Depuis ma rencontre avec ma charmante pirate, depuis nos retrouvailles puis notre séparation, c’était tourmenté, comme prévu à dire vrai, je le savais, nous le savions et pourtant c’était toujours aussi douloureux, voir plus encore au fur et à mesure que le temps loin d’elle passait.
Je ne comprenais pas comment une femme, aussi belle et intelligente soit-elle pouvait me perturber à ce point là, même en plein sauvetage de ma nièce, je ne pouvais pas m’empêcher de penser que l’ombre que j’avais vue aux Enfers pouvait être ma louve aux cheveux de jais. Depuis mon retour dans la petite ville animée de Strorybrooke, je ne cessais de tourner en rond, de m’interroger et d’essayer de comprendre ce qu’il se passait. Tant que je n’aurais pas résolu le mystère, il était clair que je ne pourrais rien faire d’autre à part devenir fou.

Alors, j’allais dans le seul endroit possible pour me documenter, j’étais habillé assez classiquement, tantôt en costume de travail, tantôt en plus détendu, tout dépendait de mon humeur et de ce que je traité au cours de la journée. J’étais toujours poli avec la charmante bibliothécaire aux magnifique yeux bleus, mais même là, je ne pouvais pas penser à sa beauté, juste à celle qui me manquait…

Je venais presque tous les jours, lire des tonnes et des tonnes d’ouvrages, médicaux, psychologiques, même des « livres pour les nuls » et pourtant je ne comprenais toujours pas et ça commençait clairement à m’énerver au fil du temps. Je me demandais comment on pouvait avoir autant de documentation et pourtant pas trouver son bonheur, ses réponses ! Mon esprit analytique, pragmatique et scientifique ne comprenait pas, c’était décidément trop, alors pour la première fois depuis plusieurs jours, j’adressais la parole à la bibliothécaire autrement que pour lui dire « Bonjour » ou encore « Au revoir ». Nous étions seuls et cela m’arrangeait bien.

« Excusez-moi, pouvez-vous me renseigner un ouvrage sur l’explication de la folie ou quelque chose comme cela, autre que ceux que j’ai déjà lu, ouvrage magique ou non, s’il vous plait ? », je devenais fou sans Elle, avec Elle, alors clairement je devais soit être sous l’influence d’un sort, soit j’étais malade, gravement malade.

Pour Belle la vie n’était pas évidente en ce moment, elle restait à la bibliothèque tard le soir et elle arrivait très tôt le matin. Son couple n’allait vraiment pas fort et la seule chose qui l’aidait à traverser cette vilaine épreuve, c’était les livres. Pour elle, ce n’était pas uniquement des ouvrages, c’était des moyens d’évasions. En les lisant, elle vivait des aventures incroyables. Elle ne comprenait pas que dans ce monde, on préférait les ordinateurs aux livres. Certes, c’est bien comme moteur de recherche, mais pour lire, c’est vraiment loin d’être agréable. La jeune femme préférait l’odeur d’un livre et sentir le papier sous ses doigts plutôt que de sentir les touches d’un clavier.

Ce jour-là, elle avait eu un nouvel arrivage d’ouvrages et elle en était ravie, elle allait avoir de quoi s’occuper durant une bonne partie de la journée. Cette dernière était en train de faire l’inventaire de sa commande, lorsqu’une voix lui fit lever la tête. Un homme qu’elle voyait pratiquement tous les jours, lui demanda un renseignement. Elle lui fit son plus joli sourire, et écouta avec attention ce qu’il lui demandait.

« Avec plaisir monsieur, mais pourriez-vous m’en dire un peu plus ? Les livres magiques ne peuvent être prêter comme cela, car tombé entre de mauvaises mains, ils pourraient s’avéré dangereux.»

J’avais l’impression de devenir fou, Elle me manquait, hantant mes pensées le jour et mes songes la nuit. Cela prenait de plus en plus d’ampleur, à tel point que j’avais l’impression de me perdre moi-même et c’était totalement inacceptable. Je ne pouvais pas me laisser perturber de la sorte, je devais trouver une solution et pour cela j’avais épluché toute la documentation à ma disposition pour finalement ne pas trouver de réponses à mes questions.

Alors j’étais allé voir la bibliothécaire, elle seule pouvait me venir en aide à ce stade là. Elle aurait alors peut-être des livres magiques pour m’aider.

« Je pense être victime d’une manipulation mentale et je souhaiterai m’aider d’un livre magique pour enrailler ce phénomène. Pouvez-vous m’y aider, s’il vous plait ? », lui demandais-je alors.

Pour être perturbé à ce point là par ma charmante pirate, je ne pouvais qu’être victime d’un sort, je ne voyais pas d’autre solution. Peut-être irais-je voir Cora également pour qu’elle m’aide, mais pour l’instant j’allais me débrouiller par moi-même.

« Si vous le désirez, je peux simplement consulter ses ouvrages plutôt que de vous les emprunter, ainsi vous pourrez être rassurée quant à leur utilisation, mais sachez que je ne suis pas non plus un débutant en la matière. », ajoutais-je en souriant.

