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Nouvelles têtes
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Le calendrier de l'avent
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Il était plus que concentré. Les tas était à peu près correct. Il n’avait pas tous les outils adéquate et encore moins les balances et les poids pour évaluer. C’était à l’oeil, avec les louches et cuillère qu’il y avait sur le navire, dont aucune ne se ressemblaient. Il relisait les dosages et la base des mélanges, son doigt qui couraient sur la page, lissant les lignes une à une pour s’arrêter sur quelques mots. Les silex était pas loin, bien tenu dans son poing fermé qui reposait sur son genoux.
C’est alors qu’on lui arracha à sa lecture et venait perturber son expérience. « Whooo ! » s’énerva Billy en beuglant. Il avait essayé de reprendre son ouvrage et perdit l’équilibre, finissant sur ses fesses. Il râla : « touche pas tu te rends pas compte de ce qu’tuuuuuu fffff... » s’arrêta t-il subitement de parler quand la silhouette qui se dessinait à contre jour sur les voiles et le ciel n’était autre qu’Anne Bonny. Il paniqua. Son visage était effrayé et coupable, comme un gosse pris entrain de faire une bétise. « C’pas ce que tu crois ! Attends ! ». Il se leva pour essayer de récupérer son livre. « Non, non, non, non, non !!! Rends le moi, je suis sur le point de faire quelque chose. J’en ai besoin ! Allez ! T’inquiète, je fais des tests avant de t’imposer quoi que ce soit sans savoir. » se rattrapait-il en pensant au côté magique qu’elle risquait de refuser de but en blanc. « Mais... s’teuplait... »
Je le regardais, sourcil arqué, attendant qu’il me reconnaisse. Il avait tout intérêt à changer de ton tout de suite avec moi. Je n’étais pas un matelot comme les autres, alors ce n’était pas comme ça qu’on me parlait et encore moins lui. Avant de terminé sa phrase, il finit par se rendre compte que c’était moi, son capitaine, qui avais pris son livre.
- Et toi ?! Tu te rends compte de ce que tu fais sur MON navire ?! Dis-je sèchement.
Le regard sévère sur lui, j’attendais des explications. Il se leva pour essayer de récupérer son livre. Je le tenais en l’air, le mettais derrière mon dos, le passais d’une main à une autre pour éviter qu’il ne l’atteigne. Il avait l’air d’un enfant à qui je venais de lui confisquer son jouet préféré. Il insista, me suppliant presque.
- Billy ! Tu fais des tests de poudre sur un bateau en BOIS, en plein MILIEU de l’OCEAN !
C’était complètement inconscient de sa part. J’avais une envie de lui hurler dessus. Il mettait tout le monde en danger, lui le premier. On n’avait rien sur le bateau pour qu’il puisse mener à bien ses expériences en plus.
- Et je fais quoi s’il t’arrive quelque chose ? Si tu te brûlais ?! Si ça t’explosait à la figure ?! Tu veux que je m’inquiète ?? Finis-je.
J’étais peinée par fait qu’il ne se rende pas compte que j’avais peur pour lui, et que je ne voulais pas qu’il lui arrive quelque chose, il ne rendait pas la chose facile, il faisait des bêtises comme un gamin !
« Mais quoi !? Mais je comptais t’en parler, je te juuuure » essayait-il de sauver son sort avant même de savoir ce qu’on lui réservait. Elle jonglait avec le livre et il sautait ici et là, se penchait, l’entoura de ses bras pour passer derrière mais rien. Il abandonna, tapant du pied, les poings serrés. La seconde d’après, il regardait ailleurs l’air de rien. Il avait peur qu’elle prenne en compte son attitude insolente d’enfant agacé. Il y était presque. Quoi qu’il ait pu dire elle était remontée.
C’est alors qu’elle lui ouvrit les yeux. Elle lui fit remarquer que ses expériences étaient dangereuses, surtout sur un bâteau en bois avec pour horizon, l’océan à l’infini. « Ah oui... » se reprit-il en se grattant la nuque, penaud. « J’y avais pas pensé. Haaaan... » avait-il commencé fort avant de l’étouffer en refermant lentement la bouche. Il venait de réaliser alors sa connerie. Pas besoin qu’elle soit entièrement témoin de sa connerie. « Bon d’accord. Je fais pas. J’vois ce que tu veux dire » frappait-il du poing dans sa main, heureux d’avoir saisi une idée si importante que la survie. Bois, bateau égale : ne pas jouer avec le feu. Facile. « J’ai compris ! » tendit-il la main pour reprendre son livre. Il attendit. Il ouvrit alors sa main et l’échangeait bien volontiers contre ses silex qu’il avait retiré de mousquet appartenant à ses compagnons.
« Tu t’es inquiété pour moi juste pour ça ? C’est mignon. » avait-il dit subitement en penchant la tête, regardant comme sa réflexion, un point invisible au sol. Il lui fit un petit sourire et sa main était toujours tendue vers Anne pour reprendre son livre.
