Baisser ma garde n’était pas une chose facile. Je me retrouvais démunie et face à un choix draconien, me dévêtir et prendre le risque que mon amie s’aperçoive que je n’étais pas la reine si parfaite qu’on dépeignait dans tous l’ouest du pays. La liberté et le sourire renaissant de Diazpro me poussa à prendre une décision inédite et qui restera sans aucun doute dans les annales. J’avais accepté de me dévêtir pour barboter avec la reine du Nord d’Oz. Mettant en œuvre ma décision, je laissais mes vêtements glisser sur ma peau avant de les pendre rigoureusement sur l’arbre le plus proche et de m’approcher rapidement vers le point d’eau devançant même mon amie. Mes jambes furent rapidement immergées et je me doutais que cette dernière devait être légèrement froide au vu de la réaction de ma peau au contact de cette dernière. Le rire de Diaz m’accompagna et je lui rendais la pareille en riant quand cette dernière m’envoyait de grandes lames d’eau qui m’élevèrent dans les cieux. Riant de bon cœur j’avais l’impression de redevenir une enfant. Jamais je n’avais eu l’occasion de jouer ainsi à Vérone, d’après ma mère cette attitude n’était pas digne de princesse. Diazpro me fit sortir de ma brève réflexion en me demandant de me laisser glisser le long de son toboggan improvisé. La regardant brièvement je lançais d’un ton hésitant mais débordant d’envie :

« T’es sûre ? »

Riant à ma propre question je prenais une large inspiration avant de poser mes mains sur mes yeux pour me laisser glisser en criant telle une enfant. L’eau m’emportant et je sentais mes jambes battre dans les airs avant de me retrouver immergée totalement dans l’eau. Nos rires royaux résonnaient dans le ciel et je sentais tout le poids qui alourdissait mes épaules se soulager jusqu’à devenir presque inexistant. C’était tellement bon de respirer à nouveau. Cette dernière m’annonçant qu’elle allait faire un brin de toilette, j’haussais la tête avant de nager le plus simplement du monde dans les vagues que Diazpro avait fait naitre.

Voyant que cette dernière avait presque fini sa toilette, je faisais naitre une micro tornade que je faisais enfoncer dans l’eau pour l’arroser. Riant à ma propre bêtise, je posais ma main sur mes lèvres, le regard rieur avant qu’une odeur fleuri nous englobe avec délicatesse. Le décor que Diazpro avait créé grâce à sa magie était sublime. Admirant le spectacle je fus surprise par les éclaboussures de Diapzro qui me firent sursauter. Entendant ses remerciements, je me retournais vers elle tout sourire :

« Tu n’as pas à me remercier Diazpro, en fait c’est à moi de te remercier ! »

Marquant une pause, je souriais un cours instant avant de reprendre en haussant les épaules :

« Ça faisait longtemps que je n’avais pas rie ainsi, et que je ne m’étais pas autant amusé, et tout ça c’est grâce à toi. On est quitte ! »

Reculant légèrement, je sentais le vent soulever mes cheveux trempés avant que d’un simple geste de main, je ne renvois une magnifique vague sur la reine voisine en riant avant de décréter :

« Attrape-moi si tu peux »

Retrouver l'innocence et l'insouciance de l'enfance, me faisait du bien. J'avais souvent joué avec ma sœur, mais jamais dans de telle circonstance ouverte aux regards de tous. Les apparences avant tout, j'avais toujours entendu mes instructeurs ou parent me répéter les règles de la bienséance. Il ne faisait aucun doute que notre amusement aurait été catégoriser dans les comportements à proscrire pour une princesse et d'autant plus pour une reine mais j'en avais rien à faire. Tel était le deal, plus de reine blanche, plus de reine du Nord, plus de responsabilité, plus de contrainte, plus de douleur, plus de règle. Cette technique semblait nous convenir autant à l'une que l'autre, nous rîmes aux éclats, et je ressentais la joie de Dawn et Angel de nous entendre ainsi. Faut dire que ça devait les changer de mes humeurs moroses et mes pensées noires qui couplées à celle de Diazpro avait plongé mon royaume dans un état d'alerte et de tension maximale. Mes sujets savaient que lorsque je perdais pieds, aucun des mages ne pouvaient me récupérer et sans Roméo pour réguler et apaiser mon âme, ils savaient que j'étais un volcan en sommeil. Pour Diazpro ils avaient constaté que la chose était identique, elle était puissante et incontrôlable, et tout comme moi le bouton pause était absent. Nous ne pouvions compter que sur nous-même.
La défiant de m'attraper dans l'eau après l'avoir aspergé de tous son long en lui envoyant une rafale de vent douce et chaude tout en courant librement dans l'eau s'amusant en nageant et se défiant l'une l'autre. Le temps passa comme une flèche, le ciel commençait à perdre de son éclat signe que la nuit commençait à prendre place dans le ciel. Je ne m'en apercevais uniquement lorsque Diazpro me signifia que le temps se gâtait. Hochant la tête, je lui souriais en reprenant mon souffle.

" Allons-y alors "

Laissant échapper un soupir d'aise je sursautais face à sa bulle d'eau qui s'explosa sur moi avant de rire une fois de plus pour lui faire un clin d'œil tout en sortant de l'eau.

