivre son père et à prendre place sur l’une des chaises encore disponibles. Regina acheva alors son discours, prête à entendre les revendications de ses concitoyens.

Ce fut Elsa, d’Arendelle qui osa braver la verve populaire et se fit entendre la première. Tous les regards se braquèrent alors sur sa personne. « Qui est-ce ? » entendit l’archer dans son oreille. « - Elsa. Elle vient du royaume d’Arendelle. » Richard acquiesça presque aussitôt, en avouant que la demoiselle avait des arguments valables. « - Ce n’est pas si simple Richard. » renchérit l’ancien voleur avant d’entendre la voix d’Éric, qui s’exprimait posément, mais laissait paraître une certaine appréhension, comme bon nombre de leurs camarades.

« Tu devrais parler. À ce qui paraît, tu as des facultés pour haranguer les foules. »

« - C’est différent cette fois fiston » Les deux hommes échangèrent pour la première fois un sourire et ce fut au tour de Merida de prendre la parole et d’attirer sur elle l’attention de toutes et de tous. Robin éprouvait un respect infini pour cette jeune femme, souveraine de son royaume en somme et archère de talent à laquelle il avait eu la chance de se confronter.

Et alors qu’il s’apprêtait à se lever pour prendre part au débat, Robin fut coupé dans son élan par une personne qu’il aurait préféré ne pas croiser et à n’en pas douter, il n’était pas le seul être véhément à l’encontre du jumeau de David qui ne trouva rien de mieux que de s’enfoncer une fois encore dans la confrontation et qui attaqua impunément Merida provoquant l'agacement de Robin.

« - Hey ! » lança l’archer qui se redressa et planta son regard sur le vulgaire chauffeur. « - À ta place, moi je me ferais tout petit. Comment peux-tu oser incriminer cette personne alors que tu ne l’as connaît même pas? Merida de DunBroch est pourvue d’un honneur qui te fait vraisemblablement défaut. Alors si tu es venu jusqu’ici pour dire de la merde, je te conseille de retourner à tes basses besognes. De plus, les Inquisiteurs se sont dévoilés à nous, alors je ne vois pas pourquoi certains seraient ici, en train de nous écouter. Réfléchis un peu avant d’accuser n’importe qui. »