Fâchée. J’étais fâchée contre lui et ses risques. Il aurait dû en parler à quelqu’un, à moi de préférence. C’était quelque chose de tellement dangereux. Je l’aurais envoyé vers nos canonniers qui étaient excellents, ils auraient pu répondre à ses questions peut-être. Il essayait tant bien que mal de récupérer son livre, en vain. J’étais en colère, et il ne me ferait pas fléchir comme ça. Il était à ce moment là, un enfant capricieux que j’avais envie d’envoyer au coin. J’essayais alors lui de lui faire comprendre pourquoi il ne pouvait pas faire ça ici. Il finit par saisir. Enfin ! Ce n’était pas trop tôt ! ça me semblait logique qu’on ne pouvait pas faire ce genre d’expérience sur un bateau perdu au milieu de nulle part !
- Ne recommence jamais ça ! Et quand tu as ce genre d’idée, tu m’en parles avant ! Compris ?! Sinon, la prochaine fois, je regarde tous les livres que tu achèteras ! Si je dois te fouiller, je le ferai !
C’était autant pour sa sécurité que celle des autres. Il n’était pas tout seul, on devait tous veiller les uns sur les autres, comme dans une vraie famille. Soudain, il me demanda si je m’étais inquiétée pour lui. Une claque, il méritait une claque.
- Oui ! Je me suis inquiétée pour toi ! Tu aurais pu te faire beaucoup de mal ! Et ce n’est pas drôle ! Pas drôle du tout !
Je lui rendis son livre assez brusquement et tournais les talons en bougonnant. Billy n’était pas William, mais ça me ferait de la peine le perdre… Je l’aimais beaucoup. J’aimerais qu’il fasse plus attention à lui.
Quand elle avait parlé de le fouiller, avec toute l’intonation qu’elle avait mis dans sa phrase, il se protégea de ses bras levés devant lui. Non, vraiment elle était en colère. Elle avait l’air de m’en vouloir parce qu’elle... s’inquiétait ? Pourquoi elle m’en voulait ? J’y étais pour rien. C’est... Compliqué. Je saisi pas encore toutes les subtilités des émotions et sentiments. C’était touchant. C’est tout ce que j’aurais pu en dire. Elle était partie, me rendant le livre et tournant les talons.
« Ooooh mais attends ! Annie ! ». Il courait pour la rejoindre. Il marchait un pas devant elle. « Tu sais que je ne suis pas humain hein. » posait-il sincèrement la question, dans le doute. « J’encaisse beaucoup plus de chose que vous. Il en faut pour me tuer. Ne t’inquiète pas. » avait-il avancer innocemment. Un simple fait. « Donc on est d’accord pour que je fasse des tests, vu que je suis... plus fort ? » se questionnait-il si le terme était approprié. « Je ferais ça sur la terre ferme. Avec un canonnionieu... nu... nier... enfin les gars aux poudres quoi ! S’il te plait ! »
Pause. « Maintenant qu'tu sais, je peux te dire... » s’emportait-il alors dans l’excitation de ses découvertes. Il parlait vite, regardait partout, on sentait que son esprit était en effervescence. Il marchait à reculons pour lui faire face et lui expliquer. « Tu sais que d’après les calculs, si j’ai bien tout pigé, mais en gros théoriquement avec de la poudre de fée, on pourrait littéralement traverser deux coques de bateau sur la largeur avec nos boulets. » essayait-il de lui vendre ses envies d’expériences qui pourraient s’avérer utiles. Et il passa par-dessus un canon qu’il n’avait pas vu sur sa trajectoire. Les quatre fers en l’air il dit : « Alors ? Je peux ? »
Je préférais le laisser là avec son livre. Je ne voulais pas me disputer avec lui, je ne voulais pas lui crier dessus. Et puis ça me donnait l’impression d’être sa mère et je ne l’étais pas. Anne ! Billy n’est pas ton petit garçon ! ça suffit maintenant ! Cette stupide voix qui essayait désespérément de me ramener à la raison. Je savais tout ça. Je savais bien que je ne devais pas autant m’attacher à Billy, mais c’était plus fort que moi. J’avais de l’amour à donner… C’était bizarre pour une pirate, mais c’était comme ça !
Billy m’expliqua alors qu’il était plutôt costaud qu’un humain ordinaire. Ça aussi je le savais, mais quand même. Je savais très bien que je paniquerais si je voyais quelque chose lui exploser à la figure. Il voulu me convaincre de le laisser faire ses expériences sur la terre ferme. Même si je lui interdisais, il trouverait quelque chose pour le faire en cachette. Je soupirais.
- D’accord Billy… Mais pour l’amour du ciel, fais attention quand même… Et on dit « canonnier ».