L’homme qui faisait face à la jeune femme avait l’air d’être dans une grande détresse. Ce qui rassura Belle, c’était qu’il connaissait la magie et qu’il avait l’air d’être correct au premier abord. Bien évidement, il ne faut pas se fier aux apparences et elle aurait très bien pu jouer la carte de je suis le grand amour du Ténébreux alors, fait quand même attention de ne pas me prendre pour une idiote, mais elle le voyait assez souvent à la bibliothèque, et elle avait envie de lui faire confiance.

Tout en l ‘écoutant parler, elle lui fit un signe de tête de la suivre et l’emmena à l’arrière boutique. C’était là, à l’abri des curieux, que Belle gardait les livres magiques que Rumple considéraient comme dangereux s’ils en arrivaient à tomber entre de mauvaises mains.

« Je suis navrée d’apprendre cela… Avez-vous une idée de qui pourrait en être le ou la responsable ? »

Elle sortit quelques livres qu’elle pensait être utile aux maux que ce dernier lui décrivait.

« Je vous fais confiance, je peux vous laisser si vous le désirez, vous devez avoir envie d’effectuer vos recherches en toute tranquillité. Je serai au comptoir si vous avez besoin de moi. »

La jeune femme semblait être une personne très futée, intelligente même et je devais dire qu’elle était très belle, pourtant je ne pouvais pas me concentrer sur de telles choses, d’ailleurs je n’y arrivais presque plus, comme si mon horloge interne ou quelque chose s’y rapprochant avait été déréglée ou complètement cassée. Franchement, comment un démon, incarnation de la Luxure pouvait se laisser à se point manipuler par des émotions, des...sentiments envers une seule et unique personne ? Ce n’était pas de l’obsession, pas vraiment, je l’avait vécu et j’y avait mis fin, non, c’était tout autre chose mais pas moyen de mettre la main dessus.

Heureusement pour moi, la jeune femme semblait aussi compétente que serviable et me demanda si j’avais une idée de ce qui pourrait être la cause de mon malheur, tout en me guidant dans une sorte de réserve. Je réfléchis un peu à ma réponse puis lui dis : « Je pencherais pour un sort d’attachement ou un sort qui permet de troubler l’esprit, quelque chose comme cela... », réfléchissant en partie à haute voix, j’ajoutais alors, « Ce qui m’embête c’est que la personne à qui je pense ne possède pas de capacités particulières pouvant parvenir à un tel résultat, alors soit cela vient d’elle, soit c’est quelqu’un d’autre... », mon regard devint sombre, si c’était quelqu’un d’autre, je penchais en faveur de ma fratrie.

Elle me sortis alors quelques ouvrages et me laissait la possibilité de les consulter même sans sa supervision. C’était inattendu mais très appréciable au vu de la situation.

« Merci, mademoiselle… ? », osais-je demander gentiment, après tout, si je devais lui demander de l’aide ou un conseil, il faudrait bien que je l’appelle autrement que « madame la bibliothécaire »…

Tout en écoutant ce qu’il disait, Belle lui donnait des ouvrages qu’elle pensait susceptible de l’aider. Mais plus le temps passait, plus elle eut l’impression de comprendre ce qui arrivait à cet homme. Elle ne voulait pas en mettre sa main à couper, mais elle était presque certaine de ce qu’elle avançait.

« Vous allez peut-être me trouver ridicule, mais, vous ne seriez pas amoureux tout simplement ? »

La jolie brune savait très bien ce que l’on ressentait quand c’était le cas, c’est ce qu’elle ressentait pour Rumple et personne ne le comprenait. Pour les personnes qui la connaissait, cette amour n’était pas naturelle, et pourtant… La jeune femme ne voulait pas aller contre ses sentiments et elle savait très bien que ce dernier ne lui ferait jamais de mal. Il l’avait déjà prouvé plus d’une fois.

« Oh oui excusez-moi, je m’appelle Belle French. »

Elle lui fit son plus joli sourire.

Alors que j’allais me replonger dans ma montagne de lecture, la charmante bibliothécaire mit le doigt sur quelque chose de totalement fou et de désagréable. Est-ce que j’étais tombé amoureux de ma magnifique pirate ? Non, impossible, d’autant plus que l’ »amour » n’est qu’une illusion inventée par les Hommes qui étaient bien trop seuls et qui souhaitaient s’attacher pour vivre une vie remplie et surtout ne pas mourir sans rien avoir fait de leur vie, sans avoir quelqu’un avec qui partager cette vie, et avoir un témoin de leur éphémère passage sur cette terre.