" Tricheuse "

Alors que je me dirigeais vers mes vêtements, je remarquais le regard de Diaz sur mon dos qui gardait les blessures des châtiments que j'avais reçu. Une des raisons pour laquelle le fouet était proscris dans mon royaume, autant Roméo que moi en avions bien trop souvent fait les frais. Ignorant ce détail, j'enfilais mon fond de robe qui fut trempé et qui épongea mon corps, je finissais de me vêtir en enfilant avec précaution chaque couche de vêtement. Mes cheveux retombèrent sur mes épaules et mouillèrent le peu qui était encore sec. Jetant un œil vers Diazpro je voyais qu'elle était dans le même état que moi. J'allais régler ça en un rien de temps. Cette dernière me rejoignît et me pris par les mains avant de planter ses grands yeux ambre dans les miens pour me remercier. Lui souriant je la laissais me caresser la joue. Ses mots me touchaient. Elle m'offrit un bleuet et je souriais une fois encore.

" C'est normal Diazpro, tu aurais fait de même pour moi et cet après-midi était magique et c'est grâce à toi. J'ai eu l'impression de retomber en enfance et cette liberté et cette insouciance insolente m'a fait un bien fou. Ton royaume a de la chance de t'avoir "

Lui souriant je replaçais une mèche de ses cheveux avant d'appeler par la pensée mes aigles et répondre à sa dernière question.

" On vole, j'ai encore une chose à te montrer, mais avant toute chose ne bouge pas et fait moi confiance "

Sur ses mots, je fermais les yeux avant de lever mes paumes de main vers le ciel pour appeler le vent en réchauffant considérablement l'atmosphère. Rouvrant les yeux, je faisais un arc de cercle avec ma main et nous nous retrouvions au centre d'une tornade chaude et bienveillante qui nous sécha en un rien de temps. Dès que je sentais mes vêtements secs et que ceux de mon amie eurent repris une couleur normale je réduisais la puissance de l'air tout en diminuant progressivement la température afin qu'elle ne subisse pas de chocs thermiques. Laissant ma magie s'évanouir, je rendais à la nature les pleins droits, et me retournais vers mes aigles tout en regardant le ciel. Le soleil était en train de disparaitre de l'autre côté du rivage. Lui prenant la main j'ajoutais :

" Prête pour le retour ? "

Sur ses mots, Dawn s'avança vers elle et se baissa pour la laisser grimper derrière ses ailes. Lui caressant le bec je le remerciai après m'être assurée qu'elle était bien installée. Angel me fit une révérence et je grimpais avec souplesse sur lui avant d'émettre un léger son qui les fit décoller. Cette fois nous restâmes l'un à côté de l'autre. Orientant les aigles vers le soleil couchant j'ajoutais :

" Regarde Diaz "

N'ajoutant rien de plus, je regardais la beauté du périphérique. Le ciel et la nature s'offrait à nous sous sa plus belle forme, il n'y avait rien de plus pur que cette vision. Ce monde était beau. Une fois le soleil disparu et la nuit installé, les aigles nous ramenèrent dans la cour principale du château. Rendant leur forme initiale aux aigles je les remerciais avec des gestes tendres avant qu'ils ne disparaissent. Rapidement ma garde royale arriva paniquer :

" Majesté, vous étiez où? "

Laissant échapper un léger rire j'ajoutais en posant ma main sur son bras :

" Nous étions sorties nous ressourcer, nous avions besoin d'être seule. "

Diazpro disparaissait rapidement pour échapper à l'étouffement de ma garde personnelle, qui fut rapidement remis à sa place lorsqu'ils osèrent parler de mon mari. Le roi était absent, mais ce n'était pas une raison pour m'emprisonner entre les murs de mon château. Les mages arrivèrent et Alfred me demanda de le suivre accompagné par ses congénères. Voyant l'urgence dans leur regard, je m'exécutais et le suivait dans la salle du trône, jusqu'à la salle du conseil. Ses derniers me demandèrent de m'asseoir et je m'exécutais en lâchant un soupir ils allaient pas me détruire mon après-midi ! Visiblement si. Ses derniers s'appliquèrent à me résumer la nature de la visite des soldats issues des terres du centre, venus au nom de leur souverain désireux de faire alliance avec mon royaume via un mariage. Dès que ses mots furent prononcés, je me levais en les priant de faire la réponse qu'ils connaissaient déjà. Il avait qu'à voir ailleurs si j'y étais ce souverain opportuniste. Me levant sans plus de cérémonie je commençais à sortir avant que la voix d'Alfred ne résonne dans la salle du trône pour m'arrêter.

" On risque une déclaration de guerre Juliette, … "

M'arrêtant ivre de rage, je me retournais croisant le regard de mon mari dans une des peintures réalisées en notre effigie.

" Et bien soit, j'irais me battre et je le détruirais cet opportuniste ! Roméo n'est pas mort ! Il est quelque part et il est le vrai roi de ce royaume tant que je vivrais ça sera ainsi. La discussion est close, je ne reviendrais pas sur ma décision Alfred. "

Le mage baissa la tête et je sortais de la salle du trône avant de monter dans mes quartiers pour me calmer. Entendant un claquement à la fenêtre je voyais mon aigle et un sourire étira mes lèvres. Le faisant rentrée, je laissais mon aigle se poser sur mon bras et lui caressais le haut du bec avant de sortir de ma chambre accompagnée par ce dernier. Croisant le chef de ma garde royale, j'ajoutais :

" Je veux une armure plus légère et qui me prive moins de mes mouvements, je la veux dans les plus brefs délais. La soie des fées sera parfaite je pense, les armures en ferraille altèrent mes capacités, il faut réduire le fer. Et je veux une armure pour mes aigles aussi et elle aussi doit fait en soie de fée "

L'inquiétude se lisait dans son regard, mais il n'ajouta rien et partait, avant que je n'aille dans les quartiers de Diazpro là où je supposais qu'elle se trouvait. Frappant à deux reprises sur la porte, j'entrais et la trouvais en train de ranger.

" Ne prend pas cette peine Diaz, les femmes de chambres le referont automatiquement dès que tu auras le dos tourné. "