Soudain, il reprit ses explications, et me parlait de poudre fée. Roh la magie… ça n’apportait que des mauvaises choses. Mais il semblait si sûr de lui, et si ça fonctionnait vraiment, ça pouvait nous apporter beaucoup de chose. Second soupire.
- Ok… Mais fais ATTENTION. Et où comptes-tu trouver de la poussière de fée? Oh… Et tout à l’heure, tu veux bien faire semblant d’avoir été puni aux papates ? Les autres ne vont pas comprendre pourquoi t’es pas puni après que j’ai hurlé dessus comme je l’ai fait.
Elle le reprit pour canonnier. Il répéta le mot plus bas, et plusieurs fois, mais en vain. Non décidément, ce mot il n’y arrivait pas. Peu importait, elle acceptait. Il était fou d’impatience d’essayer. Il lui partagea alors ses découvertes. C’était délicat, vu que ça impliquait la magie. Puis il fit un soleil par-dessus un canon.
Il se releva après une galipette maladroite et mal parti. Il avait l’air de s’emmêler avec ses jambes, mais il s’en sortit comme un petit poulain venant de naitre, tout fier d’être debout. Anne était un peu réticente à l’idée, mais elle le laissait essayer. Elle releva un autre détail auquel Billy n’avait pas pensé. Où trouver de la poudre de fée. Il s’était posé une main sur la bouche, commençant à réfléchir et cherchant sérieusement. « On verra ! » avait-il répondu à Anne et ses pensées pour les ingrédients magiques.
Elle l’envoya ensuite au patate. Les épaules de Billy s’affaissèrent, blasé. « Tu sais que quand tu fais ça, tu me punis quand même au final ? Je vais au patate quoi qu’il arrive... Même en faisant semblant. Je me suis toujours demandé si tu faisais exprès pour mieux faire passer la pilule ou si t’en avais juste pas conscience. Non car autant dire juste que je suis puni. J’aime pas trop cette impression d’être manipulé. » lui partageait-il innocemment son avis sur la chose, tordant sa bouche pour appuyer sa grande réflexion de la journée.
Ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait réussir à dire « canonnier », bon ce n’était qu’un détail de vocabulaire, je comprendrais le jour où il en chercherait un puisque j’avais accepté sa folle demande. Il y avait des jours où je devais sans doute apprendre à lui dire non, mais j’avais tellement envie de lui faire plaisir. Il avait traversé des moments très difficiles, alors un peu d’amusement ne devrait pas lui faire du mal… Enfin, je l’espérais.
Et patatra ! Il finit par tomber sur le sol. Je le regardais avec un petit sourire pour savoir si ça allait. Il se releva bien vite, quoique maladroitement, mais ça avait l’air d’aller quand même. Bon, c’était la plus importante. Il ne semblait pas savoir où trouver de la poudre de fée non plus. Ce qui n’était pas plus mal dans le fond. Pas de foudre de fée : pas de magie. Comme ça, j’avais un peu de temps pour me faire à l’idée que Billy allait pratiquer un peu la magie.
L’idée des patates ne semblait pas lui plaire. Je l’écoutais un arquant un sourcil. Alors tout ce temps, quand je l’envoyais faire semblant d’aller éplucher des pommes de terre, il le faisait vraiment ? J’oubliais qu’avec lui, je devais être très explicite dans mes propos. Un petit rire amusée s’échappa de ma bouche.
- Billy, quand je te demande de faire « semblant d’aller aux patates », ça veut dire que tu vas dans les cuisines où sont les patates, et tu y fais ce que tu veux silencieusement : lire, réfléchir, dormir même ! Et quand tu entends quelqu’un descendre, tu attrapes une patate, et là oui, tu en épluches une ou deux sous les yeux de ton visiteur, et quand il repart, tu retournes à ton occupation.
« Mais oui, mais moi j’osais pas ! Je les épluchais les patates ! » se mit-il à gémir, se sentant bête et puni à tord. Elle venait de lui dévoiler une chose qu’il n’avait pas vu comme ça. Il manquait parfois de jugeotes pour des choses pourtant si simples. Puis il ne voulait pas faire de bêtises. Il était resté un moment muet et immobile, pendu à ses lèvres. Le principe faisait son cheminement dans son cerveau. « C’est vrai qu’on me voit pas. Et y’a qu’une entrée et ils sont pas délicat les gars ici, je les entends arriver. J’avais pas pensé à n’éplucher que quand il y avait des gens qui venaient. Rhoo ! T’aurais pu me le dire plus tôt ! » dit-il en tapant du pied. Il soupira : « Je voulais bien faire moi » tout en se frottant la tête. « C’est à ce demander comment je peux être parfois si malveillant... Bon okay ! »
Il s’éloigna en agitant son livre. « Je vais aux patates ! » avait-il dit tout en partant, se dirigeant vers les cales où se trouvait les sacs de pommes-de-terre. D’un bond, il attrapa les côtés de l’échelle et se laissa glisser en bas, agile.
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