« L’amour n’existe pas Mademoiselle French... », lui dis-je alors en réponse à son hypothèse. Le désir existait, l’obsession envers une personne également, je le savais que trop bien. Le désir était une chose formidable mais également destructrice, c’était comme marcher tout au bout d’un précipice sans pouvoir sans empêcher, en avoir besoin pour se sentir...vivant. « L’amour est un concept inventé par ceux qui souhaitent ne pas se retrouver seuls. Il est donc impossible que je sois touché par cela. »

Impossible, pas moi, encore moins avec ma nature démoniaque, mon expérience. Peut-être que mon comportement obsessionnel envers ma pirate n’était dû qu’au fait que je ne pouvais pas l’avoir, pas vraiment, seulement lors de hasardeuses mais aussi superbe rencontre avant que nous reprenions tous deux nos chemins.

Pourtant même si cette idée était absurde, elle restait dans un coin de mon esprit, me torturant un peu plus. Il fallait réellement que je fasse quelque chose, je ne voulais pas l’oublier, mais je ne pouvais plus supporter d’avoir toutes mes pensées tournées vers elle, de jour comme de nuit. Elle avait trouvé une place dans mon âme et cela ne pouvait être que le fruit de la magie.

L’amour n’existe pas ? Il m’avait vraiment dit ça ? Il m’imaginait pas à quel point il se trompait sur ce coup-là, j’étais très bien placée pour savoir que oui, l’amour existait. Je ne savait pas comment il en avait fait pour en arriver à une telle conclusion, mais je ne pouvais pas le laisser penser une chose pareille… Bien sûr que ça existait donc soit il avait vécu une mauvaise expérience, soit il n ‘y croyait tout simplement pas. Peut-être un peu des deux qui sait…

« Bien sûr que l’amour existe. Je suis même très bien placée pour le savoir… » Tout le monde en ville savait qui était l’homme qui faisait battre mon cœur, et lui, il était vraiment la preuve que l’amour existait. Car si le Ténébreux pouvait aimer avec sincérité, alors tout le monde le pouvait. Il fallait peut-etre que j’aille dans son sens pour lui prouver qu’au final, j’avais raison.

« Je suis désolée de me montrer aussi indiscrète, mais je peux savoir de quoi vous souffrez exactement ? » J’avais lu tout un tas de livres qui me permettraient de pouvoir l’aider au mieux, mais pour ça, j’allais avoir besoin de précisions. Et qui sait, il allait peut-etre finir par se vendre tout seul et me dire que la personne responsable de tous se maux était une femme ? Je n’allais pas tarder à la savoir.

Alors que je pensais vraiment pouvoir apprécier cette douce bibliothécaire, elle me donna une raison de ne pas lui accorder beaucoup de crédit. Pour elle « bien sûr » que l’amour existait, telle une évidence… Je soupirais, je ne devais pas m’engager sur ce terrain là, toute discussion ou débat serait tout à fait contre-productif. Ils pensaient toujours avoir raison ce qui au final, me mettait en colère. Et je n’avais vraiment pas besoin de cela, j’avais déjà bien trop de choses à faire avec Anne, son souvenir, son attirance, son parfum… Non ! Je me laissais à nouveau emporter et c’était insupportable !

Toutefois, Belle me demanda alors de quoi je souffrais exactement. Réfléchissant quelques instants, je me dis que je pouvais peut-être lui en parler, après tout, elle ne me connaissait pas ou peu et puis avoir un point de vue extérieur pouvait s’avérer tout à fait utile dans certaines circonstances.

« Cela doit rester entre nous, je n’aimerais pas que des personnes malintentionnées utilisent ces informations...d’accord ? », je ne voulais pas que mes frères puissent utiliser cela contre moi ou encore que certains autres le puissent… « J’ai le coeur lourd, la tête embrumée de pensées qui m’empêchent de me concentrer sur mon travail, sur mon objectif. Je fais plus ou moins n’importe quoi depuis quelques temps… », lui dis-je alors avant d’ajouter tout bas, me prenant la tête dans les mains… « Elle me fait perdre la tête... »

J’écoutais avec attention tout ce que ce pauvre homme me disait. Quand je lui dis que l’amour existait bel et bien, je vis une lueur étrange dans son regard que je ne pourrais décrire. On aurait dit qu’il ne me croyait pas. Comme disait souvent mon père, on ne peut pas obliger un âne à boire s’il n’a pas soif. Tout ce qu’il me décrivait je le connaissais pourtant, il était fou amoureux ça se voyait et je pouvais l’entendre à sa façon de me parler.

« Cette conversation restera entre nous. Je suis là pour vous aider et non pour vous apporter du tord. »


J’étais sincère dans mes propos. Je ne voulais pas me moquer de lui ou l’envoyer balader. Je voulais vraiment l’aider mais pour se faire, j’avais besoin de détails, j’attendais donc patiemment qu’il se livre à moi. A partir du moment où il se mit la tête dans les mains, je posa la mienne sur son bras en signe de compassion.

« Ca va aller ne vous en faîtes pas. Mais je vous le confirme, vous êtes vraiment amoureux de cette jeune femme. Je ne serais pas non plus étonnée que vous perdiez le sommeil ainsi que l’appétit pour tout vous dire. »

Je le lui dis avec un petit sourire en coin afin de lui faire comprendre que ce n’était pas grave du tout.